samedi 31 octobre 2009

La loi du plus mort

"Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste."
Calliclès (Gorgias de Platon).

« On a toujours à défendre les forts contre les faibles. »
Nietzsche, La volonté de puissance.

La dernière fois que je discutais avec un partisan de la guerre contre le terrorisme, il ne me vendit pas la fameuse stratégie occidentaliste comme un impérialisme portant atteinte au soi-disant libéralisme démocratique, il n'hésita pas à m'emballer son soi-disant concept fédérateur et rationnel sous le doux nom de la démocratie. Puis, sentant que ses arguments avaient à peu près autant de teneur que ceux qui vous expliquent que le déni d'un problème résout le problème, notre occidentaliste convaincu, qui croit qu'il appartient à l'élite occidentale et que ses valeurs sont moulées sur son intérêt individuel, finit par changer son fusil d'épaule.
Première contradiction : finalement, ce n'était plus pour la démocratie que l'on était allé en Afghanistan, ou que l'on menait la guerre contre le terrorisme, c'était parce que la loi qui prévalait dans les rapports humains, l'histoire ou la psychologie universelle, c'était la loi du plus fort. Je tenais là une vraie perle et une contradiction.
Loi ou droit des plus forts, c'est kif kif - bourricot. Comme il était cultivé dans le déni, notre occidentaliste oublia qu'il singeait l'attitude de Calliclès qui face aux questions de Socrate finit par perdre pied et par reconnaître qu'il ne se fonde pas sur des principes rationnels, mais sur l'irrationalisme. Calliclès ne cesse de se contredire, mais ses changements incessants et intenables ne l'affectent nullement. Quand on se place du côté des plus forts, on se moque des principes.
Raison pour laquelle Nietzsche prétend restaurer le droit des forts contre la prise du pouvoir par les faibles, qu'il identifie notamment dans l'avènement du christianisme. Bien entendu, dans la réalité, c'est le déni qui camoufle la position de Calliclès. La franchise de Calliclès est un cas d'école idéaliste par lequel Platon a voulu montrer que le droit des plus forts reposait sur l'irrationalisme.
D'ailleurs, dans le dialogue Gorgias, Calliclès est certes raillé par Platon, qui dénonce les sophistes au point d'engendrer un terme péjoratif pour les qualifier; mais Platon raille surtout Gorgias, l'apôtre des beaux discours, qui détruit la vérité. Calliclès serait le prototype du discours franc de la force, quand Gorgias est le symbole cohérent et dissimulateur de ce discours. Par la suite, si l'on examine les évolutions de l'immanentisme, on se rend compte que les immanentistes ont pour point commun d'avancer masqués, du fameux caute de Spinoza à l'éloge du masque selon Nietzsche.
Tels des vampires qui ne supportent pas la lumière, les immanentistes ne supportent pas la vérité. Quand on commence à examiner historiquement à quel degré la loi du plus fort s'imposerait, on en arrive à la conclusion que cette vision repose sur la supercherie. Un peu comme les histrions qui vous contredisent par des effets éthérés face à des faits étayés, la loi du plus fort n'existe pas. Et pour cause : la force pure, la force brute n'existe pas comme possibilité de loi parmi les hommes.
Quand le fabuliste nous enseigne que "la raison du plus fort est toujours la meilleure :/Nous l'allons montrer tout à l'heure", il en figure l'avènement chez des animaux et la circonscrit à la seule dimension du sensible et de l'immédiat. Dans la réalité, l'homme qui domine est l'homme qui résiste au temps. L'agneau est le symbole du règne de Dieu chez les chrétiens. Pour rappel, la figure tutélaire qui domine le christianisme est le Crucifié - pas un César ou un tyran.
Ce qui constitue la supériorité de l'homme sur les autres espèces animales, ce qui fait que l'homme n'est pas réductible à des normes animales, la spécificité de l'homme, c'est précisément que la force qui le caractérise n'est pas d'ordre physique ou matériel. Mon Royaume n'est pas de ce monde? Dans la Bible, la célèbre histoire de David et Goliath rappelle (déjà) que le plus fort est le perdant. Et si l'on voulait appuyer que la force physique ne régente que la superficie des rapports humains, on pourrait raconter la plaisanterie des videurs de discothèque qui ne sont pas les patrons - des discothèques.
Nuance! Nietzsche est un bon indicateur pour comprendre ce que la force veut dire. Étymologiquement, force renvoie au courage. Le courage, c'est quoi? Le courage, c'est ça? Le courage désigne le cœur. Le cœur de l'homme, c'est sa pompe, ce qui fait tourner son corps. Le cœur est autant un organe physique qu'une force mentale. Le courage est une force mentale, parce que la supériorité de l'homme sur l'animal n'est pas physique, mais cérébrale.
Le courage est la faculté à surmonter la peur. La peur naît du danger. La peur exprime le fait d'être frappé et de battre la terre pour la niveler. Le danger est l'expression d'un obstacle plus ou moins important qui empêche l'individu d'imposer son ordre et ses valeurs. La peur exprime le sentiment que l'on ne parviendra pas à imposer son ordre ou ses valeurs. Le courage surmonte la peur en ce qu'il indique que l'individu possède les moyens de dominer le danger ou la menace. Le courage est la conviction, lucide ou illusoire, que l'homme dominera les forces étrangères à son espèce - que l'humanisation est le processus le plus fort.
Dès lors, la force n'est rien moins que le désir. Le désir est l'un des thèmes centraux de l'ontologie de Spinoza, à ceci près que la définition du désir renvoie vers deux conceptions : le désir est incomplet selon les religieux classiques (et les ontologues); il serait complet selon les immanentistes, dont Spinoza et Rosset. "J'entends donc ici sous le nom de Désir tous les efforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme", nous explique non sans une certaine incomplétude Spinoza (Ethique, III). Nietzsche propose sa propre définition des forts, lui qui ne cesse de proclamer que les forts originaux ont été renversés par le troupeau des faibles.
Pour Nietzsche, les forts sont les aristocrates premiers, qui relèvent d'ailleurs de la catégorie du mythe et qui n'ont jamais existé que sous l'esprit simplificateur et galopant de leur galopin d'auteur. Ce sont des guerriers. La guerre signale le rapport de domination dans l'ordre du fini. Revenons à Spinoza, qui nous déclare : "Le désir (cupiditas) est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose."
La complétude du désir n'est possible que dans un réel fini, stable et homogène. C'est ainsi que chez Spinoza, le désir est puissance d'exister. Puissance passive quand c'est la tristesse qui l'emporte. Puissance positive quand c'est la joie. Spinoza parle de force et relie cette force à la domination dans un territoire sensible. L'ontologie de Spinoza n'est pas strictement matérialiste ou finie, puisque l'infini est évoqué et que les modes sont reliés à l'infini, via en particulier les attributs.
Mais l'infini n'étant jamais défini, nous arrivons au résultat selon lequel le désir (par ricochet indéfini) est l'essence de l'homme, c'est-à-dire que le fini est l'essence si l'on peut dire du rapport humain au réel. Dans cette conception, la force prend un sens très précis qui résulte moins d'un type de faculté que d'une conception du réel qui contaminera toutes les définitions des facultés humaines. Cette conception, c'est le passage de l'ontologie de l'être à une pseudo-ontologie qui nie l'être et qui instaure l'avoir en lieu et place de l'être.
Dans le système de l'avoir, le rapport de force prend tout son sens parce qu'il présente un sens clair et précis : la force, c'est quand on domine un territoire délimité. L'homme domine quand il a recours à ses facultés humaines dont le propre est certainement la conscience. On notera cependant qu'à aucun moment une définition de ce qu'est la force physique n'intervient puisque chez Spinoza le désir implique la complétude du sujet désirant et que cette complétude ne peut venir que d'une forme de puissance qui résulte de la conscience.
Immanentiste : Ouroboros. D'ailleurs, Spinoza est grand admirateur de la raison, tout comme Nietzsche qui déclare que son admiration alambiquée pour Pascal est tempérée par l'attitude de Pascal face à la raison : "Le plus lamentable exemple, c’est la corruption de Pascal qui croyait à la perversion de sa raison par le péché originel, tandis qu’elle n’était pervertie que par son christianisme !" (Antéchrist).
La raison finie est ainsi la force, qui est désignée sous les vocables de puissance dans les pensées de Spinoza et Nietzsche. Évidemment, on entend partout pontifier que ces deux auteurs présenteraient des distinctions abyssales - sauf que les deux termes de puissance se rejoignent tout de même étrangement. Écoutons ce qu'est la distinction entre la puissance de Spinoza et la volonté de puissance de Nietzsche, selon un professeur de philosophie (Simon Manon) : "Le conatus au sens spinoziste n'est pas une volonté de puissance (Nietzsche) mais une force qui s'affirme et poursuit son propre accroissement parce que celui-ci est vécu comme Joie. "
On pourrait poursuivre sur le concept de volonté de puissance, qui n'est ni volonté ni puissance, peut-être rien de bien consistant, mais on s'arrêtera à cette différence entre Spinoza et Nietzsche : m'est avis que Nietzsche est moins précis et clair que Spinoza - là est la vraie distinction. Ensuite, Nietzsche a tendance à assigner à la volonté de puissance une multiplicité de sens, du sens métaphysique qui ne serait pas métaphysique mais qui décrirait quand même l'ensemble de la réalité d'un point de vue immanent - jusqu'à la vie singulière de toute chose (toute chose n'étant pas animée mais dotée d'une forme de sensation et de perception propre plus synthétique.
On le voit, Nietzsche initie la mode des définitions négatives, selon laquelle le concept n'est certainement pas, mais peine tout aussi certainement à être. Je soupçonne que cette mode du concept négatif s'explique par le fait que l'invention tant louée ne répond pas aux espérances qu'elle fait naître. La volonté de puissance est une expression qui évoque un joyeux fourre-tout ontologico-illogique, qui explique d'autant plus tout qu'elle n'explique pas vraiment - qu'elle n'explique rien.
Le lien entre puissance et avoir permet de comprendre au plus près ce qu'est la force dans le sens immanentiste et en quoi la force pourrait régenter le monde de l'homme : la puissance ici en question désigne la domination de la raison qui s'exprimerait par le truchement du désir. Le guerrier, l'aristocrate, l'artiste sont des modèles de puissance à condition qu'on les assujettisse à un modèle fini.
Si l'on s'avise que les modèles de Nietzsche ne reposent pas sur des exemples précis ou sur des illustrations utraminoritaires, on se rend compte que Nietzsche délire ou ment. Un exemple : sans doute le philosophe tragique que Nietzsche appelle de ses vœux correspond au plus près à un Gorgias. Rosset de ce point de vue est une excellente réplique de Gorgias dans la période contemporaine, à tel point qu'un Schopenhauer qui pratiquerait l'idiosyncrasie de ces deux personnages énoncerait à n'en pas douter que c'est le même type de philosophe.
La définition de la force dans le système immanentiste d'obédience nihiliste repose sur un mensonge et un malentendu : la précision n'est pas au rendez-vous tant escompté et annoncé, alors que c'était le principal défi que l'école immanentiste adressait à la métaphysique classique qu'elle prétendait répudier. Loin de clarifier les problèmes, le nihilisme dans son histoire et son processus ne fait plutôt que les obscurcir.
Quand on a défini le fort comme l'aristocrate ou le guerrier, on ne fait que reporter le problème vers d'autres définitions comme le désir, la puissance, qui, à leur tour, renvoient à l'indéfini, vers d'autres idées, comme la conscience, la raison... On ne se sort pas du piège de l'immanentisme qui est explicité dans le système de Spinoza : tant que Spinoza ne définit pas l'Incréé, le restant n'est pas davantage défini ou repose en définitive sur un socle fragile et friable. Quand on examine le système anti-systématique de Rosset, on se rend compte que ce disciple proclamé de Spinoza (et de Nietzsche) n'est pas davantage en mesure de définir le réel que ses maîtres.
Il s'exprime dans une langue admirable où jamais il ne définit. Il s'en tient à une pirouette tautologique - le réel est le réel au sens où A est A. Dans cet univers où la nécessité plane à côté du néant, Calliclès ressurgit en pleine forme - en meilleure santé que jamais. Calliclès affirme son arbitraire et explicite ce que signifie un coup de force : c'est l'arbitraire, soit l'irrationnel. La force tient dans la contradiction. L'irrationalisme a bon dos. L'incarnation de cet irrationalisme s'exprime dans le beau langage que prônent tant Gorgias le sophiste que Rosset l'immanentiste terminal.
Tendez le cou : le droit des plus forts est le coup des plus forts. Entendez : le coup de force. Tout aussi bien : le coup de farce - et le clou de la farce. Quand vous aurez fini de chercher quels principes régentent la loi des plus forts, vous ne vous apercevrez pas seulement que jamais la loi des plus forts n'a régenté une culture ou une société bien longtemps, vous comprendrez que cette loi mène à l'abîme.
Évidemment, on pourrait citer les contre-exemples de Sparte ou de l'Empire romain (de tous les Empires en fait). C'est oublier que l'impérialisme en dure que s'il est mitigé. Sparte n'avait pas qu'un côté oligarchique et sa domination ne dura que peu de siècles. Quant à l'Empire romain, l'impérialisme était mâtiné d'autres considérations et d'autres principes. Si les Romains n'avaient été qu'oligarchiques, ils n'auraient jamais pu asseoir leur domination plus d'un siècle et n'auraient pas fin par introduire le christianisme après avoir crucifié son Fils!
C'est comme si des historiens du futur se penchaient sur notre période et la réduisait à un gigantesque impérialisme unicisé et mondialisé en oblitérant toutes les autres tendances, notamment l'influence du christianisme et des principes de la Renaissance. J'ai bien peur qu'on fasse de notre Occident chéri un modèle de Spartes (le fabuleux peuple de guerriers qui fonda avec Cadmos la légendaire Thèbes), soit une utopie pure d'impérialisme et d'oligarchie. La loi du plus fort tend vers la mort. La loi de la vie mène vers la croissance et l'expansion. C'est une constante de l'activité humaine, en particulier de ce que Vernadski a nommé la noosphère.
Dans la mentalité qui régit la loi du plus fort, la finitude nécessaire ou l'avoir en lieu et place de l'être induit un épuisement du donné. Ce n'est qu'au contact de l'être que l'on peut commencer à expliquer le changement, l'accroissement et l'amélioration des conditions de vie. Pas seulement matérielles, auquel cas la loi du plus fort serait peut-être un paradigme opérant. Il est précisément aberrant parce que les principes sur lesquels l'homme fonde sa continuité sont d'ordre abstrait, certains diront spirituel.
Regardez un enfant : vous l'aimez, vous l'élevez, il est l'émanation de votre prolongement. Pensez en idées : ce sont aussi vos enfants. Méditez sur les valeurs universelles propagées par les dernières formes de religieux que sont les monothéismes. Nulle part la loi du plus fort n'est la loi humaine. Au pis, allez, elle est un auxiliaire ou un adjuvant. La loi du plus fort est l'adjudant, la pensée le commandant. Notre occidentaliste vaincu n'a plus qu'à prendre du galon. Je n'ai pas dit du talion!

