http://www.marianne2.fr/hervenathan/La-finance-mondiale-a-la-trouille-mais-le-cache_a57.html
Tiens, les médias dominants commencent à sortir le secret de Polichinelle? Nos experts en faits bruts sont en retard d'une guerre, c'est le cas de le dire. Si on s'informe un minimum sans croire ce que les médias officiels déversent comme propagande pro-systémique, l'effondrement de la finance mondialisée, on commençait à le sentir, mais il convient d'insister : décidément, la finance mondialisée va mal, très mal. Nul besoin de se lancer dans de grandes théories pointues concernant la raison de cette crise paroxystique et irrémédiable : le monétarisme est l'explication au problème. Autrement dit : la valeur est physique, elle n'est pas fictive. Leçon de l'école d'économie américaine, des sieurs Hamilton, Carey ou LaRouche : on ne peut créer de la valeur par soi-même, sans une correspondance entre cette création virtuelle et une création matérielle (physique). Raison pour laquelle les religions monothéistes interdisent l'usure dans leurs principes; raison aussi pourquoi le diable crée de l'argent en fouillant dans ses poches - sans création physique.
Il serait urgent d'en revenir à une conception de l'existence qui soit religieuse, politique et économique et non pas à ce dévoiement de l'économique d'expression libérale, qui consiste à faire disparaître le religieux (et le politique) au lieu de proposer des alternatives supérieures (anti-entropiques). La dépolitisation, le mal rongeant les individus moutonniers, est le symptôme qui indique à quel point les responsables premiers de cette crise sont les membres du système, plus encore que les bénéficiaires (appelés à subir le même sort que les adorateurs du diable, au premier rang desquels le cas Nietzsche, foudroyé par la mania et icône intello de notre époque).
Comme la Bible le relate pour l'époque de Babel (et de Nemrod), nous vivons une époque diabolique : une époque où les valeurs sont monétaristes. Dans cette époque opaque où l'on crée fictivement de la valeur, la vérité disparaît. Spinoza l'avait prophétisé en substituant à ce critère moral (et bientôt moraliste dans la mentalité immanentiste) la norme du désir, censée être supérieure. Du moins - dans l'esprit immanentiste; dans la pratique, la complétude du désir connaît de sérieux ratés. La vérité disparaît dans le monétarisme en tant que le monétarisme est l'expression économique (financière) de l'immanentisme.
La disparition de la vérité engendre son remplacement par la propagande. C'est le plus fort qui a raison. Quand le plus fort connaît des risques d'effondrement et de disparition, il lance des rumeurs qui lui profitent, tout en amorçant enfin un début de remise en question du système. On fait mine de critiquer fondamentalement alors qu'on n'égratigne que superficiellement. A l'heure historique où l'on assiste à l'effondrement de l'Empire britannique, qui existe sous une forme financière, centrée autour de l'Inter-Alpha Group (et ses alliés), nous subissons des opérations de propagande comme Wikileaks, dont on nous rebat les oreilles avec une complaisance suspecte.
Dans la version pro-systémique (pro-libérale), on convoque de brillants intellectuels qui théorisent sur la fracture entre les élites (eux, quoi) et le peuple (les inférieurs, quoi); et qui sans craindre de risquer l'accusation de complotisme dont ils abusent tout en l'utilisant pour leurs fins médiocres, s'insurgent opportunément, avec une indignation moraliste, de la divulgation de secrets d'Etats qui n'en seraient pas!
Face à cette version tarabiscotée des faits, relais servile du pouvoir, d'aucuns soutiennent Wikileaks : cette opération permettrait d'apprendre certains secrets diplomatiques et stratégiques bien gardés, pour peu qu'on prenne la peine de lire des milliers de documents. En filigrane, on affronte une critique véhémente des médias cooptés par les pouvoirs en place et qui serait à leurs bottes (c'est malheureusement vrai la plupart du temps). Tel est le cas de cet article :
http://www.legrandsoir.info/Wikileaks-revele-l-influence-croissante-du-crime-organise-israelien-Antiwar-com.html
Le problème de ce type de critique du pouvoir, c'est qu'il rejoint la critique en faveur du pouvoir : tous deux font l'apologie plus ou moins insidieuse, mais vérifiable, du plus fort. Que propose-t-on en lieu et place du pouvoir impérialiste occidental (occidentaliste) qui domine outrageusement et qui affirme sans fard que les relations internationales sont par définition amorales (ainsi d'un Kissinger porte-parole des intérêts britanniques issus du RIIA)? Le but de toutes ces positions, qu'elles défendent Wikileaks ou qu'elles émanent du pouvoir en place, c'est qu'elles soutiennent directement ou indirectement le pouvoir financier.
