mercredi 13 mai 2009

Philippe Valdurin

Depuis longtemps, on savait que la fine équipe de Charlie Hebdo avait produit des caricatures contre les pseudos-islamistes directement tirées d'un journal danois plus proche de l'extrême-droite que de la droite classique (selon les critères de classification politique du système libéral). Maintenant, on pourra mesurer la qualité des accusations récurrentes d'islamophobie à l'aune de cette déclaration écrite de Val, dont le moins qu'on puisse relever est qu'elle inspire le rire (association de la fausse réflexion à la bêtise manifeste). Je joins par ailleurs un article fort drôle du regretté bimestriel PL-PL, qui a le bon goût de mettre en avant la bêtise arrogante de Val. A croire que notre glorieux ex-chansonnier tient plus des snobs parisiano-proustiens attachés à la Culture que de l'humoriste recyclé dans le journalisme satirique. On notera que pour tous les ultralibéraux de gauche de notre temps, pour les bobos et pour ceux qui défendent le progressisme le plus extrémiste du système occidentaliste à la dérive, Spinoza est le philosophe de chevet. Je ne crois guère que ce soit un bon point pour Spinoza, à tel point qu'il vaut mieux être critiqué de manière franche que loué de manière dévoyée. Comme l'a dit Kant, "préservez-moi de mes amis; mes ennemis, je m'en charge".

http://www.alterinfo.net/Philippe-Val-est-un-raciste,-Demonstration,-preuve-a-l-appui_a32401.html

"Philippe Val est un raciste, Démonstration, preuve à l’appui.

Philippe Val est un raciste, Démonstration, preuve à l’appui

« Le racisme est une valorisation généralisée et définitive de différences réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression ou des privilèges. » À la lumière de cette définition d’Albert Memmi [1], nous sommes en mesure de démontrer que Philippe Val, le très médiatique et pontifiant patron-éditorialiste de Charlie Hebdo, est, purement et simplement, un raciste.

Par Pierre Tevanian, 13 mai

Lecteur assidu – de son propre aveu – du grand Spinoza, chansonnier depuis trois bonnes décennies, éditorialiste et écrivain depuis deux décennies, Philippe Val sait peser ses mots, et on est en droit de supposer que lorsqu’il écrit et publie quelque chose – et qu’il ne le renie pas dans les semaines, les mois et les années qui suivent – ses écrits nous livrent le fond de sa pensée. C’est pourquoi on ne peut pas considérer les ahurissants propos qui suivent comme une blague de fin de banquet ni comme du deuxième ou du troisième degré. C’est imprimé, noir sur blanc, dans le Charlie Hebdo le 5 janvier 2005 :

« [Les otages français, Christian Chesnot et George Malbrunot] ont été enlevés par des terroristes islamiques qui adorent égorger les Occidentaux, sauf les Français, parce que la politique arabe de la France a des racines profondes qui s’enfoncent jusqu’au régime de Vichy, dont la politique antijuive était déjà, par défaut, une politique arabe. »

Cette phrase de Philippe Val n’a évidemment aucun sens. Qualifier la politique antijuive de Vichy de politique « arabe » n’a aucun sens puisque aucune influence arabe n’a joué un quelconque rôle dans cette entreprise criminelle. Tout s’est passé entre l’Allemagne nazie et la France de Vichy, point barre.

Pour que cette phrase insensée signifie quelque chose, il faut admettre un postulat raciste : le postulat selon lequel les Arabes, en bloc, sont antisémites par nature. Dans cette hypothèse, même si aucun Arabe n’est ni auteur, ni incitateur ni demandeur d’une politique antijuive, ladite politique n’en est pas moins une « politique arabe » dans la mesure où elle ne peut que remplir de joie cette masse assoiffée de sang juif qu’est « le monde arabe » . En résumé : « politique arabe » ne signifie, chez Philippe Val, rien d’autre que « politique antisémite ».

