samedi 25 septembre 2010

Post 911

Lisant les récents revirements d'analyse stratégique concernant le 911 en Occident même (dans le restant du monde, cela fait longtemps que des doutes plus ou moins étayés sont exprimés),
http://www.ericmargolis.com/political_commentaries/--the-mother-of-all-coincidences.aspx
je me pose une question : et si après avoir défendu unilatéralement et outrageusement une version délirante (une véritable théorie du complot dénonçant les théories contestataires comme complotistes), les médias occidentaux, sentant le vent de la crise systémique tourner, ne changeaient-ils pas leur fusil d'épaule et n'incriminaient-ils pas de nouveaux responsables, déplaçant ainsi le problème de manière à le rendre plus crédible? Et si une nouvelle version officielle voyait le jour sous couvert d'une opposition bipolaire de nature fixe et immobiliste entre la version officielle et la version contestataire?
Les boucs émissaires fantoches de l'organisation al Quaeda étant désormais seulement crédibles dans une conception étriquée et occidentaliste du monde (ce qui en dit long sur la mentalité de ceux qui adhèrent encore à cette version saugrenue), il reste à se demander si l'on va vraiment vers le dévoilement de la véritable histoire du 911, renversant la version officielle actuelle, largement reconnue comme loufoque. Si l'on en croit le combat politique que mènent les associations de contestation de cette version officielle fantaisiste et irrationnelle, nous serions face à un antagonisme binaire entre ceux qui propagent la version officielle, via notamment les médias officiels; et ceux qui contestent cette version officielle et incriminent en tant que commanditaires une organisation assez mystérieuse et mouvante qui tournerait autour de certains pouvoirs importants aux États-Unis.
Certains comme Meyssan incriminent le lobby militaro-industriel américain avec l'appui des lobbys sionistes internationaux (pas seulement circonscrits à Israël); d'autres attaquent plus directement et explicitement Israël et le sionisme. Quoi qu'il en soit, le fait que la version officielle commence à être remise en question est un signe fort de l'état géopolitique du monde, en particulier du changement dans les complexes équilibres stratégiques dans le monde.
On sait que depuis au moins la Seconde guerre mondiale, l'équilibre repose sur la domination des États d'Occident qui furent opposés aux communistes. Officiellement, le bloc libéral (nommé capitaliste par les communistes) est dominé par les États-Unis quand le bloc communiste était dominé par l'URSS. Cette bipolarité qui durant plusieurs décennies sembla immuable aux yeux de certains esprits mus par la fixité des choses s'est commuée depuis l'effondrement du communisme vers la symbolique 1989 en une uni-polarité où les pays capitalistes et libéraux d'Occident dominent les autres pays du monde, surtout d'un point de vue économique.
Dans cette situation qui n'a rien de fixe, l'équilibre repose sur un rapport de force de type impérialiste et néo-colonialiste. Tant que l'Occident a les moyens de dominer économiquement, il est le maître des débats. A partir du milieu des années 90, et alors que certains de ses stratèges claironnent outrageusement et impudemment que la domination libérale menée par l'Occident a versé dans l'éternité, l'économie mondialisée sous une mouture ultra-libérale commence à amorcer des signes irrémédiables d'effondrement.
Les financiers qui dirigent l'impérialisme occidental, en particulier depuis la City de Londres (et se ramifications), ont été contraints de trouver une parade à cet effondrement. Cette stratégie, c'est la guerre contre le terrorisme, qui consiste à inventer un ennemi imaginaire pour légitimer la guerre impérialiste finale que les Occidentaux mènent pour contrer l'émergence d'autres puissances au niveau mondial (comme la Chine ou l'Inde). Dans cette stratégie, l'événement terroriste mondialement médiatisé du 911 (une première) fournit une justification à une politique d'ensemble qui aurait été inacceptable, en premier lieu pour les peuples d'Occident qui vivent sous des régimes démocratiques et libéraux.
Les stratèges qui ont concocté cette histoire plus mensongère encore que mythique dans des cabinets d'avocats ou des arrières-salles de grandes banques ont surestimé la faculté des impérialistes occidentaux (regroupés de manière croissante en factions oligarchiques outrageusement dominatrices) à imposer leur politique de guerre contre le terrorisme au restant du monde. Comme ils sont en faillite, ils peinent d'autant plus à imposer une version mensongère.
