mardi 15 avril 2008

La réconciliation des oppositions

Ce qui frappe dans l'unicité, ce n'est pas l'absence d'oppositions, c'est l'absence d'oppositions externes. Des oppositions internes, on en trouve des tonnes. Mais des oppositions qui sont dites internes dans la mesure où elles ne font que s'opposer négativement au modèle dominant pour le mieux le copier outrageusement. Des oppositions qui nient le modèle mais ne proposent rien en lieu et place - meilleur moyen de reprendre le modèle honni. Des oppositions internes, car leurs caractéristiques communes réside dans l'opposition purement négative et surtout dans l'absence d'alternatives de rechanges au modèle détruit. Ces oppositions internes ont pour caractéristiques communes de toujours s'aligner pour finir au modèle détruit, y compris et surtout quand elles se montrent virulentes et même les plus virulentes.
C'est sous-entendre que le modèle qui domine, c'est le modèle attaqué. C'est comprendre que l'unité tient à l'absence d'extériorité. Au final les oppositions internes ont pour caractéristiques communes de s'opposer pour s'opposer, alors que le modèle auquel elles s'opposent est le seul à proposer quelque chose. Ces caractéristiques sont les seules qui soient les alliés objectifs du modèle honni, en ce qu'elles confortent par leur mécanisme d'opposition le modèle. Le modèle a besoin d'oppositions, mais d'oppositions stériles, comme seules des oppositions internes peuvent en apporter.
Des oppositions externes ont le redoutable inconvénient d'apporter quelque chose en matière d'alternative et de faire de l'ombre au modèle. Ote-toi de mon soleil! Tandis qu'avec des oppositions internes, le modèle n'a rien à craindre de tel. Bien au contraire. Les oppositions internes confortent le modèle. Raison pour laquelle l'effondrement actuel ne signifie pas l'absence d'oppositions, mais l'absence vérifiable aisément d'oppositions externes. Les oppositions internes fleurissent, mais elles ne sont jamais que des oppositions pour des oppositions, des oppositions qui n'ont rien à apporter en guise d'alternatives viables et constructives.
Les oppositions internes sont des dérivés du modèle honni ou opposé. Les oppositions internes en date du 911 recoupent notamment :
- les oppositions mimétiques et faussement antagonistes, comme l'opposition chinoise, qui dit clairement son capitalisme sauvage, et qui finance les guerres contre le terrorisme par le biais des obligations et de leurs marchés. On les qualifiera d'oppositions de nature idéologique, puisque c'est l'athéisme et autres joyeusetés qui gouvernent ce premier mode d'immanentisme.
- les oppositions de nature religieuse, comme l'islamisme. C'est de ses rangs que sort ben Laden et le terrorisme sauvage, sans patrie et sans peuple, sans État ni institutions (officiellement). C'est aussi de ses rangs que l'on trouve les fameux wahhabites saoudiens et pétrodollariers qui associent l'américanisme explicite (que l'on songe à Bandar Bush) et l'antiaméricanisme puritain et monothéiste, de type fondamentalisme musulman. On les qualifiera d'oppositions transcendantes qui de ce fait appartiennent à la transcendance du réel : autrement dit au nulle part ou au néant.
Car il faut bien comprendre que ces deux types de fausses oppositions, d'oppositions internes n'ont rien d'autre à proposer, sinon : quoi? Dieu est mort. L'immanentisme règne tellement en maître parmi leurs rangs belliqueux et contestataires qu'il a rallié leurs suffrages communs. L'immanentisme détourne autant le fondamentalisme monothéiste (islamistes traîtres ou chrétiens sionistes, à chaque fois alliés objectifs de l'immanentisme) que le fondamentalisme athée (pour autant que ce qualificatif ait un sens).
L'immanentisme s'épanouit dans tous les types de fondamentalismes puisque le fondamentalisme considère comme fondamental l'application des préceptes et de règles précises à l'intérieur de la sphère du fini. L'immanentisme n'en demandait pas tant. Il est tout à fait à sa place dans tous les types de règles qui considèrent l'opposition entre le réel et le néant et qui font du reél un ensemble clos et parfaitement définissable. L'immanentisme réconcilie tous les contraires et les faux opposés (les faux semblants) qui sont d'accord sur le seul principe immanentiste qui vaille : que le donné est délimité et délimitable.
Au-delà de ce programme mirifique, l'immanentisme s'est imposé parce que le modèle monothéiste périclitait sérieusement (ce qui ne signifie nullement que l'adhésion au modèle monothéiste soit dépassée, tant s'en faut) et que l'immanentisme laissait l'illusion d'un schéma simple qui réconcilierait les oppositions et les tendances contraires. On se souvient des théories plus que complexes au terme desquelles le génial et abscons Hegel parvenait à réconcilier les oppositions les plus marquées et ancrées.
L'immanentisme fait mieux : il réconcilie et en plus c'est simple. Il met tout le monde d'accord à condition qu'on adhère à son système de dualisme simpliste et forcené. Cependant, il suffit de se rappeler que l'immanentisme parvient à une opposition irréductible pour s'inquiéter de cette théorie qui ne prospère que parce qu'elle enlève toute crédibilité aux autres alternatives. Le succès de l'immanentisme est dû au fait qu'il propose une théorie simple et apparemment viable.
Dès qu'on creuse, on se rend compte que la théorie est fausse et grotesque.
Dès lors, les oppositions internes sautent aux yeux par leur uniformité profonde et leurs différences factices. L'immanentisme suppose les autres alternatives externes tout simplement parce qu'il raconte n'importe quoi. Ce qui implique que les autres alternatives existent aussi bien et que l'immanentisme ne les a pas du tout dépassées. Elle sont présentes avec leurs contradictions, mais elles sont dépassées. Non par l'immanentisme, mais par l'évolution des mentalités. Voilà qui implique que l'immanentisme ait prospéré par temps de crise et que l'immanentisme soit l'expresion autant que le symptôme de la crise des valeurs et du sens, que Nieztsche baptisait nihilisme.
Les alternatives sont simplement sous nos yeux, en premier lieu l'espace comme moteur de l'espèce. L'homme n'a jamais cessé de progresser géographiquement. La mondialisation n'est qu'une étape. Les futures religions arrivent et elles ne succèderont certainement pas à l'absence de religion, mais à la religion de l'immanentisme. On peut ne pas apprécier moult travers des monothéismes et comprendre que le dépasseement du monothéisme ne passe pas par l'abolition du religieux, puisque tout est religieux. Souvenez-vous : l'immanentisme était la religion de la religion cachée et les banquiers étaient ses prophètes et ses grands prêtres...

Aucun commentaire: