mercredi 30 avril 2008

Le mythe de l'identité identique

L'évolution des journalistes professionnels et officiels en propagandistes du pouvoir, soit en thuriféraires du pouvoir d'autant plus zélés qu'ils se présentent sous les oripeaux de leur fonction historique de contre-pouvoir, en dit long sur leur trahison : non seulement ils ont trahi, mais en plus ils ont trahi au nom de leurs idéaux. C'est ce qu'on appelle sans doute le masque du mensonge, de la manipulation et de l'hypocrisie (de la diversion?) qui consiste à se faire passer pour l'inverse de ce qu'on est vraiment.
Mais cette trahison est parfaitement logique. Qu'est-ce après tout qu'un contre-pouvoir? C'est un pouvoir qui en s'opposant au pouvoir n'est jamais qu'un mime de pouvoir. L'opposition est mimétique, ainsi que nous l'enseigne le grand Girard. Il est inévitable que le contre-pouvoir, qui fonctionne comme n'importe quel pouvoir, finisse par s'aligner sur le modèle du pouvoir. La mutation du contre-pouvoir en pouvoir ou en relais du pouvoir est inévitable, puisqu'elle repose sur la loi de la nécessité mimétique.
Mais cette mutation intervient quand l'imitation a dépassé la stade de l'opposition. L'opposition n'est jamais que le stade où l'unité se façonne dans la dualité, je veux dire : quand le mythe de l'unité se façonne dans l'opposition mimétique. Mais le mimétisme est à l'oeuvre dans l'opposition, qu'elle travaille et influence de manière souterraine. C'est dire que l'opposition en tant que telle est frappée du sceau du mimétisme. De ce fait, elle est appelée à recouvrer à un moment ou à un autre son unité mimétique initiale et finaliste.
L'unité mimétique intervient cependant quand l'opposition ne structure plus le processus mimétique. autrement dit, le mimétisme est dans sa position le plus stable et la plus structurée quand le mimétisme produite de l'opposition. Quand le mimétisme produit de l'unité pure et simple, cette unité prise pour de l'apogée ou un moment de grâce (de concorde) est en fait l'expression de la dégénérescence et de la fin du processus mimétique.
On oublie que le mimétisme est un processus d'élaboration et de création qui est voué à se terminer nécessairement, du fait du mimétisme, en destruction, puis en reconstruction indéfinie. Le mimétisme est ainsi capital en ce qu'il renvoie à la description du processus de création et qu'il lie la création à la destruction.
Car la destruction n'est jamais l'anéantissement ou le néant en tant qu'absence. La destruction appelle toujours la construction, dans un mouvement cyclique qui n'est pas sans évoquer le destin de Phénix. Son éternité tient à sa faculté étonnante à renaître de ses cendres, non à sa faculté à demeurer toujours identique. C'est en détruisant qu'on construit et c'est en imitant qu'on peut sortir du cercle et el mythe de l'identité identique.

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