dimanche 31 mai 2009

Logique du rire

"M. JOURDAIN. __ Qu'est-ce que c'est que cette logique?"
Le Bourgeois Gentilhomme, II, 4.

Plusieurs émissions sur France Culture traitent de philosophie. La mission de ces émissions est de montrer que la France est la patrie des Lettres autant que des droits - de l'Ame. En France, on spécule, mais pas comme les Anglo-saxons. Les libéraux spéculent avec des concepts monétaires. Les Français sont les héritiers de Descartes. D'ailleurs, c'est dans les départements de philosophie des Anglo-saxons que s'est épanouie la philosophie logique et analytique qui prétend remplacer la métaphysique classique par une nouvelle forme de pensée, typiquement immanentiste.
Évidemment, les logiciens n'ont rien remplacé du tout et réussissent même l'exploit de poser des questions saugrenues en guise de productions novatrices. France Culture relaye moins la nouvelle philosophie anglo-saxonne que l'histoire de la philosophie typiquement sorbonnarde et académicienne. Je laisse de côté la mode des Nouveaux philosophes, qui ne sont jamais que la caricature virulente des historiens de la philosophie transposée dans le champ des médias et de la propagande. Les historiens ont leurs histrions, en somme.
Le phénomène des historiens en philosophie n'est pas très nouveau. Aristote d'une certaine manière faisait déjà de l'histoire de la philosophie. Le problème, c'est que le temps passant, la philosophie se développant, l'histoire de la philosophie a cru. Au point que Hegel, de Ionie à Iéna, se montre fort savant quand il fait parade d'histoire des idées. Tous ces philosophes ont pour point commun de partir de l'histoire des idées pour développer une philosophie personnelle.
On remarquera une caractéristique peu remarquée dans les cercles académiques : les philosophes ont pour point commun de commencer à penser un jour ou l'autre aux détriments de l'histoire de la philosophie. Cette constante signifie tout simplement qu'il existe une disjonction essentielle ente l'acte mimétique et l'acte créateur. Descartes qui commence à cogiter fait mine de remettre en question les bases de la scolastique.
Il est malheureusement évident que Descartes a plus ébranlé le savoir occidental qu'il ne l'a véritablement changé, à tel point qu'on peut présenter Descartes comme un conservateur ayant réussi à assurer la transition de la scolastique vers la métaphysique chrétienne moderne. Scientifiquement, Descartes se trompait beaucoup. Métaphysiquement, il est fort à craindre que ce personnage soit peu en accord avec Rabelais. Rabelais condamnait les moutons. Descartes les disséquait.
Reprenons avec Rabelais : l'amalgame de la philosophie avec l'histoire de la philosophie est typique de l'immanentisme, qui condamne la différence pour ne retenir que la répétition. La création est essentiellement production de différences. Platon magnifie en langue grecque le dialogue dit socratique (d'inspiration africaine) pour produire de la différence et sortir des ombres de la caverne.
L'histoire de la philosophie est à cet égard limpide : en tant que telle, l'histoire de la philosophie est une discipline respectable, qui produit des spécialistes érudits et souvent remarquables - d'ailleurs injustement évalués, tant il est certain que le savoir technique est privilégié sur tout type de savoir paraissant vain. Là où le délire commence, c'est quand on procède à l'identification de l'historien et du philosophe.
L'un crée de la pensée; l'autre l'étudie. La coïncidence de deux mouvements pourtant différents, voire dissemblables, l'étude et la création, signifie tout simplement que l'on veut faire disparaître la création et la différence, parce qu'elles sont incompatibles avec la mentalité immanentiste moderne. Il est préférable d'avoir affaire à un historien mimétique qu'à un novateur polémique. La dimension polémique d'un Platon est évidente, lui qui s'est opposé aux nihilistes de son époque, les sophistes et autres atomistes.
Une anecdote croustillante et savoureuse émane d'un représentant attitré de la philosophie académicienne, un historien de la philosophie se prenant pour philosophe, qui a poussé le bouchon si loin qu'il a investi les cercles institutionnels entre Université et politique : Luc Ferry. Luc Ferry ne se rend pas compte qu'il reproduit une histoire ancienne, celle du raté qui amalgame le raté et la réussite.
Qu'explique Ferry? Que pour commencer à philosopher, il faut nécessairement commencer par étudier dix ans Kant, puis dix ans Spinoza. Vingt ans d'étude avant de penser : bigre! Cette perspective nous porte à réfléchir vers la cinquantaine, ce qui est sans doute un peu tardif... Le scandale de cette proposition anodine tient à l'exigence d'études poussées et intensives avant la réflexion. Descartes et d'autres se mettent soudain à penser en ramenant le mimétisme à un exercice soit concomitant, soit inférieur.
Ferry en bon représentant de l'académisme forcené interdisant la création rend impossible la création : on comprend que dans les conditions qu'il institue l'exercice de la pensée soit impossible ou tout du moins fortement malaisé. Il suffit de lire les productions pseudo-philosophiques d'un Ferry pour se rendre compte qu'au-delà de son érudition incontestable, de philosophie il n'y a point. Ou si peu!
On peut expliquer la mauvaise qualité d'un miméticien avec le retour à l'ontologie : sans renouvellement, le donné dépérit. En interdisant la différence, soit le renouvèlement, l'histoire de la philosophie condamne la philosophie qu'elle prétend incarner. C'est le paradoxe de l'immanentisme qui tue le monde de l'homme sous prétexte de l'investir.
Cette confession de Ferry me fait penser à la variante de l'aspirant écrivain qui décrète que pour écrire il ne lui faut surtout pas lire d'autres auteurs, en particulier les bons. Bien entendu, cette démarche est condamnée à l'impuissance et l'infertilité, au sens où un arbre fertile donne des fruits. On reconnaît un arbre à ses fruits. A ce compte, la démarche de l'histoire de la philosophie est débilitante et caduque : les historiens de la philosophie sont ces mimes et ces répétiteurs qui ne se rendent pas compte qu'il est impossible de produire de la nouveauté en répétant servilement.
Cette démarche conduit à l'appauvrissement qualitatif. Par ailleurs, les productions sont d'autant plus médiocres qu'elles émanent d'un éclatement d'auteurs. Plus les historiens de la philosophie produisent des fruits avariés, plus ils se montrent nombreux. Il est désarmant de constater à quel point l'éclatement des productions historiennes suit le modèle de la différance : dans le fini, moins on renouvèle, plus on essaime.
On pourrait citer des dizaines de noms d'historiens de la philosophie qui écrivent d'autant plus d'ouvrages de philosophie qu'ils ne font que répéter, qu'ils piochent dans le champ sclérosé de l'histoire de la philosophie pour extirper des idées usées jusqu'à la corde. Aucune innovation, aucun concept original. Cette méthode est typiquement oligarchique dans le domaine politique. Dans le domaine nihiliste, il est patent que l'oligarchie a trait au nihilisme.
Le nihilisme consiste à s'appuyer sur un donné qui ne peut que s'appauvrir comme un champ non renouvelé. La méthode nihiliste est fausse. La méthode en philosophie consistant à promouvoir l'histoire de la philosophie s'appelle de l'académisme forcené. Les meilleurs représentants de cette école nihiliste et oligarchique sont totalement aveuglés par leur réussite interne : ils détiennent les meilleurs diplômes de leurs académies reconnues.
Du coup, ils sont incapables de se remettre en question, puisqu'ils estiment qu'ils sont parvenus au faîte de leur discipline ou de leur savoir. Justement, c'est précisément la vraie et seule question qu'on pourrait leur opposer : si l'on maîtrise à la perfection un savoir faux ou une conception du reél fausse, qu'est-on exactement? Un imposteur, réponse cruelle et lucide.
Un brillant imposteur, peut-être, mais un imposteur surtout. Sur tout. L'académisme n'est défendable que s'il prépare à la création. S'il réduit la création à sa forme d'excellence, il est débilitant au sens où il repose sur une cruelle erreur. De nombreux artistes se moquent de l'académisme parce que l'académisme empêche la création. Le résultat de la fausse création académique ne se fait pas attendre : c'est l'éclatement et l'appauvrissement. Les pseudo-artistes sont d'autant plus nuls et médiocres qu'ils sont nombreux.
On est dépassé par cette profusion et cette luxuriance de productions dégénérées, au sens où le genre se perd et s'appauvrit faute de renouvellement. Dégénéré/régénéré : je ne donnerai pas de noms, mais à peu près tous les philosophes contemporains répondent à cette mode où l'on est académiste surdiplômé dans la mesure où l'on n'a rien à dire et beaucoup à exprimer. Le seul moyen de philosopher dans cette ambiance généralisée de stéréotypes et de poncifs est de s'éloigner un peu du troupeau. Non pas comme les élitistes qui ne sont autres que les académistes et les historiens de la philosophie; mais comme ceux qui refusent le raisonnement moutonnier et les conceptions à la mode.
Il est temps de se méfier des diplômes puisque les diplômes ne signalent jamais que le niveau de répétition obtenu et qu'un brillant diplôme sanctionne un brillant répétiteur. Le paradigme caricatural et délirant de cet état des choses triste voire tragique, c'est les faux créateurs et vrais académistes que sont par exemple les rois du postmodernisme comme expression du kitch et de l'immanentisme tardif et dégénéré dans le domaine de la pensée.
Je ne vais pas examiner tous les postmodernes sous l'appellation labellisée d'un postmoderne lui-même, le professoral Lyotard. Il y en a tellement qu'ils illustrent à leur corps défendant le principe de l'éclatement et de la différance : d'autant que le concept de différance émane originellement d'un postmoderne, le déconstructeur en chef Derrida, qui a porté au pinacle de l'égotisme niais le pédantisme normalien consistant à prendre des vessies pour des lanternes (à inventer une méthode consistant à répéter à l'infini sous prétexte de créer).
Je m'arrêterai au cas de Deleuze, que l'on célèbre énormément dans les cercles à la mode de l'histoire de la philosophie, comme un philosophe tant et plus, soit un philosophe qui aurait ajouté à la rigueur et autres pseudo-critères de distinction philosophique l'originalité et la différence. Deleuze a lui-même planché sur les différences et les répétitions et on lui rendra justice sur ce point : il n'a rien trouvé de mieux que ses prédécesseurs.
Raison pour laquelle à chaque fois que j'écoute Deleuze, je suis pris de vertige. Cet homme délire. Il délire depuis qu'il s'est mis martel en tête de philosopher. Au départ, il s'assumait assez en historien de la philosophie et puis, le succès venant, le vent tournant, il a décidé de s'émanciper de ses maîtres et de voler de ses propres ailes. On lui a tellement bourré le mou (au sens métaphorique s'entend) qu'il a fini par se croire philosophe. Une seule question suffirait à faire redescendre sur Terre notre philosophe pris en flagrant délit de grosse tête : quelles idées nouvelles avez-vous produit?
Rien. Que de vent. Que des références - à Kant, Hume, Bergson, Nietzsche, en particulier, Spinoza, surtout. D'autres aussi. En tant qu'immanentiste tardif et dégénéré, Deleuze ne put que louer ses maîtres Spinoza et Nietzsche. On comprend le suicide dramatique de
Deleuze. Se défenestrer quand on se prétend nietzschéen et spinoziste, ce n'est pas un mince paradoxe! C'est une mort violente, virulente. C'est un aveu de faiblesse, de folie, mais surtout de défaite. On se tue quand on a perdu.
Deleuze a perdu. Qu'a-t-il compris au seuil de sa vie? Fenêtre vers l'immanence? Qu'il était nihiliste? Qu'il s'était fourvoyé pendant trente ans? Qu'il avait défendu le progressisme le plus systémique tandis que ce système était condamné? Deleuze a sauté par la fenêtre pour renaître. Un peu de Lacan chez cet agitateur qui voulait tuer Freud pour mieux imposer sa génération. En fait de génération, c'est celle des imposteurs, qui en politique se manifeste par le fou-évènement mai 68.
Deleuze est emblématique de sa génération car il a sans doute porté au paroxysme et au pinacle cette caractéristique remarquable consistant à créer des concepts creux à partir de concepts existants. Originalité : l'ajo
ut est superflu. Derrière le nouveau nom ronflant ne se trouvent que d'anciennes idées. Vraie répétition donc, travestie en fausse différence. Deleuze comme la génération postmoderne dans son intégralité est la génération des historiens de la philosophie qui prétendent avoir quitté l'histoire de la philosophie pour embraser les terrains de la philosophie.
On a compris. En tout cas, Deleuze a eu le bon goût de s'en prendre à ceux qu'il nommait les wittgensteiniens. Deleuze contre Wittgenstein, ça pourrait faire une affiche ronflante de combat de sports extrêmes - où tous les coups sont permis. Pourtant, outre la nouvelle imposture consistant à croire que Deleuze a lu Wittgenstein, ou que Deleuze ne commet pas d'amalgames grossiers entre la philosophie de Wittgenstein et la philosophie dite analytique, le plus important est de comprendre que la haine de Deleuze à l'encontre des philosophes analytiques ou des logiciens des départements anglo-saxons s'explique par le double mimétique de Girard.
Au fond, les historiens de la philosophie et les philosophes analytiques participent des mêmes avatars : des nihilistes qui utilisent la répétition pour de la différence. Les faux philosophes postmodernes sont des historiens de la philosophie qui aimeraient faire de la philosophie. Eh bien, les philosophes analytiques sont des faux philosophes qui aimeraient faire de la philosophie. Dans les deux cas, on a la production d'un savoir congelé en guise de différence et d'innovation.
Les logiciens substituent seulement la logique à l'histoire. Il s'agit dans les deux cas d'analyser un contenu passé et donné, fini et enfermé dans ses certitudes. Les historiens de la philosophie croient qu'ils révolutionnent la pensée en introduisant de l'histoire, ou des sciences humaines. Le meilleur exemple que je trouve est Foucault, qui pourtant est le plus intéressant théoricien de cette période, ce qui est à la fois bon et mauvais signe (être le meilleur chez les nuls et les fous n'est pas forcément gage de qualité). Tandis que les historiens ne se rendent pas compte que les faits sensibles ne leur apporteront aucune différence tangible, les analytiques n'ont pas conscience qu'ils opèrent sur les formes logiques la même erreur que les historiens sur les faits : cette logique est déjà donnée.
Une bonne fois pour toutes - hein saint Derrida? Raison pour laquelle on a l'impression d'une impression de surrépétition au sens où l'on répète constamment, mais où l'on répète l'évident. On dit qu'un grand philosophe remet en question des idées évidentes essentielles. On dira avec aménité qu'un faux philosophe ou répétiteur d'idées préexistantes confirme les idées essentielles. Cette constante possède un caractère profondément comique : interroger l'évidence pour la conforter.
Finalement, la verve comique était déjà présente chez Molière qui campe des portraits de philosophe pédants et scoliastes. Voilà qui signifie que la logique analytique ne diffère pas grandement de la logique aristotélicienne en usage chez les scolastiques. Dans les deux cas, il s'agit de parole gelée et Rabelais a déjà décrit avec perspicacité et grâce ce type de personnages.
Toujours est-il qu'il convient de constater que les historiens de la philosophie et les logiciens analytiques ne s'opposent avec virulence que parce que dans le fond ils sont identiques. Ils sont immanentistes et nihilistes. Sans doute les analytiques défendent-ils un point de vue plus novateurs, quand les historiens se parent des atours et du prestige du passé et de la tradition. Mais quel est cet avenir qui ne s'appuie que sur du fini?
Surtout, comment distinguer entre deux démarches qui parviennent au même point? Maintenant que l'on a compris que l'antagonisme entre Deleuze et les analytiques obéissait à la loi de la fausse différence et du double mimétique de rivalité, comprenons que tous ces faux penseurs et vrais dégénérés participent du mouvement de l'immanentisme tardif qui précède de peu l'entrée dans la phase terminale de l'immanentisme. Phase dans laquelle nous sommes et qui intronise la fonction des experts en lieu et place des faux philosophes. Aujourd'hui, être BHL, c'est déjà être un has been, soit un intellectuel ou commentateur qui se condamne à périmer avant de publier. Damnation, quand tu nous tiens.
Il faudrait expliquer ce phénomène de la peau de chagrin appliqué aux idées aux épigones de BHL, en particulier à tous ceux qui se piquent de penser et qui se contentent de commenter : dès qu'ils pensent en commentant, ils se dépensent pour mal penser! Ils commentent? Ils mentent! Vous qui prêtez attention aux pensées contemporaines, ne vous laissez pas charmer par les sirènes de l'histoire de la philosophie ou les avant-gardes de l'analytique.
Soyez aussi entêtés que les compagnons d'Ulysse qui se bouchaient les oreilles ou si vous tenez à comprendre, tout au moins adoptez l'attitude lumineuse d'Ulysse attaché à son bateau! Le plus sage quand vous entendez un de ces pédants discourir, passez votre chemin. Il est très diplômé, il est très intelligent, il est très médiatique : c'est un penseur du système, coopté par le système et dont la seule importance tient à sa reconnaissance systémique. Du fait que le système auquel il appartient est condamné et damné, sa pensée ne peut que suivre le même mouvement : être con et damné quand on se croit intelligent et élu, avouez que c'est drôle. C'est aussi pour un penseur un vice insurmontable.

