Qu’est-ce qu’un métaphysicien? Quelqu’un qui commence par expliquer qu’il y a l’être et le non-être; mais que, comme il n’y a rien à dire du non-être, on ne peut que s’attacher à connaître et comprendre l’être. C’est la déclarait liminaire qu’entreprend Aristote. Et puis, il passe à son ambition d’achever le savoir.
Quand Descartes survient pour rénover la métaphysique, il accroît la tendance. Il n’y a vraiment rien à raconter sur le non-être, au point qu’il se trouve relégué dans la sphère du dire, qui du coup serait déconnectée, au moins pour ce thème, de l’être.
Descartes ne parvient à se passer du non-être, mais il le situe dans une frange qui est étrangère à l’être selon lui (une distinction pour le moins contestable) : le dire. L’être qu’il obtient est l'être le plus pur qu’on a recherché depuis les débuts de la philosophie (à ne pas confondre avec la pensée, elle connexe de l’avèrent de l’homme).
Descartes estime ainsi qu’en rejetant le non-être, Aristote n’a pas réussi à isoler assez l’être. Ce qu’il faut en outre, c’est hiérarchiser l’être. De ce fait, Descartes va introduire dans la métaphysique la norme de Dieu. Bien entendu, ce n’est pas lui qui lance la mode de la conciliation entre métaphysique et christianisme, ni de la scolastique; mais il introduit la métaphysique dans le processus de renaissance de la science, en entendant édicter la science des sciences.
Il ne l’adosse pas sur la révélation, mais sur la hiérarchisation rationnelle de l’être. Descartes reconnaît que l’être n’est pas le réel, puisqu’il admet qu’il y a dans le langage du non-être, au point que l’homme se tient entre Dieu et le néant. Ce faisant, il reconnaît même que le néant n’est pas que dit, sans quoi il n’aurait pas une telle influence dans le champ de l’être, au point que l’homme soit composé de perfection et d’imperfection.
L’être n’est pas perfection, puisque l’imperfection est de l’être. Mais la hiérarchisation de l’être implique qu’il existe de l’être parfait et qu’il faille tendre vers cette perfection. Il convient de ne garder de l’homme composite que ce qui tend vers la perfection. C’est le cogito. Le restant n’est pas nié, mais lui est inférieur.
Avant d’examiner ce que c’est que le néant à côté de la perfection, commençons par voir ce qu’est la perfection : est parfait ce qui n’est pas soumis à l’expérience. Donc : ce qui n’est pas observable par les sens, ni connaissable de manière scientifique. Descartes restaure la métaphysique comme supérieure à la science : au sens où la méthode scientifique ne peut permettre de connaître le domaine de l’infini qui n’est accessible que par l’examen de la raison.
Chez Descartes, le rationalisme est triomphant, au sens où ce qu'il recherche n’est pas de réconcilier le cogito avec l’extérieur, mais de le définir comme l’espace de la bonne philosophie - la nouvelle métaphysique qu’il instaure. On s’étonne que Descartes ne se préoccupe guère de réconcilier la métaphysique et la physique (les sciences).
Mais c’est que ce n’est pas son dessein, et qu’il ne veut bien l’envisager, dans son dernier livre, que sous le prisme de la métaphysique. A partir du moment où la métaphysique est supérieure à la physique, toute connaissance scientifique est aussi précise qu’inférieure.
En s’ébattant dans la métaphysique, Descartes pense avoir trouvé un domaine qui est supérieur en ce qu’il ne change pas. La réconciliation entre le physique et métaphysique n’est pas son but premier. Ce qu’il cherche plutôt, c’est à analyser les relations entre ce qui tend vers le parfait et son extérieur imparfait.
La grande question de Descartes n’est pas de réconcilier science et philosophie, mais de voir comment la métaphysique s’articule avec la connaissance scientifique. Autant dire : comment le cogito peut avoir besoin de connaître l’extérieur imparfait, s’il est parfait. La réponse est : le parfait peut s’intéresser aux échelons moins parfaits, qui relèvent de l’être, mais qui auraient pu se révéler irréconciliables avec le parfait.
L’homme, qui se tient entre Dieu et le néant, connaît le parfait de manière totale dès qu’il l’identifie par sa raison. Descartes estime avoir découvert cette vérité évidente, quoique inaperçue, par le cogito. Il s’échine à expliquer comment s’unir avec le parfait, et montre que, dès que l’homme doué de raison a identifié le cogito, il connaît de manière évidente et totale le parfait.
