samedi 14 janvier 2017

Le Bien relatif

Pourquoi les notions de bien et de mal vacillent-elles en ce moment, comme l'exprime le titre de Nietzsche, Par-delà bien et mal? Parce qu'elles sont relatives à un certain domaine de réel. Mais les bornes du bien opposées au mal tracent une limite intérieure curieuse, dans laquelle le mal est fini, quand le bien est illimité (raison pour laquelle la notion de bien diverge de la représentation qu'en propose l'éthique, au début de manière satisfaisante, car elle semble se défaire enfin du moralisme, puis ensuite en révélant qu'elle s'avère en fait tronquée). 
En général, on présente les limites morales comme occupant tout l'espace du réel, mais la prise en compte de l'illimitation du bien, son "infinité", n'étant pas intégrée, cette prétention se montre dès lors exorbitante. Si l'on accepte l'évidence que la morale ne recouvre qu'un certain territoire, ce qui entre en contradiction avec sa volonté de tout évaluer, de tout régenter, de tout connaître, et si le jugement se fonde sur la disposition morale, cela implique que les évaluations portées par l'homme se montrent relatives, au sens, non où l'homme est la mesure de toutes choses, mais où il ne peut s'appuyer que sur des valeurs relatives à l'être. 
Pourtant, c'est cette relativité qui s'avère positive. Autrement dit, la positivité n'a pas besoin d'être absolue, comme incline à le croire une certaine tradition. Il suffit qu'elle soit malléable pour que sa positivité soit compatible avec la relativité. Il en ressort que le bien et les questions de morale ne sont pas prioritaires (c'est l'erreur que l'on peut imputer au moralisme, mais aussi à l'équivalence Bien = Beau = Vrai), erreur qui ne peut provenir que de la croyance exagérée en l’Être, selon laquelle l'Etre s'appuie sur l'équivalence tripartite précédente, mais que l'on parvient à rétablir si l'on s'avise de l'existence complémentaire à l'être du malléable.

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