samedi 30 mai 2009

Cartes à castes

Je flâne dans une librairie autour de livres de géopolitique. Je tombe par hasard sur un ouvrage d'un dénommé Rothkopf. David Rothkopf. Le titre : La Caste, les nouvelles élites et le monde qu'elles nous préparent. Je parcours rapidement la quatrième de couverture et tombe sur un commentaire affriolant d'enquête qui explique qu'une élite de six mille hommes dirigent six milliards d'individus. Enfin un peu de franchise? Enfin un peu de clinquant?
Je suis d'emblée désappointé par l'énumération de cette élite dénommée Caste. Encore du ronflant. Rothkopf décrit les individus de cette Caste comme "des oligarques russes et des mercenaires privés américains, les champions de la finance ou les seigneurs d'Internet, des commandos terroristes et les armées du Pentagone, des mafias et des Églises". Pour m'être longuement penché sur le sujet de l'oligarchie et les factions qui la composent, il appert que cette liste sombre dans le sensationnalisme et que les vrais acteurs sont écartés au profit de responsabilités fantasmatiques latentes, largement encouragées et relayées dans l'imagerie collective par les médias et les martelages bourrins : en gros, il s'agit d'incriminer les milieux du crime et du secret pour nous divertir avec ce qui est privé et ce qui est marginal.
Jamais Rothkopf ne mentionne l'existence d'oligarques occidentaux officiels et institutionnels, l'existence des milieux de la finance et de la banque, qui sont pourtant les vrais maîtres (fort relatifs) du monde, au sens où ce sont eux qui bénéficient des pouvoirs les plus importants. La liste de Rothkopf s'avère d'autant plus une diversion qu'elle se prétend subversive. Faussement subversive, alors!
Commencer par cibler une liste peut prêter à confusion par ces temps où le terme de liste renvoie au champ politique et idéologique de l'antisémitisme. Une nouvelle fois, une fois de trop, Rothkopf laisse entendre qu'il ferait preuve de courage et de dissidence. De dissonance? Voire. Il est évident que l'entreprise de subversion de Rothkopf est au service des intérêts oligarchiques. Rothkopf ne dénonce l'oligarchie que pour en donner une représentation fausse et grossière : l'oligarchie est définie comme le milieu du crime. Tel n'est pas son vrai visage.
Rothkopf est un propagandiste qui avance masqué. Il fait mine d'informer sur des sujets brûlants. Il entend ainsi mieux déformer masqué. Il se présente d'ailleurs explicitement comme un enquêteur qui aurait voyagé à travers le monde pour découvrir un secret aussi terrible que méconnu. Drôle d'enquêteur que celui que celui qui distille de fausses et stéréotypées informations en guise de révélations fracassantes.
Mais au juste : qui est ce David Rothkopf? J'ai commencé par parcourir à la volée quelques extraits du livre. Je tombe sur un passage où Rothkopf raconte qu'il a invité à dîner Kissinger et qu'il a trop fait à manger, au point que le dear Henry s'est plaint de discourir le ventre lourd face à l'assistance endormie.
Il est de notoriété publique que Kissinger aime les repas, les discours et les mondanités, mais les reproches historiques et juridiques que l'on peut adresser à Kissinger ne relèvent pas de ce type de sujets. Rappelons que Kissinger est accusé de crimes de guerre en masse et qu'il trempe depuis au moins quarante ans dans de nombreux coups tordus atlantistes, du 11 septembre chilien au 11 septembre américain.
Non seulement Rothkopf divertit, mais il déforme : il présente comme l'anodin, le trivial et le superficiel ce qui est le monstrueux par excellence. Si j'avais une anecdote à proposer de Kissinger, ce ne serait pas celle d'un bon mot ou d'un repas fameux. Je reviens à la quatrième de couverture pour en apprendre plus sur l'auteur - selon l'éditeur. Rothkopf est présenté comme l'ancien directeur de la firme de renseignements privés Kissinger Associates, ancien du département américain du Commerce et actuel analyste du think tank Carnegie Endowment for International Peace.
Bigre! Au mieux, notre homme est un critique totalement intégré, de l'intérieur du système. Bizarre, quand même : comment peut-on travailler pour Kissinger Associates et le Carnegie et critiquer le système? Comment peut-on à la fois en être et ne pas en être, pour reprendre la terminologie proustienne? Il y a là une contradiction manifeste qui suscite perplexité et méfiance. Je n'achèterai pas ce livre, c'est décidé.
Je sens vaguement une opération de manipulation et d'endoctrinement sans réussir à la préciser.
Rien n'est pire que le faux transgressif. Un faux rebelle conforte le système (voir les critiques transgressives de l'inénarrable Mermet de France Inter ou de son ami Chomsky du MIT américain!) : Rothkopf n'appartient pas à la catégorie des idiots utiles, mais plutôt à celle des manipulateurs conscients. C'est encore pire, tant un homme qui a travaillé pour Kissinger et Carnegie ne saurait être foncièrement bon.
Ce livre suit une intention de manipulation grotesque et nauséabonde. Un nouveau passage concerne les Bilderberg. Notre auteur fait mine de reconnaître l'existence d'une fantasmatique élite mondialisée (plus que mondiale), ces fameux six mille oligarques, pour mieux en donner une version rassurante et édulcorée, remplie de préjugés et de simplismes. A un époque qui tend vers le complotisme à force de subir les complots, il est de bon ton de présenter une version complotiste caricaturale et fausse, remplie de préjugés et de fausses révélations, croustillantes et stupides. Après les Trente, les Six mille? Autant d'à peu près sidère.
Que dit Rothkopf sur le Bilderberg Group? De mémoire, que c'est une assemblée de vieillards sans grande influence, dont la totalité présente un pouvoir bien moindre à celui d'une animatrice de télévision vedette comme Oprah Winter. Sans diminuer l'influence de Winter la médiatique, ces propos sont consternants. Il suffira de parcourir la liste des participants aux trois dernières assemblées du Bilderberg, les nombreux documents et les vidéos courant sur cet évènement secret, pour se rendre compte que ce sont parmi les personnages les plus influents de la banque, des médias, de la politique et des médias qui se réunissent dans le secret de palaces prestigieux ou de manoirs retirés.
Une bande de vieux croutons à moitié séniles? C'est assez réjouissant de dépeindre ainsi des mondialistes patentés comme Kissinger ou Rockefeller David Sr., mais désolé, le mensonge est énorme! Nous faire fantasmer avec l'influence fallacieuse et putative de vedettes permet ainsi de discréditer les vrais lieux de pouvoir. Sans sombrer dans le monodéterminisme de nature complotiste, qui verrait dans le Bilderberg le Gouvernement mondial occulte et dans David Rockefeller le Maître du monde, il est tout aussi simpliste de comptabiliser 6000 casseurs d'un casting très hollywoodien, regroupant tous les stéréotypes de l'élitisme et de la mondialisation véhiculés dans les médias aux ordres.
L'ouvrage de Rothkopf me laisse pantois : il s'agit à n'en pas douter d'une entreprise de manipulation et de propagande. De retour devant l'ordinateur, je farfouille et qu'est-ce que je découvre? Notre homme est un expert typique, un analyste chevronné en sécurité, stratégie et géopolitique, qui a travaillé sous Clinton dans le commerce. Ce n'est pas le premier exemple qui atteste que démocrates et républicains travaillent main dans la main, mais l'inceste politique et idéologique est patent : comment peut-on s'engager pour le Président Clinton, démocrate affiché, et diriger Kissinger Associates, firme aux penchants républicains notoires, ou le Carnegie Endowment, think tank riche, puissant et proche des milieux les plus conservateurs?
Il est vrai que l'actuel secrétaire au Trésor, Tim Geithner, présente un profil proche, mais cette question explicite la collusion d'un système qui n'est plus capable de susciter de vraies différences et qui au contraire, en réaction, promeut l'unicité politique, idéologique, voire ontologique (dans un monde de nihilisme où les problèmes philosophiques et religieux sont évacués au profit de ce qui est sensible, immédiat et superficiel). Rothkopf n'illustre pas seulement la confusion de tous les faux antagonismes, leur réunion révélatrice en temps d'effondrement systémique.
Rothkopf incarne ce qu'est un ultralibéral de gauche, soit un progressiste systémique, qui ne recherche le progrès du système que dans la mesure où ce progrès va dans le sens du système. Progressisme occidentaliste et atlantiste qui accroît la déliquescence systémique au lieu de l'améliorer et de la corriger. On comprend mieux le glissement de sens des démocrates aux États-Unis ou la politique de fausse gauche d'un Mitterrand en France. Tous ces gens, conservateurs comme progressistes, gauche ou droite, travaillent pour le système. Plus le système décline, plus il tend vers l'unicité - plus ses membres voient leurs masques tomber, leurs différences s'affaisser, leur unité se révéler.
Laissons Rothkopf à la triste réalité de sa compromission et venons-en à interroger le titre de son ouvrage. On entend souvent dénoncer l'Elite du mondialisme. Rothkopf entend lui donner une définition plus glamour en l'appelant la Caste. Du coup, Rothkopf reconnaît implicitement que l'élitisme existe, même s'il le caricature et le transforme avec intérêt. Rothkopf illustre ainsi le fonctionnement de la contestation instrumentalisée, qui émane de l'intérieur du système et qui consolide le système au lieu de le transformer.
