mardi 28 juin 2011

Réchauffement politique

Suite à l'intervention chez Ruquier (ONPC du 18 juin 2011) du maire de Sèvres et conseiller général en Seine-Saint-Denis Gategnon, notre ancien communiste, rallié au parti écolo-malthusien emmené par Cohn-Bendit & Co. Europe Ecologie, prône la légalisation du cannabis en France, dans un livre-manifeste intitulé Pour en finir avec les dealers. Sans doute cherche-t-il à faire progressiste de cette manière ultralibérale et hollandaise. La légalisation consiste à admettre que l'on a perdu la partie, pas une partie des plus importantes, pas sur le seul pan moral, juridique ou social, mais sur le plan fondamental ontologique : l'effondrement du niveau (au sens le plus général) auquel est parvenu l'homme dans son système actuel est irréversible. Face à cet effondrement, deux attitudes sont à l'oeuvre :
- ceux qui proposent un changement vertueux, consistant à casser l'anti-dynamique perverse de la décroissance;
- ceux qui au nom du progressisme le plus dévoyé et pervers entérinent la décroissance - et l'adoubent même.
Gategnon appartient à la deuxième catégorie et, par la stratégie qu'il propose, montre pourquoi il a rejoint les écologistes gauchistes et malthusiens après avoir milité dans les rangs du communisme sociétal privé de sa substance marxiste historique. Dorénavant, on sait pour qui roule ce genre de soi-disants gauchistes écolos et bobos, dans la digne lignée d'un Cohn-Bendit autoproclamé libéral-libertaire après avoir tâté du trotskisme soixante-huitard : ces idéologues néo-malthusiens, relookés en défenseurs courageux et avant-gardistes du Bien et de l'écologie, travaillent, sciemment ou inconsciemment, pour les intérêts financiers dérivés de la City de Londres. Le plus comique (malgré leurs dénégations effarouchées) sera de les retrouver sur la même ligne qu'un Soros, spéculateur amoral qui se réclame lui aussi du progressisme (il a financé Obama aux dernières élections présidentielles américaines) et qui, fait des plus troublants, est un des principaux promoteurs de la légalisation de la drogue dans le monde (via notamment son Quantum Fund basé dans les Antilles hollandaises).
Le spectacle de Gategnon positionné en coco vert aux ordres des financiers mondialistes (et pas du tout en écologiste respectable, incompris et avant-gardiste) ne sera une surprise que pour ceux qui n'ont pas compris que les principaux bénéficiaires de l'argent (colossal) de la drogue ne sont pas quelques mafieux traqués et illégaux à la Escobar en Colombie - mais que de respectables banquiers, passant de conseils d'administration en réunions interbancaires dans leur impeccable costard-cravate, recyclent et blanchissent l'argent de la drogue - et n'en ont sans doute jamais vu (encore moins consommé). Les rapports d'Antonio Mario Costa, directeur général de l’Office des Nations unies à Vienne et directeur exécutif de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (entre 2002 et 2010), représentent de précieux témoignages sur l'identité et la structure des trafics de drogue, qui depuis belle lurette augurent de ce à quoi aspire la finance mondialiste : passer au-dessus des États et des luttes anti-drogues étatiques.
La position d'un Gategnon en matière de drogue est représentative de ce que sont les Verts sur l'échiquier politique mondial en pleine déconfiture : une force (farce?) politique qui sous couvert de militer en faveur de vertueux préceptes (la sainte défense de l'environnement menacé) travaille en réalité pour le progressisme perverti au service de la décroissance libérale. Les serviteurs progressistes de l'ultralibéralisme sont ces écolos qui passent pour des gauchistes impeccables à même de séduire les dépolitisés des démocraties occidentales dans la mesure où leur discours ne serait plus tout à fait politique, allant jusqu'à se présenter comme insidieusement supérieur au politique.
On mesure ce que l'idéologie financiariste a apporté à la gauche emmenée par des personnages comme Cohn-Bendit le libéral-libertaire assumé en France, en Allemagne et en Europe ultralibérale et en faillite : une écologie au service de la finance folle mondiale, ce dont, après tout, Dany le rouge-vert-brun (ses acolytes plus ou moins directement) se réclame quand on se souvient de son évolution pragmatique de député européen au service explicite des intérêts monétaristes supranationaux de la BCE (sous le contrôle inavouable et finalement drolatique de la City de Londres).
Les écologistes sont le cheval de Troie des ultralibéraux dans le camp progressiste, avec pour mission perverse de faire passer des mesures draconiennes d'austérité malthusienne qu'aucun gouvernement ultralibéral déclaré (chez les conservateurs) ne se risquerait à assumer - comme Mitterrand le synarchiste socialiste lança la campagne de privatisations en lieu et place du camp libéral conservateur; ou que DSK repeignit le FMI en rose pour infliger les mêmes précédentes politiques antisocialistes aux peuples et en faveur des oligarchies, avant son arrestation très politique et médiatisée pour viol sur une femme de ménage étrangère africaine - tout un symbole.
Les ultralibéraux ont compris que le libéralisme sous sa forme convenable (la liberté, la démocratie, la pérennité) était mort et que désormais l'oligarchie avançait à visage découvert (la domination, la violence, le chaos). Du coup, ils subventionnent des partis progressistes qui confèrent le visage du progressisme décroissant à la gauche, en remplacement d'un socialisme libéral arrivé en fin de course - et des idéaux collectivistes moribonds qui historiquement occupaient la place du progressisme. Le vert de l'écologie malthusienne non seulement recouvre de son influence financière l'écologie dans son intégralité (alors que l'écologie n'est pas malthusienne ni de gauche), mais surtout le rouge du communisme et le rose du socialisme.