La connaissance du parfait est supérieure à la forme de connaissance scientifique, qui s’attache à découvrir l’imparfait. Raison pour laquelle Descartes n’a pas essayé de réconcilier la métaphysique avec la physique. Raison aussi pour laquelle il estime que les découvertes scientifiques, auxquelles il s’est tant astreint, n’ont pas besoin d’être vraies, du moment que la connaissance parfaite existe.
Si Descartes a réussi à définir la connaissance parfaite, cette dernière s’avère plus importante (capitale) pour l’homme que la connaissance imparfaite. La connaissance parfaite peut s’acquérir d’un coup, du moment qu’on l’a identifiée et qu’on fait montre de la bonne méthode; tandis que la connaissance imparfaite est ardue à connaître, parce qu’elle est rationnellement imparfaite (mélange entre raison et sens).
Le parfait ne nécessite pas d’effort ardu. La foi s’attache à connaître Dieu et ne nécessite pas d’autre effort que l’adhésion par la croyance. La métaphysique se distingue de la foi en ce qu’elle s’applique par l’effort de la raison à distinguer ce qui dans l’homme relève de la perfection.
C’est en ce sens que Descartes déclare que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : tout homme détient la faculté de connaître le parfait, comme tout homme peut croire en Dieu. Descartes attache la première importance à cette universalité de la raison. L’effort n’est pas dévalorisé, mais il ne peut survenir que quand le parfait s’applique à connaître l’imparfait.
Descartes accorde beaucoup de valeur à cet effort, en ce qu’il signe la possibilité d’améliorer l’imparfait; mais il sait aussi que l’effort est au service du parfait et que son action est métaphysique en ce qu’elle aura consisté à associer la raison à la foi : grâce à Descartes, l’effet rationnel se tient au service de la vérité selon laquelle la raison peut analyser l’infini, via le cogito.
Descartes ne remet pas en question la foi. Il montre que la raison en est le fidèle allié. Du coup, la métaphysique est importante, car sans elle, la foi reste un pur objet qui permet de connaître Dieu, tandis qu’avec son adjonction, la foi peut être analysée par l’homme. La métaphysique trouve sa place dans la seule religion qui vaille selon Descartes : le christianisme (que Descartes entend comme le catholicisme).
Descartes estime ainsi avoir contribué à résoudre les insuffisances de la métaphysique 1 :
1) elle doit être au service de la révélation et de la foi;
2) elle ne peut être achevée, au sens où elle se trouve reliée à l’infini et ne peut résoudre l’infini.
Descartes a dû être frappé par la disgrâce de la métaphysique. Comment une autorité comme Aristote a pu se trouver discréditée de la sorte et commettre de tettes erreurs si son approche est la bonne? C’est que sa principale erreur est d’avoir détaché le fini de l’infini, en niant l’infini et en le remplaçant par le néant. Tout l’effort de Descartes est de réconcilier la métaphysique avec l’infini.
C’est la raison pour laquelle il accorde au néant ce statut si particulier : le néant ne peut avoir un rôle effectif dans le réel si ce qui manque à côté du fini est l’infini; et si l’infini est tout-puissant au point qu’il peut changer le cours physique - des choses finies. D’un point de vue scientifique, Descartes pense avoir trouvé la parade au cuisant démenti qu’apporte la science expérimentale aux résultats physiques auxquels il parvient, avec une confiance aveuglée et démesurée dans la possibilité de clore le savoir en une existence.
Grâce à cette possibilité de l’infini de changer le cours des choses, le savoir physique ne peut qu’être imparfait, aussi rigoureux soit-il. Descartes rend la métaphysique indépendante des critères de vérité et de vérification de la science expérimentale. C’est ce qu’il voulait et c’est ce qui permet à la métaphysique de continuer son existence à côté de la religion : loin de lui procurer une indépendance, Descartes trouve que la métaphysique est complémentaire de la religion.
Quand il projette d’arrêter d’écrire, lassé par le manque de considération dont il jouit, selon lui, et des attaques de certains, qui le rendent amer et lui donnent le sentiment d’être incompris, ce n’est pas parce qu’il estime qu’il s’est trompé dans ces écrits, mais qu’il a achevé son entreprise de définition de la métaphysique moderne.