Quel est le sens de caste? Pour commencer, remarquons que caste fait subtilement penser à casting et que du coup Rothkopf mêle le cinéma à son analyse soi-disant sérieuse. Pis, la caste renvoie au système hindou de la répartition de la société. Rothkopf se rend-il compte qu'il flirte explicitement avec le racisme et le fascisme en définissant les dominants comme les membres de la caste dominante?
Étymologiquement, caste signifie le pur, le chaste, ce qui n'est pas mélangé. Exactement les attentes des racialistes occidentalistes! En français, le terme le plus proche de caste serait chaste, ce qui en dit long sur le thème trouble de la pureté, thème que les fascistes (dont les nazis) ont propagé et approfondi jusqu'au délire. Dans l'Inde antique (et dans les sociétés voisines inspirées par l'hindouisme), les castes érigent une division héréditaire de la société en groupes séparés, fondée sur l'ethnie ou la profession (notamment).
Hérédité chargée, dont les conceptions les plus monstrueuses accoucheront du racisme et du fascisme. Le système de caste par ethnie débouche sur la distinction raciale et raciste. Qu'en est-il de la distinction par profession? C'est vers ce type de système que l'on se dirige, puisque ce sont aujourd'hui les castes des financiers et des banquiers qui dominent le monde...
On notera la mention de l'hérédité comme pilier du système par castes, ce que confirme la répartition de la société mondialisée actuelle, dont les dérives sont de plus en plus népotiques et de moins en moins démocratiques. A tel point que l'impasse et le prolongement extrême du système héréditaire se situent dans l'inceste, soit la reproduction entre familles (inter pares) pour préserver la pureté fantasmatique de la caste supérieure.
Rothkopf se rend-il compte que son progressisme revendiqué et sa critique fallacieuse du système l'amènent à promouvoir en réalité le système des castes, soit le système le plus réactionnaire et antidémocratique qui soit? Ce n'est pas tout. Selon ce système par castes, la stabilité sociale est assurée. La grande différence, la différence révolutionnaire, entre le système antique par caste, système de type hindou, et les aspirations contemporaines et mondialisées tient moins à l'unicité de la société qu'au renversement de l'ordre antique.
Les travaux de Dumézil sont formels sur ce point. Le système hindou place en haut de l'échelle les brahmanes, soit les prêtres et les professeurs. Dumézil distingue dans le système politique de type indo-européen trois ordres essentiels : en premier, les prêtres; en second, les guerriers; enfin les marchands. Peu importe ici que les autres catégories forment le rebut social, soit les Intouchables. Selon cette catégorisation fort intéressante, aujourd'hui, les dominateurs de la Caste désignent les marchands. Renversement de toutes les valeurs, promu explicitement par le prophète de l'immanentisme tardif et dégénéré, ce Nieztsche que tout le monde aujourd'hui aime bien, que tout le monde identifie comme un contestataire au système, alors qu'il en est le pilier et le ferment - et alors que personne ne s'aperçoit qu'il était un penseur dangereux.
Constatation renversante, sidérante, débilitante : ce sont les marchands qui dominent le système, ce qui implique que le système est sur le point de s'effondrer. Comment a-t-on pu en arriver là? Le renversement des valeurs n'est jamais très pérenne, n'en déplaise à Nieztsche. C'est un renversement des valeurs classiques, soit un appel à prolonger l'immanentisme et à détruire le transcendantalisme. Nietzsche n'est conservateur que par rapport à l'axiologie immanentiste.
C'est un révolutionnaire par rapport au transcendantalisme. Dumézil est formel sur la question du renversement. Il s'agit d'un renversement du système classique indo-européen. On en garde le principe élitiste par caste et l'on se contente de révolutionner en renversant. Outre qu'il repose sur un fonctionnement inquiétant, le système que promeut Rothkopf en réactionnaire néo-fasciste déguisé en progressiste révolutionnaire (et courageux) désigne un système dualiste, donc simplifié : les dominants (la Caste) et les dominés (les autres). On passe d'un système ternaire, le système hindou classique, à un système binaire, qui explique pourquoi la domination marchande n'est pas viable. Le dualisme reprend le mensonge du monisme nihiliste : le néant occulté revient avec usure détruite le merchandising fini.
Se trouve sanctionné tout ce qui n'est pas fini. Au contraire, le fini est promu et promotionné. Selon cette grille de lecture, le règne impitoyable et impavide de la domination est encouragé, puisque si le reél est fini, seul ce qui domine triomphe. Au final, le système des marchands est un système qui clairement détruit le reél parce qu'il en occulte l'insigne majorité sous prétexte de s'en tenir au certain (à l'immédiat).
L'attitude consistant à définir le réel comme le fini débouche sur la destruction du reél, en particulier de sa partie déniante et déviante. Démente. C'est le monde de l'homme qui disparaîtra pour avoir refusé de voir l'évidence et avoir décrété que seul son désir existait. La partie qui se prend pour le tout est la grenouille qui se prend pour le boeuf. Rothkopf est une grenouille trop connue, qu'Aristophane a mise en scène : un médiocre penseur, au sens où Aristophane dénonçait, dans sa comédie éponyme de verve satirique, les mauvais poètes athéniens du moment.
Rothkopf n'est pas seulement médiocre et prévisible. Ennuyeux et transparent. Son progressisme est de facture instructive. Rothkopf est un de ces élèves modèles du système atlantiste et occidentaliste. Progressisme ultralibéral, occidentaliste... Ce progressisme-là débouche en actes sur les dérives les plus réactionnaires qui soient. Le retour aux castes, qui en démocratie renvoient à l'oligarchie, soit au fascisme et au racisme. Il s'agit d'un progressisme qui revient à prolonger le système, non à l'améliorer. Plus de création, juste du mimétisme : principes mortifères qui vous mènent à l'abattoir.
Progressisme mensonger qui consiste à dominer sous prétexte de progresser. Définition du Progrès moderne. Il reste à démonter l'inanité de l'argument prévisible des oligarques contemporains et mondialistes : après tout, si le système des Hindous est de type oligarchique et par castes, nous ne faisons que nous référer à un système millénaire, qui a prouvé qu'il fonctionnait... Allons plus loin : peut-être le système par castes est-il inégalitaire et antidémocratique mais c'est aussi le système qui a tenu le plus longtemps, alors que les Anciens prévenaient contre la fragilité et les dangers de la démocratie... Le seul système qui tient?
Au passage, on appréciera le choix orienté des occidentalistes contemporains, qui se réfèrent aux formes occidentales les plus lointaines, puisque l'Occident vient des Indo-Européens et de l'hindouisme. Quant au fond, soit à la fausseté du raisonnement mondialiste réhabilitant les castes sous prétexte de pérenniser la société humaine : tout simplement, il s'agit de rappeler que le système par caste hindou est renversé dans le système oligarchique contemporain.
L'oligarchie antique et classique s'appuie sur ceux qui font et fondent les valeurs, sur les prêtres et les penseurs. Ceux qui sont les messagers du divin. Les seuls en mesure de transformer l'absolu en fini. L'oligarchie contemporaine promeut les marchands, ceux qui travaillent dans le fini et qui ignorent l'absolu. Les seuls incapables de transformer l'absolu en fini, mais de dégénérer à l'intérieur du fini fermé et hermétique. Toc. Les marchands qui dominent décrètent que le divin n'existe pas. Les marchands fonctionnent selon un système de valeurs inverse aux prêtres. Dont acte.
Il y aurait d'autres arguments à rappeler contre l'oligarchie, notamment que le système oligarchique empêche la progression humaine et que l'homme est l'espèce qui a besoin de progresser et qui sans progrès dégénère et disparaît. Le système oligarchique est incompatible avec la pérennité de l'homme. Et Rothkopf? Rothkopf est un faux progressiste, qui s'empare du progrès pour légitimer le retour dans le passé, l'âge sombre de la terreur et de la domination. Rothkopf définit le progrès comme l'élitisme et la domination. Rothkopf est l'idéologue des marchands et dans sa réflexion, le progrès débouche sur la domination la plus forte possible des marchands. Instantané : mort de l'instant.
Tant que les marchands n'auront pas atteint leur idéal de domination, les Rothkopf & Cie appelleront de leurs voeux le progrès marchand. Le progrès réactionnaire est aussi mortifère : allez l'expliquer à Rothkopf mortifié. Il croyait travestir la domination en critique et liberté - il a montré les liens consubstantiels et inavouables entre son progrès et le refus de la progression. Il est vrai que le mondialisme est une idéologie qui refuse le processus de développement. Il est vrai que l'idéologie est le mode de raisonnement qui refuse le temps au profit de l'idée. Finie.

vendredi 29 mai 2009

Les gaucheries d'un ultra (libéral)

Un ultralibéral de gauche s'exprime. Ecoutez la différence en contradictions, France Inter va vite l'apprendre.

