Outre que le rôle des paradis fiscaux indique à quel point le libéralisme ment en créant ces zones invisibles, zones de non-droit contraires à son éthique, la main invisible est l'expression révélatrice du mensonge libéral; l'explosion des CDS est un autre baromètre terriblement révélateur de la crise qui se profile et qui affectera tant l'Europe que le monde interconnecté.
Face au problème croissant des paradis fiscaux, nous avons profité d'une tonne de déluge mensonger, comme le discours de Sarko à Toulon s'engageant à réglementer les paradis fiscaux, pour le résultat que l'on sait; ce mensonge énorme et hilarant se retrouve dans les promesses solennelles des responsables européens, bureaucrates non élus qui jurent que l'éconmie de l'Union européenne n'est pas en danger.
On peut plus lointainement retrouver la récurrence du mensonge dans les discours électoraux d'Obama, qui s'écartent notablement de ses réalisations une fois l'élection arrivée, comme le démontre (déjà) le symbolique et sinistre Guantanamo. Cette influence croissante du mensonge indique que l'homme se détruit et que le réel est en train de le rappeler à la vérité en le détruisant progressivement (si les choses continuaient dans cette veine, l'homme disparaîtrait).
Le mensonge généralisé, l'écart entre l'homme et le réel est palpable dans le langage. Il est aussi mesurable dans les indicateurs économiques, qui tels des boussoles montrent que l'homme se trompe en réduisant son monde à l'immanentisme, forme ontologique; et dans sa transposition commerciale - au libéralisme. Le libéralisme en tant qu'idéologie commercialo-financière indique la réduction drastique du réel (du politique à l'économique, de l'économique au commerce financiarisé), réduction qui accompagne la croissance du mensonge, soit de l'écart entre l'homme et le réel.
On en trouve une trace technique dans le cours des CDS, ces Credit Default Swaps qui jouent le rôle d'assurances contre les risques de pertes. Au départ, les CDS assuraient contre des risques privés. Signe des temps, les CDS assurent désormais aussi (et de plus en plus) les obligations d'Etat. Nous nous trouvons bien dans la privatisation du monde, en particulier des intérêts publics, dont nous voyons le résultat, puisqu'il s'agit de réduire sous prétexte d'améliorer (cette privatisation du public se trouve théorisée dans les théories de Cooper à propos de l'euroimpérialisme).
Les CDS permettent de mieux comprendre les décisions politiques incroyables que nous expérimentons, où des représentants de la volonté générale agissent contre les intérêts évidents de la volonté générale (des peuples) et en faveur des intérêts privés (des financiers). Les CDS sont censés garantir l'investisseur contre tout risque. Coûte que coûte (c'est le cas de le dire). Cette manière de décider que le système est peut-être favorable au plus fort; mais qu'il est absolument fiable, quoi qu'il arrive, s'explique par le besoin de démontrer pratiquement que le système ontologique immanentiste qui est utilisé de manière déniée et implicite par le libéralisme est un format complet et adéquat (pour s'exprimer dans le vocabulaire de Spinoza).
Techniquement, les peuples payent par des réductions budgétaires drastiques pour que les CDS soient encore viables : pour que les assurances fonctionnent de manière harmonieuse. On ne comprend pas bien, vu de l'extérieur, ce qui de l'intérieur prend tout son sens. De l'extérieur, on juge par rapport au réel (et à la destruction effarante que le libéralisme fou produit en fin de course); de l'intérieur, en revanche, les décisions sont cohérentes par rapport aux normes monétaristes qui bien que condamnées sont toujours jugées comme des postulats et des axiomes indéboulonnables.
Le plus significatif, ce que la population ignore techniquement, c'est que ces CDS, véritables pierres d'angle du système monétariste, ont connu une envolée vertigineuse entre 2009 et 2010 (à la même période). Pour les pays en faillite effective ou imminente, comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, la proportion des CDS a augmenté de 48 % en un an selon le Financial Times (propos rapportés par Odile Mojon sur radio Solidarité et Progrès). La part des CDS est passée de 5 % à 30 % en un an sur le marché des obligations. Cette augmentation abyssale (vertigineuse) indique de manière lumineuse que les risques systémiques sont à leur maximum, contre tous les discours rassurants, qui recourent au déni de réalité pour estimer que tout va très bien - madame la marquise.
Plus les taux d'assurances explosent, plus le risque est élevé. Plus le système va mal, plus le sécuritarisme augmente. L'explosion des cours des CDS met en lumière la menace systémique qui pèse contre les obligations d'Etat. Les CDS occupent de plus en plus de place sur le marché obligataire parce que le risque d'une faillite de l'assurance obligataire d'Etat sert désormais une évidence incontournable. Les pays de la zone euro qui font faillite : l'affaire n'est déjà pas banale. Bientôt ce sont des pays importants de la zone euro qui feront faillite.
La faillite programmée de l'Espagne se révèle d'une toute autre ampleur que la faillite de la Grèce. Par la taille de l'économie espagnole; mais aussi, symboliquement, parce que l'essor économique espagnol signait la réussite du modèle de développement ultralibéral. L'Espagne signe la faillite de ce modèle tant vanté, où l'on raconte que l'on développe l'économie en monétarisant des titres à partir d'un développement physique assez restreint. C'est alors que les CDS manqueront à leur mission d'assurance et que la faillite des CDS signifiera la faillite du libéralisme dans son programme proclamé : proposer un système économique et idéologique qui assure.
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