A quelles conditions la contre-culture peut-elle produire de la culture? Car l'on part d'une alternative : soit la contre-culture est en mesure de s'imposer durablement contre la culture; soit la culture est supérieure à l'entreprise de contre-culture (au sens générique) - on devrait toujours ajouter un pluriel à contre-cultureS, car le principe de la contre-culture implique l'éclatement et la multiplicité antagoniste (raison pour laquelle dans une société de contre-culture dominante, tout le monde se croit contre la majorité, rebelle appartenant à une minorité agissante au sens où elle serait douée de pertinence exclusive). Cette remarque recoupe l'interrogation plus générale portant sur la question de l'Être dans l'ontologie hellène telle qu'elle est formulée par Platon et telle qu'elle émane de l'héritage égyptien (non amalgamé et corrompu à la tradition perse).
Si l'on interroge la réalité, il n'est de réel que du quelque chose, ce que Leibniz notait en réponse (entre autres) à son contemporain Spinoza, dont le système immanentiste fondateur (lui-même répondant à l'avatar aristotélicien moderne d'un Descartes) lance l'ontologie nihiliste moderne en tant que gradation de la solution nihiliste antique. Cette idée qui fonde le transcendantalisme dans son élan religieux est le centre de l'ontologie : le néant en tant que tel n'existe pas. Ou, pour répondre à Rosset, le néant ne peut exister, même en tant que ce qui n'existe pas.
Cette idée est d'importance cardinale car elle implique ni plus ni moins que la conséquence selon laquelle, quoi qu'il arrive, les formes afférentes au nihilisme (en tant que forme religieuse supérieure) sont condamnées à perdre contre la forme du transcendantalisme. Avec un paradoxe : la victoire transcendantaliste se manifeste par une supériorité qualitative dont l'incarnation historique n'est pas quantitativement majoritaire, mais se produit par des discontinuités impromptues et inattendues.
D'un point de vue politique, la forme afférente au nihilisme est l'impérialisme (avec son corolaire l'oligarchie). A la lecture de l'histoire depuis trois millénaires dans le bassin méditerranéen, on pourrait estimer que le principe impérialiste est majoritaire, avec notamment les épisodes des Empires mésopotamiens, puis de l'Empire romain, enfin des Empires modernes sous influence des Habsbourg. Mais si l'on se souvient que l'accroissement et l'amélioration de type qualitatif se produisent de manière discontinue et disproportionnel, la supériorité du modèle qualitatif sur le quantitatif n'a pas d'équivalent.
La supériorité quantitative ne veut pas dire grand chose sur le terme puisqu'aussi bien c'est l'empreinte qualitative qui prédomine. C'est dire que d'un point de vue politique la supériorité du modèle républicain sur le modèle impérialiste ne laisse pas place à la contestation. Ceux qui professent (plus ou moins explicitement) que la loi du plus fort est le principe qui régit les comportements humains ne sont pas seulement des adorateurs du fascisme dans la contemporainéité; ce sont aussi des esprits égarés par l'erreur, qui ont raison à court terme dans leur petit univers étriqué - tout à fait tort quant aux raisons qui meuvent le réel.
C'est à l'intérieur d'un certain ordre que la supériorité quantitative se traduit par la domination effective (sans doute cette erreur d'optique explique-t-elle l'erreur de perspective de la loi du plus fort). Mais la supériorité qualitative annihile l'existence de cet ordre alors qu'il était tenu pour tout-puissant par ses membres (surtout les plus serviles). D'où vient cette supériorité qualitative? De la notion d'infini. L'homme est la seule espèce animale à posséder cette notion, ce qui l'oblige à constamment croître (tant pis pour les tenants et partisans de la décroissance malthusienne!); mais qui lui confère une supériorité justement qualitative sur les autres espèces de son environnement connu.
La discontinuité de la manifestation de croissance qualitative indique que l'apport d'absolu au sein de l'ordre fini ne se fait pas de manière harmonieuse et régulière, mais résulte de la forme de l'absolu : la transformation de l'infini en fini, sa désacralisation en termes religieux, se produit avec l'idée que l'ordre est constitué d'une certaine forme, quand l'infini est dépouillé de cette forme. Il intervient d'un coup, au moment où l'ordre se déforme (perd sa forme). L'infini ne peut survenir que quand le fini perd sa forme (sa complétude provisoire).
