Selon un article lumineux d'Attali, la France est condamnée à perdre sa souveraineté d'ici 2013. Elle est condamnée à subir l'implacable loi des (anonymes) marchés financiers apatrides et mondialistes :
- tomber sous la férule du patron du FMI DSK, qui est peut-être Français, mais qui suit la loi d'un gouvernement mondial qu'il appelle de ses voeux de néo-keynésien au service de l'Empire britannique;
- pratiquer une politique nationale secondaire de régime drastique, avec coupes budgétaires dans les dépenses de santé, les retraites, les aides d'Etat en général.
L'arnaque d'Attali consiste à n'envisager qu'une possibilité, la nécessité de la politique monétariste dictée par les sacrosaints et tout-puissants marchés financiers. Alors qu'il existe une autre solution, évidente et bien connue : mettre en faillite les intérêts financiers privés et sauver les Etats - sauver les peuples. La nécessite est un mensonge politique aussi bien qu'ontologique : il suffit de se rendre compte qu'Attali est un porte-parole français des intérêts financiers mondialistes et que tout son jeu est de réclamer l'application de la lucidité tant qu'elle se trouve conjuguée à la nécessité.
La rhétorique mensongère d'Attali s'éclairerait s'il avait l'honnêteté élémentaire (en lieu et place de son intelligence sophistiquée au service d'intérêts oligarchiques) de nous expliquer qu'il tient le discours de tous les spéculateurs centrés autour de la City de Londres, lui qui vient des intérêts Lazard, vous savez ceux qui historiquement jouèrent un jeu si vénéneux avec l'ère de la synarchie française, notamment durant l'entre-deux guerres (proximité avec les intérêts bancaires Worms en particulier).
Attali se garde d'expliciter sa position parce que tout son jeu fonctionne tant qu'on le croit dicté par la nécessité unique. Attali n'a pas le choix. Il sera honnête au sens singulier où il débitera le discours unique et uniciste de l'oligarchie. L'oligarchie si elle veut maintenir son pouvoir en plein effondrement n'a pas le choix : soit on la met en faillite, soit elle est contrainte pour poursuivre sa course folle de mettre en faillite les peuples. Elle n'a donc d'autre choix que de mettre en faillite les peuples.
Comme les peuples se comportent en moutons, ils n'agissent pas de manière adéquate et lucide, en exigeant avec force que ce soient les intérêts financiers privés qui soient mis en faillite en lieu et place des populations - et que cesse cette farce funèbre. A écouter le discours trompeur et destructeur d'Atali, il conviendrait aussi de mettre en faillite tous les relais médiatiques de cette oligarchie financière. L'honnêteté d'Attali consiste certes à se montrer plus claire que les discours usuels qui nous divertissent avec des affaires publiques de quatrième ordre, ou avec des affaires aussi importantes que morcelées, mais cette honnêteté-là est perverse : dire la vérité à condition que cette vérité soit oligarchique.
Même si on suivait les recommandations que formule Attali et qui sont celles de l'oligarchie financière, on n'obtiendrait qu'un court répit. Car Attali ne peut pas expliquer que toutes les réductions budgétaires et les économies du monde ne viendront jamais à bout des dettes abyssales du système monétariste en faillite. Les dettes fictives sont colossales et la méthode monétariste mène droit à l'abîme - en enfer.
Le but véritable d'un oligarque est de contraindre les peuples à des réductions budgétaires pour mieux imposer la suite du programme oligarchique : l'oligarchisation du monde passe par le retour modernisé au modèle féodalisme médiéval. En ce moment a lieu le sommet de Davos, qui est une réunion oligarchique par excellence. Un des organisateurs de cette conférence tient des propos qui sont assez emblématiques de cette mentalité féodaliste :
http://blogs.wsj.com/ideas-market/2011/01/24/davos-congress-of-the-new-middle-ages/
Le parti politique injustement calomnié Solidarité et Progrès (des disciples de Roosevelt insultés d'extrémistes néo-nazis) a traduit ces propos explicites et violents, quoique acceptés, que les médias officiels se sont bien gardés de transcrire (ce serait pourtant plus intéressant que de nous abreuver et abrutir avec la propagande à propos du réchauffement climatique dû à l'homme ou la bonté socialiste d'Obama) :
«Un nouveau "momentum à la San Francisco" 1945 recréant les Nations-Unies ou même un sommet pour un ’nouveau Bretton Woods’ ne sont pas en mesure d’assurer la stabilité géopolitique et la prospérité du monde. Cette forme archaïque de pensée est un vestige égotique d’un monde mené par l’Occident. Plus fondamentalement, il s’agit même des restes d’un monde westphalien Etat-centrique. Eh bien c’en est fini. Nous sommes entrés dans un nouveau Moyen-âge : une ère ressemblant de très près au monde pré-westphalien d’il y a environ mille ans.
