dimanche 1 juin 2008

Postérité



A un moment de son entretien avec von Bülow, Hervé Claude demande à l'ancien ministre allemand s'il n'a pas peur de ternir sa réputation en osant contester la version officielle. Il importe de rappeler que ce que les hommes du futur retiendront d'une époque aussi sombre que la nôtre, une époque de mutation profonde, une époque de crise systémique, une époque qui est en train de préparer la fin de l'hégémonie occidentale, une époque qui signale que les hommes dominants du futur viendront d'Afrique et qu'après deux mille ans de suprématie, l'Occident cède sa place à l'Afrique dont il est issu, ce que les hommes du futur retiendront, c'est précisément comment les hommes du début du vingt-et-unième siècle chrétien se comportaient face au 911.
Ceux qui fermèrent les yeux et pour des motifs divers accréditèrent la thèse officielle ou se turent devant cette thèse folle, ces individus seront discrédités, considérés comme des lâches, des faibles, des moutons, voire des criminels. Ceux qui osèrent braver le tabou, l'interdit, qui osèrent affronter le système et qui comprirent que ce système était exsangue, en bout de course et à bout de souffle, ces esprits lucides seront cités, commentés et reconnus. Il y aura les collaborateurs et les résistants, il y aura les négationnistes et les esprits critiques, mais toutes ces catégories ne désigneront pas les clivages de la Seconde guerre mondiale : ils désigneront avant tout les clivages autour du 911.
Il est temps de comprendre qu'en comparaison de ce qu'annonce le 911, la Seconde guerre mondiale est un évènement de moindre importance. La Seconde guerre mondiale est l'ultime soubresaut de la Raison avant son effondrement. Le 911 signale l'effondrement de la Raison. Poser la question de la réputation des contestataires de la version officielle, de leur postérité et de leur pertinence, c'est se condamner à ne rien comprendre si on les juge par rapport aux critères du système.
Le système serait en fait juge et partie et c'est ce qu'il est depuis l'époque moderne. Il faut opérer un déplacement radical et comprendre que les critères du système sont déjà périmés. Ceux qui propagent la voix du système sont condamnés à l'oubli et à la médiocrité, surtout quand ils sont les hérauts systémiques parce qu'ils se présentent comme des rebelles, des contestataires, des marginaux et des originaux.
C'est la ruse du système, au sens où Hegel parlait de ruse de l'histoire, que de cacher sous les oripeaux de la contestation sa légitimation partiale et fondamentale. Heureusement, on possède grâce au 911 le moyen lumineux de démasquer les impostures en constatant qui sont les vrais esprits critiques : ceux qui osent dire la vérité sur le 911; ceux qui n'acceptent pas de se taire parce qu'ils sont effrayés par l'effondrement effrayant du système.
De ce point de vue, le souci de Hervé Claude est dépourvu de sens : ce n'est pas le parti de von Bülow qui risque de subir les outrages cruels et sardoniques du temps; ce sont tous les points de vue systémiques, qu'ils se présentent comme institutionnels ou profondément insurrectionnels. Tous les points de vue hyperrationalistes en fait, au sens où ce terme renvoie à la mutation de la Raison et à la mentalité immanentiste qui peut se décliner en des termes conservateurs (l'immanentisme conservateur), mais aussi en des produits progressistes ou des dérivés carrément révolutionnaires.
Dans tous les cas, il s'agit d'immanentisme et c'est la raison pour laquelle les contestataires du 911 sont dans leur insigne majorité des voix nouvelles et dissonantes qui divergent des clivages systémiques reconnus et opératoires. Bien sûr, on trouvera des extrémistes classiques s'emparant de la contestation systémique, au sens où ces extrémistes immanentistes sont désignés comme tels par le système. Mais ces extrémistes font encore partie du système. Leur extrémisme respecte et reconnaît le système comme la norme.
La plupart des contestataires du 911 en viennent, du fait de leur contestation systémique, à sortir de ce système et à expérimenter le fait que le système n'est pas la norme et qu'il existe un monde humain en dehors du système occidentaliste et immanentiste. Cette constatation est révolutionnaire et pourtant, ce caractère révolutionnaire ne correspond nullement à l'immanentisme révolutionnaire.
Raison pour laquelle les contestataires systémiques sont assimilés aux contestataires les plus extrémistes de l'immanentisme. Les propagandistes systémiques les désigneront comme des négationnistes, des racistes, des antisémites, des terroristes et des enragés incurables parce qu'ils ne sont pas capables de les identifier adéquatement et qu'ils les casent dans des catégories aberrantes, mais (pré)existantes et classiques.
Il importe de comprendre que sortir du système n'est pas un acte du système extrémiste et condamnable, mais un acte qui ne peut pas être de bonne foi compris par les tenants (et aboutissants) du système. Les contresens systémiques sont nécessaires et parfaitement compréhensibles. Il reste à noter que la sortie du système n'est pas seulement envisageable, mais salutaire, quand le système s'écroule et laisse croire par faiblesse et aveuglement qu'il est unique et indépassable.

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