« Arabe » et « antisémite » sont donc synonymes.

En d’autres termes : Philippe Val essentialise « les Arabes », en fait une entité homogène, pour ensuite attribuer à cette essence (« les Arabes ») un caractère infâmant (« antisémite »). Cette manière de penser, conjuguant l’essentialisation l’homogénéisation et le dénigrement, porte un nom : le racisme.

Philippe Val a donc écrit un texte purement et simplement raciste. Et comme il assume ce texte plus de trois ans après sa publication, comme il ne l’a pas renié, on peut donc affirmer, de manière plus concise, qu’il est avéré et démontré que

Philippe Val est raciste.

Reste maintenant à se demander pourquoi aucune association n’a jusqu’à présent porté plainte contre lui, ni même publié le moindre communiqué face à des propos racistes caractérisés, tenus dans un grand média – ni SOS Racisme, ni le MRAP ni la LICRA, ni la Ligue des Droits de l’Homme – et pourquoi aucun journaliste n’a jamais interpellé l’écrivain, éditorialiste, chroniqueur, débatteur multimédias qu’est Philippe Val lors d’un de ses innombrables prestations télévisées ou radiodiffusées.

Post-scriptum

Une première version de ce texte est parue dans le mensuel L’indigène de la république [2]

Notes

[1] Albert Memmi, Le racisme, Folio, 2000

[2] L’indigène de la république proposait également ces deux réactions, nettement plus positives, aux propos de Philippe Val :

Celle de Marie-Léonie Leblanc, la célèbre « mythomane du RER D » : « Cette analyse est lumineuse. Philippe Val m’a tout appris. »

Et celle du MRASC (Mouvement pour un Rassemblement des Amis de Sœur Caroline (Fourest) : « L’analyse de Philippe Val est remarquable. Nous nous sommes d’ailleurs procurés une correspondance secrète entre Gobineau, Drumont, Barrès, Maurras, Doriot, Déat, Céline, Pétain, Bousquet, Papon et Tariq Ramadan. Dans une série de mails écrits entre 1940 et 1944, Tariq Ramadan apparaît clairement, “par défaut”, comme la tête pensante du groupe, notamment en ce qui concerne “les questions juives”. Nous sommes par ailleurs sur la trace de documents secrets attestant une collusion “par défaut” entre les profanateurs de Carpentras, l’OLP, le Hezbollah et les Indigènes de la République. »

Source: http://lmsi.net/spip.php?article668"

http://lmsi.net/spip.php?article446

"Les grands esprits pensent comme Val, À propos d’un chansonnier libertaire reconverti en patron de presse libéral.

Par PLPL, Février 2006

Introduction

À califourchon sur Montaigne et Spinoza, Philippe Val cultive le racisme social. Son engrais ? Le pédantisme.

Article

Troubadour libertaire qui chantonnait L’Autogestion avec Patrick Font en 1977, Philippe Val pense à présent qu’« il ne peut y avoir de démocratie sans marché » [1]. Le dictateur du NEM (Non-Événement du mercredi, alias Charlie hebdo) œuvre à « légitimer le titre aux yeux des gens qui constituent le milieu de l’information et avec qui j’entretiens des rapports cordiaux » [2]. Une réussite. Mais qui fut une gageure ; Philippe en a convenu :

« Je suis très limité [...]. Je ne suis pas un grand analyste politique, je ne suis pas un professionnel du journalisme. » [3]

