mardi 15 novembre 2011

Egarement oligarchique : le déformatUeur



Miracle de l'ingérence démocratique : en massacrant des dizaines de milliers de civils, l'OTAN et ses alliés en l'air et au sol auront empêché le régime libyen de Kadhafi de massacrer des centaines d'innocents présumés...

http://www.leparisien.fr/international/bernard-henri-levy-bachar-al-assad-est-le-prochain-sur-la-liste-13-11-2011-1717131.php

Vous assistez au discours décalé et irréaliste d'un représentant de l'oligarchie française. Notre gagman serait grand comique par son discours saugrenu s'il n'était un propagandiste coupable de cautionner de nombreux meurtres de par le monde. La propagande contredit le principe des snuff movies (plus largement de la pornographie) : faire coïncider la fiction (sanglante) avec le réel - l'on observe un décalage important et croissant entre ce que BHL dit (son discours) et ce que BHL fait ou cautionne (ses actions). C'est d'ailleurs une bonne définition de la propagande : l'on fait l'inverse de ce qu'on dit, si bien que le discours est dénué de toute valeur et sert à rendre crédible pour un faible instant des actions réalisées pour le très court terme - des actions dignes de la spéculation financière.
La fiction permet d'influencer sur le cours du réel en donnant à un moment donné des éléments d'anticipation sur les tendances qui adviennent. La fiction présente un rôle qui n'est pas premièrement d'anticipation (malgré la mode de la science-fiction), mais plutôt d'influence, si l'on comprend que le réel n'est pas une texture donnée à l'avance qui pourrait être devinée, mais une forme malléable et une, sur laquelle le présent peut avoir une influence décisive dans la conformation de son processus.
Si l'on donne la parole dans les médias français à BHL alors que son discours suinte le mensonge et le faible intérêt, c'est parce qu'il propage le discours du grand capital français allié officiellement à la City de Londres depuis le retour de l'entente cordiale en 2009. Les journalistes qui lui donnent avec complaisance la parole savent qu'il parle de sujets qu'il ne maîtrise guère et pour lesquels il propage un discours de déformatueur notoire. Ils se rendent complices de cette mascarade qui symbolise la mascarade de l'impérialisme occidental et de tout type de domination en tant que valeur frauduleuse.
Les deux dernières questions de l'interview donne un aperçu du décalage entre le discours typique de BHL et la réalité, dont l'accélération dernière rend encore plus loufoque et démasquée son imposture intellectuelle (selon le titre d'une lucide biographie pour qualifier ce disqualifié). On se souvient que BHL le partisan de l'oligarchie progressiste soutient de manière forcenée ses alliés atlantistes dans son inclination étrange à soutenir le progressisme oligarchique, la subversion du progressisme politique authentique qui encourage le progrès général alors qu'il s'agit de favoriser le progrès d'une élite aux détriments de la majorité - et à provoquer l'effondrement général.
BHL commence par défendre son ami l'innocent DSK, sioniste comme lui, ultralibéral de gauche comme lui, atlantiste comme lui :

"Que vous inspirent les dernières révélations sur DSK?
BHL : - Je suis scandalisé par le voyeurisme et l’obscénité de la presse. Scandalisé par cette atmosphère de chasse à l’homme. Scandalisé par la façon qu’on a, maintenant, de vouloir fabriquer un monstre. Et puis, franchement! DSK n’est plus, que je sache, candidat à la présidence de la République. Alors, en quoi ses SMS nous regardent-ils? Et au nom de quoi nous autorisons-nous à aller fouiller dans sa vie privée et celle de sa femme?"