"Je ne suis pas sarkozyste, et je ne vais pas faire le ménage ! J'ai toujours laissé toute liberté aux gens avec lesquels je travaillais."

"On m'accuse de confondre islam et intégrisme, ce que je ne fais pas."
Philippe Val, interview à Télérama,
http://www.telerama.fr/radio/val-ou-le-malentendu,43128.php

La preuve :

"VAL : - Une satire de l'islamisme. C'est une satire des gens qui prennent en otage une religion et qui s'en servent comme justification pour commettre des assassinats et des meurtres de masse. C'est vraiment le droit de rire de gens qui veulent nous terroriser.
RUQUIER : - Défendre les musulmans de ceux qui s'accaparent l'Islam pour des raisons terroristes."
Emission On n'est pas couché, France 2.
http://aucoursdureel.blogspot.com/2008/11/le-valet-de-voltaire.html



(notamment autour de la cinquième et sixième minutes.)

mardi 26 mai 2009

Ta vie : stock

Bon, maintenant, on sait comment les manipulations marchent. Beaucoup de complicités et une grande expérience du conditionnement et du cloisonnement des activités humaines. Commençons par un postulat cher aux docteurs Frankenstein de la manipulation mentale : l'homme est mu par son désir, la haine et l'amour, la joie et la douleur, le plaisir et la souffrance. C'est binaire, 1/2, 1/2, et ça fonctionne parfaitement dans une conception anti-dynamique dans laquelle l'homme est un animal et le reél est réduit au sensible.
Les manipulations, en général, certes; les manipulations terroristes en particulier. C'est pas très très très sorcier et ça ne fonctionne que parce que le public ignore les recherches étranges menées par des professeurs de psychologie pervers et des savants fous aussi drolatiques que désaxés. D'un côté vous avez les commanditaires, des financiers ou des banquiers, qui n'apparaissent jamais dans la chaîne des responsabilités factuelles et qui décloisonnent en donnant leurs ordres de manière formellement informelle, par exemple à l'arrière des conseils de banques; de l'autre, vous avez les fantoches, les dupes et les manipulés, qui tiennent le rôle de boucs émissaires et qui sont souvent des simplets et des déséquilibrés.
1) Les commanditaires délèguent et sous-traitent aux exécuteurs, des membres (parfois retirés) de services de sécurité et/ou de services secrets par exemple. Autour de ces structures lâches et ténues, il faut bien entendu inclure la présence de services de renseignements privés et de sociétés de mercenaires, rendus possibles par des décrets de loi sous Reagan et la publicité autour des faux partenariats publics/privés. Surtout, il ne faut jamais perdre de vue le lien historique entre les milieux financiers et les services secrets, au Royaume-Uni ou aux États-Unis.
Les exécuteurs n'ont pas forcément conscience de ceux pour qui ils travaillent, en particulier quand ils n'appartiennent pas aux rayons supérieurs de la sphère des exécuteurs. Ils connaissent un interlocuteur ou un supérieur hiérarchique, qu'ils tiennent pour le commanditaire ou évitent de se poser la question qui fâche - et c'est tout. Les commanditaires ont depuis longtemps disparu de la circulation. Ils ont donné quelques ordres. Au niveau supérieur des exécuteurs, ce sont les valets-exécuteurs qui s'occupent de mettre sur pied les opérations, d'assurer la continuité et le suivi de l'action commanditée.
Parfois, ces valets travaillent avec les commanditaires, souvent indirectement, par relais interposés, et ils passent pour les maîtres d'oeuvres d'un grand public qui aime les simplifications croustillantes aux explications complexes. Les valets ne sont jamais seuls. Ils travaillent toujours à plusieurs, parfois de manière indépendante sur le même sujet. Au stade des valets, il est certain qu'aucun ne tient les ficelles, puisqu'ils exécutent. Ce sont des demi chefs qui se prennent pour des chefs, des demis dieux qui se prennent pour des dieux.
Se prendre pour un dieu est typiquement un comportement et un complexe d'impérialiste. On pourrait invoquer comme valet l'exemple de Kissinger, de ses accointances avec d'autres valets et conseillers (Scowcroft, Brzezinski, C. Rice...), mais surtout de son imbrication avec le monde sioniste et le monde des affaires : Greenberg, Peterson, Buffett... N'oublions pas l'emblématique David Rockefeller, que d'aucuns présentent volontiers comme le maître occulte du monde, alors qu'il n'est qu'un représentant de l'oligarchie et qu'il se tient bien en dessous d'une autre connaissance de Kissinger, le charmant Shultz, issu du Tavistock Institute, et grand maître d'oeuvre de l'administration W. Un personnage bien au-dessus de Rockefeller dans l'oligarchie américaine, qui jouerait presque le rôle de relais et d'agent traitant parmi les factions oligarchiques...
2) Ensuite, les exécuteurs donnent leurs consignes et ordres aux exécutants. Il faut bien qu'il y ait des exécutants, soit des hommes de terrain qui assurent le bon déroulement de l'action. Ces hommes sont des professionnels aguerris et fort compétents, absolument pas le genre des zinzins et des zozos, des zèbres et des allumés que l'on présente comme les héros diaboliques d'actions aussi monstrueuses qu'extraordinaires (voir les exploits perpétrés par les pirates du 911 à ce sujet). Entre les exécuteurs et les exécutants, il y a une longue chaîne de conseillers, d'analystes, de délégués, oscillant entre services secrets, renseignements, armées, mercenaires, etc. Si bien qu'au final, l'exécutant exécute les ordres, se trouve payé pour réaliser ces ordres, mais ignore qui donne l'ordre au-dessus de son interlocuteur - dont parfois il ne peut pas même rendre compte de l'identité. L'exécutant set un simple instrument, un robot issu des normes Tavistock si je puis dire, payé pour réaliser l'action programmé. Bon point d'un petit soldat mercenaire.
3) C'est à ce stade qu'intervient le lampiste ou le bouc émissaire. L'exécutant agit d'autant plus librement qu'il se trouve protégé par des acteurs bidons, de série Z''+, qui endossent la responsabilité d'un acte qu'ils ne commettront jamais. Pour une bonne raison : ils n'en ont pas les moyens. C'est ce qu'on nomme les fameuses opérations sous fausse bannière. Pour ne pas qu'une enquête véritable (c'est-à-dire honnête) ou une indiscrétion savante ne remontent jusqu'à la piste de l'exécutant effectif, les exécuteurs se sont attachés à monter en parallèle à l'opération effective une opération de désinformation et de manipulation. Les lampistes dressent un écran de fumée autour de l'opération et permettent d'empêcher que les vraies responsabilités soient établies.
Cet autre volet de l'action est aussi important que le choix des exécutants. Car sans faux acteurs, pas de fausse opération. L'exemple-cas de l'assassinat de JFK montre que la méthode des opérations sous fausse bannière ne date pas d'hier. Elle remonte au moins aux théories de guerre psychologique du major britannique Kitson au Kenya dans les années 1950 :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=7498&lg=fr
Dans le cadre de l'opération sous fausse bannière, les médias jouent un rôle plein et capital : d'une part en répercutant la version officielle qui incrimine les lampistes à tort; d'autre part, en défendant cette version. Défense de mauvaise foi, plus ou moins consciente, plus ou moins incompétente, qui consiste à ignorer les contre-arguments pertinents et à amalgamer les contestations valables avec les contestations pathologiques. C'est dans cet ordre d'idée que se dresse l'écran de fumée typique et impertinent (dans tous les sens du terme) du complotisme, répercuté par un Taguieff en France.
Que je sache, les complots existent et contrairement à ce qu'une acception voudrait nous faire accroire, les complots déniés sous le vocable débilitant de complotisme ne sont galvaudés que parce qu'ils sont incompatibles avec l'idéal de démocratie. Pourtant, non seulement les complots existent bel et bien en démocratie, ce qui constitue certainement un échec démocratique patent, mais en plus les sphères de pouvoir en régime démocratique ont considérablement accru et amélioré le fonctionnement des complots.
L'existence des complots sous fausse bannière en témoigne. Le fonctionnement des services secrets occidentaux également. J'inclus dans le terme occidental l'existence des services israéliens, car ces services fonctionnent avec les services occidentaux et proviennent d'Occident, tant culturellement que politiquement. C'est ainsi que l'emblématique Mossad est accusé de crimes depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et c'est ainsi que les opérations sous fausse bannière sont une spécialité des services israéliens depuis la fin de la Seconde guerre mondiale (la mort récente de l'assassin du comte Bernadotte en témoigne)
http://www.alterinfo.net/1948-L-assassinat-du-comte-Bernadotte-Un-des-premiers-actes-criminels-qu-a-commis-le-mouvement-sioniste-contre-l-ONU_a2682.html
http://www.alterinfo.net/Dans-la-famille-des-Terroristes-sionistes,-je-demande-l-Assassin-du-Comte-Folke-Bernadotte_a32808.html
Cependant, il convient de noter que les services israéliens ont repris cette tradition, notamment de leurs grands frères les services anglo-saxons, comme le MI-6, et que les Américains sont également spécialisés dans ces méthodes nauséabondes de manipulation (la tradition américaine de mimétisme à l'égard du colon anglais). Revenons aux médias, qui couvrent impudemment les opérations sous fausse bannière : nos ravissants médias déploient à leur tour un écran de fumée propagandiste en réfutant l'existence de l'écran de fumée de l'opération sous fausse bannière.
Ce paradoxe amusant, ou attristant, c'est selon, explique la surdité inouïe des groupes d'information, qui s'ingénient d'autant plus à nier l'évidence qu'il leur est impossible d'admettre l'opération sous fausse bannière : en effet, cette dernière les contraindrait à revoir leurs méthodes de fonctionnement. Fonctionnement inepte, puisqu'il consiste à investir l'investigation à partir du cadre officiel, alors que le but de l'investigation tient plutôt à sortir de ce cadre, bien souvent assimilable à un carcan.
Quel est le critère qui permet de déterminer l'opération sous fausse bannière? Sa définition est simple, très simple. Trop? Si simple qu'elle suffit à prouver la mauvaise foi des faux journalistes et vrais propagandistes : les lampistes ou boucs émissaires sont des agents si dupes et manipulés qu'ils présentent des pathologies criantes, parfois associées : faible niveau intellectuel, problèmes mentaux plus ou moins prononcés, difficultés matérielles, problème de toxicomanie et/ou d'ordre sexuel, engagement fanatique dans une cause idéologique ou religieuse...
A noter que l'engagement politique ou religieux de ces agents dupes est dévoyé puisque le fanatisme traduit en fait l'expression d'un déséquilibre identitaire préalable. Oswald était un agent au moins double, oscillant entre fanatisme communiste primaire et collusions avec des services atlantistes pour le moins anticommunistes. Pour le 911, attentat emblématique dans l'usage de l'opération sous fausse bannière, Moussaoui fut dépeint comme un schizophrène, Atta un pervers aux violences et addictions multiples, Zubaydah un mythomane averti (actuellement détenu à Guantanamo).
La liste des exemples de cas d'agents fantoches et dupes serait longue. Mentionnons le travail remarquable du journaliste allemand Jürgen Elsässer, qui s'attache notamment à décrire le portrait d'un chef terroriste local turc, triple agent (!) labellisé al Quaeda (la belle arnaque!) :
http://azls.blogspot.com/2009/04/sous-faux-pavillon-qui-est-louai-sakra.html
ou qui montre la filiation entre les services secrets américains et la nébuleuse al Quaeda dans l'ex-Yougoslavie - encore un groupuscule terroriste sous fausse bannière.
http://www.voltairenet.org/article139861.html
On pourrait multiplier les exemples, mais le temps presse. Il suffit de constater que :
1) les deux exemples (plus un commentaire ajouté) qui suivent montrent à nouveau à quel point les dupes sont les boucs émissaires des attentats sous fausse bannière, donc des attentats manipulés par des structures autres que la structure présentée officiellement.
2) les médias ne font décidément pas leur travail et désinforment plus qu'ils n'informent. Il faut dire qu'ils sont bien aidés dans leur entreprise sordide par le désintérêt du grand public et par les capacités d'endoctrinement qu'encourage la mentalité nihiliste de l'individu-désir. Voir à ce sujet les structures d'étude et d'analyse pseudo-psychologiques comme le Tavistock Institut, un centre de recherche comportementaliste portant sur le contrôle et le conditionnement de groupes humains assimilés à des animaux :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tavistock_Institute
http://www.solidariteetprogres.org/article5332.html?var_recherche=tavistock