Descartes estime ses ouvrages de science, mais il en abandonne plusieurs, conséquents, pour ne pas avoir de problèmes. Il ne se sent pas dérangé par cet arrêt, alors qu'il a cherché avec acharnement à publier ses ouvrages de métaphysique et que l'amertume le ronge à la fin de sa vie, quand il estime qu'il est trop inconnu à son goût, et qu'il est également incompris.
C'est le signe que la métaphysique n'a pas la même valeur pour lui que la physique. Il a renouvelé la métaphysique; il peut ne pas renouveler la physique, bien qu'il se flatte d'avoir opéré quelques avancées. Ce n'est pas trop grave qu'il se montre imparfait dans l'imperfection, alors qu'il a réussi à isoler la perfection pour la raison. La raison s'attaque à de l'imparfait, quand elle se meut dans le physique, tandis qu'elle se meut sans difficulté quand elle se trouve dans la perfection.
Mais le point qui surgit tend à démentir que Descartes soit parvenu à résoudre les faiblesses de la métaphysique, qui ont dégénéré en sclérose scolastique. Comment se fait-il que Descartes introduise encore du néant alors qu'il a identifié que la viabilité métaphysique passait par la perfection divine? Qu'Aristote soit contraint de reconnaître le non-être se comprend : il faut bien un complément pour compléter l'être fini (et ce complément ne peut être de l'être, puisque celui-ci est circonscrit au fini).
L’homme, qui se tient entre Dieu et le néant, connaît le parfait de manière totale dès qu’il l’identifie par sa raison. Descartes estime avoir découvert cette vérité évidente, quoique inaperçue, par le cogito. Il s’échine à expliquer comment s’unir avec le parfait, et montre que, dès que l’homme doué de raison a identifié le cogito, il connaît de manière évidente et totale le parfait.
La connaissance du parfait est supérieure à la forme de connaissance scientifique, qui s’attache à découvrir l’imparfait. Raison pour laquelle Descartes n’a pas essayé de réconcilier la métaphysique avec la physique. Raison aussi pour laquelle il estime que les découvertes scientifiques, auxquelles il s’est tant astreint, n’ont pas besoin d’être vraies, du moment que la connaissance parfaite existe.
Si Descartes a réussi à définir la connaissance parfaite, cette dernière s’avère plus importante (capitale) pour l’homme que la connaissance imparfaite. La connaissance parfaite peut s’acquérir d’un coup, du moment qu’on l’a identifiée et qu’on fait montre de la bonne méthode; tandis que la connaissance imparfaite est ardue à connaître, parce qu’elle est rationnellement imparfaite (mélange entre raison et sens).
Le parfait ne nécessite pas d’effort ardu. La foi s’attache à connaître Dieu et ne nécessite pas d’autre effort que l’adhésion par la croyance. La métaphysique se distingue de la foi en ce qu’elle s’applique par l’effort de la raison à distinguer ce qui dans l’homme relève de la perfection.
C’est en ce sens que Descartes déclare que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : tout homme détient la faculté de connaître le parfait, comme tout homme peut croire en Dieu. Descartes attache la première importance à cette universalité de la raison. L’effort n’est pas dévalorisé, mais il ne peut survenir que quand le parfait s’applique à connaître l’imparfait.
Descartes accorde beaucoup de valeur à cet effort, en ce qu’il signe la possibilité d’améliorer l’imparfait; mais il sait aussi que l’effort est au service du parfait et que son action est métaphysique en ce qu’elle aura consisté à associer la raison à la foi : grâce à Descartes, l’effet rationnel se tient au service de la vérité selon laquelle la raison peut analyser l’infini, via le cogito.
Descartes ne remet pas en question la foi. Il montre que la raison en est le fidèle allié. Du coup, la métaphysique est importante, car sans elle, la foi reste un pur objet qui permet de connaître Dieu, tandis qu’avec son adjonction, la foi peut être analysée par l’homme. La métaphysique trouve sa place dans la seule religion qui vaille selon Descartes : le christianisme (que Descartes entend comme le catholicisme).
Descartes estime ainsi avoir contribué à résoudre les insuffisances de la métaphysique 1 :
1) elle doit être au service de la révélation et de la foi;
2) elle ne peut être achevée, au sens où elle se trouve reliée à l’infini et ne peut résoudre l’infini.
