vendredi 6 février 2009

Au NOM des blaireaux

« The Breaking of Nations : order and chaos in the XXIst century. »
Titre d'un ouvrage de Robert Cooper, prix Orwell.

Le tragique carnage contre Gaza est maintenant terminé. Du moins provisoirement, car il est certain que la politique suicidaire de Gaza ne s'arrêtera jamais en si bon chemin. Le processus suicidaire qui sert de caution et de paravent politiques à Israël ne peut que se poursuivre, en tout cas tant que les mentalités présentes et les hommes actuels ne seront pas profondément changés. Autant dire que ce n'est ni Livni ni Netanyahu, pressentis pour succéder à l'infâme et corrompu Olmert, qui changeront quoi que ce soit à la donne. Que l'on se renseigne notamment sur la lignée familiale de ces deux nationalistes pacifiques, et l'on comprendra à qui l'on a affaire. Mais poser le problème de la politique suicidaire et sanguinaire d'Israël, qui tue des enfants au nom de sa défense et qui ment impudemment suite à ses attaques, c'est se demander qui dirige Israël, quel est le principe de responsabilité qui cautionne la politique israélienne, quelle est l'identité d'Israël.
Le premier contresens quand on a compris qu'Israël mentait, tuait et colonisait, c'est de croire que les Israéliens sont puissants parce que la cause sioniste est puissante. En gros, selon cette grille d'interprétation, ce sont les Juifs sionistes qui gouvernent le monde et qui tiennent leur puissance de richissimes financiers juifs. Pour preuve, l'on cite souvent comme exemple le fait que les États-Unis sont infiltrés en profondeur par l'influence israélienne et sioniste, au point que le modéré et altruiste Sharon a pu déclarer qu'Israël tenait l'Amérique.
Devil bless America. Ce premier contresens est évacué quand on se rend compte que les cercles de la haute bourgeoisie WASP manipulent en faits Israël et que la politique israélienne est trop suicidaire pour suivre des avis sionistes et/ou israéliens conséquents, soit favorables à leurs propres intérêts. La politique israélienne nuit au sionisme et à Israël. C'est alors qu'on cerne l'évidence : Israël est la marionnette manipulée par les intérêts WASP. Ce sont des factions issues de la mouvance protestante anglo-saxonne qui utilisent Israël comme vitrine et comme paravent. On peut donner comme preuve le fait que l'armée israélienne soit constituée d'armement américain. En gros, contrairement à l'erreur d'optique consistant à inverser la cause et la conséquence, ce sont les factions WASP des États-Unis qui manipulent Israël - non l'inverse.
Ce second contresens a le mérite d'intégrer qu'Israël est manipulé. Mais l'on s'arrête en chemin en trouvant un fondement pratique et immédiat : les États-Unis. Peut-être l'aspect immédiat explique-t-il la paresse intellectuelle qui consiste par ces temps de mentalité immanentiste à accorder du sens et de la cohérence au plus immédiat, au sens où l'on parlerait de plus offrant.
Il faudrait en effet demander si les États-Unis sont le fondement ou si les États-Unis eux-mêmes sont manipulés. Déjà, on arrive à une réponse quand on comprend que la forme institutionnelle de la nation moderne est obsolète et que les factions ont remplacé les nations. Dès lors, les factions WASP des États-Unis, notamment la haute bourgeoisie financière de la Côte est, qui déteste les juifs et qui les manipule à l'envi, puise ses racines dans l'immigration issue du Vieux Continent.
D'ailleurs, le sionisme est né sur le Vieux Continent, chez les restaurationnistes anglo-saxons. Les Empires sont nés sur le Vieux Continent, alors que la tradition américaine authentique est anti-impérialiste, illustrée notamment par Lincoln, Hamilton ou Roosevelt (pendant la Grande Dépression). Si l'on observe les réactions durant les récents conflits israéliens, à chaque fois, l'Europe joue le rôle de modérateur partisan de la paix. Jamais en première ligne. A chaque fois, ses actions se révèlent d'une redoutable duplicité, notamment la revendication d'une solution à deux États, solution raciste et inacceptable, meilleur garant de la guerre. Hein, Hessel le Vénérable Vénéré?
Au lieu de prendre Israël pour le maître du monde, au lieu de juger que les États-Unis en sont les empereurs, osons l'âpre vérité : le Vieux Continent s'est exporté, aux États-Unis et en Israël. Le Vieux Continent a muté, d'Empires politiques obsolètes en factions financières prédatrices et destructrices. C'est cette politique impérialiste européenne qui aujourd'hui détruit le monde et le pousse vers le chaos. Cette politique impérialiste est portée par Israël et les États-Unis comme symbole de l'Hyperréel.
