Bielle aux Russes

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Deux commentaires dans cette actualité chargée et saisissante, où l'ancien monde s'écroule, quand le nouveau se découvre. Ceux qui ne comprennent pas la mutation profonde qui se produit (ceux qui pour des raisons diverses ont intérêt à ce que le système perdure dans son actualité intenable) découpent l'actualité en événements, comme la démarche néopositiviste des journalistes de la presse majoritaire et consensuelle en Occident. Si l'on rétablit le processus dynamique, on est confronté non pas à des événements isolés et séparés, mais à des événements liés par le changement - l'avènement de la nouveauté.

1) L'emprise de l'ultralibéralisme (ou néolibéralisme) est reconnue dans cet article comme la cause de la stratégie du chaos qui s'abat en priorité dans les pays néocolonisés d'Afrique. La seule réserve concerne l'interprétation assez angélique selon laquelle la diplomatie européenne soutiendrait (dans un sens effectif et bénéfique) les dictatures alliées arabes, quand elle enfoncerait la dictature biélorusse ennemie - contraire à ses principes. En réalité, pour conjurer l'effondrement financier, en particulier la spéculation autour des matières alimentaires (depuis le centre de Chicago), les financiers ont sciemment entériné la tactique du chaos dans le monde globalisé. Ils précipitent leurs satrapies dans ce malstrom et ne les soutiennent que pour mieux les détruire. Il n'est pas certain qu'à ce petit jeu pervers il soit préférable d'être l'allié que l'ennemi de pareils stratèges s'appuyant sur le chaos destructeur (ordo ab chao).

2) Contrairement à ce qu'on entend insinuer à propos des commanditaires internationaux et fondamentaux de ces révoltes populaires maquillées en révolutions colorées, les manipulateurs ne sont pas les ultimes Etats-Unis en tant qu'Etats-nations. L'influence prépondérante (l'ingérence démocratique, hein) du néolibéralisme provient plutôt (plus tôt, aussi) des élites financières de la City de Londres et des relais politiques de l'Empire britannique implantés dans l'Union européenne - précédant l'influence américaine, qui se manifeste avec la domination financière de Wall Street et de Chicago sur les centres de décision politique américains. La baronne Ashton, chef de la diplomate européenne, exprime cette prééminence diplomatique mondiale de l'Empire britannique - qui autrement ne peut s'expliquer par des causes psychologisantes faibles et peu explicatives.

Le théoricien Cooper rappelle que l'Empire américain n'est que le relais de l'Empire européen, qui est une manière élégante de nommer l'Empire financier britannique centré autour de la City de Londres. L'oligarchisation du monde implique l'effondrement financier, son remplacement par l'inégalitarisme viscéral (le système de l'oligarchie chère à Aristote) et la disparition programmée des classes moyennes (sur le modèle des sociétés inégalitaires des pays dits émergents, soit accédant au développement de structure oligarchique). Ce que vous observez en Egypte ou en Tunisie n'est que le prélude inéluctable du sort funeste qui attend les peuples d'Occident rattrapés par l'effondrement financier mondialisé - si vous ne faites rien - si vous demeurez à attendre sans rien faire - si vous fêtez votre naufrage prochain.