BHL, héroïque dans sa propension à se tromper de Callas en défendant les causes de ceux qui expriment leurs remords juste après, avait trouvé le moyen de soutenir le cas consternant de Polanski le réalisateur qui a fui la justice californienne pour une histoire de viol il y a trente ans (il n'aurait jamais pu réussir cette cavale officielle sans de nombreux soutiens institutionnels en Occident, au motif de son statut d'artiste exceptionnel). Polanski a depuis lors eu l'occasion d'exprimer ses remords dans cette sordide affaire, ce qui rend nulle l'intervention de BHL (et celles de ses acolytes, comme Finkielkraut, encore un sioniste notoire qui pourrait lui plus aisément émarger dans les rangs des propagandistes de la cause sioniste).
De même, BHL a jugé opportun de défendre la cause de l'oligarque de gauche DSK, qui comme lui a le privilège d'être nommé selon des initiales cathodiques. PPDA, BHL, DSK... les peoples se reconnaissent notamment à ce mésusage abusif des initiales. Quand BHL a pris la défense de DSK, c'était lors de l'affaire Diallo, pour laquelle DSK a été accusé de viol puis jugé libre par la justice américaine de manière inexplicable (l'innocence de DSK prête à rire si l'on examine le dossier d'accusation, notamment le rapport médico-légal). Depuis DSK a été accusé par une Française de tentative de viol et reconnu coupable d'agression sexuelle (accusation prescrite, mais qui discrédite l'intervention de défense de BHL à l'égard de DSK). Désormais DSK se trouve également accusé d'accointances nauséabondes dans des affaires de  proxénétisme international et toute la défense de BHL s'effondre dans le ridicule et révèle la mauvaise foi patente de BHL l'imposteur.
Plus croquignolesque, DSK, via ses proches, reconnaît désormais, contre le jugement partisan de BHL donc, sa maladie - nommée érotomanie :
http://www.parismatch.com/Actu-Match/Politique/Actu/DSK-maladie-et-speculations-353017/
Cette affaire DSK est grave pour vérifier l'état de moralité des élites françaises, car elle révèle l'incroyable compromission de ceux qui se sont tus parce qu'ils savaient et ne voulaient pas avoir d'histoires (la majorité, dont les journalistes influents) et de ceux qui se sont tus en pensant à leur carrière (la minorité, dont les proches de DSK, certains journalistes influents comme Chazal ou Levaï). BHL appartient à cette deuxième catégorie. Il pensait faire avancer la cause de l'atlantisme de tendance sioniste et il se retrouve à avoir énoncé des sornettes en défendant l'innocence et la bonne foi de DSK, alors que ce dernier est pris en flagrant délit de mensonges et de manipulation criminels.
Avec ces deux affaires Polanski et DSK, suite aux mensonges anciens d'Aghanistan et plus récents de Géorgie, à l'opération Botul, que vaut la parole de BHL? C'est quelqu'un qui défend le sophisme dans le discours et dont la vérité (à laquelle il ne croit pas) se borne à énoncer la considération mesquine de son intérêt. BHL entérine la vérité de l'oligarchie, donc il défend les oligarques qui se retrouvent pris la mains dans le sac en train d'user de violences illégales, notamment sur le plan sexuel, ce qui est une issue prévisible et historiquement vérifiée selon le prisme de la loi du plus fort. On se croit tout permis jusqu'au jour où l'on perd son statut de plus fort et où les vengeances rétroactives commencent à s'exercer. DSK en sait quelque chose.
Mais pourquoi le peuple de France entérine-il les billevesées d'un menteur professionnel qui a déjà été démasqué et que l'on autorise à poursuivre ses boniments d'escroc de propagande - comme l'on serait de contrebande? C'est que le cas est grave et que nous avons tous cautionné le mensonge au nom de la loi du plus fort. Le drame est que quand la majorité cautionne le droit du plus fort, comme c'est le cas en Occident, on assiste à la tragédie de majorités qui cautionnent l'antagoniste de leurs intérêts : les premiers à payer leur soutien à la loi du plus fort seront les majorités d'Occident, pas les propagandistes de cliques élitistes comme BHL l'atlantiste. Il s'agit d'un soutien non seulement aveugle, mais encore contre-productif : ceux qui se croient les plus forts sont des faibles destinés à se retrouver opprimés par leur choix défectueux.
En Libye, Kadhafi a été lynché et abattu comme un mafieux et le peuple libyen massacré par dizaines de milliers : il s'agit d'un cas patent d'oppression oligarchique. Le cas est d'autant plus révoltant que ce sont des populations civiles qui payent le prix lourd pour des réagencements stratégiques à visée oligarchique (impérailiste). Dans une cruelle interview du début du mois de juin 2011, le propagandiste BHL fait encore une fois l'étalage de sa mauvaise foi et de sa manipulation de l'information en expliquant qu'il est persuadé que la chute de Kadhafi est une question de jours ou de semaines. 
http://www.youtube.com/watch?v=8jre2VAfE3s&feature=player_embedded#!
Il est toujours intéressant de réduire le pouvoir d'un État à un dirigeant, fût-il un autocrate fort critiquable comme l'était Kadhafi. Toujours est-il que le pouvoir de Kadhafi s'effondrera fin août suite à la chute de Tripoli, qui constitue, rappelons-le, le plus grand crime de guerre de ce siècle tout frais, une boucherie sans nom qui occasionna la mort de milliers de personnes en quelques jours à peine. BHL ment allègrement en compagnie du dirigeant politique israélien Livni, une modérée dont le pedigree se trouve dévolu à l'avènement du sionisme intégral, le Grand Israël, au point que l'on murmure qu'elle serait un ancien agent secret des services israéliens du Mossad.
A la fin de l'interview déjantée, possiblement outerview, que BHL donne au Parisien pour appeler à l'effondrement suivant du régime syrien, BHL n'explique jamais pourquoi en Libye l'OTAN est intervenu militairement au sol et dans les airs afin de renverser le régime de la Jamahiryia et son leader Kadhafi, alors qu'en Syrie, on attend et on se contente d'exhortations diplomatiques couplée à des déstabilisations timides au sol par des mercenaires étrangers soutenant des activistes autochtones fort minoritaires. On comprend que le peuple syrien n'ait pas envie de subir le sort funeste du peuple libyen condamné sous prétexte de démocratie à retourner à l'âge de pierre et à supporter la colonisation de ses ressources énergétiques.
Mais la légitimation de l'ingérence démocratico-humanitaire s'explique par la conception qu'on propose de l'homme. Il faut être oligarque virulent pour poursuivre dans cette voie suicidaire alors que tous vos efforts sont condamnés au chaos (comme en Afghanistan). BHL s'entête, s'enferre et montre pourquoi il continue à être consulté dans les médias alors qu'il se trouve rejeté par l'insigne majorité du peuple français (il suffit pour s'en convaincre de consulter les réactions des lecteurs de cette interview : si BHL continuait à défendre ce genre de positions, il risquerait le lynchage d'excités français, sans défendre en aucune manière cette réaction injustifiable?).
On a accusé BHL de ne pas être de gauche, de défendre des problèmes sociétaux qu'il qualifie de progressistes. C'est le vice auquel est condamné un oligarque progressiste, car le progressisme en oligarchie pousse à défendre les points de vue minoritaires au nom de l'élitisme. BHL tombé au mauvais mo-ment se trouve confronté à la terrible crise terminale du libéralisme qui touche en particulier la zone atlantique. Cette crise pose encore plus le problème de la pertinence d'une intervention militaire en Libye : non seulement on massacre, mais ne risque-t-on pas de prétendre résoudre un problème grave (la fin de notre système libéral) par un prétexte fantasmatique (la fin de la dictature en Libye)? Il est vrai qu'en matière de fantasmes et de propagandes, notre BHL en connaît un rayon. Voici sa réponse, tout aussi désaxée que quand il livre son avis dérisoire sur la question libyenne en ce moment :