Voyant que leur mensonge est d'autant plus démasqué à mesure que le système économique d'obédience libérale s'effondre, nos stratèges concoctent un revirement de position officielle en cours de partie. La priorité est de réussir à imposer leur modèle ultra-libérale pour remédier (de manière mensongère) à la crise. Du coup, les stratèges au service des milieux financiers dominants sont prêts à n'importe quel compromis pour parvenir à leur fin.
En termes d'échec, on appelle cette stratégie sacrifier son fou - pour sauver le roi (ou la dame). Du coup, il s'agit de tenter un coup pour sauver les meubles. Les stratèges qui avaient composé la fable de la version officielle du 911 se rendent compte qu'ils ne pourront s'en sortir que par une aimable nulle : trouver coûte que coûte, vaille que vaille, un compromis entre leur version officielle désormais intenable et la contestation de plus en plus majoritaire - c'est fâcheux. La démarche est d'esprit utilitariste : couper l'herbe sous le pied des contestataires, c'est surtout justifier les politiques oligarchiques qui sont proposées en guise de remède à la crise mondialisée - c'est-à-dire imposer des modèles de société inégalitaristes et oligarchiques à l'intérieur d'un processus d'effondrement systémique qui ne peut plus contenir des biens matériels pour tous.
Dans le cadre métonymique du 911, où le 911 est le scandale médiatique qui cache la crise systémique, alors que les contestataires de la version officielle se félicitent de la prise en compte médiatique (quoique faible et pour le moins tardive) de leurs objections étayées et souvent irréfutables, une évidence est en train de se dessiner, une sorte de compromis en forme de demi vérité et de mensonge et demi : au lieu de s'en tenir à la version officielle démystifiée de parts en parts, on intègre la partie la plus visible des contestations à la version officielle et on produit une nouvelle version officielle qui rend coupable non plus des marginaux du système, mais des parties minoritaires plus crédibles.
Cette stratégie consent à reconnaître que l'ennemi terroriste n'est pas à l'extérieur du système, ou aux portes du système, mais - à l'intérieur dudit système. C'est la fable du cheval de Troie. A un moment, suite aux enquêtes de patriotes américains menées dans des institutions de contre-espionnage comme le FBI, on a tenté d'incriminer l'allié saoudien. Les financiers apatrides qui décident in fine des stratégies mondialistes ont préféré enterrer cette piste car elle menait trop dangereusement vers leurs propres repaires de pirates et de prédateurs regroupés autour de la City de Londres et de l'Empire britannique (aux États-Unis, les prolongements et succursales de ces métastases financières sont tapies à Wall Street ou à Chicago - entre autres).
Du coup, c'est l'une des satrapies de cet impérialisme financier qui est de plus en plus incriminée : Israël. Ou plus précisément : Israël en tant qu'émanation politique du projet sioniste et des influences sionistes présentes partout dans le monde, notamment en Occident, de manière très hégémonique aux États-Unis. Meyssan a ainsi expliqué récemment sur un média iranien (je crois) que les attentats du 911 avaient été réalisés par des milieux militaires américains et le lobby militaro-industriel américain, avec pour appui les milieux sionistes et certains services israéliens, en particulier pour la propagande médiatique. Le président iranien en plein contexte de possible guerre occidentale contre son pays reprend ces thèses de manière publique.
Bien que les milieux diplomatiques occidentaux fassent mine de s'indigner de positions qu'ils auraient aimé assimiler à du négationnisme, ils savent que le temps est compté et qu'un compromis s'impose : plus de guerre contre le terrorisme islamiste cette fois, mais la reconnaissance que ce sont des alliés des impérialistes occidentaux de nature financière qui ont fait le coup.
Les sionistes font un bouc émissaire tout désigné, non qu'ils soient blancs comme neige, mais qu'ils ne seront jamais que partiellement coupables. Cette reconnaissance tardive et parcellairte présente un double mérite : elle coupe l'herbe sous le pied de la contestation grandissante en reconnaissant certaines des positions contestataires; elle empêche de remonter à la source des commanditaires, qui ne sont ni les sionistes ni les Saoudiens, ni même le quarteron de militaires d'extrême-droite couplé au mystérieux et anonyme lobby militaro-industriel.
