"Il est intéressant de noter que le verrou inexpugnable de la mauvaise foi s'appuie sur la capacité à confondre (dans les deux sens du terme) dans un objet existant entre cet objet et au moins un autre objet subrepticement introduit (qui peut aller jusqu'à une foule imaginaire d'objets). La mauvaise foi est ainsi indémontrable : tant que le réel n'est pas définissable, il est impossible de distinguer entre un objet illusoire et un objet possible/inconnu. A l'inverse de la distinction, la confusion sert la mauvaise foi. La mauvaise foi du complotisme, c'est de ramasser ainsi le complotisme avéré et la possibilité du complot."
Koffi Cadjehoun, Hypercomplot.
De pire en pire, voilà maintenant que je me cite. Non content de chercher la vérité, se pourrait-il que désormais je la dise? J'aurais pu citer Wittgenstein, affirmant qu'on ne fait jamais assez de différences ou de distinctions. Comme je ne parviens plus à retrouver la citation, je la cite de mémoire et la prends bien volontiers sous mon chapeau en cas de distorsion manifeste avec le penseur. D'ores et déjà, deux bonnes citations. L'une de Cadjehoun, l'autre de Wittgenstein (l'accolade me plaît...) : c'est toujours mieux que la référence aux faux penseurs, mauvais experts et commentateurs conformistes qui sévissent aujourd'hui et qui empêchent les vrais penseurs de penser. Redeker, par exemple...
Pour l'heure, j'aimerais en ces temps de ruines, qui annoncent des lendemains qui chantent de reconstructions, revenir sur le principe qui empêche d'accuser l'officiel ou le pouvoir. Il s'agit ainsi systématiquement pour l'accusation officielle de réduire sa contestation aux caractérisations anathémiques et anathématisées. Je m'explique : le postulat énonce en fait que la vérité peut seulement émaner du pouvoir ou des instances officielles. Contester le pouvoir, c'est automatiquement contester la vérité, ce qu'exprime très bien l'expression : vérité officielle, et le raccourci qu'exprime l'assemblage des deux termes.
D'où conteste-t-on la vérité? Sans doute depuis des lieux d'interstices et d'intermittences, d'autant plus vagues qu'ils sont malaisés à cerner et désigner. Car si la vérité, c'est le réel, on voir mal d'où proviendrait une contestation hors du réel, à moins de rejoindre le dogme immanentiste et hyperréel selon lequel à côté du réel se tient le néant (le néant d'ailleurs qui soutient le réel). On retrouve en fait la structure spécifique à conception immanentiste selon lequel le néant côtoie le réel et selon lequel le néant existe bien en tant que néant (c'est-à-dire qu'il n'existe pas).
Reste à préciser que ce que le pouvoir rejette comme contestation systémique diverge de la contestation favorable au pouvoir. Dans ce cas et ce cadre, la contestation systémique est celle qui réfute la représentation immanentiste du réel et du néant, quand toute contestation est tolérée à condition qu'elle cautionne cette démarcation immanentiste. Dès lors, le rejet de la contestation systémique se fait au nom de bonnes raisons : car le contestataire rejeté n'est pas tolérable, puisqu'il met en péril le seul système qui vaille, le système des systèmes, le système hors duquel il n'est rien, puisque le néant...
Etre ou ne pas être, il faut choisir. Dans ce jeu de dupes, l'immanentisme a choisi de pratiquer la mauvaise foi. Il faut dire pour sa défense qu'il est difficile de se montrer de bonne foi quand les valeurs que l'on défend (le lieu d'où l'on parle) sont fausses. Les valeurs de l'immanentisme reposent sur la supercherie, l'escroquerie et poussent à la mauvaise foi. Qu'est-ce que la mauvaise foi? C'est poser un verrou sur le réel en ce que l'on s'appuie sur l'impossibilité de distinguer entre ce qui est et ce qui n'est pas au nom de ce qui est possible et de ce qui ne l'est pas. La mauvaise foi, c'est la foi dans le néant. La bonne foi, c'est la foi dans le réel.