Il me reste à vous souhaiter la plus agréable lecture.

http://www.alterinfo.net/Un-peu-plus-sur-la-manipulation-des-djihadistes-qui-voulaient-faire-sauter-des-synagogues-a-New-York_a32791.html http://www.alterinfo.net/Tentatives-d-attentats-de-New-Yok-ou-l-art-de-la-manipulation-d-idiots-utiles_a32792.html
http://www.alterinfo.net/La-petite-amie-du-djihadiste-parle_a32884.html

lundi 25 mai 2009

For Biden

"Pars, surtout ne te retourne pas"
Jacques Higelin, Pars.

Regardez cette vidéo sidérante. Le Vice-président américain a un coup de vice. Il se comporte comme Dudley Smith dans (le film) LA Confidential : Smith est à la fois le chef de la police et le roi des ripoux. Classique.
1) Dans la Commission Warren, chargée d'éclaircir les circonstances de l'assassinat de JFK, les experts au-dessus de tout soupçon chargés de rendre respectable la version officielle ont menti. Normal : ils étaient (plus ou moins indirectement) impliqués dans le mensonge (reconnu par une commission parlementaire en 1979). Il est aberrant d'estimer qu'Oswald est celui qui a tué JFK, comme il est aberrant de croire dans l'épisode tragi-comique de la balle magique unique.
2) Avant de devenir le Vice-président d'Obama, Joe Biden fut en 2001 le président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, le promoteur du Kosovo, le défenseur du Patriot Act et de la destitution de Saddam, le président de la Commission judiciaire du Sénat de 1987 à 1995, le partisan acharné de la propriété intellectuelle. Bref, Biden est un politicien américain du sérail, parfois réputé pour ses gaffes sudistes, voire franchement xénophobes, toujours au service des intérêts oligarchiques. Que faisait Biden le 911? Eh bien, en tout cas, le 13, il rencontrait personnellement le général Ahmad, l'ancien chef de l'ISI pakistanaise, impliqué dans les attentats.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10120
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=371
3) Un seul détail dans le lien entre Biden et l'oligarchie financière qui régit les lois américaines : Biden est le sénateur du Delaware, soit de l'Etat considéré comme le paradis fiscal numéro un aux États-Unis. Ce fait suffit à classer Biden comme le politicien-diplomate aux ordres de l'oligarchie de Wall Street et Cie.
A la lumière de ces précisions, on comprend que Biden refuse de répondre au journaliste qui l'interroge sur la présence de nanothermite dans les poussières du WTC. Le journaliste ne fait pourtant que citer une étude validée par un comité de revue scientifique - et jamais réfutée par une étude de même type.
L'attitude de Biden est typique de l'évitement et de la fuite (en avant). Que fait-on quand un fait trop dérangeant rend votre quotidien insupportable? On agit comme s'il n'existait pas. On l'ignore. Biden, soumis à l'évidence de la vérité, ne peut admettre que le 911 est un complot initié par de tout autres commanditaires que le famélique et improbable Oussama. Il ne peut prendre le risque d'ouvrir la boîte de Pandore.
Alors, au lieu de répondre, il part. Il ne se retourne pas. Surtout pas. Le feu est rouge? Qu'importe! Notre négationniste de réel est en plein déni de reél et c'est ce qui est comique dans cette fuite. Le petit air offusqué de l'honnête homme qu'on dérange en saine occupation ne trompe pas. C'est le tic à trac du manipulateur qui par faiblesse ne peut acquiescer à la vérité. Il faut comprendre ce réflexe de survie à court terme, qui condamne à plus long terme : le déni est le seul moyen de parer à la vérité - la seule parade pour éviter la vérité.
Bien entendu, le reél se vengera avec usure, comme le boomerang revient tôt ou tard se fiche en plein dans la nuque de l'expéditeur. C'est une autre affaire que d'affronter les conséquences de son déni : pour l'instant, Biden se félicite de sa parade, qui ne fait que prolonger la démarche de toute une vie. Après tout, il a l'habitude d'avaler des couleuvres, lui qui a c(r)aché des cadavres depuis le début de sa carrière. Pourquoi changerait-il à présent que les affaires roulent? Notre ponte est désormais Vice-président, il a les cheveux vifs-blancs d'un vénérable doyen, il a surmonté ses gaffes gaguesques. Qu'on se le tienne pour dit : au terme d'une vie de compromissions, au zénith de sa carrière de diplomate d'échecs, Biden est cuit, Biden est out, Biden (s') est grillé. Aux néons de la longévité carriériste et médiatique.

http://www.reopen911.info/News/2009/05/22/joe-biden-face-aux-preuves-dexplosifs-utilises-le-1109/


dimanche 24 mai 2009

Celui qui le dit qui l'est!

http://www.alterinfo.net/L-Ex-Du-Mossad,-Uzi-Arad,-Fidele-Conseiller-De-Netanyahou-Sort-De-L-Ombre_a32723.html

"Interrogé sur les liens entre Netanyahou et Sarkozy, Habib a répondu : " Il existe des liens d'amitié de longue date entre les deux hommes. J'ai été à l'origine de leur rencontre dans les années 2002-2003. Ils ont gardé contact, se sont revus régulièrement depuis et partagent tous les deux une vision pragmatique du monde, une vision d'homme d'État. Il y a des divergences entre les deux concernant la solution du conflit israélo-palestinien, mais il existe de la confiance et de la sympathie."

Meyer Habib, vice président du CRIF, est donc, c'est lui qui le dit, à l'origine de la relation d'amitié Sarkozy Netanyahou.

Qui a osé dire que le CRIF était une officine sioniste agissant pour le compte d'une puissance étrangère dans les plus hautes sphères de l'état français ?

Encore un antisémite ?"

samedi 23 mai 2009

Des bas et des pas

Bêtise, grandiloquence, emphase, propos confus, prétérition, mise en abîme... Les qualificatifs manquent pour définir le pseudo-débat qui suit. Cinq bien-pensants sont autour d'une table. Ils ne débattent pas, ils sont d'accord sur le thème : Dieudonné et la liste antisioniste des élections européennes. Les différences sont si mineures qu'ils s'accordent sur l'essentiel et ne diffèrent que sur l'accidentel. Il est impossible de débattre dans ces conditions, et c'est pourquoi aujourd'hui les médias ne sont plus qu'une caisse de résonance idéologique et propagandiste. Le système en est venu à un tel point de déchéance qu'il est incapable de susciter des différences véritables et que les différences/prétextes ne masquent qu'à peine le consensus mou et consternant. La qualité de la conversation qui suit est ainsi totalement nulle. Sa seule positivité réside dans son comique, né de la rencontre entre la grandiloquence et l'illusion. On peut désapprouver la ligne politique (floue) du parti antisioniste en terre de France et trouver que les commentaires des analystes médiatiques officiels sont décalés, baroques et loufoques. La preuve? J'ai recopié certains passages des interventions pour que l'écrit souligne mieux les positions aberrantes, voire stupides de ces cooptés qui n'ont pas le niveau, qui sont sionistes par affinité ou par occidentalisme. Clairement. Servilement. Fatalement.

"Moi, personnellement, je vais vous dire mon avis : je suis content qu'on parle de ça. Je suis content d'être ici. J'aime bien tout le monde, j'adore parler..."
"J'aime pas parler de ça..."
"Ce type est un personnage lamentable, qui s'est livré une nouvelle fois à une chose dé-gueu-las-se, attendant de nous que nous retenions cette chose pour en parler entre nous pendant un quart d'heure!"
Philippe TESSON, journaliste au Quotidien de Paris (notamment) et chroniqueur de théâtre.

"Moi personnellement, je serais tenté de répondre par l'affirmative à cette question si on veut répondre à la question."
"On peut considérer que la liberté d'expression par définition est incontrôlable, (...) sans limite, à condition que ce soit fait en intelligence, et le grand problème de Dieudonné, c'est que c'est un imbécile. Je suis désolé de le dire comme ça, mais c'est un imbécile. Et que donc de ce point de vue-là, je ne peux pas rire avec un imbécile!"
Bertrand DELAIS, chroniqueur, réalisateur de documentaires politiques.

Michèle COTTA (journaliste, notamment sur TF1 et France 2) : - Parce que c'est pas la liberté d'expression, c'est presque de l'injure, quoi!
Philippe LABRO (journaliste et écrivain, vice-directeur de RTL, cofondateur de Direct 8, présentateur de la présente émission : Langue de bois s'abstenir) : - C'est la liberté d'injure...
Michèle COTTA - C'est l'injure à l'Histoire en quelque sorte!"

"Je ne crois pas en la liberté d'expression."
"Donc ça ne veut rien dire, la liberté d'expression."
"Mais maintenant cet antisionisme devenu antisémitisme, c'est devenu l'extrême-gauche, c'est devenu les Palestiniens, les pro-Palestiniens, c'est devenu les droits rouges!
Michèle COTTA : - Non, non, non, on ne peut pas laisser dire ça!
- Écoutez, quand on voit la manifestation pour les Palestiniens, ils brûlent le drapeau d'Israël aussi!"
"Je ne vois pas comment on peut être pro-palestinien ou pro-Tsahal en ce moment! (...) C'est impie de dire ça!"
"Cela dit, cela dit, cela dit, pour en finir avec lui, je suis triste d'avoir eu raison, parce que dès le départ, je disais [que] ce qu'on a fait est intolérable et j'étais agacé par ceux qui liaient à la liberté d'expression la liberté d'expression." (sic)
"Dans le temps, qu'est-ce qu'il était drôle! Quand il était avec Elie Semoun, ils étaient très très drôles!"
Pierre BENICHOU, journaliste et chroniqueur.

