dimanche 28 novembre 2010

Chemin qui mène à part

Toute vérité est bonne à dire.

L'inclination banale et courante porte à estimer que ce qui advient est l'expression de la logique, voire de la justice, alors qu'en lieu et place de ces deux caractéristiques nobles, les consciences s'inclinent devant la vieille et arbitraire loi du plus fort. Comprenne qui pourra. Voilà l'extrait-vidéo de la campagne présidentielle de Jacques Cheminade en 1995. Il dure plus de vingt minutes, mais il a le mérite de rétablir quelques vérités derrière le torrent de calomnies expédiées contre cet homme :


Le paradoxe dans cet extrait-vidéo est que le candidat communiste Marchais est invité sur les plateaux de télévision pour dénoncer le conservatisme censeur de ses ennemis politiques alors que le communisme va bientôt s'effondrer. Moralité : Marchais ne propose rien d'alternatif au système qu'il combat (qu'il appelle l'ordre capitaliste et auquel il oppose son idéal de communisme). Moralité seconde : quand on propose une alternative effective, le système vous censure - ne vous invite pas.
L'alternative consiste à identifier adéquatement qui sont les vrais opposants - des faux. Les vrais opposants proposent des alternatives pour sortir du système, quand les faux opposants ne proposent rien de valable - d'existant. La nouveauté sera toujours décriée, calomniée et combattue. A l'aune de ce critère historique, nous avons une série de nouvelles qui pourraient sembler triviales, alors qu'elles sont capitales pour révéler le moment de débâcle systémique dans lequel nous nous trouvons.
Toutes les positions politiques majeures s'effondrent, parce que toutes sont reliées au libéralisme. Bien entendu, les positions libérales explicites sont visées. Mais aussi la récupération des idéologies collectivistes par le libéralisme : ainsi du socialisme qui a trahi l'idéal de Jaurès pour se trouver subverti par le poison Mitterrand. Le grand secret des idéologies passées, c'est qu'on a présenté à l'homme contemporain l'alternative au libéralisme identifié au capitalisme. C'était le marxisme - et ses applications politiques afférentes, comme les communismes.
Marx reprend les dogmes du libéralisme pour les dépasser. Comme le libéralisme repose sur des erreurs impérialistes, les corrections marxiennes reprennent les erreurs qui obscurcissent les corrections proposées. En réalité, le communisme comme renversement dialectique du capitalisme est une erreur, une impasse, voire une imposture et un mensonge. L'héritage de Marx n'était pas viable pour critiquer le libéralisme. Raison pour laquelle le communisme s'est effondré - l'hégémonie du libéralisme a pu laisser penser que le monde était multipolaire et que la fin de l'histoire était arrivée.
La fin de l'histoire libérale, oui. Face à ce désastre où la propagande (médiatique) travestit la réalité, toute alternative au libéralisme se trouvera impitoyablement critiquée, calomniée, éreintée par les sbires du libéralisme. Si vous pensez que le libéralisme exprime la quête de la liberté, sa vraie face promeut l'impérialisme commercial au service de la Compagnie des Indes britannique (la main invisible). De même que le communisme est la correction révolutionnaire du libéralisme, de même nous vivons dans une autre illusion consécutive, plus large et fondamentale, qui tient à l'amalgame entre libéralisme et capitalisme.
Le capitalisme définit un mode d'organisation économique, quand le libéralisme propose une certaine conception commerciale du capitalisme. L'on peut être capitaliste sans être libéral. Sans doute trouvera-t-on d'autres formes d'organisation économique que le capitalisme. Le préjugé de l'heure identifie capitalisme et libéralisme parce que la plus performante organisation économique moderne se nomme capitalisme. Le mérite lucide distinguera entre capitalisme et libéralisme à l'heure où la propagande libérale établit une équivalence complice et maligne entre les deux termes.
Quant à la complicité sourde et obvie, elle prône la dépolitisation face à des sujets aussi complexes qu'inutiles. Pendant qu'on se désintéresse des thèmes politiques, ceux qui sont intéressés à l'impérialisme agissent activement sur la scène désertée. Les dépolitisés sont ainsi les complices des libéraux qui dominent actuellement et qui sont en passe de détruire le système politique. Si on poursuivait cette attitude de dépolitisation, qui est une forfaiture pour la démocratie, on aboutirait à une situation de chaos irresponsable qui en dit long sur l'identité des dépolitisés (entre bêtise et nihilisme).
Force est de constater que les dépolitisés expriment l'irresponsabilité, l'irrationalité, trop souvent la médiocrité intellectuelle et morale. Quant aux libéraux, leur tactique est limpide : tout ce qui ne participe pas au moins indirectement de leur dogme sera classé à l'extrême-droite, une classification qui exclut, marginalise, discrédite et qui en dit long sur l'intolérance d'un milieu qui se réclame de la tolérance - pour peu qu'on pense comme lui. Ce ravalement grotesque et immotivé à l'extrême-droite a certes valeur de discrédit total, mais pas seulement : il s'agira aussi d'indiquer que dans l'échiquier politique façonné par le libéralisme, toutes les opinons ont leur cours - que le libéralisme est capable de comprendre en son sein toutes les idées, toutes les options, toutes les opinions.
Affirmation tendancieuse de la démesure : le libéralisme exprimerait rien moins que la totalité des opinions. Le libéralisme total est l'avatar du mythe de la complétude - du désir. Cette insinuation est bien entendu totalitaire. Comme quand un idéologue ultralibéral insinue qu'après la chute du communisme (soit l'alternative intérieure au libéralisme présentée commeextérieure), nous aurions atteint la fin de l'histoire. C'est une stratégie typique de la mentalité hégélienne que de produire un schéma dans lequel le changement est contenu dans le système. C'est la méthode ternaire de l'Aufhebung, qui constitue une négation de la méthode dialectique socratique, selon laquelle le changement est extérieur au système - le seul moyen d'y parvenir est le dialogue.
