dimanche 20 décembre 2009

Ordralfasionix

Ordralfabétix, au secours!

Comment expliquer l'alliance malsaine de la théorie du complot avec le sionisme sous ses formes souvent les plus extrémistes? Souvent, les dénonciateurs critiques des théoriciens du complot amalgamés aux dénonciateurs de complots effectifs sont des sionistes plus ou moins militants, du coup fort partiaux, qui se présentent sous un jour antiraciste pour noyer le poisson. Malheureusement, le poison ressort derrière le poisson. Le poisson est avarié. Appelez votre poissonnier! Ordralfabétix, au secours!
Pourquoi cette alliance si fréquente entre les milieux sionistes les plus extrémistes et les dénonciateurs de la théorie du complot amalgamant vraies théories du complot, faux complots et vrais complots dans un fourre-tout hétéroclite, confusionnel et mensonger? Il est certain que le label théorie du complot permet d'ôter toute résistance critique et d'emporter l'adhésion de ceux qui craignent d'être catalogués conspirationnistes et qui préfèrent demeurer dans le ventre mou du système. Il est certain que toute critique contre des intérêts juifs, qu'ils soient ou non sionistes, critiques justifiées ou non, encourt l'accusation fallacieuse et inepte d'antisémitisme.
Il est tout aussi certain que le but visé est d'empêcher le déploiement de l'esprit critique contre l'identité du sionisme et contre l'identité de l'actuelle théorie du complot. Un simple examen critique révélerait l'odieuse manipulation de ces deux termes accolés et l'impéritie caricaturale des soi-disant théoriciens-experts qui s'emploient à accréditer la simplification abusive qui est en l'occurrence l'acritique. Sous le vocable de paranoïaque (excès de raison), on entend dénoncer l'hypercritique sur-développée. En réalité, il serait plus lucide de relever l'acritique famélique.
Il est impératif de démystifier le lien entre sionisme et théorie du complot pour cesser de donner corps aux fausses représentations et interprétations caricaturales. Mais s'il importe de hiérarchiser les problèmes et les valeurs, il coule de source que les théories dominantes n'émanent pas des rangs conspirationnistes groupusculaires ou éparses qui iraient à l'encontre du pouvoir. Ils proviennent des rangs et des relais du pouvoir.
Avant de dénoncer les critiques éventuellement fausses contre le pouvoir, il est plus urgent et important de dénoncer les critiques qui émanent du pouvoir - surtout que ces critiques hagiographiques incompatibles avec l'exercice du pouvoir s'attachent à identifier, dénaturer et détruire toute critique véritable sous prétexte qu'elle suivrait la théorie du complot et l'antisionisme plus ou moins antisémite. L'urgence vient du fait que la théorie du complot et son lien avec le sionisme servent en réalité la censure la plus violente et périlleuse, qui se camoufle sous le masque nietzschéen du refus de la mauvaise critqiue - et de la critique tout court.
L'urgence vient du fait que nous sommes face à une censure non identifiée qui utilise le label théorie du complot avec le sionisme. L'urgence vient de la destruction de l'esprit critique au nom de valeurs morales supérieures et consensuelles comme le respect des victimes de la Shoah ou l'ineptie des théories du complot. Le statut de victime indique que l'on est vaincu. Il est oxymorique et aberrant de parler de victimes du côté du pouvoir. De victimes vainqueurs. L'instrumentalisation de la victime est de la victimisation. Elle permet la censure et l'acritique. Le statut de la victime est l'arme rhétorique qui autoriserait la censure?
Puisque certains censeurs sont allés trop loin, ils se sont discrédités en empêchant la critique. Nous allons rétablir l'esprit critique en rappelant que l'examen critique s'attache en premier lieu à expliquer. En l'occurrence - expliquer le lien entre théorie du complot et sionisme. On pourrait invoquer dans le passé récent des sionistes une lourde propension à l'action terroriste. C'est irréfutable, mais en même temps, c'est le propre de beaucoup de militants en contestation, surtout dans le domaine politique. Les sionistes luttaient pour obtenir un État et étaient prêts à la violence politique et sociale pour parvenir à leurs fins.
