vendredi 2 octobre 2009

Génération occidentaliste

La dernière fois, je discutais avec un occidentaliste. C'est quoi, un occidentaliste? C'est un admirateur de l'Occident imprégné d'impérialisme occidental. Tellement imbibé qu'il ne se rend plus compte qu'il est impérialiste et néo-colonialiste, un peu comme un alcoolique qui ne prendrait plus conscience qu'avec l'accoutumance il a sifflé la bouteille de gin. La mentalité occidentaliste est explicite quand vous estimez que vous avez du succès et que vous êtes dans les critères de réussite sociale, identitaire et idéologique.
Dans ce cas, vous reprenez à votre compte les poncifs, préjugés et considérations de la mentalité occidentaliste sans vous rendre compte que vous répétez servilement ou en estimant confusément que vous ne répétez pas. Vous êtes le créateur de vos propres valeurs finies, pour énoncer une conception de Nieztsche le prophète illuminé de l'immanentisme tardif et dégénéré. Vous prenez un ton professoral ou doctoral pour expliquer avec emphase et contentement qu'il convient avant toute chose de se méfier du complotisme, du conspirationnisme, de l'antisémitisme.
Quand vous pensez ainsi, vous êtes un occidentaliste explicite, soit un occidentaliste conservateur, qui considérez que l'ordre des choses convient et ne saurait changer. Pour de multiples raisons, vous pouvez vous montrer progressiste, tout en demeurant tout autant occidentaliste. Ce peut être pour des raisons sociales, dans un mode de raisonnement marxien ou marxisant, vous qui considérez soit que vous êtes défavorisé par l'ordre social occidentaliste, soit que vous méritez mieux que ce que l'ordre vous attribue. Dans tous les cas, vous pensez encore en occidentaliste, car votre critère de référence est l'argent, le matériel, l'immédiat, l'apparent.
Vous changez légèrement votre discours d'épaule et vous estimez quand même que les valeurs occidentales sont les meilleures, même si elles sont plus ou moins largement appliquées, que ce soit en Occident ou dans le restant du monde. Le point capital tient à votre conception des valeurs emblématiques de l'Occident - la démocratie, la laïcité, la liberté. A aucun moment vous ne vous avisez que cette démocratie occidentale est d'essence idéologique, libérale et que sans cette adjonction attributive, on passe à côté de la nature de cette démocratie.
Idem pour l'apologie de la liberté, qui n'est pas la liberté idéale et absolue, d'ailleurs utopique en régime sensible, mais la liberté libérale. Dès lors, vous faites preuve d'hypocrisie en omettant de préciser que l'occidentalisme est un impérialisme, ce qui implique que la démocratie soit une forme politique supérieure et exportable. Dans son progressisme d'occidentaliste honnête et généreux, notre occidentaliste ne se rend pas compte que ce qu'il nomme progressisme est un progressisme impérialiste.
L'occidentalisme s'effondrant engendre la décrépitude des valeurs, si bien que le progressisme perd son sens et devient l'idiosyncrasie moisie et transparente de l'impérialisme le plus autoritaire et violent. A l'heure actuelle, l'occidentalisme progressiste n'est le plus souvent que le masque de l'impérialisme sous des atours sympathiques et pimpants. A l'heure actuelle, notre occidentaliste se vante de voter en faveur des Verts, dont la spécificité est moins de se préoccuper de problèmes écologiques sérieux que de maquiller l'ultralibéralisme en gaucheries ganaches et replètes.
En parlant d'écolos occidentalistes ultraprogressistes, prenons le cas du soixante-huitard Cohn-Bendit. Notre proto-pédophile repentant n'est jamais que le masque politicien corrompu de cette subversion, qui consiste en gros à remplacer à gauche toute le communisme postmarxiste par l'écologie irrationnelle et moraliste. Qui peut se montrer contre l'écologie et pour la pollution? Surfant sur la vague des belles âmes occidentalistes, les bobos d'Occident ont trouvé dans le péril écologique leur dernière marotte qui pourra les sortir de leur nihilisme ravageur.
Cohn-Bendit roule pour l'ultralibéralisme depuis qu'il a trahi ses engagements inconséquents de jeunesse pour se déclarer lui-même libertaire-libéral. L'ultralibéralisme est le masque de cet occidentalisme conservateur et pragmatique, qui aimerait tant trouver dans l'écologie son pendant progressiste. L'unicité du système signe sa chute prochaine, puisqu'à mesure qu'il s'effondre, il perd aussi en alternatives et en choix.
Rien de plus pratique pour un pragmatique que de susciter un faux adversaire, soit un idiot utile qui charrierait au fond les mêmes valeurs. C'est le cas avec le péril écologique, qui, dénué de tout sérieux écologique, se contente d'agiter des sentiments soi-disant nobles et élevés en guise de progressisme. Derrière le vide du vent, pourtant, un réel péril se cache : le malthusianisme ou l'eugénisme. Diminuer la population mondiale serait le plus sûr moyen de réduire l'émission de dioxyde de carbone.
Le gain écologique est certainement erroné, quand l'écologie est le cheval de Troie qui a introduit le renard dans le poulailler. L'ultralibéralisme impérialiste et oligarchique dans les démocraties. Cohn-Bendit n'est rien moins qu'un pervers médiatique qui manipule les bons sentiments et joue sur la culpabilité des Occidentaux pour imposer son modèle d'impérialisme vert. Et mon occidentaliste dans tout ça? Fier de voter Verts, il n'a toujours pas compris ce qu'étaient l'impérialisme et l'occidentalisme.
Il faut dire qu'il croit vraiment que la coalition occidentaliste est venue apporter la démocratie en Afghanistan. Ce n'est donné à tout le monde de croire en de pareils baratins huit ans après le 911 prétexte. Dans le texte. Il croit aussi que les rapports humains sont régis par la loi du plus fort, en particulier les relations entre les États. Deux grosses conneries aisément réfutables et que l'on réfuterait en deux coups de cuillère à pot si notre occidentaliste n'était pas aussi impérialiste. En bonne étymologie : aussi dominateur et borné.

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