Mais la mutation postcoloniale a engendre les factions, qui dominent grâce au remplacement du politique par l'économique, en particulier le financier et le bancaire. Quand on comprend que l'antre des factions, au sens de la caverne des pirates ou d'Ali Baba, se situe sur le Vieux Continent, on comprend mieux les réactions des dirigeants européens, face au conflit israélo-palestinien. L'incompréhensible devient compréhensible.
Des politiques perspicaces comme LaRouche aux États-Unis ou son représentant français Cheminade localisent le cœur des factions financières dans la City de Londres, première place financière du monde et premier paradis fiscal. Mais il faut y associer les autres puissances européennes, notamment la France et l'Allemagne, et comprendre que ce sont des factions bancaires, financières et synarchiques d'obédience européenne qui gouvernent le monde. Rien n'interdit à des individus mondialisés d'autres continents de participer à ce projet synarchique occidentaliste et européen.
Si nous voulons comprendre qui a gagné dans le projet immanentiste, nous devons recourir à l'opposition du nazisme et du libéralisme. Libéralisme est l'autre nom de l'atlantisme. Le nazisme n'est pas l'opposition au libéralisme démocratique, mais une sous-branche de l'immanentisme - comme le libéralisme. Le nazisme est la réponse à l'immanentisme tardif et dégénéré. Nietzsche, le prophète de la phase dégénérée et terminale de l'immanentisme, avait posé le défi de l'immanentisme en fin de course : soit échouer, soit muter. A défaut d'avoir réussi sa mutation, Nietzsche a sombré dans la folie.
N'est pas fou qui veut, comme l'énonçait le docteur Ey et comme le répète fort justement à sa suite le nihiliste Rosset. L'immanentisme confronté à son échec a échoué, c'est-à-dire qu'il a sombré dans le nihilisme terminal - que redoutait tant Nieztsche. Le nazisme est ainsi une tentative désespérée de sauver le projet immanentiste en s'inspirant directement de Nieztsche. Non que Nieztsche soit nazi, mais que la filiation entre Nieztsche et le projet nazi coule de source. Les nazis voulaient sauver le monde par la violence. Détruire pour reconstruire : l'ordre à partir du chaos.
L'échec du nazisme était programmé. Il est capital de comprendre que les synarchistes européens ont soutenu les projets fascistes, en particulier le projet nazi, parce qu'ils se sentaient proches de tous les types de fascisme. L'échec du projet politique du fascisme signe la victoire du dogme libéral d'inspiration anglo-saxonne. Or cette opposition doit être plutôt perçue comme continuité que comme rupture : ainsi que Nietzsche le prévoyait, le nihilisme gagne du terrain, c'est-à-dire que l'immanentisme s'effondre à mesure qu'il progresse. Il s'effondre en tant que projet viable et devient dégénéré. Il se scinde alors en projet progressiste de type collectiviste et projet pragmatique de type libéral. Le nazisme vient en vain pour endiguer la crise. L'effondrement du nazisme laisse la voie libre à la bipartition : communisme contre libéralisme.
Soit immanentismes pragmatique contre progressiste. Les deux sont au fond des sous-branches du même courant. L'effondrement prévisible et premier du courant progressiste laissa accroire au triomphe du pragmatisme. Symboliquement avec la chute du Mur de Berlin, en 1989.
Mais l'unique et orphelin courant pragmatique ne triompha que dans la mesure où l'unicité venait couronner le déclin. Le nihilisme n'a cessé de progresser au travers de tous ses effondrements successifs. A chaque effondrement, on présente ce qui reste comme le triomphe de ce qui sauve, alors qu'en fait, l'unicité ne vient sanctionner qu'une longue litanie de destruction et de diminution et n'est que le stade tardif vers la destruction la plus chaotique. A ce sujet, la constitution en factions explicites signale le stade terminal de l'immanentisme.
On peut récapituler : les États-nations sont créés suite à la Paix de Westphalie en 1648, pour mettre un terme aux guerres de religion. L'État-nation est ainsi la forme moderne de l'Etat. Il est la forme immanentiste qui triomphe suite au symbolique 1492 et avant les Révolutions. Cet État se délite progressivement à partir de la fin du 19ème siècle, soit au moment où Nieztsche intervient pour mettre en garde contre le nihilisme et proposer son projet de mutation ontologique.
On trouve des preuves de cette désagrégation dans l'utopie de plus en plus réalisée de fédération ou de gouvernement mondial : Société des Nations éphémère, projets politiques présentés sous forme littéraire ou philosophique, comme les interventions de Russell, Wells, Orwell ou Huxley... Mais le plus intéressant est encore l'opposition du père de la géopolitique, un certain Haushofer, avec le rejeton des valeurs synarchiques et atlantistes, Strausz-Hupé.
