vendredi 29 février 2008

Oncle E.T.

Un peu de prospective. Comprendre le futur de l'homme, c'est comprendre le 911. Je ne suis pas pessimiste. Je suis certain que l'homme se tirera de ce mauvais pas. Ce mauvais pas est celui de la mondialisation. Il en révèle le vrai visage. J'ai toujours estimé que le 911 était un formidable révélateur, comme s'il entrait quelque chose de divin et de prophétique dans ces actes atroces qui ont endeuillé durablement la face du monde.
L'identité louvoie et tangue dangereusement depuis le 911. Je suis persuadé que le petit Occidental singulièrement, l'homme plus généralement, ont ressenti le jour du 911 que le visage jusqu'alors rassurant des dirigeants démocrates obéissait en fait à une dérobade inquiétante. "Qui étaient les terroristes?" ne signifiait pas seulement : "Quels dirigeants politiques?"; ou : "Quels dirigeants et quels responsables?". En fait, toute la conception du politique montrait une évolution inquiétante où le politique se commet en économique.
Au final, le problème de l'identité est le problème centrale. On se dérobe quand on a quelque chose à cacher, certes; mais surtout on se dérobe de manière éternelle quand on obéit au principe de la différance. A ce petit jeu de cache-cache et d'attrape-moi qui tourne à l'attrape-nigauds, il est crucial d'analyser l'évolution de la conception démocratique par le citoyen démocrate.
Le 911 marque l'effondrement de la démocratie en tant que chimère des fondements. La sérénité du citoyen démocratique tenait à sa certitude de vivre une époque radieuse, l'apogée de l'humanité, telle du moins que le formulait Popper avec une certitude inébranlable : jamais aucune époque ne fut aussi privilégiée que cette fin de vingtième siècle. La prospérité sans précédent de l'Occident phare de l'humanité s'appuyait sur deux balises autant que boussoles : la démocratie et le libéralisme. Si le 911 est aussi douloureux, c'est qu'il a annoncé ce qu'étaient vraiment la démocratie et le libéralisme.
On notera que c'est au pays de la démocratie et du libéralisme que se sont produits les attentats du 911, ce qui n'est certainement pas un hasard. Comme de juste, le principal allié des États-Unis dans la mythique guerre contre le terrorisme n'est autre que le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni est souvent considéré comme l'ancêtre quelque peu déclinant des États-Unis sur le chemin de la démocratie et du libéralisme. La mère-patrie qui aurait été doublée par l'élève turbulent et insatiable.
Au risque de contredire ce lieu commun, je pense que le 911 place au grand jour les vraies relations entre les États-Unis et le Royaume-Uni. J'ai toujours entendu et considéré que le Royaume-Uni était en Europe le vassal et le valet des États-Unis, quelque chose comme un pion manipulable et manipulé par le neveu turbulent et un brin inquiétant. La perfide Albion serait sous la coupe de l'oncle Sam.
M'est avis que le 911 change du tout au tout le regard stéréotypé que l'on porte sur cette relation. Quand on enquête un peu sur le 911, on se rend compte que les milieux qui ont ourdi le 911 l'ont dirigé contre les institutions américaines et le peuple américain. Ennemi intérieur? On se rend vite compte que ben Laden n'est pas le responsable véritable. On se rend assez vite compte que l'État américain ne l'est guère plus en tant qu'Etat. On a alors tendance à s'orienter vers les milieux militaires, industriels, espions et bancaires américains, le regroupement de tous ces milieux dans quelques groupuscules informels et privés.
Las! Nos auteurs irresponsables sont apatrides. Leurs raisons sont par essence égocentriques, mesquines, cyniques et déraisonnables. Le 911 renvoie in fine à des élites financières et bancaires qui opèrent entre la City et Wall Street. Sans doute autour d'autres places financières, en Europe, au Proche-Orient - et ailleurs. Dans des bureaux? Dans des hôtels? Dans des institutions vénérables ou inconnues? J'arrête les spéculations sur cette hypothèse de travail qui entend rester une hypothèse afin de conserver sa liberté spéculative (ce qui ne signifie nullement que l'hypothèse soit saugrenue et irréelle, tant s'en faut).
J'en reviens à la relation bizarre et décalée entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Blair valet de W. Cette caricature est-elle juste? Les milieux qui ont comploté en vue du 911 ne sont-ils pas au final des Anglo-Saxons qui laissent croire que ce sont les États-Unis qui mènent la danse, alors que ce serait plutôt les Anglo-Saxons d'Angleterre et du Royaume-uni qui tireraient leur épingle du jeu dans la mondialisation apatride? Tout le monde se moquait de Blair suivant à la baguette les propositions de W. Et si c'était l'inverse? Si c'était les institutions américaines qui étaient piratées et contrôlées, non par Blair le fantoche, l'alter ego ubuesque de W., mais par les milieux financiers de la City, qui opèrent en temps réel partout dans le monde (en particulier à Wall Street)?
Voila qui expliquerait au mieux le 911 : soit un acte horrible qui est bien entendu tourné contre les États-Unis en tant qu'institutions et en tant que peuple. Il faut être très peu américain pour déstabiliser et fragiliser de la sorte la première puissance du monde. Il faut avoir en vue la destruction pour la domination. Rien n'est plus confortable que de manipuler ce qui nous est étranger. Rien n'est plus confortable que de détruire ce qui ne vous concerne pas, peu ou indirectement. Au risque de jouer du paradoxe, j'opte résolument pour cette idée d'une domination par les élites financières et bancaires implantées plutôt à Londres qu'à New York.
Et si le trompe-l'oeil fonctionnait dans le sens inverse et inattendu de la domination/manipulation/piratage par les élites financières/bancaires du Royaume-Uni qui profitaient d'une colonie aussi invraisemblable que les États-Unis? Si le Royaume-Uni n'avait jamais cessé d'être la métropole et les États-Unis les provinces coloniales et bigarrées? Si l'Empire colonial britannique n'avait jamais cessé de dominer le monde et avait trouvé la ruse imparable du trompe-l'oeil et du décentrement (apparent) pour opérer en toute impunité?
Dans ce cas, l'inversion entre la métropole et ses provinces serait assez génial. Le Royaume-Uni passe pour le vénérable ancêtre dépassé et désormais sous la coupe de son glorieux descendant et héritier, le Neveu Sam. En fait, il est demeuré le vrai maître des cartes. Avec deux caractéristiques :
1) la domination se fait par le truchement d'une dépendance travestie en lieu central. C'est une domination sur le mode indirect.
2) la domination est tellement brouillée qu'elle est aveugle.
Car le caractère différant des élites condamne la domination à être aussi insaisissable et indéfinissable qu'aveugle et incompréhensible. Les élites anglo-saxonnes ont poursuivi le néo-colonialisme avec un double effet :
1) les effets du colonialisme se sont accrus du fait de son invisibilité et de son travestissement en démocratie et libéralisme.
2) Le mécanisme est devenu de plus en plus incontrôlable parce que son efficacité suppose des circuits de plus en plus complexes et tortueux, jusqu'à devenir abyssaux.
De multiples signaux indique que le coup vient plus de l'Empire britannique éclaté et insaisissable que de meutes typiquement américaines : l'affaire de corruption BAE/Arabie Saoudite, le rôle de Blair The Bliar, selon son surnom outre-Manche, le rôle de Bandar "Bush" en tant que négociateur/coordinateur des opérations (très instructif article notamment dans le quotidien The Guardian). Enfin, jamais la perfide Albion n'aurait plus mérité son surnom, sauf que ce décentrement s'opère surtout au sein d'élites aussi select que sélectives. Le plus dramatique est que l'irresponsabilité qui émane et exhale du 911 s'explique tout à fait par le fonctionnement de ces élites qui à force d'être biaisées, éclatées, entre, finissent par perdre le fil de leurs propres impulsions et de leurs propres décisions. Qui a dit qu'il fallait pardonner aux pêcheurs, car ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient?

jeudi 28 février 2008

Pirates atlantistes

Au nom de la différance et du principe du décalage permanent, il est certain que les premiers tributaires de la politique américaine actuelle ne sont autres que le peuple américain. Le drame est aussi qu'en démocratie la manipulation évidente permet d'embobiner une large partie de la population par toutes sortes d'émotions irrationnelles et aberrantes. Mais pour comprendre les motivations du gouvernement américain, il faut user de l'instrument de compréhension de la situation actuelle : la fameuse identité éclatée ou biaisée.
Selon cette grille de lecture (solidement étayée), les responsables ne sont pas les auteurs au sens de garants. Au mieux, les responsables désignés ne sont que des lampistes et des dupes. C'est le cas paroxystique du pauvre Zacarias Moussaoui, dont les experts psychiatres nous renseignent sur la pathologie lourde : notre bonhomme serait un schizophrène paranoïaque doublé d'une personnalité peu développée. On mesure à l'aune de ce cas (et d'une multitude d'autres) le principe de la responsabilité différante. Si ce ne sont pas les terroristes désignés qui commettent les actes de terrorisme (autrement qu'en dupes fanatiques et/ou inconscientes), alors ce ne sont pas plus les États suspectés d'un jeu particulièrement tortueux et cynique qui sont les auteurs des attentats. Dans ce jeu en miroir, à la limite, la déresponsabilisation s'explique assez bien par l'impression qu'il n'y a pas d'auteurs pour les événements perpétrés.
C'est le syndrome du jeu en miroirs qui s'exprime là. Pourtant, j'ose une hypothèse. Présumer que ce serait l'État américain ou les institutions américaines qui auraient fomenté les attentats, c'est trouver des solutions à peu de frais. Une nouvelle fois, le mécanisme du lampiste fonctionne à merveille pour rassurer : le système déconne, mais s'en remettra. Pour ce faire, il faudrait une crise structurelle (selon le terme affreux de cynisme des économistes préposés aux licenciements économiques). De nombreux indices prouvent que l'État américain en tant qu'Etat américain n'a pas organisé ou planifié les attentats du 911. Que faisait W. après avoir quitté son école au matin du 911? Dans l'avion présidentiel, le Air Force One, si ma mémoire est bonne, il n'a cessé de sillonner le territoire des États-Unis pendant toute la journée. On nous a expliqués que W. avait peur pour sa sécurité.
D'éminents fonctionnaires de la Maison Blanche ont surenchéri : la sécurité du Président n'était pas assurée avant la fin de journée. Qui avait le pouvoir de menacer le Président des États-Unis? Ben Laden depuis ses grottes ultrasophistiquées de Tora Bora? Ou plus sérieusement des taupes infiltrées au plus haut niveau des institutions militaires et administratives? Qui a essayé d'intimider W. ce jour-là au point que notre Président-fantoche a déclenché le soir même la guerre contre le terrorisme (que l'on se renseigne sur le message codé "Angel is next" qui est parvenu au Secret Service le matin du 911)?
Il faut comprendre que les conseillers de W. n'ont jamais fomenté le 911 en tant que conseillers politiques. Ils ont été contraints d'imaginer une politique qui soient compatibles avec les exigences des cerveaux du 911. Ces exigences n'étaient pas particulièrement négociables, puisque les cerveaux avaient le pouvoir de faire plier le Président des États-Unis, de provoquer le silence médiatique et d'engendrer deux guerres mensongères et pétrolières, en Afghanistan et en Irak. Quittons les preuves évidentes du mensonge pour en revenir à notre chère différance.
Les auteurs véritables du 911 sont autres que ceux dont les noms viennent immédiatement. Le gouvernement des États-Unis, en tant qu'institution politique prise en otage par les pouvoirs financiers, n'a d'autre choix que de reproduire le mécanisme de la prise d'otage. Ceux qui perpètrent les attentats sont une force qui est toujours en différance, une force qui a pris en otage les États-Unis et qui manipulent les institutions. Cette force a les moyens d'infiltrer les institutions dont elle a besoin afin de les contrôler et de les manipuler selon sa volonté. Cette force n'est donc pas étatique. Et dans ce jeu de miroirs qui est un jeu de brouillage en même temps qu'un jeu de parasitage, il est certain que les vrais auteurs sont des adversaires objectifs de toute forme d'institutions.
Les auteurs du 911 ont agi de telle sorte que leur coup profite à leurs intérêts autant qu'à leur idéologie antiétatique et antiinstitutionnelles (bref : ultralibérale). J'en reviens à mon constat. La différance ne désigne certainement pas un État coupable, du genre de l'Arabie Saoudite ou du Pakistan (quelles que soient les responsabilités individuelles de certains complices). Ce n'est pas un État voyou qui a fait le coup, n'en déplaise à Derrida, aussi mauvais analyste politique qu'il était piètre penseur. Les voyous sont à rapprocher de la description que le pouvoir américain faisait du coupable idéal et désigné, les fantomatique soldats d'Al Quaeda. Que nous disait-on sur Al Quaeda? Que c'était une organisation paramilitaire et paraétatique qui avait infiltré le gouvernement en lambeaux et en friches de l'Afghanistan. Belle description par projection. Al Quaeda est une structure façonnée par les cerveaux du 911 et qui de ce fait est très proche de leurs modes de fonctionnement.
Ce sont les infrastructures connexes à la haute finance et à son esprit de piratage qui répondent au plus près à l'identité qui est dressée d'Al Quaeda en tant que portrait robot. Il reste à comprendre que ces groupuscules détruisent profondément toutes les institutions qu'ils piratent et que leurs agissements affaiblissent considérablement le fonctionnement des États-Unis. Il est certain que ce sont des ennemis des États-Unis qui ont perpétré le 911. Reste à comprendre qu'ils sont décalés et indécelables parce qu'ils sont nulle part, jamais où on les croit, jamais d'une identité stable et identifiable. Ils se tiennent littéralement entre, si bien qu'ils manipulent et que le verdict tombe brutalement et fatalement : ceux qui se servent sur le dos des États-Unis comme on se sert sur le dos de la bête sont ceux qui sont les maîtres des États-Unis véritables sans être des États-Unis et sans être de nulle part. Il faudra trouver pour ces OVNIS une nouvelle identité qui permette de les identifier clairement, si tant est que leur défaut d'identification encourage leurs prédations. Dans l'attente d'une meilleure trouvaille, je propose : pirates atlantistes.

