La culture connecte le monde de l'homme avec le réel (la partie avec le tout), tandis que la contre-culture enferme l'homme dans une bulle à l'intérieur du monde de l'homme - et en totale scission. Comme le proclame avec franchise cette chanson de rock émanant d'un groupe typique de la contre-culture : "Je rêvais d'un autre monde".
Sans doute entre-t-il dans cette déclaration d'intention un brin romantique une bouffée de business, mais l'autre monde désigne le monde de la contre-culture, soit un monde qui n'est pas le réel et qui n'est pas uni. Tout l'effort des républicains en politique consiste à unifier l'homme au réel, en particulier sous la forme (croissante, provisoire et déterminante) du peuple. Cette définition du républicanisme découle de la conception ontologique du nihilisme, selon laquelle (notamment suite aux investigations métaphysiques d'Aristote) l'être est multiple car il découle d'un non-être engendrant à son image (multiple).
Chez Aristote le non-être préexiste à l'être, alors qu'on ne sait pas trop qui est premier chez Démocrite. Non seulement cette précellence indique l'identité d'Aristote le nihiliste camouflé en métaphysicien pragmatique de l'être multiple, mais surtout qu'Aristote prône la contre-culture qui consiste à se recentrer autour du monde de l'homme, soit à dissocier le monde de l'homme du réel. Chez Aristote cette approche contre-culturelle part du postulat (erroné) que le monde est fini, puis, quand le nihilisme ressuscite dans la modernité, cette finitude s'exacerbe en complétude du désir.
Un mythe puéril qui indique que pour obtenir une définition certaine du réel, on restreint encore le périmètre du monde de l'homme au - désir. On retrouve une trace de cette réduction dans l'éclosion du critère de la mode tel qu'il fut théorisé par Baudelaire : qu'est-ce que la mode sinon l'expression de la contre-culture, qui morcèle le réel et qui ne cesse de changer (quitte à revenir périodiquement, le changement dans le fini étant limité)?
Si la mode est un enfermement et si la mode est devenue un art quasiment nouveau, c'est parce qu'elle illustre cette toute-puissance de la contre-culture, dont la caractéristique principale est de suivre les résolutions de l'immanentisme : instaurer un monde fini, figé, défini, dans lequel c'est le désir qui commande et qui resserre encore l'univers, depuis le monde de l'homme (déjà partiel) jusqu'au désir de l'homme. Quiconque vit selon son désir en tant que finalité existentielle est condamné à perdre tout repère réel puisque le monde du désir est une réduction du monde de l'homme qui est une réduction du monde réel.
Si chaque étape implique des déformations, que l'on juge des déformations successives et inflationnistes chez celui qui adhère au mythe du désir complet institué par Spinoza (et ses disciples). Ne reste alors plus au fan d'une des innombrables chapelles contre-culturelles qu'à adhérer à (adorer) un autre monde pour ne pas suffoquer dans son petit monde de mode étriquée et réduisant au rythme mortifère de la peau de chagrin (raison pour laquelle on trouve tant de dérèglements psychiatriques chez les divers adeptes des innombrables chapelles, qui pètent les plombs à force de chagrin et d'insuffisance).
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