Bertrand DELAIS : - Il ne m'a jamais fait rire. Je l'ai toujours trouvé très bête, alors qu'il y a eu un grand mot d'esprit sur la famille Stirbois de Cabu qui était : "Depuis que c'est un arbre qui a tué Jean-Pierre Stirbois, je vote écolo!" et ça, ça m'a toujours fait beaucoup rire, même si je n'ai jamais voté écolo...
Michèle COTTA : - C'est d'un goût! C'est d'un goût terrible!
Philippe LABRO - Est-ce que c'est tolérable aussi?, c'est pas sûr...


vendredi 22 mai 2009

La guerre de Trois

Monisme : néant opposé au sensible.
Dualisme : l'Etre englobe le sensible.
Trinité : maintenir le système en conciliant l'Etre et le sensible par la médiation du néant.
Le but du ternaire est de concilier le monisme et le dualisme. D'articuler le passage entre le sensible et l'Etre. Pour ce faire, le ternaire postule le relais du néant. Dans le dualisme, le néant n'existe pour ainsi dire pas. D'ailleurs, les métaphysiciens de l'école platonicienne, qui remonte à l'Afrique, sont tous fâchés avec le thème du hasard, ainsi que le relève Rosset le nihiliste dans son Antinature.
Le hasard n'existe pas, parce que Dieu existe. L'Etre est Dieu. Ou encore : la Forme. Reconnaître le hasard, c'est aller à l'encontre de ce qui constitue la centralité du transcendantalisme, dont on retrouve la forme rationnelle dans les dialogues platoniciens : le sensible est compris dans l'idéal. Quelle est l'opposition de Nieztsche, qui exprime l'immanentisme prophétique de facture tardive et dégénérée? Nieztsche prétend que le platonisme situe l'idéal ailleurs. Autrement dit, Nieztsche déclare que l'idéal platonicien n'existe pas. Le seul reél qui vaille est le sensible.
L'opposition du nihilisme au dualisme transcendantaliste tourne autour de la question du néant. Si l'Etre englobe le sensible, alors pas de place pour le hasard. Ce n'est pas que l'unité n'existe pas dans le dualisme, c'est que cette unité existe à partir du moment où la partie fait l'effort d'adopter un point de vue universel de type absolu. Le postulat dualiste est le suivant : chaque homme peut rejoindre l'universel par l'usage de la raison. La preuve? Avec les dialogues, où Socrate incarne l'usager accompli de la raison et, par conséquent, le point de vue universel.
C'est la conversion platonicienne, dont on retrouve l'écho chez le néoplatonicien Plotin. Dans le système transcendantaliste, l'Un existe déjà - et donne lieu à de savantes spéculations chez Platon. C'est la partie qui est double, en ce sens qu'elle est fragmentée et morcelée. Elle ne peut prétendre à l'unité qu'en se convertissant à l'usage de la raison. Le deux n'existe qu'au niveau de la partie. Bien entendu, cette conception est présente dès les aurores de l'humanité, puisque le royaume des morts est invisible chez les Africains, mais n'en existe pas moins.
1) Le problème de cette conception est qu'elle n'explique pas le hasard, qu'Aristote ou Kant relèguent comme quantités négligeables et presque insignifiantes.
2) Surtout, elle n'explique pas la dichotomie entre la perfection de l'Un et l'imperfection du sensible en tant que partie. En fait on ne comprend pas bien, n'en déplaise à Simone Weil, pourquoi la Perfection aurait eu besoin de s'embarrasser de l'imperfection - pourquoi l'Etre aurait créé de manière inutile ou ludique le sensible.
3) D'autre part, le dogme de l'invisibilité de l'absolu n'est guère compatible avec la doctrine de l'Etre, soit de quelque chose qui dans le prolongement du sensible soit quelque chose et non rien. Si c'est invisible, pourquoi l'Etre, qui devrait en tant que prolongement parfait se montrer plutôt survisible? Cette question parcourt la métaphysique, ce que résume l'adage : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? On comprend que le monothéisme s'effondre suite à la découverte de la science moderne : si les conceptions monothéistes concernant le sensible sont fausses, on voit mal comment elles pourraient être justes concernant l'absolu. Les immanentistes en concluront que du coup l'idéal n'existe pas. Il faudrait en conclure plutôt : la science se borne à décrire des parties du sensible. Tout indique qu'au-delà du sensible, elle est inopérante. La science a progressé dans ses découvertes, non dans son objet initial.
D'où la conclusion : il faut que l'Etre soit Néant - pour qu'il soit. Cette conception est celle du nihilisme, qui en tant que tel n'est pas de la perversion consciente, si je puis dire, ou de la mauvaise foi consciente. Le diable n'a pas conscience de mentir. Il ment parce qu'il est persuadé de la bonne foi de son mensonge. De la tenue de son mensonge. Parole de diable : n'est réel que le sensible. Le diable est envouté par son envoutement. La magie noire se retourne contre son auteur. C'est le crédo moral de Socrate : nul n'est méchant volontairement. Le diable voit faux et sombre dans le nihilisme.
L'immanentisme est la traduction moderne du nihilisme. Tant que l'opposition au nihilisme est assez forte, le transcendantalisme domine. A partir du moment où le transcendantalisme vacille et tangue, le nihilisme reparaît sous sa forme moderne - immanentiste. Restent deux questions :
1) Pourquoi le système ternaire pour résoudre le monisme dualiste et le dualisme réconciliateur?
- Le ternaire hégélien est-il le ternaire chrétien?
2) Pourquoi la mentalité immanentiste recourt à Hegel alors que son système moniste est nihiliste?
- Le monisme est double : le néant et le sensible. Il n'exprime jamais le néant, ainsi que Spinoza le montre au début de l'ère immanentiste.

1) Le système ternaire est la tentative de concilier non pas la thèse et l'antithèse, mais l'Etre et le néant, pour reprendre le titre célèbre d'un essai du plus idéologue que philosophe Sartre. Ainsi que je l'ai déjà remarqué dans une précédent chronique
http://aucoursdureel.blogspot.com/2009/03/monologue-de-sourd_30.html
l'idée même de synthèse est étrangère au dialogue et implique une continuité entre la thèse et la synthèse. Hegel est conservateur ontologiquement et politiquement : cet autoritariste convaincu déduit sa politique de son ontologie : il s'agit de sauvegarder le système contre le changement. La synthèse est toujours l'expression du système. Donc le changement est compatible avec le système.
Par ailleurs, si Hegel respecte le travail du néant (dans l'antithèse notamment), il accorde la primauté à l'Etre. Hegel essaye de concilier le nihilisme avec le transcendantalisme et c'est en quoi il pense avoir atteint la fin de l'Histoire : avoir réussi la conciliation qui empoisonne les débats depuis la nuit des temps. L'échec de Hegel naît de son incapacité à réconcilier l'Etre et le néant : le seul moyen pour l'Etre de s'exprimer consiste à supprimer les médiations et à imposer son unicité.
Le médiation est la Ruse de Hegel, mais cette ruse échoue, quelles que soient les dialectiques envisagées. Bien entendu, on ne peut que rapprocher le ternaire hégélien de la Trinité chrétienne, ne serait-ce que parce que Hegel est tant pétri de culture chrétienne. Qu'en est-il de la Trinité? Comment se fait-il que la Trinité chrétienne soit proche du dualisme ontologique? Dieu et l'homme : système dualiste de type platonicien.
L'originalité chrétienne tient précisément à l'introduction du Saint Esprit. Soit d'un terme médiateur dans la relation classique entre Dieu et son messager, pour reprendre les termes musulmans. On notera que l'Islam se présente comme le parachèvement du monothéisme en même temps que le retour à la véritable tradition. Signe que le christianisme s'en est éloigné.
Il est vrai que le christianisme éprouve le besoin marquant d'introduire un troisième terme comme si c'était le terme manquant. Effectivement, la reconnaissance qu'il manque quelque chose indique que le christianisme veut améliorer une certaine carence dans le monothéisme. Reste à savoir s'il y parvient. Aujourd'hui que les commentateurs glosent sur la sortie de la religion perpétrée par l'Occident grâce à l'apport de la culture chrétienne, on peut se demander si l'introduction du Saint Esprit ne signe pas la sortie du religieux transcendantaliste et l'ambigüité chrétienne. D'ailleurs, le troisième monothéisme historique réintroduit le dualisme classique, avec l'ultime Messager Mohamed.
Maintennat, la différence entre le ternaire hégélien et la Trinité chrétienne tient au néant. Le christianisme réfute le néant quand Hegel cherche à le surmonter. On pourrait évoquer le travail du néant qui progresse au fil de l'histoire à partir de Platon et du christianisme (les deux rapprochés par Nieztsche). Hegel intervient dans la période immanentiste explicite, peu après les Lumières et peu avant Nietzsche, le prophète de l'immanentisme tardif et dégénéré. Si l'on résume les deux positions de Hegel et du christianisme :
- Hegel : relier le sensible au néant pour échapper à l'immanentisme
- Christianisme : éviter le néant par le lien du Saint-Esprit.
Le trois indique que le néant arrive et que l'on ne sait pas quoi en faire. Il déborde chez Hegel. Il est le Tabou chez les chrétiens. Il manque quelque chose pour que l'on passe du deux au trois. La surabondance manifeste plutôt le manque. Paradoxe enrichissant. A la question, explicite chez Weil, pourquoi l'Etre aurait-il créé du sensible comme excroissance inutile et imparfaite, l'immanentisme se déclare moins dans le christianisme que dans l'hégélianisme, avec cette idée que Hegel explicite le néant quand le christianisme le tait et le toise. Le troisième terme est ainsi le néant, qui dans le Saint-Esprit est une médiation détournée et dans l'antithèse hégélienne une étape vers l'Etre. La primauté chez Hegel reste à l'Etre. L'échec de Hegel aussi.
Pourquoi l'échec du trois? Parce que le néant pose le problème de l'Etre et ne peut que prendre sa place. C'est l'Etre ou le néant. Le transcendantalisme ou le nihilisme en termes classiques. La doctrine nihiliste ne souffre aucun accommodement. Selon elle, le travail du négatif n'est pas un travail de médiation, mais ce qui régénère le sensible. L'Etre n'existe pas. Ce qui implique que le sensible se détruise au lieu de se régénérer. C'est l'échec de la doctrine sensible qui repose sur l'erreur et le mensonge. Le néant ne peut régénérer en tant que néant positif ou néant pur.
Raison de la présence du troisième terme qui sonne inutile : éviter la conséquence inéluctable du néant en tant que fin : la fin du sensible. La contradiction chez Hegel est incarnée par le néant : elle aboutit à la réconciliation. La contradiction est dépassée par la réconciliation. Le christianisme vise aussi la réconciliation. Les deux ternaires recherchent la conciliation. Du coup, la contradiction est aussi nécessaire que féconde : elle est dépassée. Mais dans la doctrine nihiliste, la contradiction possède un statut différent en ce qu'elle ne saurait surtout pas être dépassée.
Pas question de surmonter la contradiction : pas de synthèse, pas de réconciliation, pas de dépassement, pas de changement. Le sensible est figé, le néant est figé. Le dualisme platonicien permettait de réconcilier les étants et le sensible (langage heideggerien) à la faveur de l'unité englobante (sensible englobé dans l'Etre). Le monisme dualiste réfute l'englobement ou la synthèse en réfutant le changement.
Le changement a valeur de réconciliation et de transition de la partie vers le tout. Le changement transcende la partie et la rapporte au tout. Le changement permet l'unité, quand la contradiction est l'antithèse du changement. D'ailleurs, le principe de non-contradiction est le fondement de la logique en ce que la raison permet de parvenir à l'Idéal. Dans le système classique, les contradictions sont abolies par le changement, ce qui fait que le changement change aussi les contradictions.
Le changement est supérieur à la contradiction. Le but de la contradiction est de favoriser le changement comme élévation et amélioration. Le changement est ainsi en langage religieux conversion. La contradiction est intégrée dans le changement. Le refus de la contradiction, notamment en politique, signale un réflexe de survie et de maintient de l'ordre politique. La contradiction est réfutée parce qu'elle apaise. Au contraire, dans la doctrine hétérodoxe nihiliste, la contradiction est intégrée dans un pseudo-régime démocratique, de facture politique supérieure, parce que la contradiction est insurmontable.
Sans la contradiction, pas de possibilité de conjurer le changement. La destruction est le changement. Le changement n'est conversion que dans la mesure où il est aussi destruction et disparition. Le changement est l'ennemi, quand la contradiction est le signe béni. Elle doit donc être intégrée pour empêcher l'avènement de contradictions qui soient externes et qui précipitent le changement.
Quelle est alors la différence entre contradiction interne et contradiction externe? On pourrait dire que la différence réside dans la différence, puisque la contradiction interne interdit la différence. La contradiction externe est celle qui ne suit pas la doctrine du néant en tant que néant, soit tout type de contradictions aux idées immanentistes. Tout ce qui n'est pas nihiliste n'est pas intégrable à la mentalité nihiliste et au régime démocratique libéral.
Dans le nihilisme, la contradiction n'est pas dépassable, ce qui implique le mythe de l'Eternel Retour. Comme par hasard, c'est ainsi que le nihiliste Nieztsche l'a théorisé. Pour le nihiliste, le changement n'existe pas ou de manière mineure. Les choses se répètent puisque le néant demeure toujours le néant et que le sensible demeure le sensible. D'ailleurs, le néant régénère le sensible et le sensible n'est pas détruit par le néant. D'où le caractère positif de la destruction : la destruction n'est pas tant ce qui détruit que le travail du néant à l'oeuvre dans le sensible. Détruire, c'est assurer le Même et empêcher le changement.
L'unité nihiliste tient à la permanence. Le changement est quantité négligeable ou mineure. Raison pour laquelle un Nietzsche adhère tant et si bien au devenir d'Héraclite : le devenir est quantité négligeable, quand l'idéal de Parménide (selon Nietzsche) tient à assurer la stabilité au sein de la doctrine de l'Etre. D'ailleurs, Héraclite n'est pas du tout un nihiliste, mais un penseur qui essaye de concilier l'Etre et le devenir.
En tout cas, la doctrine nihiliste repose sur l'erreur et la dissimulation : ce qu'elle appelle unité ne fonctionne tout simplement pas. L'unité nihiliste cache le dualisme exacerbé et irréconciliable et la reconnaissance occultée du néant signale de manière inquiète et inquiétante que le néant va détruire le sensible, sous prétexte que le changement n'existerait pas et que la destruction serait positive. Que l'on se souvienne de cette évidence : le nihilisme mène au néant au nom du reél, comme le diable mène à la destruction au nom des délices de sa séduction.
A partir de cette constatation impitoyable, la différence entre le christianisme et le hégélianisme n'est jamais qu'une différence par rapport au néant. Le christianisme avait encore les moyens de congédier le néant, quand Hegel est contraint de l'intégrer. Quoi qu'il en soit, l'avènement du trois dans l'interprétation et dans l'approximation de type ontologique manifeste et signale que le modèle classique s'effondre et que la révélation du néant implique deux changements considérables :
1) le système transcendantaliste s'effondre. L'ontologie de l'Etre était sa manifestation philosophique antinihiliste et antisophiste.
2) L'immanentisme n'est que la transition qui se voudrait révolution et suite définitive.
Qu'adviendra-t-il après le transcendantalisme? Il est inconséquent et vaguement réactionnaire de souhaiter que les choses reviennent en arrière. Il est suicidaire et inconséquent d'en appeler aux formes d'expression nihiliste pour assurer le changement et la continuité. Le nihilisme surgit comme le vide, le vent ou la mort. On connaît tous le poème de Rimbaud sur le jeune soldat qui sommeille dans le val. A la fin, l'endormi ne sort que parce qu'il a été tué au combat. Il en va de même avec le nihilisme, dont on pourrait décrire ainsi la démarche mortifère : "Il a deux trous rouges au côté droit. "