Des visées

On sait qu'une des devises politiques vieilles comme le monde est le fameux : "Diviser pour régner", notamment cher aux Romains. D'aucuns prétendent qu'en ces temps de Pax Américana, que j'appellerais quant à moi Pax Anglo-Saxonnia, ce serait ce concept qui serait à l'œuvre dans le monde mondialisé. J'ai bien peur que ces esprits se montrent trop indulgents et manifestent une confiance totalement aveugle envers les capacités du système, comme si le système était en mesure de se poursuivre indépendamment des actions humaines, y compris si ces actions sont néfastes et conduisent à la destruction de l'homme. Question en passant et en flânant : si l'homme est anéanti, que restera-t-il du fameux système?
En attendant que les irresponsables qui courent vers les responsabilités daignent répondre, du haut de leur morgue hilarante de petits marquis à petits pieds et fort petite envergure (moins on est bon, plus on lève le menton), il serait temps de réviser l'adage et de le réajuster à ces temps de politique folle et destructrice. Je propose résolument : "Détruire pour régner". La division suppose en effet l'opération inverse à l'expansion politique. Face à un ennemi objectif (que vous pouvez prétendre votre ami), le plus perspicace et sagace pour le dominer revient encore de se diviser dans le moment où vous vous multipliez (expansion impérialiste classique).
Cette tactique est payante dans l'état d'expansion, quand le système est doté d'un État pérenne et qu'il poursuit une politique impérialiste, c'est-à-dire dotée d'un extériorité. A partir du moment où le système perd sa fin extérieure, il se replie sur des visées intérieures qui le contraignent d'ores et déjà à diviser pour régner. La vraie division n'est autre que la dérive vers l'ennemi intérieur. Au lieu de la ruse de la division pour hâter et favoriser sa propre expansion, le système qui s'est retourné contre lui-même en vient à diviser naturellement, puisqu'il se divise lui-même. Il croit trouver son échappatoire en désignant un ennemi imaginaire qui n'est autre que l'ennemi intérieur bien connu depuis le 911 et la guerre contre le terrorisme.
Bien entendu, dans cet effort d'inversion, aussi désespéré que vain, la destruction devient la seule solution pour pallier (vainement) à la division du système Le système, qui se détruit en se divisant, accélère encore le processus en cherchant à l'enrayer. Au final, la destruction semble apporter au processus de division l'illusion que le vrai ennemi est détruit, comme si la destruction équivalait au retour de l'expansion. Mais c'est l'inverse qui est le cas. Détruire pour régner, c'est s'assurer à tous les coups que la destruction est arrivée au stade critique où elle est l'inspiratrice de la politique.
Pour finir, j'aimerais revenir sur le mécanisme de la destruction. Alors que la division servait l'impérialisme et l'expansion, la destruction se déclenche comme soupape à l'intérieur du système de division. La destruction entérine le processus de division au moment où elle fait croire qu'elle le résout. C'est la raison pour laquelle les terrifiants manipulateurs qui dominent le système sont moins des marionnettistes pervers et dévoyés que des esprits ensorcelés et irresponsables. C'est bien entendu le cas des fantoches politiques qui appliquent la politique de destruction. C'est encore plus le cas de leurs responsables et de leurs maîtres, qui se figurent en tant que démiurges et maîtres de cérémonie, alors qu'ils ne font qu'appliquer une politique de soumission absolue - puisque en l'occurrence la soumission se manifeste à l'égard du démon.

Langue de pois

On maudit souvent le discours lénifiant de la langue de bois en pouffant, pestant et haussant les épaules, comme si ce phénomène était inexplicable ou trop ardu à expliquer. D'où vient cette langue de bois qui s'est abattue telle une chape de plomb sur l'Occident démocratique à tel point que c'est un maléfice insupportable : les citoyens occidentaux ne peuvent profiter à plein régime de leur belle démocratie puisque la liberté absolue dont ils jouissent ne leur sert à rien? Pour des raisons inexplicables, la langue de bois empêche l'exercice intelligent et critique de la démocratie.
Il est même certains esprits chagrins pour oser qu'une démocratie empêtrée dans la langue de bois n'est pas vraiment une démocratie. Au vu de la dérive des médias, qui de contre-pouvoir sont devenus hérauts du pouvoir (tristes héros en vérité, serviles et imbus), on pouvait se demander si les esprits chagrins n'avaient pas raison de se faire un gros chagrin, si, en fait, ils n'étaient pas beaucoup plus lucides que chagrins. Je crois que la différance est un concept tellement riche qu'il permet de bien comprendre les mécanisme de notre système et de relier la politique à l'ontologie. Drôle de richesse que celle qui consiste à en dire beaucoup contre son gré. Je veux dire : la différance signifie beaucoup à partir du moment où l'on analyse le sens qu'elle prend et les raison de son succès; en tant que concept, c'est jargon et verbiage au programme derridien. Je parle en termes philosophiques en n'oubliant pas que l'ontologie provient en réalité de la religion et que la religion en tant que phénomène est bien plus riche que la philosophie.
La langue de bois s'explique très bien dans le contexte de l'acte de différer. A force de différer (le différend), on finit par ne plus rien dire. Il est certain que dans l'ontologie de l'apparence immédiate et replète, il y a très peu à dire puisque le donné se limite très vite à l'apparence. Le sens étant à jamais différé, le sens qui reste est un sens superficiel et sans grande valeur. Sens pauvre et sens appauvri, qui correspond à la langue de bois. Parler pour ne rien dire, définition de la langue de bois; définition fort compréhensible et prévisible pour qui s'avise que le sens est un donné pauvre et différé à jamais. Il reste dès lors à l'utiliser avec précaution et à en dire le moins possible pour qui est contraint d'usiter de ce mécanise fragile et capital. Le manieur de langue de bois est dans la position de l'aventurier qui dans le désert doit gérer au mieux et au plus près la pénurie d'eau, sous peine de mourir de soif. On meurt très bien et très vite de sens comme on meurt de soif.
Il faudrait lutter contre la langue de bois. La déperdition du sens, son dépérissement évident signale un danger encore plus grand que le péril de l'eau. L'eau vive est plus importante encore que l'eau naturelle. Sans sens, l'homme est condamné de manière inéluctable. Avec son énergie et sa débrouillardise, il serait encore capable de parer à une absence d'eau. Mais de sens, non, il en est incapable. Une blague surfaite prétend que l'eau bue éclate. Je crains fort que la langue de bois ne soit un symptôme fort évocateur, qui signale les lendemains de cuite, quand l'excès d'alcool entraîne des phénomènes physiologiques désagréables, comme la soif ou le mal de tête.
Il faudra demander à Bukowski. En attendant, on ne gardera pas pour soi le diagnostic que révèle le malaise de la langue de bois. Malaise du sens qui débouche inévitablement sur l'effondrement (collapsus) et la mort. Ce n'est pas que je sois langue de pute. Je cherche seulement à avertir mes contemporains des dangers objectifs de la langue de bois en espérant qu'ils ne seront pas comme les moutons perdus dans le désert, qui se piétinèrent pour parvenir à l'oasis. Quand ils se rendirent compte qu'il s'agissait d'un mirage, ils n'eurent plus qu'à mourir - de soif.

Trans(ap)parences

L'actuelle culte de la transparence se heurte au réalisme, qui indique assez que l'information circule mal, c'est-à-dire de manière manipulée et que le système prétend d'autant plus à la transparence qu'il produit en fait de la confusion et de la manipulation. Pour une société de transparence, il faudrait que le réel soit différent de ce qu'il est, c'est-à-dire un réel où l'apparence première et immédiate équivaudrait à la réalité.
Ce n'est pas le cas. Le réel est infiniment plus trouble et complexe. Ce n'est certainement pas un hasard si l'époque contemporaine est celle qui remet en question les axiomes de l'ontologie atavique, qui n'est ontologique que dans le domaine de la philosophie, et qui vient en fait plus largement du religieux, c'est-à-dire de toutes les formes de religieux depuis les premières formes polythéistes. La remise en cause porte sur la question fondamentale de l'Etre distingué des étants en termes heideggériens (et avant lui hégéliens).
Tant que l'époque moderne se débattra entre la contestation et l'annonce d'une solution crédible, elle devra apporter cette solution crédible, ce qui n'est pas vraiment le cas à l'heure actuelle. La seule solution apportée n'est autre que l'évacuation du fondement/Etre et son replacement par l'apparence immédiate, qui ne résout rien du tour, voire le morcellement, qui empire le problème. Dieu est mort, nous serine-t-on, et quand on est de bonne foi on admet que c'est l'homme qui l'a assassiné.
Si on gratte les fonds de tiroir, on se rend compte comme par enchantement et hasard que l'avoir a remplacé l'être depuis cette mort criminelle et hautement problématique. C'est ici qu'intervient de manière merveilleuse et certainement pas hasardeuse la différance si chère à notre cher Jacques. Différer, en effet, c'est trouver le prétexte idéal pour ne jamais avoir à produire ce qu'on avance. Différer, aussi et surtout, c'est trouver le lien et le liant manquants depuis la révocation de l'Edit de l'Etre. Dieu se fait différance, pourrait-on dire, c'est-à-dire que la différance pense trouver une réponse viable et une parade durable à l'absence d'Etre/Dieu.
Las! Comme son nom le laisse suggérer, la différance est une pitoyable dérobade. La différance est rance. Il n'y a pas que le terme différend qui se rapporte et se connecte à différance. On trouve aussi différEnce, bien sûr, puisque c'est à partir de ce terme que Derrida a forgé son néologisme-aveu. Qu'est-ce que la différence, sinon la reconnaissance du changement au niveau ontologique le plus profond? Eh bien, la différance se présente plus comme une doctrine de résolution que comme un problème à une question laissée ouverte ou en suspens. On résout en différant.
Vaste et pitoyable dérobade! Certainement, le problème de Dieu ne se résoudra pas par son remplacement en différance. Dieu affrontait le problème du mystère. La différance ne fait que le reporter aux calendes grecques, avec les inévitables dégradations progressives que l'on connaît pour les endurer au quotidien. Loin de résoudre la transparence écornée, la différance montre qu'elle ne fera que rendre le système plus opaque. Dans un monde qui se revendique libre parce qu'il diffère sans cesse et sans expédient, il ne faut pas s'étonner que survienne le 911 comme moyen de conforter la différance - le différend au service prévisible de la différance. Et dans un monde de différance, il est hautement certain que l'opacité soit la vraie définition de la transparence. Transparence : cercle vicieux, que Nietzsche baptiserait Éternel Retour, et dans lequel l'apparence réputée seule et absolue est sans cesse suivie d'une autre apparence, dans un jeu de miroirs et de dérobade infini.