vendredi 30 octobre 2009

Les chiens de gare

Cette fois, c'est top - ou c'est trop. "Quand c'est trop, c'est Tropico", vantait une célèbre marque de jus de fruits pour appâter ses consommateurs gavés et comateux. La télévision est la caisse de résonance médiatique par excellence des systèmes démocratiques, libéraux, occidentaux. En France, la patrie autoproclamée des Droits de l'Homme, on avait déjà selon Coluche des politiciens que le monde entier nous envie. Désormais on a des journaliste sur le même moule : des propagandistes qui se moquent du monde et qui roulent pour la partialité la plus évidente.
Il est patent que la VO d'Occident et l'Occident prennent l'eau de toutes parts - que faire quand on est partisan farouche et inconditionnel du système en voie de désintégration? En premier lieu, accorder la primauté à l'Hyperreél, soit au désir sur le réel. On désire que la VO soit juste quand on est du côté des institutions d'Occident - donc la VO est juste. Ce Qu'il Fallait Dompter. Comme le réel revient toujours avec usure, plus le réel conteste, plus on s'empresse de le bâillonner. Jusqu'au moment où la marmite explosera.
C'est la crise systémique qui n'est pas un châtiment déconnecté du 911, mais la conséquence dont le 911 est la cause et dont la guerre contre le terrorisme est le processus. Après le visionnage de ce débat télévisé, auquel j'ajoute un article rare de partialité et de mauvaise foi du Figaro (propriété d'un marchand d'armes si ultra-libéral qu'il frise le fascisme financier)
http://www.lefigaro.fr/programmes-tele/2009/10/30/03012-20091030ARTFIG00348-l-objet-du-scandale-sophismes-bruyants-.php
vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. Voilà comment les choses se passent en terre de France quand on désinforme et qu'on se livre à de la propagande. On désinvite deux cautions de la contestation VO : un scientifique et un journaliste d'investigation. On s'excuse de l'absence de contradicteurs sérieux dans le camp d'en face, le camp des conservateurs radicaux, ceux qui persistent à défendre une version officielle si moribonde que les officiels eux-mêmes l'ont désavouée. Des hyperofficiels au sens où ils pratiquent une surenchère irresponsable, irréaliste et acharnée.
On obtient un débat truqué, avec deux people dans le rôle des contestataires. Ça fait moins sérieux, d'autant que l'un est un humoriste connu pour sa balourdise sur-jouée, quand l'autre est un cinéaste provocateur et rebelle dans la catégorie pour adolescents plus ou moins attardés. Dès lors, on propose en face deux journalistes qui ne connaissent quasiment rien au dossier, mais qui ne sont pas moins citoyens que leurs opposants.
On obtient une égalité de façade pour un débat truqué. Le fait que le vrai débat ait été déprogrammé en dit long sur le niveau d'intoxication. Les producteurs la jouent si en faveur de la VO qu'ils n'ont même pas su trouver des personnalités du monde de la science ou de l'investigation pour appuyer le point de vue VO. Les habitués reporters se sont défilés - comme le courageux mais pas téméraire Guillaume Dasquié, un collègue du collaborateur Guisnel dans la sphère du journalisme ès-renseignements.
Un débat informel, sans valeur, qui prouve qu'on a peur dans les rangs autorisés d'afficher la défense de la VO qui volera en éclats quand le système volera aussi (bientôt). Pour JFK, on n'avait éprouvé aucune peine à truquer grossièrement et à convoquer les experts les plus prestigieux pour expliquer le trucage. On se rend compte aujourd'hui de leurs mensonges et du fait que le label d'experts ou de scientifiques ne veut plus rien dire.
Le défilement des experts pro-VO ne signifie pas qu'ils n'existent plus (voir le NIST légitimant contre la science l'effondrement des Tours) mais qu'ils se déballonnent en sentant que le système est proche de s'effondrer. Ce délitement signifie rien moins que la fin de la loi du plus fort, le rapport de forces qui profite en ce moment aux institutionnels occidentalistes et à ceux qui soutiennent leurs versions off et out, y compris quand ces VO sont totalement ubuesques.
Dans le camp des pseudo-débatteurs pro-VO, on avait deux journalistes : Hervé Gattegno et Frédéric Bonnaud. Bonnaud n'est pas venu en bande. C'est un ancien de France Inter, puis d'Europe 1. Il officia dans une émission profonde de Morandini, un soutien de la VO 911 et un agitateur conformiste, dont on a pu mesurer le degré de politiquement correct et de lâcheté saturée. Bonnaud ferait dans le politiquement incorrect, ce qui est un comble quand on pense que notre incorrect a la correction de défendre la VO du 911!
Notre incorrect est pour le coup particulièrement correct. Autre incorrection à la mode : Bonnaud s'est lancé dans la télévision. Il officie dans une émission de Beigbeder sur Canal Moins. Beigbeder - autre soutien affiché de la VO 911, au point d'écrire un roment sur le restaurant d'une Tour, Windows on the world. Beigbeder se veut lui aussi incorrect, c'est-à-dire qu'il sniffe de la coke en courant les mannequins plus ou moins prostituées d'origine salve. Frédéric est le frère de Charles, un patron incorrect, grand thuriféraire de ultra-libéralisme incorrect dans la mesure où il promeut ses valeurs avant-gardistes et où il bouscule l'impérialisme conservateur par un impérialisme ultra-dominateur et quasi révolutionnaire.
Depuis la rentrée 2009, Bonnaud est chroniqueur dans l'émission de France 2 L'objet du scandale, qui n'a de scandaleuse que le nom. Pour des raisons de déontologie élémentaires, jamais Bonnaud n'aurait dû être invité, puisqu'on ne saurait être juge et partie. L'intervention de Bonnaud est comme par enchantement pro domo. Pour mesurer le degré de lucidité et de courage de Bonnaud, notons que notre incorrect de choc a eu le front de prendre la défense de Polanski : "Le 30 septembre 2009, dans l'émission "L'objet du scandale", Frédéric Bonnaud défend le cinéaste Roman Polanski, objet d'une demande d'extradition des Etats-Unis depuis la Suisse pour une affaire de viol sur mineure, en l'occurrence Samanta Geimer, âgée de 13 ans à l'époque des faits. "Je dis simplement, explique Frédéric Bonnaud, que Roman Polanski est tombé à l’époque, lui-même pas très bien, sur une jeune femme qui avait 14 ans qui en faisait 17 ou 18 et qui avait, simplement à en croire son témoignage, ce qu’on appelle une sexualité active ! Il n’a pas été son initiateur. Il n’a pas été son pygmalion. Il a eu une aventure sexuelle avec elle. Voilà le dossier.”
Aventure sexuelle? Voilà le dossier? Si on vous dit : 13 ans, barbituriques et préméditation? Idem pour le 911 : si Bonaud évoque le 911 comme il évalue l'affaire Polanski, sûr qu'on aura un enterrement incorrect de seconde! Bonnaud est un partisan de plus du droit des plus forts, comme nous en avons eu un petit aperçu en France avec les interventions de BHL, de Finkielkraut et d'autres énergumènes du tonneau. C'est à se torde de rire tellement les ficelles sont grosses et saturées! Même Durand le présentateur pro-VO a eu le cran d'associer son rôle de modérateur impartial avec une défense éhontée et de mauvaise foi de la VO.
Aux côtés de Bonnaud, on trouve un autre spécimen de la propagande travestie en journalisme : Hervé Gattegno. Gattegno est journaliste au Point, ancien collaborateur du quotidien Le Monde de 1992 à 2007. Le Point est un journaliste ultra-libéral, qui roulait pour Sarkozy et qui est tenu par un grand patron français, ami conjoint de Chirac et de Sarkozy. Le seul moyen de réunir ces deux impairs ne peut résider que dans des intérêts financiers mal compris. Pinault a contribué à promouvoir le film-propagande de Yann A. Bertrand - un autre rebelle, de la mode écolo celui-là, d'un écologisme particulier. Il s'agit moins de défendre l'environnement humain que de seriner le malthusianisme le plus compatibles avec les intérêts spéculatifs de type financier.
Au Point intervient pour un bloc-notes proto-mauracien et malrucien le sioniste BHL, dont la nullité qualitative n'a d'équivalent que le caractère mythomane histrionique. Le Point est fameux pour sa défense outrée de la VO 911. Un de ses chroniqueurs se prétend spécialiste du 911, un certain Guisnel qui récemment cachetonnait pour de multiples casquettes : rédacteur en chef adjoint de Libération, un quotidien de moins en moins libertaire et de plus en plus libéral, à partir de 1991, il quitte le journal en 1996 pour entrer au Point, où d'après Wikipédia, "il traite des questions de défense et des nouvelles technologies. Spécialiste des questions militaires et de renseignement, Jean Guisnel a été auditeur de l'Institut des hautes études de la défense nationale et professeur associé à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr de 1999 à 2005 (chargé du cours de l'histoire de la presse)".
Tu parles d'un spécialiste! C'est les infiltrés - ou bien? "Il est membre du jury du Prix littéraire de l'armée de terre - Erwan Bergot. Certains observateurs lui attribuent la responsabilité du limogeage du colonel Paul Gaujac par le ministre de la défense François Léotard en 1994 et de Aymeric Chauprade par Hervé Morin en 2009". Chauprade : un expert en stratégie qui remettait en question la VO du 911. Bizarre? Époustouflant?
Le directeur du Point, un certain FOG, anime des émissions de débat du calibre équivalent à celles de Durand. Les deux stars oscillent ente le culturel généraliste et le journalistique événementiel. Dans l'une d'entre elles, FOG a ostensiblement empêché le journaliste d'investigation Raynaud de s'exprimer sur la contestation de la VO 911. Accusé toutes les minutes d'être un conspirationniste de la pire espèce, affilié à l'extrême-droite et abonné à l'escroquerie antisémite, Raynaud avait en face de lui un propagandiste notoire, le scribouillard Sifaoui, dont d'innombrables rumeurs insinuent qu'il serait proche des services secrets français et algériens.
Gattegno n'est pas présent sur le plateau de Durand par hasard. Comme Bonnaud, Gattegno vient de la presse écrite estampillée de gauche. Gattegno travaille pour le quotidien institutionnel de centre-gauche Le Monde. Libération a été repris par un banquier Rothschild grand ami de Sarkozy, qui a remplacé l'usé July par l'atlantiste Joffrin (dont le nom réel est Mouchard!). Le Monde est passé du statut enviable de journal résistant à celui de propriété d'un groupe d'armes et de presse, tenu par un autre ami de Sarkozy, le fils Lagardère.
Si Lagardère ne vient pas à toi... Papa est mort dans d'étranges circonstances, l'ex éminence grise est prisonnière des rets d'une drôle d'histoire franco-luxembourgeoise, Gattegno a fait ses bagages en passant d'un journal social-démocrate à un hebdomadaire ultra-libéral. Au moment où certains socialistes plient armes et bagages pour rallier le camp Sarkozy, au moment où le socialisme de plus en plus libéral est de moins en moins socialiste, l'évolution de Gattegno prend tout son sens. D'ailleurs, Gattegno est réputé proche d'Arnaud Montebourg, un avocat socialiste qui s'exprime comme un pédant perclus de chuintements salonnards et qui n'est pas plus socialiste que les autres jeunes dirigeants actuels du socialisme français.
Montebourg fut Young Leaders de la French American Foundation, une association philanthropique cultivant le même modèle que le CFR et qui contient en son rang des socialistes aussi libéraux que Hollande, Moscovici ou Montebourg. On retrouve parmi ce gratin un certain Joffrin. Le monde est petit. Montebourg est marié à une ancienne collaboratrice de Balladur et de Douste-Blazy, la roturière républicaine Hortense de Labriffe.
Certes, certes. Nous nageons en pleins principes antirépublicains et oligarchiques. Balladur était le candidat des financiers de la City aux présidentielles de 1995. C'est un libéral convaincu. Montebourg est un rénovateur socialiste qui rénove le socialisme en le transformant petit à petit en copie du parti démocrate américain ou du travaillisme à la Blair, soit d'un libéral-impérialisme mâtiné de progressisme.
Gattegno est ainsi de gauche au sens où il travaille indifféremment pour des intérêts ultralibéraux ou des intérêts de gauche. Qu'il œuvre sous la coupe de Pinault ou de Lagardère, la coupe est pleine. Gattegno et Bonnaud sont des propagandistes dont le seul pedigree suffit à indiquer la qualité. Ce n'est bien entendu pas de tels énergumènes de l'arrivisme et de la subversion événementielle qui risquent de critiquer avec justesse et justice le 911.
En attendant qu'un jour Laurent, Raynaud, Chauprade, Chesney (économiste à l'Université de Zürich, ancien professeur à HEC, qui révèle les suspects délits d'initiés qui émaillent le 911), Meyssan et d'autres viennent sur des médias français officiels contester la VO intenable et infernale du 911, nous ne pouvons nous étonner du traitement imparti : avec Durand, Bonnaud et Gattegno dans le rôle des procureurs, attendre l'impartialité correspond à l'espoir du cerf qui escompterait du chasseur une once de mansuétude.

mardi 27 octobre 2009

La question libre

"Qui sont les fous?"
Niels Harrit, interview pour La Télé libre.

