Quelle est l'ontologie qui se tapit derrière le formatage et la dépolitisation? Derrière la dépolitisation? Le grand événement marquant de la modernité, ce n'est pas le libéralisme, c'est l'effondrement du monothéisme et l'affirmation proclamée et signée que la modernité avait trouvé le moyen de surpasser le religieux. Fort bien! Par quoi? Car si l'on croit que la Raison a surpassé le religieux en inventant la maîtrise du réel redéfinie en Monde de l'Homme, on en revient toujours à la démarche de la mauvaise foi : cacher les problèmes pour mieux les résoudre. On pourrait bien entendu considérer que les desseins qui prétendent sortir du religieux sont des desseins de crise et d'attente, de passage et de transition, et que le religieux ne saurait ramener qu'au religieux. En d'autres termes : le religieux est trop humain pour disparaître. Par contre, la promotion de la philosophie par temps de mauvais temps, je veux dire de nihilisme, cette promotion n'est pas vraiment bon signe pour la philosophie. Au contraire. Si la philosophie remplace le religieux dans ce que le religieux présente de faculté de réflexivité et d'esprit critique, on retombe pile poil sur ses pieds, sur cette bonne vieille raison qui à l'époque du monothéisme avait le bon sens de se mettre au service de Dieu et qui depuis la Raison croit exprimer la Voix de la sagesse et de l'intelligence. La philosophie n'a accédé au premier rang que parce que sa démarche était rationaliste. Que cesse le nihilisme, que soit démasquée l'imposture de la raison, et la philosophie retournera dans sa boîte de Pandore avec ses autres congénères, tous ces esprits arrivistes et serviles, qui se croient d'autant plus importants et décisifs qu'ils ne sont que des moutons, et encore, des moutons de la pire espère, brebis galeuses et incurables, bêtes et méchantes, futiles et veules. Autrement dit, en deux mots comme en cent, puisque le temps presse et que brûle Babylone : la quête d'ontologie est encore une démarche de philosophe, qu'il est bon, non de traiter avec le mépris, mais de replacer à sa juste mesure. Car l'ontologie est encore trop rationaliste pour atteindre au religieux. Et c'est pourquoi le vénérable esprit religieux est accessible à tout homme, tandis que l'ontologie et ses dérivés ne sont destinés qu'à une élite de scribes.
vendredi 18 janvier 2008
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