L'Etat, c'est Moâ!

L'Etat doit être aboli. C'est pas moi qui le dis, ce sont les puissances financières qui actuellement gouvernent le monde et qui se prévalent d'une forme hybride d'anarchie et de libéralisme pour énoncer leurs billevesées remarquables de nullité incohérente. Il serait temps qu'on se demande pourquoi cette publicité (proche du tintamarre) est orchestrée autour de "pensées" expertes qui n'ont aucun intérêt de fond, à part le fait de soumettre l'économie aux diktats d'enfants gâtés et de désirs égoïstes et élitistes de domination.
L'abolition de l'Etat doit comme de juste aboutir à la promotion de l'individu, pardon : de l'Individu libre et souverain. Cette promotion cache en fait l'élitisme larvé et foncier des petits maîtres qui veulent assurer la dictature de quelques faquins sur le reste du monde, au nom de leur supériorité, et alors que cette supériorité se traduit avant tout et essentiellement par des capacités supérieures de mensonge et de mimétisme. Belle époque que la nôtre, où ce sont les valets et les portefaix qui donnent les ordres et où l'originalité profonde et véritable est jetée aux orties du tribunal de la Raison.
L'abolition de l'Etat est justifiée par la violence dont se targuerait l'Etat pour mener à bien ses actions. Moi, je veux bien, mais l'essentiel n'est pas de supprimer l'Etat au nom de la violence. L'essentiel est de savoir ce qui advient de cette violence abolie. Est-elle transformée en quelque chose de positif, autre chose, ou bien est-elle simplement ignorée et déniée, auquel cas elle reviendra avec usure? Il faudrait savoir.
Car la proposition de remplacer l'Etat par l'Individu n'est pas innocente. Elle est terriblement dangereuse et diabolique. Mettre en avant les défauts de l'Etat pour proposer pire encore, si ce n'est pas du démoniaque, qu'on m'explique ce que c'est! L'Etat sous sa forme classique est la dernière forme, la forme ultime des agrégats humains (des institutions). L'Etat est le garant de la pérennité humaine. La suppression de l'Etat poserait le problème de son remplacement : car le 911 a montré de manière atroce ce qu'il advenait d'un Etat parasité par des formes qui remettent en question sa dimension ultime d'institutions, des formes qui parasitent l'Etat pour installer en lieu et place des instances de décision et de domination sournoises.
L'Etat piraté n'est plus à même de convertir la violence. L'Etat est alors le jouet d'une violence qu'il ne canalise plus, d'une violence brute et aveugle, d'une violence pirate et terroriste. Tant que l'Etat est la forme ultime de la société humaine, il est le garant que la violence sert une identité précise : l'extérieur, soit l'expansion et la domination - de l'extérieur. Quand l'Etat est parasité, il sert des élites invisibles qui se sont retournées contre la société et qui n'ont même plus la fin de l'extériorité. Elles n'en voient plus l'intérêt depuis belle lurette. Elles sont toutes entières captivées par leur objectif interne (de domination).
L'Etat avait l'avantage, quelle que soit sa violence et son pouvoir de coercition, de proposer une identité stable et claire (l'unité vers l'extérieur). Avec son effritement et son piratage/parasitage, cette identité vole en éclat. De l'identité ultime, on passe à l'identité différante, si bien qu'on ne sait plus qui fait quoi. Puisque l'unité est révolue, il ne reste plus que la domination immédiate par quelques sous-groupes aveugles et désespérés (en premier lieu par leur cynisme et leur médiocrité). Qui agit au nom de l'Etat si toutes les décisions sont obscures et différées? Où va l'Etat, sinon vers la ruine et le déclin inéluctable? Qui se charge de la décision et de l'autorité si l'identité en définitive est toujours différée et toujours mouvante? La modernité n'a réussi qu'à surseoir au défi de l'Etat pour proposer son ajournement au nom de la fuite en avant. La fuite en avant empire les problèmes. La modernité n'a rien résolu des problèmes cruciaux de fondement et d'identité. 
Au lieu de la révolution au nom de laquelle elle mène à l'heure actuelle ses actions de sape (et de destruction), elle ferait mieux d'accepter son erreur et de considérer que les solutions qu'elle propose ne sont que des faux problèmes différés. Concernant l'Etat en tout cas, il est certain et visible que la solution proposée ne fait qu'empirer l'équilibre de l'Etat. L'individu n'est certainement pas capable de gérer les défis de l'Etat. Et l'identité mouvante et différante n'est une alternative satisfaisante qu'à très court terme. Rapidement, les fissures apparaissent et l'observateur attentif est obligé de constater que la fuite en avant, comme son nom l'indique, n'est certainement pas la solution viable aux problèmes posés. A moins de considérer cyniquement, comme certains le font actuellement, que les problèmes de demain ne les concernent pas et que le système a pour vocation de servir le présent à très court terme.

mardi 26 février 2008

Indifférance

En ces temps d'indifférence généralisée, la population ne semble pas prendre conscience que la poursuite du système actuel la mène dans l'ornière. L'indifférence est la réponse au dégoût et à l'abrutissement. Il n'y aurait rien à faire puisque les décisions du système dépasseraient de loin la capacité d'action des simples individus-citoyens. Au risque d'en rajouter une couche, j'observerai que le découragement des moutons, encouragés dans leur moutonnerie fort peu mutine, est connexe avec le système de l'identité différAnte. Il faut bien que Jacques Derrida serve à quelque chose. Ce commentateur verbeux n'est pas populaire pour rien sur les campus américains. Sa gloire tient à son invention-phare, le concept glorieux de la différance. Soit dans son système de pensée un concept verbeux au service du verbiage. Mais aussi un verbiage symptomatique qui met en exergue l'opération de camouflage entreprise par le système. Qu'est-ce que la différance? C'est le fait de différer toujours. Derrida constate ainsi que le sens est toujours absent, qu'il est situé dans un ailleurs à jamais différé.
C'est comme par enchantement exactement ce que sous-tend l'identité pirate : toujours différer, toujours biaiser, toujours refléter. Derrida serait-il le pirate de la philosophie, ce qui expliquerait que les épigones intellectuelles du système l'ait pris en considération (totalement grandiloquent et disproportionnée par rapport à la valeur réelle de sa "pensée"), bien qu'il soit totalement abscons et incompréhensible? En tout cas, notre penseur-pirate nous offre à son insu de sacrées clés pour comprendre le monde avec la différance.
Nous lui en serons toujours reconnaissants et nous ne manifesterons pas à son endroit cette indifférence morne qui caractérise l'attitude du sujet démocratique quand on lui oppose qu'il est roulé de plus en plus dans la farine et que ce mépris finira en totalitarisme au nom de la Liberté chérie. La différance correspond point par point à la conception ontologique des pirates, dont le système consiste à expliquer que les fondements sont différants, mais parfaitement identifiés et maîtrisés. Vaste blague, qui finira en sinistre sinistrose.
Le différant est toujours ailleurs dans le mesure où le différend se trouve toujours différer/différé. C'est la principale stratégie des pirates que d'échapper au conflit par la fuite en avant ou l'explication différée. Qu'est-ce qu'une identité différée? C'est l'identité introuvable et impossible qui prétend être de ce fait supérieure et révolutionnaire. C'est ainsi que les différants évitent les différends en les noyant dans des promesses insolubles et de plus en plus intenables.
C'est ainsi que l'identité différante permet d'accomplir l'exploit de fonctionner grâce au jeu de miroirs, qui n'est autre aussi que le jeu de dupes. On sait que les pirates accomplissent leur forfait sous des bannières qui sont soit anonymes, soit mensongères. D'ordinaire, l'identité est efficace en ce qu'elle permet de décliner avec précision sa situation. Celui qui n'a pas d'identité est acculé rapidement à admettre sa situation de façon imparable, cas souvent dramatique des sans-papiers. Avec l'identité différante, le cas est différent. Le différant n'est d'aucune identité présente. Il agit toujours sous une bannière vague et indéterminée. Si on le presse de décliner son identité, il répondra par une identité autre, soit une identité mensongère, soit une identité à jamais différante, à jamais différée.
L'apatride est aussi détenteur d'un stratagème qui lui permet de ne jamais se trouver en panne ou en manque d'identité. Tout au contraire, il détient le prétexte parfait pour se dédouaner et passer au travers des mailles du filet. L'identité à venir est en effet une identité irréfutable, de la même manière qu'il est rigoureusement impossible de démontrer que quelque chose n'existe pas. Partant de cette faiblesse argumentative ou logique de premier ordre, le différant a compris qu'il pouvait prétexter de la différance pour usurper l'identité et promettre monts et merveilles.
Le point névralgique de cette identité biaisée et controuvée tient bien entendu à la nationalité, comme la définition d'identité le sous-tend. Demander à quelqu'un son identité, c'est demander son identité nationale juste après son identité singulière et personnelle. Or le différant n'a pas d'identité, hormis une identité aussi hypothétique qu'à venir. Le différant a pour stratagème de se réclamer d'une identité personnelle et nationale d'emprunt. Soit :
1) qu'il n'y souscrive pas du tout;
2) qu'il se réclame d'une identité qui est provisoire ou qui n'est pas la sienne.
Nous y sommes. Le propre de l'identité différante consiste à agir sous une bannière d'emprunt qui permet d'encourager et de favoriser les actes de piraterie. Le cas et le cadre du 911 sont éclatants. L'identité des pirates réels est introuvable et mystérieuse parce que ces pirates sont apatrides. Mais également, les actes de piraterie sont organisés sous une bannière d'emprunt, la bannière américaine. Il est de bon ton aujourd'hui, quand on veut passer pour contestataire à peu de frais, de prétendre, avec force trémolos dans la gorge, que les autorités américaines seraient les instigateurs des attentats du 911. C'est oublier un peu vite que si des pirates sont tapis comme des taupes dans l'appareil d'Etat, les vrais pirates parasitent l'appareil d'Etat américain à des fins totalement antiaméricaines (et antioccidentales).
Des banquiers apatrides de la City ou de Wall Street, ou d'autres officines rattachées à la gande banque, des sous-groupes privées et incontrôlables, qui relèvent de la City ou de Wall Street, mais n'en font pas partie officiellement, de tels pirates ne sont pas américains, mais utilisent la bannière américaine pour agir. Ils ont besoin d'institutions puissantes, ils détournent les premières institutions mondiales. Il ne faut pas s'étonner après que les institutions américaines plongent et qu'elles subissent le contrecoup d'une telle différance. Responsables des différends qu'engendrent les attentats du 911, elles sont les coupables idéaux qui ne sont coupables que de ventriloquie.

Destruction

"Les technocrates, si on leur vendait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu'ils achètent du sable ailleurs."
L’Etudiant, Coluche.

