L'oligarque essaye d'agir par influence et délégation, de manière diffuse. L'oligarque poursuit une méthode, qui n'est pas en premier lieu consciente. Il a conscience d'agir dans son intérêt, selon la domination, mais il refuse de se préoccuper de ce que son action génère en dehors de son intervention directe. L'oligarque présente une influence diffuse au sens où il est ignorant de ses répercussions principales et où il perd en influence dans la mesure où il substitue au mécanisme de la conscience celui de la diffusion diffuse.
Quand on constate impressionné que la méthode oligarchique aboutit à des résultats aussi efficaces que diaboliques, au point que les complotistes rigoureux redoutent avec effroi ceux qu'ils dénoncent comme des diables plus démiurgiques qu'humains, on oublie que l'essaimage ne provoque pas une réussite de résultat : au contraire, il contribue à amoindrir et affaiblir le pouvoir, qui en devenant caché et secret s'effrite et perd en efficacité. L'influence du pouvoir oligarchique repose largement sur le mythe.
A chaque fois qu'on recherche avec frénésie les véritables acteurs du pouvoir (l'Etat profond pour reprendre une expression à succès) derrière les marionnettes officielles, on oublie que cette enquête ne peut avoir de valeur que si elle précise en même temps que le pouvoir qui a besoin de se cacher pour régner est un pouvoir affaibli, dont l'expression passe précisément par le caractère éclaté, diffus, les myriades de chapelles, les conflits inévitables qui ne manquent pas de surgir entre ces courants qui s'affrontent et s'affaiblissent mutuellement.
L'action oligarchique est condamnée à l'infériorité par rapport à l'exercice du pouvoir officiel et visible. L'oligarque qui passe pour tout-puissant est en réalité des plus faibles. L'exemple du financier qui manipule le politicien visible et officiel, voire élu, n'est un exemple pertinent que si l'on n'accorde pas au financier le rôle de marionnettistes tout-puissant. Au contraire, l'effondrement du pouvoir se traduit par cette privatisation du pouvoir. Le pouvoir officiel se trouve discrédité, ce qui fait le lit de la démagogie, la majorité se trouvant lassée de payer les pots de la mascarade; mais les financiers ne contrôlent le pouvoir visible que dans la mesure où ils se trouvent affaiblis par leur éparpillement et leur essaimage.
L'oligarchie fonctionne sur des réseaux qui non seulement s'entre-détruisent, mais en outre en peuvent que s'affaiblir par la mauvaise diffusion de leur pouvoir. si l'on privilégie le pouvoir visible, officiel et pyramidal sur le pouvoir secret, caché et diffus, c'est parce que le premier permet la pérennité, tandis que le second lui est inférieur, tout comme le système oligarchique est inférieur au système républicain. Les postmodernes symbolisaient la tentative d'imposer l'immanentisme en le politisant sous les atours respectables du gauchisme non marxiste.
De la sorte, ils ne se trouvaient pas impliqués dans la faillite du marxisme, tout en se réclamant de la générosité caricaturale (tant il est triste que l'on puisse encore penser, non que le marxisme est généreux, mais qu'être de gauche revient à se montrer généreux). L'un des plus connus des postmodernes a théorisé explicitement la méthode oligarchique, elle qui est l'expression politique de l'immanentisme. Deleuze s'emploie à théoriser à propos du plan d'immanence, en essayant de réconcilier Spinoza et le gauchisme, et, plus fort, Nietzsche et le gauchisme.
Deleuze a produit des analyses passablement confuses et absconses au sujet du rhizome, pour expliquer justement que le rhizome pluriel, complexe, labyrinthique remplace la tentation philosophique d'expliquer de manière monocausale (et pyramidale). Le rhizome correspond au réseau multiple, diffus et affaibli de l'oligarchie, à ceci près que Deleuze en dresse l'apologie, ce qui en dit long sur sa propre tendance suicidaire, qui se terminale de manière prévisible par la défenestration, et qui en dit long sur l'imposture de la thématique nietzschéenne, consistant à se réclamer de la vie, de son abondance, de sa puissance, pour aboutir à des résultats oscillant entre l'effondrement maniaco-mutique, le suicide (au demeurant respectable), la dépression, la maladie - le contraire frappant de ce qu'on loue.