Monsieur,

Je viens de visionner votre reportage consacré aux trois jours "Vers la Vérité" qui se tiennent à Paris du 9 au 11 octobre.

Encore un événement parisianiste pour happy few - mais il est vrai que la contestation du 911 est en train de se transformer en spectacle mondain. Par ces temps de décomposition systémique, ça fait branché, de remettre en question la VO. Gare à la récupération sous fausse bannière d'information : on fait mine de critiquer et l'on transforme une version officielle fausse en absence de vérité. Du coup, on sert les partisans de l'honorable partie nulle, qui ne sont autres que les auteurs de la version officielle fausse.
A une époque où les artistes underground ou rebelles se font un surnom en s'engageant dans la contestation de la VO 911, j'espère que vous n'escomptez pas sous prétexte d'informer déformer. Un exemple : d'après Reopen, "l’annulation de l’émission du débat contradictoire "L’objet du Scandale" organisé G. Durand, prévue pour le 28 octobre. Faute d’avoir pu trouver des contradicteurs … compétents face à N. Harrit, E. Laurent, J-M. Bigard et M. Kassovitz ? L’émission aura lieu mais sans contradicteurs."
[L'émission a bien eu lieu : Bigard et Kassovitz étaient seuls, deux people citoyens sans Laurent le grand reporter et Harrit la caution scientifique. Face à eux, deux contradicteurs, les journalistes Gategno et Bonnaud, et un débat remplacé par une parodie démocratique, avec d'un côté le doute systématique, et de l'autre la défense mordicus et inconséquente de la VO. Le fait d'avoir désinvité des cautions de la contestation et de n'avoir pas trouvé de contradicteurs scientifiques ou enquêteurs est un aveu écrasant de plus de la faillite des médias et du mensonge occidentaliste.]
La dernière fois, j'écoutais l'intervention audio d'un trublion passablement énervé, le sieur internaute Le Libre Penseur, dont je désapprouve moins les critiques virulentes ou le ton (très souvent justifiés) que les remèdes violents qu'il propose et qui reviennent à conseiller un poison mortel en guise de salut. Le nationalisme du Libre Penseur n'est pas seulement une solution destructrice. C'est surtout une fausse (ab)solution quand on étudie sérieusement l'histoire du nationalisme (sans en condamner d'ailleurs tous les aspects, tant s'en faut).
Je comprends que le Libre Penseur soit en colère face à la bêtise de la plupart des Occidentaux, qui racontent n'importe quoi et qui se croient d'autant plus avant-gardistes qu'ils se confondent en délires convenus et confondants - d'autant plus intelligents qu'ils font preuve de bêtise patente. Je ne comprends pas du tout que Le Libre Penseur propose des solutions violentes pour remédier aux causes viciées. C'est remplacer le vice par le vice sous prétexte d'inoculer la vertu.
Une autre confusion du Libre Penseur tient dans la duplication illusoire qu'il effectue entre l'évocation du 911 et la crise économique actuelle. A son avis, il y a plus urgent que d'aborder le 911. Le 911 serait un sujet comme un autre, et en particulier un sujet passé. Se concentrer sur le 911 relèverait de la monomanie et de la vanité.
La vérité est simple : quand on constate factuellement que le 911 est le déclencheur de la guerre contre le terrorisme et que la guerre contre le terrorisme est la stratégie qui règle le fonctionnement de nos sociétés mondialistes depuis le 911, on ne peut pas comprendre notre époque sans comprendre le 911.
Laissons le Libre Penseur à ses simplifications abusives, qui consistent en gros à résoudre le problème par la destruction du problème, comme d'autres font disparaître le problème pour le résoudre (mécanisme éminemment psychologique, fort à la mode). Revenons à la Télé Libre. Décidément, tout le monde, il est libre : les penseurs, la télé... Les financiers. C'est quoi, cette liberté? Liberté libérale?Liberté prétentieuse et narcissique? Prouvez que vous êtes libres, votre télé et votre émission! Il est certain que c'est mieux d'interviewer des sceptiques comme Mac Kinney ou des scientifiques comme Harrit que d'empêcher de parler l'historien Tarpley comme vous l'avez fait précédemment.
Par contre, vous persistez à vouloir dénoncer les théoriciens du complot comme les contestataires exclusifs des version officielles. C'est une position politiquement réactionnaire et philosophiquement illogique. Dans le cas du 911, c'est carrément une (im)posture intenable parce que la VO est une théorie du complot de bout en bout : la version des commanditaires et exécutants d'al Quaeda est un complot typique, perpétré par un groupuscule fanatique improbable depuis les montagnes lunaires et exotiques de Tora Bora (!!!).
La guerre contre le terrorisme est typiquement un outil de propagande reposant sur la théorie du complot, parce que la guerre contre le terrorisme est l'explication et la légitimation des politiques stratégiques de nos sociétés mondialistes qui repose sur le 911. Si l'on occulte le 911, l'on est incapable de comprendre la guerre contre le terrorisme, notre époque et son fonctionnement. C'est comme refuser de prendre en considération la cause pour comprendre un effet. Il est impossible de cerner un processus d'ensemble sans y introduire la causalité.
Les conséquences dépendant des causes. La guerre contre le terrorisme dépend du 911. Quand allez-vous cesser de poser de fausses questions? C'est ainsi que vous retombez dans vos travers verbeux et sophistiques en usant de logique abstraite ! A vous entendre, il serait impossible, rigoureusement impossible, que les journalistes américains n'aient pas réagi à une VO fausse. Pour commencer, vos propos méritent d'être corrigés : certains journalistes ont réagi, mais on les bâillonne. Ensuite, ce n'est pas depuis le 911 que la presse américaine (et occidentale) manifeste une propension étonnante à la partialité : en gros, selon cette presse, on est critique et indépendant quand on critique l'extérieur du pouvoir occidentaliste.
On est nettement plus partial et aveuglé quand on se penche sur des sujets qui touchent au fonctionnement de l'occidentalisme. Dites-moi, monsieur Lepers, vous qui prétendez informer, l'assassinat de JFK, c'était quand? 1963? On sait aujourd'hui de manière certaine que JFK n'a pas été abattu par un cinglé solitaire, mais suite à une conspiration incluant des institutionnels. La Commission HSCA de 1979 l'a reconnu de manière alambiquée. Est-ce que la presse américaine a bougé le petit doigt pour contester la VO de la mort de JFK? Que nenni! Les journalistes se sont couchés, ce qui en dit long sur la vraie nature de la déontologie journalistique : la plupart des journalistes sont plus des propagandistes qui, tels l'oiseau de la fable, restent bien au chaud dans leur cage pour ne pas déranger, perdre leur boulot ou prendre des risques.
Évidemment, le précédent JFK détruit votre question rhétorique, puisque si la presse américaine n'a pas réagi à l'assassinat de JFK en dénonçant le complot institutionnel, on ne saurait attendre d'elle qu'elle se montre héroïque quarante ans plus tard. D'autant qu'il faut ajouter un coefficient aggravant de lâcheté et de vice, avec la décomposition du système américain, tant au niveau politique qu'au niveau économique. Quoique. Il faut aussi admettre que la contestation concernant la VO du 911 est plus forte qu'à l'époque de JFK, ce qui tendrait à montrer que l'affaiblissement du système permet sa contestation grandissante, quoiqu'encore timide.
On a peur du monstre quand il présente des signes de faiblesse, voire de maladie mortelle. Vous-même finissez par admettre que la presse n'est pas si libre en Occident démocratique et libérale, puisque La Télé libre que vous représentez serait le seul média français à interroger des protagonistes pourtant assez importants du dossier 911. Dans ce cas, vous vous contredisez, comme ceux qui connaissent mal un sujet ou y présentent un coefficient de mauvaise foi et/ou de déni.
Outre ces deux reproches, enterrement de la vérité sous une fausse contestation et contradiction logique dans vos propos concernant votre défense des médias occidentaux, vous manifestez par ailleurs un tel souci (contradictoire et ambigu) de la déontologie journalistique, du droit d'informer et de dire la vérité, que je m'empresse de vous poser une question. J'espère que vous trouverez le temps d'y répondre, car il est du devoir d'un journaliste de répondre aux questions de bonne foi d'un citoyen (soucieux d'exercer son droit légitime à l'information et à la réflexion démocratiques).
Niels Harritt commet quelques petites erreurs (bien compréhensibles pour la plupart) : ainsi, le promoteur immobilier sioniste Larry Silvertsein n'a pas acquis seul le WTC. Il l'a loué à l'Autorité portuaire de New York, en proposant une offre de 3,2 milliards de dollars en compagnie de Westfield America, une filiale de la multinationale australienne Westfield Goup, spécialisée dans l'immobilier et la gestion de centres commerciaux. Westfield est tenu par un autre patron sioniste, un certain Frank Lowy. La personnalité de Lowy est au moins aussi intéressante que celle de Silverstein, l'ami de Netanyahu.
Le larron qui dirigeait l'Autorité portuaire de New York s'appelait
Lewis M. Eisenberg. C'était un sioniste, ce qui commence à être troublant. Coupons court sur l'implication de certains milieux sionistes extrémistes dans le 911 et venons-en à ma question : elle concerne la compagnie de sécurité Securacom/Stratesec qui serait en charge de la sécurité du WTC. D'après mes informations, cette présentation est plus que partiellement erronée. Securacom s'occupait peut-être encore de quelques volets (notamment électroniques) de la sécurité, mais ce n'était pas elle qui gérait la sécurité du WTC.
En outre, le frère Marvin Bush aurait quitté la compagnie en 2000, en ayant seulement fait partie du conseil d'administration de cette compagnie. C'était Kroll Securities qui s'occupait de la sécurité du WTC 1 et 2 et ce lien est sans doute plus intéressant et instructif.
http://aucoursdureel.blogspot.com/2009/09/credit.html

Pour le WTC 7, le troisième bâtiment effondré, c'était le Blackstone Group qui, via des succursales, s'occupait depuis octobre 2000 de la sécurité. Blackstone est une banque d'investissements dont les principaux cadres viennent de la défunte banque d'affaires Lehmann Brothers. Les patrons sont Schwarzmann et Peterson, un ancien secrétaire du commerce sous Nixon. Comme Kissinger le sioniste. Qui est via sa société de renseignements privés Kissinger Associates un employé du Blackstone Group et d'AIG. AIG détenait Kroll. AIG étai dirigée par un symbole du capitalisme américain, le sioniste Hank Greenberg, un ami de Kissinger, comme Peterson.
Je pourrais poursuivre également dans cette veine qui nous amène vers les sommets du capitalisme sioniste américain, jumelé avec les poids lourds WASP il est vrai. Mais j'aimerais vraiment que La Télé Libre réalise une étude documentée et précise sur les compagnies d'assurances qui s'occupaient du WTC le 911, dans la lignée des études du physicien Kevin Riian, que cite son confrère danois Harrit. Cette question est à lier avec les étages que les avions pirates ont percutés dans le WTC.
La compagnie que présidait Jeffrey Greenberg le 911, Marsh&MacLennan Companies, occupait huit étages de bureaux entre le
93 et le 100 étages de la Tour Sud. Le vol 11 d'American Airlines frappa les bureaux entre les étages 93 et 99. 355 morts - pas Paul Bremer, qui figurait au conseil d'administration de la firme et qui devint par la suite gouverneur d'Irak entre 2003 et 2004. En 2004, Marsh&MacLennan a racheté Kroll à AIG de papa Hank.
Peu de temps après le rachat de Kroll, le procureur de New York Eliot Spitzer lança une procédure contre Marsh. Jeffrey quitta ses fonctions peu de temps après. La même mésaventure est arrivée à papa Hank, qui en 2005 dut quitter ses fonctions à AIG, sous le coup de charges émanant du même procureur. Depuis, on a vu ce qui était arrivé à AIG. Comme son père, Jeffrey Steinberg est membre du CFR. Papa est un notable du CFR, comme l'ami Kissinger. Comme Peterson. Le CFR est l'antenne américaine du RIIA, l'organe de réflexion qui fixe la diplomatie britannique. La spécialité du CFR depuis la Seconde guerre mondiale est de réécrire l'histoire - à sa convenance.
J'arrête là mes connexions et vous remercie pour votre réponse de journaliste convaincu par la noble déontologie de son métier. Veuillez croire, Monsieur, que la vérité ne meurt jamais et qu'aucune force n'est en mesure de l'endiguer.

