vendredi 4 avril 2008

Le grand complot

Connectons la transparence et la démocratie au complotisme. Il est évident que la démocratie n'est compatible qu'avec l'exigence de transparence, c'est-à-dire avec le postulat selon lequel le système a réussi à éradiquer les arrières-mondes (terminologie nietzschéenne) et à ne conserver que l'immédiateté de l'apparence. Ce dont le système a besoin, c'est d'un slogan qui martèle que le fonctionnement est transparent et que si les élites démocratiques sont un phénomène sociologique inévitable, c'est qu'elles obéissent à la logique de l'immédiateté, de la liberté et de la démocratie. C'est-à-dire : au mérite et à la vertu. Les élites dominent peut-être, mais à part quelques déviances et quelques fautes (cependant : qui est parfait?), elles servent le système. Ainsi se veut l'imagerie populaire ou d'Épinal de l'élitisme démocratique : les élites servent in fine la démocratie.
Voire. La principale raison de la critique virulente et de l'anathème contenue sous la destruction ou sous le complotisme est d'empêcher la progression de l'idée selon laquelle la transparence n'est au mieux qu'un mythe. Les arrières-mondes n'ont certainement pas été supprimés par la démocratie et le système démocratique. Au contraire, le système favorise les arrières-mondes de type complotistes, c'est-à-dire les structures qui piratent le dogme de la transparence et le manipulent.
Une des principales raisons de la reconnaissance d'autres mondes que l'apparence, c'est la facilité lucide avec laquelle le réel crée d'autres bulles et structures qui démontrent que l'apparence n'est que l'enveloppe immédiate du réel. Réfuter les arrières-mondes au nom du dogme de l'apparence, c'est se condamner à se damner. Je veux dire : loin de nous libérer de l'incertitude ontologique (qu'est-ce qu'il y a sous l'apparence?), le refus des arrières-mondes nous condamne au complot nécessaire.
Pas au complotisme, ais au complot. Ce n'est pas drôle, ce n'est pas réjouissant. L'hypocrisie est fondamentale pour comprendre le système démocratique, immanentiste, occidentaliste et mondialisé. L'exigence de transparence est l'incarnation et la quintessence de l'hypocrisie, parce que la transparence ne peut déboucher que sur le complot élitiste comme système de manipulation et manière prévisible de combler le vide des arrières-mondes.
La transparence n'est que l'annonce de la catastrophe si elle ne fait que s'entêter à répercuter son mythe fondateur, la transparence et la nouvelle situation ontologique. Car à mesure que l'épuisement gagne le système de surface, le donné apparent et immédiat, les complots s'avivent et s'aggravent. Au final, un complot comme le 911 et systémique en ce que le système du complot est en train de dévorer purement et simplement le donné apparent, soit le seul donné reconnu du réel.
La vérité sur le complot dépasse de très lui le complotisme. Evidemment, le complotisme prétend expliquer de manière occultiste et simpliste le fonctionnement du réel par une cause tirant les ficelles de la réalité. Evidemment, cette pensée folle mérite d'être taxée de paranoïaque. Mais il serait très naïf de considérer que le complotisme ne cache que des conceptions démentes sur le réel. La plupart du temps, le complotisme tend à nier les complots en tant que tels parce que la reconnaissance des complots amènerait à remettre en question le dogme ontologique de la réalité selon le système démocratique et occidentaliste.
Le complotisme permet de renvoyer aux calendes grecques les vraies questions et de présenter du système une image édulcorée et niaise. Le complotisme permet de nier les complots au nom du complotisme paranoïaque et ainsi d'éviter les vrais problèmes. Ayons le courage de ne pas réfuter les complots historiquement reconnus et l'on se rendra compte que ce qui se nomme démocratie n'est que le moyen hypocrite de prétendre définir le réel en rétablissant les complots en lieu et place des anciens arrières-mondes. Décidément, Nietzsche a fait bien du mal à la pensée en lui laissant croire qu'elle était en mesure de décider de ce qui était réel (autre nom de la grande politique).

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