La dépolitisation signale que le fondement se déplace et change les repères. Autrefois, de manière classique, le repère, c'était l'agrégation. De manière moderne, le repère s'est déplacé et se situe au niveau de d'individu. L'individu comme fondement implique la dépolitisation, puisque la politique, c'est l'agrégation des individus en vue de l'organisation de la cité. Le travail comme torture (son étymologie) est consubstantiel au monde de l'homme. Si l'homme veut organiser son monde de telle manière qu'il soit compatible avec le réel, il n'a d'autre choix que de travailler dur pour aménager le réel. Le travail, c'est l'aménagement du réel. De ce point de vue, le travail est secondaire par rapport au politique en ce que l'aménagement est tributaire du sens qu'on lui confère. La valeur du travail dépend étroitement du sens que el politique donne au travail, soit à l'aménagement du réel en vue des intérêts de l'homme. Mais quand le monde de l'homme se dépolitise sous le coup de la démesure, quand le politique devient obsolète, la valeur du travail évolue. De dépendante du politique (secondaire), elle passe au premier plan avec le critère économique. Dans un monde où le politique est obsolète, l'économique est primordial. Dans un monde où le politique est essentiel, l'économique est tributaire. Le changement sert le travail. Si le travail est un moyen, il dépend du politique. Si le travail est une fin, le politique est inutile. Alors peut s'engager la dépolitisation comme vertu. Personne ne voit que le travail est fin quand l'ordre se considère comme ordre exclusif et quand le but est la domination de l'ordre par certaines de ses composantes. Le travail en tant que fin n'est envisageable que dans une conception où le travail de l'individu (l'individu comme fondement) est capital à l'organisation de l'ordre. Le travail n'est décisif que dans un monde où l'ordre est déjà constitué en tant que donné irréfragable. Faire son travail revient à remplir sa mission. Nul besoin de politique, d'aménagement, puisque le travail sanctionne une tâche qui est déjà donnée, qui est déjà établie et qui ne demande qu'à être accomplie pour que l'ordre tourne. Le rôle de l'individu est de faire tourner cet ordre. Le travail acquiert une importance capitale dans cette conception, car le travail est une mission au service de l'ordre. Le travailleur est au service de l'ordre et accomplit une tâche au service de l'ordre. L'ordre est une machine qui tourne seule, sans besoin d'aménagement et qui a juste besoin de machinistes pour la faire tourner. Dans cette conception, effectivement, le travail est capital. Reste à préciser l'essentiel : cette conception repose sur une erreur monstrueuse. Dans le moment où le travail est sanctifié comme ce qui donne son sens à l'individu, le travailleur travaille à la perte et au déclin du système qu'il croit omnipotent et éternel.
lundi 14 janvier 2008
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