La mauvaise foi est inexpugnable et irréfutable en ce qu'elle se réclame de ce qui n'existe pas. Allez démontrer à qui que ce soit que ce qui n'existe pas n'existe pas. Je rappelle que l'homme est incapable de démontrer que ce qui existe existe et de définir le réel. Ah, tiens? Incapable de définir le réel? Mais en ce cas, la mauvaise foi se réclame d'un domaine tout aussi mystérieux et inconnu... Car si l'on n'est pas capable de définir ce qui est, on n'est pas plus capable de définir ce qui n'est pas...
La mauvaise foi est une perpétuelle dérobade en ce qu'elle repose sur l'erreur et l'illusion. Pour être de bonne foi, il faut oser : je ne sais pas. Pour être de mauvaise foi, il suffit d'affirmer : je sais. En l'occurrence : je sais ce qui n'est pas à défaut de savoir ce qui est. De telles réflexions nous poussent bien entendu à répudier la raison comme fondement, puisque la raison est si incertaine et nous mène soit à l'incertitude saine, soit à la certitude malsaine.
Dans les deux cas, l'individu se retrouve frustré et l'on comprend que le recours à la mauvaise foi permet au moins de se donner l'illusion de maîtriser quelque chose, même si ce savoir est faux et controuvé. Au nom de la mauvaise foi, l'on peut pratiquer l'excommunication et l'anathème justes, puisque les contestataires de la version officielle se meuvent dans le néant et refusent le réel. Il n'est pas tant insupportable d'user du rejet que de l'appliquer dans l'incertitude, voire sous de mauvais desseins. Mais quand on a le privilège de vivre avec la vérité de la science infuse et diffuse, le rejet et l'anathème ne sont pas des pratiques déshonorantes. Les Inquisiteurs de tous poils le savent bien et les inquisiteurs immanentistes ne font que reprendre de vieilles soupes.
La seule différence est que les inquisiteurs immanentistes pratiquent la violence inquisitrice au nom du rejet de la religion et de la mutation du système vers les formes supérieures de la liberté et de la raison. Autrement dit, c'est au nom du rejet de l'inquisition que se pratique l'inquisition. Encore faut-il rappeler, si besoin en était, que le progrès des anciennes formes de systèmes transcendantaux vers le système immanentisme est une totale supercherie.
C'est dans le cadre de cette conception immanentiste que s'élabore le procédé que j'ai cité plus tôt et qui permet de rejeter le mal au nom du néant et d'accréditer le bien au nom du rejet du mal. Je veux bien entendu parler de l'amalgame, qui consiste à mélanger de manière indécidable ce qui est et ce qui n'est pas sous prétexte de défendre ce qui est contre ce qui n'est pas. L'amalgame prétend rejeter ce qui n'est pas au nom de ce qui est alors qu'il ne fait que rejeter ce qui est et qui lui est contraire au nom de ce qui n'est pas. La nuance est de taille.
D'où deux options à l'expression de l'amalgame :
1) amalgamer ce qui n'est pas avec ce qui est.
Ou :
2) amalgamer ce qui est avec ce qui n'est pas.
Précisons avant de commencer l'analyse de l'amalgame que le fait de rejeter suppose que l'amalgame s'opère à partir du processus d'accusation et que cette accusation soit estampillée officielle (sans quoi l'amalgame n'a qu'une portée relative, voire inopérante).
1) Dans le premier cas, il s'agit d'utiliser l'amalgame afin de provoquer le discrédit et le rejet sur ce qui est à partir de son identification abusive avec ce qui n'est pas. Ainsi pour l'accusation infamante et devenue vide de sens à force d'être employée à tout bout de champ de conspirationnisme. Au départ, le conspirationnisme désigne cette manie de prêter à quelques acteurs une importance sur la réalité qu'ils n'ont pas, comme si quelques doigts redoutables avaient le pouvoir de tirer les fils ultimes du réel. Selon cette première acception le conspirationnisme désigne une manie qui ressortit autant de l'illusion que de la folie. Le conspirationnisme est un comportement qui tend du côté de ce qui n'est pas. Le conspirationnisme est en tant que comportement mais n'est pas en tant que contenu. Mais l'amalgame ne consiste pas seulement à mélanger la structure de ce qui est avec le sens de ce qui n'est pas. L'amalgame consiste à mélanger au sein du sens ce qui est et ce qui n'est pas. Je m'explique : il suffit pour amalgamer de mélanger subtilement le conspirationnisme (ce qui n'est pas) et la conspiration (ce qui est). Bien malin pour distinguer entre les deux formes, puisqu'il est impossible de distinguer entre ce qui est et ce qui n'est pas.