Le fonctionnement du système pirate consiste à ne pas être viable parce qu'il est fondé sur le parasitage. Le parasite n'existe qu'en vivant sur le dos de l'organisme qu'il pille et qu'il vole, jusqu'au moment où l'organisme s'effondre sous le coup des prédations successives et épuisantes. C'est dire à quel point le piratage est destructeur. Le pirate se situe sur la carte de l'impossible. Se réclamer de manière continue et continuelle de l'entre, c'est finalement se condamner à n'être jamais de nulle part.
Si encore le pirate se trouvait entre deux états, deux institutions, deux formes, il pourrait réclamer la reconnaissance de sa situation intermédiaire. Mais le pirate se veut de manière irrémédiable à jamais entre (les antres). Autant dire qu'il est de nulle part. Etre de nulle part signifie soit qu'on n'existe pas - soit qu'on existe. Et si c'est le cas, comme c'est celui du pirate, alors c'est qu'on existe en lieu et place d'institutions préexistantes et viables.
Dès lors tout est dit : exister en lieu et place revient en effet à détruire le préexistant pour s'installer à la place. J'ignore si c'est ce qu'on fait totalement les Européens qui ont émigré en Amérique du Nord, mais en tout cas les vénérables Peaux Rouges n'existent plus qu'à l'état de lambeaux. Quand à l'État d'Israël, moi qui aime tant l'histoire des peuples juifs, j'espère que certains de leurs héritiers extrémistes et vindicatifs n'auront pas raison du peuple palestinien et du peuple libanais, sans quoi ils en payeront le prix. Qu'on se le tienne pour dit : le peuple israélien porte sur sa tête le destin du peuple palestinien. Je ne veux pas polémiquer, simplement m'alarmer de ce monde fou qui file vers l'abîme et passera de peu à côté du précipice.
J'en reviens aux pirates. Il est certain que ces profiteurs notoires non seulement prennent la place et détruisent les institutions existantes; mais encore ne peuvent vivre sans leur concours. Autant dire que le pirate est parasitage en ce qu'il détruit ce dont il ne peut se passer. Autrement dit : le piratage est destruction et aberration en ce qu'il représente un système qui n'est pas du tout viable. Le problème est que le parasite vit à condition qu'il demeure largement minoritaire. Il vous tiendra toujours des discours enflammées et aguicheurs pour vous expliquer qu'il a trouvé un art de vivre noble et décalé et que son rejet s'explique par l'incompréhension qu'il endure et subit.
Voire. En vérité, le parasite/coucou/pirate serait la première victime d'un système dans lequel il représenterait l'élite dominante et le pouvoir officiel. Comment exercer le pouvoir quand votre processus intime vous intime de détruire pour dominer? Grave et insoluble question, à laquelle pourtant il serait temps que certains esprits étroits et carriéristes répondent. Bientôt, il sera trop tard. La 911 annonce et expose d'une certaine manière, d'une manière catastrophiste, le lourd prix qui en coûte quand on confie le pouvoir à des pirates et que ces derniers sont persuadés de détenir un mode de fonctionnement viable.
Le système pirate n'est pas un système. Il conserve les caractéristiques parasitaires de la piraterie la plus classique. Son destin est de déchoir et de détruire. Au final, il ne restera que des ruines fumantes et branlantes et les mêmes esprits qui trouvaient formidables et terriblement innovants le système pirate, qui ne ressemblait à aucun autre système (et pour cause), se lamenteront et se demanderont comment l'homme a pu en arriver là et tomber si bas. C'était pourtant prévisible : on ne confie pas les clés du navire à une escouade de mercenaires qui prétendent conduire le vaisseau à bon port grâce à de nouvelles techniques de pilotage, alors que nos gentils corsaires ne sont jamais que des bandits de grand chemin.

Vote

"Si le fait de voter changeait véritablement les choses, depuis longtemps les élections auraient été supprimées."
Cité de mémoire d'après Coluche.

lundi 25 février 2008

L'entre de l'être

Quand on a compris que le système actuel est gouverné par la piraterie, on ne peut que s'interroger sur la bizarrerie qui veut que le piratage ne soit pas un système branlant et bancal, mais une forme d'exploitation du système qui vit sur le dos du système. La piraterie au pouvoir prétend d'autant plus gouverner que son mode de fonctionnement la conduit à détourner les institutions et la mène à la ruine. Mais ce n'est pas tout.
Outre ce paradoxe tonitruant, la piraterie présente une conception de l'ontologie qui mérite d'être énoncée et qui explique largement les dérives actuelles, en particulier celles qui entourent le 911 et qui confèrent à cet événement bien d'autres significations que celles majeures attachées à son avènement. La piraterie promeut l'invisibilité en tant qu'être de l'entre, c'est être insaisissable. Le détournement des institutions ne signifie pas seulement que les institutions n'occupent plus la place ultime qui tient lieu de fondement et sans lequel aucun système ne peut fonctionner.
La prétention des dirigeants pirates à occuper le fondement ne s'appuie que sur la supercherie qui consiste à définir le fondement dans la mesure où on le déclare ailleurs et autre. Comprend-on la morgue que l'on prête non sans raison et inquiétude à des hommes de pacotille (comme aurait dit le vénérable Diogène)? Ils sont arrogants parce qu'ils sont transparents. Là encore, la transparence dont se targuent les élites respire la supercherie. Si être transparent signifie être de peu de poids ou si léger qu'on s'envole à la première bourrasque, on mesure le compliment.
La transparence est d'un aveu d'autant plus lucide qu'elle émane d'un système aux abois où les fondements ne sont plus opaques. Mais à quel prix! Les fondements sont transparents dans la mesure où ils sont effrités et sur le point de s'effondrer. C'est la transparence de l'être qui perd ses contours, sa peau et qui menace de s'évider - avec horreur. L'invisibilité des fondements est nécessaire dans un système où la vraie identité est d'être constamment autre, constamment renvoyée ailleurs, dans un système de perpétuel renvoi.
C'est à un incessant jeu de dupes que renvoie le système et c'est pourquoi sa virtualité ne peut masquer éternellement sa fausseté duplice/multiple. L'invisibilité n'est pas seulement la marque de démiurges qui auraient besoin de ce statut pour gouverner. Le pouvoir est invisible parce qu'il est passé d'un statut où la visibilité posait un problème résolu par la pratique à un état où l'invisibilité n'a fait qu'empirer le problème de manière insoluble et inéluctable.
L'invisibilité ne signifie pas l'affermissement du pouvoir, tant s'en faut, que sa fragilisation insoluble. Le problème est insoluble en ce qu'il s'est dissout dans la mauvaise foi. Le système n'est pas plus transparent parce qu'il reposerait sur l'invisibilité. Au contraire, l'invisibilité ne peut que mener à la piraterie, qui est la traduction positive de la définition négative de l'identité. Dans un système où le pouvoir est fragilisé, mais cherche à se développer, le fondement du pouvoir est contraint d'associer à la garantie de son exercice l'acceptation de son mystère inexplicable et de sa fragilité tragique. C'est ainsi que de nombreux rois étaient exécutés pour être des fondements aussi inexplicables que sans fondement. Quand le roi était nu, la seule solution consistait à le changer. Le tuer, c'était aussi préserver le système doté de fondement de manière aussi naturelle (ontologique) qu'inexplicable (illogique).
Avec la consolidation du pouvoir, les rites sanglants se sont progressivement effacés et l'homme a pris tellement confiance en son pouvoir qu'il en a oublié à quel point son identité était rationnellement peu claire et ne risquait pas d'être clarifiée par la raison, fût-elle Raison. L'homme a cru s'en sortir par une pirouette ou un stratagème, mais l'absence de raisons ne se confond que par des rites qui exorcisent la violence, pas par des arguments qui ne font qu'appeler de leurs voeux sacrificiels la même violence - mais à un état plus brut et moins digeste. C'est ainsi que de pieux arguments démocratiques mènent pour de bonnes raisons à la piraterie et qu'on se réveille un triste matin avec la bouche pâteuse et la tête lourde, parce que l'ivresse d'un soir s'est commuée en alcoolisme implacable et dévastateur.
Qu'on se le tienne pour dit : l'antre est vide parce que la bête a voulu faire l'ange et s'est vautrée dans le marigot voisin, en rêvant qu'elle prenait un bain délectable et que plus jamais, au grand jamais, elle n'aurait à souffrir de la saleté et de la crasse. On mesure le résultat : toute couverte de boue, elle s'est jurée de ne plus recommencer son jeu de dupes. De la boue invisible, de la fange transparente, telles étaient les maléfices qui lui avaient troublé la vue et la raison et avaient manqué de la précipiter tête baissée vers une nuit éternelle.

Entre nous

Pour comprendre l'identité biaisée qui assaille notre monde, examinons quelle définition proposer de l'identité moderne, puisque l'identité contemporaine n'est jamais qu'une excroissance de l'influence qui commence à la modernité et qui prétend apporter un fondement à tout - même au coléoptère. L'identité est désormais non plus stable et figée, chose impossible, mais toujours en jeu de miroirs. Autrement dit, la supercherie consiste à prétendre que l'identité est trouvée dans la mesure où la définition revient à dire l'insaisissable.
Je sais qui est Dieu : Il est qui Il est. Je sais ce qu'est le réel. Il est le réel. Certes. Je sais qui je suis : je suis autre, donc je suis vraiment. Pas vraiment! Il n'est jamais facile de produire une définition de l'identité, sachant que l'identité est l'indéfini. Justement. La seule identité qu'ait trouvée la modernité à opposer à l'indéfinissable de toute identité, c'est la supercherie par excellence, celle qui consiste à avancer qu'on a trouvé l'essentiel, alors que la découverte se rapporte en fait à l'erreur la plus classique et à la dérobade la plus caractérisée.
Essayons donc de définir l'identité moderne : c'est l'identité insaisissable, l'identité éclatée, l'identité impossible, l'identité intermédiaire. L'identité se présente comme toujours ailleurs, soit toujours autre. C'est une identité réfractaire en ce qu'elle se situe toujours dans le reflet. La réflexion comme reflet de l'insaisissable et de l'insondable? En tout cas, cette identité est plus introuvable que la truite du torrent, dont les écailles interdisent au pêcheur la prise directe et à mains nues. Cette identité est toujours différée, avec l'idée que le différé permettrait de renvoyer à jamais à un direct, dès lors mythique et jamais rencontré.
Voilà pourquoi je parlerais d'identité en miroirs ou en bandes. Le propre du miroir est de ne jamais prêter le flanc au fondement. Quel est le reflet premier? Comment déterminer qui fut le premier de l'oeuf ou de la poule? Le plus prudent est encore d'inventer un fondement qui n'appartienne pas au domaine des choses connues. C'est ce qui se produit avec notre identité. Pour être toujours autre, elle est toujours définie et toujours parfaite.
Le plus sûr moyen de conférer à quelque chose la perfection revient à lui donner un caractère toujours autre et toujours ailleurs. Le propre de l'identité comme fondement moderne, c'est qu'elle se trouve bel et bien dans la mesure, où elle ne correspond jamais, au grand jamais, à des formes connues. L'identité moderne est supérieure en ce qu'elle transcende les catégories, surtout celles de singularité et d'historique. Qu'est alors cette transcendance? Une certitude d'autant plus vague qu'elle est informe et protéiforme. Quelque chose dont le mérite remarquable consiste à n'être jamais pour mieux être.
Rien de tel pour être que de n'être jamais. A défaut, soyez vaguement. Rien de tel pour être pur que d'être parfaitement informe. Ce qui vous forme vous difforme. Fort de cette constatation frappée au coin du bon sens, nos Prométhéens modernes ont décrété que l'identité serait vraiment quand elle ne serait pas, c'est-à-dire, puisqu'il faut bien être quelque chose, quand elle serait peu, prou - et encore. C'est ici qu'intervient l'identité pirate : pour pirater, il faut appartenir à un ailleurs bien particulier, un ailleurs qui n'est jamais rien de précis. Pour être pirate, il faut être d'ici dans la mesure où l'on est de nulle part.
Le pirate est l'antre de l'entre. Entre autre lieu, le pirate est de tout et de nulle part. Le pirate n'a pas d'ancre. Le pirate n'a pas d'antre. Le pirate est de l'entre. Telle est la supériorité moderne : être de l'entre, se réclamer de l'entre. Raison pour laquelle l'entrisme est si bien perçu? En tout cas, le 911 a au moins ce mérite d'être le grand révélateur de nos manipulateurs qui se prennent pour nos démiurges. Si être supérieur, c'est être entre, alors les cerveaux du 911 étaient des dieux véritables.
Ils insufflent l'histoire et l'Esprit, comme dirait ce bon vieux Hegel, que je lis quand je m'ennuie dans le bus, tant il est accessible. Nos pirates sont supérieurs parce qu'ils ne se laissent ni saisir, ni surprendre. On ne définit que dans la mesure où l'on est indéfinissable, autre, ailleurs. Dès lors, le plus court chemin vers l'identité de démiurge réside dans la manipulation et le mensonge, dans la destruction et la violence. C'est ce qu'ont toujours fait les pirates, avec cette notable réserve qu'ils ignorent ou qu'ils font semblant d'ignorer, que l'identité pirate n'est viable qu'à l'ombre de l'identité réelle et effective. Sans identité réelle, l'identité pirate serait impraticable. Pis : avec l'identité réelle, l'identité pirate finit aussi par s'effondrer, quand l'identité réelle qu'elle a trouvée commence à s'épuiser pour de bon.
Il faudra dire et répéter que nos démiurges sont des profiteurs de grands chemins, dont les plans sont de grossières arnaques qui n'apportent que misère et destruction. Ils n'ont commencé à prospérer puis à dominer le monde qu'avec la Grande Erreur de la modernité : laisser croire que l'identité avait été trouvée et qu'à partir de ce moment, les choses ne seraient plus jamais pareilles. Effectivement, les pirates prospèrent sur l'erreur et la supercherie. Ce qui est réellement inquiétant, c'est que leur domination indique que le monde court à sa perte et qu'ils sont incapables d'une autre attitude que celle de la domination implacable avant la destruction finale. Heureusement, il s'est toujours trouvé des capitaines valeureux pour pendre haut et court les pirates et rassurer l'équipage (et/ou les passagers). N'est-ce pas, W.?