Charitable, Laurent Joffrin-Mouchard confia un jour à son ami Philippe le secret des plumassiers parisiens : citer à tout bout de champ des génies pour dissimuler son incurie. Et Mouchard, qui s’y connaît, glissa sous l’épaule la béquille qui soutient la pensée boiteuse de tous les pitres pantelants de la presse : un jeu de fiches de lecture résumant l’œuvre des grands esprits des trois derniers millénaires. Val a piaillé de joie et tout appris par cœur. Écrivains, artistes et penseurs illustres sont désormais mobilisés au service de la « pensée Val-Tse-toung » [4]. Au meilleur de sa forme, le grand timonier peut citer dans un seul entretien Kundera, Machiavel, La Boétie, Parménide, Stanislavski, Platon, Hobbes et Hegel ! [5] Les médecins légistes de PLPL ont autopsié 48 des 53 éditoriaux valiens publiés dans le NEM en 2002. Bilan : 120 évocations artistiques et littéraires, soit une moyenne de 2,5 par éditorial, avec des pointes à 10 [6], voire 11 [7]. Val frissonne :

« Tout le monde a droit à une phrase de Shakespeare, de Nietzsche, de Dante, de Borges, de Montaigne. » [8]

Les lecteurs, eux, sont plus partagés :

« L’équipe de Charlie hebdo organise à Rennes une rencontre avec les lecteurs. Par sa condescendance envers les membres de l’assistance (ses lecteurs, donc), Philippe Val, le rédacteur en chef, arrive en deux heures à perdre tout le crédit dont il jouissait encore. » [9]

Contre les « ploucs humains »

Se grimer en savantasse comporte pourtant beaucoup d’avantages. D’abord, le dictateur du NEM peut dégoiser les pires âneries sous l’autorité de Spinoza avec l’assurance que ce dernier n’enverra pas de droit de réponse. Conscient que nul ne sera pris de vertige en s’asseyant sur son œuvre, il peut aussi se présenter comme le défenseur des aigles de l’esprit à la hauteur desquels il tente de se hisser - du haut de son perchoir de perroquet :

« Je suis pour que les lettrés reviennent sur le devant de la scène, c’est mon combat. » [10]

Même les semaines où Philippe ne cite aucun nom de la Pléiade, la distinction reste au rendez-vous : il conte sa rencontre avec le pianiste Arturo Benedetto Michelangeli [11], évoque une pièce de théâtre, et finalement soupire :

« Combien de fois ai-je vu se lever le jour en lisant Les Mille et Une Nuits ? » [12]

Le monde selon Val se divise en deux : d’un côté, ceux qui lisent Montesquieu et les éditoriaux de Philippe Val citant Montesquieu ; de l’autre, la populace imbécile qui aime le foot et les corridas, qui boit de la bière et regarde TF1. Cette deuxième catégorie forme à ses yeux l’écume de l’humanité. Elle a des loisirs « vulgaires » qui offusquent ses prétentions au califat de l’Intelligence :

« Même quand j’étais gamin, le sport m’ennuyait. Un match de foot me remplissait d’une espèce d’état migraineux, de déprime qui ne m’a pas quitté depuis ».

Philippe Val, défenseur du social ? Trois fois oui-oui, mais à la condition expresse de n’avoir aucun contact avec un peuple qu’il décrit tantôt comme une bande de « pochtrons du bistrot, torse nu, bourrés comme des coings » [13], tantôt comme un tas de « ploucs humains obtus, rendus courageux par la vinasse ou la bière locale qui leur gargouille dans le bide » [14]. Au fond, les dominés n’ont que ce qu’ils méritent. Le dictateur du NEM fustige leur « servitude volontaire » plutôt que l’exploitation capitaliste qui les asservit. « S’ils n’aimaient pas se faire niquer, a-t-il tranché, ils ne seraient peut-être pas si pauvres » [15]. L’humaniste a parlé.

Quiconque réplique en évoquant le problème de l’accès inégal à la culture déchaîne les foudres valiennes. Les prolos, « ils s’en foutent. Ils préfèrent le foot et le Loft et autre chose demain, d’aussi con, ou d’encore plus con... ». Leur cervelle serait « gavée au crottin médiatique », « habituée à réfléchir comme au foot », perpétuellement « à la ramasse » [16]. « Hélas, larmoie Val, ce ne sont pas les fines analyses des lettrés qui font l’opinion » [17].