La Bobête

Quand on s'avise du degré de bêtise qui imprègne les populations occidentales, en particulier les avant-gardistes qui parmi elles se prennent pour les élites, on se dit que la Bête a tout dévoré - ou presque!

dimanche 25 octobre 2009

Entreriens

http://www.france24.com/fr/20091014-entretien-henry-kissinger-ancien-secretaire-detat-americain



Le résultat télévisé d'une conversation avec Kissinger? Un journaliste si fier de la qualité de son interlocuteur qu'il ne sort plus la brosse à reluire - mais le fer à repasser. Kissinger entretient la réputation d'un magicien de la diplomatie. Cette impression se retrouve dans l'interview qu'il a accordée de passage à Paris au Figaro.
http://www.lefigaro.fr/editos/2009/10/17/01031-20091017ARTFIG00235-kissinger-les-chinois-ne-veulent-plus-de-la-domination-du-dollar-sur-l-economie-.php
Ce serait un être aux qualités intellectuelles si exceptionnelles qu'elles seraient incomprises - sauf des bimbos. Kissinger se mouvrait dans des sphères si éthérées que le commun des mortels les méconnaît. Quelque chose de l'amoralisme politique plane sur Tennessee, Nietzsche et ses thuriféraires postmodernes. Pourtant, si l'on s'attache à la seule transcription écrite de cet entretien, on constate que les propos oscillent entre la banalité convenue et le sens confus. Loin du
cador que l'Occident adore, nous sommes confrontés à un radotage insignifiant et stéréotypé.
L'on pourrait incriminer l'âge avancé de Kissinger pour expliquer le décalage entre la réputation surfaite du diplomate et la qualité effective de ses considérations. Las, Kissinger n'a jamais fait montre de qualité supérieure dans ses théories passées. Pis, l'étude lucide de son parcours politique indique qu'il n'a jamais pondu la moindre théorie, et que, gradation dans la supercherie, notre pôle sans pool s'est bornée à reprendre les théories d'experts moins célèbres mais plus authentiques que lui. Il va falloir se faire une raison (d'État) : Kissinger n'est ni un théoricien, ni un homme politique. En termes diplomatiques, c'est un valet.
En tant que diplomate, Kissinger s'est toujours borné à un rôle de messager. Ce porteur de valises pliées en deux s'avère incapable d'une analyse stratégique personnelle. Il livre plus qu'il ne délivre. C'est donc autant un manipulateur (violence et mensonge sont ses armes de messager servile et zélé) qu'un usurpateur (c'est un diplomate de tradition oligarchique qui n'a rien à voir avec les grands noms qu'il cite en exemples historiques, comme Richelieu, Bismarck, de Gaulle ou Le Duc Tho).
Petite précision formelle : je me suis efforcé de demeurer au plus près du sens sans recopier textuellement. Que l'on vérifie la précision de la transcription à l'aune du visionnage de l'interview. J'ai ajouté quelques commentaires entre crochets et en italiques.


Le journaliste qui réalise l'entretien est Robert Parsons pour la chaîne d'information internationale France 24, qui se voudrait une réplique francophone de CNN. L'inclination anglo-saxonne de la chaîne en dit long sur l'adoration idéologique que les dirigeants français de l'ère Sarkozy vouent envers la domination britannique. L'interview d'un vieux cheval comme Kissinger montre les options diplomatiques et les enjeux politiques qui sont retenus derrière le vernis de l'impartialité déontologique et de l'objectivité professionnelle du journalisme.

Parsons : - Notre invité est l'un des géants de la politique internationale de l'après-guerre au vingtième siècle. Peut-être n'a-t-il jamais été Président des États-Unis, mais en tant que secrétaire d'État de différentes administrations américaines et conseiller spécial en politique étrangère de Nixon, il a eu un impact durable sur la politique étrangère américaine. Il fut le pionnier de la politique de détente avec l'Union soviétique et la Chine et reçut le Prix Nobel de la Paix pour son action vaine au service de la fin de la guerre au Vietnam et au Moyen-Orient après le conflit israélo-arabe de 1973.
De nombreuses administrations se sont tournées vers vous depuis vos fonctions officielles passées pour avoir des conseils sur la politique étrangère. Quels seraient vos conseils pour l'administration Obama qui est contestée? Notamment en Afghanistan où le commandant général des troupes de l'OTAN réclame l'augmentation des troupes [de 10 000 à 45 0000 soldats étrangers, plus le doublement des forces déployées sur le terrain, environ 600 000 en tout avec les contingents autochtones, selon le Général Stanley McChrystal, commandant en chef américain]?
Kissinger : J'ai publié un article sur le sujet donc je me sens à l'aise pour en parler.
[Il serait intéressant de comparer ces propos d'expert confiant, quoique léger (depuis combien de temps un article suffit-il à connaître un sujet difficile?), avec les propos que Kissinger tenait au journaliste du Figaro de l'édition du 16 octobre "Je connais très mal l'Afghanistan ; mon avis n'est donc pas celui d'un expert".]
Il existe trois problèmes séparés :
1) le niveau des forces
Obama doit prendre l'avis des commandants nommés en Afghanistan parce qu'il n'y a pas d'alternative;
2) la stratégie à poursuivre
Si Obama ne fait rien, retraite; s'il fait un peu, entre deux chaises; en accroissant les troupes, stratégie en faveur de la sécurité des populations et d'une base pour lancer des opérations;
3) la diplomatie à poursuivre
en particulier des pays impliqués par la sécurité nationale, pas des pays de l'OTAN, mais des pays comme l'Inde, le Pakistan, la Chine, la Russie et même l'Iran.
[On notera qu'en guise d'avis expert, Kissinger sort des banalités affligeantes et convenues, qui indiquent au mieux que la stratégie retenue est celle de l'enlisement déguisée en énième tactique de contre-insurrection.]

Parsons : - Pourriez-vous tirer des parallèles avec la complexité de la guerre du Vietnam - la complexité des questions, le manque de clarté des objectifs des administrations américaines ou l'opposition grandissante à la guerre?
[Que l'on présente encore Kissinger comme le grand responsable américain de la paix au Vietnam est comique, surtout quand on se rappelle de ses actions criminelles et du refus de Le Duc Tho de recevoir le Nobel en sa compagnie.]
Kissinger : - Le problème est l'opposition potentielle à la guerre aux États-Unis. On ne peut se battre si un pourcentage important de votre population est déterminé à arrêter cette guerre.
[Désolé, mais le problème prioritaire serait surtout le pourcentage écrasant de la population afghane déterminé à chasser la coalition sous égide de l'OTAN...]

Parsons
: - Malgré les difficultés de tous ordres dans le monde et aux États-Unis auxquelles Obama est confronté, j'aimerais parler du Moyen-Orient. Rien n'a changé. Vous avez rencontré le même problème à l'époque. Obama ne va-t-il pas se trouver confronté au même problème que vous?
[Aborder des questions comme la paix au Proche ou au Moyen-Orient est hilarant si l'on se souvient que Kissinger est un sioniste inconditionnel et que la vraie question cruciale à l'heure actuelle tient à la crise économique définitive qui condamne le système mondialiste, impérialiste et libéral. C'est ce qu'on appelle une diversion.]
Kissinger : - J'ai eu la chance de travailler avec le Président Sadate en Égypte et nous avons signé trois accords avec l'Égypte et un avec la Syrie en moins de dix-huit mois. Beaucoup dépend de la qualité des gouvernements impliqués dans le processus de paix. Pour l'instant, nous n'avons pas vu ces résultats.
[Il est affligeant ou drôle d'entendre Kissinger vanter l'action de Sadate, quand on se souvient du jeu trouble de Kissinger durant cette période de crise pétrolière instrumentalisée, de crise généralisée dans le bien-nommé Arc de crise et d'intervention déstabilisatrice et massive des forces impérialistes britanniques dans cette région, avec notamment le soutien trouble des Saoudiens. Pour l'anecdote, l'actuel numéro deux d'al Quaeda et ancien responsable du Jihad islamique Al-Zawahiri fut condamné puis innocenté dans l'assassinat de Sadate en 1981 (attribué à des membres du Jihad islamique affilié aux Frères musulmans). Zawahiri sortit de prison (pour possession illégale d'armes) en 1984 et rejoindra al Quaeda et Oussama, travaillant notamment pour les services secrets soudanais.]

Parsons : - Obama a mis sa réputation en jeu à l'occasion de son discours au Caire [jeudi 4 juin 2009]. Il faut qu'il tienne ses promesses parce que sa réputation et celle des États-Unis vont souffrir au Moyen-Orient...
Kissinger : - Nos amis doivent reconnaître qu'Obama est le Président des États-Unis. Il a mis en avant un message de conciliation à nos adversaires et s'il n'y a pas une réponse qui ait un sens même aux yeux de nos amis ou de nos adversaires, cela va affaiblir la cause pour laquelle ils se sont battus et c'est un problème aux yeux du monde.
[A écouter Kissinger, le dire remplace le faire, puisque les promesses suffisent à donner un sens aux combats politiques des acteurs de la région. Bel exemple de cynisme, qui indique que la dernière chose dont un Kissinger ait vraiment envie, c'est de réussir le but de la diplomatie, la négociation, les compromis, la paix.]

Parsons : - Obama est très critiqué pour avoir tendu à la main aux ennemis des États-Unis les Iraniens. A-t-il commis une erreur?
Kissinger : - Il a bien fait d'offrir la négociation car en cas de crise, le Président doit être capable de montrer au peuple américain et au monde qu'il a fait tous les efforts pour éviter la crise. Je soutiens la négociation, il est trop tôt pour le dire.
[Ainsi donc la négociation ne sert-elle pas la paix en tant que résolution des conflits, mais la stratégie de déstabilisation et de division, théorisé notamment par l'Arc de crise de Lewis ou Brzezinski : c'est la preuve que Kissinger est un diplomate au service de la stratégie impérialiste de l'Empire financier britannique, ainsi qu'il l'a expliqué en 1982 dans un discours à Chatham House et qu'il ne cesse de le montrer depuis.]

Parsons : Les Iraniens n'essayent-ils pas de mener les Américains en bateau?
Kissinger : - Il faut que je le dise... Il y a un courant en Iran qui essaye de le faire et qui constitue un danger. Si nous conduisons une négociation réfléchie, c'est la bonne direction. (...) Si nous n'atteignons pas nos résultats, nous devrons décider de sanctions. Nous ne pouvons accepter l'inacceptable que la communauté mondiale aura dénoncé, car cela affaiblirait notre impact [de pays dirigeants] sur le monde et sur d'autres problèmes.
[Si l'on se souvient du rôle que joua le 1er janvier 1974 l'Iran du Shah dans la deuxième phase du choc pétrolier en concertation avec Kissinger, puis le rôle de l'islamisme dans la stratégie américano-britannique de domination, avec notamment la Révolution islamique iranienne de 1979, les nombreuses associations islamistes soutenues par les Saoudiens, le soutien aux moudjahidines afghans, les vagues d'assassinat de de coup d'État dans l'Arc de crise, le providentiel consensus de la communauté mondiale s'apparente à un impérialisme qui sert les intérêts de l'occidentalisme, en particulier des factions financières de l'Empire britannique, que Kissinger dessert avec une cohérence exclusive depuis la fin des années soixante.]

Parsons : - Le succès des négociations avec l'Iran et des éventuelles sanctions dépend-il du soutien de la Chine et de la Russie? Ces pays en sont-ils capables?
Kissinger : - Sur l'Iran, oui. Le problème de la prolifération affecte des pays plus proches de l'Iran et plus faibles que les États-Unis si un programme nucléaire en Iran est imminent. Il faut espérer que ces pays prendront cette menace au sérieux.
[Kissinger recycle avec une belle habileté pragmatique le thème de la non-prolifération nucléaire, qu'il aurait consigné par écrit suite à la conférence de Pugwash de 1957 concernant la société post-industrielle, dont nous subissons les derniers miasmes avec l'effondrement du système financier mondial centré autour du dollar. Le thème de la non-prolifération nucléaire a déjà généré beaucoup de crises et de conférences. Kissinger a publié sous son nom dès 1957 Puissance nucléaire et politique étrangère, un ouvrage en réalité rédigé par Gordon Dean, un avocat spécialiste des questions nucléaires affecté au CFR par les cercles de Wall Street.]

