jeudi 16 juillet 2009

Des gens indéfendables

Je tombe sur un article de la propagandiste sioniste Élisabeth Levy. Propagandiste parce que son but n'est pas d'informer mais de déformer. Sioniste parce qu'on sait pertinemment à quelle idéologie appartient cette pseudo-journaliste pseudo-intellectuelle, qui a le culot de se présenter comme juive. Sans doute est-elle juive, mais ce n'est pas comme juive qu'elle prend la parole. C'est comme sioniste. Nuance.
J'ai opéré un succinct relevé de certaines expressions. On ne répétera jamais assez que Lévy aurait mieux fait pour préserver sa réputation de s'en tenir à son livre avec le polémiste Muray. Désormais, niveau idées ou positions politiques, Élisabeth est grillée, comme l'on dit chez les grillons - comme BHL, comme Finkielkraut ou la cohorte des sionistes aveugles. C'est le principe de la justice immanente : non seulement Élisabeth Lévy dit vague, mais en plus elle divague. Va falloir commencer à songer à lui rappeler que ce n'est pas la poule qui parle le plus fort qui picore.
Un peu de calme. Élisabeth parle. Et ça vaut le déplacement - ou le détour. On commence par le sous-titre, qui est un slogan : "Les gens du Livre ne brûlent pas de livres." Effet garanti! Seul reproche : les gens du Livre désignent une catégorie particulière. Pour éviter le communautarisme, ce n'est pas très heureux. Le Livre : sont englobés dans une union surprenante les juifs et les chrétiens. Par ces temps d'islamophobie plus ou moins déclarés, il serait bon de rappeler que le monothéisme contient aussi l'Islam et que l'Islam explicitement appelle à respecter les livres.
Dites-moi si je suis ivre. On continue le voyage aux portes de la rhétorique la plus idéologique : "À Causeur, l’antisémitisme, on n’est pas trop pour." Cause toujours. Sans insinuer que l'antisémitisme n'existerait pas, regardons les choses en face. Ce terme ne veut rien dire. Point. Les antisémites conséquents en voudraient aux Sémites - pas aux juifs. Le judaïsme est une religion, pas une origine géographique. Personne de conséquent ne peut être pour une quelconque forme de racisme ou d'intolérance religieuse. Il va sans dire qu'on ne peut qu'être pour le droit de culte, de conscience ou d'expression des juifs. Des musulmans aussi.
Ces phrases n'ont pas de sens et emploient au surplus des termes malhonnêtes intellectuellement. On s'engage à présent dans des formules de pure manipulation. Le but est d'insinuer que les juifs seraient certes différents, mais néanmoins comme les autres. La supériorité implicite et injustifiée est plus que latente. Effet dérangeant. "Ils ont le droit" : habituellement, on dirait qu'ils ont le devoir. Derrière une espèce d'antiphrase ou d'ironie jouant sur le rappel historique funeste des lois antijuives (notamment), on retrouve bel et bien une inversion assez suspecte, comme si pour les juifs, c'était une question de droit et comme si les devoirs n'étaient pas vraiment une catégorie valable.
C'est de la provocation ou c'est du sionisme intégral camouflé en opération de tolérance et de courage idéologique, du genre : je suis si honnête que je condamne ceux de mon camp qui versent dans l'extrémisme et la violence? Tenez-vous bien, parce qu'on après, on tombe dans le délire : "On lui explose la tête intellectuellement." Élisabeth, quand on veut frimer, faut en avoir les moyens. Aller provoquer un videur de discothèque quand on est un freluquet famélique, c'est déconseillé.
Jouer au cador intellectuel quand on est juste bon à déverser de la propagande pour idéologie en voie de disparition, c'est encore plus ridicule. Élisabeth, tu exploses la tête à qui? Même face à Dieudonné, qui est loin d'être un maître de la rhétorique et de la pensée, tu t'es fait ramasser. En plus, tu n'es pas une intellectuelle, Élisabeth, tu es une journaliste d'humeur ou d'opinion. Différence. L'intellectuel est depuis les Lumières ce penseur qui s'engage dans des positions événementielles.
On est à mille lieues des authentiques penseurs qui philosophent ou qui pensent, est-il besoin de le rappeler. Précision pas inutile aux oreilles des idéologues, sionistes ou autres : la culture vient du culte. Au lieu de nous embêter avec l'idéologie sioniste de plus en plus extrémisante, Élisabeth Lévy ferait mieux de relire Maïmonide et de s'inspirer de la hauteur de vue de son oeuvre. Ca éviterait l'engagement intello-journalistique, qui est une fumisterie évidente.
Puis vient l'expression : "Pas chez nous les juifs." Ca veut dire quoi, l'association de nous et des juifs? Evidemment, les juifs français sont des juifs, mais depuis combien de temps une juive s'exprime-t-elle pour les juifs? En plus, fait aggravant, Élisabeth Lévy défend explicitement le CRIF et d'autres associations communautaires qui sont pro-israéliennes et/ou sionistes avec une gradation historique qui en dit long sur la décrépitude fondamentale de ces idées courtes sur politique longue.
Estimant sans doute que l'intellectuel explose la tête quand il recourt à de la polémique partiale et idéologique, notre Lévy féminine (qui, on la rassure vaut quand même mieux que son pendant intellectuel Lévy masculin) lance une petite interrogation amalgamante : "Un État juif, c’est déjà fasciste, non?" Toujours le fascisme au bout de la langue.