Un Derrida, pape de la déconstruction (croissant comme d'aucuns décroissent), se montrerait proche par sa méthodologie du rhizome, lui qui cherche toujours à débusquer dans les marges le plus important et qui pour parvenir à mettre en valeur le superflu a recours à des trésors de complications, de vétilles et de chemins qui serpentent pour mener - nulle part. L'affaiblissement de la philosophie s'est exprimée au travers de cette période postmoderne, dont le nom ne veut rien dire (comme dirait Coluche, après le moderne, je ne sais pas trop ce que c'est).
Il est vrai qu'entre les logiciens, les postmodernes et ceux qui réfutent la philosophie pour promouvoir la pensée scientifique, la valeur de la philosophie s'est beaucoup affaiblie. Elle aurait réagi depuis longtemps si l'immanentisme n'était venu apporter une aggravation du mal principal que la métaphysique avait répandu : quand l'immanentisme surgit, la métaphysique s'est réformée, ace la cartésianisme. Si l'immanentisme surgit et gagne tant de terrain, c'est parce que la réforme de la métaphysique n'est pas suffisante et que l'ontologie manque de crédibilité. La faillite métaphysique tient à l'impossibilité d'expliquer le réel alors qu'on le prétend fini, donc connaissable assez facilement.
La rénovation cartésienne n'apporte rien qui permette de changer ce vice cardinal. Le remplacement du non-être par le miraculeux ne rend guère la connaissable plus avancée et la repousse même sine die. Le principal critère du remplacement de la métaphysique tient à l'obscolescence majeure du savoir qu'elle dispense, alors qu'elle entend justement apporter les meilleurs résultats scientifiques et pratiques pour preuve de son réalisme te du soin qu'elle accorde au réel le plus concret. Aristote et ses successeurs sont discrédités par des méthodes caduques. Le cartésianisme ne parvient pas à remplacer et pousse l'hallucination méthodologique jusqu'à préférer le raisonnement logique (sa chaîne) à la vérification pratique.
La méthode expérimentale se construira d'une certaine manière contre la méthode cartésienne de type scientifique, ce qui aboutit au paradoxe que la plupart des savants modernes concilieront de manière contradictoire la méthode expérimentale en science avec un prolongement métaphysique pour enrober leur savoir de connaissance. Mais c'est opposer la méthode expérimentale avec l'irrationalisme méthodologique. L'immanentisme essayera de concilier la méthode expérimentale avec la méthode philosophique que Spinoza rapportait à la géométrie, en réduisant l'objet philosophique au désir.
De la sorte, la philosophie se focalise comme la méthode expérimentale sur l'objet. On notera au passage que la conception géométrique de Spinoza s'oppose à celle de Platon, puisque Platon défend l'art géométrique pour découvrir l'infini dans les disjonctions du fini, quand Spinoza travestit la géométrie en la rendant l'instrument par excellence du linéaire et de la découverte du désir. Mais l'échec de l'immanentisme, que Nietzsche vient souligner, provient de réduction forcenée du cadre, comme si en réduisant le cadre du fini au désir, on atteignait la complétude.
Dans toute cette histoire, le fait que l'on n'ait pas subsumé l'immanentisme tout en constatant les connexions entre Spinoza, Nietzsche et Rosset remonte au fond à l'inobservance du nihilisme en tant que phénomène constitutif de la pensée, vite rejeté par la réaction transcendantaliste, et qui du coup revient de manière souterraine. La souterranéité du nihilisme conduira à l'immanentisme de manière indirecte et explique pourquoi l'histoire de la philosophie ne peut avoir conscience du déni fondamental qui parcourt la philosophie, tout comme l'histoire de la pensée ne peut mettre à jour l'essentiel de l'influence nihiliste. Pour une raison simple : le déni est tel que les participants n'ont pas conscience de ce qui se joue.