2) Dans le deuxième cas, il s'agit d'utiliser l'amalgame classique et son processus afin de profiter d'une accusation jugée juste et justifiée pour la pervertir et la soudoyer. On utilise ce qui est (l'accusation jugée légitime par le pouvoir) pour y instiller ce qui n'est pas (l'intérêt pervers). A noter que la reconnaissance de l'accusation suppose que l'on se serve de l'accusation officielle et institutionnelle pour s'amalgamer avec le pouvoir et le côté des institutionnels, alors que l'amalgame 1 était l'anathème formulée par le pouvoir ou ses affidés pour écarter du pouvoir et du système contrôlé par le pouvoir. L'amalgame 1 sert à rejeter quand l'amalgame 2 sert à intégrer. L'amalgame 1 éloigne les amalgamés du pouvoir ou en fait ses ennemis (par exemple, les amalgamés taxés de conspirationnisme alors qu'ils dénoncent une conspiration parfaitement valable et valide); l'amalgame 2 accueille dans les cercles du pouvoir les amalgamés. Ainsi pour l'antisémitisme. L'antisémitisme est une accusation qui émane forcément du côté du pouvoir qui condamne l'antisémitisme (c'est le cas des pouvoirs démocratiques et libéraux, au nom de l'égalité de tous les individus dotés de raison). L'amalgame consistera à pénétrer tel le cheval de Troie l'accusation pour ajouter à l'antisémitisme effectif (haine des Juifs en tant que Juifs) l'antisémitisme illusoire (accusation d'antisémitisme quand la contestation est justifiée, c'est-à-dire quand elle en porte pas sur une caractérisation absolue, mais relative). C'est ainsi que condamner le sionisme fondamentaliste qui sévit chez les Juifs, mais aussi chez les chrétiens dits sionistes ne relève certainement pas de l'antisémitisme à partir du moment où l'amalgame ne s'opère pas entre les sionistes fondamentaliste et les Juifs (deux groupes distincts). Face à cette amalgame classique, de type 1, l'amalgame de type 2 consiste à user de l'accusation reconnue et adoubée officiellement d'antisémitisme pour légitimer le sionisme fondamentaliste et accuser ses critiques tolérants d'antisémitisme.
Distinguons si l'on veut bien dans le procédé d'amalgame entre amalgamé et amalgameur. L'amalgamé est celui qui est innocent dans le procédé d'amalgame. L'amalgameur est celui qui est l'accusateur.
1) Dans l'amalgame classique, l'amalgamé est rejeté (le soi-disant conspirationniste) et l'amalgameur est du côté du pouvoir (celui qui accuse de conspirationnisme). Les critères d'innocence et de culpabilité se retrouvent alors : l'amalgamé étant innocent, l'amalgameur est coupable.
2) Dans l'amalgame renversé, l'amalgamé est intégré (le sioniste fondamentaliste) par l'amalgameur (l'accusateur de l'amalgame classique d'antisémitisme). Du coup, l'amalgamé est coupable et l'amalgameur est aussi coupable qu'aveugle. Il arrive bien entendu que dans ce processus, l'amalgamé et l'amalgameur se confondent et que ce soit le sioniste fondamentaliste qui lance l'accusation d'antisémitisme pour se couvrir et lancer la diversion.
Répétons une dernière fois que l'amalgame renversé est appelé tel parce qu'il a besoin d'utiliser l'amalgame classique afin de la subvertir aux fins de l'intégrer. C'est ainsi que le sioniste fondamentaliste a besoin d'utiliser l'accusation d'antisémitisme pour se faire passer pour une victime. C'est dire à quel point l'amalgame utilise le processus de l'accusation et que l'accusation sans doute effectue toujours l'amalgame entre l'accusé coupable et l'accusé innocent à partir du moment où elle accuse.
P.S. : où l'on constate que l'amalgame 1 est l'amalgame classique en ce qu'il amalgame pour rejeter. Dans ce cas, on utilise l'accusation pour discréditer au nom des valeurs soutenues par le pouvoir. Mais l'amalgame 2 peut être dit amalgame renversé de l'amalgame classique (et cependant fort cohérent) en ce qu'il utilise l'accusation en forme de rejet pour s'intégrer à l'acte d'accusation.
