mardi 3 mai 2011

Ben Poséidon

Dans une enquête classique, qu'arriverait-il à un plaignant si on découvrait qu'il a tué son accusé, puis l'a fait disparaître dans l'océan?



Oussama fils de Poséidon. On a jeté Oussama à la flotte. Dans un ancien billet, j'avais remarqué que le meilleur moyen de rendre Oussama introuvable et inarrêtable était encore qu'il soit mort; apparemment, c'est le cas depuis longtemps, certains parlent du 13 décembre 2001, d'autres de 2002 et 2003. En juillet 2001, deux mois avant les attentats dont il fut oralement accusé sans être jamais juridiquement inculpé, Oussama était selon des témoins autorisés en soin dans un hôpital militaire américain de Dubaï, sous bonne garde de la CIA. Dubaï, vous savez la nouvelle Hong Kong de l'Empire - britannique?
Au fait, pourquoi les forces spéciales américaines ont-elles abattu Oussama au Pakistan? Pour les attentats du 911, il n'était pas inculpé. Rappeler cette évidence reviendrait à rendre illégitime la guerre d'Afghanistan et la guerre contre le terrorisme. Mais le mieux c'est que dix ans après être devenu le fantôme le plus drôle de la planète, inondant l'Occident de messages centrés sur l'Occident et fort peu musulmans, notre Oussama médiatique ne sera désormais jamais trouvé : il a été abattu par des soldats américains en territoire pakistanais, puis jeté presque dare-dare dans l'océan...
Quels que soient les prétextes invoqués pour légitimer cette décision qui constitue un blasphème contre l'Islam, Oussama est devenu à jamais invisible et irrationnel. Les officines de services secrets privés (et publics) qui coordonnent la mascarade Oussama depuis dix ans ont décidé que l'alibi Oussama était devenu inutile. Plus de vidéos fumeuses, plus d'audios menaçants, la guerre contre le terrorisme cède le pas devant la politique du chaos. Ca devenait gênant de se trouver discrédité un peu partout dans le monde avec le pantin Oussama plus mort que vivant. Plus personne ne croit dans la vie d'Oussama, peu croient encore dans sa mort.
Dans la série confectionnée sur le mode de la story telling par certains experts conseillers, Oussama est définitivement devenu un demi dieu. Après avoir réussi à échapper pendant dix ans aux traque américaines et occidentales, à la technologie, aux ennuis de santé, après avoir défié la mort, Oussama était aussi capable des plus grands exploits : comme enregistrer des vidéos et les poster à la face du monde. Mais en tuant leur pire ennemi actuel, les Américains n'ont pas seulement accompli leur plus mauvaise action, ce qui fait directement douter de leur compétence.
Au lieu de juger démocratiquement leur ennemi et de montrer à la face du monde l'harmonie universelle de la démocratie libérale US, ils ont froidement abattu Oussama, comme un chien enragé, après avoir pendu Saddam l'ange irakien. Le mieux est que nos brillants stratèges américains, Barack le discrédité renégat en tête, ont opté pour la stratégie de la nuance et de la rationalité en jetant la dépouille d'Oussama en pleine mer. Certains médias français ont trouvé le moyen de préciser que les Yankees soucieux de leur réputation abominable dans le monde musulman (notamment) avaient auparavant suivi scrupuleusement tous les rites musulmans.
En jetant Oussama mort ou vif à l'océan, nos Américains en ont fait un mythe un peu spécial, fils de Poséidon, peut-être fruit des amours avec une naïade, ou une sirène, en tout cas une créature elle aussi mythologique - voilée? Pour ceux naïfs ou vivotant dans le déni, vous détenez avec cette précision mortuaire (le coup de l'enterrement de classe dans l'eau salée) la preuve morbide qu'on vous ment dans ce dossier - comme dans l'ensemble du mythe 911. Les témoignages abondent, mais surtout, cette manière de momifier est un aveu consistant à cacher les preuves à tout jamais. Faire disparaître un corps constitue un aveu, comme ne pas inculper quelqu'un ou ne pas le capturer (avec des moyens technologiques considérables et quasiment insurmontables).
Avant de devenir un mythe, Oussama devra tenir la rampe et, n'en déplaise aux stratèges qui ont décidée de sa mort médiatique, sa doctrine islamiste terroriste ressortit le plus souvent de l'écran de fumée grotesque. Oussama ne sera pas un nouveau Che ou une icône pop mondiale. L'Empire en déconfiture aurait tant aimé tenir Son ennemi viable et fiable, mais malgré ses innombrables tentatives de création, il a élu un fantoche. Jamais mort vivant n'aura détenu autant de puissance d'exister, de virtualité - et de mots.
Oussama est la réincarnation de Poséidon en version Internet, un cyberantihéros pour succéder de manière manichéenne au triomphe unilatéral et cancéreux du libéralisme. Oussama est la créature typique de concepteurs occidentaux et chrétiens. De même que ses interventions puaient les références historiques et religieuses occidentales, jamais orientales; de même son enterrement en plein océan indique que ce sont des impérialistes férus d'îles et autres endroits coupés de l'extérieur qui ont tramé la mort la plus improbable.
Oussama mort? Le choc des civilisations est fini. Désormais, place à la politique du chaos. Oussama était mauvais à la boxe anglaise et puis, cette stratégie implique que l'on écarte morts ou vifs les satrapes. Gbagbo, Kadhafi, Ben Ali, Moubarrak, à qui le tour? Bientôt un Européen? Nico après Muammar, le casting aurait de la gueule. Sarko virtual baby avec sa mère liftée, la veuve et l'orphelin... Les Saoudiens ont lâché leur fou et l'Empire britannique (pas américain) s'est rendu compte que son mythe ne lui servait plus. On l'oubliera comme on oubliera cet Empire.
Un peu de patience, la City perd toujours plus son emprise et empire de pire en pire. Destin nécessaire de tout empire. Oussama sera oublié, car les mythes impérialistes sont toujours oubliés. Oussama a servi de près ou de loin la pépinière du Londonistan et ses ramifications improbables entre Arabie saoudite, Pakistan ou USA. Au final, on se rappellera dans cette époque troublée et trouble que les guerres étaient attribuées à un Empire mal identifié, américano-sioniste par exemple, et que l'on éprouvait les pires peines à mettre quelques intérêts financiers en faillite inexorable afin de permettre aux peuples encore terriens de conquérir l'espace, seule issue et viatique du futur. Si Oussama pouvait servir de Poséidon à la conquête spatiale, ce ne serait pas son moindre exploit virtuel.