Dans une configuration d'effondrement systémique, la décroissance est progressiste au sens où elle légitime l'adaptation au déclin et à l'idée effrayante selon laquelle on n'a pas d'autre choix que d'accepter les mesures d'austérité oligarchiques (définition politique de la nécessité). Les défenseurs des renflouements des peuples en faveur des factions mondialistes expliquent que la mesure est terrible, mais inévitable; même rengaine avec les écologistes qui au nom du réchauffement climatique anthropique, et autres théories hystériques et irrationnelles, vous démontrent que l'homme n'a d'autre choix que la décroissance (la décroissance est le masque gauchiste de l'ultralibéralisme).
Cette décroissance, promue par les néo-maltusiens depuis le Club de Rome, en particulier le WWF (fort justement attaqué ces derniers jours suite à un reportage diffusé en Allemagne par la chaîne de télévision publique ARD), ne recoupe pas forcément le mouvement politique de la décroissance officielle et militante, qui désignerait l'expression virulente et assumée de l'écologie politique, malthusienne, caractérisée par l'adhésion à l'entropie "philosophique".Prudent (au sens aristotélicien) moyen de laisser entendre que l'écologie ne serait ni décroissante, ni malthusienne, mais simplement et honnêtement nécessaire (donc plus que superficiellement politique)!
En réalité, l'écologie confisquée par le malthusianisme progressiste perverti (néo-malthusianisme) est forcément décroissante, au sens où elle entérine et légitime l'effondrement financier. Comment s'adapter à un monde en décroissance? Par l'adhésion aux préceptes faux et fous de l'écologie néo-malthusienne, que l'emblématique WWF se charge de promouvoir au nom de la City de Londres et de la monarchie britannique. La décroissance définit l'ensemble de l'écologie politique de l'heure, d'obédience néo-mathusienne, et pas seulement les membres conscients et reconnus des partis militant pour la décroissance. Comme dans tous les mouvements d'idées, il existe plusieurs lignes d'engagement au sein de l'écologie, certaines plus radicales que d'autres, mais toutes ont pour point commun de souscrire à un degré ou à un autre à la décroissance en tant que concept philosophique.
Si la démagogie désigne la dégénérescence des formes de démocratie, comme les Anciens le redoutaient, l'écologie néo-malthusienne avec son apologie plus ou moins implicite de la décroissance exprime cette démagogie aux accents de préservation (le mythe de la pureté abrite le poison de la destruction mortifère). Comme si le fait de préserver la Nature revenait à entériner la dégénérescence sociale, culturelle et systémique qui découle de l'entropie ontologique (dont le physique n'est qu'une émanation). La Nature, dès Spinoza et chez les malthusiens de tous bords (dont les décroissants au sens large qui recoupent les néo-malthusiens), est une conception finie du réel (immanente); à ce titre, l'inscription de l'écologie dans les idéologies de gauche est justifiée : les idées idéologiques revendiquent cette finitude, comme l'exprime l'idéologie la plus célèbre, le marxisme (et son substrat théorique le matérialisme marxien).
La nature écologique promeut une vision finie et statique du réel, un état fixe psuedo-réaliste par rapport auquel il est légitime de toujours s'adapter. La vision politique d'un Vert comme Gategnon suinte le pragmatisme, consistant à s'ajuster à l'entropie de la Nature, puisque cette Nature quasi divinisée (comme les adeptes de Gaïa) agit d'une manière totalement étrangère et extérieure à l'action humaine. Le rôle du politique consiste non pas à changer l'extérieur, mais à servir de courroie de transmission zélée (cas de Gategnon) consentant aux changements extérieurs, face auxquels l'homme se trouve démuni de tout pouvoir.
Et peu importe que l'entropie aboutisse de manière plus qu'inquiétante à l'annihilation et à la disparition de l'homme dans la conception décroissante au sens large : la Nature étant bienfaisante et divinisée, elle ne saurait être critiquée, bien que sa promotion irrationnelle laisse entrevoir des fondements pour le moins incohérents (comme la négation immanentiste de l'infini et l'affirmation de sa complétude). La confiance que l'écologiste accorde à la Nature est suicidaire, puisque cette Nature entropique et anti-anthropique débouche sur la disparition de l'homme.
L'écologie exprime moins l'adaptation de l'homme à l'effondrement que la légitimation du suicide (plus du réel que de l'homme). Comme si le progressisme consistait moins à croître qu'à accepter la décroissance, à l'instar de la bête qui, sur le point d'avoir le cou tranché, se laisse faire, fataliste et considérant (inconsciemment et avec anthropomorphisme) que mieux vaut mourir sans souffrance que d'y ajouter des tourments superflus. Il y aurait deux attitudes face à l'inévitable entropie qui affecte le réel plus profondément encore que la société humaine : soit la poursuite aveugle et sourde d'un comportement anti-entropique d'intérêt et de profit qui accélère le processus; soit l'acceptation de la nécessité entropique qui permet d'atténuer les douleurs jusqu'à (peut-être) laisser espérer une disparition douce et quasi euthanasique. Serait-ce que l'écologie malthusienne incarne le visage terminal du nihilisme avant sa disparition contemporaine (sous sa forme de l'immanentisme)?

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