P.S. 1 : il reste à noter que ce qui n'est pas est aussi d'une certaine manière. De ce point de vue, l'amalgame s'opère entre ce qui est et ce qui n'est pas car il est impossible de distinguer entre ce qui n'est pas et ce qui est puisque les deux sont au moins d'une certaine manière. Ce qui n'est pas diverge de ce qui est, mais seulement sur le mode, pas quant à la manière d'être d'une manière ou d'une autre. Pour la question de : comment s'opère le rapprochement entre ce qui est et ce qui n'est pas au sein de l'amalgame, le plus simple consiste encore à étendre de manière totale et totalitaire (abusive) ce qui existe pour partie (car tout ce qui existe singulièrement existe relativement) à ce qui existerait de manière absolue (car alors ce qui existe absolument n'existe pas). Ainsi pour le conspirationnisme, extension abusive et totalitaire (paranoïaque en tant qu'extension de la raison) de la conspiration.
Koffi Cadjehoun, Hypercomplot.
De pire en pire, voilà maintenant que je me cite. Non content de chercher la vérité, se pourrait-il que désormais je la dise? J'aurais pu citer Wittgenstein, affirmant qu'on ne fait jamais assez de différences ou de distinctions. Comme je ne parviens plus à retrouver la citation, je la cite de mémoire et la prends bien volontiers sous mon chapeau en cas de distorsion manifeste avec le penseur. D'ores et déjà, deux bonnes citations. L'une de Cadjehoun, l'autre de Wittgenstein (l'accolade me plaît...) : c'est toujours mieux que la référence aux faux penseurs, mauvais experts et commentateurs conformistes qui sévissent aujourd'hui et qui empêchent les vrais penseurs de penser. Redeker, par exemple...
Pour l'heure, j'aimerais en ces temps de ruines, qui annoncent des lendemains qui chantent de reconstructions, revenir sur le principe qui empêche d'accuser l'officiel ou le pouvoir. Il s'agit ainsi systématiquement pour l'accusation officielle de réduire sa contestation aux caractérisations anathémiques et anathématisées. Je m'explique : le postulat énonce en fait que la vérité peut seulement émaner du pouvoir ou des instances officielles. Contester le pouvoir, c'est automatiquement contester la vérité, ce qu'exprime très bien l'expression : vérité officielle, et le raccourci qu'exprime l'assemblage des deux termes.
D'où conteste-t-on la vérité? Sans doute depuis des lieux d'interstices et d'intermittences, d'autant plus vagues qu'ils sont malaisés à cerner et désigner. Car si la vérité, c'est le réel, on voir mal d'où proviendrait une contestation hors du réel, à moins de rejoindre le dogme immanentiste et hyperréel selon lequel à côté du réel se tient le néant (le néant d'ailleurs qui soutient le réel). On retrouve en fait la structure spécifique à conception immanentiste selon lequel le néant côtoie le réel et selon lequel le néant existe bien en tant que néant (c'est-à-dire qu'il n'existe pas).
Reste à préciser que ce que le pouvoir rejette comme contestation systémique diverge de la contestation favorable au pouvoir. Dans ce cas et ce cadre, la contestation systémique est celle qui réfute la représentation immanentiste du réel et du néant, quand toute contestation est tolérée à condition qu'elle cautionne cette démarcation immanentiste. Dès lors, le rejet de la contestation systémique se fait au nom de bonnes raisons : car le contestataire rejeté n'est pas tolérable, puisqu'il met en péril le seul système qui vaille, le système des systèmes, le système hors duquel il n'est rien, puisque le néant...
Etre ou ne pas être, il faut choisir. Dans ce jeu de dupes, l'immanentisme a choisi de pratiquer la mauvaise foi. Il faut dire pour sa défense qu'il est difficile de se montrer de bonne foi quand les valeurs que l'on défend (le lieu d'où l'on parle) sont fausses. Les valeurs de l'immanentisme reposent sur la supercherie, l'escroquerie et poussent à la mauvaise foi. Qu'est-ce que la mauvaise foi? C'est poser un verrou sur le réel en ce que l'on s'appuie sur l'impossibilité de distinguer entre ce qui est et ce qui n'est pas au nom de ce qui est possible et de ce qui ne l'est pas. La mauvaise foi, c'est la foi dans le néant. La bonne foi, c'est la foi dans le réel.