"Pour vous, la France va mieux ou plus mal qu’il y a cinq ans?
BHL : - Mieux. A cause de cette histoire libyenne. C’est très important l’image de soi que peut avoir un peuple. Il y a des gens qui, comme les fripouilles du Front national, sont fiers d’être français quand on jette un immigré dehors. Et puis il y a ceux qui sont fiers d’être français quand on fait l’inverse et qu’on aide un peuple arabe à se libérer. Eh bien, c’est ce que nous venons de faire. Nous, c’est-à-dire une coalition glorieuse et improbable où il y avait Sarkozy; la chef de l’opposition de l’époque, ; des militaires valeureux ; des reporters de guerre et de journalistes. C’est ça la France quand elle se hisse au-dessus d’elle-même, à hauteur de ses vraies valeurs."

Outre que BHL réactive des amalgames superficiels à la gloire de Sarko son ennemi politique, ou contre le FN l'ennemi (secondaire alors) des Français, BHL le véritable ennemi des Français en tant qu'il personnifie le discours oligarchique de gauche proche du discours oligarchique conservateur tenu par Sarko son allié en Libye, notre BHL montre à quel point il a perdu tout sens de la réalité et des valeurs : il considère qu'en plein désastre économique, en Occident, alors qu'elle souffre d'un endettement record et d'un chômage exponentiel, la France va mieux grâce à son intervention en Libye au sein des forces de l'OTAN et aux côtés du CNT.
La cause : la guerre en Libye. La conséquence : l'amélioration de la situation de la France. Bien entendu, il n'existe aucun lien entre une coûteuse intervention militaire et l'amélioration de la situation économique et politique. On pourrait même discerner une tactique d'échappatoire consistant à faire diversion : la catastrophe libyenne ferait diversion pour éclipser la situation politique et économique de l'Occident, singulièrement de la France. Loin d'améliorer quoi que ce soit, l'intervention libyenne aura empiré la situation française, ce qui est un juste châtiment, non pour le peuple français, mais pour ses élites - qu'il laisse agir avec des méthodes de prédateur.
C'est un raisonnement typiquement oligarchique que développe BHL, qui se prend pour un brillant agent de propagande capable de convaincre n'importe qui de la pertinence de son baratin atlantiste : la France va mieux, parce qu'elle a amélioré d'un point de vue oligarchique sa situation en accroissant ses inégalités et en détruisant ses classes moyennes. En fait, le discours de BHL perd en folie si on l'écoute avec le prisme et la logique de l'oligarchie : selon de tels critères, BHL a raison de défendre la guerre en Libye et toutes les guerres impérialistes, raison de défendre l'oligarque DSK qui reconnaît sa maladie comme Polanski regrette sa pulsion, raison de se placer du côté du plus fort en enfonçant le plus faible. BHL a raison sur le court terme. 
Là où notre propagandiste commence à ne plus avoir raison, c'est quand on se rend compte que sa logique de loi du plus fort mène non pas à une domination élitiste, inégalitaire, mais pérenne (une domination durable sur le modèle du développement durable), mais à la destruction extérieure du domaine unique et limité qui finit forcément par l'autodestruction. Il faudra l'exposer à Carla Bruni, la femme de Sarkozy, qui incarne mieux qu'un long discours l'alliance terminale du parti des oligarques de  gauche avec les oligarques de droite, elle qui en symbolise la dimension strass, quand BHL illustre le côté rhéteur : dans les deux cas, l'on cherche à séduire le parti des conservateurs et l'on en devient péripatéticien plus dans le domaine moral que philosophique.

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