Bien entendu, certains peuvent avoir conscience d'être des nihilistes, comme Gorgias. Bien entendu, il est de mauvaise foi que des historiens de la philosophie chevronnés réfutent l'influence directe et consciente du nihilisme chez Aristote, alors qu'Aristote se réclame explicitement du non-être te lui confère même une innovation, la multiplicité; tout comme Aristote connaissait de très près les influences abdéritaines et des sophistes, qu'il nomme à de multiples reprises, souvent en leur défaveur, afin de conférer à sa méthode une originalité et un intérêt supérieurs.
Mais Nietzsche, quand il entend réformer la philosophie, n'a pas conscience de l'existence d'un courant que j'ai nommé : immanentisme. D'abord, Nietzsche connaissait très mal l'histoire de la philosophie, ce qui lui fera dire non sans désinvolture que tout son génie se situe dans ses narines et qu'il sent la qualité des oeuvres (sans faire comme les commentateurs surdiplômés qui saucissonnent les oeuvres, parfois en phrases, Nietzsche justifie de méthodes parfois lapidaires, toujours caricaturales, parfois drolatiques). Ensuite, il suit une mentalité qui relève de l'oligarchie forcenée et qui le poursuit depuis son plus jeune, âge, le poussant à sympathiser dans un premier temps avec Wagner, puis à rompre avec lui quand il se rend compte que Wagner ne veut pas mettre en place une oligarchie des artistes créateurs, mais un culte élitiste de sa nombriliste personnalité, poussant vers des sentiments de domination détestables (nationalisme, judéophobie...).
Nietzsche suit une certaine mentalité qui parcourt l'ensemble de l'histoire de la pensée au-delà de l'histoire de la philosophie, s'il est vrai que ce qu'on nomme philosophie remonte à la Grèce antique, entre les présocratiques et Platon. Le plus important reste d'admettre, non seulement que les idées importantes d'un temps consistent à découvrir des éléments non encore observés, mais que le propre des idées les plus importantes ne consiste pas forcément à être explicitables, car pour ce faire il conviendrait que les idées aient, selon l'acception platonicienne, une forme créatrice.
C'est oublier que le mimétisme joue un rôle considérable dans l'élaboration de la pensée et que le propre du mimétisme est de fonctionner sur des mécanismes d'action inconsciente, qui relèvent précisément du diffus, du fragmenté, de l'éclaté. En reliant le fonctionnement du mimétisme à l'histoire des idées, on comprend que l'infériorité manifeste du mimétique sur le créatif implique que le mimétisme ait été occulté, suivant en particulier l'influence tutélaire de Platon, qui en jouant unilatéralement l'importance de la création, a décrété que le restant relevait de la négation et ne méritait pas d'être cité.
N'est-ce pas à la censure qu'il appela contre Démocrite d'Abdère, alors que ce dernier ne peut être soupçonné de bêtise, plutôt de nihilisme, ce qui est le vrai objet du crime? Mais Platon n'a pas identifié le nihilisme à sa juste valeur, se contentant de dénoncer le sophisme et le matérialisme, plus ou moins, et jugeant que ces courants n'avaient pas d'importance à partir du moment où ils étaient inférieurs au créatif propre au processus dynamique des idées. Son erreur se dévoile avec l'importance d'Aristote, son élève ironique, et dans l'histoire ultérieure de la philosophie, de la métaphysique.
Pourquoi la métaphysique a-t-elle eu quantitativement une importance si supérieure à l'ontologie, alors que l'ontologie promeut l'idée comme élément supérieur de valeur que le mimétisme? Précisons ici que l'idée entendu comme telle contient l'infini et que l'artefact de l'idée finie chère à la métaphysique (à la suite d'Aristote) ne peut relever de l'intelligence créatrice, mais du mimétisme. Bergson galvauda l'idée de création bien plus tard, en essayant de réconcilier mimétisme et idée sous le terme d'intuition - toujours cette recherche du compromis propre à la métaphysique et qui n'est pas possible enter deux éléments aux antipodes.