Descartes a dû être frappé par la disgrâce de la métaphysique. Comment une autorité comme Aristote a pu se trouver discréditée de la sorte et commettre de tettes erreurs si son approche est la bonne? C’est que sa principale erreur est d’avoir détaché le fini de l’infini, en niant l’infini et en le remplaçant par le néant. Tout l’effort de Descartes est de réconcilier la métaphysique avec l’infini.
C’est la raison pour laquelle il accorde au néant ce statut si particulier : le néant ne peut avoir un rôle effectif dans le réel si ce qui manque à côté du fini est l’infini; et si l’infini est tout-puissant au point qu’il peut changer le cours physique - des choses finies. D’un point de vue scientifique, Descartes pense avoir trouvé la parade au cuisant démenti qu’apporte la science expérimentale aux résultats physiques auxquels il parvient, avec une confiance aveuglée et démesurée dans la possibilité de clore le savoir en une existence.
Grâce à cette possibilité de l’infini de changer le cours des choses, le savoir physique ne peut qu’être imparfait, aussi rigoureux soit-il. Descartes rend la métaphysique indépendante des critères de vérité et de vérification de la science expérimentale. C’est ce qu’il voulait et c’est ce qui permet à la métaphysique de continuer son existence à côté de la religion : loin de lui procurer une indépendance, Descartes trouve que la métaphysique est complémentaire de la religion.
Quand il projette d’arrêter d’écrire, lassé par le manque de considération dont il jouit, selon lui, et des attaques de certains, qui le rendent amer et lui donnent le sentiment d’être incompris, ce n’est pas parce qu’il estime qu’il s’est trompé dans ces écrits, mais qu’il a achevé son entreprise de définition de la métaphysique moderne.
Descartes estime ses ouvrages de science, mais il en abandonne plusieurs, conséquents, pour ne pas avoir de problèmes. Il ne se sent pas dérangé par cet arrêt, alors qu'il a cherché avec acharnement à publier ses ouvrages de métaphysique et que l'amertume le ronge à la fin de sa vie, quand il estime qu'il est trop inconnu à son goût, et qu'il est également incompris.
C'est le signe que la métaphysique n'a pas la même valeur pour lui que la physique. Il a renouvelé la métaphysique; il peut ne pas renouveler la physique, bien qu'il se flatte d'avoir opéré quelques avancées. Ce n'est pas trop grave qu'il se montre imparfait dans l'imperfection, alors qu'il a réussi à isoler la perfection pour la raison. La raison s'attaque à de l'imparfait, quand elle se meut dans le physique, tandis qu'elle se meut sans difficulté quand elle se trouve dans la perfection.
Mais le point qui surgit tend à démentir que Descartes soit parvenu à résoudre les faiblesses de la métaphysique, qui ont dégénéré en sclérose scolastique. Comment se fait-il que Descartes introduise encore du néant alors qu'il a identifié que la viabilité métaphysique passait par la perfection divine? Qu'Aristote soit contraint de reconnaître le non-être se comprend : il faut bien un complément pour compléter l'être fini (et ce complément ne peut être de l'être, puisque celui-ci est circonscrit au fini).
L'innovation de Descartes consiste à avoir connecté le fini avec l'infini. Si cette connexion est valide, il ne devrait pas rester de la place pour le néant, qui est un indéfini dont l'existence même se trouve déniée par Descartes tout en admettant qu'une existence des plus larges, dans le langage, demeure. La contradiction de Descartes consiste moins à avoir cherché une hétéronomie dans le réel qu'à avoir cherché à l'étouffer sitôt qu'il l'a identifiée.
Si tel n'était pas le cas, jamais le néant ne se retrouverait dans la philosophie de Descartes - s'il avait réussi à identifier la perfection. Mais Descartes ne définit la perfection que comme l'infini. Autant dire que cette négativité de la définition s'apparente à un aveu d'échec (au moins partiel).
La perfection qu'isole Descartes n'est pas parfaite. Comment est-ce possible? Soit Descartes ne vaut pas grand chose (sur le thème : inutile et incertain); soit Descartes, aussi subtil soit-il, s'est arrêté en cours de chemin. Que Pascal ou Leibniz l’aient lu avec attention Descartes avant d'en opérer la citrique indique qu'il constitue le carrefour dans la philosophie moderne.