La mauvaise foi est inexpugnable et irréfutable en ce qu'elle se réclame de ce qui n'existe pas. Allez démontrer à qui que ce soit que ce qui n'existe pas n'existe pas. Je rappelle que l'homme est incapable de démontrer que ce qui existe existe et de définir le réel. Ah, tiens? Incapable de définir le réel? Mais en ce cas, la mauvaise foi se réclame d'un domaine tout aussi mystérieux et inconnu... Car si l'on n'est pas capable de définir ce qui est, on n'est pas plus capable de définir ce qui n'est pas...
La mauvaise foi est une perpétuelle dérobade en ce qu'elle repose sur l'erreur et l'illusion. Pour être de bonne foi, il faut oser : je ne sais pas. Pour être de mauvaise foi, il suffit d'affirmer : je sais. En l'occurrence : je sais ce qui n'est pas à défaut de savoir ce qui est. De telles réflexions nous poussent bien entendu à répudier la raison comme fondement, puisque la raison est si incertaine et nous mène soit à l'incertitude saine, soit à la certitude malsaine.
Dans les deux cas, l'individu se retrouve frustré et l'on comprend que le recours à la mauvaise foi permet au moins de se donner l'illusion de maîtriser quelque chose, même si ce savoir est faux et controuvé. Au nom de la mauvaise foi, l'on peut pratiquer l'excommunication et l'anathème justes, puisque les contestataires de la version officielle se meuvent dans le néant et refusent le réel. Il n'est pas tant insupportable d'user du rejet que de l'appliquer dans l'incertitude, voire sous de mauvais desseins. Mais quand on a le privilège de vivre avec la vérité de la science infuse et diffuse, le rejet et l'anathème ne sont pas des pratiques déshonorantes. Les Inquisiteurs de tous poils le savent bien et les inquisiteurs immanentistes ne font que reprendre de vieilles soupes.
La seule différence est que les inquisiteurs immanentistes pratiquent la violence inquisitrice au nom du rejet de la religion et de la mutation du système vers les formes supérieures de la liberté et de la raison. Autrement dit, c'est au nom du rejet de l'inquisition que se pratique l'inquisition. Encore faut-il rappeler, si besoin en était, que le progrès des anciennes formes de systèmes transcendantaux vers le système immanentisme est une totale supercherie.
C'est dans le cadre de cette conception immanentiste que s'élabore le procédé que j'ai cité plus tôt et qui permet de rejeter le mal au nom du néant et d'accréditer le bien au nom du rejet du mal. Je veux bien entendu parler de l'amalgame, qui consiste à mélanger de manière indécidable ce qui est et ce qui n'est pas sous prétexte de défendre ce qui est contre ce qui n'est pas. L'amalgame prétend rejeter ce qui n'est pas au nom de ce qui est alors qu'il ne fait que rejeter ce qui est et qui lui est contraire au nom de ce qui n'est pas. La nuance est de taille.
D'où deux options à l'expression de l'amalgame :
1) amalgamer ce qui n'est pas avec ce qui est.
Ou :
2) amalgamer ce qui est avec ce qui n'est pas.
Précisons avant de commencer l'analyse de l'amalgame que le fait de rejeter suppose que l'amalgame s'opère à partir du processus d'accusation et que cette accusation soit estampillée officielle (sans quoi l'amalgame n'a qu'une portée relative, voire inopérante).
1) Dans le premier cas, il s'agit d'utiliser l'amalgame afin de provoquer le discrédit et le rejet sur ce qui est à partir de son identification abusive avec ce qui n'est pas. Ainsi pour l'accusation infamante et devenue vide de sens à force d'être employée à tout bout de champ de conspirationnisme. Au départ, le conspirationnisme désigne cette manie de prêter à quelques acteurs une importance sur la réalité qu'ils n'ont pas, comme si quelques doigts redoutables avaient le pouvoir de tirer les fils ultimes du réel. Selon cette première acception le conspirationnisme désigne une manie qui ressortit autant de l'illusion que de la folie. Le conspirationnisme est un comportement qui tend du côté de ce qui n'est pas. Le conspirationnisme est en tant que comportement mais n'est pas en tant que contenu. Mais l'amalgame ne consiste pas seulement à mélanger la structure de ce qui est avec le sens de ce qui n'est pas. L'amalgame consiste à mélanger au sein du sens ce qui est et ce qui n'est pas. Je m'explique : il suffit pour amalgamer de mélanger subtilement le conspirationnisme (ce qui n'est pas) et la conspiration (ce qui est). Bien malin pour distinguer entre les deux formes, puisqu'il est impossible de distinguer entre ce qui est et ce qui n'est pas.