La méthode dialectique hégélienne et son application idéologique marxienne sont la subversion contemporaine (la trahison) de la dialectique classique de type socratique. Un cran au-dessus dans le processus de subversion de la dialectique classique, on trouve le chaos constructeur d'un Nietzsche, repris par l'élite intellectuelle (ramassis de médiocrité mimétique et prévisible) contemporaine et délirante (triomphante). Quant au libéralisme, outre que c'est une idéologie qui exprime la réduction de la philosophie à l'idéologie, il reprend la méthode du totalitarisme consistant à faire passer la partie pour le tout.
C'est donc un dérivé d'immanentisme, puisque le propre de l'immanentisme présente le désir comme complet. Le libéralisme applique cette variante ontologique (de nature éthique) en laissant entendre que toutes les options idéologiques sont contenues dans son système, ce qui est une manière de clore le débat - sans l'avoir résolu. Le libéralisme énonce la fin de l'histoire au sens où il contient toutes les options humaines possibles dans le champ politique. Plus exactement dans le champ idéologique.
Cette prétention démesurée et totalitaire, qui indique que la fin se rapporte au terme, se trouve confirmée par les idéologies dérivées de la pensée marxienne, qui confondent (fondent) libéralisme et capitalisme. Maintenant, que l'on revienne à un fait significatif, qui ne prend son sens que dans cette distinction entre libéralisme et capitalisme. Je vise le traitement méprisable infligé d'ordinaire aux larouchistes, qui distinguent justement entre capitalisme et libéralisme. Serait-ce la raison de leur ostracisation virulente et des calomnies invraisemblables qu'ils charrient, une fois qu'on a vérifié qu'ils n'étaient ni extrémistes, ni sectaires? C'est comme si dans le domaine privé un gêneur innocent se trouvait affublé de la réputation discréditante (et significative) de violeur ou de pédophile...
En 1995, lors des élections présidentielles qui virent la victoire finale de Chirac (et l'accession au second tour du candidat nationaliste poujadiste Le Pen), le candidat Cheminade reçut en guise de présentation médiatique démocratique et libérale un torrent d'insultes risible et débile. C'est ça, le reflet de la liberté libérale? On entendit à la télévision le journaliste Gérard Carreyroux (un modèle d'indépendance et d'intelligence) demander à Cheminade pourquoi il était antisémite; on lut un article du Monde (le quotidien de référence des bobos bien-pensants) insinuant que Cheminade était un candidat d'extrême-droite subventionné par le régime baassiste irakien de Saddam Hussein.
Passons sur la gravité des calomnies. Derrière l'hystérie qui indique à quel point on ment et on travestit sur l'essentiel (ce qui dérange) dans notre belle démocratie libérale, les galéjades recèlent une dimension profondément comique, tant elles reposent sur l'affabulation. Les comptes de campagne de Cheminade furent rejetés par le Conseil constitutionnel français, qui valida les comptes de Balladur et Chirac. L'opinion publique et les médias ne pipèrent mot. Quant au petit candidat Cheminade, il se retrouva ruiné et méprisé - et c'était bien mérité : après tout, n'était-il pas un trouble néo-nazi proche du gourou sectaire LaRouche, quelqu'un qu'il fallait fuir dare-dare et qui méritait son sort funeste?
C'est ici (notamment) que l'on mesure à quel point les membres des démocraties libérales occidentales sont responsables de la chute qu'ils subissent en ce moment : car c'est Cheminade qui avait raison et ils n'ont rien dit; comme des moutons, ils ont oscillé entre dépolitisation et condamnation, au nom de la loi du plus fort; la bêtise moutonnière provient du jugement mimétique. Maintenant que nous sommes en 2010, il flotte comme un parfum de justice immanente. Le système s'effondre, comme Cheminade l'avait prévu en 1995, à cause de la désintégration du cancer financier centré autour de la City de Londres; et surtout, la vérité commence à apparaître.
Dans un article du Monde paru le jeudi 26 novembre 2010, les journalistes Raphaëlle Baqué et Pascale Robert-Diard reconnaissent que les comptes de campagne de Balladur et Chirac étaient truqués, et que c'est Cheminade, le petit candidat avec 0,28% des suffrages au premier tour, qui n'a pas été remboursé. Même commentaire dans une dépêche de l'AFP, qui est connue pour reprendre factuellement (superficiellement) les nouvelles favorables au pouvoir occidental :
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hJjONLnRrc5-Hc4OKawV2-JEML7w?docId=CNG.c2ee98aa6da1a035e0dd89939ef9af8d.c1
Encore plus étonnant dans la reconnaissance tardive : le crypto-nationaliste Zemmour, invité de tous les médias à l'heure où les extrémistes fleurissent dans notre joujou libéral fin de règne, dans une chronique sur la grande radio RTL, se livre au même type de commentaire soudain honnête (du moins en partie) :
http://videos.rtl.fr/video/iLyROoafZhWv.html
Zemmour est connu pour ses positions en faveur de l'impérialisme romain, dont la France serait le prolongement historique; tant Le Monde que l'AFP n'ont pas ménagé Cheminade, déversant sur sa réputation les mêmes flots de mensonges et d'erreurs avariées. Aujourd'hui, ils commencent à reconnaître l'essentiel, sans aller jusqu'au mea culpa : que Cheminade a été victime des très graves habitudes de corruption des institutions françaises et que c'est au moment où ces institutions s'effondrent, ébranlées par la crise terminale du libéralisme porteur, que l'on commence à sortir la vérité autour de Cheminade.
Le scandale est aussi une habitude. L'homme honnête se retrouve ruiné, alors qu'il est le seul à avoir osé dire la vérité. LaRouche emprisonné, calomnié et persécuté - pour les mêmes motifs. Pendant ce temps, la plupart des citoyens d'Occident n'ont rien dit, préférant ne rien comprendre et suivre les propagandes mensongères qu'on leur serinait à longueur de temps dans les médias dominants. Les citoyens d'Occident se sont couchés devant le libéralisme, tant le libéralisme représentait l'avatar contemporain de la loi du plus fort.
Cette manière de commettre l'injustice politique rappelle le précédent de Jésus, qui fut mis à mort par les Romains et les représentants du Sanhédrin, à ceci près que Cheminade est un homme politique, quand Jésus était une figure religieuse. La vérité finit toujours par sortir, surtout quand elle se trouve au départ maltraitée. C'est le signe que plus ce qu'on dit est vrai, plus le chemin de la reconnaissance s'avère long, cruel et sinueux.

