mercredi 31 mars 2010

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Le qualitatif est le maître du quantitatif.


D'une certaine manière (tronquée), l'argument historique invoqué par les impérialistes (l'infecte loi du plus fort) présente une certaine validité : d'un point de vue quantitatif, seulement tel, les formes prégnantes d'impérialisme ont toujours existé dans l'élaboration des sociétés humaines. Quoique. Couac. Coexisté. Avec quoi? L'impérialiste serait-il ce déformateur illusionné qui ne concevrait du réel que sa partie immédiate et intangible?
Le quantitatif peut se définir ainsi : réduire le réel à un certain donné limité, stable, fini. On ne peut quantifier que ce qui est stable. Dans l'ordre purement donné, le raisonnement en faveur de l'impérialisme serait valable. Effectivement, l'ordre politique dans un donné circonscrit et quantifiable débouche sur l'impérialisme. Effectivement, d'un point de vue historique, on trouve une quantité inouïe d'empires.
C'est l'argument que déversent les experts actuels en impérialisme, qui promeuvent l'impérialisme monétariste britannique sous couvert d'étudier par exemple la forme postmoderne de l'Empire européen (Cooper). Récemment, un éminent membre du CFR américain (relié au RIIA britannique) a pu faire mine de s'interroger sur le déclin inéluctable des Empires en référence au soi-disant Empire américain. Le secret le mieux gardé des critiques anti-impérialistes : l'Empire américain est un des masques les plus efficaces de la véritable identité de l'Empire actuel, qui est britannique, dont les opérations monétaristes principales se déroulent ente la City et les paradis fiscaux sous contrôle.
Dans cette configuration, certains territoires jouent le rôle de satrapies. Historiquement, les États-Unis sont un État-nation fédéral (ainsi que le remarque Cooper avec haine), mais ils sont infestés par une faction historique favorable à l'impérialisme britannique, que l'on retrouve dans la tradition sudiste/confédérée. Cette tradition, loin de s'éteindre, a pris le pouvoir à Wall Street, à Chicago et de plus en plus dans les allées du pouvoir fédéral américain.
La lutte interne américaine entre la tradition républicaine de Lincoln ou Roosevelt et la tradition impérialiste britannique, dont l'actuel Obama est un représentant attitré, si l'on ôte l'illusion raciste de sa soi-disant négritude (aussi fausse factuellement que culturellement), constitue un excellent cas d'étude par rapport à l'apologie débridée de l'impérialisme, qui ces dernières décennies passait par l'apologie décomplexée de la dérégulation ultra-libérale, et, depuis que le modèle libéral s'est effondré irrémédiablement, prend des allures de calamité nécessaire et inévitable.
Si les États-nations parviennent encore à tenir le coup malgré l'entreprise destructrice de l'impérialisme britannique, si les États-Unis arrivent encore à lutter contre le travail de sape de ses factions impérialistes internes, c'est que l'apologie quantitative est fausse. La réduction du réel à un donné est fausse. Une autre constatation corrobore en l'accentuant la solidité manifeste des États-nations et leur supériorité constitutive (et constitutionnelle) sur les formes impérialistes prédatrices et informelles (bien que par les temps qui courent elles se parent des vertus du Nouvel Ordre et autres billevesées diaboliques et tentatrices).
Si l'on examine l'histoire, on constate une progression constante en termes sociaux, politiques, économiques ou technologiques. Cette progression, qui va de pair avec l'évolution religieuse, est incompatible avec la notion d'impérialisme qui se développe dans un donné ordonné et stable et qui aboutit inéluctablement à l'appauvrissement et l'épuisement du donné quantitatif. La conception quantitative est finie dans tous les sens du terme : définie, elle est sujette à la dégradation puis l'anéantissement.
Combien d'Empires puissants ont disparu des mémoires et ne subsistent que dans l'érudition désuète quoique admirable de quelques exceptions savantes confirmant et confinant la règle? Cette progression n'est pas possible dans un univers quantitatif et donné. Elle n'est envisageable que dans une configuration ontologique qui intègre l'ordre humain à un contexte d'infini. La dynamique est la spécificité humaine : le changement implique que l'ordre dans lequel l'homme se muet et se développe soit lui-même en constant changement.