Quand j'observe comment se sont comportés les dirigeants politiques et militaires israéliens lors du récent massacre de Gaza, je me dis que décidément, bien mal acquis ne profite jamais. Sans doute le sionisme touche-t-il à sa fin en tant qu'idéologie triomphaliste. Sans doute les sionistes vivent-ils un décalage croissant avec la réalité, à tel point qu'ils en viennent à mener une attitude de déni de plus en plus virulente et autodestructrice. Mais pour cerner le lien entre la dénonciation de la théorie du complot et le sionisme, il importe de rappeler quelle est la place du sionisme dans le pouvoir dominant actuel. La théorie du complot est employée par les cercles dirigeants pour empêcher de rappeler que les complots existent, a fortiori en régimes démocratiques libéraux comme c'est notre cas en Occident.
Accepter l'existence de complots, c'est accepter que nos institutions démocratiques soient attaquées par un virus particulièrement nocif et mortel. La grande illusion qui fait perdre leur temps à la plupart des Occidentaux qui essayent de comprendre pourquoi la théorie du complot partout présentée dans les médias dominants est un ramassis d'amalgames et de mensonges, c'est l'illusion selon laquelle les sionistes dominent le monde. Du coup, ils accréditent les délires des dénonciateurs de la théorie du complot, selon lesquels l'antisémitisme rampant expliquerait, telle une structure maléfique et inexplicable, la persécution antisémite.
Quand on se montre moins fin, on dénonce dans un amalgame grossier et pour le coup véritablement haineux, les juifs en lieu et place des sionistes. Au risque de décevoir les adeptes d'un ennemi prévisible, invisible, secret et homogène, la domination des sionistes sur le monde n'existe pas. D'ailleurs, toute domination secrète durable n'existe pas, car si les complots n'existent que trop, c'est pour révéler l'existence d'antagonismes secrets bien plus forts que les éventuels accords entre les comploteurs (dont les liens sont complexes, parfois hostiles).
Dans le cas du complot sioniste, un premier examen vraiment critique révèle que les sionistes sont remarquablement implantés dans le monde de la finance et des médias dominants. C'est vrai à condition de corriger qu'il s'agit le plus souvent d'alliances sionistes de type extrémiste, ce qui est très inquiétant; et que la plupart des sionistes ne se trouvent pas impliqués dans ce type d'influences. D'ailleurs, une telle domination est logiquement impossible car elle supposerait une maîtrise du réel que de toute manière l'homme ne possède pas, a fortiori dans une configuration de complot qui par le secret qu'elle implique diminue considérablement la capacité d'action sur le réel.
Pour en revenir aux liens entre la théorie du complot et le sionisme, disons que le point de départ d'une critique lucide est que la théorie du complot est utilisée par les cercles autour du pouvoir. On utilise la théorie du complot pour conforter le pouvoir. Le mécanisme est simple : dénoncer les théories du complot permet de dénoncer les complots. Le pouvoir s'en trouve conforté car rien n'est pire pour le pouvoir démocratique, libéral et laïque que la reconnaissance de complots qui sapent ses fondements et détruisent sa crédibilité.
Du coup, soit les factions sionistes extrémistes (pas l'ensemble des sionistes) sont l'essentiel de ce pouvoir, soit ils en sont des marionnettes certes bien introduites, certes jouissant d'un pouvoir certain, mais encore une fois d'un pouvoir dont la caractéristique est d'être secondaire et manipulée. Il est encore pire d'être un petit chef qu'un simple exécutant. L'exécutant exécute de manière souvent humiliante; quand le pouvoir du petit chef se trouve entièrement condamné à être de l'autoritarisme stupide au service de. Soit on détient le pouvoir, soit on en est un valet.
