mercredi 24 novembre 2010

Et ta nation?


http://www.egaliteetreconciliation.fr/Apres-l-Irlande-le-Portugal-de-nouveau-en-premiere-ligne-4699.html

Les deux premiers liens renvoient à la crise irlandaise, qui alourdit encore la crise financière européenne (mondiale) et indique que la brutale agonie du système monétaire international approche de sa fin si aucune mesure n'est prise pour amorcer un Glass-Steagall global et mettre en faillite les intérêts spéculatifs toxiques. Après l'Irlande, ce sera le Portugal, l'Espagne et l'Italie... Effet dominos. Impossible pour ce système monétaire de surmonter sans un sévère avis de tempête la faillite de l'Etat espagnol.
Actuellement, les capitaines à la barre sont des barrés qui n'ont rien à perdre et ont adopté un comportement suicidaire - désespéré. Face au mur, ils accélèrent. C'est comme un alcoolique à qui l'on explique qu'il faut arrêter de boire sous peine de mort proche et qui en réponse au verdict augmente sa consommation d'alcool... Tant qu'on ne comprendra pas que les financiers qui dirigent le monde sont aveugles et cinglés, que le roi est nu, on perdra son temps entre fausses références et pathétiques révérences.
Pendant ce temps, Obama achève sa décrépitude de messie progressiste nimbé de négritude et de l'aura Luther King dans la décompensation narcissique; et le président Sarko dérape autour de l'affaire Karachi, en hurlant à la calomnie, au complot délirant et en traitant un journaliste de pédophile putatif... Si les politiciens de haut niveau perdent leur nerf, c'est qu'ils suivent la pente savonneuse d'un système monétaire qui dérape de manière incontrôlée, dans une violente et prévisible embardée menant à plusieurs tonneaux, puis à l'abîme.
Quant aux citoyens des démocraties libérales occidentales, ils agissent comme des boxeurs groggys ou des autruches terrées - au choix. Ils se meuvent entre déni dépolitisé et incompréhension de bois. Ils feraient mieux de se hâter d'agir politiquement, car ils seront les premiers moutons à payer pour la folie de leurs bergers qu'ils ont accrdéités en toute veulerie et tout opportunisme. Si l'on doute encore de la gravité de la situation, que l'on lise la troisième dépêche,
http://french.peopledaily.com.cn/31966/101177/index.html
qui indique qu'en Chine, un des rares pays dans le monde à opposer quelques mesures vigoureuses contre la politique frénétique de la planche à billets, on prend des mesures contre l'hyperinflation, qui est devenue inexorable dans la configuration actuelle suite à la décision début novembre de la Réserve fédérale américaine d'imprimer quelques 600 milliards de dollars supplémentaires pour enrayer l'effondrement de l'économie physique américaine...
Nous vivons une époque de crise où l'événementiel devient essentiel, soit où chaque événement ou presque acquiert une portée ontologique. Ce pourrait être une aubaine pour des idéologues prétentieux comme un BHL en France, mais ils ne peuvent accéder à cet événementiel essentiel, eux qui ont liquidé l'essentiel dans un réflexe d'immanentistes terminaux et disjonctés.
Quand on avance que le temps s'accélère ou que les événements deviennent capitaux, c'est parce que d'un point de vue ontologique la crise implique une injection, non de liquidités, mais de changement, d'Etre - diraient des platoniciens (et autres ontologues associés). Un néanthéiste dirait que c'est le mécanisme d'enversion qui se déclenche et qui introduit du néant existant dans l'être fini.
Mais cet événementiel de crise ne devient accessible à l'essentiel que quand on saisit la structure fondamentale de cette crise. Fondamentalement, cette crise est religieuse. C'est une crise de sens. Cette crise religieuse se répercute de manière politique : sur quel héritage vit-on depuis l'avènement de l'époque moderne? Sur la domination antiimpérialiste des Etats-nations qui ont été inventés contre les guerres de religion engendrées par la politique de chaos mené par l'impérialisme européen (notamment des Habsbourg).
Qu'est-ce que l'Etat-nation? Comme son nom l'indique, c'est la superposition de l'Etat et de la nation, soit l'idée selon laquelle un groupe est dirigée par un Etat. L'idée de Mazarin et des opposants à l'impérialisme européen mené par la dynastie des Habsbourg est simple, quoique lumineuse : c'est d'opposer la notion de volonté générale à la notion d'individualisme isolé débouchant sur le féodalisme des factions, soit l'agrégation disparate de quelques individus privés de volonté générale et se mouvant en piratant de l'intérieur la volonté générale.
L'Etat-nation promeut la volonté générale alors que la mentalité oligarchique la détruit. Mais toute la rhétorique lancée par le cheval de Troie de l'Union européenne consiste précisément à détruire les Etats-nations en les déclarant obsolètes. C'est ce que déclarent les conseillers de Blair qui sont aussi les inspirateurs de l'Union européenne et qui du coup montrent le visage de leurs maîtres : les élites financières dirigées depuis la City de Londres.
La destruction de l'Etat-nation est la fin déclarée de l'oligarchie financière qui veut remplacer ce système contraignant pour ses intérêts par le féodalisme. Le dessein de l'oligarchie financière mondialiste implique la destruction des Etats-nations et leur remplacement par des entités régionales sans principe universel et en interdépendance avec les autres zones fédérales dans le monde. L'alternative est simple : soit l'on détruit les bulles financières toxiques; soit les Etats-nations seront remplacés par des fédérations bureaucratiques au service d'intérêts financiers féodaux et implacables.
Toute tentative de considérer le problème sans prendre en compte sa trame politique internationale aboutit à des contresens et des caricatures qui proviennent de la réduction effectuées depuis le problème général vers des problèmes particuliers déconnectés de leur sens général. Les informations présentées ci-dessus ne prennent tout leur sens que si on les relie au problème de philosophie politique de l'Etat-nation en tant que seule forme politique connue de nature antioligarchique et antiimpérialiste. Sinon on est condamné à prendre des mesurettes timorées et inadaptées face à un problème véritablement plus général, qui cible l'ensemble de l'humanité.

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