C'est parce que ce pouvoir est en crise qu'il suscite des critiques qui sont des écrans de fumée, c'est-à-dire qui instillent une certaine contestation tout en se gardant de toucher à l'essentiel. Prenons l'image d'un immeuble de trente étages. Jusqu'à il y a peu, la VO avançait que cet immeuble ne faisait que dix étages. Mais cette version officielle étant discréditée par ses actions ineptes et les contestations qui s'ensuivent, on fait mine d'accepter les critiques en lâchent du lest et en reconnaissant que non, c'est vrai, l'immeuble ne fait pas dix étages. Il en fait quinze...
Cette manière de proférer une demi vérité cache l'entreprise perverse visant à instaurer en lieu et place un mensonge et demi. Dans les informations principales qui bruitent, on apprend que l'opération Wikileaks incrimine le gouvernement américain, le gouvernement israélien ou le royaume saoudien. Au passage, on a la confirmation de l'implication principale de l'Arabie saoudite dans le 911 sur le sol de la puissance américaine alliée.
Wikileaks ne révèle rien de précis, mais confirme ce que l'on peut apprendre déjà. De ce point de vue, Wikileaks pourrait constituer une précieuse source de renseignements, au moins de confirmation. Mais d'où viennent ces milliers de pages, de documents dérobés aux canaux officieux de la diplomatie américaine? C'est avec cette question que l'on comprend la nature de l'entreprise Wikileaks. Opération Espadon.
Il convient de se demander ce que cache l'opération Wikileaks en révélant ce qu'elle révèle - en ayant à l'idée que Wiki montre pour mieux cacher. D'ailleurs, qu'est-ce que Wikileaks? Leak en anglais désigne la fuite. Un Wiki "est un site Web dont les pages sont modifiables par les visiteurs afin de permettre l'écriture et l'illustration" (selon Wikipédia). Wikileaks serait textuellement un site Internet consacré aux fuites diplomatiques modifiables par les visiteurs...
Nous tenons l'organe parfait de propagande orwelienne - d'adaptation aux besoins de ses auteurs. Le propre d'un texte est précisément de ne pas être modifiable. On voit mal un texte de Platon être modifié par tel ou tel copiste qui estimerait, suivant ses croyances ou son époque, qu'il convient de retrancher tel élément, d'ajouter tel autre, etc. Le principe de la modification et de l'altération encourage la propagande, la manipulation et la loi du plus fort.
Fort du principe suivant lequel on montre tel élément caché inférieur pour cacher tel principe supérieur, il s'agit de cacher le principe fondamental de l'impérialisme britannique pour incriminer les agissements condamnables des Etats-nations. Autrement dit, les fuites tendent à affaiblir encore l'axe américano-israélien tout en se gardant d'identifier l'existence pourtant patente de l'Empire britannique (sous son vocable d'Inter-Alpha par exemple).
On tape d'autant plus fort sur l'Etat-nation américain (et son allié israélien) que les Etats-Unis sont devenus le défouloir généralisé de toutes les plaintes et de toutes les fautes dans le monde qui cernent mal l'identité véritable et la nature de l'impérialisme. Identité véritable (et vérifiable) : c'est l'Empire britannique, pas l'Empire des Etats-Unis. Nature : l'impérialisme ne peut émaner d'un Etat-nation. A la rigueur, il peut être centré dans le même endroit que l'Etat qu'il parasite, mais un Etat-nation ne peut être impérialiste parce que l'impérialisme exprime la domination; quand l'Etat-nation est anti-impérialiste au sens où il cherche l'unité contre la domination.