J'ai bien peur que les sionistes qui se targuent de bénéficier d'un petit pouvoir indirect ne se rendent pas compte qu'ils sont les valets. De qui? Historiquement, le sionisme est une idéologie qui descend des factions financières et politiques centrées autour d'hérésies protestantes britanniques (en particulier le restaurationnisme). C'est dire que le sionisme est un mouvement idéologique qui est largement soutenu par l'Empire britannique, en particulier par ses factions financières.
Ce fait est si prégnant que la terre d'Israël, donnée aux sionistes de manière si contestable, le fut par l'Empire britannique - qui détenait un mandat d'essence colonialiste sur la terre de Palestine. Du coup, les sionistes sont les idéologues-marionnettes des factions de l'Empire britannique. Ces factions sont financières, en particulier depuis la décolonisation et l'instauration du Commonwealth. Évidemment, on peut pointer du doigt la présence de sionistes bien introduits dans lesdites factions financières - et chacun pense aux fameux Rothschild, dont un membre fut d'ailleurs très influent ors de la création d'Israël.
Il n'est pas question de minorer l'influence des Rothschild sur le monde des affaires, ni d'ailleurs d'autres cercles spécifiquement sionistes. Par contre, le sionisme est l'enfant de l'impérialisme occidental, spécifiquement britannique, mais pas seulement; et que le sionisme sert cet impérialisme. L'essence de cet impérialisme n'est pas d'être sioniste, mais plutôt mû par une conception ignare et déculturée de dépassement du religieux et d'ailleurs de toute idéologie structurée et reconnue.
La mentalité des financiers tourne autour d'un gain à très court terme et d'un centre d'intérêt qui ne dépasse pas la journée. Le pragmatisme des financiers est réduit au plus étriqué des matérialismes. C'est ce que les populations occidentales sont en train de découvrir par ces temps de crise financière, industrielle et monétaire. Dans cette mentalité, les idéologies sont dépassées comme des dinosaures encore trop théoriques, trop abstraits. Nous sommes dans un moment du libéralisme qui est terminal, en décomposition. On cherche la plus grande efficacité, le plus grand pragmatisme, on cherche à se rapprocher au plus près de ce qui serait le réel et qui désigne sous ce vocable réducteur le plus sensible, le plus immédiat, le plus apparent.
La spéculation financière qui a remplacé la spéculation métaphysique est une spéculation de type immédiate, pragmatique et matérialiste. Dans ce modèle qui reste un modèle ontologique, même s'il s'agit du plus réducteur et stupide des modèles ontologiques, le sionisme est manipulé par des gens qui utilisent le sionisme à des fins de spéculation financière. Exprimée ainsi, cette révélation est insipide, mais le sensationnalisme fait rarement bon ménage avec la vérité. Si on veut vraiment décrypter un complot, on arrive le plus souvent à des faits qui sont tout sauf sensationnalistes - et qui inspirent le dégoût le plus profond sur certaines arcanes.
L'association de certains milieux sionistes d'obédience extrémiste avec le monde des affaires révèle non pas que les sionistes gouvernent le monde des affaires et le restant du monde, mais que les sionistes sont manipulés par le monde des affaires. L'idéologie qui apparaît comme une conception très moderne est très réductrice de l'idée est déjà considérée comme ringarde par les spéculateurs ultrapragmatiques actuels qui ne s'embarrassent plus d'idéologies et vivent selon un mode de l'expertise limitée à des théories valant pour quelques semaines.
Si l'on voulait s'attacher aux accointances entre l'actuel Premier ministre israélien ou son actuel ministre de la Défense, on arriverait à l'idée que les sionistes sont les valets des financiers constituent l'Empire britannique. Du coup, on a la domination de factions financières mondialistes qui forment un Empire apatride centré autour de la City (et de ses ramifications), utilisant une idéologie comme le sionisme pour masquer la vraie structure de la société mondialiste actuelle et laisser entendre que des valets patentés sont les maîtres fantasmatiques.