jeudi 21 mai 2009

L'espace ou les espèces

Le plus sûr moyen de comprendre ce que signifie la crise et comment le système immanentiste compte en sortir, c'est de lire les innombrables rapports qui émanent des cercles oligarchiques mondialistes et qui détaillent avec précision comment l'oligarchie compte sortir de la crise : en n'en sortant pas. Je veux dire : en détruisant pour guérir. C'est le théorème de l'empoisonneur : si vous voulez guérir de l'empoisonnement, demandez comme médecins les empoisonneurs!
Sortir de la crise, dans la mentalité de ces dirigeants désaxés, c'est bien entendu toutes les éventualités sauf sortir de la crise. Il n'est pas possible pour l'instigateur de la crise de sortir de la crise, pour la simple et bonne raison que les méthodes qui ont engendré la crise ne peuvent que l'aggraver. Ceux qui nous dirigent n'ont rien changé à ces méthodes pourtant incompétentes et folles. Les déficits sont abyssaux et les dizaines de milliers de milliards de dollars d'argent fictif ne vont pas tarder à exploser. Ajoutons encore que l'ensemble des produits dérivés se monte à plus d'un million de milliards de dollars!
Dans ces conditions, le seul moyen d'endiguer la crise est de diminuer la demande. Qu'est-ce que la crise? Les déficits, l'argent virtuel, l'inflation, la récession, tous ces facteurs que l'on tente de dissimuler par des promesses de reprise future sont les signes irréfutables que le système s'écroule. En termes finis, il peut tout simplement produire de moins en moins.
Cette baisse de production engendre deux réactions : la première est saine. On change de système. La seconde est perverse (dans son sens étymologique) : on accentue le système. C'est la deuxième option qui est retenue actuellement, parce que nos dirigeants sont incapable de sortir de la mentalité immanentiste. Ils foncent vers l'abîme et le néant mais sont persuadés qu'il n'existe pas d'autre alternative que leur chaos rebaptisé avec mensonge NOM par leurs soins d'empoisonneurs. Pis, ils n'ont pas conscience de la direction véritable de leurs méthodes.
Il suffit pour ce faire de lire ce compte-rendu d'une réunion annuelle d'un think tank fondé par la clique oligarchique en place derrière David Rockefeller et le prince défunt de Hollande :
http://www.alterinfo.net/Bilderberg-2009-Ce-Qu-ils-Complotent-En-Grece_a32548.html?com#com_832149
On y distingue deux possibilités qui nous intéressent pour comprendre ce qu'est (déjà) le Nouvel Ordre Mondial et son véritable visage. La première hypothèse laisse planer la menace d'une aggravation brutale de la crise. La seconde hypothèse, d'un progressif effondrement du niveau de vie occidental, dont n'est pas besoin de rappeler le caractère pirate : les Occidentaux vivent à crédit sur le reste du monde.
J'opte sans réserve pour la seconde hypothèse. Personne n'a intérêt à engendrer un cataclysme brusque et incontrôlable, pour la simple et bonne raison que les méthodes oligarchiques engendrent la crise et que l'instrumentalisation de la crise par l'oligarchie tient plus à sa manipulation interne qu'à sa création externe et ex nihilo. Il ne faut pas voir la désintégration du système immanentiste et occidentaliste comme le syndrome de la comète que nos amis les dinosaures auraient subi à leurs corps défendants.
Ce que la crise signifie, ce n'est pas l'anéantissement subit et pur. Ce n'est pas le passage en quelques heures, quelques jours ou quelques semaines de quelque chose à rien, que ce soit pour le monde de l'homme ou pour le reél dans son ensemble. Ce que la crise signe, c'est plutôt la lente descente aux Enfers. Descente terminale au sens où l'immanentisme aborde sa phase terminale.
Si l'on reprend l'image terrible de la grenouille qui cuit lentement et à feux progressifs (sans protester), on comprend qu'on est dans la phase précédant la mort de la grenouille et sa cuisson définitive. Les oligarques ne se rendent pas compte de cette réalité, qu'ils prennent pour un accroissement de leur puissance. Dans le fond, la crise n'a jamais cessé depuis (au moins) les premières crises pétrolières et le découplage de l'or et du dollar, sous l'égide de Shultz et consorts (début des années 70).
Ce que nous vivons maintenant n'est que le prolongement accru, la lente gradation vers le chaos. La gradation vers la dégradation. La phase terminale se manifeste tout simplement par l'effondrement du niveau de vie des populations occidentales. Auparavant, c'était le reste du monde, en particulier l'Afrique, qui avait subi la destruction et la prédation. L'Occident a vécu sur le magot du monde et maintenant la fête est finie. Le magot est tari et les oligarques sont contraints de commencer à prélever les populations derrière lesquelles ils se protégeaient pour commettre leurs opérations de piraterie.
Raison de la grogne occidentale : non la découverte que le système (immanentiste et nihiliste) est inique, mais que la politique de prédation pratiquée jusqu'alors contre l'extérieur de l'Occident concerne désormais également l'intérieur de l'Occident. Les populations occidentales sentent bien l'arnaque, mais elles sont prises au piège : elles ont été éduquées pour ne s'intéresser qu'aux aspects privés de leur individualité, et elles sont confrontées à l'impéritie et à l'aberration monstrueuse de leur comportement : avoir fermé les yeux devant le monstre et se réveiller quand le monstre s'en prend à elles.
Face au besoin urgent de changement, les Occidentaux sont démunis. Ils n'ont pas les moyens de changer car pour changer c'est leur mentalité qu'il faudrait en premier lieu déboulonner. L'individu-roi, le petit monstre égoïste et froid obnubilé par tout ce qui touche à sa sphère privée. Totalement démissionnaire de ce qui constitue pourtant l'acmé de l'impératif démocratique, à savoir la considération des questions collectives et publiques.
L'individu occidental immanentiste est ce petit nihiliste épuisé et au bord du rouleau, dont un Houellebecq figure si bien le carcatère démissionnaire et pessimiste : dans ses romans, avec ses personnages déjantés et suicidaires; mais aussi en tant qu'auteur qui a fini par sombrer dans les méandres de son néant personnel et égotiste (et dont on comprend le soutien par les pontes de l'édition française).
Alors qu'on n'a jamais eu autant besoin de la réaction politique humaine, l'Occidental est devenu cet égotiste totalement étranger aux considérations politiques et démocratiques. Pendant ce temps, les cercles oligarchiques agissent. Ils agissent dans leurs intérêts, contre les intérêts de l'homme, contre les intérêts de l'Occident (désormais), avec un sens remarquable de leur irresponsabilité. Ils agissent sous le spectre de leurs intérêts mal compris.
Que l'on n'attende cependant pas d'effondrement spectaculaire, simplement une accélération du délitement déjà entrepris depuis quarante ans au moins. !la question que délivre la fable de la grenouille cuite progressivement et stupidement, c'est les populations occidentales vont-elles réagir? Si elles ne réagissent pas, la fin de l'histoire n'est pas le triomphe du mondialisme à perpétuité, mais la disparition de l'homme. Le néant nihiliste est certes le synonyme de l'éternité.
Il n'empêche que le mirage de l'effondrement spectaculaire et subit permet d'occulter la réalité de l'effondrement - progressif et accéléré. Le vrai visage de la crise, la réelle compréhension de ses mécanismes, permet pourtant le diagnostic de la fin de l'immanentisme. Nous vivons une période troublée et palpitante, dans laquelle nous pouvons tout perdre ou repartir de plus belle. Soit disparaître, soit conquérir l'espace. Je parie sur l'espèce et sur l'espace : la nouvelle forme du néant.