jeudi 21 février 2008

Bushtag

L'attentat du Reichstag est célèbre en ce qu'il instaura l'ère symbolique du nazisme par un attentat manipulateur et retentissant. Parlera-t-on un jour de Bushtag, non que W. soit nazi - encore que? Effectivement, son grand-père (Prescott) fut un des financiers d'Adolf Hitler, de manière indubitable et indirecte ("Le grand-père de George W. Bush, Prescott Bush, a été un sénateur américain. Il a aussi été directeur et actionnaire de plusieurs sociétés qui ont tiré profit de leurs liens avec les bailleurs de fonds de l’Allemagne nazie", http://questionscritiques.free.fr/Bush/Prescott_Bush_Hitler.htm). Effectivement, les néo-conservateurs tiennent leur idéologie d'un gourou qui n'est autre que le réactionnaire Leo Strauss, élève d'un certain Carl Schmitt, qui fut l'avocat d'Adolf Hitler et le thuriféraire politologique du régime nazi. Bien entendu, nous éviterons les amalgames fâcheux.
Nul besoin de faire de W. un nazi. Il suffit de rappeler qui est ce Président des États-Unis. Le rejeton d'une longue lignée d'affairistes, de banquiers, de politiciens et d'hommes de l'ombre n'est pas vraiment le raté que l'on décrit, même si ce qualificatif convient assez bien à sa situation personnelle. W. n'est pas un abruti ou un simple fils à papa/papi et toute la branche dynastique, version Dallas (ton univers impitoyable). C'est bien pire : W. est un fantoche. Son élection controversée de l'an 2000, la catastrophe millénariste, n'est pas le fruit du hasard. Les pirates du 911 (appellation millésimée et contrôlée) l'ont installé à ce poste parce qu'ils avaient besoin d'un fantoche et que W. convenait parfaitement à ce poste.
Le 911, après avoir parcouru le territoire américain à bord de Air Force One, assailli par les menaces, retiré dans la base américaine qui lui permettait de contrôler l'arme nucléaire, W. capitula face aux exigences des pirates. W. n'avait pas le choix des armes. Sa tragédie est d'être un fantoche choisi parce qu'il convenait aux attentes d'un fantoche. JFK a peut-être été assassiné par les pirates, mais c'est un mythe. W. a capitulé devant les pirates. C'est une mite. Une mite cornée et écornée. Mais W. représente beaucoup. Il indique que le pouvoir piraté produit des fantoches politiques pour mieux être manipulé par les vraies marionnettes ventriloques, je pense aux cerveaux de la piraterie.
Dans un état de piraterie, l'État est fantoche par essence. C'est dire que la piraterie empêche l'accession au pouvoir d'hommes véritables qui aspireraient inévitablement à remplir leurs fonctions politiques. Un Président n'est certes pas un fantoche. W. en tant que fantoche reconnu ne peut être président. Ceux qui traitent de complotistes les voix critiques et contestataires du 911 feraient mieux de tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant de railler W. le fantoche. Il faudrait savoir. Soit W. est un fantoche, auquel cas il est bien au service de pirates; soit il n'est pas un fantoche, auquel cas il n'est pas justifié de le critiquer de la sorte. Dans tous les cas, que l'on cesse de critiquer W. pour masquer les vrais enjeux.
Non que W. soit en tant que fantoche le vrai problème, mais que sa condition de fantoche implique l'existence d'un système de piraterie qui nuit gravement aux institutions et qui ne peut que considérer le domaine politique comme l'exercice du pouvoir fantoche au service des intérêts de la piraterie. Croit-on qu'avec le départ de W. les conditions changeront favorablement? Pourquoi le système des pirates accoucherait d'autre chose que de fantoches politiques? C'est en saisissant les vraies conditions qui président à la démocratie que l'on parviendra à changer la situation...

Pi'ates à babo'!

Si l'on veut bien comprendre le 911, revenons à la piraterie comme clé de compréhension et de décodage. Le but des complotistes n'est pas du tout de perpétrer des actes de terrorisme pour la gloire d'Allah, depuis une grotte déserte de montagnes isolées, qui plus est. Un peu de réalité ne fait jamais de mal. Comme cette version est une galéjade, ainsi que l'avancerait un Ch'ti, il est impératif de comprendre que les pirates du 911, les vrais pirates, pas les lampistes, n'avaient nullement pour but de remplacer les institutions déjà existantes par des formes révolutionnaires qui nécessitaient un coup d'État.
Le but de la piraterie est d'infiltrer les institutions, surtout pas pour les remplacer, mais pour les exploiter, les ronger jusqu'à la moelle et les affaiblir. La vraie piraterie conduit à la destruction des institutions sur le dos desquelles elle vit. Mais la piraterie avisée établit la limite entre une piraterie destructrice et vaine et une piraterie qui saurait préserver son butin, et les institutions qui vont avec. La piraterie avisée prétend donc conserver les institutions en place, avec pour but de maintenir leur aspect formel et de détourner et dévoyer leur fonctionnement et leur fin (tout comme les avions de ligne du 911). C'est un redoutable leurre que de croire que la piraterie peut évoluer de sa forme atavique à une forme assagie et viable.
La piraterie est appelée à demeurer la piraterie. La piraterie a pour fin véritable et nécessaire le parasitage et la destruction. La piraterie a pour forme de vivre sur le dos des institutions. Elle ne saurait en tant que piraterie se substituer aux institutions. Comprend-on alors la gravité de ce qui s'est produit le 911? Un acte de piraterie conjugué à une parade de solution, pour mieux faire avaler la pilule. Mais tant le 911 que les guerres d'Irak ou d'Afghanistan (qu'il faudrait appeler guerres de la mer Caspienne) ne sont pas autre chose que des actes de piraterie.
Au final, les pirates parasitent l'Occident et usent de la mondialisation pour réaliser leurs sombres desseins. Comme tous les pirates dignes de ce nom, ils vivent à court terme, pour leurs seuls intérêts étriqués et bornés. Ils ne se soucient certainement pas du futur, puisque le futur signifient pour eux la prédation immédiate et la destruction inévitable. Il est intéressant de constater que ce sont des pirates qui ont pris le commandement et que de fait le pouvoir qu'ils exercent ne saurait être que paradoxal et décalé. Le pouvoir du pirate n'est autre que de profiter du pouvoir pour ne pas l'exercer et en lieu et place le ronger. Le pirate au pouvoir est un vampire en attente de prédation.
Avec de telles élites, l'Occident est mal parti et mal engagé. Il s'en sortira, mais la piraterie permet de mieux comprendre le processus de mondialisation, présenté comme universalisation noble et admirable, alors qu'il n'est que l'universalisation de la piraterie. Pis : la mondialisation constitue une première en ce qu'elle présente la piraterie comme un modèle viable et positif, qui plus est un modèle de pouvoir. Redoutable aberration qui conduit au 911 comme prise de pouvoir des pirates et à ses conséquences atroces : le monde abandonné aux mains de dirigeants cupides et veules, qui installent des fantoches politiques poru mieux s'abriter derrière ces fantômes politiques et se livrer impunis à la prédation la plus impitoyable. C'est ce qui se produit en ce moment. Il est temps de choisir son cap - et son camp.

mercredi 20 février 2008

Paranoïa

"Propaganda spreading over my name
Say you want to bring another life to shame
Oh man you just playing a game
And then you draw bad card, draw bad card
A make you draw bad card."
BOB MARLEY, Bad Card.

