dimanche 2 janvier 2011

2011 : crois sens

« Tout individu humain a droit à l’entière croissance. »
Jean Jaurès, Le socialisme et la vie, 1901.

Il va y avoir de l'hyperinflation - on ne sait pas quand. Il va y avoir des faillites d'Etat encore plus retentissantes que la Grèce ou l'Irlande - on ne sait pas quand. Plus tard, les historiens qui se pencheront sur cette période, démentant a posteriori le millénarisme apocalyptique de ceux qui estiment que c'est vraiment la fin des temps, répéteront que l'homme a traversé durant le début du vingt-et-unième siècle chrétien une des pires crises de son histoire. Nous n'en sommes qu'au début, pas à la fin. Cela ne veut pas dire que quantitativement nous en soyons au début, car les choses peuvent aller très vite - se résoudre très rapidement. Cela veut dire que nous en sommes au début qualitatif. La résolution qualitative implique que l'on surmonte la crise. Comment? L'année dernière, je prévoyais à la suite de nombreux analystes plus reconnus une période de changement. Eh bien, pour 2011, affinons. Le symbolique peuple palestinien n'est pas le seul à avoir besoin, de la manière la plus urgente, du changement. Nous commençons à nous rendre compte que c'est l'homme dans son ensemble qui en a le plus besoin au moment où l'on estimerait qu'il a enfin atteint sa vitesse adulte - de croisière. C'est l'homme réuni, l'homme unifié, l'homme mondialiste, qui est en crise. Pas n'importe quelle crise. Une crise dont on a cru au départ qu'il s'agissait d'une petit grippe passagère, alors qu'on se rend compte avec le temps qu'il est question d'une maladie pouvant développer des effets gravissimes. Au passage, on jaugera du manque de jugement de la plupart des observateurs, en particulier des citoyens d'Occident, qui confondent la dépolitisation avec l'avant-garde critique. Exemple symbolique : nos moutons qui se croient revenus de tout et désillusionnés mettent un temps effrayant à s'en prendre à Obama, non pas tant parce qu'il est Noir (ce qui est faux), que parce qu'il poursuit une politique oligarchique de plus en plus ouvertement fasciste (consistant à renflouer Wall Street et à ruiner les classes moyennes américaines). C'est une politique emblématique de ce qui se produit en Occident et dans le monde : on (les cercles financiers mondialistes) aimerait passer d'un idéal républicain à un modèle oligarchique pragmatique. Cette mentalité est inévitable quand on définit le réel de manière fixe, figée et finie. C'est ce qui se produit politiquement à partir du moment où l'on décrète que la fin de la croissance humaine se trouve figée dans la phase de la mondialisation. On bloque l'expansion humaine à la mondialisation. Au contraire, il n'est pas possible d'imposer de manière générale et mortifère le spectre oligarchique à un projet humain fini qui se conçoit dans un réel dynamique et infini. Dès lors, il est encore plus urgent de se projeter (dès maintenant) dans l'espace que de prendre des mesures de bon sens contre la spéculation financière. Il est urgent d'appeler à la croissance. Croissance certes économique ou politique, mais surtout croissance ontologique et religieuse : c'est de théorie dont nous avons besoin - à une époque qui a réhabilité de manière aveugle et bornée le pragmatisme destructeur.

2 commentaires:

samuel a dit…

Bonjour,

J'aime beaucoup votre croisade contre les fervents promoteurs du Non-Etre triomphant. Je suis moi-même très réceptif aux travaux de Larouche aux états-unis et Cheminade en France.
J'aurais souhaité savoir quelle était votre position vis à vis de toute la mouvance traditionnaliste qui croît assez rapidement. Je parle ici de la mouvance la plus sérieuse et pertinente, qui est celle des lecteurs d'Evola, de Guénon (mais aussi de Platon bien sûr). Que faut-il penser (oui, pour qui n'est pas philosophe, n'en a pas le temps, il faut bien admettre la nécessité de se référer à des guides et ne pas hésiter à demander 'que faut-il penser') de personnage comme Laurent James ou Alain Soral (et en particulier de son interview sur Ripoublik), bref de cette tendance croissante de faire référence à la cyclologie traditionnelle pour qualifier l'époque? Pour toi est-ce simplement irrecevable? Ou vois-tu une cohérence et un possible mariage (conceptuel) de deux mouvements à priori totalement opposé mais se référant tout deux d'abord et avant tout à Platon (en opposition affirmée à Aristote). Bref, je fais appel à toi pour m'éclairer un peu, tant je trouve qu'il s'agit des deux mouvements les plus crédibles aujourd'hui.

Merci beaucoup pour votre travail

Samuel

Koffi Cadjehoun a dit…

Malheureusement, je crains que Platon en soit pas un traditionaliste, mais un grand philosophe qui permet de mieux comprendre le changement et l'innovation. Je connais mal Evola, mais Guénon est un auteur qui peut être sympathique, mais qui se montre souvent réactionnaire dans un sens philosophique : pensant qu'on peut retourner dans le passé et avec profit.
Je ne peux vous conseiller, car vous êtes libre, mais Soral est un nationaliste : prenez garde de ne pas verser dans la violence ontologique. Platon était républicain et opposé au nationalisme. Platon a essayé d'utiliser le meilleur de la culture égyptienne pour fonder l'innovation de la culture philosophique qui sera proche de l'innovation monothéiste. Quant à aujourd'hui, vous ne pouvez pas mélanger LaRouche et ses associés, qui se battent pour la république au niveau mondial, et les autres qui oscillent entre réaction et nationalisme. LaRouche est très calomnié, mais c'est un progressiste qui a le malheur de proposer une alternative au libéralisme et de se rendre dans l'espace. Deux crime pour l'oligarchie mondialiste attachée à l'immobilisme malthusien.
Bien à vous.