Parsons
: - Pensez-vous qu'il y ait danger? Que la Russie pense que les États-Unis font trop d'efforts pour acheter leur amitié?
(long silence)
[Chez Kissinger, le silence est destiné à laisser croire que notre diplomate entame une méditation profonde et qu'il va déclencher une déclaration marquante, alors qu'en général, il prépare la langue de bois la plus lénifiante et les banalités les plus convenues.]
Kissinger : - Pas vraiment. Le danger est que d'autres pays pensent que nous n'avons pas d'alternatives si les négociations échouent. Il faut que nous montrions dès le début des négociations que nous sommes sincères et que nous avons un programme spécifique. Si nous tenons ensuite à ce programme et si nous montrons que nous sommes imaginatifs en tirant les conséquences des échecs, l'effort ne doit pas être critiqué, mais les résultats.
[La dernière phrase en particulier ne veut rien dire, derrière une apparence de référence à la realpolitik, qui serait la grande affaire théorique de Kissinger, alors qu'elle n'est qu'un machin pompeux pour désigner le pragmatisme impérialiste théorisé par les vrais experts qui fournissent à un porte-parole comme Kissinger le matériau conceptuel. Le cynisme impérialiste transparaît notamment dans l'évocation d'une prétendue sincérité chez Kissinger, qui a toujours débouché sur des assassinats et des coups d'État!]

Parsons : - A l'occasion de l'anniversaire des vingt ans de la chute du Mur de Berlin, quels sont vos souvenirs de ce moment?
Kissinger
: - J'étais dans une situation extraordinaire, car ce jour-là, j'étais en Chine. Je conversais avec Deng Xiaoping au sujet du coup d'État en Roumanie. Les Chinois m'avaient prévenu que le communisme d'Europe centrale ne pourrait continuer à survivre en raison de la glasnost et la perestroïka, et c'est tout ce que je savais quand je suis monté dans l'avion. Quand j'ai atterri à Hawaï, j'ai appris que le Mur était tombé, ce à quoi personne ne s'attendait. Je pensais que selon le sens de l'Histoire, cela allait arriver un jour. J'étais là étonné et je suis resté devant la télévision toute la journée à Hawaï et j'ai regardé ces effusions d'un des rares moments où les gens qui traversaient les deux côtés de la ligne de démarcation se sont retrouvés dans une perception commune du monde. C'était un des grands moments de l'Histoire et je me souviens de Rostropovitch qui venait d'arriver avec son violoncelle.
[La question est destinée à fournir le prétexte pour une anecdote comme Kissinger les choie. Il s'agit de montrer qu'un personnage comme Kissinger est d'une teneur extraordinaire et historique en ce que tous les moments de sa vie sont extraordinaires et historiques. C'est ainsi que la chute du Mur, événement historique, ne peut donner lieu à une expérience banale chez Kissinger. Notre diplomate est toujours en compagnie de personnages extraordinaires à traiter de questions historiques. Le jour de l'effondrement du Mur, il est avec le Premier ministre chinois de l'époque, il converse de problèmes internationaux majeurs autour de la glasnost, il assiste, cerise sur le gâteau, à l'arrivée de Rostropovitch, le fameux violoncelliste, qui est sensé dans l'histoire personnifier le grand artiste juif ashkénaze alter ego du grand diplomate juif ashkénaze Kissinger, alors qu'il n'est qu'un exécutant virtuose, un familier de compositeurs et d'écrivains célèbres, un dissident soviétique et un chevalier de l'ordre de l'Empire britannique. Une fois de plus, Kissinger montre qu'il accorde la prééminence à l'art et qu'ainsi sa propre supériorité est contrebalancée par la modestie lucide et incomprise. Le poste de télévision et la surfeuse Hawaï sont transfigurées par la présence historique du grand homme, dont chaque geste recèle une dimension mémorable et importante.]

Parsons : - J'ai bien peur que cet entretien soit arrivé à son terme. Merci..."

L'Empire britannique recrute des agents dont le zèle est recouvert et légitimé par le narcissisme débridé et l'impression d'importance décisive. Ainsi va Kissinger, qui s'imagine naïvement qu'il présente une dimension politique essentielle du vingtième siècle, alors qu'il n'est qu'un valet dans l'incessante parade britannique. Les médias occidentalistes, à la soldes des intérêts britanniques, laissent entendre à Kissinger que chacun de ses mots compte, alors qu'on le flatte comme un petit enfant dont on attendrait la réponse préméditée et adéquate. Résultat : Kissinger fait son cinéma, court le monde (et les femmes), se disperse en conseils stratégiques dont il n'est que le héraut, se spécialise dans la signature de coups tordus dont il n'est que le prête-nom, ferait mieux de méditer l'apologue biblique sur la vanité. Il parle pour ne rien dire et débite des formules toutes faites, mais c'est prévisible dans sa bouche de (per)roquet mercenaire : quand on répète ce que d'autres ont pondu, le plus prudent (vertu de l'oligarque) est encore de noyer le pois(s)on pour éviter de proférer une bourde. La qualité du diplomate est ainsi de camoufler le sens exact des théories qu'on (re)présente. Valet et porte-parole, tel est Kissinger. En tout cas, merci au journaliste du moment de faire le jeu de Kissinger, en lui posant les questions taillées sur mesure et en occultant soigneusement le problème central de la crise et les nombreuses zones d'ombres reconnues du criminel de guerre Kissinger.

Kleinquant



Dialogue entre un artiste juif (peintre et photographe) et deux juifs sionistes, un foulosophe et un comique faux et vulgaire. On notera que les défenseurs du sionisme sont de plus en plus décalés et qu'ils se grillent par leurs interventions à l'emporte-pièce. Alors que Timsit est manifestement un piètre penseur, Finkielkraut s'enferme dans son silence excédé (et excessif) à mesure que son erreur d'engagement idéologique s'affiche. Nous joue-t-il le jeu du penseur dans sa tour d'ivoire? En tout cas, ce n'est pas en invoquant la nostalgie et la mélancolie qu'il s'exonérera des questions légitimes qu'on est en droit de poser à un sioniste qui justifie des crimes dépassant l'entendement. Bonne lecture - lisez ce dialogue télévisé comme un extrait de théâtre.


Timsit - Si vous allez voir le spectacle de Dieudonné, entre Alain Soral et Faurisson, donc vous serez dans la ligne... Donc renseignez-vous, je sais pas, moi je suis inculte, mais (...) googlisez, vous verrez! (...) Dieudonné était formidablement drôle, Dieudonné a tué un comique qui est Dieudonné, pour être aujourd'hui le Dieudonné qui malheureusement même s'il est drôle sur scène...
(Finkielkaut approuve par des hochements de tête et des gestes entendus de la main).
Klein - Mais aujourd'hui il est drôle. Il est toujours drôle! (...) Et ces blagues n'ont rien à voir avec...
Lefait - Ses allusions négationnistes!
Klein - Ses positions racistes et politiques...
Timsit - Oui... Mais alors à ce moment-là, je reprends la phrase : est-ce que Hitler... est-ce qu'il faut reconnaître le talent de peintre de Hitler ou pas?
(Finkielkraut hoche la tête comme si la question était décisive)
(Klein rit de la question)
Non, mais c'est ça, la question était posée...
Klein - Est-ce que vraiment Hitler était doué comme peintre?
Timsit - Je ne sais pas, mais je me pose la question, et je vais vous dire : je m'en fous! (très énervé et radical) Complètement!
Lefait - La musique adoucissant les mœurs et ici franchement on dira que Dieudonné a des comportements que jamais nous ne supporterons et on ne l'invitera pas sur ce plateau parce que il a beau être drôle, ses prises de position politiques dépassent l'entendement... euh... normal, aujourd'hui, voilà! On le dit... (Très tonique d'un coup et changeant de sujet) A propos de musique, s'il vous plaît!
(Cafouillage. On entend les voix de Klein et Lefait)
Klein : - C'est une blague qu'il nous sort de sa poche. On aurait du mal à ne pas rire...
(Nouveau cafouillage)
Timsit - Vous voyez, je ne me pose pas ce genre de questions...
Klein - J'ai une amie actrice portugaise qui répète le rôle de Hanna Arendt avec l'histoire... Y'en a deux ou trois pièces... En ce moment, y'en a une à Paris avec Elsa Zylberstein... [Il s'agit de la pièce Le Démon de Hannah] Mais mon amie portugaise...
Finkielkraut - Non, non!
Klein - ... n'est pas juive et dans la pièce à un moment donné Heidegger lui dit : "Mais tu es Allemande?". Elle a dit : "Non, je suis pas Allemande, je suis juive..." Et tu as vu... Vous avez vu la pièce à Paris?
Finkielkraut (ton sec et cassant) - Non.
Klein - Vous avez entendu parler?
Finkielkraut (très solennel et à fleur de peau) - Non, j'ai, j'ai, j'ai lu Hanna Arendt, j'ai lu Heidegger, j'ai lu la correspondance...
Klein - Quoi?
Finkielkraut - ... je dois dire que ça me suffit et que la transformation de cette histoire qui est une des grandes énigmes du vingtième siècle en kitsch est pour moi (ton traînant et hésitant) un sujet plutôt de (soudain il accélère) mélancolie.
Lefait - Merci, messieurs, l'émission est terminée."

jeudi 22 octobre 2009

Imbroglio

http://www.lefigaro.fr/editos/2009/10/19/01031-20091019ARTFIG00365-les-silences-du-metronome-.php

Moment de privilège : un écrivain de l'oligarchie s'exprime. Philippe Labro, atlantiste reconnu, vice-président de la station de radio RTL et promoteur avec Bolloré de la chaîne de télévision TNT Direct 8. Pour ceux qui ne veulent pas rire trop fort, Labro y anime une émission qui s'intitule Langue de bois s'abstenir. C'est une émission de débat sur l'actualité, entre politique et culture. Les animateurs sont des esprits aussi reconnus que chloroformés, entre atlantisme et sionisme : Philippe Tesson, Jérôme Beglé, Bertrand Delais, Pierre Bénichou, Michèle Cotta. Nul besoin de revenir sur le pédigrée de ces participants prévisibles. Ce qui m'intéresse en l'occurrence, c'est que c'est notre Labro hexagonal est la plume que Le Figaro choisit pour dresser le portrait littéraire de Kissinger.
Chacun sait qui est Kissinger : après quarante ans de coups tordus et de crimes en tous genres, il serait temps d'entériner que Kissinger est Prix Nobel de la Paix au sens où le Nobel désigne les agents les plus zélés de l'atlantisme. Kissinger est l'homme de la diplomatie coopté par le RIIA britannique et le Foreign Office pour diriger sous Nixon et Carter la diplomatie américaine. En ce sens, il appartient à la cohorte des agents de l'Empire britannique utilisé sur le sol américain. Depuis l'époque de la guerre de Sécession, la liste de ces agents doubles est longue.
Selon LaRouche dans Le pouvoir de raison, Kissinger fut affecté par le RIIA à sa branche américaine, le CFR. Le faucon conservateur Mc George Bundy, conseiller à la sécurité nationale des Présidents Kennedy puis Johnson, parraina la nomination de Kissinger. George Franklin, le très discret coordinateur de la Commission Trilatérale à la fin des années 70 et membre du CFR, fut très clair : Kissinger appartient au RIIA et à la diplomatie impérialiste britannique.
La réputation de brillant esprit du docte(ur) Kissinger repose sur le leurre initial et symptomatique de sa thèse de Harvard (réputée la plus longue de l'histoire de l'université) et sur son œuvre finale Diplomatie. Kissinger n'est qu'un homme de main, un valet, un spécialiste des coups tordus et un manipulateur. C'est dans ce sens peu reluisant qu'il faut cerner sa brillante réputation de diplomate et de stratège. Il applique à la ligne les consignes que lui donnent les vrais stratèges du RIIA.
Si l'on veut mesurer le degré d'analphabétisme narcissique flagrant de Kissinger, une anecdote : en 1957, notre politologue publie un livre destiné à asseoir sa compétence sur les questions nucléaires (Puissance nucléaire et politique étrangère). Il s'agit de prendre acte du changement de société qui conduit à la période dite de la post-industrialisation (nous y sommes!). C'est un certain Gordon Dean qui est l'auteur véritable du livre. Dean est un avocat spécialiste des questions nucléaires et membre du CFR, qui travailla dans des commissions traitant du nucléaire en compagnie notamment du stratège Nitze ou du banquier Rockefeller.
Dean fut un éminent consultant de Lehman Brothers dans les années 50. Il faut s'y faire, Kissinger est le nègre des intérêts de l'Empire britannique. C'est ce Kissinger qui subit un camouflet patent en mai 2001, lorsqu'il refusa de répondre en tant que témoin aux questions du juge français Le Loire concernant des crimes au Chili sur des membres de familles franco-chiliennes. Kissinger partit précipitamment de sa suite du Ritz - départ qui pourrait donner lieu au titre : il prend la fuite de sa suite.
http://lists.peacelink.it/latina/msg01150.html
Comment se fait-il que Kissinger ait pu revenir sans que la Justice française ne poursuive ses investigations légitimes? Cette première question est (pour l'instant) demeurée sans réponse auprès du journaliste du Figaro qui a procédé à son interview.
http://www.lefigaro.fr/editos/2009/10/17/01031-20091017ARTFIG00235-kissinger-les-chinois-ne-veulent-plus-de-la-domination-du-dollar-sur-l-economie-.php