Il est celui qui a rénové la métaphysique. Il aurait pu être celui qui affronte le problème de l'hétérogénéité du réel, du fait que le réel ne s'arrête pas seulement à la constitution en être. Mais cela aurait impliqué qu'il réfute l’hypothèse selon laquelle le réel est duel et qu'il trouve son unité au moyen de cette dualité.
Effrayé par cette perspective qui lui promettait des ennuis avec la censure catholique, Descartes s’est tu. Mais son silence s’explique davantage par le fait que cette perspective est effrayante. Le métaphysicien ne veut pas réfuter la question de l'être. Il veut seulement envisager l'être sous un point de vue fini. Aristote se montre classique en renvoyant ce qui ne relève pas selon lui de l'être fini aux calendes grecques de l'incompréhensible (le non-être).
Descartes décrète que l'être n'est pas seulement fini, mais que ce qui n'est pas seulement fini est aussi incompréhensible qu'indéfinissable. Circulez, y'a rien à voir. Il s'est arrêté devant le problème le plus capital auquel la philosophie, comme toute forme de pensée (transcendantaliste) s'est arrêtée avant elle devant ce problème, en opposant deux grandes résolutions qui arrivent au même constat : la connaissance du réel ne peut s'attacher qu'à la connaissance de ce qui est.
Le nihilisme, qu'il s'exprime purement, comme c'est le cas avec les atomistes, ou qu'il s'engage dans le compromis, comme c'est le cas de la métaphysique, reconnaît que ce qui est n’est pas l’ensemble du réel; mais il affirme aussi que seul ce qui est peut être connu. Ce qui revient à reconnaître que l’être est ce qui intéresse la connaissance.
Si le nihilisme admet l’existence d’un autre élément que l’être, il tombe d’accord avec le transcendantalisme pour estimer que seul l’être importe à la connaissance. Dès lors, que change la différence entre les deux approches? A partir du moment où le nihilisme estime que ce qui n’est pas de l’être se borne à être non-être, indéfini et incompréhensible, il ne reste plus qu’à constater que le nihilisme va encore plus loin que le transcendantalisme dans le refus d’envisager ce qui dans le réel n’est pas de l’être.
Le transcendantalisme présente au moins le mérite de laisser la possiblité que l’infini entre dans l’Etre. On aboutit à une distorsion de la définition de l’être, mais l’on peut y retrouver la définition de l’infini. Tandis que l’être nihiliste n’est jamais que fini. L’infini n’y est pas reconnu. De ce fait, le transcendantalisme est praticable, quand le nihilisme ne l’est pas.
Et la métaphysique n’a jamais existé que comme béquille de secours rationaliste au transcendantalisme religieux, adossé sur la révélation. La faveur dont jouit le rationalisme aristotélicien auprès des monothéismes s’explique par le fait que la métaphysique ne peut concurrencer le monothéisme mais lui fournit une précieuse béquille pour penser rationnellement ce qui est.
Au contraire, l’ontologie de tradition platonicienne constitue un sérieux danger, car elle entend s'imposer comme alternative à la révélation transcendantaliste. Pour que l’ontologie supplante le monothéisme, il faudrait qu’elle puisse être accessible par tous. Mais le rêve de république de Platon est chimérique, au sens où les hommes ne recourent pas dans leur immense majorité à la raison.
Si le nihilisme admet l’existence d’un autre élément que l’être, il tombe d’accord avec le transcendantalisme pour estimer que seul l’être importe à la connaissance. Dès lors, que change la différence entre les deux approches? A partir du moment où le nihilisme estime que ce qui n’est pas de l’être se borne à être non-être, indéfini et incompréhensible, il ne reste plus qu’à constater que le nihilisme va encore plus loin que le transcendantalisme dans le refus d’envisager ce qui dans le réel n’est pas de l’être.
Le transcendantalisme présente au moins le mérite de laisser la possiblité que l’infini entre dans l’Etre. On aboutit à une distorsion de la définition de l’être, mais l’on peut y retrouver la définition de l’infini. Tandis que l’être nihiliste n’est jamais que fini. L’infini n’y est pas reconnu. De ce fait, le transcendantalisme est praticable, quand le nihilisme ne l’est pas.
Et la métaphysique n’a jamais existé que comme béquille de secours rationaliste au transcendantalisme religieux, adossé sur la révélation. La faveur dont jouit le rationalisme aristotélicien auprès des monothéismes s’explique par le fait que la métaphysique ne peut concurrencer le monothéisme mais lui fournit une précieuse béquille pour penser rationnellement ce qui est.
