Abolir la contradiction : fin triomphaliste de l'immanentisme. Preuve que l'immanentisme aurait réussi à produire une ontologie cohérente et supérieure. Mais ce refus de la contradiction, le fait de considérer qu'un système unique a surmonté les contradictions du réel, que la contradiction signe l'erreur, donne plus de signe sur la conception de l'immanentisme que sur le caractère de la contradiction. Qu'est-ce que la contradiction? L'idée qu'il existe plusieurs possibilités de chemins dans le réel. Plusieurs possibilités de sens. La contradiction n'existe que de manière plurielle, quand la grande affaire de l'immanentisme (à la suite du nihilisme) est de chercher l'unicité - qui soit conciliable avec la nécessité.
Un Aristote promeut la méthode logique qui lui permettra de parvenir à l'unicité - sans se prévaloir de la sophistique enterrée. Mais Aristote est un savant qui pense que la logique seule permet d'aboutir au résultat qu'il cherche : la nécessité. Son principe de non contradiction est à entendre, non comme l'apologie de la rationalité logique, mais comme l'usage de la logique au service de l'unicité du réel. Cette conception du réel présente l'avantage de privilégier le système en place et d'expliquer que l'ordre des choses est immuable - qu'il est bien comme il est.
Au contraire, la conception qui substitue à la nécessité unique la liberté indique que les choses ne sont jamais écrites à l'avance et que ce qui est peut changer du tout au tout. Du coup, l'unicité du réel vole en éclats - à la place, on trouve une pluralité qui est compatible avec la contradiction. La contradiction signifie que plusieurs discours contraires existent en même temps. L'idée selon laquelle le réel est un provient peut-être de l'expérience postérieure qui constate qu'il n'est qu'un réel de type sensible. Pour autant, rien n'indique que le sensible soit le seul réel et que le réel se limite à ce que nous voyons - il existe peut-être d'autres formes de réel qui subsistent à l'unicité de ce qui est passé dans le sensible.
Le réel deviendrait unique a posteriori seulement suite à l'élimination de possibles dont la caractéristique ontologique est de dépasser de loin la seule forme sensible. Du coup, l'élimination de la pluralité des possibles par un seul réel factuel passé indique que l'opération du temps consiste à éliminer les possibles pour choisir le possible qui permet au mieux de pérenniser le réel. Le temps ordonne le fini en ce qu'il trie entre les possibles. Le temps est le trieur par excellence. Il convient de distinguer entre la contradiction multiple (les possibles) et la contradiction unique qui découle du chaos.
La contradiction entendue de manière unique découle du schéma nihiliste selon lequel de manière antagoniste et irréconciliable, le réel fini (correspondance du sensible) s'oppose à l'infini chaotique. L'unicité du réel n'est en fait qu'une réduction duelle et inconciliable dans laquelle le réel se réduit à ce qui est fini et stable. Cette soif de stabilité, si elle correspond bien aux attentes et aux désirs de l'individu, est une réduction du réel. Ce n'est que dans cette conception réductrice que l'on peut considérer que le réel est unique.
C'est ainsi que la contradiction est perçue comme l'erreur résultant du conflit entre ce qui est et ce qui n'est pas. Mais cette conception pseudo logique, défendue par Aristote dans l'Antiquité, singulièrement par Hegel dans la modernité, tente d'étouffer ce que la contradiction rappelle : la pluralité des possibles qui accouchent du réel. Soit : l'existence de la liberté - qui nie l'unicité de la nécessité. Dans un réel qui reconnaît la multiplicité et la liberté, la contradiction est signe que l'on se meut dans le réel; alors que le refus de la contradiction implique son corolaire complémentaire : l'unicité de la nécessité.
Que l'immanentisme propage la rumeur selon laquelle la contradiction a été surmontée par son système total est de bonne guerre : il lui importe de montrer qu'il a surmonté à la fois les erreurs (contradictions) du transcendantalisme et celles du nihilisme de facture antique (d'où sa modernisation). De même que la compréhension du réel par tout nihilisme est fausse de part en part; de même la compréhension de la contradiction est faussée par le fondement biaisé de l'ontologie nihiliste.
Loin de signifier que le raisonnement est faux ou que le système est erroné, la contradiction indique au contraire que l'on se meut dans la multiplicité. Qu'au sein de cette multiplicité ensuite on ordonne un choix et qu'une réalisation sensible s'effectue, voilà le genre de constatation a posteriori à partir de laquelle s'opère le jugement nihiliste : s'il n'est qu'un réel constatable dans l'expérience (sensible), c'est la preuve qu'il n'est qu'un réel.
Raisonnement pour le moins à courte-vue. Mais à partir de cette conception du réel (de type moniste), on congédie ensuite la contradiction - ou on définit la contradiction comme le signe de l'erreur. Toute contradiction signe le double. Tout double n'existe pas. La grande question tient au statut de l'existence ou plus précisément de ce qui n'existe pas : aux yeux du nihiliste, ce qui n'existe pas n'existe vraiment pas, alors que pour l'esprit religieux de type classique, ce qui n'existe pas existe sous une autre forme. Pour le répéter après Leibniz, seul ce qui est quelque chose est. Ce qui n'existe pas existe sous une autre forme.