C’est cette période de l’histoire où l’Orient étant aussi puissant (voir plus) que l’Occident, les villes avaient plus d’importance que les nations, des dynasties et compagnies commerciales puissantes étaient le moteur de la croissance et de l’innovation, des mercenaires privés combattaient dans toutes les guerres, les croisades religieuses façonnaient les relations interculturelles, et les nouvelles routes terrestres et maritimes donnaient naissance à la (presque) première économie globale.»
L'oligarchie ne propose pas seulement quelques coupes budgétaires cruelles destinées à rétablir l'équilibre économique et à relancer la machine de production. Non, l'oligarchie recèle un programme de destruction des Etats-nations et leur remplacement par un modèle féodal postmoderne du monde. Cette oligarchie n'est pas un programme nouveau, mais l'adaptation postmoderne du féodalisme inégalitariste. Platon et Aristote nommaient ce programmeoligarchique, à cette différence près qu'Aristote entérine la forme politique la plus extrême de l'oligarchie, la tyrannie, quand Platon cherche un modèle républicain.
C’est cette période de l’histoire où l’Orient étant aussi puissant (voir plus) que l’Occident, les villes avaient plus d’importance que les nations, des dynasties et compagnies commerciales puissantes étaient le moteur de la croissance et de l’innovation, des mercenaires privés combattaient dans toutes les guerres, les croisades religieuses façonnaient les relations interculturelles, et les nouvelles routes terrestres et maritimes donnaient naissance à la (presque) première économie globale.»
L'oligarchie ne propose pas seulement quelques coupes budgétaires cruelles destinées à rétablir l'équilibre économique et à relancer la machine de production. Non, l'oligarchie recèle un programme de destruction des Etats-nations et leur remplacement par un modèle féodal postmoderne du monde. Cette oligarchie n'est pas un programme nouveau, mais l'adaptation postmoderne du féodalisme inégalitariste. Platon et Aristote nommaient ce programmeoligarchique, à cette différence près qu'Aristote entérine la forme politique la plus extrême de l'oligarchie, la tyrannie, quand Platon cherche un modèle républicain.
La référence au Moyen-Age cible non pas les périodes de progrès et de développement politique dans une vaste et méconnue période souvent tenue (à tort) pour obscurantiste et sombre; mais l'ère d'effondrement démographique et bancaire du XIVème siècle, suite à l'effondrement des banques dominantes en Europe, les banques lombardes florentines et vénitiennes mues par le système impérialiste, monétariste et commercial vénitien (dont est issu directement l'Empire britannique actuel).
Le modèle post-westpahlien fait référence au programme postmoderne de l'impérialisme selon Cooper et au féodalisme d'un conseiller de l'actuel Premier ministre britannique Cameron, un certain Blond. Si l'on veut une référence explicite à ce modèle, c'est le financier spéculateur Soros, qui est présenté par l'auteur indien Khanna comme un "investisseur-homme d'Etat", alors que les oligarques deviennent des références d'autorité niant la souveraineté des Etats-nations pour lui substituer l'horreur du fascisme orwellien (rien de moins) : "c’est une relation de pairs entre tous ceux qui sont quelqu’un."
On aura noté qu'être quelqu'un, c'est être un oligarque. Le modèle de l'oligarque Soros, qui est explicitement comparé à un prince florentin de la période précédant le terrible XIVème siècle, est le même impitoyable spéculateur qui a renversé plusieurs monnaies, dont la livre sterling, et qui se livre à l'apologie de la légalisation de la drogue et à l'apologie philanthropique du droit d'ingérence démocratique (où l'on voit au passage que ce droit n'est pas promu par les néoconservateurs américains, amis par leurs maîtres britanniques). Un Soros personnifie les pires traits de l'amoralisme oligarchique tels qu'ils sont théorisés à l'époque contemporaine par un Nietzsche (dont le programme de mutation ontologique dans le sensible, en alternative au nihilisme, n'a aucune chance d'advenir, ce qui revient à promouvoir le nihilisme entrevu et soi-disant décrié).
Quand Soros théorise le droit d'ingérence démocratique, il reprend de manière séduisante les théories de Cooper concernant les relations entre les fédérations impérialistes postwestphaliennes (comme l'Union européenne ou les Etats-Unis) - et les États considérés comme arriérés et archaïques : c'est la domination et le colonialisme qui sont la règle de l'ingérence démocratique. On en voit le résultat sinistre en Irak où l'on a détruit un État pour le morceler en plusieurs régions tribalistes et religieuses et pour mieux en piller les nombreuses richesses. Même programme en Afghanistan, qui est devenu depuis 2001 le premier État producteur de drogue dans le monde selon l'ONU (les théories de Soros se trouvant une fois de plus exaucées puisque l'ingérence démocratique se combine de manière paradisiaque avec la production de drogue sous contrôle des forces militaires occidentales).
