jeudi 28 janvier 2016

L'ambivalence

Dans la mentalité transcendantaliste, le caché existe, bien qu'il diffère du caché complotiste. C'est grâce aux caractéristiques du caché transcendantalisme de type classique que le complotisme se développe, jouant sur l’amalgame entre les deux types de caché. Le caché transcendantaliste estime qu'il existe du caché à la perception limitée de l'homme - mais qui ne saurait échapper à l'omniscience divine. Le caché complotiste estime quant à lui que le caché est le propre d'une élite d'hommes éclairés, qui font montre de leur supériorité quasi surnaturelle. 
D'où l'autre différence : le caché transcendantaliste est naturel, l'homme ne pouvant accéder au surnaturel, qui est l'apanage de Dieu; quand le caché complotiste prône que le surnaturel est accessible, seulement à une poignée d’hommes. On voit que le complotisme institue une catégorie contradictoire. En décrétant que les initiés n'opèrent pas dans la même dimension que les autres hommes, ils proposent un caché de type fantastique, quoiqu'il se situe dans le réel. Il faudrait savoir.
Mais on peut se demander si le caché de manière générale, transcendantaliste, n'est pas la mauvaise traduction de ce qui n'est pas perçu, parce qu'il ne se situe pas sur la même dimension que notre observation courante. Découvrir serait rendre visible le caché, avec cette précision que l'opération serait toujours d'ordre qualitatif, qu'elle ne se contenterait pas d'un agrandissement quantitatif.
Raison pour laquelle il s'avère repris tant par le transcendantalisme que le complotisme. Les deux instaurent un monde dominé par le caché, le monde de l'être, avec une grande distinction : le caché transcendantaliste est, du fait de son transcendantalisme, inexplicable et incompris par l'homme; tandis que le caché du complotisme est contradictoire, en ce que son immanence s'accorde avec le fait qu'il soit inaccessible. Il faudrait savoir : soit il est inaccessible - et il ne peut être immanent; soit il est immanent - et il ne peut être inaccessible. 
Le caché est ce qu'on explique traditionnellement dans le passage de l'être à l’Être, par le recours au transcendant. Cette hypothèse s'avère comporter de nombreux aspects inexpliqués. Pour améliorer l'hypothèse transcendantaliste, l'inexplicable trouve dans le complotisme une résolution par la dérobade, et l'absurdité de l'explication qu'il propose ne peut fonctionner que parce qu’il exhibe le point faible du transcendantalisme, selon lequel on ne peut définir le réel, donc pas davantage le caché. En postulant que le lieu du caché serait seulement visible pour les initiés, le complotisme énonce deux absurdités incoulables : 
1) le caché deviendrait totalement inaccessible pour la plupart des hommes.
2) Rien n'expliquerait comment les initiés ont fait pour accéder au savoir, 
3) d'autant que ce dernier est total. 
Ce dernier point se montre le plus criant d'absurdité, en ce qu'il devient un savoir inconnu et pour ce fait, parfait.
Sous prétexte d'avoir résolu les faiblesses de la théorie transcendantalisme, le complotisme les a accrues, en estimant que l'explication est possible à partir du moment où elle repose sur la possibilité de ne pas le faire. Le complotisme élude l'explication, parce que son but est formaliste, biffant le contenu. Le complotisme évacue le fond. Il s'agit d'une pensée de type maniériste, donc irrationaliste.

samedi 9 janvier 2016

La vérité nihiliste

Ce qui a provoqué l'échec historique du nihilisme n'est pas d'être passé à côté du problème, mais de l'avoir évité - tandis que le transcendantalisme l'a affronté - quitte à l'avoir repoussé ensuite. Le transcendantalisme a en effet proposé la solution de l’Être, qui est aberrante logiquement, mais viable pratiquement. Le nihilisme n'a su faire ni l'un ni l'autre. 
Sa solution est pratiquement invivable, condamnant le réel à l’absurdité, plus ou moins reconnue (explicitement chez Schopenhauer, Démocrite ou Gorgias; déniée chez Spinoza par exemple, encore plus chez Aristote). Théoriquement, c'est encore pire, puisque le nihilisme, loin d'affronter le problème de l'infini, le transforme en fini (non-être, néant ou rien sont des concepts identiques dans leur dimension finie). 
Mais ce faisant, le nihilisme peut être considéré comme affrontant le problème, selon lequel : 
1) il y a une différence essentielle au sein du réel, qui ne peut se résumer à l'être;
2) l'intuition porte sur le fait que tout est contenu ici et maintenant (mais pas de manière homogène ou univoque), tout en étant infini (comment cette condition peut-elle être respectée).
Ce qu'on nomme infini est mal compris, tant dans l'hypothèse Être que non-être. Le malléable offre la solution (non pas définitive, mais cohérente).