La paranoïa désigne l'excès de raison. D'ordinaire, quand des esprits s'enquièrent de procéder à l'examen de la véritable histoire contemporaine, au lieu de suivre les indications de ceux qui n'ont pas d'intérêt à raconter la vérité, puisqu'ils prétendent faire l'Histoire, en bons mégalomanes donneurs de leçons, on les traite pour finir d'esprits paranoïaques. Auparavant, on aura lancé sur eux les anathèmes classiques, soit complotistes, antisémites ou fascistes.
Le cas du 911 est exemplaire en ce qu'il constitue le paradigmes des événements et que de ce fait il réunit tous les ingrédients pour analyser les recettes qui permettent de salir la réputation de ceux qui estiment que la vérité pèse plus lourd que la raison d'État ou le mensonge de civilisation. C'est ainsi que l'on pourrait illustrer d'une anecdote magistrale les méthodes employées pour discréditer la personne qui conteste la vérité officielle.
A chaque fois, il s'agit d'accréditer l'idée selon laquelle c'est l'institution qui a raison, en particulier l'État, mais aussi l'armée - ou la voix autorisée. A chaque fois, les cerbères de la propagande utilisent la même arme, facile à démont(r)er. Après le 911, le dénommé Thierry Meyssan écrit un livre, que je n'ai pas lu, où il annonce qu'un Boeing 757 ne saurait s'être abattu sur le Pentagone dans les circonstances décrites par la version officielle. Jusque-là, nul problème : il suffit de se renseigner une petite heure pour s'aviser que les remarques que Meyssan (et d'autres) formule sont frappées au coin du bon sens et qu'effectivement aucun Boeing n'a frappé le Pentagone le 11 Septembre 2001, à moins d'avoir défié conjointement les lois de la physique et de la logique (un Boeing hyperquantique?).
Il serait fascinant de remarquer que puisque ce sont des voix minoritaires qui ont osé contester la version officielle pourtant aberrante, c'est que les journalistes sont ipso facto du côté de l'institution et qu'ils considèrent impossible et dangereux de défier la parole institutionnelle. Ils jugent préférable d'accréditer le mensonge institutionnel que d'occasionner le danger contestataire, dont chacun sait qu'il peut engendrer les velléités révolutionnaires.
Est-ce la raison pour laquelle la dénommée Fiammetta Venner, en bonne chienne de garde, vient sur un plateau de télévision dénoncer la paranoïa de Meyssan? Moi, en bon auditeur, j'écoute, ravi d'apprendre la réfutation politologique concernant la démarche complotiste de ce pauvre Meyssan. Je me dis que je vais enfin en apprendre long sur les erreurs, voire les mensonges, que propagent Meyssan et ses acolytes contre la version officielle.
Pauvre de moi! Fiammetta Venner est venue pour expliquer que "Thierry Meyssan s’est fait connaître du grand public grâce à l’Effroyable Imposture, un livre proclamant qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11/09. Un best-seller traduit dans plus de 20 langues, en vente dans toutes les bonnes librairies du Moyen-Orient. Mais qui connaît vraiment Thierry Meyssan? L’homme a tour à tour été l’icône du courant sectaire chrétien charismatique, leader du mouvement gay, franc maçon et informateur privilégié des laïques, des antifascistes et des féministes, avant d’être aujourd’hui le héros des anti-américains, qu’ils soient d’extrême droite, d’extrême gauche ou islamistes… Grâce à des complots attribuant tous les malheurs du monde tantôt à l’Opus Dei, tantôt à l’extrême droite, tantôt au fantôme de François Mitterrand, tantôt à la CIA… Même le 11/09 !" (présentation de l'intervention sur Dailymotion.)
On sent que Venner, qui signifie l'énervé(e) en verlan branché, bouille de rage contre le succès international de Meyssan. On pourrait gloser sur le fait que cette activiste s'est spécialisée, comme sa compagne Caroline Fourest, dans la critique de l'islamisme radical, qui n'est qu'un prétexte pour relayer la pensée de l'occidentalisme supérieur, l'occidentalisme laïc, celui qui est tolérant vis à vis des pauvres religions, à condition que les susdites consentent à se laïciser et s'occidentaliser. Bref, le vieux topo. Le plus important est ici de remarquer que Venner oppose à Meyssan des arguments sur le 911 qui n'ont rien à voir avec le 911!
Incroyable, mais vrai : Meyssan est "tour à tour été l’icône du courant sectaire chrétien charismatique, leader du mouvement gay, franc maçon et informateur privilégié des laïques, des antifascistes et des féministes, avant d’être aujourd’hui le héros des anti-américains, qu’ils soient d’extrême droite, d’extrême gauche ou islamistes…" C'est-à-dire que, à moins de mordre à l'hameçon, on a affaire ici aux classiques méthodes de calomnie imputées aux régimes totalitaires, qui s'employaient à discréditer les critiques des dissidents. La différence, c'est que le régime démocratique n'embastille plus les opposants. Il se contente de les clouer au pilori médiatique - et c'est amplement suffisant...
Pour prouver que Meyssan affabule sur le 911, que Venner ne nous prouve-t-elle pas ses dire avec des arguments sonnants et trébuchants? Au lieu de quoi nous avons droit à la sempiternelle rengaine du Meyssan fanatique, homosexuel et islamophile. Quand on sait que pour Venner l'islamisme radical est le pire des crimes, on mesure le degré du compliment... Tombant sur un discours aussi calomniateur, un discours aussi mensonger, je me pris d'affection pour ce Meyssan que je n'ai toujours pas lu! Fût-il pervers polymorphe (on connaît la rengaine...), notre journaliste restait une des rares sentinelles éveillées du système en déliquescence pour oser sortir la vérité de ses derniers retranchements!
Le mensonge pour couvrir le mensonge, voilà ce à quoi correspondent les propos de Venner, qui sont emblématiques des positions du discours institutionnel. Pour autant, s'il serait aisé d'objecter que le discours institutionnel ne correspond pas de fait à la vérité, tant s'en faut dans le cas du 911, on ajoutera que les moyens utilisés pour discréditer les opposants au discours institutionnels sont d'une faiblesse remarquable et emblématique et qu'ils illustrent la démarche de la mauvaise foi (cette fois prise la main dans le sac). Au moins le 911 aura-t-il servi à débusquer ceux qui prétendent empêcher la critique au nom de la démocratie, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes (je ne citerai personne par souci de charité).
1) accuser de complotisme le contestataire qui dénonce le mensonge du 911, c'est oublier un peu vite que la version officielle repose sur le complot!
2) laisser croire que les complots n'existeraient pas, c'est cautionner la fable de la démocratie idéale, alors que l'histoire est jonchée de complots politiques, militaires et sociaux. Prétendra-t-on de même que les complots d'ordre privé n'existent pas? Mais il faudrait alors expurger les séries télévisées de la plupart de leur scénario!
3) réfuter d'emblée le complot, c'est bâillonner la critique en tant que complotiste. Coup double puisque la censure se fait ainsi au nom de la démocratie.
On voit que les moyens de censure et de propagande démocratiques changent quant aux moyens totalitaires, mais que demeure l'essentiel : perdurent cependant et la censure et la propagande. Désormais, ces outils indispensables aux pouvoirs qui veulent dominer à tout prix, soit outrageusement, se fondent sur l'argument d'autorité de la paranoïa pour congédier les esprits contestataires au nom de leur déséquilibre psychiatrique. Là encore, il s'agit de remarquables techniques totalitaires qui consistent à discréditer la personne au lieu de s'en tenir à des arguments suffisants (au sens où Leibniz parle de raison suffisante). Venant d'autorités démocratiques, soit de personnes qui agissent doublement au nom de la raison, le procédé mensonger fait un peu désordre.
1) L'excès de raison est ici reproché aux contestataires de la raison. Aussi incroyable que ce fait puisse paraître, ce sont les rationalistes qui reprochent l'excès de raison à leurs contestataires contestés.
2) Le reproche de para-noia est ici asséné comme argument d'autorité, sans aucun véritable argumentaire. La paranoïa sert donc à court-circuiter l'absence d'arguments rationnels.
3) Rien n'est moins rationnel que cette méthode de calomnie dont se parent les rationalistes au pouvoir.
Il serait temps de rendre justice à Meyssan : il a dévoilé un des premiers la vérité sur le mensonge qui entoure les attentats du 911, en particulier concernant l'attaque sur le Pentagone. Moi, je n'aime pas le lynchage. Il arrive que les lynchés soient innocents complètement. C'est le cas de Meyssan, comme ce fut le cas des Juifs pendant la Shoah. Ceux qui croient qu'ils peuvent enterrer Meyssan sous un torrent de boue ont tort. Ils n'empêcheront jamais la vérité d'avancer. Pas plus qu'ils n'ont pu tuer Dreyfus, ils ne viendront à bout de la vérité. Meyssan est du côté de la vérité, soit de la référence qui intéresse le moins le monde contemporain, obnubilé par son admiration malsaine et troublée envers Nieztsche.
Meyssan sera réhabilité, comme la vérité. En attendant, le cas Meyssan mérite attention. Que l'on produise, messieurs les censeurs, qui appartiennent désormais pour la bienpensance au rayon des lesbiennes tout aussi hargneuses que leurs acolytes mâles chargés des basses besognes, des arguments et le peuple acceptera d'écouter. Sans quoi, le peuple, qui est méprisé, mais qui n'est pas imbécile, montrera pourquoi il n'est pas intéressé par les flagorneries et les coups tordus de ses élites : parce qu'ils ne sont pas, mais pas du tout, du côté de la vérité. Laissons Meyssan le Messie à sa postérité et revenons à notre paranoïa chérie.
La paranoïa désigne le vieux réflexe de projection à l'oeuvre dans tout le 911 et l'occidentalisme. C'est parce que le paranoïaque est censé incarner l'excès de raison que le détenteur de la vérité officielle l'accuse de paranoïa. Autant dire que la paranoïa n'est autre que la désignation de l'hyperrationnel déraisonnable. Mais c'est justement le meilleur qualificatif pour définir la civilisation occidentale et la mentalité occidentale/occidentaliste. Autrement dit, la paranoïa désigne véritablement et fondamentalement l'excès de raison qui gouverne le cerveau détraqué et ravagé des puissants de l'Occident et de leurs larbins officialisés.
C'est l'excès de raison qui gouverne l'Occident, excès de raison dont les racines sont bien plus profondes que le stupide scientisme stipendié comme caricatural de nos jours dans tous les bons manuels de bonne pensée (occidentaliste). Notre monde serait-il gouverné par la paranoïa? Ce serait fort possible, puisque le pouvoir, de l'avis des psychiatres, a toujours attiré fortement les paranoïaques et que nombre de paranoïaques forment le pré carré des grands dictateurs. Que Saddam soit un paranoïaque, certes, mais avouer que ce sont les dirigeants démocrates qui constituent le gros véritable du bataillon est sans doute plus difficile à avaler, encore que W. ou Cheney ne soient pas dotés d'une réputation de modèles d'équilibre psychologique...
Le reproche de paranoïa émane bien d'esprits paranoïaques, mais ce n'est pas tout. Cette petite enquête sur la paranoïa nous indique dans le même temps que le reproche de paranoïa s'abat inévitablement sur ceux qui remettent en question la version officielle parce que la version officielle est truffée de mensonges et d'inconséquences. En conséquence de quoi, les réputés paranoïaques ne sont autres que ceux qui affirment, en bons guides par avis de tempête, la vérité. Paradoxe apparent qui n'est autre que la vérité : au pays de l'hyperrationalisme, l'esprit seulement rationnel est taxé par mimétisme et projection (toujours la projection...) d'hyperrationalité, un peu comme au pays des fous, l'homme sain est réputé déséquilibré. La vérité taxée de paranoïaque, il fallait y penser! Il faudra l'expliquer calmement à Venner, en espérant qu'elle ne s'emballe pas et n'en vienne à faire taire ses détracteurs par des mises en cause hystériques et furibardes : "paranoïaques! paranoïaques!"