P.S. : j'apprends par une dépêche du site de Solidarité et Progrès que deux agressions physiques ont été effectuées contre des équipes françaises de larouchistes depuis la reconnaissance médiatique de l'injustice perpétrée à l'encontre de Cheminade. En quelques heures donc. Comme d'habitude dans ces histoires de manipulation, les violences ont été réalisées pour des motifs antifascistes, alors qu'ils sont mus par l'état d'esprit le plus fasciste qui soit. Outre l'aveu de faiblesse qui se tapit derrière l'intimidation, il convient de réaliser que le caractère physique des agressions implique la reconnaissance négative, violente, déniée du phénomène attaqué. Qu'est-ce que le physique, si ce n'est le plus immédiat, le plus explicite signe de reconnaissance? En agressant physiquement, les nervis manipulés, sans doute desantifas primaires manipulés par des groupes à l'opposé des convictions qu'ils affichent, avouent à rebours la vérité : que les larouchistes ne sont pas des fascistes, mais des capitalistes progressistes injustement martyrisés parce qu'ils proposent une alternative capitaliste au libéralisme moribond. Pis, ils reconnaissent que le libéralisme qui les meut et qu'ils attaquent dans leur incompréhension se trouve dans un état d'agonie qui justifie les pulsions de violence incontrôlée et désespérée, en particulier les leurs. Comment dit-on - suicidaire?

2 commentaires:

simplesanstete a dit…

Et qui réunissent, en trouvant un commentaire grossier chez Nabe, vous décrivant, me voici,félicitations, vous êtes sur ma liste.
Georges.

simplesanstete a dit…

J'ai été viré de chez Paul Jorion, l'avatar d'Attali. Une saloperie très séduisante qui plait à la classe moyenne,classé 1er des blogs économiques sur wiki.
Ce mec entretient aussi la paranoïa de toutes les étiques quêtes, son dernier livre "Le prix" n'a aucune valeur.
La valeur c'est toujours l'échange.
Bien à vous.