Historiquement, rappelons-nous que la Paix de Westphalie a été signée contre les guerres de religion et contre le principe d'impérialisme qui en était la source. C'est donc participer sans s'en rendre compte à l'antiaméricanisme primaire que de dénoncer l'impérialisme américain car le seul impérialisme américain qui peut être dénoncé n'émane pas de l'Etat-nation américain, mais de factions financières dirigées par Wall Street. Notable différence, car dans ce cas, nous avons l'opposition entre l'Etat-nation américain (et les patriotes attachés à la Constitution américaine) d'une part; d'autre part, les factions financières qui ne sont pas américaines, mais qui sont antiaméricaines.
Quand on étudie un peu la géopolitique actuelle, on se rend compte que Wall Street est l'émanation de la City de Londres, émanation puissante et influente sans doute, mais émanation historique et effective. Wall Street est le prolongement sur le sol américain de l'Empire britannique et contrarie l'intention anti-oligarchique et anti-impérialiste contenue dans la fondation des Etats-Unis et la rédaction de la Constitution américaine inspirée des principes républicains énoncés (notamment) par Solon.
Ceux qui en prétendant combattre l'impérialisme pointent du doigt son identité américaine sont les alliés utiles (voire les idiots simplistes) de leurs ennemis déclarés - les impérialistes; cette situation hilarante où l'ennemi devient l'allié nintervient dans le contexte où la fin des impérialistes est de détruire l'Etat-nation. Pour parvenir à leurs fins, les effectifs et masqués impérialistes ont compris (explicitement) qu'ils devaient détruire le plus puissant et le plus emblématique de ces Etats-nations, les Etats-Unis. S'ils ont recours à diverses stratégies, la plus décisive consiste à déformer la représentation des Etats-Unis, provoquant une vague de haine aveuglée.
C'est un fait que les Etats-Unis sont le bouc émissaire des protestations anti-impérialistes et qu'il est plus facile (simpliste) de s'en prendre aux Etats-Unis que de comprendre le mécanisme impérialiste opposé au principe républicain, dont l'affrontement se réduplique sur le sol américain, dans une forme saisissante d'actualisation particulière du symbole. Le plus important est de retenir l'incompatibilité entre l'Etat-nation et l'impérialisme.
Puis, il est capital de se remémorer que dans cet affrontement historique, les impérialistes qui coulent (à pic) n'ont d'autre alternative pour s'en sortir que de détruire à leur place l'Etat-nation. C'est soit l'impérialisme, soit l'Etat-nation. Mais il est certain que l'impérialisme ne pourra vivre encore tapi, à l'état de factions cachées, à l'intérieur des Etats-nations. Soit il parvient à détruire l'Etat-nation et à oligarchiser le monde; soit il mourra. On sait bien que le diable finit par perdre, comme l'on sait pertinemment que l'impérialisme finit par s'écrouler.
La question : à quelle situation aboutira l'écroulement de l'impérialisme britannique qui est mondialisé et tentaculaire. Au passage, un des oxymores les plus grotesques en matière de stratégie géopolitique, consiste à associer dans une expression intelligente l'axe américano-sioniste. Mais si les Etats-Unis sont un Etat-nation et qu'Israël est un État oscillant entre le colonialisme et le tribalisme, alors cette association n'est pas possible.
Encore une escroquerie que d'associer l'Etat d'Israël et l'Etta-nation des Etats-Unis. Par contre, l'association entre l'impérialisme britannique et Israël est elle plausible. Non seulement l'alliance (sans vilain jeu de mots) est historique, mais en plus Israël est utilisé par les factions financières de la City de Londres pour déstabiliser la région depuis les accords destructeurs de Sikes-Picot. L'association entre des intérêts américains et israéliens devraient être décrites autrement que par un axe inter-étatique laissant supposer de surcroît que ce sont deux États semblables qui s'allient pour des motifs d'intérêts communs (être les plus forts, en gros).
On pourrait parler d'alliances entre les factions oligarchiques américaines (regroupées autour de la direction de Wall Street et existant à l'état de métastases disparates) et les intérêts sionistes les plus radicaux (comme les cercles autour de B. Netanyahu); mais ces liens obéiraient à l'intérêt de s'associer autour d'un dénominateur commun. Non pas la domination de l'idéologie sioniste comme l'estiment de nombreux commentateurs dans leur aveuglement partial; mais la domination financière d'obédience libérale.