2) Dans le deuxième cas, il s'agit d'utiliser l'amalgame classique et son processus afin de profiter d'une accusation jugée juste et justifiée pour la pervertir et la soudoyer. On utilise ce qui est (l'accusation jugée légitime par le pouvoir) pour y instiller ce qui n'est pas (l'intérêt pervers). A noter que la reconnaissance de l'accusation suppose que l'on se serve de l'accusation officielle et institutionnelle pour s'amalgamer avec le pouvoir et le côté des institutionnels, alors que l'amalgame 1 était l'anathème formulée par le pouvoir ou ses affidés pour écarter du pouvoir et du système contrôlé par le pouvoir. L'amalgame 1 sert à rejeter quand l'amalgame 2 sert à intégrer. L'amalgame 1 éloigne les amalgamés du pouvoir ou en fait ses ennemis (par exemple, les amalgamés taxés de conspirationnisme alors qu'ils dénoncent une conspiration parfaitement valable et valide); l'amalgame 2 accueille dans les cercles du pouvoir les amalgamés. Ainsi pour l'antisémitisme. L'antisémitisme est une accusation qui émane forcément du côté du pouvoir qui condamne l'antisémitisme (c'est le cas des pouvoirs démocratiques et libéraux, au nom de l'égalité de tous les individus dotés de raison). L'amalgame consistera à pénétrer tel le cheval de Troie l'accusation pour ajouter à l'antisémitisme effectif (haine des Juifs en tant que Juifs) l'antisémitisme illusoire (accusation d'antisémitisme quand la contestation est justifiée, c'est-à-dire quand elle en porte pas sur une caractérisation absolue, mais relative). C'est ainsi que condamner le sionisme fondamentaliste qui sévit chez les Juifs, mais aussi chez les chrétiens dits sionistes ne relève certainement pas de l'antisémitisme à partir du moment où l'amalgame ne s'opère pas entre les sionistes fondamentaliste et les Juifs (deux groupes distincts). Face à cette amalgame classique, de type 1, l'amalgame de type 2 consiste à user de l'accusation reconnue et adoubée officiellement d'antisémitisme pour légitimer le sionisme fondamentaliste et accuser ses critiques tolérants d'antisémitisme.
Distinguons si l'on veut bien dans le procédé d'amalgame entre amalgamé et amalgameur. L'amalgamé est celui qui est innocent dans le procédé d'amalgame. L'amalgameur est celui qui est l'accusateur.
1) Dans l'amalgame classique, l'amalgamé est rejeté (le soi-disant conspirationniste) et l'amalgameur est du côté du pouvoir (celui qui accuse de conspirationnisme). Les critères d'innocence et de culpabilité se retrouvent alors : l'amalgamé étant innocent, l'amalgameur est coupable.
2) Dans l'amalgame renversé, l'amalgamé est intégré (le sioniste fondamentaliste) par l'amalgameur (l'accusateur de l'amalgame classique d'antisémitisme). Du coup, l'amalgamé est coupable et l'amalgameur est aussi coupable qu'aveugle. Il arrive bien entendu que dans ce processus, l'amalgamé et l'amalgameur se confondent et que ce soit le sioniste fondamentaliste qui lance l'accusation d'antisémitisme pour se couvrir et lancer la diversion.
Répétons une dernière fois que l'amalgame renversé est appelé tel parce qu'il a besoin d'utiliser l'amalgame classique afin de la subvertir aux fins de l'intégrer. C'est ainsi que le sioniste fondamentaliste a besoin d'utiliser l'accusation d'antisémitisme pour se faire passer pour une victime. C'est dire à quel point l'amalgame utilise le processus de l'accusation et que l'accusation sans doute effectue toujours l'amalgame entre l'accusé coupable et l'accusé innocent à partir du moment où elle accuse.