lundi 18 février 2008

Le Juif élant

Le néologisme de Juif élant provient de la rencontre entre le mythe du Juif errant et le mythe du Juif élu. Le Juif errant est celui qui n'a aucune patrie et qui est condamné à errer à la recherche de son identité à jamais évaporée. Ce mythe est aussi un cauchemar. Le Juif errant ne tient le coup que grâce à sa foi en Dieu. C'est sa foi en son Dieu qui lui permet de ne pas sombrer dans le désespoir, voire le suicide.
Le Juif élu pose de nombreux problèmes : car si l'élection divine confine à la grâce et ne se discute pas, certains Juifs fondamentalistes, au lieu de s'en tenir aux exigences et aux devoirs qui accompagnent cette élection, préfèrent la discerner comme un blanc-seing qui les encourage à dominer de la plus élitiste des manières. Je crois que c'est de cette réalité que découle toute la haine contre les Juifs, toute cette haine que l'on nomme de l'appellation impropre d'antisémitisme. Mais l'antijudaïsme, pour être plus précis, n'est pas une haine par hasard. Il renvoie à l'égarement le plus haut et sacrilège, l'égarement religieux.
C'est à cause de cet égarement religieux que l'accusation de peuple déicide commence à peser sur les épaules des communautés juives et à entraîner des persécutions et des châtiments cruels. C'est à cause de cet égarement que bruit la rumeur du Juif usurier et du Complot juif. C'est ainsi que la haine nazie contre les Juifs s'explique par cette accusation d'avoir financé la défaite de la Grande Allemagne durant la Première Guerre Mondiale.
A chaque fois que l'on examine historiquement les vraies raisons de la haine antijuive/antisémite, on arrive au même point. Les accusations ne sont jamais infondées, mais :
1) elles sont toujours exagérées, c'est-à-dire que l'ensemble des communautés juives porte la condamnation valant pour quelques Juifs seulement (universalisation abusive et hâtive ou procédé classique d'amalgame).
2) Quoi qu'il en soit, les condamnations sont imméritées, en particulier l'ignoble et intolérable Shoah, mais aussi tous les massacres te phénomènes de lynchage.
Le processus du bouc émissaire cache toujours l'éternelle rengaine : faire payer à l'ensemble du groupe les dérives dont sont seulement imputables quelques individus ou sous-groupes (je penche pour l'appellation de sous-groupes, à mon avis plus juste). Encore faut-il préciser que la société non-juive dans laquelle se sont intégrés lesdits groupes juifs fait payer au groupe d'ensemble (les Juifs en l'occurrence) des fautes qui non seulement sont des généralisations abusives, mais qui de surcroît s'élaborent sur le mode de l'acharnement et de la violence aveugle. Il est certain que la plupart des fondamentalistes juifs qui se piquent de sionismes dévoyés et dominateurs/destructeurs et qui commettent au nom de ces idéologies de nombreux crimes méritent des condamnations exemplaires (condamnations qui manquent cruellement et créent des sentiments d'injustice, sources des futurs et atroces lynchages). Encore faut-il constater que le groupe des Juifs payent les pots cassés qui n'émanent pas premièrement des lyncheurs hystériques de la foule moutonnière (dont la responsabilité de lyncheurs coule de source), mais des dérives internes qui sont causées par les sous-groupes juifs fondamentalistes.
Les procès en sorcellerie ou les dénonciations anonymes (du type de l'Inquisition) se sont toujours fondés sur l'adage bien connu : il n'y a pas de fumée sans feu. Peut-être, mais : reste à définir quelle est exactement la fumée avant de condamner l'incendiaire - sans quoi l'on risque de commettre de nombreuses et impardonnables injustices. C'est ce qui s'est produit avec la fameuse affaire d'Outreau. Il n'y a pas de fumée sans feu signifiait, non pas que les accusés étaient des pédophiles, tant s'en faut, mais que l'accusatrice, femme dévoyée et pathétique (plus les partouzeurs dont elle faisait partie, bien entendu), était une perverse affabulatrice opérant sur le mode de la projection (mécanisme bien connu du : je suis un monstre, donc mon bouc émissaire est un monstre).
Dans le cas des accusations qui pèsent sur les Juifs depuis des millénaires, on pourrait rappeler quand même que :
1) l'accusation de peuple déicide est le révélateur de la généralisation abusive (du mécanisme d'amalgame).
2) l'accusation de peuple usurier trahit cette extension hallucinatoires.
3) l'accusation de peuple élitiste plus qu'élu traduit surtout de graves dévoiements au sein du fondamentalisme juif à orientations sionistes.
Il est regrettable que cette confusion entre des individus puissants aux buts dévoyés et dangereux (ces sou-groupes juifs dont on n'ose dénoncer les agissements sous peine d'encourir l'accusation d'antisémitisme) engendre des règlements de comptes qui ne font que perpétuer le rituel sanglant du lynchage qui s'abat sur les communautés juives avec une régularité historique effarante et abjecte. Il serait grand temps (il n'est jamais trop tard) que la responsabilité de ces sous-groupes dévoyés au sein des communautés juives apparaisse explicitement et clairement, qu'elle occasionne des condamnations justes et fermes (non le lynchage de communautés innocentes, mais la condamnation judiciaire des sous-groupes coupables) et qu'elle n'engendre pas les classiques retentissements atroces (les règlements de comptes de masse). Au lieu de quoi l'on oscille systématiquement de la bouc émissarisation/règlement de comptes, terrible et injuste (je ne citerai que le répugnant épisode de la Shoah, dont je souffre dans ma chair en tant qu'homme), à la permissivité totale qui suit les périodes d'acharnement et d'extermination. Toujours le même mouvement de balancier extrémiste et sans discernement, qui au final, loin de punir efficacement les vrais responsables, même de manière injuste, ne fait que les conforter dans leurs positions. A qui profite le crime?
C'est un terrible cercle vicieux qui s'instaure : les communautés juives sont toujours soupçonnées et calomniées au nom des agissements de quelques manipulateurs puissants et effectivement dévoyés, qui travestissent leur religion et leur culture (le même raisonnement de différenciation entre les terroristes musulmans et les communautés musulmanes innocentes et étrangères à ces radicalismes terroristes). Personne à l'intérieur et à l'extérieur de la communauté n'osent dénoncer les agissements coupables de ces sous-groupes, parce que l'accusation d'antisémitisme équivaut à un terrible interdit et surtout parce que le mécanisme de l'amalgame est à l'oeuvre, qui interdit les distinctions pertinentes et les nuances véritables.
Ce cercle vicieux ne sera brisé que le jour où l'on cessera de passer du châtiment acharné à la rédemption permissive, mécanisme irresponsable qui profite avant tout aux sous-groupes dévoyés et qui n'accablent que les populations innocentes. Pour ce faire, il faudrait que la vérité, simple et établie, sur les activités inadmissibles des sous-groupes dévoyés des communautés juives, éclate au grand jour et permette de passer du mécanisme d'amalgame criminel à la différenciation rationnelle et apaisée.
On s'avise trop rarement que les seuls à profiter totalement et en toute impunité de l'oscillation perpétuelle entre condamnation et permissivité sont précisément ces manipulateurs juifs, qui ne sont juifs que par accident, tant il est vrai qu'ils trahissent leur religion et/ou leur culture et qu'ils sont les vrais ennemis du judaïsme. Il serait temps que les communautés juives, au lieu de s'en tenir à des commémorations et à des condamnations de la folie antisémite, désignent les raisons véritables qui impulsent le processus irrationnel d'antisémitisme. Il serait temps que les communautés juives prennent conscience du mécanisme de lynchage qui les accable et des véritables auteurs de ces mécanismes de lynchage. Je veux parler de ces sous-groupes dévoyés et non des lyncheurs, qui sont des hystériques reproduisant aveuglément le mécanisme terrifiant de la vengeance et de la furie.
Pendant que les communautés juives se taisent et entérinent la loi du silence, qui encourage, de manière tragique, la reproduction du schéma insoutenable du bouc émissaire (tout d'abord, les Juifs comme victimes expiatoires d'accusations récurrentes; ensuite les sociétés qui accueillent les communautés juives, qui se voient justement taxées d'antisémitisme et d'actes antisémites monstrueux et vengeurs; et ainsi de suite), ceux qui profitent du bouc émissaire sont ces sous-groupes juifs, extrémistes et dévoyés. Autrement dit, les manipulateurs se sortent toujours des situations qu'ils créent et ont intérêt à exciter les mécanismes de lynchage, puisque les mécanismes de lynchage ne les atteignent pas et favorisent leurs desseins diaboliques. Les communautés juives persécutées ne se rendent pas compte que les lynchages proviennent de la responsabilité des sous-groupes qui les trahissent et les dévoient. Elles ne considèrent que les crimes des lyncheurs, sans se rendre compte que ces crimes répondent à des fautes premières et que les auteurs de ces fautes premières demeurent toujours impunis. D'où :
1) le sentiment de vengeance légitime des lyncheurs, qui ne peut que manquer son objet véritable (condamner les fautifs) et qui suscite le sentiment compréhensible d'injustice;
2) la culpabilisation première des lyncheurs en lieu et place des sous-groupes dévoyés.
Ces deux erreurs ne font que relancer le mécanisme du bouc émissaire, puisque le sentiment d'injustice ne peut qu'étreindre tant la société (dont font partie les communautés juives) ulcérée ayant provoqué les lynchages (par sentiment d'injustice) que les communautés lynchées et martyrisées, dont le sentiment d'injustice ne peut se trouver qu'exacerbé par le lynchage encouru. Du coup, les deux parties, du fait du lynchage exercé, oublient de désigner le véritable coupable, qui explique le lynchage comme sentiment de vengeance et réaction hystérique et incontrôlée d'amalgame.
Pire encore, l'incompréhension s'installe entre les lyncheurs et les communautés juives. Pour les premiers, ce sont les communautés juives qui sont les responsables des fautes de leurs sous-groupes dévoyés, d'où le phénomène de diabolisation et d'amalgame odieux qui s'instaure (culpabilisation abusive plus amalgame indécelable). Pour les seconds, les lyncheurs sont également diabolisés, puisqu'ils ont agi pour des raisons de haine et de vengeance sans motif, débouchant sur des actes de lynchage monstrueux et criminels. La réciprocité du mécanisme implacable de diabolisation aveugle entre les deux parties rend impossible une quelconque résolution de la crise. Au contraire, la réciprocité et la diabolisation ne font qu'aviver l'incompréhension réciproque, chacun ayant une bonne raison de rejeter l'autre au nom de l'injustice et de la diabolisation légitime.
La diabolisation sert les desseins diaboliques des manipulateurs dont on peut dire qu'en tant que sous-groupes juifs ils désignent à la vindicte et au lynchage les communautés dont ils prétendent faire partie, alors que d'une certaine manière (et d'une manière certaine) ils n'appartiennent pas en tant que monstres dévoyés aux communautés incriminées. Le propre de leur diabolisme consiste donc à opposer viscéralement et violemment la société aux communautés et à profiter de cet affrontement pour tirer les marrons du feu. La diabolisation permet aux diaboliques d'opposer des groupes innocents à partir du moment où ils prétendent appartenir à l'un des groupes alors qu'ils en sont les principaux traîtres et les plus dangereux adversaires. Une nouvelle fois se vérifie l'adage selon lequel l'ennemi véritable et l'ennemi le plus dangereux n'est pas l'ennemi extérieur, mais l'ennemi intérieur.
Pourtant, la désignation de ces sous-groupes diaboliques comme responsables des mécanismes de lynchage qui s'abattent sur l'ensemble des communautés dont ils prétendent faire partie et le rappel de leurs vraies actions/exactions permettraient d'empêcher le mécanisme du bouc émissaire qui s'abat sur le peuple juif de manière aussi compréhensible qu'inacceptable. Leur désignation permettrait de mettre en lumière à qui profite le crime. Leur désignation permettrait de dévoiler la profonde et insondable bêtise/violence qui sévit chez ceux qui se décident à châtier de manière inconséquente le peuple juif, comme si le terme de juif renvoyait à une identité si commune qu'elle en serait indivisible. Leur désignation arrêterait enfin le processus terrible et tragique qui se met actuellement en oeuvre avec le 911 et la politique israélienne de plus en plus délirante et violente à mesure que le conflit israélo-palestinien s'embrase.
Question majeure : qui attise le feu entre les Palestiniens exsangues et les Israéliens incrédules? Ceux de bonne foi qui cherchent les réponses, quand ils auront trouvé les auteurs, sauront que ce sont les mêmes qui trahissent et le peuple palestinien et le peuple juif. Ces sous-groupes félons et manipulateurs sont les principaux auteurs des maux des communautés juives, en premier lieu des maux du peuple israélien, c'est-à-dire que ces sous-groupes séditieux sont les ennemis intérieurs du peuple juif dans le moment où ils se prétendent ses défenseurs acharnés et ses avocats zélés. Rien de nouveau sous le soleil, mais quand on se sera posé la question : qui a tué Rabin, on vérifiera :
1) l'existence de ces sous-groupes séditieux, dévoyés et traîtres à la cause qu'ils prétendent servir (et qu'ils ne servent que dans la mesure où ils s'en servent principalement);
2) le fait implacable que ces traîtres ne servent pas leur peuple (putatif et pris en otage) puisqu'ils assassinent ses chefs historiques et ses occasions de paix.
Au final, que l'on se pose cette question : qui payera les pots cassés? Ceux qui mettent en place cette politique de la terreur et de la terre brûlée, c'est-à-dire ceux qui affament les Palestiniens, ceux qui ont rasé le Liban et ceux qui ont trempé dans le 911 - ou les pauvres martyrs du peuple juif, ceux qui sont innocents, c'est le cas de le rappeler; ceux qui n'ont rien demandé, ceux qui ont la chance d'appartenir à la culture et à la religion qui a enfanté le monothéisme et a produit tant de vestiges sacrés et de personnages merveilleux? Non, les sous-groupes extrémistes et fondamentalistes qui auront cassé les pots escomptent bien perpétuer la même arnaque et échapper aux fruits de cette politique dans laquelle ils n'hésitent pas à sacrifier les propres membres de la communauté dont ils se revendiquent pour perpétrer leurs manœuvres démoniaques et perverses.
Ils invoqueront une nouvelle fois la sempiternelle rengaine de l'antisémtisme pour se cacher derrière l'ensemble des communautés qui seront visées par les mécanismes indistincts et aveugles de vengeance par amalgame. Pourquoi changeraient-ils? Ils ont inventé un stratgème ingénieux de dissimulation grâce auquel, tels les chauves-souris de la fable, ils se cachent dans la foule qu'ils ont incriminée comme coupable pour perpétrer leurs crimes en toute impunité, innocentés par le lynchage et la diabolisation. Alors, il est temps de hurler aux valeureuses et nobles communautés juives : quand donc romprez-vous le cercle vicieux du bouc émissaire qui vous frappe, quand donc dénoncerez-vous les brebis galeuses de votre communauté qui expliquent, au sens propre comme au sens figuré, la perpétuation quasi rituelle du bouc émissaire?
C'est à vous, communautés juives lynchées et martyrisées, d'accuser les vrais coupables et d'établir la distinction entre vos sous-groupes qui vous manipulent et votre communauté manipulée. C'est à vous de briser le mécanisme du lynchage et d'éviter l'amalgame entre les sous-groupes et la communauté. C'est à vous d'empêcher par cette action unique et prophétique que ne se renouvelle le lynchage injuste, qui ne manquera pas de frapper de façon aveugle votre communauté, incapable que sont les lyncheurs d'établir la distinction entre sous-groupes dévoyés et communauté innocente. Pour finir, c'est à vous d'exercer ce travail de justice, pour que les criminels qui dévoient votre communauté cessent de la souiller de leurs exactions impardonnables et que la Justice puisse enfin s'exercer (contre eux), au lieu de la vengeance, du lynchage et du bouc émissaire stériles et cycliques. Plus que jamais après le 911, nous sommes tous, peuples du monde, peuples de la mondialisation, fatigués de fabriquer des martyrs qui servent la cause du Diable.