D'une manière générale, le féodalisme implique la destruction des Etats-nations et leur remplacement par la régionalisation du monde, où les innombrables régions sont regroupées en fédérations administratives et antisouveraines (antidémocratiques et oligarchiques). Le modèle théorique de la régionalisation fédérée fut fourni par un Kohr pour l'Europe. On en voit, toujours en Europe, une application avec le démembrement de la Yougoslavie et son remplacement, sous couvert de démocratie, par des États toujours plus morcelés. Au final, le Kosovo est devenu un État se livrant à tous les trafics, parce que l'affaiblissement des États permet leur contrôle par des forces financières prédatrices.
Mais cette stratégie du chaos qui est la fin inavouable de la politique oligarchique ne peut surtout pas être promue et vantée par un Attali, ni même un Blond, sous peine de se retrouver discrédités et décriés (un Attali est d'ores et déjà démasqué en France pour son rôle au service des oligarchies, même si la dénonciation est encore trop timide). Il s'agit d'en rester prudemment (dans un bel élan d'euphémisme qui appelle l'amplification de la litote) à l'annonce de réductions budgétaires strictes et drastiques, ou, un degré en avant, au féodalisme futuriste maquillé en postmodernité (un terme qui ne veut rien dire). Pourtant, la politique du chaos est la fin de la destruction des Etats-nations et des manipulations autour de l'ordre postwestphallien avec un modèle historique vague (le Moyen-Age).
Si l'on se tourne vers les pays d'Afrique qui symbolisent l'état des nations arriérées et coloniales (colonisées), on découvre que la plupart de ces pays sont en train de s'embraser sous la forme de révoltes populaires travesties en révolutions colorées (comme en Tunisie) et en affrontements tribalistes donnant lieu à la partition géographique des pays. Cas du Soudan où le prétexte donné est la fin des conflits et la paix. Qui pourrait être contre un terme aussi fourre-tout que - la paix? La paix impériale ou la paix républicaine? L'instrumentalisation de la paix sert la stratégie du chaos, qui consiste à détruire toute souveraineté populaire pour mieux piller les richesses des pays.
Le Soudan offre un exemple éclatant de cette politique du chaos qui commence à être appliquée pour des raison vertueuses et perverses : on commence par exiger des réductions budgétaires, puis on lance le démembrement des Etats-nations sous couvert d'ordre pompeux postwestphallien, enfin on sème la guerre et la zizanie indéfinies, comme au Soudan. Et les théories d'un Cooper qui scinde l'ordre postimpérial en deux catégories (deux castes), les dominateurs et les dominés, les postimpériaux colonisateurs et les archaïques colonisés, est faux en ce que cette politique du chaos commence par être appliquée hors des territoires de l'Empire, mais finira toujours par revenir en Europe.
Le Soudan est un exemple de ce qui attend le citoyen occidental décérébré et obscurantiste qui croit que le plus sage est de s'amuser en attendant le naufrage (faire la fête sous la crise, comme variante du récent "Paris sous les bombes"). Entre les promesses d'un Attali et la réalité soudanaise, en passant par le maillon du féodalisme postmoderne et new age, la différence quantitative devient en terme dynamique de processus l'avant-garde de ce qui attend l'Occident. Si vous voulez prévoir stratégiquement le destin du coeur de l'Empire, regardez ce que subissent les périphéries de l'Irak, de l'Afghanistan, du Soudan, de la Tunisie, de l'Egypte... L'incendie ravageur se rapproche. Combien de temps allez-vous fermer les yeux? Tant que vous, citoyens occidentaux privilégiés et condamnés, refuserez de vous informer et d'utiliser votre cerveau à des fins intellectuelles et non plus pour des moyens hédonistes (le consumérisme, la fête et la contre-culture vidéo)?
A l'heure actuelle, la désinformation ne fonctionne plus en termes officiels. La prose d'un Attali et la rhétorique officielle en général sont discrédités à force de mensonge. Le parcours professionnel et politique d'un Attali, passé de la banque d'affaires au rôle d'intellectuel sophistiqué via le poste de conseiller privilégié du Président socialiste français Mitterrand, illustre la position du mensonge érigé en vertu - ou comment l'empoisonneur devient le médecin antipoison. La propagande implique que l'on utilise les circuits de la subversion. C'est ainsi que le linguiste américain Chomsky devient l'intellectuel mondial numéro un et le contempteur absolu de l'impérialisme américain.