La vérité, c'est que le fascisme en ce moment est à l'intérieur de l'Etat d'Israël, avec le ministre des Affaires Étrangères et son Premier Ministre, dont l'hérédité en matière de fascisme est chargée. En plus, le problème est que la politique du récent État israélien repose sur un racialisme évident et qui ne peut tenir la rampe sur la durée. Insinuer que toute critique contre Israël ressortirait du fascisme est ainsi une manière de penser terroriste, selon laquelle il est impossible de critiquer Israël sans être fasciste.
Il est savoureux de constater qu'une idéologie se barricade derrière une autre idéologie, comme si elle n'avait rien à voir. La pensée terroriste de Lévy et de ses comparses idéologues, d'un genre passablement extrémiste, se retrouve dans cette autre formule : "Le genre à condamner les attentats-suicides, mais". La réduction des critiques contre Israël à la légitimation des attentats-suicides est ici assez éclatante, puisque Lévy cite deux exemple d'opposants au sionisme : les libraires agressés par des nervis sionistes extrémistes (et sans doute paumés); et Dieudonné, l'humoriste scandaleusement boycotté, qui se trouve ici affublé d'une pensée influente (le "dieudonnisme"!), dans la mesure où il est reconnu que Dieudonné tient un discours bourré de contradictions et de lieux communs.
Il suffira de mentionner à ce sujet la liste antisioniste, dont le moins qu'on puisse constater est qu'elle obéit à des intentions peu hexagonales ou occidentales, à moins de considérer que le sionisme et Israël sont les enfants de plus en plus agressifs de l'atlantisme, du mondialisme et du libéralisme. Comme cette hiérarchisation élémentaire n'est pas effectuée, le crédit intellectuel accordé à Dieudonné en dit long sur la technique de fraude intellectuelle, qui consiste à accorder de la valeur à ce qui est le plus contestable, voire médiocre, pour mieux pouvoir critiquer et dévaloriser avec perversité.
Je sais bien que Nieztsche conseillait de choisir ses ennemis, mais dans le cas de Lévy, il s'agit de les couver en fonction de leur carcatère attaquable. Nieztsche ajoute qu'on élit ses ennemis en fonction de sa propre valeur intrinsèque. Je laisse juge du niveau des sionistes comme Lévy, qui dénigrent Dieudonné dans la mesure où ils ne volent pas plus haut que lui. En plus, ils sont bien moins drôles que le comique métisse, injustement taxé de négritude dans la mesure où en Occident une peau foncée vire au noir en deux temps trois mouvements.
Élisabeth Lévy se démasque tout à fait dans son rôle de propagandiste en poursuivant le travail de projection, qui consiste à reprocher aux autres ce qu'on est avant tout soi-même. C'est ainsi qu'elle reproche "leur propagande anti-israélienne" aux libraires. Question : peut-on critiquer Israël sans verser dans la propagande anti-israélienne? Question encore plus lucide : s'il existe de la propagande anti-israélienne, à quel exercice de propagande s'adonne Élisabeth Lévy, si ce n'est à de la propagande pro-israélienne?
Poursuivons le ver tant qu'il est chaud brûlant : notre Élisabeth au grand coeur, croyant faire assaut d'honnêteté morale ou intellectuelle, c'est selon, juge opportun et habile de condamner les nervis sionistes extrémistes pour montrer qu'elle appartient à des courants respectables, tolérants et impartiaux du sionisme : "Mais si la survie du peuple juif dépend d’aussi sombres abrutis, l’avenir n’est pas tout rose."
Un peu de vrai courage, Élisabeth : l'avenir pour un sioniste n'est de toute façon pas rose. Il faudra adapter cette idéologie (en État unique) ou disparaître. Les analystes le savent très bien. Donc : ce ne sont pas les nervis de la LDJ ou autres extrémistes qui mettent en péril le mouvement sioniste, c'est le sionisme lui-même. Il suffit de constater la dérivé violente et extrémiste des dirigeants israéliens depuis l'assassinat de Rabin - par qui? A ce propos, on n'a pas entendu l'intègre Élisabeth s'insurger contre le récent massacre de Gaza ou contre l'élection de Netanyahu le dur.
Au contraire, dans un bel élan de confirmation des pires soupçons, Élisabeth Lévy montre à quel point le sionisme est gangrené et détruit par ses sectateurs les plus intelligents, respectables et écoutés. Que fait Lévy pour critiquer en faisant mine de louer? Elle attaque en le citant Pascal Boniface. Soit un analyste géopolitique qui récemment a été au coeur d'un scandale interne au Parti Socialiste.
Boniface aurait appelé ses camarades à davantage de positions pro-palestiniennes. Justement : que les sionistes regardent la situation en face. A force de calomnier, de hurler au loup, d'amalgamer, voire de divaguer, ils se discréditent. Le massacre de Gaza est insoutenable. D'autres cas foisonnent. Boniface exprime des positions institutionnelles dans la politique française, qui sont loin d'être cantonnées à la France. Le sionisme n'est pas d'autant plus puissant qu'il se comporterait avec une toute-puissance démesurée. Il est faible et sa toute-puissance s'apparente à la rage du désespoir.