Si la métaphysique l'a emporté quantitativement (et pas qualitativement) sur les productions de l'ontologie (au point qu'on confond aujourd'hui métaphysique et philosophie, sans doute pour conjurer la crise de la métaphysique, qui, loin d'enterrer la philosophie, la propulse vers une dimension supérieure), c'est parce que le mécanisme qui sous-tend son fonctionnement repose sur le mimétisme. Le mimétisme étant plus important que la créativité, il est prévisible qu'il se révèle plus important sur le plan quantitatif. L'infériorité qualitative se double de la supériorité quantitative : le pouvoir oligarchique est inférieure au pouvoir républicain.
Pour autant, il a tendance à se mettre en place plus facilement, parce qu'il repose sur le mécanisme du mimétisme, qui nécessite moins d'effort que la créativité. Comment expliquer qu'un pouvoir diffus et destructeur puisse être privilégié sur un pouvoir pérenne et difficile? Parce qu'il se met en place sans effort, sans contrainte. Raison pour laquelle le nihilisme peut prospérer avec un fondement aussi inexplicable et faible : le non-être correspond à la part d'impensé du mimétisme, qui pousse à refuser la connaissance et qui aboutit en politique à instaurer l'autodestruction aveugle et inconsciente - définition de l'oligarchie.
De la sorte, ils ne se trouvaient pas impliqués dans la faillite du marxisme, tout en se réclamant de la générosité caricaturale (tant il est triste que l'on puisse encore penser, non que le marxisme est généreux, mais qu'être de gauche revient à se montrer généreux). L'un des plus connus des postmodernes a théorisé explicitement la méthode oligarchique, elle qui est l'expression politique de l'immanentisme. Deleuze s'emploie à théoriser à propos du plan d'immanence, en essayant de réconcilier Spinoza et le gauchisme, et, plus fort, Nietzsche et le gauchisme.
Deleuze a produit des analyses passablement confuses et absconses au sujet du rhizome, pour expliquer justement que le rhizome pluriel, complexe, labyrinthique remplace la tentation philosophique d'expliquer de manière monocausale (et pyramidale). Le rhizome correspond au réseau multiple, diffus et affaibli de l'oligarchie, à ceci près que Deleuze en dresse l'apologie, ce qui en dit long sur sa propre tendance suicidaire, qui se terminale de manière prévisible par la défenestration, et qui en dit long sur l'imposture de la thématique nietzschéenne, consistant à se réclamer de la vie, de son abondance, de sa puissance, pour aboutir à des résultats oscillant entre l'effondrement maniaco-mutique, le suicide (au demeurant respectable), la dépression, la maladie - le contraire frappant de ce qu'on loue.
Un Derrida, pape de la déconstruction (croissant comme d'aucuns décroissent), se montrerait proche par sa méthodologie du rhizome, lui qui cherche toujours à débusquer dans les marges le plus important et qui pour parvenir à mettre en valeur le superflu a recours à des trésors de complications, de vétilles et de chemins qui serpentent pour mener - nulle part. L'affaiblissement de la philosophie s'est exprimée au travers de cette période postmoderne, dont le nom ne veut rien dire (comme dirait Coluche, après le moderne, je ne sais pas trop ce que c'est).
Il est vrai qu'entre les logiciens, les postmodernes et ceux qui réfutent la philosophie pour promouvoir la pensée scientifique, la valeur de la philosophie s'est beaucoup affaiblie. Elle aurait réagi depuis longtemps si l'immanentisme n'était venu apporter une aggravation du mal principal que la métaphysique avait répandu : quand l'immanentisme surgit, la métaphysique s'est réformée, ace la cartésianisme. Si l'immanentisme surgit et gagne tant de terrain, c'est parce que la réforme de la métaphysique n'est pas suffisante et que l'ontologie manque de crédibilité. La faillite métaphysique tient à l'impossibilité d'expliquer le réel alors qu'on le prétend fini, donc connaissable assez facilement.