Au contraire, l’ontologie de tradition platonicienne constitue un sérieux danger, car elle entend s'imposer comme alternative à la révélation transcendantaliste. Pour que l’ontologie supplante le monothéisme, il faudrait qu’elle puisse être accessible par tous. Mais le rêve de république de Platon est chimérique, au sens où les hommes ne recourent pas dans leur immense majorité à la raison.
Alors que la révélation est accessible à tous, car elle est le sentiment qui répercute auprès des hommes la révélation divine. Chacun peut accéder au sentiment, quand la raison n’est pas accessible à tous. La métaphysique assume mieux l’élitisme de la raison, en considérant que les activités rationalistes ne peuvent émaner que d’élites, scientifiques ou philosophiques. Dans son schéma, le révélé est inutile.
Aristote assume pleinement ce schéma, en rejetant les religions de son temps (polythéistes). Descartes pourrait sembler en contradiction avec Aristote. Mais si on considère qu'il estime résoudre l’erreur d’Aristote en remplaçant le non-être par Dieu irrationaliste, on se rend compte qu'il attribue à Dieu la même place qu’Aristote accordait au non-être.
Déjà Aristote, pour rendre la connaissance de l’ensemble du fini possible, reliait être et non-être (par le multiple). Descartes lui aussi relie Dieu à l’être, à ceci près que l’unité existe (Dieu), mais qu’elle reste incompréhensible. La métaphysique se charge d’analyser ce qui relève de cet infini incompréhensible dans la subjectivité humaine. Elle en retire l’expérience du cogito.
A partir de cet instant, soit Descartes bascule dans la métaphysique, qui le mènera vers la phénoménologie, soit il décide d’affronter le problème logique qui se pose à sa réflexion : le réel n’est pas circonscrit à l’être. Descartes choisit le premier choix, parce que l’autre engagement aurait signifié rien moins que rejeter la métaphysique + la religion chrétienne, ce que Descartes tient pour, rien moins, que l’expression révélée de la vérité divine.
Descartes ne peut affronter ce problème. Est-ce une limite? Selon ce critère, il est le plus grand métaphysicien, devant Aristote, parce qu’il aura su en proposer la forme la plus achevée et subtile. Même les aspects les plus contestables de son système, comme ce néant qui continue à exister à côté de la perfection, comme malgré elle, sont source de réflexion et d’inspiration pour qui prend acte de la disparition de la métaphysique, de l’immanentisme, mais aussi de l’ensemble du transcendantalisme.
Aristote assume pleinement ce schéma, en rejetant les religions de son temps (polythéistes). Descartes pourrait sembler en contradiction avec Aristote. Mais si on considère qu'il estime résoudre l’erreur d’Aristote en remplaçant le non-être par Dieu irrationaliste, on se rend compte qu'il attribue à Dieu la même place qu’Aristote accordait au non-être.
Déjà Aristote, pour rendre la connaissance de l’ensemble du fini possible, reliait être et non-être (par le multiple). Descartes lui aussi relie Dieu à l’être, à ceci près que l’unité existe (Dieu), mais qu’elle reste incompréhensible. La métaphysique se charge d’analyser ce qui relève de cet infini incompréhensible dans la subjectivité humaine. Elle en retire l’expérience du cogito.
A partir de cet instant, soit Descartes bascule dans la métaphysique, qui le mènera vers la phénoménologie, soit il décide d’affronter le problème logique qui se pose à sa réflexion : le réel n’est pas circonscrit à l’être. Descartes choisit le premier choix, parce que l’autre engagement aurait signifié rien moins que rejeter la métaphysique + la religion chrétienne, ce que Descartes tient pour, rien moins, que l’expression révélée de la vérité divine.
Descartes ne peut affronter ce problème. Est-ce une limite? Selon ce critère, il est le plus grand métaphysicien, devant Aristote, parce qu’il aura su en proposer la forme la plus achevée et subtile. Même les aspects les plus contestables de son système, comme ce néant qui continue à exister à côté de la perfection, comme malgré elle, sont source de réflexion et d’inspiration pour qui prend acte de la disparition de la métaphysique, de l’immanentisme, mais aussi de l’ensemble du transcendantalisme.