Au lieu de parler d'axe américano-sioniste, il conviendrait plutôt d'employer le termes d'axe interoligarchique qui privilégie les oligarchies israéliennes et américaines, mais alors cette identification du principe actif de l'oligarchie conduit à déterrer le coeur de l'oligarchie : la City de Londres, capitale de l'Empire britannique... Le but de l'opération Wikileaks rejoint l'opération de destruction des Etats-nations : il s'agit d'établir une diversion où l'on se focalise sur les révélations secondaires et éventées de Wikileaks pendant que le principal se déroule (la destruction théorisée des Etats-nations).
Qui fournit avec une complaisance si élégante et précieuse les informations confidentielles et protégées à Wikileaks? Mais voyons quel est le passé de notre site avant-gardiste et désintéressé... Son président-fondateur Julian Assange, avant de faire scandale et d'entraîner des accusation troubles de viol, a obtenu le prix Amnesty International en dénonçant des irrégularités financières du principal candidat au Kenya. Notre intéressé a perdu les élections. Le Kenya semble être une base des renseignements atlantistes dont la lignée Obama est issue.
Suite à son acte héroïque, Assange et Wikileaks récidivent. Ils sortent plusieurs affaires qui lui valent l'estime médiatique internationale : procès du pédophile Dutroux ou affaire de la banque islandaise Kaupting. Wikileaks va connaître la renommée planétaire avec l'affaire du Climategate, où l'un des responsables partisan de la thèse du réchauffement climatique, le fameux climatologue Phil Jones de l'université britannique d'East Anglia, se retrouve accusé de fraude et de manipulation. Puis Wikileaks divulgue des documents du Pentagone américain concernant les guerres d'Afghanistan et d'Irak. Enfin, Wikileaks intensifie ses opérations de révélation de secrets diplomatiques avec le Cablegate, qui accroît encore sa réputation de site subversif relayant des fuites d'informations confidentielles et stratégiques majeures.
Nul besoin d'entrer dans les détails des informations disponibles : le site Wikileaks est utilisé par des parties influentes de l'Empire britannique pour empêcher certaines tendances trop virulentes d'impérialisme tout en sauvegardant le principe impérialiste. C'est notamment le cas dans l'affaire du Climategate, où l'on voit des membres éminents de l'oligarchie britannique s'élever contre la théorie du réchauffement climatique dû à l'homme tout en étant eux-mêmes des membres influents de l'Empire britannique.
Mais ces contestataires de lignes politiques trop dures, comme la folie néoconservatrice et ses guerres criminelles, sont aussi les plus chauds partisans de la destruction des Etats-nations. On en trouve une preuve avec les théories de Cooper autour de l'euroimpérialisme : apologie du nouveau libéral-impérialisme, de la troisième voie chère à Blair et la Société fabienne, destruction de l'Etat-nation, jugé archaïque. Au passage, Cooper le théoricien de cet impérialisme postmoderne a été éduqué au Kenya. Ses idées sont terrifiantes : non seulement l'impérialisme est la forme historique nécessaire d'organisation politique, mais encore l'alternative postmoderne aux Etats-nations archaïques est la vision hobbesienne mondialisée (universalisée) de la guerre de tous contre tous.
C'est dans cette conception postimpérialiste que peut s'instaurer la transparence chère à l'éthique Wikileaks : la transparence liée à la sécurité renvoie in fine à la destruction des Etats-nations. Ce qui caractérise le monde post-moderne, c’est «la disparition de la séparation entre affaires domestiques et étrangères ; l’interférence mutuelle dans les affaires domestiques (traditionnelles) et la surveillance mutuelle ; le rejet de la force comme moyen de résoudre les conflits et la codification de règles de comportement auto-imposées ; une absence croissante de la raison d’être des frontières qui résulte aussi bien du rôle changeant de l’Etat que de l’existence des missiles, des voitures et des satellites ; la sécurité fondée sur la transparence, l’ouverture mutuelle, l’interdépendance et la vulnérabilité mutuelle.»