Dans cet ordre d'idées, la théorie du complot sert à déconsidérer ceux qui attaquent le pouvoir. La théorie du complot est un paratonnerre. Les sionistes sont l'autre paratonnerre. Ceux qui lancent la théorie du complot sioniste tombent dans le panneau et permettent de déconsidérer ceux qui essayent de chercher vraiment, de comprendre vraiment et de ne sombrer ni dans la haine, ni dans le racisme, dans le mépris des religions, ni dans les théories du complot. L'alliance du sionisme est de la théorie du complot s'explique parce que ces deux groupes permettent en fait de manière commune et complémentaire d'empêcher la vraie critique, qui est la critique du pouvoir et des identités au pouvoir.
En ce moment, les identités au pouvoir sont mutantes. Ce ne sont plus des groupes constitués autour de la notion d'États-nations modernes nés de la Paix de Westphalie; ce sont des factions mutantes et apatrides, nomades au sens que répercute un porte-parole français des intérêts financiers, Jacques Attali. Attali est un expert qui joue aux intellectuels alors qu'il est en premier lieu un porte-parole des intérêts financiers impérialistes et apatrides et qu'il vient lui-même de la maison Lazard. Attali est aussi juif sioniste.
Ce personnage haut en couleurs pourrait entretenir la confusion, d'autant qu'il est brillant, intelligent, cultivé, efficace et puissant. Mais ce serait un leurre de tenir Attali pour un porte-parole du sionisme qui gouvernerait la finance et qui manipulerait les théories du complot actuelles. La triste vérité, c'est qu'Attali est un expert parmi tant d'autres au service du pouvoir financier dominant. Il intervient avant tout en France sur la scène médiatique et financière, voire politique. Il présente une image mitigée puisque si les médias reconnaissent sa haute compétence, ils mettent aussi en avant sa susceptibilité caractérielle.
Attali illustre l'image des financiers sionistes d'Occident : ils protègent les financiers qui ne sont d'identité ni religieuse, ni nationale, ni idéologique. Leur identité est en fait factionnelle et fractionnelle. C'est l'identité de la différance, au sens où l'identité différante est démultipliée, fractionnée, affaiblie et confuse. Les sionistes jouent le rôle des impérialistes occidentalistes, en particulier avec l'État d'Israël qui est un levier pour contraindre les populations non occidentales à subir la joug de l'impérialisme occidental. Dans ce jeu de dupes, les sionistes sont engagés dans un rôle suicidaire aussi sûrement que les Israéliens.
Quand leurs soutiens occidentaux seront affaiblis, ils seront démunis et risquent de subir des lynchages vengeurs. Surtout, l'affaiblissement systémique de la mentalité impérialiste libérale occidentaliste a commencé et indique qu'avant d'être réduits en solitude, les sionistes vont surtout être lâchés par les factions financières et leurs relais occidentalistes. Dans la structure lâche et informelle de l'impérialisme occidentaliste, les sionistes sont trop figés, trop identifiables pour n'être pas des boucs émissaires désignés. Non des boucs émissaires innocents des crimes dont on les accuse, mais des boucs émissaires coupables de complicités et de crimes qui dérivent de l'impérialisme occidentaliste.
Quand cet impérialisme sera démasqué, quand on reconnaîtra que l'impérialisme occidentaliste est un crime odieux, quand on cessera de douter de l'existence de l'Empire financier britannique et de ses ramifications, alors on se libérera sans doute de l'idéologie sioniste violente et fausse, qui joue un si vilain tour à la culture juive, et l'on comprendra l'instrumentalisation des théories du complot et des sionistes par les cercles impérialistes. L'identification la plus lucide intervient en période d'instabilité et de mutation des identités en place.

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