lundi 26 septembre 2011

A mort




http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/09/22/97001-20110922FILWWW00566-un-saoudien-execute-par-decapitation.php

On entend beaucoup parler de l'exécution scandaleuse, et sans doute injuste, de l'Américain noir Davis, peine capitale dont la sévérité se révèle d'autant plus irrémissible que peu de temps auparavant, on a eu droit dans le sens inverse à une mansuétude charlatanesque et oligarchique du procureur Vance concernant DSK (vous savez celui qui n'a pas eu de rapport sexuel consenti, tout en n'ayant pas violé de manière certaine sa victime putative, un génie de la science économique et juridique qui a inventé une catégorie d'existence jusqu'alors inconnue dans les annales judiciaires, et plus généralement historiques). Qu'a fait Obama à ce sujet? Une nouvelle fois, rien. Obama n'a rien trouvé à redire concernant l'affaire politique DSK (malgré l'existence d'un dossier médical irréfutable, quoique déformé par DSK). Obama n'a pas davantage souhaité s'exprimer sur l'exécution de Davis. Obama le vertueux a aussi jugé légitime la vengeance revendiquée des Etats-Unis contre Oussama, alors qu'aucune infraction judiciaire ne lui est reprochée pour le principal mobile du 911. Obama, poursuivant son parcours du combattant exemplaire, menteur et de pleutre, s'est par contre prononcé contre l'existence de l'Etat palestinien rabougri et a repris les arguties venimeuses d'Israël militant pour la création du Grand Israël, projet porté au pinacle par les sionistes extrémistes actuellement au pouvoir en Israël.
Dans toutes ces affaires, le point commun est qu'Obama manifeste son penchant désormais reconnu pour le plus fort, alors qu'on le présente comme le candidat progressiste noir-américain qui devait reprendre l'héritage et le flambeau de Martin Luther King et la cause des classes moyennes laminées par la terrible crise financière. Pauvre Obama, les riches de Chicago ou de Wall Street l'ont (notamment) élu pour sauver l'Amérique de la tiers-mondisation oligarchique, génératrice de chaos, alors qu'il suit la feuille de route de maîtres financiers qui encouragent sa mentalité encline à imposer la politique d'inégalitarisme et d'oligarchisation (sous couvert de progressisme, d'antiracisme, voire de négritude). Mais laissons notre symbole bientôt décati d'oligarchie progressiste américaine et rendons-nous vers l'un des terrains d'expression privilégié de l'oligarchie : l'Arabie saoudite, qui est la propriété privée de la famille royale Seoud et qui du fait de sa manne pétrolière se trouve au centre des intérêts opaques de l'Empire britannique (le pire contrat de corruption connu implique l'Arabie saoudite et la Grande-Bretagne, via BEA, et se nomme Al-Yamamah).
Obama le pieux s'est incliné (en musulman néo-wahhabite?) depuis son accession à la présidence américaine devant l'oligarchie saoudienne : il a offert l'immunité à la famille royale saoudienne et à ses alliés compatriotes dans l'affaire des poursuites que les familles des défunts du 911 entendent intenter (avec justesse). Dans cette affaire, Obama protège notamment l'ancien ambassadeur le prince Bandar Bush. Obama lors du Printemps arabe a appuyé la politique du "double standard", empêchant les révoltes populaires dans certains États frontaliers de l'Arabie saoudite, quand il aida à fomenter des troubles en Libye et en Syrie sous couvert d'ingérence démocratique, jusqu'à tuer des dizaines de milliers de civils (en Libye, la résistance s'organise et finira par vaincre l'OTAN et son faux nez du CNT). Après DSK le violeur présumé, les menées terroristes de Bandar illustrent l'impunité dont jouit l'oligarque, alors que l'opprimé ne peut obtenir justice. Bandar illustre l'oligarque impuni, l'oligarque au-dessus des lois, l'oligarque qui recrute des milliers de mercenaires d'al Quaeda et les envoie se faire tuer illico presto au front libyen, quand le pauvre mercenaire d'al Quaeda personnifie en tant que bourreau manipulé l'opprimé qui s'est engagé dans le mercenariat sous faux nez atlantiste pour des raisons de précarité financière et qui est engagé dans un combat dont il ne comprend rien et dont il a peu de chances de sortir vivant malgré ses pillages et ses prévarications au sol.
On pourrait multiplier la liste des injustices que Bandar cautionne avec une arrogance dont il a fait preuve par le passé quand il eut à défendre le dossier d'Al-Yamamah. La surmédiatisation du crime commis par la justice américaine à l'encontre du Noir Davis passe sous silence une nouvelle tout aussi monstrueuse : en Arabie saoudite, des dizaines de condamnés à mort sont décapités tous les ans. C'est normal dans ce royaume antidémocratique et oligarchique où sévit la conception la plus littéraliste et rétrograde de l'Islam, le wahhabisme, qui se trouve d'autant plus manipulé et instrumentalisé par les Seoud pour asservir leurs compatriotes zélés et obséquieux que pendant ce temps les princes multipliant les intrigues et les complots se gardent bien d'observer cette charia de la terreur et de la honte.
