Il faudrait ressortir les discours moralisateurs des dirigeants libéraux s'engageant à enfin moraliser le capitalisme, en particulier ses trous noirs que sont les paradis fiscaux. L'on mélange à dessein capitalisme et libéralisme en privilégiant le capitalisme, reprenant l'erreur de Marx pour colorer son discours d'une connotation progressiste, voire révolutionnaire. Mais la reconnaissance, même hypocrite, des paradis fiscaux indique l'identité du libéralisme travesti en capitalisme dans un amalgame marxien.
Quand on comprend ce que sont les paradis fiscaux, on comprend ce qu'est le libéralisme. Les paradis fiscaux sont des trous noirs dans l'économie mondiale qui échappent à toute réglementation. Le libéralisme a besoin de cette illégalité fondamentale pour rendre viable son système de liberté. Dans ce cas, il s'agit d'une liberté d'autant plus hypocrite que l'on apprend par le lien précité que la place des paradis fiscaux dans l'économie mondiale est plus que primordiale.
Si les paradis fiscaux présentaient un rôle mineur dans l'économie mondialisée, on pourrait encore mettre en avant que la liberté libérale est la véritable fin du libéralisme; à l'aune de ces chiffres officiels (fournis par l'OCDE), on apprend que le libéralisme hégémonique ne peut fonctionner sans accorder la prééminence aux paradis fiscaux. "Les îles Vierges britanniques (qui comptent 830 000 sociétés pour 24 491 habitants en 2010), les îles Caïmans, le Luxembourg, l’île Maurice et les Pays-Bas ne représentent que 1% du PIB mondial et 0,27% de la population de la planète", constate l’étude. A eux cinq, ces pays pèsent pourtant "1,7 fois plus que les Etats-Unis et trois fois plus que le Japon, l’Allemagne et la France réunis en matière d’investissements à l’étranger", s’étonne l’ONG, se basant sur des chiffres de l’OCDE".
Vous avez bien lu, ces chiffres hallucinants, l'économie libérale mondialisée a besoin de créer des trous noirs de plus en plus grands dans son économie pour que le libéralisme échappe dans sa globalité et dans ses principes aux lois qu'il élabore officiellement et auxquelles il se tiendrait.
La liberté libérale est le paravent à la loi du plus fort, loi de nature commerciale. L'Empire britannique de la Compagnie des Indes impose sa loi du plus fort en termes commerciaux et travestit cette vulgaire loi du plus fort sous des termes philosophiques, notamment le fameux argument de la main invisible. Pourtant, quand on y réfléchit, la main invisible joue dans la philosophie libérale idéologique et matérialiste le même rôle que le deux ex machina dans la philosophie cartésienne.
La liberté libérale est le paravent à la loi du plus fort, loi de nature commerciale. L'Empire britannique de la Compagnie des Indes impose sa loi du plus fort en termes commerciaux et travestit cette vulgaire loi du plus fort sous des termes philosophiques, notamment le fameux argument de la main invisible. Pourtant, quand on y réfléchit, la main invisible joue dans la philosophie libérale idéologique et matérialiste le même rôle que le deux ex machina dans la philosophie cartésienne.
L'irrationalisme devient nettement plus rationnel quand on remplace le terme menteur par le terme adéquat : la main invisible n'est rien d'autre que la loi du plus fort. L'Empire britannique cherche à légitimer sa domination (son impérialisme) commerciale en donnant à la loi du plus fort les apparences de la rationalité et de la juridiction. Plus le processus libéral grade, passant du libéralisme classique à l'ultralibéralisme, de Keynes à Friedmann; plus les principes agressifs contenus dès ses fondements se révèlent, à mesure que le libéralisme accroît la dégradation des biens qu'il exploite.
Le libéralisme est une théorie qui se borne à légitimer la destruction en pondant une théorie qui réduit l'ontologie à la pure spéculation d'ordre idéologico-commercial. L'ontologie libérale s'appuierait au fond, si jamais elle venait à s'expliciter, sur les théories délirantes et mensongères du chaos constructeur, qui ne cherche qu'à banaliser la destruction et à lui donner un rôle bienfaiteur.
Le rôle exponentiel des paradis fiscaux indique assez le mensonge de la main invisible. Comme la main destructrice détruit de manière logiquement croissante, il faut toujours plus de zones invisibles en échange. L'histoire de l'ogre et de ses proies toujours plus nombreuses se répète. La main invisible cherche à rendre invisible la loi du plus fort, soit l'action de destruction que le doux vocable implique. On assiste à l'heure actuelle au déni des représentants publics du libéralisme affirmant que la destruction n'existe pas et qu'au contraire, elle engendre la création.
Que cache cette loi du plus fort? La destruction implique que ce qu'on détruise devienne du néant, soit du réel extérieur à l'homme. La loi du plus fort, c'est la loi du non-humain. On mesure l'amalgame entre l'étranger et le non humain et la peur qu'elle implique. Les trous noirs des paradis fiscaux, qui constituent une part majeure et croissante de l'économie mondialisée de facture libérale représentent le néant.
Mais aussi : l'erreur des théoriciens et des adeptes du libéralisme. Ce que ni les théoriciens ni les adeptes ne veulent voir, c'est qu'ils détruisent sans rien construire. Ils construisent seulement des formes non humaines en lieu et place des formes humaines. Les paradis fiscaux n'indiquent pas seulement le visage économique du libéralisme, mais aussi son visage ontologique. La loi du plus fort, qui suppose la réduction du philosophique au commercial, engendre en fait la destruction drastique de l'espace humain. Que les paradis fiscaux soient comparés à des trous noirs est révélateur du profond nihilisme contenu dans le libéralisme et du fait que c'est le déni qui meut le libéralisme.
Au lieu de reconnaître que le libéralisme n'est pas viable, on promeut la théorie aberrante du chaos constructeur; au lieu de reconnaître que le nihilisme conduit au chaos, comme son nom programmatique l'indique, on oublie que le nihilisme engendre du non humain. Un seul avantage à cette loi du plus fort libérale rendue visible (pour qui veut voir) par l'influence exponentielle et déséquilibrante des paradis fiscaux : elle indique dans une métaphore économico-commerciale que le néant n'est pas l'autre platonicien, mais qu'il se rapproche de l'intuition plotinienne de l'Un supérieur à l'Etre.
Simplement convient-il de corriger que l'être n'est pas subordonné au néant (opposé dans les théories les plus lâches), mais que la texture finie de l'être est complétée par un complément qui n'est pas prolongemnet/englobement, mais qui est enversion. De ce point de vue, et à l'inverse du nihilisme destructeur, c'est du néant, soit quelque chose qui n'est pas de l'être et qui est quelque chose d'uni et d'explosif. L'erreur du nihilisme, incarnée dans l'idéologie libérale et les paradis fiscaux, mène à l'erreur du transcendantalisme et à l'idée simple que soulève le nihilisme : que le réel n'est pas constitué d'une texture homogène.
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