lundi 16 juillet 2018

Qu'est-ce que la vérité?

On comprend que l'évaluation soit au centre de la philosophie quand on se rend compte que la principale erreur de la quête de l'origine comme vérité consiste à croire que la vérité existe de manière donnée, stable, immuable - qu'on peut donc la retrouver, comme la quête du temps perdu qu'entreprend Proust dans sa grande œuvre.
Si au contraire, on comprend l'alternative à l’Être, la malléabilité, comme ce qui n'est pas de l'être, mais du mouvant par excellence, alors l'évaluation reprend tout son sens : elle n'est pas une fonction de jugement approximative, secondaire par rapport au véritable jugement, qui est stabilité, mais le jugement même (le jugement donné et stabilisé étant au contraire ce qui est secondaire autant que provisoire).
Ne vaut que ce qui est évaluatif, ce qui explique le peu de valeur de mouvements comme le positivisme - ou tout moment qui pense que la vérité est donnée et atteignable (comme le matérialisme). Dans ce cas, ce qui est à évaluer, ce n'est pas la malléabilité, qui comme propriété d'ensemble ne peut être évalué de l’intérieur, mais le fait que l'être change, et qu'il change suffisamment pour qu'il ne soit pas le même.
En fait, quand on avance qu'un grand penseur a vu quelque chose de nouveau que les autres n'ont pas vus, on estime qu'il a plus vu la vérité que les autres, vérité qui existe déjà; alors que si la vérité est évaluation, elle est toujours à faire et celui qui a vu du nouveau est celui qui l'a produit.

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