Ce qui intéresse la compréhension de tout phénomène lié au nihilisme, c'est que c'est à l'intérieur du nihilisme que survient la réaction antinihiliste, soit historiquement le transcendantalisme. C'est la réponse religieuse au sens où le religieux est ce qui permet de suivre et de poursuivre le chemin de l'homme (le sens). Dans la tradition monothéiste, le diable s'effondre non pas du fait d'accidents extérieurs, mais du fait de sa propre action. Le nihilisme en tant que radicalisation du fini estime que seul ce qui est fini existe. L'appel à l'infini se produit à l'intérieur même du fini, suivant la négation du concept d'immanentisme selon lequel le fini se suffit à lui-même (par un décret digne de la méthode Coué, soit par auto-décision personnelle).
Si la production de culture se fait suite au culte, soit suite au religieux, alors les phénomènes multiples de contre-culture sont voués de la même manière que le nihilisme à se soumettre à la culture. D'où le paradoxe - qui est des plus intéressants : les phénomènes de contre-cultures sont nés dans une mentalité nihiliste, aux fins de saper les effets du processus culturel. Mais alors que les modes contre-culturelles innombrables semblent toutes au faîte de leur succès et de leur popularité, il advient que c'est leur propre succès intérieur qui engendre leur disparition en tant que forme singulière et démultipliée.
Ce qui va provoquer le succès et la chute de la contre-culture, c'est son entêtement dans une certaine forme absolument finie ajouté à son refus obstiné et définitif de l'infini. Cette forme est de mieux en mieux ciselée, mais plus elle s'affine et se forme, plus elle se coupe de l'infini qui la vivifie et la transforme - et plus elle s'étiole, se désagrège et s'anéantit. Au lieu de trop s'inquiéter des formes innombrables et des succès que remporte la contre-culture, il convient de comprendre que :
1) les formes de contre-culture connaissent d'autant plus de succès qu'elles annoncent leur disparition soudaine - au zénith de leur gloire;
2) plus le succès des formes de contre-culture est grand, plus la transformation qualitative discontinue approche;
3) des formes de contre-culture démultipliées, éclatées et nulles, il arrive parfois (rarement) que sortent des productions culturelles, soit que la contre-culture engendre de manière inattendue et scandaleuse (stupéfiante) - de la culture, signe que la culture finit par triompher de l'intérieur, comme le religieux classique du nihilisme.
Si l'on interroge la réalité, il n'est de réel que du quelque chose, ce que Leibniz notait en réponse (entre autres) à son contemporain Spinoza, dont le système immanentiste fondateur (lui-même répondant à l'avatar aristotélicien moderne d'un Descartes) lance l'ontologie nihiliste moderne en tant que gradation de la solution nihiliste antique. Cette idée qui fonde le transcendantalisme dans son élan religieux est le centre de l'ontologie : le néant en tant que tel n'existe pas. Ou, pour répondre à Rosset, le néant ne peut exister, même en tant que ce qui n'existe pas.
Cette idée est d'importance cardinale car elle implique ni plus ni moins que la conséquence selon laquelle, quoi qu'il arrive, les formes afférentes au nihilisme (en tant que forme religieuse supérieure) sont condamnées à perdre contre la forme du transcendantalisme. Avec un paradoxe : la victoire transcendantaliste se manifeste par une supériorité qualitative dont l'incarnation historique n'est pas quantitativement majoritaire, mais se produit par des discontinuités impromptues et inattendues.
D'un point de vue politique, la forme afférente au nihilisme est l'impérialisme (avec son corolaire l'oligarchie). A la lecture de l'histoire depuis trois millénaires dans le bassin méditerranéen, on pourrait estimer que le principe impérialiste est majoritaire, avec notamment les épisodes des Empires mésopotamiens, puis de l'Empire romain, enfin des Empires modernes sous influence des Habsbourg. Mais si l'on se souvient que l'accroissement et l'amélioration de type qualitatif se produisent de manière discontinue et disproportionnel, la supériorité du modèle qualitatif sur le quantitatif n'a pas d'équivalent.
