lundi 21 décembre 2015

Idée

La philosophie rationaliste présente la fâcheuse tendance de ne jamais parvenir à présenter un exposé complet de sa thèse sans l'appuyer sur des éléments qu'elle ne parvient pas au final à fonder. Cette carence signe son insuffisance structurelle, autrement dit son insuffisance à affronter le réel, ou alors pour lui proposer un sens déficient, dont la déficience tient principalement à sa carence en fondements - ce qui tendrait à donner raison aux philosophes de l'absurde, selon lesquels la plus haute expression de la philosophie rationaliste serait leur option, qui présente au moins le mérite lucide de reconnaître la carence fondamentale.
Le fait que la raison soit obligée de parier sur le mystère de l’Être pour éviter de sombrer dans l'absurde indique que la philosophie ne peut en rester à son stade - ou alors elle est destinée à disparaître. Qu'est-ce que la philosophie? Si c'est une discipline qui est appelée à (per)durer, c'est que sa spécificité n'est pas la raison.
Quels sont dès lors ses véritables fondements? La créativité doit remplacer la raison, avec cette différence que la raison est une faculté interne à l'homme, qui ne peut sortir de l'intériorité, ce qu’illustre notamment le cartésianisme; tandis que la créativité relève de l'idée, au sens où cette dernière implique, dans un mouvement d'allers-retours constants, de relier l’intérieur et l'extérieur, comme une faculté qui, ayant été implantée depuis l’extérieur, dispose du pouvoir supplémentaire et complémentaire d'y revenir. 
C'est en ce sens que les idées renvoient à des formes ou à des correspondances entre des niveaux de réalité qui ne peuvent jamais se montrer complets (option qui reviendrait à ce qu'ils soient exclusivement internes). Le mythe de la complétude provient de la démarche défectueuse de la rationalité. On parvient assez facilement à expliquer comment relier l'intérieur de la conscience au réel si l'on ne cherche pas le lien au niveau de la raison, mais à un niveau différent, qui s'avère supérieur parce qu'il explique plus largement, qualitativement.

jeudi 10 décembre 2015

Contre-certitude

Quand le Socrate de Platon dit que la seule chose qu’il sait, c'est qu'il ne sait pas, il affirme que la seule positivité que la raison peut trouver relève du négatif. Autrement dit, nous détenons le témoignage que dès le début, l'expression philosophique de forme rationnelle ne parvient à sortir du négatif. Dès lors, il est explicable (et prévisible) que le projet de rénovation cartésienne ne parvienne à connaître à partir de l'intériorité attestée, vu qu'il ne peut dépasser le stade du négatif. Il se replie donc sur lui-même. La suite de l'histoire de la philosophie a consisté en gros à essayer de corriger le tir à partir de cette position.