Le changement est possible parce que le réel est infini. La spécificité humaine, la démarche dynamique, n'est possible que parce que la conception quantitative est fausse. La conception qualitative ou dynamique est seule juste. Elle est corroborée historiquement et elle répond théoriquement à la distinction qualitatif/quantitatif. Selon cette conception, les principes qui régissent l'action humaine sont qualitatifs et méritent d'être appelés progrès.
L'action historique de principes quantitatifs peut sembler majoritaire ou dominante, mais elle n'est qu'une erreur d'optique. L'influence du quantitatif sur le développement humain n'est qu'une conséquence faible, voire insignifiante du qualitatif. Le quantitatif est du qualitatif dégénéré. C'est un principe dégénéré au sens où le genre humain obéit au principe universel de progrès et de changement. Le principe désigne ce qui est pris en premier. Les philosophes pré-socratiques cherchaient le principe constitutif et originel de l'univers. Les pythagoriciens estimaient que le principe premier tourne autour de la limite (limite/illimité).
Donner une limite à l'illimité : tel est le principe fondamental humain - toujours changeant, toujours évolutif. Le quantitatif d'expression politique impérailiste consiste à donner une limite définitive, voire à nier l'illimité (en le remplaçant par le concept creux et vide de néant positif). La dégénérescence quantitative du principe qualitatif est inévitable dans la gestion des affaires humaines, mais ce qui meut l'homme est le qualitatif. Du coup, l'évolution qualitative s'opère non de manière quantitative, mais par des soubresauts qualitatifs, par des changements qui opèrent des changements paradigmatiques en termes qualitatifs.
C'est ce que note l'économiste autodidacte LaRouche dans son En défense du sens commun, reprenant la vision classique de la dynamique, telle notamment que les pythagoriciens, les platoniciens et les leibniziens l'appliquent (suivant le principe transcendantaliste défendu par les scribes et les savants prêtres d'Égypte). Selon cette conception, il importe de considérer le qualitatif pour comprendre la dynamique qui meut l'histoire humaine. Le quantitatif n'est qu'une sous-manifestation sérielle du qualitatif. Si l'on s'en tient à une représentation strictement quantitative, on est un dégénéré - littéral.
On commet un contresens historique, surtout on se comporte comme un dangereux prédateur - un porc impérialiste. Tous les impérialistes occidentaux postchrétiens ne suffiraient pas à faire passer l'émergence du christianisme en Europe pour un principe utopique. Au contraire, le christianisme engendre l'effondrement de l'impérialisme romain et le changement paradigmatique vers l'État-nation moderne (paix de Westphalie, 1648). Le christianisme augure en Europe d'un changement de paradigme qui propose un progrès inévitable et qui encadre dans un nouveau donné les formes d'impérialisme.
Cette seule illustration chrétienne montre que la réduction impérailiste s'appuie sur une réduction historique et une réduction ontologique de l'esprit humain. L'impérialisme n'est qu'une manifestation réduite du principe qualitatif qui meut l'homme. Il est illusoire de considérer l'histoire en termes impérialistes comme le font certains analystes actuels subjugués par l'impérialisme à mesure qu'il s'effondre. En réalité, les analyses les plus fouillées de l'impérialisme passent à côté du principal principe humain de développement.
Principe religieux qui se manifeste certes dans l'histoire mais qui n'est pas historique. C'est un principe qui est atemporel et qui en réalité se confronte à l'infini. A l'heure actuelle, ce principe mute en ce qu'il engendre un changement paradigmatique d'une importance profonde. Raison de la crise actuelle et du manque de perspectives à court terme qui nous poussent à adorer le Veau d'Or de l'impérialisme benêt - pour les esprits subjugués par la puissance matérielle et la domination sensible.