La supériorité quantitative ne veut pas dire grand chose sur le terme puisqu'aussi bien c'est l'empreinte qualitative qui prédomine. C'est dire que d'un point de vue politique la supériorité du modèle républicain sur le modèle impérialiste ne laisse pas place à la contestation. Ceux qui professent (plus ou moins explicitement) que la loi du plus fort est le principe qui régit les comportements humains ne sont pas seulement des adorateurs du fascisme dans la contemporainéité; ce sont aussi des esprits égarés par l'erreur, qui ont raison à court terme dans leur petit univers étriqué - tout à fait tort quant aux raisons qui meuvent le réel.
C'est à l'intérieur d'un certain ordre que la supériorité quantitative se traduit par la domination effective (sans doute cette erreur d'optique explique-t-elle l'erreur de perspective de la loi du plus fort). Mais la supériorité qualitative annihile l'existence de cet ordre alors qu'il était tenu pour tout-puissant par ses membres (surtout les plus serviles). D'où vient cette supériorité qualitative? De la notion d'infini. L'homme est la seule espèce animale à posséder cette notion, ce qui l'oblige à constamment croître (tant pis pour les tenants et partisans de la décroissance malthusienne!); mais qui lui confère une supériorité justement qualitative sur les autres espèces de son environnement connu.
La discontinuité de la manifestation de croissance qualitative indique que l'apport d'absolu au sein de l'ordre fini ne se fait pas de manière harmonieuse et régulière, mais résulte de la forme de l'absolu : la transformation de l'infini en fini, sa désacralisation en termes religieux, se produit avec l'idée que l'ordre est constitué d'une certaine forme, quand l'infini est dépouillé de cette forme. Il intervient d'un coup, au moment où l'ordre se déforme (perd sa forme). L'infini ne peut survenir que quand le fini perd sa forme (sa complétude provisoire).
Ce qui intéresse la compréhension de tout phénomène lié au nihilisme, c'est que c'est à l'intérieur du nihilisme que survient la réaction antinihiliste, soit historiquement le transcendantalisme. C'est la réponse religieuse au sens où le religieux est ce qui permet de suivre et de poursuivre le chemin de l'homme (le sens). Dans la tradition monothéiste, le diable s'effondre non pas du fait d'accidents extérieurs, mais du fait de sa propre action. Le nihilisme en tant que radicalisation du fini estime que seul ce qui est fini existe. L'appel à l'infini se produit à l'intérieur même du fini, suivant la négation du concept d'immanentisme selon lequel le fini se suffit à lui-même (par un décret digne de la méthode Coué, soit par auto-décision personnelle).
Si la production de culture se fait suite au culte, soit suite au religieux, alors les phénomènes multiples de contre-culture sont voués de la même manière que le nihilisme à se soumettre à la culture. D'où le paradoxe - qui est des plus intéressants : les phénomènes de contre-cultures sont nés dans une mentalité nihiliste, aux fins de saper les effets du processus culturel. Mais alors que les modes contre-culturelles innombrables semblent toutes au faîte de leur succès et de leur popularité, il advient que c'est leur propre succès intérieur qui engendre leur disparition en tant que forme singulière et démultipliée.
Ce qui va provoquer le succès et la chute de la contre-culture, c'est son entêtement dans une certaine forme absolument finie ajouté à son refus obstiné et définitif de l'infini. Cette forme est de mieux en mieux ciselée, mais plus elle s'affine et se forme, plus elle se coupe de l'infini qui la vivifie et la transforme - et plus elle s'étiole, se désagrège et s'anéantit. Au lieu de trop s'inquiéter des formes innombrables et des succès que remporte la contre-culture, il convient de comprendre que :
1) les formes de contre-culture connaissent d'autant plus de succès qu'elles annoncent leur disparition soudaine - au zénith de leur gloire;
2) plus le succès des formes de contre-culture est grand, plus la transformation qualitative discontinue approche;
3) des formes de contre-culture démultipliées, éclatées et nulles, il arrive parfois (rarement) que sortent des productions culturelles, soit que la contre-culture engendre de manière inattendue et scandaleuse (stupéfiante) - de la culture, signe que la culture finit par triompher de l'intérieur, comme le religieux classique du nihilisme.
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