vendredi 13 mars 2009

Libéral-fascisme

Allez, une petite considération sur l'esprit "de propagande", comme l'on dit "de contrebande" : le fascisme n'est pas l'opposé du libéralisme. De la démocratie libérale. Les deux sont intimement liés. En fait, le libéralisme est une idéologie, le fascisme est une idéologie, le communisme est une idéologie, le socialisme est une idéologie, le sionisme est une idéologie. J'en ai oublié. Les idéologies expriment la conception de l'idée finie et au service de la politique. Les idéologies sont l'expression immanentiste de l'immanentisme tardif et dégénéré.
Autant dire que le libéralisme mène au fascisme et que le fascisme mène au libéralisme. On pourrait tout aussi bien dire que le fascisme mène au communisme et que le communisme mène au fascisme. Ce sont les trois grandes tendances idéologiques de l'immanentisme tardif et dégénéré. Le sionisme n'est qu'une sous-tendance, qui oscille ainsi entre libéralisme et fascisme, mais qui possède aussi des racines clairement communistes.
On pourrait bien entendu affiner, dégrossir, préciser, détailler. Je voudrais simplement mettre l'accent sur une réalité qui n'est jamais présentée comme telle et qui se présente toujours sous le masque du déni et de l'antithèse. C'est le lien entre le fascisme et le libéralisme. On oppose le fascisme au libéralisme. La propagande libérale explique posément que le libéralisme est l'antidote au fascisme. Le fascisme serait ainsi une mentalité totalement étrangère à la mentalité libérale. Le libéralisme guérirait du fascisme, en grande partie par la démocratie. A la limite, mieux vaut lier le communisme au libéralisme que le fascisme. On connaît les travaux de l'historien allemand Nolte qui lie le communisme au nazisme (de manière controversée il est vrai).
En fait, il faudrait opposer dans l'immanentisme le progressisme et le pragmatisme. Tous deux mènent au fascisme. Le fascisme représente le point extrême de la violence, du chaos et de la destruction avant l'anéantissement. Le libéralisme est simplement le stade antérieur, qui incarne l'ordre, mais l'ordre menant vers le désordre, l'ordre menant vers le chaos, le déclin, la décadence, la destruction, la violence, l'apocalypse.
Il est évident que les liens historiques entre communisme et fascisme ou entre libéralisme et fascisme abondent. Les communistes ont longtemps soutenu, tacitement et implicitement, les fascismes. Les libéraux aussi. Que l'on découvre à cet égard la politique anglo-saxonne de soutien oligarchique aux différents mouvements du fascisme.
Mais si le fascisme peut être entendu comme l'apocalypse finale vers laquelle mènerait le libéralisme, il faut se défaire de la propagande immanentiste qui laisse entendre en toute candeur que le libéralisme serait la fin de l'histoire et le stade de perfection ultime de l'humanité. En réalité, le libéralisme représente ce que Nietzsche dénonçait dans le nihilisme de stade terminal. Le libéralisme mène vers le pourrissement et l'effondrement de l'humanité. En ce sens, on comprendra un jour que la seule action philosophique des postmodernes consiste à avoir établi des passerelles entre Nieztsche et le libéralisme.
Nietzsche et la gauche? Nietzsche et le libéralisme. Le fascisme peut être perçu comme la cause finale qui révèle l'ensemble de l'édifice immanentiste, en particulier son incarnation politique. Le fascisme comme acmé de la violence montre ainsi que le but du nihilisme réside bien dans le néant. Mais la fin est aussi le milieu dans el finalisme. C'est en ce sens que si l'on prend le moment libéral de l'après-guerre comme le centre de l'immanentisme, on arrive à déterminer le fascisme comme la cause (première partie du vingtième siècle) et la conséquence (basculement inéluctable de l'immanentisme dans le chaos).
Avant le moment du nihilisme de stade terminal, qui précède l'effondrement, et qui est symbolisé par le libéralisme, il est tout à fait prévisible que le fascisme surgisse comme avertissement et comme tentative désespérée et impossible d'empêcher le libéralisme. C'est après tout le projet de Heidegger, de Schmitt et de quelques autres. Je précise qu'il ne s'agit en rien de légitimer le nazisme, ni la violence, et qu'il suffira de rappeler que le nazisme est lié à la forme la plus extrême de violence : l'apocalypse.
Par ailleurs, le lien entre libéralisme et nazisme s'éclaire : le fascisme sous quelque forme que ce soit exprime l'apocalypse immanentiste, quand le libéralisme saisit, au sens culinaire, le stade terminal du nihilisme. Le dernier des nihilistes, quoi. Quelle prescience hyperrationnelle chez Nieztsche! Quelle prémonition! Dommage que ce grand nihiliste n'ait pas su sortir de son ornière toute nihiliste et n'ait pas considéré que son alternative de la mutation ontologique ne permettait en rien de sortir de l'impasse.