Selon Cooper, le monde a "besoin d’une nouvelle sorte d’impérialisme, un impérialisme acceptable pour le monde des droits de l’homme et des valeurs cosmopolites". Il est à craindre que ce soit dans cette conception d'un postimpérialisme mondialisé, sorte de parachèvement éternel (la fin de l'histoire) des projets impérialistes passés, que se situe l'avènement de groupes obscurs et manipulables comme Wikileaks. Cette transparence ultralibérale au service du postimpérialisme sert le projet impérialiste en dénonçant les dérives imputées aux Etats-nations, voire aux formes étatiques non impérialistes.
N.B. : cette manière pour Wikileaks de considérer que c'est en dévoilant des secrets étatiques qu'elle exprimera la vérité n'est pas seulement d'expression complotiste; il suffit de constater la réponse qu'elle engendre : les théoriciens/experts favorables au pouvoir en place (en phase de décomposition) expliquent que cette transparence revendiquée serait de mauvais aloi - qu'elle servirait en fait le mensonge. Tant la tentative de Wikileaks de prétendre affirmer la vérité en sortant des secrets que la contre-evendication selon laquelle il n'est pas bon de sortir des révélations contiennent le même germe de refus de la connaissance. D'irrationalisme. D'apologie de l'obscurantisme. Commandement de cette mentalité : tu ne dois pas savoir. Il n'est pas bon de savoir. C'est la parole que Zeus pervers adresse à Prométhée, allant jusqu'à le châtier pour avoir donné le feu aux hommes. C'est la constante d'une part non négligeable du phénomène religieux : proposer une représentation divine qui instaure la séparation qualitative entre le divin et l'humain. A l'opposé du rationalisme selon lequel Dieu est fait à l'image de l'homme, d'autres religieux considèrent que Dieu et l'homme ne peuvent être liés. Dans ce cas, on défend une conception irrationaliste, qui a une appellation : c'est le nihilisme dénié, travesti sous les oripeaux de formes religieuses en place. Le refus de la connaissance au nom de sa folie est expliqué dans la métaphysique aristotélicienne (antiplatonicienne), avec la conception d'une multiplicité de l'être qui correspondrait à une multiplicité du non-être. Dès lors, il n'est pas possible de connaître puisque la connaissance se heurte à des paliers qualitatifs inaccessibles. Nulle contradiction à ce que le nihiliste prétende à l'érudition. Il est le savant dans la mesure où il considère le savoir fixe. Maîtriser un grand savoir, c'est tout connaître de ce qui peut être connaissable. Aristote estimait posséder la quasi intégralité du savoir humain possible. Mais le savoir peut d'autant plus être possédé qu'il est fini - appelé à être fixe et figé tôt ou tard. Dès lors, il ne sert à rien de dévoiler les secrets - c'est même une action funeste : de même que le divin n'est pas appréhendable par l'humain, comme le représente le divin épicurien; de même ces inégalités qualitatives se retrouvent à l'intérieur de la multiplicité humaine, ce qui légitime la vision oligarchique, en particulier le système politique par castes. Quant au mal qu'il y a à dévoiler les secrets des castes supérieures (la domination du pouvoir), comme Prométhée a commis le mal en livrant le secret divin du feu aux hommes, alors qu'il appartenait aux dieux, c'est le préjugé selon lequel les castes inférieures ne peuvent faire usage de techniques qualitativement supérieures. Ce mésusage aboutit immanquablement à une utilisation destructrice car le réel selon cette conception est fixiste. Vouloir s'élever en brisant les castes est une opération contre-nature de démesure (l'ubris) : c'est détruire l'ordre dans lequel on se tient sans autre résultat que sa propre punition. D'où le châtiment de Prométhée et (toutes proportion gardée) les tourments actuels infligés à Julian Assange. Avec cette distinction : le feu permet le progrès de l'homme doté de génie créatif; quand le dévoilement des secrets diplomatiques par Wikileaks n'amène rien de bon, car il ne propose rien de positif et recycle de manière périmée et médiocre des savoirs justement figés. Pas de feu, juste du peu.
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