J'attends une éventuelle question, mais je subodore d'ores et déjà que la raison d'État se soit trouvée la plus forte. Immunité diplomatique ou quelque chose de ce style. Dans la France de l'atlanto-sioniste Sarkozy, le retour en grâce de Kissinger montre pour qui travaille Sarkozy. Moins pour les Israéliens que pour les financiers des factions impérialistes de la City. D'ailleurs, c'est pour les milieux synarchistes de Wall Street que son compère Netayahu s'est engagé en politique et récolte des succès qui ne sont pas en rapport avec ses qualités intellectuelles et militantes.
En attendant, je note que ni le journaliste Renaud Girard ni le cultureux Labro n'ont jugé pertinent d'aborder ce thème. C'est un aveu éclatant que la raison du plus fort l'emporte. Il est vrai que Kissinger a recopié les considérations de Hobbes et Machiavel en expliquant pompeusement que la morale n'avait rien à voir avec les questions étatiques. Dans sa bouche, cela signifie que le mensonge devient noble et supérieur quand il s'applique à des questions politiques. Aux victimes des opérations Condor ou du fils de p... (selon K. lui-même) Suharto, nous penserons un jour ou l'autre à développer ce genre de considérations.
Dans la veine de Nietzsche l'antidémocrate et antichrétien radicalement désaxé, nous penserons à nous situer par-delà bien et mal. Que l'on omette la question capitale de l'action juridique contre Kissinger pour comprendre l'état de la France actuelle - et de Kissinger - en dit long sur le malaise rampant qui saisit notre pays et l'ensemble de l'Occident. Ce n'est pas une question hors sujet ou secondaire, au sens où il n'est pas conséquent d'attendre de la conséquence chez des individus obéissant à la loi du plus fort et à l'irrationalisme.
Si l'on accepte pour des motifs supérieurs que Kissinger soit au-dessus des lois, l'oukase signifie tout bonnement que l'on se meut dans un régime de facture oligarchique et impérialiste. Comment une mentalité impérialiste et oligarchique pourrait-elle accoucher de principes républicains? C'est cette question précise que je poserais au sympathique militant de Solidarité et Progrès qui fut le seul à me répondre concernant la venue de Kissinger à Paris.
Ce monsieur, que je respecte par ailleurs au vu de ses connaissances et de ses idées, m'expliqua qu'à l'heure actuelle Kissinger travaillait pour des groupes financiers modérés qui sont plutôt favorables au plan de sauvetage de l'économie mondiale présenté par La Rouche, incluant la Chine dans les tractations. Dont acte. J'estime pour ma part que ce n'est pas en bafouant les lois que l'on peut provoquer un changement salutaire et bénéfique pour le plus grand nombre.
Revenons au portrait de l'éminence Kissinger par Labro : Labro aimerait nous faire croire que les grands diplomates du passé dont Kissinger dresse le portrait ému, comme Richelieu ou Bismarck, seraient les véritables ancêtres de Kissinger. Ma main au feu (du diable?) que Kissinger n'est pas de cette veine, pas un diplomate du passé, mais un diplomate dépassé, en ce qu'il est un vassal de l'Empire britannique et qu'il subvertit les principes mêmes de la diplomatie. Rappelons que la diplomatie est l'art de la négociation entre nations au niveau politique et que cet art implique l'absence de violence.
Du coup, l'action de Kissinger n'est pas une action diplomatique, mais une action de manipulation. Si j'enlève les flagorneries hagiographiques contenues dans le portrait de Labro, pour qui le moindre détail chez Kissinger ressortit de la supériorité intellectuelle obvie (ah, les doigts de Henry!), nous ne conserverons que quelques détails significatifs d'une manière signifiante de penser et de concevoir le monde.
1) "C'est un livre époustouflant" n'hésite pas à lancer Labro pour qualifier le livre-testament Diplomatie. Au vu du réel niveau intellectuel de Kissinger, le seul narcissisme débridé de Kissinger l'empêche de s'intéresser à toute question profonde. Sinon : laquelle?
2) Kissinger qualifie d'émouvant l'accord de paix conclu avec Le Duc Tho en 1973, qui scellait la fin de la guerre du Vietnam. Labro se garde bien d'ajouter que Le Duc Tho refusa le Nobel de la Paix 1973 en compagnie de l'inénarrable Kissinger et que la nomination de Kissinger est l'un des pires camouflets que l'on puisse ajouter à la réputation controversée de ce Prix.
3) Kissinger réfute la définition shakespearienne de l'Histoire : un "récit raconté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien". Grave imprécision, monsieur Labro. Ces propos émanent d'une citation de Mac Beth tirée de la scène 5 de l'Acte V de Mac Beth. La citation plus intégrale serait : "Éteins-toi, éteins-toi, courte flamme ! La vie n'est qu'une ombre en marche; un pauvre acteur, qui se pavane et se démène son heure durant sur la scène, et puis qu'on n'entend plus : c'est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien"
Mac Beth exprime le destin typique d'un oligarque ou d'un tyran, qui commence par désirer le pouvoir, puis qui passe d'un statut relativement libre et introspectif à un déterminisme qui le dépasse et l'emprisonne. Mac Beth est manipulé par des puissances supérieures et occultes qui le contraignent à la vengeance gratuite et à la violence totale. Que Kissinger réfute cette vision de l'histoire ne signifie pas qu'il ne soit pas d'une mentalité impérialiste et oligarchique.
Au contraire. Non seulement sa pseudo-vision ne veut pas dire grand chose ("chaque période développe une certaine identité, avec ses limites, et seul le passé permet de comprendre le présent"), mais surtout Kissinger montre qu'il réfute Shakespeare, parce que Shakespeare est un républicain qui ridiculise le parti oligarchique en le réduisant à des propos désespérés et absurdes. Shakespeare montre que l'action de Mac Beth aboutit à l'aberration politique et repose sur un malentendu ontologique irréductible.
Pourtant, loin de démentir la pensée oligarchique d'un Mac Beth, Kissinger développe une conception dans laquelle chaque moment est séparé des autres moments. D'un point de vue ontologique, Kissinger est incapable de relier l'ensemble des moments historiques pour en faire un processus historique continu, une dynamique au sens de Leibniz. Kissinger saucissonne et légitime son amoralisme stratégique et politique par l'absence de sens général.
Le sens est absent quand on le saucissonne. Du coup, l'opposition de Kissinger au point de vue imputé tel un contre-sens patent à Shakespeare est une fausse opposition. Les deux conceptions sont oligarchiques, sauf que la conception de Kissinger est moins absurde et plus étayée que celle du faux Shakespeare. Elle révèle une mentalité que Kissinger n'a nullement inventée, mais qui est le propre de la mentalité oligarchique : maîtriser les deux sens contraires pour contrôler l'ensemble du sens.
4) La mise en scène de la supériorité de Kissinger est fabulée. Labro nous dépeint un Kissinger porté par une lucidité surnaturelle : "dupe de rien" est une expression risible quand on s'avise des innombrables éclats de Kissinger. Cette supériorité est renforcée par l'énoncé des "qualités d'exception" du diplomate. Labro nous explique sans craindre la contradiction que Kissinger serait à la fois moins narcissique que sa réputation et en même temps tout à fait conscient de son "pouvoir cérébral". A une question ostentatoire et déplacé de Labro ("Vous avez dû [votre nomination au poste de secrétaire d'État] aux circonstances ou à votre «pouvoir cérébral»?"), Kissinger l'humble modeste répond sans sourciller : "Un mélange des deux, sans doute. Mais je ne suis pas sûr que, dans les mêmes circonstances, n'importe qui d'autre aurait obtenu ce poste". Commentaire de Labro : "Surgit à nouveau le sourire de celui qui est conscient de sa différence, et a vécu dans la certitude de ses qualités d'exception.". Si l'on récapitule, le lecteur a le privilège de se mouvoir avec un interviewer-romancier d'exception qui dialogue avec un politicien-diplomate d'exception. Chez Proust, nous serions entre gens du monde. Au Figaro, nous sommes entre oligarques dupes de rien - sauf de leur oligarchisme débridé.
5) Labro est très fier d'avoir disséqué et trouvé la méthode réflexive de Kissinger. Il va sans dire qu'un romancier-oligarque est mû par une telle supériorité intellectuelle qu'aucun sens descriptif et psychologique ne lui échappe. Selon Kissinger, cette méthode se résume au "tic suivi du tac", c'est-à-dire "une affirmation, puis son antithèse". Thèse, antithèse... Pas de synthèse?
Mais c'est de l'hégélianisme expurgé - plus que simplifié! Récapitulons : la méthode hégélienne prétend maîtriser le sens en couronnant la contradiction par le dépassement (de la synthèse). Dans le processus hégélien, on en reste toujours à un changement interne au processus délimité par la thèse et l'antithèse, puisque le dépassement (Aufhebung) intègre le cycle donné. Selon Wikipédia, "le mot caractérise le processus de dépassement d'une contradiction dialectique où les éléments négatifs sont éliminés et les éléments positifs conservés."
Autrement dit, le changement signifie la conservation des éléments positifs de la thèse, tandis que le travail du négatif aura éliminé ses éléments négatifs. Dans la dialectique oligarchique, qui réduit la dialectique hégélienne, et qui se fonde sur une approche de la dialectique qui est négation de la dialectique platonicienne, fondée sur la méthode socratique, soit la dialectique comme méthode de vérité, il ne s'agit en aucun cas de dépasser la contradiction.
Schopenhauer a défini la conception sophiste de la dialectique dans un opuscule au titre éloquent : La Dialectique éristique (ou De L'art d'avoir toujours raison). C'est l'idée que la rhétorique supprime le critère de vérité et qu'il le remplace par la persuasion du point de vue le plus éloquent ou le plus fort. Dans la tradition de Gorgias, il s'agit de dresser l'éloge du beau discours. Aristote et Hegel se placent dans une position intermédiaire, en ce qu'ils reprennent la méthode socratique du dialogue pour en empêcher sa visée essentielle : l'accession à la vérité depuis l'opinion/apparence.
Selon Platon, le dépassement de l'apparence permet de parvenir jusqu'à la vérité. Le changement correspond à la vérité, soit à l'exhumation du domaine des Idées. Selon Aristote, qui préfigure par sa conception dialectique la fameuse dialectique de Hegel, il s'agit de demeurer circonscrit dans le même domaine de réel. La dialectique aristotélicienne vise au moyen de la logique à résoudre la contradiction dans un domaine identique, quand la dialectique platonicienne permet d'assurer le changement et d'initier le processus de succession des différents domaines circonscrits.
L'adjonction chez Hegel d'un troisième terme à la conception aristotélicienne ne change rien à cette conception finie, puisque l'Aufhebung ne surmonte qu'à l'intérieur du domaine circonscrit. L'adjonction du troisième terme chez Hegel n'est que l'addition explication clôturant le système aristotélicien. N'oublions jamais qu'Aristote commence par discuter l'ontologie platonicienne par la critique de la théorie des Idées.
Hegel n'ajoute rien de nouveau à Aristote. Sa méthode dialectique n'est que le dépassement d'une conception réductrice du réel. Quant à la célèbre dialectique marxienne, Marx n'est jamais qu'un matérialiste qui non seulement ne peut pas dépasser la conception d'Aristote, mais qui ne peut au surplus que la renforcer dans son erreur abyssale.
Le matérialisme conduit Marx à réduire la dialectique à l'affrontement de points de vue d'ordre social. La dialectique sert une conception de la dynamique qui est faussée, voire dénaturée. La dynamique désigne un processus historique écrit à l'avance. C'est le déterminisme qui meut la dynamique dialectique. Marx prétend parvenir au degré de résolution de la dialectique en réduisant l'opération dialectique à un affrontement social de type anthropomorphique. La résolution aboutit à la réduction ontologique la plus caricaturale. Les résultats de cette dialectique ne se sont pas fait attendre, puisque le communisme marxien a accouché du totalitarisme historique que l'on sait.
La dialectique oligarchique que promeut Kissinger est une dialectique d'ordre libéral et impérialiste, qui se veut plus pragmatique que l'idéalisme matérialiste d'un Marx. Il s'agit de contrôler les oppositions au sein d'un même domaine et d'opter pour la loi du plus fort. Kissinger défend à son sens la loi du plus fort. Il jouit de l'immunité parce qu'il est défendu par les factions financières les plus fortes. Il est le diplomate des plus forts.
6) Ce portrait magiquement faux se clôt sur l'apologie de l'art. Labro nous glisse dans la confidence, en bon écrivain oligarque. Mazette : le Grand Kissinger se serait rendu au Louvre pour observer des tableaux. Vieille rengaine cultureuse, poncif esthétique : Kissinger roi du monde (du pétrole?) serait maître en tactique politique, mais il reconnaîtrait que l'expression artistique est supérieure à l'action politique : "Précarité du pouvoir face à l'éternité de l'art." Du coup, Labro l'écri-vain se place au-dessus de Kissinger. C'est cela, le narcissisme oligarchique : on loue pour se louer. Chacun se croit supérieur aux autres pairs, dans un jeu de dupes qui n'a d'égal que la tromperie des jeux de miroirs.
Malgré son empressement narcissique et son zèle laudatif, Labro va trop vite en besogne, puisque le maître de l'immanentisme terminal, le philosophe Rosset, qui est un authentique artiste, pas comme ce Labro médiatique et chicos, cite une phrase de Zola (dans L'œuvre) qui signe la vanité définitive et irréfragable de toute chose : "Quand la terre claquera dans l’espace comme une noix sèche, nos œuvres n’ajouteront pas un atome à sa poussière." Selon ce schéma, une conception purement matérialiste du réel signifierait ipso facto que l'art survivra à l'action politique, mais que son matériau d'expression finira par s'estomper à un moment ou à un autre. Même les œuvres immatérielles disparaissent tôt ou tard, parce qu'on les perd.
L'art est un témoignage rendu au réel, quand, dans la lignée de l'esthétique de Schopenhauer, la contemplation permet de résoudre les crises existentielles du spectateur. Dans la conception d'un Rosset, qui ne fait que prolonger Nietzsche et Spinoza dans leurs conséquences les plus épurées, l'art est l'expression supérieure en ce qu'il n'engendre aucune illusion. L'expression religieuse est illusoire, puisqu'elle duplique.
Kissinger répand cette conception immanentiste de l'art : l'art qu'il visite est le témoignage de la supériorité du réel sur ses parties; aucune religiosité n'est reconnue. Cela explique l'admiration de Kissinger pour des tableaux chrétiens de la Renaissance. Cet aveu esthétique implique que les périodes de l'art soient dépassées au profit de la reconnaissance de l'expression artistique pure.
Kissinger le sioniste radical passe à côté de l'expression de l'art chrétien. Je ne dis pas qu'il faille être chrétien pour admirer la substance des arts chrétiens, mais qu'en ôtant la dimension religieuse à l'art, on passe à côté de la teneur de l'art. Kissinger est cet idéologue pragmatique et destructeur, ce nihiliste pathologique, qui pense vraiment que la contemplation artistique le lave de l'action politique et de ses conséquences funestes, sans comprendre que l'expression artistique n'est riche que parce qu'elle renvoie au religieux.
Qu'est-ce que le religieux si ce n'est le lien entre le Créateur et sa création? Et qu'est-ce que fait l'art si ce n'est rédupliquer à sa mesure humble l'entreprise de création? La création humaine est effectuée à l'image du Créateur. L'art est hommage à la création, quand la conception immanentiste terminale conçoit l'art comme hommage au réel incréé et homogène. On pourrait estimer que Kissinger en contemplant les tableaux est saisi par la rédemption et qu'il a changé (en bien - commun).
Comme il aurait changé en soutenant des propositions modérées permettant de résoudre la crises systémique qui secoue la finance. L'oligarque serait-devenu sur ses vieux jours plus républicain? Je ne peux que souhaiter cette issue, autant pour l'homme qui va bientôt mourir que pour le conseiller influent qui possède un certain poids dans la crise actuelle - qui si elle poursuit sa phase de désintégration risque de plonger l'homme dans un chaos proche de la disparition (pas en une heure, hein; en un siècle et demi).
Malheureusement, je crains fort que dans l'art comme dans la politique, dans la vie de tous les jours comme dans la vie publique, Narcisse n'ait guère changé. Peut-être Kissinger voudrait-il donner une image de respectabilité. Ne nous y trompons guère : l'homme se conduira en oligarque jusqu'au bout - de sa conduite. Ce grand nihiliste, qui n'a pensé qu'à dominer et à jouir individuellement, sur le crépuscule de ses jours, entend parachever son œuvre impérialiste et faire en sorte que l'Occident bascule dans des sociétés à la chinoise - ou à la sud-américaine.
Kissinger n'a pas changé - de manière de penser. Il est demeuré le même. Sûr de lui, dominateur, persuadé de sa supériorité intellectuelle, élitiste, amateur éclairé d'art, homme de goût, de conversation et de diplomatie. Kissinger est supérieur en ce qu'il est solitaire, calomnié et incompris. Accepter sa supériorité reviendrait à accepter la tour d'ivoire. Encore un poncif cher à Labro. Au fait - que signifie diplomate? C'est celui qui est muni d'un diplôme. Si l'on se souvient des conditions dans lesquelles Kissinger obtint son doctorat à Harvard, l'on comprend qui est notre diplomate : un bodybuildé de la diplomatie! Un dopé! Un Schwarzenegger?
George Shultz, sors de ce corps! Le diplôme désigne le "document officiel présenté sur un feuillet plié en deux". Le diplomate est un porteur de message. Il n'élabore pas le message, il se contente de le porter et d'y ajouter les formes. Kissinger est vraiment diplomate : en bon valet de l'Empire britannique, de ses ramifications hollandaises, saoudiennes et israéliennes, Kissinger porte les billets (durs) de ses mentors des factions oligarchiques (synarchiques dans le cas de Shultz), financières et prédatrices.
Mais le plus intéressant est pour la fin de ce rapide parcours étymologique : le diplôme renvoie au double en grec (διπλοῦς). Au départ, la duplication exprime le papier plié en deux. Également immédiatement après le caractère duplice de qui veut faire assaut de diplomatie, soit concilier les inconciliables (irréconciliables). En ce sens, le papier plié en deux est la métonymie, voire la synecdoque, de la mentalité du diplomate.
Au final, je crois surtout que la duplication renvoie au double et que ce n'est pas l'art de la diplomatie qui est illusoire. C'est l'art de la diplomatie oligarchique. Dans la conception nihiliste du réel, le réel est un, en ce que la vraie duplication est nihiliste et libère l'espace dénié du néant. La duplication dans le réel unique renvoie au néant. La diplomatie selon cette veine est l'art de l'hypocrisie servant la loi du plus fort. Dans la conception classique, la diplomatie permet d'élever, à la manière d'un dialogue socratique ou d'une dialectique antique, le sens de l'opposition vers la réconciliation (l'Aufhebung de la conciliation). Dès lors, Kissinger est-il un diplomate retors, mais classique - ou un diplomatique retors et - oligarchique?