P.S. : où l'on constate que l'amalgame 1 est l'amalgame classique en ce qu'il amalgame pour rejeter. Dans ce cas, on utilise l'accusation pour discréditer au nom des valeurs soutenues par le pouvoir. Mais l'amalgame 2 peut être dit amalgame renversé de l'amalgame classique (et cependant fort cohérent) en ce qu'il utilise l'accusation en forme de rejet pour s'intégrer à l'acte d'accusation.
P.S. 1 : il reste à noter que ce qui n'est pas est aussi d'une certaine manière. De ce point de vue, l'amalgame s'opère entre ce qui est et ce qui n'est pas car il est impossible de distinguer entre ce qui n'est pas et ce qui est puisque les deux sont au moins d'une certaine manière. Ce qui n'est pas diverge de ce qui est, mais seulement sur le mode, pas quant à la manière d'être d'une manière ou d'une autre. Pour la question de : comment s'opère le rapprochement entre ce qui est et ce qui n'est pas au sein de l'amalgame, le plus simple consiste encore à étendre de manière totale et totalitaire (abusive) ce qui existe pour partie (car tout ce qui existe singulièrement existe relativement) à ce qui existerait de manière absolue (car alors ce qui existe absolument n'existe pas). Ainsi pour le conspirationnisme, extension abusive et totalitaire (paranoïaque en tant qu'extension de la raison) de la conspiration.
2 commentaires:
Il me semble que rentré de cette manière dans l'analyse est une erreur et un perte de temps afin de comprendre la mécanique qui s’opère derrière cette "inquisition" avers ce qui n'est en fin de compte que le droit individuelle à la liberté de croyance .... C'est un paradoxe dans le sens ou il ne sert à rien de dire que l'action s'établit entre deux force égale et directement opposé ... Il s'agit de sophisme que de prétendre que la vérité reste exclusivement le fruit de la dualité ... Ce que vous faite en fin de compte ce rapproche de l'obscurantisme scientifique omettant que le regard de l'esprit sur la matière "agit" ... C'est donc que chaque esprit à le pouvoir de créer une réalité en interagissant entre la vision de son esprit et la matière en tant que telle. J'ai une citation car la réalité dépend aussi et surtout de la connaissance ... Par opposition au savoir institutionnel, "analytique donc" il y a le savoir individuel "ontologique" ... Beaucoup de penseur ontologique "connu" et "reconnu" se sont démarqués du savoir académique en acquérant de la reconnaissance par le fait qu'ils aient d'abord accepter de monter les échelles du système de notation dualiste. Une fois chose faite ils se sont empressé de mettre des battons dans la machine à "distinction" ... D’ou l'invention du nihilisme, de la déconstruction, du déconstructiviste ect ... Ceci étant d’âpres la symbolique des dominations, l'inconscient de l'homme qui était censé lui appartenir se révèle en faite aujourd'hui synthétique et dominé par une structure doxatique illégitime qui sous tant une auto censure à l'égare de ce qui "se voudrait non conforme" "citation :- La raison du savoir ontologique : Si on pense être sur de savoir ce qu'on sait et ce que l'on ne sait pas, comment être sur de savoir ce que l'on ne sait pas alors qu'on ne sait pas comment en être sure.?? " . Il est donc évident que la mise en doute concernant une "conspiration" total et séculaire de domination sur l'esprit de l'homme et donc la réalité, est aujourd'hui paradoxalement grâce à nos capacité d'analyse et de capacité de synthèse individuelles devenu une réalité implacable ... "le freudisme, l'idéologie prolétarienne marxisante ect ... sont bien au cœur de l'incapacité de l'homme à réalisé lui même cette réalité et d’accepter en toute conscience cette caractéristique individuelle qu'il possède de co créer lui même sa réalité indépendamment des pouvoirs institutionnels de domination. D'un autre coté pour existé en tant qu'humain authentique, l'homme doit être capable de faire se travail de déconstruction qui consiste à s'extraire des structures de domination qui l'habite c'est donc autant une mort de l'homme "synthétique mécanique" pour devenir l'homme authentique et ontologique...
Quel est le sens?
Enregistrer un commentaire