vendredi 25 septembre 2015

Le réel et son doute

Le terme réel a déjà été utilisé massivement dans un sens qui n'est pas littéral. Je ne prendrai comme exemple que Hegel, qui estime qu'il n'y a de réel que l'idée, faisant suite sur ce point à Platon. Son usage littéral n'est cantonné qu'à de rares exemples, comme Rosset pour l'heure, parce que le sens est manquant. Un seul exemple : la citation que Rosset fait du physicien Mach, selon lequel le réel est "un être dont le complément en miroir n'existe pas". 
Le terme pris en son acception littérale délivre une définition lacunaire. C'est qu'il ne tient pas du point de vue de la logique, mais que son usage présente la rare qualité de poser implicitement l'existence d'un complément à ce qui est incomplet. Mach estime que le complément est logique, bien qu'il n'existe pas selon lui. Ce faisant, il ne fournit aucune explication. 
Ce besoin logique de complément ne peut être défendu qu'au nom de l'irrationalisme. Dans une position qui tient la logique pour connexe à la pensée, le réel mène à penser qu'il n'est pas seul. Peut-on pour autant procéder à un retournement, selon lequel le sens littéral est illusoire, tandis que l'idéal constitue le véritable réel? 
Ce qui pose problème est ce qui permet à des réalistes intégraux (au sens médiéval) de proposer des définitions à la Mach : le réel idéal prend la place du réel illusoire, sans que cette transformation soit expliquée, ni que sa définition soit apportée. Le complément que propose l'idéalisme est formel, sans que son existence ne puisse être apportée. Sa précision laisse songeur : elle apporte un complément, mais sans le définir.
Raison pour laquelle Mach peut parler de miroir sans complément. L'hypothèse idéaliste, de Platon à Hegel, n'est pas pertinente, ce qui n'a pas la restauration de l'hypothèse opposée (en gros, nihiliste). Il convient de retravailler la représentation du complément en cernant l'erreur principale de l'hypothèse idéaliste.
Sachant que l'idéal est l'Etre, le vrai réel se distingue du réel littéral par sa position. L'Etre transcende l'être. On n'en reste au même. D'un point de vue logique, l'insuffisance se résout par son prolongement absolutisé. L'opération n'exprime aucune différence de contenu qui permette de spécifier l'Etre par rapport à l'être. Telle est l'incohérence qui ruine la tentative transcendantalisme de proposer le complément manquant.
D'où la réhabilitation nihiliste, qui estime que si le complément ne peut être défini, c'est qu'il n'existe pas. Il convient de chercher à poser cette différence. Elle ne peut s'amorcer qu'à partir de l'être. Elle doit s'en distinguer, ce qui fait de l'Etre un mirage. L'Etre constitue à la fois la reconnaissance du besoin de complément - et l'échec à le définir indépendamment de l'être.
C'est la reconnaissance implicite que le nihilisme prévaut en influence sur le transcendantalisme, parce que l'être constitue une expérience de premier plan, tandis que l'Etre relève de l'hypothèse évanescente. Trouver la distinction qui complète l'être, c'est constate qu'on ne peut en rester au même.
Le réel n'est le même qu'en ce qu'il signifie l'être littéral. Ce constat montre que la méthode du prolongement ne fonctionne pas. La philosophie bégaye et n'avance pas. Raison pour laquelle Elle n'a pas progressé depuis Platon? Choisir le terme de réel pour caractériser autre chose que l'être, c'est reconnaître que cet autre n'est pas de l'être.
S'il n'est pas de l'être, la question que pose l'emploi du terme, c'est la dualité qui découle nécessairement de cette unité incomplète. Tout comme la complétude, ou la perfection, l'unité est un mythe forgé depuis la représentation de l'être. On reconnaît l'usage à sa négativité. On sent quelque chose sans le définir, c'est-à-dire sans préciser sa positivité. 
Toute conception négative, comme la théologie éponyme, indique ainsi que son seuil de vérité est extérieur à l'objet. Il ne suffit pas de sentir intuitivement l'objet pour le caractériser positivement. La caractérisation négative ôte toute possibilité de traduire la différence. C'est parce qu'on en reste au négatif qu'on ne distingue que le même.
L'Etre est appréhendé de l'extérieur. En tant que première approche, ce type d'intuition s'avère pertinent. Pour une définition positive, il faut passer à la différence. Elle se cherche dans le complément, même si elle en reste à l'hypothèse. Le réel constitue un point de départ, qui incite à l'hypothèse. Sa principale vertu serait-elle de faire sentir la différence sans laquelle le même  est un complément sans miroir?