mercredi 20 mai 2009

Ferryté

Ecoutez cette émission passionnante. C'est le compte-rendu du livre de Sand sur le peuple juif par deux occidentalistes faisant mine de penser, un professeur de philosophie engoncé dans le système, le célèbre Ferry, et un journaliste se voulant analyste et expert, le dynamique Julliard. L'embarras est perceptible chez les deux amis. Ferry essaye de mieux étouffer la thèse du livre en se montrant le plus objectif possible quand Julliard digresse pour noyer le poisson.
Evidemment, c'est pas bien d'être antisémite. Il est passionnant de constater que les idéologues les plus proches des antisémites du vingtième siècle sont les sionistes extrémistes contemporains qui cherchent une définition racialiste et scientifique à la judéité. Délires, quand tu nous tiens. Mais la vraie question à poser serait : antisémite, ça veut dire quoi? Ca veut dire être contre les Sémites. Les Sémites ne sont pas les juifs issus de la Bible, mais une catégorie géographique plus vaste. On ne dit pas antioccidentaux pour antifrançais. Les mots ont un sens. Tant que l'arnaque sémantique sur le terme antisémite perdurera, on ne pourra pas attendre de ces discours engagés qu'ils se montrent honnêtes. C'est un peu comme les discours sur les musulmans qui parlent du prophète Mahomet. C'est Mohamed, le béni, et pas Mahomet, l'exécrable.
Point barre. Maintenant, l'essentiel : le livre de Sand signe le caractère mensonger de l'idéologie sioniste. Ferry a beau s'emberlificoter les pinceaux pseudo-conceptuels dans les distinctions identitaires, si les juifs ne descendent pas des Hébreux bibliques, alors leur réclamation de la terre d'Israël est caduque et aberrante. Autrement dit, la seule identité qui vaille pour les juifs, c'est l'identité de type religieux. Le judaïsme est une religion et n'est autre que secondairement. Il reste toujours premièrement une religion.
Se rendant compte qu'ils s'aventurent sur un terrain miné, le fait que le sionisme est l'émanation monstrueuse de l'occidentalisme, Ferry et Julliard tentent de faire marche arrière. Trop tard! Nos deux penseurs donnent l'exemple des juifs laïcs pour prouver que le judaïsme ne saurait en aucun cas se limiter au caractère religieux. Mauvaise foi insigne! Un juif laïc, c'est tout simplement une dérivation du sens classique. Que dirait-on d'un musulman laïc ou d'un chrétien laïc? Évidemment, les termes perdent leur sens. Et pourquoi pas pour les juifs?
Deux poids, deux mesures? Il reste à préciser que l'on peut bien entendu être juif et laïc, mais dans un sens moderne propre à la laïcité : en considérant que l'appartenance religieuse est privée. Dans ce cas, l'intervention de Ferry n'a aucun sens. Ferry pourrait être juif laïc au sens où il pratiquerait de manière privée sa foi juive. Rien à redire. Mais il ne saurait être juif et laïc, soit conférer à sa judéité (putative) un caractère extra-religieux. Qu'on se le tienne pour dit : le judaïsme est religieux ou n'est pas. Et les dénégations de Ferry sont identiques aux protestations d'un voleur pris la main dans le sac. Il aurait sans doute préféré emporter son butin en toute candeur et il bataille pour en conserver une notable partie. Mais il sera au final contraint d'en restituer la totalité.
Idem pour les sionistes : ces idéologues qui travestissent l'histoire, la logique et la morale (une pensée pour Gaza) assistent au retour du boomerang en pleine figure, soit au retour du réel avec usure. On notera avec délectation l'argument-aveu selon lequel la vérité rappelée par Sand ne serait pas admissible au vu du contexte politique actuel. C'est un peu comme si on disait : toute vérité n'est pas bonne à dire. Ou : protégeons le mensonge - de l'authenticité sioniste.
Revenons à un peu de bon sens et d'honnêteté. Soit les sionistes admettent rapidement que leur identité est religieuse et que leurs prétentions territoriales sont fausses - et ils peuvent encore négocier pour un État multiconfessionnel et laïc (justement); soit ils persistent dans le déni/délire, dont l'argutie style Ferry est la forme douce et pernicieuse - et ils perdront tout, le bébé et l'eau du bain, Israël et le sionisme, l'idéologie et la religion. J'ai en effet bien peur que le sionisme ne finisse par tuer le judaïsme. Une idéologie qui tuerait une religion, avouez que c'est un comble!


dimanche 17 mai 2009

Le mondialisme est un universalisme

Quand on a compris la différence entre le mondialisme et la mondialisation, on ne peut qu'être stupéfait par les gloses d'un atlantiste (Revel par exemple) contre l'appellation de mondialisation, qui devrait plutôt être dénommée globalisation. Certes - mais la mondialisation est un processus d'expansion qui passe par le monde et qui le dépassera - vers l'espace; quand le mondialisme entend tout bonnement, de manière effrayante, avec une mentalité effarante, comme notre époque épatante l'indique, stopper le processus de mondialisation au niveau du mondial.
Le mondialisme est une idéologie oligarchique, l'idéologie des financiers et des banquiers, qui veulent accroître leur pouvoir jusqu'à le rendre éternel et définitif. Absolu. De ce point de vue, le destin du mondialisme est inscrit dans le mythe (religieux) de Babel ou dans la vision que les Anciens avaient de la démesure. Le mondialisme est condamné à perdre comme le diable est condamné : con et damné font bon ménage, mais pas avec le réel. Quand on craint pour l'avenir de l'homme en considération de la folie furieuse qui a saisi la mentalité immanentiste dont l'oligarchie financière est l'expression nihiliste contemporaine, on se trompe sans doute, dans le sens où c'est plus le sort des générations actuelles qui se trouve problématique que le sort de l'espèce.
Le mondialisme est promis à l'échec. Le diable est promis à l'échec. Sachons transcender notre époque et les angoisses de la mentalité dominante. En tout cas, l'intérêt des oligarques n'est pas d'anéantir, mais d'asservir. Ils cherchent moins le néant que le modèle politique selon lequel une élite de très riches gouvernent un grand nombre d'asservis.
Il existe des justifications morales à cette mentalité dégénérée et dévoyée, dont la plupart des intellectuels occidentaux actuels portent le sceau, quand ils ne le revendiquent pas explicitement. Cette mentalité perdure depuis plusieurs décennies, mais elle commence seulement à s'attaquer à l'Occident. Il suffit pour trouver des modèles économiques de se pencher sur le destin morne des États dits du Tiers-monde. L'Inde, le Brésil ou les pays d'Afrique. Entre tous ces pays, une constante : beaucoup d'inégalités et beaucoup de misères. Une autre constante : beaucoup de richesse.
L'Occident est arrivé au point où il va s'effondrer. Le 911 l'indique comme une prophétie. L'important est de lire la prophétie - d'ouvrir le sceau. De ce fait, l'Occident est appelé à connaître le destin des autres parties du monde, qui vivent dans l'effondrement proche du chaos. Le rêve oligarchique conduit à représenter l'avènement de son ordre (le NOM) sous les auspices de l'inégalitarisme viscéral.
L'inégalitarisme n'est pas le chaos. Il est sans doute fort proche du terme extrême qui annonce l'anéantissement. Le chaos signifie l'anéantissement. Le dessein conscient et explicite de l'oligarque ne tient certainement pas dans l'anéantissement, qui lui serait fatal et qui serait suicidaire. Le dessein de l'oligarque est d'obtenir le maximum de domination pérenne sous les atours de la séduction. Le jeu vieux comme le monde du diable.
On sait très bien que plus on cherche la pérennité, plus on est en fait instable et fragile. L'oligarque est la mentalité de l'instable et du fragile. Ce que l'oligarque prend pour de la domination est en fait l'expression de l'effondrement. L'oligarque justifie son inégalitarisme par la nécessité de dominer pour assurer la stabilité sociale. Ce que l'oligarque ne voit pas c'est qu'il justifie le chaos comme il justifie la crise.
De la même manière que la crise actuelle est perçue comme un moyen d'accroître sa puissance, et non comme une destruction, pourtant évidente, de l'humanité, le mondialisme est perçu comme la fin idéologico-mystique (au sens où l'idéologie ressortit in fine de la théologie immanentiste) du fonctionnement politique, le couronnement de l'aventure humaine - alors qu'en réalité, l'oligarchie est le stade ultime avant le chaos.
Les options oligarchiques ont toujours existé au cours de l'histoire. Mais c'était des manifestations localisées. L'originalité de l'oligarchisme immanentiste est qu'il s'exprime de manière unique sous les traits de l'idéologie mondialiste. L'oligarchie unique implique que si chaos il y a, le péril engage l'humanité dans son intégralité. Au contraire, des régimes oligarchiques indiquaient l'effondrement prochain desdits régimes, à des emplacemnets très réduits et restreints.
Même la chute de l'Empire romain, qui fédérait plus que le Bassin méditerranéen ne remettait pas en question la survie de l'humanité et accélérait au contraire le processus de régénération politique, dont on constate la vitalité avec la politique d'un Charlemagne moins de cinq cents après. Il faut bien comprendre que la disparition de l'homme ne remettrait pas en cause l'existence dans son sens ontologique, soit la présence (du réel). L'existence humaine, si.
Si bien qu'autrefois, le surgissement de l'oligarchie sonnait autant comme la disparition prochaine du régime local en question comme comme la régénération du lieu vers de nouvelles formes de cultures. Il en va tout autrement avec l'unification de l'humanité. La crise actuelle que nous traversons n'aurait aucune chance de se terminer bientôt, d'être structurelle et provisoire si elle demeurait dans les rails de son carcan oligarchique et mondialiste.
Heureusement, la bonne nouvelle n'est pas seulement chrétienne : l'oligarchie se leurre quand elle estime parvenir à ses fins. En réalité, le mondialisme n'est que la ruse de l'histoire vers la poursuite du processus de globalisation. Seulement l'homme se croit bloqué parce qu'il atteindrait les limites du globe terrestre. Limites seulement inhérente à la mentalité immanentiste qui domine actuellement les couches dominatrices de l'humanité.
En réalité, la crise mondialiste et oligarchique signifie seulement que la régénération est proche et que le processus atavique est une nouvelle fois à l'oeuvre. Que l'on en craigne pas trop de disparaître. Cette menace serait fort grande si les oligarques décidaient vraiment du destin de l'homme et si dans leur folie d'égarés, ils avaient les moyens d'imposer leur dessein mondialiste. Heureusement, le mondialisme n'est qu'une étape vers l'espace.
Quand les historiens du futur se pencheront sur notre époque, nul doute qu'ils rappelleront que l'homme avait vécu une grave crise identitaire. Mais cette crise nous sera bénéfique. Elle est nécessaire pour impulser la dynamique qui permettra à l'homme de passer de son stade d'espèce terrienne à sa dimension d'espèce universelle - au sens d'univers.