Monomutants

La liste des célébrités qui officiellement commencent à se poser de sérieuses questions sur le 911 s'allonge et enfle considérablement. Pendant ce temps, la France, qui a en ce moment un train de retard sur les maîtres du monde, essaie de retrouver un semblant de lustre international en s'alignant systématiquement sur les positions atlantistes, néo-conservatrices et ultralibérales dont se parent les Anglo-saxons depuis des lustres.
Ce n'est certainement pas un progrès que de suivre cette voie impérialiste et mensongère, mais les Français d'aujourd'hui, incapables de déceler une nouvelle voie sous l'effondrement libéral présent, se sont rangés à l'alignement stratégique atlantiste. Dans cette stratégie passéiste en ce qu'elle est d'ores et déjà dépassée, dans cette stratégie qui délivrera des résultats ruineux parce qu'elle s'appuie sur des méthodes destructrices à moyen terme (quelques siècles en fait), on comprend mal que le fond de l'affaire n'est l'économique que dans la mesure où l'économique n'est autre que l'immanentisme.
L'immanentisme est fondamentalement religieux. Fondamentalement dans les deux sens du terme, puisque le fondamentalisme s'ajoute au fondamental. Le fondamentalisme aimerait tant être fondamental! Malheureusement, il propose un durcissement des questions fondamentales en soumettant les questions fondamentales au crible de ses réponses oppressantes et destructrices.
Je reviendrai bientôt sur l'immanentisme, mais j'aimerais proposer cette conception pour comprendre que c'est l'élitisme immanentiste qui est à l'oeuvre derrière la domination économique du monde, avec cette idée que l'élitisme est religieux. Rien ne se fait pour l'homme sans le substrat religieux. De ce point de vue, les choses n'ont guère changé. Les conceptions religieuses divergent grandement, j'allais dire fondamentalement, mais sans religieux, il n'y a pas de production culturelle (pas de productions humaines donc).
Le religieux qui s'allie à l'économique est un religieux immanentiste, c'est-à-dire que c'est un religieux qui ne considère du réel que son apparence immédiate et qui de ce fait délègue à l'homme l'essence de son pouvoir. L'homme se trouve investi du pouvoir divin dans la mesure où il domine le réel et où il serait possesseur du réel. Dieu ne s'est pas fait homme, c'est l'homme qui s'est fait Dieu. Là gît tout le problème, parce que non seulement l'immanentisme repose sur des fondements fallacieux et dangereux, mais affirmer sans trembler que l'homme s'est fait Dieu, c'est proférer un sacrilège qui ressortit de la démesure. Oser le sacrilège, c'est la caractéristique du diable.
Bref : notre époque est remarquable en ce qu'elle est diabolique. Et c'est parce qu'elle est diabolique qu'elle exprime une crise majeure, qui prépare de grands changements. Dans cette crise, il est remarquable que les influences religieuses qui se combinent dans l'immanentisme ne sont pas issues d'une source unique. Elles proviennent d'un agrégat des religions monothéistes. L'immanentisme est représenté par :
1) l'islamisme en tant que la collaboration la plus mineure. L'islamisme n'est jamais qu'au service objectif et pragmatique des autres composants de l'immanentisme. L'islamisme n'accepte cette soumission de fait que parce qu'il compte sur l'effondrement de l'immanentisme et son triomphe ultérieur en tant qu'Islam, vraie incarnation de la prophétie monothéiste instillée par Abraham et prolongée jusqu'à Mohamed en passant par Jésus (je donne les identités sous leur appellation de langue française).
2) Les courants chrétiens sous leur forme protestante, et sous une forme protestante très particulière, agrégats confus de méthodisme, d'évangélisme, de baptisme, de born again, de chrétiens sionistes (nous y sommes). On remarquera que la spécificité du protestantisme est d'encourager, protestation théologique majeure, l'interprétation individuelle et l'individualisme. Bien entendu, les choses sont comme toujours plus complexes, mais que les protestants soient les chrétiens favorables à la singularité possible de l'interprétation biblique (donc divine), en même temps qu'à la foi la plus ferme n'est pas incompatible; elle explique grandement que c'est au sein de l'individualisme religieux que l'économisme se soit développé. L'association du religieux et de l'économique n'est envisageable que dans une interprétation singulière et forcenée du texte.
3) L'association des formes du judaïsme les plus fondamentalistes avec les milieux fondamentalistes protestants n'est pas anodine. De la même manière que les islamistes sont des lecteurs assidus du Coran et de fervents partisans de l'interprétation coranique, les sionistes partagent avec eux ce point commun, tout comme les fondamentalistes protestants, de privilégier l'interprétation littéraliste, mais surtout singulière, j'allais dire singulariste. Or c'est au coeur de ce caractère fondamentaliste monothéiste (où se retrouvent les courants fondamentalistes des trois grands monothéistes) que s'épanouit l'immanentisme et sa conséquence économique. Je veux dire : c'est au coeur de l'immanentisme fondamentaliste que prospère la primauté de l'économique sur le politique (renversement de la conception classique, dont les effets graves se font sentir avec le 911 notamment).
Pour couronner le tout, il est remarquable que le coeur du fondamentalisme immanentiste se situe très précisément entre l'alliance (forme dégénérée de l'Alliance) des sionistes radicaux et des chrétiens radicaux. Qui sont les principaux sionistes à l'heure actuelle? Non des Juifs, mais des chrétiens. Les fameux chrétiens sionistes, qui reconnaissent les Juifs sionistes en tant qu'Israël-Nation précipite l'Apocalypse, ces chrétiens sionistes sont par leur appellation même des alliés objectifs (quoique ambigus) des mouvement sionistes les plus radicaux. Avec cette formule marquante qu'après eux l'Apocalypse - et non plus le Déluge. Pour finir sur le Triangle des Bermudes monothéiste, l'islamisme dans cette affaire est le parent pauvre de l'Alliance qui repose, ne l'oublions pas, sur des considérations religieuses de la plus haute importance. Les trois formes de monothéisme comportent, parmi leurs grandes divergences théologiques, une unité fondamentale : les trois affirment descendre d'Abraham.
Leur évolution (dégénérée) vers l'immanentisme s'explique par un principal point de convergence : l'interprétation individualiste et singulière. Dès lors, la voie (immanentiste) est prête pour la prééminence économique et pour l'alliance affairiste et financière de milieux qui n'ont apparemment rien de commun. Pour comprendre leur communion, il faut remonter au religieux, dont la ruse consiste à faire croire qu'il aurait disparu ou occuperait dans les échanges mondialistes une importance moindre. Non seulement le religieux n'a pas disparu avec la mondialisation archimédiatisée, mais le religieux n'a fait que s'exacerber, jusqu'à prendre des formes mutantes dont l'importance échappe à notre entendement immédiat. Mutation de la transcendance vers l'immanence. Mutation qui fait que le même a muté en autre et que les héritiers les plus légitimes et les plus puissants du christianisme, du judaïsme et de l'islamisme sont aujourd'hui des mutants du monothéisme en crise.
Pour finir, dans cette mutation qui s'apparente à la course folle, l'alliance des formes les plus fondamentalistes du monothéisme ne doit pas occulter que c'est le fondamentalisme chrétien qui a pris le dessus en s'alliant avec le fondamentalisme juif. La vraie alliance est ainsi judéo-chrétienne et la particularité virulente et violente de ce judéo-christianisme ne doit pas occulter que ces fondamentalismes sont avant tout mus par l'alliance judéo-chrétienne. Ce constat implique que le fondamentalisme islamiste soit considéré par l'alliance judéo-chrétienne comme un allié dégénéré, en ce que l'Islam se veut le couronnement et le prolongement des deux autres monothéismes. Mais tant pour les fondamentalistes juifs que pour les fondamentalistes chrétiens (pour l'alliance du christianisme et du sionisme fondamentalistes), le fondamentalisme islamiste ressortit de l'hérésie faiblarde et par trop hétérodoxe.
A ceci, j'y vois une raison théologique précise. C'est que l'Islam développe une conception profondément et fondamentalement toute-puissante et transcendante du divin. Pour un musulman, Dieu est tout-puissant en ce qu'Il est transcendant. Pas facile dans ces conditions d'introduire de l'immanentisme dans le transcendant. Autant dire que les formes les plus fondamentalistes de l'Islam sont réticentes par nature à se concilier vraiment avec l'immanentisme. Dans la mentalité d'un musulman, aussi fondamentaliste soit-il, le transcendant demeure le primat du divin. Et c'est pourquoi le rejet du troisième fondamentaliste par les deux principaux (et les plus puissants) est assez ambigu.
Si le fondamentalisme islamiste est bien moins puissant que les deux autres fondamentalistes alliés, il est aussi bien plus duplice, considérant, même chez le musulman le plus corrompu, que le divin est transcendant au bout du compte. Son instrumentalisation et sa faiblesse présentes ne sont pas vécues comme des humiliations fondamentales pour le fondamentaliste islamiste, qui espère triompher des deux autres fondamentalismes, en ce qu'il reconnaît leur caractère dégénéré, du fait de leur immanentisme. Si bien que sa relégation à un rang moindre dans l'alliance monothéiste fondamentaliste n'est pas pour lui déplaire. Si à première vue, il travaille pour les intérêts fondamentalistes immanentistes, en fait son véritable objectif consiste à servir l'immanentisme pour mieux le saper et imposer au final le triomphe du transcendant. Transcendant fondamental ou - fondamentaliste?