dimanche 20 septembre 2015

La fin des opposés

La tendance de la philosophie est d'en revenir aux sources pour retrouver la vérité. D'une manière générale, le transcendantalisme présente cette tendance à estimer, de manière inexplicable, que la vérité se trouve au début de l'être. Dans ce cas, quel besoin d'ajouter une continuation à ce qui se trouve déjà complet dès le départ? Descartes présente une déclinaison de ce raisonnement quand il estime que Dieu est la cause première au réel. 
La mentalité rationaliste exige un début pour expliquer le monde. Ce début est aberrant, puisqu'il pose la question de ce qui précède - le début. C'est constater que la raison patine dans l’infini et que l'histoire des origines ne s'explique pas par l'approche transcendantaliste dans son ensemble. L'imperfection qui suit la perfection originaire ne peut être expliquée que par un complément venant combler le manque. Le réel étant imparfait, le complément se montre parfait en guise d’explication qui vient combler le manque en accordant un crédit absolu aux conditions de représentation de l'être.
Le réel étant soumis à l'espace-temps, le vide originaire s'avère criant. Il s'agit d'une approche ontomorphique, au sens où elle traite les critères de l'être comme s'ils étaient objectifs. Pourtant, le fait que la raison patine à expliquer le réel indique qu'elle n'est pas appropriée pour le penser en dehors du fini. Ce constat implique que le réel soit fini et que l'infini soit dépourvu d'origine, de fin, des représentations qui sont propres à l'être, mais qui n'ont pas d'existence en dehors, sur le plan du réel (ce qui implique que l'être n'en constitue qu'une partie). Le mythe de la perfection originelle, que retranscrit le schéma de la Genèse ne convient pas pour expliquer le réel. Il s'avère approprié pour expliquer l'être. 
Que la cause soit inférieure à l'effet ne remet pas en question que la logique propre à l'être. La première cause est ainsi rendue comme totalité, tandis que la déperdition dans la succession des effets s'accommode de l'inexplicable pérennité du réel. Cette pensée interdit de considérer que le minimum désigne l'effet, quand le maximum remonterait vers la cause. Elle rétablit la contradiction, au nom de la logique.
Le schéma contredit la raison, ce qui indique que la structure logique ne découle pas de la raison, mais l'emploie comme son auxiliaire. Aucune raison ne peut être apportée à cette approche, sauf à estimer qu'elle offre un modèle explicatif, quand les autres s'en tiennent à l'absurde.
Pourtant, cette explication ne prend pas en charge l'ensemble du réel sous prétexte d'offrir une hypothèse. Même la cause originelle se trouve frappée de contradictoire. Si elle était parfaite, elle n'enclencherait aucun mécanisme de causalité. 
La résolution s'effectue avec le passage d'une conception statique à son alternative dynamique. Cette dernière développe une relation d'échange au lieu de la contradiction relevée derrière l'inexplicable. La contradiction se trouve levée dans l'être, ce que sanctionne le constat érigé en principe, selon lequel la contradiction constitue une faute contre la logique.
En lieu et place s'érige une relation d'échange, que l'on pourrait nommer : dynamique d'expansion, qui implique que ce qui est tenu pour le contradictoire se trouve harmonisé en situation de symbiose. Il faudrait ôter toute connotation de staticité à cette relation. Elle s'avère évolutive, le maximum étant plastique par rapport au fondement, qui évoque la référence plutôt que le point de départ.
Le réel est ainsi composé d'un substrat qui peut être qualifié de minimum, car son point de départ est la contradiction intenable, et d'un maximum qui est en expansion constante. Au final, la notion d'espace n'a pas grande signification dans ce schéma, où les repères d'un instantané se trouvent en constante évolution et redéfinition.
La contradiction se trouve levée par cette relation complémentaire et proportionnelle. Le fondement s'avérerait contradictoire s'il était analysé de manière isolée, sans sa dialectique constante avec sa dernière expression, à un degré de maximum sans cesse relevé. 
La vérité n'existe pas comme moment le plus haut et ne désigne pas le commencement fantasmatique. Elle devient relative à un être, consubstantiel à l'être qui n'existe pas en tant que durée, mais s'exprime comme succession d'instants reliés entre eux par la malléabilité.

mardi 1 septembre 2015

Rentrée tardive pour Koffi Cadjehoun.
Sitôt expédié une partie de travail philosophique, je reviendrai bientôt avec des billets plus courts et dynamiques (du moins j'espère!).
A très bientôt.