Une goutte de qualitatif vaut plus que l'ensemble d'un donné quantitatif. Une goutte d'infini suffit à transformer un donné en un changement paradigmatique. L'esprit du principe se manifeste dans le changement paradigmatique, à l'intérieur duquel s'épanouit le quantitatif. C'est se montrer dégénéré que d'oser suivre le principe dévalué et fallacieux du quantitatif, car c'est croire qu'une certain ordre donné constitue le tout (à la manière de ce monstre de Spinoza qui ose dans l'époque moderne prôner son immanentisme moniste) et peut prévaloir sur le qualitatif.
Il faut se montrer désaxé pour confronter le quantitatif et le qualitatif. Comme si les deux interprétation s'opposaient et se valaient - quand elles ne sont pas antagonistes, mais que l'une englobe l'autre. Les zélateurs du quantitatif (qui souvent sont des thuriféraires de la force ou du fascisme) ne parviennent à défendre leur position stérile qu'en faisant mine d'évacuer tout autre cadre que leur quantitatif. Ils sont réduits à la mauvaise foi pour sauver leur raisonnement. Dès qu'on restaure avec bon sens l'existence de l'infini, le raisonnement quantitatif s'effondre.
La fameuse loi du plus fort est hors-la-loi dès qu'on la confronte à l'infini. Le pervers disparaît dès qu'on le démasque, c'est-à-dire dès qu'on exhibe son retournement du sens. Le sens à l'endroit tient dans la tentative de définition de l'infini. Le sens à l'envers tient dans la réduction du sens au pur fini. La poursuite du sens indique que nous nous situons à un carrefour, soit à un changement paradigmatique ou qualitatif.
Nous allons vers un nouvel ordre, qui est l'ordre spatial, par opposition à toutes les conceptions actuelles qui conçoivent l'ordre en termes réduits à la Terre. Les formes impérialistes vont jusqu'à promouvoir la décroissance (en définissant la décroissance en tant que progressiste et anti-impérialiste) comme seul horizon au sein d'un réel fini. Dans une concpetion impérialiste, la décroissance est sans doute le seul horizon envisageable.
Dans un horizon qualitatif, la décroissance est une folie suicidaire qui mène l'homme vers l'abîme. L'impérialisme est promis à la disparition. Le changement paradigmatique vers l'espace s'appuie sur un changement de normes. On passe de la norme transcendantaliste à la norme néanthéiste. On passe du prolongement à l'enversion. On passe de l'idée que le progrès rime avec l'augmentation à l'idée que le progrès s'opère par la diminution. Diminution qualitative qui engendre une augmentation quantitative.
La néguentropie va de pair avec la diminution au nom du nouveau principe du néant qui remplace l'Être et qui rend caduc le principe dégénéré et quantitatif du nihilisme. La crise immanentiste révèle que le transcendantalisme est caduc sous sa dernière forme monothéiste et qu'il convient de répondre au défi du néant nihiliste par l'intégration du néant à la mentalité religieuse telle qu'elle est exprimée sous sa forme transcendantaliste. Le religieux est ce qui permet à l'homme de croître. De ce point de vue, le nihilisme engendre la décroissance de l'homme (que cette décroissance soit stigmatisée ou vantée sous ses formes les plus pernicieuses et terminales).
Le problème de l'existence quantitativement importante de l'impérialisme se heurte au problème de la prédominance qualitative sur le quantitatif et surtout du fait que le changement est qualitatif. On ne peut soutenir l'optique quantitative que d'un point de vue quantitatif, soit sous un angle réducteur et vicieux. Si l'on rétablit le problème qualitatif de l'infini, on obtient une ordonnation qui engendre nécessairement du quantitatif et de l'impérialisme (appétit de domination dans l'ordre fini). Mais le principe n'est pas impérialiste. Le principe est religieux.
Le principe est infini, changeant, dynamique. Nous en sommes au changement du néanthéisme. Ne ratez pas le train. Ne ratez pas le coche. Dépassez le cache. Ne bloquez sur la phase immanentiste. Oubliez les ratiocinations des Descartes, Spinoza, Hegel, Nietzsche - Heidegger. Lisez Leibniz. Étudiez LaRouche. Tournez-vous vers l'espace. C'est la destination de l'espèce. L'homme. L'âme. L'infini.

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