La rénovation cartésienne n'apporte rien qui permette de changer ce vice cardinal. Le remplacement du non-être par le miraculeux ne rend guère la connaissable plus avancée et la repousse même sine die. Le principal critère du remplacement de la métaphysique tient à l'obscolescence majeure du savoir qu'elle dispense, alors qu'elle entend justement apporter les meilleurs résultats scientifiques et pratiques pour preuve de son réalisme te du soin qu'elle accorde au réel le plus concret. Aristote et ses successeurs sont discrédités par des méthodes caduques. Le cartésianisme ne parvient pas à remplacer et pousse l'hallucination méthodologique jusqu'à préférer le raisonnement logique (sa chaîne) à la vérification pratique.
La méthode expérimentale se construira d'une certaine manière contre la méthode cartésienne de type scientifique, ce qui aboutit au paradoxe que la plupart des savants modernes concilieront de manière contradictoire la méthode expérimentale en science avec un prolongement métaphysique pour enrober leur savoir de connaissance. Mais c'est opposer la méthode expérimentale avec l'irrationalisme méthodologique. L'immanentisme essayera de concilier la méthode expérimentale avec la méthode philosophique que Spinoza rapportait à la géométrie, en réduisant l'objet philosophique au désir.
De la sorte, la philosophie se focalise comme la méthode expérimentale sur l'objet. On notera au passage que la conception géométrique de Spinoza s'oppose à celle de Platon, puisque Platon défend l'art géométrique pour découvrir l'infini dans les disjonctions du fini, quand Spinoza travestit la géométrie en la rendant l'instrument par excellence du linéaire et de la découverte du désir. Mais l'échec de l'immanentisme, que Nietzsche vient souligner, provient de réduction forcenée du cadre, comme si en réduisant le cadre du fini au désir, on atteignait la complétude.
Dans toute cette histoire, le fait que l'on n'ait pas subsumé l'immanentisme tout en constatant les connexions entre Spinoza, Nietzsche et Rosset remonte au fond à l'inobservance du nihilisme en tant que phénomène constitutif de la pensée, vite rejeté par la réaction transcendantaliste, et qui du coup revient de manière souterraine. La souterranéité du nihilisme conduira à l'immanentisme de manière indirecte et explique pourquoi l'histoire de la philosophie ne peut avoir conscience du déni fondamental qui parcourt la philosophie, tout comme l'histoire de la pensée ne peut mettre à jour l'essentiel de l'influence nihiliste. Pour une raison simple : le déni est tel que les participants n'ont pas conscience de ce qui se joue.
Bien entendu, certains peuvent avoir conscience d'être des nihilistes, comme Gorgias. Bien entendu, il est de mauvaise foi que des historiens de la philosophie chevronnés réfutent l'influence directe et consciente du nihilisme chez Aristote, alors qu'Aristote se réclame explicitement du non-être te lui confère même une innovation, la multiplicité; tout comme Aristote connaissait de très près les influences abdéritaines et des sophistes, qu'il nomme à de multiples reprises, souvent en leur défaveur, afin de conférer à sa méthode une originalité et un intérêt supérieurs.
Mais Nietzsche, quand il entend réformer la philosophie, n'a pas conscience de l'existence d'un courant que j'ai nommé : immanentisme. D'abord, Nietzsche connaissait très mal l'histoire de la philosophie, ce qui lui fera dire non sans désinvolture que tout son génie se situe dans ses narines et qu'il sent la qualité des oeuvres (sans faire comme les commentateurs surdiplômés qui saucissonnent les oeuvres, parfois en phrases, Nietzsche justifie de méthodes parfois lapidaires, toujours caricaturales, parfois drolatiques). Ensuite, il suit une mentalité qui relève de l'oligarchie forcenée et qui le poursuit depuis son plus jeune, âge, le poussant à sympathiser dans un premier temps avec Wagner, puis à rompre avec lui quand il se rend compte que Wagner ne veut pas mettre en place une oligarchie des artistes créateurs, mais un culte élitiste de sa nombriliste personnalité, poussant vers des sentiments de domination détestables (nationalisme, judéophobie...).
