samedi 26 avril 2008

Des élites à la masse

Ayant oublié ce que je voulais écrire présentement, j'en reviens à ce que je voulais exprimer auparavant et dont l'idée précédente m'a détourné. Il s'agit des rapports entre élitisme et masses. J'aimerais répéter cette idée qui me tient à coeur concernant l'élitisme, qui est le symptôme de la décadence des élites.
Souvent, l'on en vient à penser que les élites sont responsables, du fait de leur mainmise, de l'état de décadence qui grève le système. Autrement dit, le système serait sain et serait vicié par le détournement qu'opèrent les élites. Dans ce schéma, les élites sont responsables de la décrépitude, tandis que les masses qui composent et font le système sont des victimes innocentes et des boucs émissaires qui n'ont rien à voir avec le détournement pervers et le piratage des élites.
Il est vrai que l'élitisme correspond en tous points au schéma mondialiste, mais il est faux de dissocier ainsi arbitrairement, dans un acte de duplication hallucinatoire et fantomatique cher à Rosset, la responsabilité des élites et la responsabilité des masses dans le phénomène de décadence. Si le système est en décadence, c'est précisément parce qu'il suppose que la décadence n'est pas seulement le fait des élites, mais aussi le fait des masses.
La décadence des élites est le symptôme le plus visible, la partie immergée de l'iceberg, mais elle est étroitement reliée à la décadence majoritaire. Que l'on réfléchisse une seconde : si la majorité état saine, elle ne se laisserait pas ainsi vicier par une minorité certes agissante, mais qui n'en demeure pas moins une minorité. Il faut postuler au contraire que la décadence touche les élites quand le système est vicié, plutôt que ce soit les élites qui corrompent un système jusqu'alors parfaitement sain.
C'est ainsi que dans le cas et le cadre du 911, on s'étonne d'une décadence aussi soudaine et l'on oppose l'impossibilité de cette décadence soudaine aux arguments pourtant solides qui prouvent que le 911 marque l'état de crise profonde et systémique. Mais c'est oublier que le 911 ne traduit pas l'effondrement du système à cause de sa confiscation abusive par quelques groupuscules élitistes et impitoyables.
Non, le 911 signifie avant tout que le système immanentiste était corrompu et gangréné et que c'est du fait de cet état lamentable qu'il a pu être piraté et pris en otage par des élites peu scrupuleuses et mues par le cynisme éhonté. N'inversons pas l'ordre finaliste des évidences et des priorités, aurait dit Aristote, soit l'enchaînement de la cause et la conséquence. C'est bien la décadence du système qui engendre l'élitisme et non l'élitisme qui engendre la décadence du système.

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