Quand on a compris que le système actuel est gouverné par la piraterie, on ne peut que s'interroger sur la bizarrerie qui veut que le piratage ne soit pas un système branlant et bancal, mais une forme d'exploitation du système qui vit sur le dos du système. La piraterie au pouvoir prétend d'autant plus gouverner que son mode de fonctionnement la conduit à détourner les institutions et la mène à la ruine. Mais ce n'est pas tout.
Outre ce paradoxe tonitruant, la piraterie présente une conception de l'ontologie qui mérite d'être énoncée et qui explique largement les dérives actuelles, en particulier celles qui entourent le 911 et qui confèrent à cet événement bien d'autres significations que celles majeures attachées à son avènement. La piraterie promeut l'invisibilité en tant qu'être de l'entre, c'est être insaisissable. Le détournement des institutions ne signifie pas seulement que les institutions n'occupent plus la place ultime qui tient lieu de fondement et sans lequel aucun système ne peut fonctionner.
La prétention des dirigeants pirates à occuper le fondement ne s'appuie que sur la supercherie qui consiste à définir le fondement dans la mesure où on le déclare ailleurs et autre. Comprend-on la morgue que l'on prête non sans raison et inquiétude à des hommes de pacotille (comme aurait dit le vénérable Diogène)? Ils sont arrogants parce qu'ils sont transparents. Là encore, la transparence dont se targuent les élites respire la supercherie. Si être transparent signifie être de peu de poids ou si léger qu'on s'envole à la première bourrasque, on mesure le compliment.
La transparence est d'un aveu d'autant plus lucide qu'elle émane d'un système aux abois où les fondements ne sont plus opaques. Mais à quel prix! Les fondements sont transparents dans la mesure où ils sont effrités et sur le point de s'effondrer. C'est la transparence de l'être qui perd ses contours, sa peau et qui menace de s'évider - avec horreur. L'invisibilité des fondements est nécessaire dans un système où la vraie identité est d'être constamment autre, constamment renvoyée ailleurs, dans un système de perpétuel renvoi.
C'est à un incessant jeu de dupes que renvoie le système et c'est pourquoi sa virtualité ne peut masquer éternellement sa fausseté duplice/multiple. L'invisibilité n'est pas seulement la marque de démiurges qui auraient besoin de ce statut pour gouverner. Le pouvoir est invisible parce qu'il est passé d'un statut où la visibilité posait un problème résolu par la pratique à un état où l'invisibilité n'a fait qu'empirer le problème de manière insoluble et inéluctable.
L'invisibilité ne signifie pas l'affermissement du pouvoir, tant s'en faut, que sa fragilisation insoluble. Le problème est insoluble en ce qu'il s'est dissout dans la mauvaise foi. Le système n'est pas plus transparent parce qu'il reposerait sur l'invisibilité. Au contraire, l'invisibilité ne peut que mener à la piraterie, qui est la traduction positive de la définition négative de l'identité. Dans un système où le pouvoir est fragilisé, mais cherche à se développer, le fondement du pouvoir est contraint d'associer à la garantie de son exercice l'acceptation de son mystère inexplicable et de sa fragilité tragique. C'est ainsi que de nombreux rois étaient exécutés pour être des fondements aussi inexplicables que sans fondement. Quand le roi était nu, la seule solution consistait à le changer. Le tuer, c'était aussi préserver le système doté de fondement de manière aussi naturelle (ontologique) qu'inexplicable (illogique).
Avec la consolidation du pouvoir, les rites sanglants se sont progressivement effacés et l'homme a pris tellement confiance en son pouvoir qu'il en a oublié à quel point son identité était rationnellement peu claire et ne risquait pas d'être clarifiée par la raison, fût-elle Raison. L'homme a cru s'en sortir par une pirouette ou un stratagème, mais l'absence de raisons ne se confond que par des rites qui exorcisent la violence, pas par des arguments qui ne font qu'appeler de leurs voeux sacrificiels la même violence - mais à un état plus brut et moins digeste. C'est ainsi que de pieux arguments démocratiques mènent pour de bonnes raisons à la piraterie et qu'on se réveille un triste matin avec la bouche pâteuse et la tête lourde, parce que l'ivresse d'un soir s'est commuée en alcoolisme implacable et dévastateur.
Qu'on se le tienne pour dit : l'antre est vide parce que la bête a voulu faire l'ange et s'est vautrée dans le marigot voisin, en rêvant qu'elle prenait un bain délectable et que plus jamais, au grand jamais, elle n'aurait à souffrir de la saleté et de la crasse. On mesure le résultat : toute couverte de boue, elle s'est jurée de ne plus recommencer son jeu de dupes. De la boue invisible, de la fange transparente, telles étaient les maléfices qui lui avaient troublé la vue et la raison et avaient manqué de la précipiter tête baissée vers une nuit éternelle.
Outre ce paradoxe tonitruant, la piraterie présente une conception de l'ontologie qui mérite d'être énoncée et qui explique largement les dérives actuelles, en particulier celles qui entourent le 911 et qui confèrent à cet événement bien d'autres significations que celles majeures attachées à son avènement. La piraterie promeut l'invisibilité en tant qu'être de l'entre, c'est être insaisissable. Le détournement des institutions ne signifie pas seulement que les institutions n'occupent plus la place ultime qui tient lieu de fondement et sans lequel aucun système ne peut fonctionner.
La prétention des dirigeants pirates à occuper le fondement ne s'appuie que sur la supercherie qui consiste à définir le fondement dans la mesure où on le déclare ailleurs et autre. Comprend-on la morgue que l'on prête non sans raison et inquiétude à des hommes de pacotille (comme aurait dit le vénérable Diogène)? Ils sont arrogants parce qu'ils sont transparents. Là encore, la transparence dont se targuent les élites respire la supercherie. Si être transparent signifie être de peu de poids ou si léger qu'on s'envole à la première bourrasque, on mesure le compliment.
La transparence est d'un aveu d'autant plus lucide qu'elle émane d'un système aux abois où les fondements ne sont plus opaques. Mais à quel prix! Les fondements sont transparents dans la mesure où ils sont effrités et sur le point de s'effondrer. C'est la transparence de l'être qui perd ses contours, sa peau et qui menace de s'évider - avec horreur. L'invisibilité des fondements est nécessaire dans un système où la vraie identité est d'être constamment autre, constamment renvoyée ailleurs, dans un système de perpétuel renvoi.
C'est à un incessant jeu de dupes que renvoie le système et c'est pourquoi sa virtualité ne peut masquer éternellement sa fausseté duplice/multiple. L'invisibilité n'est pas seulement la marque de démiurges qui auraient besoin de ce statut pour gouverner. Le pouvoir est invisible parce qu'il est passé d'un statut où la visibilité posait un problème résolu par la pratique à un état où l'invisibilité n'a fait qu'empirer le problème de manière insoluble et inéluctable.
L'invisibilité ne signifie pas l'affermissement du pouvoir, tant s'en faut, que sa fragilisation insoluble. Le problème est insoluble en ce qu'il s'est dissout dans la mauvaise foi. Le système n'est pas plus transparent parce qu'il reposerait sur l'invisibilité. Au contraire, l'invisibilité ne peut que mener à la piraterie, qui est la traduction positive de la définition négative de l'identité. Dans un système où le pouvoir est fragilisé, mais cherche à se développer, le fondement du pouvoir est contraint d'associer à la garantie de son exercice l'acceptation de son mystère inexplicable et de sa fragilité tragique. C'est ainsi que de nombreux rois étaient exécutés pour être des fondements aussi inexplicables que sans fondement. Quand le roi était nu, la seule solution consistait à le changer. Le tuer, c'était aussi préserver le système doté de fondement de manière aussi naturelle (ontologique) qu'inexplicable (illogique).
Avec la consolidation du pouvoir, les rites sanglants se sont progressivement effacés et l'homme a pris tellement confiance en son pouvoir qu'il en a oublié à quel point son identité était rationnellement peu claire et ne risquait pas d'être clarifiée par la raison, fût-elle Raison. L'homme a cru s'en sortir par une pirouette ou un stratagème, mais l'absence de raisons ne se confond que par des rites qui exorcisent la violence, pas par des arguments qui ne font qu'appeler de leurs voeux sacrificiels la même violence - mais à un état plus brut et moins digeste. C'est ainsi que de pieux arguments démocratiques mènent pour de bonnes raisons à la piraterie et qu'on se réveille un triste matin avec la bouche pâteuse et la tête lourde, parce que l'ivresse d'un soir s'est commuée en alcoolisme implacable et dévastateur.
Qu'on se le tienne pour dit : l'antre est vide parce que la bête a voulu faire l'ange et s'est vautrée dans le marigot voisin, en rêvant qu'elle prenait un bain délectable et que plus jamais, au grand jamais, elle n'aurait à souffrir de la saleté et de la crasse. On mesure le résultat : toute couverte de boue, elle s'est jurée de ne plus recommencer son jeu de dupes. De la boue invisible, de la fange transparente, telles étaient les maléfices qui lui avaient troublé la vue et la raison et avaient manqué de la précipiter tête baissée vers une nuit éternelle.
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