samedi 12 mars 2011

K défie

Quand le fou dit la vérité, la reine entre en agonie.

Quant à l'autre mensonge énooorme de Kadhafi, la présence d'al Quaeda en Libye, elle se trouve médiatiquement dénoncée comme une supercherie grotesque et criminelle. Mais elle prend un tout autre visage quand on la relie à l'influence de l'Empire britannique. Car les premiers à avoir dénoncé al Quaeda sont les Américains attaqués le 911, puis les gouvernements européens qui ont subi de sanglants attentats (comme la Grande-Bretagne ou l'Espagne).
Désormais, al Quaeda est devenue une signature aussi significative qu'accommodante : al Quaeda est capable d'organiser des attentats en Irak en bravant la logistique militaire américaine et britannique; al Quaeda est en mesure de perpétrer des attentats sur le sol de la première puissance mondiale (le 911). Soudain, alors qu'un tyran cinglé lance qu'al Quaeda se trouve derrière l'insurrection à l'intérieur de son pays, les mêmes médias occidentaux ou affiliés qui ont entériné les billevesées à propos d'al Quadea quand elles étaient endossées par des dirigeants occidentaux se mettent à hurler au loup et à déclarer qu'al Quaeda ne peut pas être derrière les révoltes populaires et guerrières en Libye.
Ah bon? Si al Quaeda est en mesure de braver l'armée américaine en Irak ou en Afghanistan, elle peut très bien réussir à déstabiliser un pays beaucoup moins structuré et riche (la Libye néo-colonisée derrière les simagrées anti-impérialistes de Kadhafi). Pour mesurer la duplicité consciente de Kadhafi, quand il déclare la guerre à al Quaeda dans son propre pays après avoir soutenu de manière honteuse la guerre contre le terrorisme, les médias occidentaux se gardent bien de montrer cette vidéo pour le moins embarrassante :


