C'est au nom des nobles idées que l'on commet les pires crimes et les pires trahisons. L'aveuglement tient lieu d'explication à la trahison. Le traître n'est jamais ce monstre froid qui agirait en conscience de cause pour détruire l'humanité à condition que ses actes lui profitent. Le traître trahit au nom de sa croyance et au nom du fait qu'il est persuadé de servir l'intérêt de l'ordre et du système. L'absence de sens critique chez les médias est d'autant plus croustillante et savoureuse qu'ils représentent justement le contre-pouvoir, soit l'organe censé avertir l'ordre de ses dérives. Mais cet organe ne fonctionne que tant que l'ordre fonctionne de manière classique et pérenne. Dès que le fonctionnement de l'ordre se détraque, les médias ne font que révéler par leur dévoiement que le processus et la structure de l'ordre se détraque. Ils ne sont pas en mesure d'empêcher le déclin, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas capables de jouer le rôle auquel ils sont pourtant dévolus. Ce pour une raison précise : pour qu'ils soient en mesure de jouer ce rôle, encore faudrait-il qu'ils ne soient pas de purs mimes du pouvoir s'opposant au pouvoir. Autrement dit : les composants du contre-pouvoir imitent toujours le contre-pouvoir. Tant que le pouvoir joue son rôle traditionnel de guide, ils s'opposent au guide. Mais quand le pouvoir en déclin oublie que son rôle consiste à intégrer le néant en dominant et fédérant les autres ordres extérieurs, le contre-pouvoir devrait être en mesure de rappeler cet oubli capital et c'est pourtant ce qu'il ne fait pas. Le contre-pouvoir en tant que tel contre le pouvoir, c'est-à-dire qu'il forme une opposition mimétique et qu'il est le reflet du pouvoir. Il est deux doubles : celui qui se contente de s'opposer en copiant et celui qui s'oppose en différant et en surmontant. Le contre-pouvoir appartient au premier groupe. Il est une opposition interne au pouvoir, c'est-à-dire qu'il n'est pas capable de surmonter le pouvoir. Quand celui-ci vient à défaillir, il n'est pas capable de s'opposer à la trahison capitale puisqu'il n'est capable que de recopier le processus officiel du pouvoir en place. Pour qu'il s'y oppose, il faudrait que le contre-pouvoir en soit pas un contre-pouvoir, soit une force d'opposition interne au pouvoir, mais une alternative au pouvoir, soit une force externe au pouvoir. Soit être un mime interne du pouvoir; soit dominer et remplacer tôt ou tard ce pouvoir : dans tous les cas, la place pour le contre-pouvoir capable d'empêcher la dérive et la décadence du pouvoir en place n'existe pas.
samedi 12 janvier 2008
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