Le Précieux ridicule

Quand Philippe défend la « démocratie », il pense d’abord à son droit de « débattre » avec Franz-Olivier Giesbert [18] ou Arlette Chabot [19] et de vendre ses livres chez Ardisson (23.10.04)3. « Qu’avez-vous réussi de mieux dans la vie ? », lui demande L’Express-mag [20]. Réponse :

« Mon dernier livre et mon dernier disque, en vente partout. »

Le reste lui donne la nausée :

« C’est dur de faire de la politique. Il faut en serrer, des mains pas toujours appétissantes, en boire, des verres de piquette en faisant hummm excellent, en embrasser, des gamins tendus à bout de bras par des rougeauds imbéciles. » Il faut aussi « renoncer à ses goûts, à tout ce qui a bâti en soi-même de la finesse, de la nuance, de la subtilité, et caricaturer le gros consensus, en faire un drapeau imbécile auquel se rallieront les plus bornés, [...] s’abaisser de façon à être entendu par la partie la plus obtuse de la population. » [21]

Inlassablement il repart au « combat » contre les gueux, dont les manières offusquent ses goûts raffinés. « Cette semaine, je feuilletterai un volume de La Pléiade » [22]. Prendre de l’altitude, enfin, loin de « ce bon gros sens d’en bas, auquel on doit à la fois l’éternel camembert à la louche et l’éternelle épuration ethnique. » [23]. La persécution, les camps, le fascisme, Val peut en parler en connaissance de cause :

« Quand j’étais petit, mes parents m’envoyaient en vacances dans un petit village, tellement petit qu’il n’y avait ni épicerie ni boulangerie. »

Le devoir de mémoire est absolu :

« Je n’ai jamais oublié, je n’oublierai jamais. [...] Au pensionnat, il faut faire preuve d’une force d’esprit hors du commun [sic], accomplir des efforts terribles [...]. C’est bien de torture qu’il s’agit, je l’ai éprouvé moi-même. » [24].

Mais, même dans la tourmente, un moment de grâce peut effacer ce passé épouvantable et lui rappeler Mozart [25] : Val est enfin reconnu des Grands. Ainsi, quelques jours après la victoire du « non », au cours d’un « débat » télévisé avec un Raymond Barre crépusculaire [26], l’ancien Premier ministre s’est un peu redressé, et dans un râle (presque) final a laissé gargouiller cette ultime bénédiction :

« Je voudrais dire un mot dans le sens de M. Val. »

Juillet 2003.

Post-scriptum.

Ce texte est paru en juin 2005 dans PLPL, journal de critique des médias.

(...)

Notes.

[1] Charlie hebdo, 12.4.00

[2] Toc, février 2005

[3] L’Œil électrique n° 9, octobre 1999.

[4] Lire PLPL n° 18, février 2004, p. 11.

[5] Sport et Vie, septembre 1999).

[6] 2.1.02

[7] 29.5.02

[8] L’Œil électrique n° 9

[9] L’Œil électrique n° 32, 2004

[10] L’Œil électrique n° 9

[11] 10.7.02

[12] NEM, 11.12.02

[13] Sport et Vie, 9.99

[14] NEM, 14.6.00

[15] NEM, 23.1.02

[16] NEM, 26.6.02, 17.4.02, 30.10.02

[17] NEM, 24.10.01

[18] 1.6.05

[19] 16.5.0

[20] 24.1.05

[21] NEM, 17.4.02

[22] NEM, 17.4.02

[23] NEM, 23.10.02

[24] NEM, 17.4.02

[25] Vainqueur du « citathon » 2002 avec 5 citations dans les éditoriaux de Val. Viennent ensuite Nietzsche, Platon et Freud (4 citations chacun), Godard, Hugo, Fellini, Shakespeare (3 citations chacun), La Fontaine, Mallarmé, Descartes, Chateaubriand et Montaigne (2 citations).

[26] France 3, 1.6.05"


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