http://www.causeur.fr/des-juifs-indefendables,2688

"Des juifs indéfendables.
Les gens du Livre ne brûlent pas de livres

Élisabeth Lévy est journaliste, rédactrice en chef de Causeur.

http://www.causeur.fr/des-juifs-indefendables,2688

Le comble de l’antisémitisme serait de croire qu’il n’y a pas chez les juifs une proportion raisonnable de brutes écervelées et de jeunes crétins. Ou encore de considérer que les auteurs de violences commises au nom d’une improbable “défense juive” sont excusables parce qu’ils sont pauvres, incultes ou traumatisés par les souvenirs d’une guerre qu’ils n’ont pas vécue.
À Causeur, l’antisémitisme, on n’est pas trop pour. En conséquence nous pensons que quand des juifs sont coupables de délits ou de crimes, ils ont le droit, comme n’importe quels Français, d’être coffrés par la police de leur pays et jugés par la justice de leur pays. Peu me chaut qu’ils invoquent Israël, la Torah, la pensée du président Mao ou leur enfance malheureuse.
On peut donc se féliciter que les auteurs présumés du saccage d’une librairie parisienne vouée à la défense de la cause palestinienne aient été interpelés et placés en garde à vue mercredi. Les idées, ça se combat avec des idées. Autrement dit, quand on n’est pas d’accord, on cause, mieux que l’adversaire, plus fort et plus malin que lui. On lui explose la tête intellectuellement. Mais on n’attaque pas une librairie. Pas chez nous les Français. Pas chez nous les juifs.
Je n’ai jamais mis les pieds dans la librairie “Résistances” sise à Paris XVIIème et je ne pense pas pallier ce manque dans un avenir proche. Ses responsables Olivia Zemor et Nicolas Shahshahani animent ou animèrent le CAPJIPO, dont une partie du sigle signifie “Pour une paix juste au Proche Orient”, ce qui pour eux, passe plus ou moins clairement par la disparition d’Israël comme Etat juif – un Etat juif, c’est déjà fasciste, non ? Ces deux braves pacifistes qui furent également fort actifs dans la liste Euro-Palestine en 2004 ont une tendance marquée à “comprendre” (attention, je n’ai pas dit justifier), les “résistants” du Hezbollah et autres organisations également très pacifiques. Le genre à condamner les attentats-suicides, mais.
Pour être honnête, il faut préciser qu’ils semblent s’être arrêtés à la porte du dieudonnisme. Je n’irais ni passer des vacances avec eux ni chercher dans leur librairie de quoi lire pendant les miennes. Mais je suis prête à me battre pour qu’ils puissent continuer à vendre leur propagande anti-israélienne en toute quiétude.
Or, vendredi dernier, apprend-on par les agences de presse, “cinq hommes cagoulés et en jogging sombre sont entrés dans la librairie armés de bâtons et de bouteilles d’huile. Ils ont cassé la caisse et les ordinateurs, jeté les livres par terre et vidé leurs bouteilles d’huile sur le sol”. En prime, ils ont, sinon brutalisé au moins bousculé et effrayé les personnes qui se trouvaient là. Les agresseurs se sont réclamés de la “Ligue de défense juive” - qui nie sur son site “toute participation aux dégradations de la Librairie Résistances”. La police tranchera. Mais si la survie du peuple juif dépend d’aussi sombres abrutis, l’avenir n’est pas tout rose.
Alors, ça me fait tout drôle mais voilà : je suis d’accord avec Pascal Boniface. Dans une tribune publiée sur son blog, il exprime son “indignation à la fois par rapport à l’attaque qu’ils ont subie, et l’absence de réactions qu’elle a suscitée”. Eh bien moi aussi, je suis indignée par l’attaque et indignée par l’absence de réactions. Pour tout dire, j’aurais apprécié un communiqué du CRIF ou de la LICRA. Et puisque c’est mon jour, je ne suis pas loin d’être d’accord avec le MRAP qui demande l’interdiction de la LDJ. S’il y a de quoi, dans la loi, interdire cette association, il faut que force reste à la loi.
Et puis s’attaquer à des livres devrait être une circonstance aggravante, en particulier quand on appartient à un peuple du Livre."

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