Pour ceux qui douteraient du formatage et de la compartimentation qui enserrent de leur gangue mortifère le système régi par l'Occident, il n'est besoin que de se pencher sur la conception et l'état de la connaissance. Il est intéressant de constater que c'est au nom du Progrès de la connaissance que les sciences se sont vu accorder la suprématie et que les voix autorisées ont commencé leur travail de propagande et de sape : oui, effectivement, tout devait être assujetti à la méthode scientifique, y compris et surtout la philosophie et la pensée. Quant au religieux, il méritait de disparaître toutes affaires cessantes, comme un avatar et un prolongement de la sorcellerie et autres pratiques.
Ne restait plus qu'à établir une carte de l'objectivité, comme en d'autres temps on dressa une carte du tendre, pour que les nouvelles sciences répondent à l'objectif et l'exigence d'impartialité qui sous-tendait toute la démarche scientifique et qui était présentée comme la révolution en mesure d'apporter la Vérité et le Progrès ultime. Il était urgent de plaquer le modèle scientifique sur la pensée. On créa donc ce qui devait succéder (quand on était poli) à la philosophie et fournir de nouvelles bases et banques de données à la pensée.
Malheureusement, on ne tarda pas à découvrir que Bouvard et Pécuchet n'étaient certainement pas les seuls imbéciles en liste pour la postérité et que les positivistes n'étaient pas un cénacle d'illuminés marginaux. C'était l'ensemble de la modernité qui était gangrénée, et ce dès ses fondements. Alors que la science se divisait en une myriade toujours plus importante de spécialisations, les sciences humaines révélaient leur impuissance à fournier un tableau éclairant et synoptique du réel.
Au contraire, les sciences humaines avaient fait explosé sous leur coups de buttoir l'exigence d'unité de la pensée. Désormais, la voie était libre pour les spécialistes et les experts, ces savants qui détiennent un savoir intransigeant dans un domaine précis et qui ne sont pas capables de la moindre vue d'ensemble.
C'était d'eux et d'eux seuls dont la modernité avait besoin. L'abolition de la pensée et son remplacement par le savoir cloisonné était en ce sens un plan précis et parfaitement rationnel - pour peu que ce terme ait encore quelque sens. L'avènement de la spécialisation de la pensée, après la spécialisation de la science, traduisait la spécialisation du savoir et l'avènement inquiétant de la toute-puissance et de l'omniprésence du professionnel.
Le formatage professionnel n'était envisageable que dans la mesure où il était accompagné de la compartimentation des savoirs. Préalable indispensable à la compartimentation des modes de pensée et des modes de vie! Il suffit de restaurer l'exigence d'unité du réel pour que le système ne puisse plus utiliser l'arme de la compartimentation et de l'isolement. Que l'on restaure l'unité globale et le système retrouverait immédiatement ses vertus d'antan, à commencer par le sens de son action et de sa démarche et l'impossibilité d'ériger le système comme exclusif. L'unité de l'ordre implique paradoxalement mais avec profondeur que l'ordre se situe dans une infinité d'ordres. L'exigence d'exclusivité fait d'autant plus apparaître l'unité connexe à l'exclusivité qu'en réalité cette unité signifie l'aveuglement. Elle signifie aussi le déclin qu'annonce et préfigure tout isolement de l'individu dans son formatage décadent.
Ne restait plus qu'à établir une carte de l'objectivité, comme en d'autres temps on dressa une carte du tendre, pour que les nouvelles sciences répondent à l'objectif et l'exigence d'impartialité qui sous-tendait toute la démarche scientifique et qui était présentée comme la révolution en mesure d'apporter la Vérité et le Progrès ultime. Il était urgent de plaquer le modèle scientifique sur la pensée. On créa donc ce qui devait succéder (quand on était poli) à la philosophie et fournir de nouvelles bases et banques de données à la pensée.
Malheureusement, on ne tarda pas à découvrir que Bouvard et Pécuchet n'étaient certainement pas les seuls imbéciles en liste pour la postérité et que les positivistes n'étaient pas un cénacle d'illuminés marginaux. C'était l'ensemble de la modernité qui était gangrénée, et ce dès ses fondements. Alors que la science se divisait en une myriade toujours plus importante de spécialisations, les sciences humaines révélaient leur impuissance à fournier un tableau éclairant et synoptique du réel.
Au contraire, les sciences humaines avaient fait explosé sous leur coups de buttoir l'exigence d'unité de la pensée. Désormais, la voie était libre pour les spécialistes et les experts, ces savants qui détiennent un savoir intransigeant dans un domaine précis et qui ne sont pas capables de la moindre vue d'ensemble.
C'était d'eux et d'eux seuls dont la modernité avait besoin. L'abolition de la pensée et son remplacement par le savoir cloisonné était en ce sens un plan précis et parfaitement rationnel - pour peu que ce terme ait encore quelque sens. L'avènement de la spécialisation de la pensée, après la spécialisation de la science, traduisait la spécialisation du savoir et l'avènement inquiétant de la toute-puissance et de l'omniprésence du professionnel.
Le formatage professionnel n'était envisageable que dans la mesure où il était accompagné de la compartimentation des savoirs. Préalable indispensable à la compartimentation des modes de pensée et des modes de vie! Il suffit de restaurer l'exigence d'unité du réel pour que le système ne puisse plus utiliser l'arme de la compartimentation et de l'isolement. Que l'on restaure l'unité globale et le système retrouverait immédiatement ses vertus d'antan, à commencer par le sens de son action et de sa démarche et l'impossibilité d'ériger le système comme exclusif. L'unité de l'ordre implique paradoxalement mais avec profondeur que l'ordre se situe dans une infinité d'ordres. L'exigence d'exclusivité fait d'autant plus apparaître l'unité connexe à l'exclusivité qu'en réalité cette unité signifie l'aveuglement. Elle signifie aussi le déclin qu'annonce et préfigure tout isolement de l'individu dans son formatage décadent.
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