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Si rien n'existe pas, ce qui n'existe pas existe. Platon dirait : sous quelque autre forme. Nous ajouterons plus précisément : sous une forme différente. Car il n'est plus l'heure comme à l'époque de Platon d'estimer que l'on peut cacher l'existence du nihilisme, l'enterrer sous la doctrine transcendantaliste monothéiste comme l'on a enterré Démocrite ou les sophistes. Désormais l'on sait qu'à chaque temps de crise, le nihilisme ressortira. Et qu'au lieu de bénir la contradiction, il la maudira comme une vulgaire contraction.
Un Aristote promeut la méthode logique qui lui permettra de parvenir à l'unicité - sans se prévaloir de la sophistique enterrée. Mais Aristote est un savant qui pense que la logique seule permet d'aboutir au résultat qu'il cherche : la nécessité. Son principe de non contradiction est à entendre, non comme l'apologie de la rationalité logique, mais comme l'usage de la logique au service de l'unicité du réel. Cette conception du réel présente l'avantage de privilégier le système en place et d'expliquer que l'ordre des choses est immuable - qu'il est bien comme il est.
Au contraire, la conception qui substitue à la nécessité unique la liberté indique que les choses ne sont jamais écrites à l'avance et que ce qui est peut changer du tout au tout. Du coup, l'unicité du réel vole en éclats - à la place, on trouve une pluralité qui est compatible avec la contradiction. La contradiction signifie que plusieurs discours contraires existent en même temps. L'idée selon laquelle le réel est un provient peut-être de l'expérience postérieure qui constate qu'il n'est qu'un réel de type sensible. Pour autant, rien n'indique que le sensible soit le seul réel et que le réel se limite à ce que nous voyons - il existe peut-être d'autres formes de réel qui subsistent à l'unicité de ce qui est passé dans le sensible.
Le réel deviendrait unique a posteriori seulement suite à l'élimination de possibles dont la caractéristique ontologique est de dépasser de loin la seule forme sensible. Du coup, l'élimination de la pluralité des possibles par un seul réel factuel passé indique que l'opération du temps consiste à éliminer les possibles pour choisir le possible qui permet au mieux de pérenniser le réel. Le temps ordonne le fini en ce qu'il trie entre les possibles. Le temps est le trieur par excellence. Il convient de distinguer entre la contradiction multiple (les possibles) et la contradiction unique qui découle du chaos.
La contradiction entendue de manière unique découle du schéma nihiliste selon lequel de manière antagoniste et irréconciliable, le réel fini (correspondance du sensible) s'oppose à l'infini chaotique. L'unicité du réel n'est en fait qu'une réduction duelle et inconciliable dans laquelle le réel se réduit à ce qui est fini et stable. Cette soif de stabilité, si elle correspond bien aux attentes et aux désirs de l'individu, est une réduction du réel. Ce n'est que dans cette conception réductrice que l'on peut considérer que le réel est unique.
C'est ainsi que la contradiction est perçue comme l'erreur résultant du conflit entre ce qui est et ce qui n'est pas. Mais cette conception pseudo logique, défendue par Aristote dans l'Antiquité, singulièrement par Hegel dans la modernité, tente d'étouffer ce que la contradiction rappelle : la pluralité des possibles qui accouchent du réel. Soit : l'existence de la liberté - qui nie l'unicité de la nécessité. Dans un réel qui reconnaît la multiplicité et la liberté, la contradiction est signe que l'on se meut dans le réel; alors que le refus de la contradiction implique son corolaire complémentaire : l'unicité de la nécessité.
Que l'immanentisme propage la rumeur selon laquelle la contradiction a été surmontée par son système total est de bonne guerre : il lui importe de montrer qu'il a surmonté à la fois les erreurs (contradictions) du transcendantalisme et celles du nihilisme de facture antique (d'où sa modernisation). De même que la compréhension du réel par tout nihilisme est fausse de part en part; de même la compréhension de la contradiction est faussée par le fondement biaisé de l'ontologie nihiliste.
Loin de signifier que le raisonnement est faux ou que le système est erroné, la contradiction indique au contraire que l'on se meut dans la multiplicité. Qu'au sein de cette multiplicité ensuite on ordonne un choix et qu'une réalisation sensible s'effectue, voilà le genre de constatation a posteriori à partir de laquelle s'opère le jugement nihiliste : s'il n'est qu'un réel constatable dans l'expérience (sensible), c'est la preuve qu'il n'est qu'un réel.
Raisonnement pour le moins à courte-vue. Mais à partir de cette conception du réel (de type moniste), on congédie ensuite la contradiction - ou on définit la contradiction comme le signe de l'erreur. Toute contradiction signe le double. Tout double n'existe pas. La grande question tient au statut de l'existence ou plus précisément de ce qui n'existe pas : aux yeux du nihiliste, ce qui n'existe pas n'existe vraiment pas, alors que pour l'esprit religieux de type classique, ce qui n'existe pas existe sous une autre forme. Pour le répéter après Leibniz, seul ce qui est quelque chose est. Ce qui n'existe pas existe sous une autre forme.
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Si rien n'existe pas, ce qui n'existe pas existe. Platon dirait : sous quelque autre forme. Nous ajouterons plus précisément : sous une forme différente. Car il n'est plus l'heure comme à l'époque de Platon d'estimer que l'on peut cacher l'existence du nihilisme, l'enterrer sous la doctrine transcendantaliste monothéiste comme l'on a enterré Démocrite ou les sophistes. Désormais l'on sait qu'à chaque temps de crise, le nihilisme ressortira. Et qu'au lieu de bénir la contradiction, il la maudira comme une vulgaire contraction.
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