Kadhafi goguenard (l'air halluciné aux pilules?) explique au célèbre journaliste (hypocrite ou lâche?) qu'al Quaeda n'est nulle part sinon à New York. Dont acte? Maintenant que l'on a les preuves éclatantes que Kadhafi est un pion soi-disant utilisé comme opposant à l'intérieur du système politico-financier de l'Empire britannique, ses propres déclarations antérieures au soulèvement populaire dont il est la victime (cruelle) sont contredites par sa politique d'adhésion à la guerre contre le terrorisme. Si Kadhafi ne croyait pas à la menace al Quadea, pourquoi a-t-il rejoint la guerre contre le terrorisme, entamé une normalisation politique accompagnée de dérégulation ultralibérale?
C'est la preuve irréfutable de sa duplicité vénéneuse. A présent qu'il incrimine de manière hallucinée al Quaeda dans les soulèvements libyens, non seulement il est patent qu'il se moque du monde, mais il envoie un message à l'Occident : je mens comme vous, donc je vous prends à votre propre piège. Vous avez menti en sortant le gadget stratégique al Quaeda qui est un prétexte. Kadhafi ment de manière habile, parce qu'il ne mentionne à aucun moment l'Empire britannique dans ses diatribes contre l'Occident. Il réserve ses flèches faussement vénéneuses aux Etats-Unois ou aux Etats-nations européens, jamais à l'Empire britannique. Il fait mine de s'en prendre parfois à Israël, même si désormais il a considérablement mis de l'eau dans son vin à propos de ce sujet sensible.
Kadhafi sait qu'il ne peut mentionner l'existence de l'Empire britannique sans prendre des risques considérables pour son clan et les intérêts financiers qu'il gère (grâce en partie aux accords autour de l'exploitation du pétrole libyen, sa manne et son garant depuis presque un demi siècle). Intéressant tabou, qui range dans la catégorie des faux dénonciateurs au service de l'Empire dénié et véritable tous ces antiaméricains professionnels qui passent leur temps à attaquer l'impérialisme américain au nom de la souveraineté des peuples.
Moralité : si l'on veut vraiment que les peuples du monde deviennent souverains, encore faudrait-il commencer par incriminer le vrai Empire existant sur cette planète, l'Empire britannique, qui possède pour la première fois les caractéristiques d'un Empire mondial, global, unique, financier. Mais cet Empire est fragile : tout Empire contient de manière programmatique son effondrement dans son fonctionnement intrinsèque. En passant, le problème n'est pas tant que la chute d'un Empire engendre des souffrances considérables que cet Empire global constitue une menace pour la pérennité de l'homme.
Les citoyens occidentaux n'ont pas conscience de cette menace et préfèrent la politique de l'autruche qui mène au Titanic - à la lucidité la plus élémentaire. Pourtant, le foisonnement décadent des labels al Quaeda, déclinés avec une précision chirurgicale - comme l'AQMI (Al Quaeda Maghreb Islamique) ou l'AQAP (Al Quaeda Péninsule Arabique) - n'incite pas à la prudence. Il convoque le mensonge et évente la propagande.
Qu'est-ce que la nébuleuse terroriste al Quaeda? Une coquille presque vide qui sert de paravent à la stratégie de l'Empire britannique pour faire face à son effondrement irrémédiable. Confronté à son unilatéralité intenable, l'Empire britannique a inventé un ennemi imaginaire parce que l'unilatéralité, présentée comme son triomphe et sa toute-puissance, signifie en fait la faiblesse et la mort. Al Quaeda pourrait avoir pour synonyme : la destruction. Al Quaeda c'est du vent, du néant, du rien. On se moque du monde, tout comme Kadhafi est capable d'expliquer qu'al Quaeda se trouve derrière les émeutes libyennes actuelles après avoir pompeusement (et mensongèrement) expliqué qu'al Quaeda se situerait à New York.
Al Quaeda signifie la destruction du libéralisme, avec cette idée que le libéralisme serait le presque tout du réel et que des îlots de résistance comme al Quaeda désigneraient des périphéries aussi dangereuses et vicieuses que marginales. Malheureusement, cette manière de penser est suicidaire, puisque la destruction commence par attaquer les périphéries, puis dévore le centre, provoquant l'effondrement systémique de ce qu'on prétend restaurer et magnifier.
Le libéralisme depuis l'effondrement du communisme a pris soin de se présenter comme l'accomplissement idéologique et politique de la perfection humaine, à tel point qu'on a parlé à son endroit de fin de l'histoire - et autres propos aussi détournés qu'amphigouriques. Malheureusement, ce qui se présente comme immanent ne l'est pas et du coup, le total devient le - totalitaire. Al Quaeda signifie la destruction du libéralisme. Al Quaeda est présentée par la propagande libérale comme la centrale terroriste qui pratiquement à elle seule suffirait à instaurer un axe du mal aussi viscéral que grossièrement minoritaire (reclus).
Les experts théoriciens de l'Empire britannique à l'image d'un Bernard Lewis ont façonné de manière rusée et habile le fantasme d'une nébuleuse terroriste que l'on pourrait d'autant mieux agiter aux quatre coins de la planète qu'elle serait inexistante. Dès le départ, al Quaeda (la base) est une organisation islamiste arabe assez précaire et de dimension à peine régionale, infiltré massivement par les services secrets occidentaux et alliés. Sa récupération en nébuleuse terroriste de dimension cette fois internationale et impressionnante est facilitée par sa genèse transparente.
Quand al Quaeda se trouve récupérée par le Colonel aux abois, c'est le signe que la ruse de l'Empire pour se trouver un ennemi invisible et fantasmatique s'est retournée de manière sardonique et ironique contre ses concepteurs pervers : de la même manière que le monstre créé se retourne contre son créateur dépassé (Frankenstein), de même al Quaeda de manière surnaturelle et irrationnelle s'est retournée contre l'Empire britannique avec les démentielles envolées de Kadhafi.
Mais cette récupération d'al Quaeda par un dément habile et violent indique que l'Empire britannique ne contrôle plus la situation et se trouve au point critique où il voit ses coups tordus se retourner contre lui. La menace croissante d'al Quaeda signifie pour de bon la fin de l'Empire britannique, et ce n'est pas la moindre ironie de l'histoire que ce soit un inavouable allié et grotesque satrape comme Kadhafi qui se charge de le rappeler de manière il est vrai outrancière et hallucinatoire.

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