P.S. : contrairement à ce que beaucoup d'analystes affirment, cette affaire invraisemblable de la capture sans corps et avec disparition totale ne sert pas le prestige d'Obama au moment où il pète les plombs et avant les élections. Il se pourrait que ce soit même la goutte d'eau qui fasse déborder le vase et qui achève de déconsidérer un imposteur, faux messie porteur de valeurs pacifiques et universelles, vrai escroc ayant renfloué les intérêts financiers contre le peuple qui l'avait élu. En endossant le mensonge autour de ben Laden comme il avait validé tous les mythes de l'administration crypto-facsiste de W., Barack a montré de quel bois il se chauffait : lui aussi est un criminel, un désaxé et un fantoche au service des intérêts financiers de Wall Street et de l'Empire britannique. Obama risque de finir comme son repoussoir Oussama : en monstre mythique de l'acabit d'un Néron.

P.S. 2 : les techniques de crimes démasquant davantage les commanditaires d'un meurtre que les plaintes, comment qualifier en langage criminologique cette propension que présentent les marchés financiers (anonymes plaignants) de créer des dettes abyssales, avant d'en faire payer l'addition exorbitante aux peuples exorbités (victimes fantoches)? Cerise de crise sur le gâteau gâté : nos vaillantes et valeureuses victimes envisagent-elles in fine de projeter dans l'eau le cadavre dûment enterré de leur Etat-nation?

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