Haushofer est proche du nazisme. Il prône la mutation des États-nations vers les États-continents. C'est ainsi qu'il soutient la création du Continent eurasiatique, englobant l'Allemagne, la Russie et le Japon comme puissances d'inspiration. Strausz-Hupé s'est opposé à Haushofer et au nazisme en tant que porte-parole symbolique et prophétique de l'atlantisme de type anglo-saxon. Contre la doctrine continentaliste, Strausz-Hupé prône la doctrine atlantiste, soit la constitution d'un espace regroupant le Vieux Continent et le Nouveau.
Eurasie contre Atlante. L'opposition n'est pas tant dans le projet de globalisation que dans le choix de la forme. Les progressistes collectivistes sont eux aussi internationalistes et ne s'opposent au type de mondialisation que sur la forme : au fond, seuls les atlantistes sont pour le remplacement des nations par les factions. Les nazis voulaient des continents. Les progressistes militent pour un seul État mondial, de type collectiviste.
Strausz-Hupé s'impose contre Haushofer et contre les théoriciens progressistes parce qu'il est en faveur explicite, voire extrémiste, du remplacement des États-nations par des factions de type oligarchique et financière. C'est le seul moyen pour lui de sauvegarder l'Occident. Ne jamais oublier que les théories de Strausz-Hupé descendent de racines juives et protestantes et qu'il singularise les espoirs synarchiques européens avortés, reportés dans la constitution du Nouveau Monde comme fer de lance de l'idéal oligarchique de type atlantiste et occidentaliste.
Ceci étant posé, nous revenons à Israël comme le berger à ses moutons égarés. Israël est la création la plus hallucinante de l'ordre moderne politique, né du traité de Westphalie. C'est un État artificiel et racialiste, issu d'un prétexte fumeux (la Shoah) et des décombres du postcolonialisme anglo-français (l'accord Sykes-Picot de 1916). Israël est ontologiquement l'expression de l'Hyperréel. Israël est religieusement une aberration de type diabolique. Je précise que je ne suis pas pour le massacre ou la destruction des Israéliens, mais pour la création d'un État laïc et démocratique unique, englobant Palestiniens et Israéliens. Je précise également que toute autre solution, en particulier la solution à deux États, est une fausse solution, qui engendrera l'indéfini et constant chaos et qui débouchera sur la disparition physique d'Israël et les massacres des Israéliens par des autochtones en proie à un sentiment de vengeance pour le moins explicable.
Israël est un faux État, au sens classique et moderne. Israël est seulement la vitrine des factions bancaires nées de la mutation des Empires, en particulier de l'Empire britannique. En ce sens, Israël est la marionnette des factions, qui cherchent à détruire les peuples et les États classiques et à les remplacer par des ensembles de fédérations à l'intérieur desquelles s'épanouiraient les fameuses (et fumeuses) factions. C'est en ce sens que se mettent en place les projets aberrants et babelliens de Nouvel Ordre mondial, de Gouvernement mondial ou autres. La globalisation d'ordre libéral et atlantiste abrite l'idéal de la faction à l'intérieur des fédérations comme l'on parle de piraterie à l'intérieur d'institutions, ou comme Jonas fut englouti dans le ventre de la baleine.
Tel est Israël, la vitrine et le prolongement de l'idéal de refonte étatique au service des factions. Israël n'est donc pas au service d'un Complot Juif ou d'une cabale sioniste. Aucune religion classique, aucune idéologie du dix-neuvième siècle, sionisme ou nazisme, fille des Lumières, n'explique Israël. Le seul moyen d'expliquer Israël est d'en appeler à la religion immanentiste, qui est la religion du déni.
Maintenant, que l'on constate qui s'occupait de la paix au Proche-Orient avant le massacre stupide et inexpiable de Gaza. L'incroyable, l'invraisemblable, l'inénarrable Tony Blair. Surnommé le blaireau (the bliar) par ses caustiques et sardoniques compatriotes. Perspicaces dans le même temps? En tout cas, Blair a joué un rôle crucial dans les mensonges cocasses et meurtriers qui ont légitimé la guerre en Irak.
Ayant bizarrement quitté son poste de Premier ministre anglais sur ces hauts faits, notre héros, qui se prétend pieux catholique, comme W. est pieux protestant, fut un temps pressenti pour occuper le poste de pieux Président de l'Union européenne, révélant alors une complicité avec Sarkozy le conservateur et l'ami de W. Après Blair le faux transcendantaliste ou le transcendantaliste mutant, soit l'immanentiste dénié, Blair le faux travailliste et vrai allié du courant pur et dur du conservatisme atlantiste?
