Rien de mieux pour rire, à présent qu'un comique professionnel comme Dieudonné s'est dévoyé dans l'idéologue postcomique, qu'un foulosophe qui joue à l'intellectuel, comme le bourgeois gentilhomme apprenait l'alphabet pour devenir lettré. Si l'on voulait en France un exemple de l'égarement dans lequel se tiennent les représentants intellectuels (experts) de l'oligarchie, on trouverait maints exemples de dérives récentes. Mais l'incarnation la plus éclatante est ce BHL qui ne se rend plus compte que dans une gradation historique et quasiment une justice immanente (double châtiment pour ce spinoziste), il se démasque de plus en plus, tombe dans le ridicule et en vient à défendre les causes les plus injustes qui soient.
C'est le cruel paradoxe auquel on parvient quand on défend l'oligarchie fin de règne : la règle du jeu oligarchique s'éloigne de plus en plus des valeurs morales découlant du réel. Après avoir commencé en insinuant qu'il était un intime de Massoud, puis avoir enchaîné sur divers autres forfaits mythomanes, notre BHL a décidé il y a peu de défendre Polanski. Peut-être parce qu'il était juif, surtout parce qu'il était célèbre et faisait partie du monde des artistes oligarchiques. Pourtant, Polanski s'était rendu coupable d'un crime des plus reluisants : avoir administré à une mineure (quatorze ans je crois) une drogue idoine pour mieux la violer avec une sauvagerie certaine.
BHL n'a pas compris que le cas de Polanski était indéfendable tant il est vrai que l'oligarque se tient au-dessus des lois qu'il estime créer, en particulier l'artiste qui crée ses propres valeurs (suivant la définition de Nietzsche). Maintenant, notre BHL égaré et évaporé prend la défense de Battisti, qui fut condamné pour avoir tué trois personnes (voire quatre) en recourant au terrorisme criminel et lâche des années de plomb en Italie. Oubliant sans doute l'histoire du Gladio et la manipulation de fractions d'extrême-gauche par des cercles d'extrême-droite atlantistes, oubliant encore plus l'histoire de Venise la république oligarchique ancêtre de l'Empire britannique qu'il sert indirectement, BHL s'enflamme pour un nouveau coup foireux : Battisti en tant que figure de l'intelligentsia parisienne mérite d'être défendu toutes affaires cessantes car il est un écrivain symbole du petit monde oligarchique des Lettres. Du coup, il n'est plus un ancien terroriste évident, mais un révolutionnaire transfiguré en artiste au-dessus des lois.
BHL aurait-il été contaminé par la grandiloquence pompeuse de sa danseuse officielle, pardon, de sa femme fidèle Dombasle? Il est vrai qu'au fil des ans, notre héraut plus qu'héros commet de plus en plus d'erreurs grossières, dont la plus savoureuse est sans doute cette référence quasi ultime (c'est un testament) au botulisme, confondant la pensée réelle avec la parodie et le canular. Mais c'est que la pensée de BHL est un canular. Dès qu'il entre en contact avec le réel, le faux BHL délire. Il soutient des criminels, des violeurs et des philosophes fictifs. Allez savoir ce qui est le pire. BHL incarne la dérive terminale de l'intelligence oligarchique : on commence par défendre la démocratie libérale, puis on s'enlise avec des crimes de plus en plus inacceptables, puis on finit discrédité et pitoyable, se tropant entre la morale oligarchique (les plus forts) et la morale classique (l'universel). Gare : BHL est encore jeune et il est fort à parier qu'à ce train d'enfer, il sera oublié avant sa mort, ce qui constituerait le pire châtiment pour une momie qui se prend pour le successeur de Sartre. La vérité : BHL est un symptôme fidèle de ceux qu'il représente. Il agonise en intellectuel comme les oligarques s'effondrent.
Si l'on veut jauger de la nullité de son écriture, que l'on lise la lettre compassée et maladroite qu'il dépêche au président brésilien Lula, oscillant entre la maladresse de Jourdain et la transfiguration en Grand Mamamouchi :
http://laregledujeu.org/2009/12/06/561/lettre-ouverte-au-president-lula-sur-le-cas-battisti/
Puis, pour s'aviser que l'imposture intellectuelle BHL est consommée, voici la réponse que lui adresse une journaliste italienne, figure historique de l'antifascisme :
http://www.courrierinternational.com/article/2011/01/07/l-ignorance-crasse-des-intellectuels-francais
Spinelli a le mérite de citer Jésus : "Même Jésus avait du mal avec les imbéciles. Il admettait : "Les boiteux, je les ai guéris, les aveugles aussi. Mais, pour les imbéciles, je n’ai rien pu faire." Il est vrai qu'on ressent particulièrement ce sentiment en ce moment où l'effondrement des valeurs en cours a le don d'exacerber des sentiments d'agressivité et de bêtise chez de nombreux rebêles fragiles et déboussolés. Archétype de ce fatras, le cas éminent et médiatique de BHL est d'ores et déjà nominé pour l'expression de la bêtise contemporaine. Bêtise oligarchique.
2 commentaires:
Cher Koffi Cadjehoun,
Vous parlez de Botul Hors Ligne comme s'il se trompait, comme s'il était capable d'un semblant de sincérité erratique. Or, depuis toujours, cet animal dénaturé ne se trompe pas, il trompe. Propagandiste à gages, il en donne à ses employeurs pour leur argent et basta. Excusez-moi, mais, quand on se trouve en face de ça, on n'argumente pas, on ne commente même pas, on tire.
Au moins un trait.
Catherine,
Qui vous lit toujours avec grand plaisir.
Merci pour votre constat, mais je ne suis pas certain que le bonhomme ne soit pas en partie sincère, guetté par une certaine mégalomanie quand on lit la pauvreté de sa prose.
Le délire de BHL me semble plus drolatique qu'attaquable
Enregistrer un commentaire