Nietzsche suit une certaine mentalité qui parcourt l'ensemble de l'histoire de la pensée au-delà de l'histoire de la philosophie, s'il est vrai que ce qu'on nomme philosophie remonte à la Grèce antique, entre les présocratiques et Platon. Le plus important reste d'admettre, non seulement que les idées importantes d'un temps consistent à découvrir des éléments non encore observés, mais que le propre des idées les plus importantes ne consiste pas forcément à être explicitables, car pour ce faire il conviendrait que les idées aient, selon l'acception platonicienne, une forme créatrice.
C'est oublier que le mimétisme joue un rôle considérable dans l'élaboration de la pensée et que le propre du mimétisme est de fonctionner sur des mécanismes d'action inconsciente, qui relèvent précisément du diffus, du fragmenté, de l'éclaté. En reliant le fonctionnement du mimétisme à l'histoire des idées, on comprend que l'infériorité manifeste du mimétique sur le créatif implique que le mimétisme ait été occulté, suivant en particulier l'influence tutélaire de Platon, qui en jouant unilatéralement l'importance de la création, a décrété que le restant relevait de la négation et ne méritait pas d'être cité.
N'est-ce pas à la censure qu'il appela contre Démocrite d'Abdère, alors que ce dernier ne peut être soupçonné de bêtise, plutôt de nihilisme, ce qui est le vrai objet du crime? Mais Platon n'a pas identifié le nihilisme à sa juste valeur, se contentant de dénoncer le sophisme et le matérialisme, plus ou moins, et jugeant que ces courants n'avaient pas d'importance à partir du moment où ils étaient inférieurs au créatif propre au processus dynamique des idées. Son erreur se dévoile avec l'importance d'Aristote, son élève ironique, et dans l'histoire ultérieure de la philosophie, de la métaphysique.
Pourquoi la métaphysique a-t-elle eu quantitativement une importance si supérieure à l'ontologie, alors que l'ontologie promeut l'idée comme élément supérieur de valeur que le mimétisme? Précisons ici que l'idée entendu comme telle contient l'infini et que l'artefact de l'idée finie chère à la métaphysique (à la suite d'Aristote) ne peut relever de l'intelligence créatrice, mais du mimétisme. Bergson galvauda l'idée de création bien plus tard, en essayant de réconcilier mimétisme et idée sous le terme d'intuition - toujours cette recherche du compromis propre à la métaphysique et qui n'est pas possible enter deux éléments aux antipodes.
Si la métaphysique l'a emporté quantitativement (et pas qualitativement) sur les productions de l'ontologie (au point qu'on confond aujourd'hui métaphysique et philosophie, sans doute pour conjurer la crise de la métaphysique, qui, loin d'enterrer la philosophie, la propulse vers une dimension supérieure), c'est parce que le mécanisme qui sous-tend son fonctionnement repose sur le mimétisme. Le mimétisme étant plus important que la créativité, il est prévisible qu'il se révèle plus important sur le plan quantitatif. L'infériorité qualitative se double de la supériorité quantitative : le pouvoir oligarchique est inférieure au pouvoir républicain.
Pour autant, il a tendance à se mettre en place plus facilement, parce qu'il repose sur le mécanisme du mimétisme, qui nécessite moins d'effort que la créativité. Comment expliquer qu'un pouvoir diffus et destructeur puisse être privilégié sur un pouvoir pérenne et difficile? Parce qu'il se met en place sans effort, sans contrainte. Raison pour laquelle le nihilisme peut prospérer avec un fondement aussi inexplicable et faible : le non-être correspond à la part d'impensé du mimétisme, qui pousse à refuser la connaissance et qui aboutit en politique à instaurer l'autodestruction aveugle et inconsciente - définition de l'oligarchie.
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