En même temps, si Nietzsche n'avait pas manifesté l'aveuglement jusqu'à la folie, il ne serait pas le prophète de l'immanentisme tardif et dégénéré. Quand on a situé ainsi le nazisme comme le continuité ontologique du libéralisme, quand on a compris de manière finaliste les moments du libéralsime et du nazisme, il est impossible d'opposer libéralisme et fascisme. D'un coup, s'éclaire l'alliance perverse et contre-nature entre les tenants du libéralisme, de la démocratie et du capitalisme et les partisans du nazisme le plus dur.
Sans doute les grands patrons atlantistes qui soutenaient le nazisme ne le faisaient pas ne connaissance de cause idéologique. Mais justement, c'est quand les raisons manquent que la mentalité est la plus efficiente - que les comportements sont les plus faciles à cerner. Ce n'est pas en tant que nihiliste qu'agissait le bon Ford : c'est en tant que cynique capitaliste. Cet aveuglement n'empêche nullement la pertinence consistant à mette du sens là où il fait défaut. Après tout, c'est la démarche de la psychanalyse.
C'est aussi et surtout la démarche de toute analyse, à commencer par l'analyse qui s'exprime dans la pensée humaine. Cette démarche est encore renforcée, voire redoublée, quand on se souvient que le propre de l'immanentisme est de différer le sens. Remettre du sens pour contre l'immanentisme est un acte urgent, un acte politique, ontologique et religieux. Dans cette perspective, il est fascinant d'observer l'appropriation délirante de la liberté par le libéralisme.
Si le libéralisme est le moment du nihilisme de stade terminal, précisément la sous-évolution du nihilisme tardif et dégénéré vers son stade terminal, alors la liberté immanentiste exprime une conception assez particulière de la liberté. La conception de la liberté selon le libéralisme est explicite : c'est une définition finie qu'apporte le libéralisme de type classique, selon laquelle la répartition de la liberté est finie et harmonieuse. Pour expliquer le caractère harmonieux de la répartition, le libéralisme a recours au postulat aberrant, quoique parfaitement compréhensible de la main invisible - chère à Smith et à ses affidés.
Point besoin de grands discours pour comprendre que la main invisible et harmonieuse est fausse. Il s'agit de justifier le caractère fini et nihiliste de la liberté par un tour de passe-passe conceptuel qui ne résiste pas à l'analyse immédiate. En réalité, le mensonge libéral ne peut déboucher qu'à la domination. La liberté n'est ainsi pas la répartition finie et harmonieuse, soit enfin la possibilité d'une clarification de la liberté, mais la répartition inégalitaire et finie. Définie définitivement.
La main invisible fausse, la liberté définie comme finie ne peut que déboucher sur la liberté comme inégalitarisme viscéral et domination destructrice. Cette liberté partiale et partielle est typique de l'immanentisme. C'est une liberté qui en prend pas en compte la donnée classique de l'absolu ou de l'infini et qui considère que seul ce qui est fini est reél. Que ceux qui considèrent Spinoza comme un maître de libération supérieure se lève et comprennent l'impéritie de leur considération.
En attendant, il serait temps de mettre en perspective cette liberté finie et dominatrice avec la définition des Lumières, singulièrement celle de Kant : la liberté s'arrête où commence celle d'autrui. On peut s'extasier de cette définition impeccable et estimer que les Lumières ont apporté la preuve de leur puissance révolutionnaire, qui politiquement débouchera sur les Révoltions.
Las! c'est ne pas tenir compte de l'exclusive définition marchande de la liberté, qui assimile liberté et propriété. Kant et les Lumières (qu'il représente en tant qu'emblème) proposent une définition politique dans la mesure où ils ne retiennent que la dimension marchande de la politique. Kant est ainsi typiquement un libéral, libéral sans doute modéré, mais libéral. C'est ne rien comprendre au processus libéral en tant que sous-processus immanentiste que de distinguer le libéralisme de ses formes présentées antagonistes, comme le fascisme ou le communisme.
En réalité, elles sont complémentaires ou successives, en tout cas pas antithétiques. Le fascisme, complément du libéralsime, voilà qui explique ontologiquement les dérives politiques actuelles, comme la sécurité, le terrorisme, les guerres... Il serait miraculeux que le libéralisme soit dénué de formes complémentaires. On sait que le mondialisme atlantiste et ultralibéral est une forme proche de l'internationalisme de type collectiviste - ou du continentalisme cher à Haushofer ou aux doctrines fascistes.

2 commentaires:

ALFREDO PIACENTINI. DECALIA ASSET MANAGEMENT. a dit…
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