Ceux qui ont commandité les attentats du 911 sont des financiers et des oligarques centrés autour de la City de Londres. Quand un bâtiment mesure quarante étages, c'est un grossier mensonge que d'avancer qu'il n'en comporte que cinq. Mais c'est un mensonge encore plus important que de concéder, sur le mode de la contrition, qu'il en fait finalement dix de plus. Du coup, on semble avancer enfin la vérité alors qu'on la plus efficacement encore cachée. Ce qu'on cherche à occulter par-dessus tout, c'est l'existence de l'Empire britannique et la raison pour laquelle ces financiers ont monté le coup sur le sol américain : parce qu'ils détestent la Constitution américaine héritée de l'esprit de Solon et parce que le plus sûr moyen d'imposer leur ordre oligarchique dans la crise est de détruire le rempart d'État-nation que constitue les États-Unis depuis qu'ils ont gagné la guerre de Sécession.
Comprenez-vous pourquoi il est amalgamant de se lancer dans des discours antiaméricains? Les États-Unis ne sont pas seulement le pays plus puissant du monde à l'heure actuelle; ils sont aussi le seul rempart contre l'oligarchie financière et européenne qui était centrée autour des Habsbourg et qui a pris la forme de l'Empire financier d'héritage britannique. Quand on a cerné le mobile de l'attentat, on comprend que l'implication des sionistes, des Israéliens ou de cercles militaires américains, pour effective qu'elle soit, ne peut être que secondaire et accidentelle.
Le 911 est l'événement central du nouveau millénaire chrétien (et le signe d'un profond changement de mentalité) car il incarne le conflit irréconciliable entre l'esprit d'oligarchie et l'esprit de république. Mais si l'on identifie mal cette opposition qui explique le 911, on sombre dans l'un des travers symptomatiques du complotisme contestataire : dénoncer d'autant plus justement les mensonges officiels que l'on se garde bien de les remplacer par une identification précise et aisée.
L'anonymat jour un bien mauvais service à la cause de la contestation et donne du crédit à l'argument paresseux du complotisme (déployé par ceux qui adoubent les pouvoirs officiels et dénient l'existence des complots). Le revirement dans la version officielle du 911, en prenant en compte les contestations, ne se décide pas du tout à suivre la vérité après avoir suivi son intérêt (mal compris). Il décide de désigner un nouveau faux coupable - seulement plus coupable et moins parcellaire. Après la bulle vide d'al Quaeda, qui accueillait plus de services secrets que de réels fanatiques islamistes, pourquoi pas un compromis entre un conglomérat de sionistes israéliens et de militaires américains extrémistes et désaxés?
Les contestataires y trouveraient leur compte; l'incendie serait jugulé. S'il est compréhensible que les stratèges travaillant pour le compte des financiers mondialisés défendent leurs intérêts, il est capital de comprendre que cette stratégie est mauvaise - surtout par temps de crise. On gagne du temps et on perd sur le terme. On ne sauve pas les pyromanes en voulant éteindre le contre-feu qu'ils ont lancé comme prétexte et mobile. Les causes d'un événement ne changent pas. C'est seulement en identifiant ces causes réelles que l'on pourra créer un nouvel équilibre mondial. Le fond du problème : c'est seulement en détruisant le libéralisme et en le remplaçant par un nouvel ordre culturel que l'on pourra sortir l'homme de la crise terrible qu'il subit.
Dans ce grand jeu de dupes, les contestataires de la version officielle croient faire avancer la vérité en s'opposant aux mensonges (énormes) de la fameuse et fumeuse VO. En réalité, ils sont en train de faire l'objet d'une récupération qu'ils n'ont pas prévue. Alors que de nombreux articles sortent à propos des odieuses récupérations de ces mouvements de contestation par des officines au service de la version officielle, la véritable récupération porte davantage sur les deux points faibles de la contestation :
1) accréditer l'idée d'une fixité de la contestation par rapport à la version officielle tout aussi immobile;
2) se contenter de révoquer négativement la VO tout en se gardant bien de lui substituer des coupables identifiés.
Résultat des courses : les stratèges au service des financiers, qui sont tout sauf des imbéciles novices dans les techniques de manipulation des masses, se servent de ceux qui se croient leurs plus acharnés ennemis alors qu'il sont leurs plus utiles alliés. Rien de tel en effet qu'un ennemi ami. Rien de telle qu'une VO qui intègre la contestation. Rien de tel qu'un mensonge qui se pare des atours de la vérité.

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