L'Oligarchine

http://french.cri.cn/781/2009/10/12/261s202832.htm
http://french.cri.cn/781/2009/10/11/261s202767.htm

En ce moment, Kissinger fait feu d'artifices. Autant dire qu'il brûle de tout bois. Le bois dont notre diplomate se chauffe est bien entendu le bois diplomatique. Depuis trente ans, Kissinger est le diplomate en chef des États-Unis. Comme il est en fin de vie, enfin - en fin de carrière, et qu'il n'exerce plus aucun mandat officiel, il se déplace dans le cadre d'une diplomatie parallèle et officieuse. Pour de l'officieux, Kissinger est célébré par des officiels de haut rang. Notre octogénaire a rencontré à Beijing Dai Bingguo, conseiller d'État chinois, puis le Premier ministre chinois Wen Jiabao (11 et 12 octobre).
Un peu de sérieux. On sait tous que Kissinger est rentré dans les coulisses du pouvoir depuis qu'il a quitté les ors de la scène politique et médiatique (à la fin des années soixante-dix). En l'occurrence, Kissinger a subverti la distinction entre l'officiel et l'officieux. Son passage au second plan officiel, à l'officieux officiel, va de pair avec la manipulation de l'officiel par l'officieux. En parlant de manipulateur, Kissinger en est un de première. Qu'il soit officiel ou officieux, il manipule.
La manipulation est plus efficiente et efficace dans l'officieux que dans l'officiel. Un exemple, corsé, qui permet de comprendre que je ne délire pas, que je n'affabule pas ou que je n'extrapole pas : l'actuel directeur du NSC, poste que Kissinger a occupé du temps de sa splendeur, le général James Jones, sert le Président Obama. Obama est un démocrate déclaré. Pourtant, Jones a lui-même avoué qu'il tirait ses ordres en directe ligne du républicain Kissinger (avec d'autres intermédiaires inférieurs).
Situation politique étonnante où les représentants de l'oligarchie tombent les masques. Kissinger est un de ces représentants. Ce n'est pas un diplomate. C'est un manipulateur. Il continue d'œuvrer sur la scène diplomatique du monde, parce qu'en vérité, c'est lui qui est le diplomate officieux des États-Unis. Peu importe qui est l'actuel secrétaire d'État. L'avis de Kissinger compte plus que tout autre diplomate américain, officiel ou officieux.
La visite de Kissinger en Chine est médiatisée parce que la désintégration systémique pose le problème de la relation diplomatique sino-américaine. Il serait particulièrement borné de réduire cette relation à une relation entre puissances indépendantes et souveraines. En réalité, les Chinois sont totalement dépendants des États-Unis, tant sur le plan monétaire que sur le pan économique. Le développement ultra-libéral et capitaliste des Chinois s'est opéré sur le mode néo-colonialiste : alors qu'une petite élite économique s'enrichissait considérablement, la majeure partie de la main-d'œuvre chinoise est utilisée pour réaliser des travaux que l'on n'effectue plus en Occident.
On parle pudiquement de délocalisation, mais la réalité, c'est que cet échange économique n'est possible que par les salaires invraisemblablement bas qui ont cours dans ces pays. On exploite ces pays sous prétexte de développement libéral et de mondialisation. Le libéralisme, c'est donc la domination? L'impérialisme? La mondialisation, c'est le bras armé de cet impérialisme, qui détruit explicitement les secteurs secondaires et tertiaires d'Occident et qui les transfère vers des arrières-cours comme la Chine?
Résultat des courses : l'Occident n'a plus d'industrie et les travailleurs occidentaux sont de plus en plus dans le virtuel et le spéculatif - déconnectés du réel. Si l'économie s'effondre sous les coups de buttoir de cette spéculation out, les Chinois seront les premiers à en pâtir puisque leur sort est intimement lié à l'avenir de l'Occident. Non seulement les angoisses occidentales concernant le Péril chinois sont délirantes et évoquent le Péril jaune de mentalité raciste et colonialiste; mais encore serait-il temps de comprendre que le Péril n'est ni jaune ni chinois, mais oligarchique.
C'est d'ailleurs en quoi la Chine est citée comme modèle de réussite éclatant par les ultra-libéraux occidentaux : la Chine a su passer du communisme maoïste à la société oligarchique de facture ultra-libérale, soit à l'oligarchisme de type financier. Dans cette société, peu d'individus contrôlent l'insigne majorité des richesses; les masses sont exploitées sans vergogne et n'ont aucun mot à dire.
C'est ce modèle qu'admirent les oligarques et qu'ils aimeraient imposer petit à petit en Occident. L'actuelle situation préoccupante des États-Unis peut tout à fait donner lieu à des hypothèses de ce type. L'effondrement économique et politique des États-Unis concerne moins le dollar comme unité de référence impérialiste et mondialiste que la souveraineté des États-Unis comme fédération républicaine. Ce que l'Empire financier britannique veut, c'est détruire la souveraineté dominante de la république des États-Unis pour imposer son ordre oligarchique au niveau mondial.
Ceux qui ne comprennent pas cette réalité sont prisonniers de la logique d'affrontements entre États-nations ou de blocs de civilisations, pour s'exprimer à la manière du regrettable Huntington. C'est ainsi que l'Occident aurait fort à craindre de la montée en puissance chinoise. En réalité, la montée en puissance chinoise ne concerne pas la montée en puissance de l'État-nation chinois - ou du peuple chinois. La montée en puissance chinoise correspond à l'inflexion oligarchique et ultra-libérale qu'on imprime à cet ancien Empire communiste.
La Chine connaît bien la tradition impérialiste. Les financiers de l'Empire britannique espèrent transformer l'Empire chinois en un allié de type impérialiste. L'ancienne place-forte de Hong-Kong, récemment rétrocédée à la Chine suite à des accords officiels, indique assez que l'Empire britannique est dans la place (faible) des Chinois. La montée en puissance chinoise implique que la Chine soit traitée comme une dépendance et une arrière-cour de l'Occident, que l'oligarchie utilise pour la besogne.
Bien entendu, l'important n'est pas tant de savoir si la Chine pourrait menacer les privilèges occidentaux, ce dont elle est au demeurant incapable, au vu de sa spécificité d'économie florissante et dépendante (de l'Occident), que de comprendre que la société chinoise va connaître le privilège impérialiste de subir une mutation oligarchique : les élites chinoises richissimes seront ainsi les alliés transversaux et utiles des élites occidentales. La Chine serait-elle un laboratoire du projet oligarchique mondiale?
Les oligarques occidentaux qui travaillent pour les financiers de l'Empire britannique aimeraient tant que l'Occident ressemblent dans un siècle à la situation inégalitaire et désastreuse de la Chine ou de l'Afrique! Il faut vraiment se montrer de mauvaise foi pour estimer que la Chine se développe et s'enrichit selon des critères harmonieux ou républicains. La Chine réalise la perspective ultra-libérale et impériale de concilier le capitalisme et le totalitarisme. Un État fort au service d'une économie dominatrice et archi-libérée.
C'est cela, la Chine. C'est cela, le vrai péril. Pas le péril chinois pour les propagandistes qui cherchent une diversion. Le péril oligarchique. La transformation de la Chine en société oligarchique. La transformation de l'ancien Empire soviétique en Empire russe a suivi une courbe oligarchique qui tendrait à se relativiser sous l'impulsion de certaines réactions nationalistes (loin d'être toujours positives, tant s'en faut). La transformation de l'Inde, dont le système repose sur des castes de type oligarchique, est peut-être moins avancée, mais tout aussi plausible et envisagée.
Le modèle de ces milliardaires indiens qui se pavanent avec leur suite sous le paradigme occidental donne un aperçu de l'horizon oligarchique que nos élites nous concoctent. Kissinger est typiquement un représentant de l'oligarchie britannique appointée par le Foreign Office pour empoisonner les institutions américaines. Qu'un tel monstre, doté d'une perversion odieuse et répugnante, puisse jouer les diplomates en dit long sur ce qu'est la diplomatie oligarchique de type britannique.
Maintenant qu'on a restauré la vraie nature du péril, péril oligarchique qui menace autant la Chine que l'Occident, autant telle partie du monde que son ensemble, l'on comprendra mieux l'action spécifique de Kissinger et de la diplomatie occidentale en Chine. La transformation de la Chine n'est pas anodine. Elle est rappelée par les deux dépêches citées précédemment. Dans la première, on nous explique que Henry Kissinger "a ouvert la voie à l'établissement des relations diplomatiques sino-américaines dans les années 70".
Dans la seconde, que "maintenir un développement sain et stable des relations sino-américaines reste une tâche lourde, qui a besoin de la vision à long terme et du courage des hommes politiques des deux pays, ainsi que de l'intelligence et du soutien de personnalités de différents milieux". Il est certain que ce dont se félicitent les diplomates anglo-saxons quand ils se vantent d'avoir œuvré à la transformation de la Chine d'une société maoïste à une société de plus en plus libérale, c'est tout simplement à l'édification d'un modèle oligarchique. Oubliez les vertus de la démocratie et des Droits de l'Homme!
De ce point de vue, l'impression de la menace chinoise peut présenter quelque réalité si l'on confond l'oligarchisme chinois avec les intérêts chinois. En l'occurrence, la seule menace est oligarchique. Elle est transnationale, à l'instar des intérêts financiers et les multinationales. Il ne s'agit pas de dire que la Chine en tant qu'État est inoffensive. Il s'agit d'expliquer que le danger chinois est un péril qui concerne en premier lieu le peuple chinois. D'une manière universelle, le danger concerne des principes qui ne sont pas circonscrits à l'Occident.
Principes comme la démocratie, le républicanisme, la liberté. Anti-principes comme l'impérialisme, l'oligarchisme, le néo-libéralisme. Le laboratoire chinois permet de vérifier que l'on peut appliquer le modèle oligarchique et impérialiste qui consiste à conjuguer capitalisme débridé et fort contrôle étatique. Un tel principe n'empêche nullement le développement capitaliste, permet un contrôle drastique des richesses et rend praticable l'exercice de l'oligarchie de type financier et moderne, soit la transition des Empires antiques et classiques vers la forme de l'Empire contemporain, de facture financière et mondialiste.
De ce point de vue, l'expression de deuxième voie qualifie les efforts de la diplomatie officieuse au service de la diplomatie officielle : "La diplomatie dite «de la deuxième voie» entend faciliter la diplomatie officielle par des échanges entre des personnalités qui ne sont pas ou plus actuellement au pouvoir, comme des intellectuels, des officiels à la retraite, des personnalités publiques, des activistes ou encore des organisations non-gouvernementales, entre autres."