Au moment où Davis subissait une injection létale en Géorgie, un Saoudien était décapité pour meurtre en Arabie saoudite. Presque personne n'en parle. Si peu relayent les 40 décapitations survenues en Arabie saoudite depuis janvier 2011; les centaines des années précédentes. Que vaut le cas d'un Hamad al-Chahrani au nom imprononçable et au pedigree douteux d'assassin sauvage à côté de la noble figure du Noir Davis injustement condamné et exécuté dans une démocratie? Un mort est pourtant un mort. Un mot un mot. La peine de mort est de toute façon une terrible injsutice. 
Au royaume de l'oligarchie triomphante, l'Arabie plus maudite que saoudite, la condamnation à mort est une excellente chose. Aux Etats-Unis, emblème de la démocratie libérale, c'est une chose détestable. Il faudrait savoir et accorder les violons selon un standard international homogène et commun. Personnellement, je ne peux qu'être opposé à la peine de mort, non seulement parce que Victor Hugo (voire Sade) est mon ancêtre, mais surtout à cause de l'injustice que toute condamnation à mort contient. Le cas Davis parle de lui-même : non seulement il est contestable de s'arroger le droit de condamner à mort un autre homme; mais cette limite de pouvoir (la mort) se manifeste avec la possibilité de commettre l'irréparable injustice - l'erreur terrorisante et terroriste de se tromper dans la punition à mort.
Le fait que l'on surmédiatise de manière ambiguë le cas américain (le pauvre et noir Davis) tout en gardant le silence médiatique sur le cas saoudien (le sale assassin arabe) indique que la mentalité oligarchique est en train de gagner les esprits (les coeurs?) : les démocraties laissent s'instaurer la contradiction cardinale dans leurs lois : une loi démocratique ne peut être oligarchique; surtout au niveau de l'alliance trouble entre des démocraties et des oligarchies (exemple des États-Unis et de l'Arabie saoudite). Cette collusion inavouable engendre des effets dramatiques dans l'affaire du 911, où le pouvoir américain protège l'implication saoudienne du fait des investissements colossaux de la famille royale; on instaure du coup à l'intérieur des démocraties la loi du double standard cher au stratège britannique Cooper : à l'intérieur des démocraties, la loi démocratique libérale prévaut. A l'extérieur, par contre, c'est la loi du plus fort qui prend le relais (comme dans le cas libyen, où l'OTAN s'arroge le droit de larguer plus de trente mille bombes en six mois sur la population pour la libérer du tyran Kadhafi et l'aider dans sa quête démocratique).
La condamnation à mort devient inacceptable en terre démocratique (les symboliques quoique moribonds États-Unis), tout à fait  banale et anonyme en terre étrangère. Après tout, le monde non démocratique obéit à des lois prémodernes, archaïques, sauvages. La mort d'un sauvage n'est pas la même que la mort d'un citoyen de démocratie. On pourrait déceler dans ces considérations glauques et saugrenues un racialisme certain, typique de l'histoire arrogante de l'Empire britannique (dont Thatcher ou Bandar sont deux figures contemporaines archétypales). Le pire n'est pas là. Le pire, c'est qu'en instaurant un double standard, on fragilise le standard le plus élevé en encourageant la destruction par l'effet d'attraction minimal ou inférieur. L'idéal démocratique de type républicain, s'il est supérieur à l'idéal oligarchique, se trouve contaminé par le bas par l'idéal oligarchique - selon la loi du double standard : au final, la duplicité des États-Unis en matière de peine de mort et sa collusion patente avec l'oligarchie saoudienne, elle favorable sans atermoiement à la peine de mort, indique, non pas seulement l'hypocrisie américaine sur ce sujet sensible et révélateur, mais le fait que la république des États-Unis est en train de s'oligarchiser.
C'est ce qu'il faut retenir au moment où le système économique s'effondre et où le modèle culturel occidental est vicié de manière irrémédiable  l'oligarchie s'empare des mentalités et permet les alliances les plus nauséabondes te de mauvaise foi, entre l'oligarchie et la démocratie, entre le fantasme obscurantisme et l'esprit critique et porgressite. L'alliance de l'oligarchie et de la république contamine l'esprit républicain en le tirant vers le bas. Bientôt, il sera d'autant plus normal de massacrer les Libyens et de décapiter les criminels saoudiens que ces normes se seront aussi imposées dans les démocraties d'Occident : la vie d'un homme n'aura pas le même poids, suivant qu'il est riche ou pauvre, considéré ou marginalisé socialement. Le créateur du courant métaphysique Aristote fasciné par l'impérialisme perse défendait la conception de la multiplicité de l'être rattachée (à défaut d'être expliquée) à à la multiplicité du non-être.

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