Un Meyssan, exilé au Liban pour avoir dénoncé l'imposture de la VO du 911, ajoute à cet impérialisme d'obédience américaine l'inflexion de l'idéologie internationale sioniste centrée autour de l'Etat d'Israël. Il n'est pas question de suivre les hyènes du journalisme occidentaliste dans leurs calomnies contre Meyssan, car vu la vitesse à laquelle l'impérialisme britannique s'effondre, la propagande médiatique qui le soutient n'en a plus pour très longtemps - Meyssan passera bientôt pour un résistant au désordre mondial érigé en nouvel ordre. Par contre, si un Meyssan n'est pas un néo-nazi étrange et postmoderne (quand on s'intéresse à son parcours de radical de gauche), il n'est pas un informateur fiable au sens où il se contente de dénoncer l'impérialisme américano-sioniste. De même, Chomsky propose un modèle théorique d'unesimplicité abjecte quand on songe au statut dont il se prévaut au moins indirectement en laissant les éloges les plus flatteuses pleuvoir sur sa réputation déformée et entretenue.
L'imposture Chomsky illustre la dégradation de la condition intellectuelle de l'intellectuel depuis Voltaire. Voltaire était déjà une crapule ultralibérale illustrant l'avènement de la bourgeoisie d'affaires aux rênes du monde européen, un oligarque bourgeois passant pour progressiste parce qu'il s'est opposé à l'Ancien Régime aristocratique de tendance lui aussi oligarchique, un piètre penseur incapable de comprendre Leibniz ou Malebranche. L'intellectuel travaille pour le pouvoir qu'il dénonce. Cas de Voltaire (illustrant la simple passation de pouvoir entre l'aristocratie oligarchique et la bourgeoisie oligarchique); cas encore empiré de Chomsky (le gauchisme libertaire au service du libéralisme libertarien?). Pendant qu'un Meyssan dénonce la main américaine derrière la révolution colorée de jasmin en Tunisie :
http://www.voltairenet.org/article168223.html
un article de la larouchiste Freeman lève le voile sur la collusion entre les intérêts américains dominants du moment et l'Empire britannique. L'ambassadrice noire-américaine aux Nations-Unies Susan Rice, une proche d'Obama et de sa mentalité soft au service de l'Empire financier, représente typiquement cette génération de pions américains au service de l'oligarchie britannique que l'on idéalise par antiracisme. Rice au service onusien d'Obama le fantoche britannique applique au Soudan une politique d'impérialisme qui serait considérée selon les critères d'un Meyssan et de toute cette gauche antiimpérialiste américaine comme émanant de cercles américains. Depuis la guerre de Sécession, il existe aux Etats-Unis un combat historique entre les patriotes qui défendent les intérêts de l'Etat-nation américain (et de sa Constitution inspirée de Solon, comme Lincoln ou T.D. Roosevelt) et les intérêts impérialistes affiliés aux Britanniques (en particulier les Sudistes, dont la lignée politicienne des Bush pourrait représenter un avatar contemporain sinistre et dégénéré).
L'antiaméricanisme amalgame les rapports de force dominants dans la situation géopolitique actuelle : le combat véritable (et vérifiable pour qui veut s'informer) a lieu entre les intérêts impérialistes et les intérêts des Etats-nations à l'intérieur de l'Etat-nation américain - et pas contre les Etats-Unis impérialistes. La Rice d'Obama (proche en ce sens de la Rice de W.) est issue de fondations britanniques magnifiant l'action impérialiste de Cecil Rhodes (ce dirigeant de haut vol de l'Empire britannique de la deuxième partie du dix-neuvième siècle, qui donna son nom à la Rhodésie).
Ce n'est qu'en identifiant le véritable ennemi que l'on luttera contre ses méthodes pourtant assez transparentes. Sinon, on sombre dans les rets de la propagande qui consiste à retourner l'opposant à l'impérialisme en serviteur involontaire de l'impérialisme mal identifié (l'impérialisme américain incarne cette déformation contre-productive). Afin de confondre les anti-impérialistes américains professionnels comme Chomsky ou Meyssan, il suffira de citer cette chère Susan Rice, qui rappelle qu'on peut être noire, progressiste (hypocrite) et impérialiste. En 1999, recevant un énième titre honorifique à Oxford, l'université britannique où elle a commencé sa brillante carrière d'intellectuelle lancée en politique, en tant que spécialiste de l'histoire africaine de l'Empire britannique (à propos des initiatives du Commonwealth au Zimbabwe), Rice déclara : "Etre dans la maison de Rhodes ce soir avec tant d'amis et de protecteurs est un grand privilège. Pour moi, c'est comme rentrer chez moi car tout ce que je sais de l'Afrique, je l'ai découvert ici, je l'ai acquis grâce au soutien généreux du Rhodes Trust". Qui pense encore que l'Empire britannique n'existe plus? Le journaliste Quattremer, l'essayiste Meyssan, l'intellectuel Attali - ou vous?
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