La nomination de Blair devient lumineuse quand on la considère à l'aune de l'historique bref que j'ai dressé : Blair en représentant des factions oligarchiques atlantistes nées de la mutation impérialiste occidentale vient faire la paix au Proche-Orient, une région sinistrée par les querelles incessantes entre autochtones et Israéliens. La paix immanentiste s'entend : Blair ne fait que perpétuer la politique de chaos et de division instaurée par les Empires coloniaux, en particulier par l'Empire britannique.
C'est ainsi que Blair est aujourd'hui suspect d'avoir contribué à planifier le massacre de Gaza, après avoir contribué à organiser le massacre d'Irak. Une constante dans les deux guerres : ce sont des guerres lancées contre le terrorisme islamiste, soit des guerres de chaos, de massacre, de terreur, de défaite. Le but n'est pas de gagner, mais de semer la zizanie, ainsi que les colonialistes s'entendaient à merveille pour le faire pendant le colonialisme. L'histoire bégaie et les choses ne changent guère.
Que l'on le vérifie notamment par cet article pénétrant :
http://www.solidariteetprogres.org/article5103.html
On y relèvera (notamment) que Blair est envoyé spécial des médiateurs du Quartet, soit des États-Unis, de l'Union Européenne, de l'ONU et de la Russie. Donc des successeurs explicites des accords de Sykes-Picot et de ceux qui ont intérêt à perpétuer indéfiniment la guerre et le chaos dans la région pour :
- perpétuer leur mentalité colonialiste et impérialiste;
- imposer leur refonte oligarchique au nom du NOM, qui est la continuité du projet colonialiste et impérialiste.
On notera que les responsables du massacre de Gaza sont à chercher dans les factions financières qui oscillent entre les émissaires de paix, en particulier du côté du Vieux Continent, rebaptisé Union européenne, comme l'on accroche une pancarte jeune et proprette sur le chambranle d'une vieille masure. Il n'est pas étonnant que la paix n'aboutisse pas si l'on veut bien prendre en compte que les pacificateurs sont en fait les instigateurs réels de la guerre...
Voici un autre fait-massue : Blair est spécialiste des déclarations appelant à l'abolition du Traité de Westphalie. Bien avant le 911, bien avant la guerre en Irak, bien avant Gaza, Blair appelait à l'abolition de la paix moderne au nom... du NOM!
Vous ne rêvez pas.
http://www.solidariteetprogres.org/article3737.html?var_recherche=tony%20blair
C'est ainsi que l'amitié entre W. le républicain, Blair le travailliste et Sarkozy l'ultralibéral frenchie s'explique par une communauté de vues idéologiques bien plus importantes que des divergences de parti : je veux parler du remplacement des nations par les factions. Nous touchons au problème essentiel de l'identité politique. Soit de l'identité tout court. C'est dans cette optique que Blair - promu entre autres par Sarkozy - faillit être Président de l'Union européenne. Union dont on comprendra qu'elle s'éloigne du projet fédéral initial d'États-nations cher à de Gaulle et Adenauer, au profit de la Fédération oligarchique chère aux factions financières, dont le centre résulte de la mutation postcoloniale de l'Empire britannique (et de l'Empire français) et sa localisation dans la City de Londres, premier paradis fiscal mondial.
Au fait, qui s'occupe de la mise en place de l'Union européenne comme repaire des pirates de l'oligarchie financière? Des proches de Blair : entre autres, Leonard, Cooper, Barroso, Zielonka, Amato... Tous des inspirateurs du Traité de Lisbonne. Tous des membres ou des proches de l'ECFR, réplique du CFR américain, lui-même pendant du RIIA anglais... C'est ce que ces cercles nomment libéral-impérialisme, titre explicite d'un article de Cooper pour le London Observer (7 avril 2002). Je finirai cette énumération avec l'anecdote, mimétique et croustillante, du Projet pour un nouveau siècle européen (2005), qui se veut une parodie ironique et dont la double ironie annule l'intention et rappelle de manière sinistre le PNAC américain.
On constate que dans toutes ces affaires, le 911 n'est pas loin. Qui dit 911 dit Israël. Qui dit Israël dit Vieux Continent, au sens où l'Europe est sous la coupe des factions financières de type oligarchique. Il est vrai qu'Israël est un projet qui a commencé en Europe et qui regroupe des populations en majorité d'origine européenne. Israël en langage oligarchique est un État postmoderne : entendre qu'il est la créature de l'immanentisme et que le berceau de cet immanentisme moderne se trouve dans les langes des anciens Empires coloniaux européens qui ont muté et qui sont devenus les factions oligarchiques invisibles car d'identité encore inconnue. Au sens où l'on évoque, avec pudeur et hypocrisie, la naissance de parents inconnus.

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