La première voie désigne la transition chinoise du communisme maoïste vers le libéralisme étatisé (et non vers le capitalisme d'État, comme le serinent ceux qui veulent occulter l'impérialisme britannique en Asie et le fait que le capitalisme est une technique économique quand le libéralisme est une idéologie au service de l'impérialisme britannique). Comme par enchantement, ceux qui font partie du wagon de la deuxième voie sont ceux qui ont lancé l'impulsion de la première.
Si l'on relit les déclarations du banquier David Rockefeller, qui n'est pas le maître occulte du monde, mais qui est une voix attitrée de l'establishment américain de mentalité oligarchique et fasciste, la transformation de la Chine de puissance politique communiste à puissance économique sous-traitante est l'expérience la plus positive du post-communisme : "Peu importe le prix de la Révolution Chinoise, elle a réussie de façon évidente; non seulement en produisant une administration plus dévouée et efficace, mais aussi en stimulant un moral élevé et une communauté d'ambitions. L'expérience sociale menée en Chine sous la direction du Président Mao est l'une des plus importante et des plus réussie de l'histoire humaine." (David Rockefeller, New York Times du 8 octobre 1973).
Si l'on se souvient que David Rockefeller est un des banquiers sous la coupe des intérêts Morgan et que la maison américaine Morgan descend d'intérêts regroupés à la City de Londres (Morgan, Grenfell&Co.), on comprend mieux qui agit derrière Kissinger. Kissinger est administrateur de la Fondaion Rockefeller, qui est un paravent puissant pour les intérêts financiers de l'Empire britannique sur le sol américain. D'ailleurs, dans la délégation de la deuxième voie, qui distingue-t-on parmi les notables partisans de l'oligarchie britannique?
Le sieur Shultz, un complice de Kissinger, à la notable exception qu'il se situe bien au-dessus dans l'organigramme des responsabilités. Shultz est le vrai inspirateur des opérations Condor d'Amérique du sud, de la pensée libéralo-fasciste de l'École de Chicago, de l'Administration W. ou de l'Homme-Bête Schwarzenegger. Shultz est l'ancien P-DG de Bechtel, le premier groupe mondial de travaux publics, bien implanté en Arabie saoudite notamment.
Shultz est un des contrôleurs de Kissinger. Kissinger n'est pas le diplomate des intérêts oligarchiques de l'Empire britannique. Il est diplomate au sens où la diplomatie pour lui rime avec stratégie de manipulation. Pour le dire clairement, il est l'homme des coups tordus. D'ailleurs, depuis qu'il est rentré dans les coulisses du pouvoir, quel type de groupe dirige-t-il? Un groupe de diplomatie? Un groupe de stratégie? Un groupe de réflexion?
Que nenni, notre diplomate est incapable de réfléchir et de prévoir. Kissinger a fondé et dirige officiellement une opération de services de renseignements privés, Kisisnger Associates, au service des intérêts impérialistes britanniques. C'est ainsi qu'au début du troisième millénaire chrétien il a noué une association avec la vénérable maison de renseignements privés anglaise Hakluyt. Tel est Kissinger : l'homme des renseignements au service de l'oligarchie britannique.
Shultz contrôle cet individu violent, criminel, psychopathe, obsédé, pervers. Vous avez cerné le profil psychologique du pseudo-diplomate? C'est une délégation de l'oligarchie britannique qui est venu rencontrer l'oligarchie chinoise pour des discussions pompeusement baptisées deuxième voie. La deuxième voie est tout simplement la voie oligarchique, après la transformation économique et sociale de la Chine sous l'ère de la première voie.
Lors de la première voie, les diplomates et autres contrôleurs oligarchiques ont assuré la transition chinoise vers l'oligarchie. La reconnaissance de ce travail est manifestée dans l'appellation de la deuxième voie. La deuxième voie est la poursuite de la première, soit l'oligarchisation de la société chinoise au service des intérêts oligarchiques mondialistes. Aucun État, aucune nation ne profitent de cette oligarchisation. C'est une impulsion lancée par l'Empire britannique et qui profitera à toutes les élites transversales qui acceptent de collaborer à ce processus de transformation.
Leur récompense est simple : l'enrichissement rapide et important pour prix de leur collaboration anti-patriotique, qu'ils pourront toujours justifier par leurs mérites exceptionnels. D'ailleurs, ce sont les mêmes zozos pansants qui vieillissants amorcent le processus de la deuxième voie, preuve quand même que l'oligarchie éprouve des difficultés certaines à renouveler ses cadres - même s'il est évident aussi que lesdits cadres doivent refuser leur vieillissement et leur mise à l'écart.
La deuxième voie exprime de manière assez limpide le processus de transformation du monde appelée mondialisme, et qui n'est autre que l'oligarchisation de la société humaine unique. La Chine a toujours été le laboratoire de l'expérience oligarchique depuis la fin du maoïsme dans les années soixante-dix. Cette libéralisation de la Chine a coïncidé avec l'ouverture des relations diplomatiques et économiques entre les États-Unis et la Chine.
Peut-être faudrait-il étendre le propos à l'ensemble de l'expérience communiste et comprendre que le communisme n'a jamais été qu'un paravent pour les stratégies oligarchiques et libérales. Écoutons à ce sujet un certain Gary Allen (dont j'ignore tout, mais à la citation duquel je souscris) : "Lorsque l’on comprend que le socialisme n’est pas un programme visant à «partager les richesses» mais plutôt une méthode pour en réalité consolider et contrôler les richesses, alors le paradoxe apparent des hommes super riches favorisant le socialisme n’apparaît plus du tout comme tel. Au contraire, il devient logique et représente même l’outil parfait des mégalomanes assoiffés de pouvoir. Le communisme, ou plus précisément le socialisme, n’est pas un mouvement orchestré par les masses du petit peuple mais par l’élite économique."
Quand on examine la pensée de Marx, on constate que le communisme n'est pas l'ennemi du libéralisme. Pas davantage du capitalisme. Il considère le capitalisme comme un passage linéaire et obligé pour l'humanité. Le communisme est le dépassement du capitalisme par son renversement dialectique. Marx considère qu'il dépasse le communisme - pas le libéralisme. Ce pour une raison précise et terrible : il reprend à son compte les postulats et axiomes de l'École britannique libérale, notamment de théoriciens comme Smith ou Ricardo.
Pour jouer du paradoxe amusant, on pourrait insinuer que Marx est un libéral communiste, qui escompte par son communisme et son égalitarisme conférer au libéralisme son achèvement - sa fin de l'histoire pour s'exprimer comme le posthégélien Fukuyama. Marx est opposé au libéralisme pragmatique ou capitaliste par un modèle communiste qui est d'obédience libérale. Les financiers de l'Empire britannique ne s'y sont pas trompés : ils ont financé massivement les communistes parce qu'ils sentaient que le communisme jouaient en faveur de leurs visées oligarchiques.
Puis ce sont dans les anciens Empires communistes qu'ils ont initiés leur laboratoire d'oligarchisation de la société mondialiste, fort du principe selon lequel il est plus facile d'imposer cet oligarchisme inégalitariste dans des sociétés empruntes de communisme. L'État y est déjà fort et la transformation plus aisée. La deuxième voie sanctionne la phase d'oligarchisation effective de l'Occident. La première voie a oligarchisé les régimes communistes et les anciennes provinces colonisées des Empires occidentaux.
La deuxième voie entend réduire l'Occident à ce statut pour imposer un contrôle général sous l'égide d'un Gouvernement mondial. C'est ce que signifie l'avènement du Nouvel Ordre Mondial. Dans cette optique, la venue d'oligarques britanniques à la table des négociations chinoises n'inspire que de la méfiance. Ces gens ne viennent pas pour résoudre la crise systémique ou pour démocratiser la Chine. Ils viennent pour leurs objectifs oligarchiques qui passent par la dissolution des États-nations et leurs remplacements par des fondements purement économiques et des substrats purement financiers (plus encore qu'industriels).
C'est dans cette optique que Kissinger déclare au Figaro : "Aujourd'hui, ils ont engrangé leurs pertes, mais jamais plus ils ne nous feront confiance dans le domaine financier. C'est le grand changement. Comme ce sont des gens pragmatiques, ils ont compris qu'il fallait gérer cette crise en coopération avec nous, afin d'en limiter les dégâts sur les économies réelles de nos deux pays. Ils prennent en compte le fait que la très grande majorité de leurs immenses réserves de change est libellée en dollar et que leurs exportations de biens de consommation vers l'Amérique restent vitales pour la santé de leurs industries manufacturières. Les dirigeants chinois ont géré cette crise en coopération avec leurs homologues américains au cours des douze derniers mois, et ils continueront à le faire. Mais rien ne sera plus comme avant."
Cette déclaration signe le passage à la velléité d'oligarchie mondialiste. Sous prétexte de pragmatisme et de realpolitik, il s'agit bel et bien de changer de statut et d'asseoir le nouveau label. Les diplomates atlantistes se servent de hypothétique menace chinoise pour imposer leurs projets oligarchiques. Le Péril jaune a bon dos! Le vrai Péril est dans son dos!
Puis Kissinger ajoute : "Il est clair que les Chinois ne veulent plus de la domination du dollar sur l'économie mondiale." Si c'est pour aboutir à un règlement sur le mode des propositions qu'avance LaRouche aux États-Unis, Kissinger serait devenu soudainement un homme de paix et de mesure. La liberté humaine implique que ce genre de résolution inespérée puisse survenir. Je sais bien que tout homme peut changer, y compris à plus de quatre-vingts ans et après quarante ans de coups tordus.
Demeurons cependant circonspects : cette déclaration peut signifier aussi bien que l'oligarchie britannique est aux abois et qu'elle lance des promesses pour calmer le jeu. Derrière un faux règlement, qui évoque les promesses de Sarkozy concernant la moralisation de la finance folle (on a vu le résultat!), on peut prévoir que l'effondrement du dollar permettrait l'imposition d'une nouvelle monnaie mondiale, fondée sur des règles monétaires oligarchiques faisant la part belle aux seules élites oligarchiques transnationales de tous les pays.
Pour quel projet œuvre Kissinger? Pour un projet de résolution et de construction à la LaRouche - ou pour des intérêts destructeurs, dominateurs et prévaricateurs comme ceux de la City de Londres ou de Wall Street, devant lesquels un Sarkozy s'est couché et devant lesquels un Obama a cédé? J'ai bien peur que la réponse ne soit guère positive ou optimiste. Oligarques de tous les pays, encore un effort...Quant à vous lecteurs, vous voilà maintenant prévenus. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas ce qui se trame et ce qui menace l'Occident démocratique, libéral et laïc.