La perte de légitimité de l'autorité pouvait être vécue comme un progrès (le Progrès!) au sens où l'abolition du pouvoir et de l'autorité signifiait plus de liberté et une libération accrue. Las! L'autorité était brutale et contraignante pour les composants de l'ordre, mais elle signifiait que cet ordre au moins avait un sens, face aux autres ordres. L'autorité, comme le pouvoir, comme l'état, signifiait surtout que l'ordre donné avait au moins les moyens de penser le néant, même sous une forme implicite et détournée, et de se poser face au néant. Au lieu de quoi l'amélioration de l'ordre par l'abolition de l'autorité montre que l'ordre se croit surtout seul et dénie le néant. Ce déni, synonyme de toute-puissance, n'est autre que l'expression de la décrépitude et de la déchéance. La perte de prestige et de légitimité de l'autorité a pour conséquence désastreuse de rendre diffuse l'autorité en retournant le pouvoir contre l'ordre, alors qu'auparavant il était essentiellement dirigé vers l'extérieur et l'étranger. Si l'autorité n'a plus de sens, elle ne disparaît pas pour autant. Elle se transforme et devient lutte de chaque composant contre chaque composant et élitisme comme réduplication de l'autorité éperdue et sans boussole. L'éclatement et l'éparpillement de l'autorité ne résout pas la violence et la brutalité de l'autorité. Elle ne fait que rendre impossible sa légitimité atavique et omet de rappeler le principal : cette autorité dévoyée et déclassée montre son mauvais visage de Janus. Quand elle ne se tourne pas vers l'extérieur, l'autorité montre à quel point elle est constituée de violence et à quel point cette violence déniée tourne à l'auto-destruction.
jeudi 10 janvier 2008
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