vendredi 30 janvier 2009

Point d'honneur

Monsieur,

C'est bien plus qu'au directeur de la rédaction du Point que je m'adresse. C'est bien plus qu'au journaliste. C'est bien plus qu'à l'écrivain, au romancier, au polémiste - que sais-je? C'est à l'homme. Il est certain que les divergences d'opinion constituent le fondement de la démocratie. Il est certain qu'il est sain d'accueillir dans son hebdomadaire des avis contradictoires, voire antagonistes.
Il est certain aussi qu'il n'est pas bon signe de donner la parole à un propagandiste quand on fait du journalisme. S'est-on vraiment demandé pourquoi la presse française, la presse démocratique, la presse libre, traverse une crise aussi grave? C'est parce que les lecteurs en ont assez que ses représentants répandent la bonne parole institutionnelle, celle en vigueur dans le système, et nous distraient de multiples diversions pour mieux nous traire de fumeuses versions.
Toutes les autres explications apportées sont sans doute partiellement pertinentes, mais elles ne sont que secondaires. Ce n'est pas pour vous entretenir de la crise systémique, qui ne touche pas seulement la presse écrite, que je vous écris. C'est pour vous demander de cesser toute collaboration avec le sieur Bernard-Henri Lévy. Remarquez, les deux considérations sont liées. Vous devez vous être rendu compte maintenant que les productions du sieur BHL sont nulles et qu'elles fânent avant leur publication. C'est un triste privilège. Les grands écrivains sont toujours d'actualité. Les propagandistes ne le sont jamais.
Vous me rétorquerez peut-être que vous êtes farouchement opposé à la censure sous toutes ses formes. Je vous répondrai qu'il est temps d'arrêter les frais. C'est une chose de censurer un auteur; c'en est une autre de manifester de la complaisance vis-à-vis d'un écrivain vaniteux, soit d'un propagandiste capiteux. BHL se réclame des faits, BHL fait des effets, BHL coûte cher. Pas seulement en masse monétaire. Je pense à la réputation, je pense à la pensée, je pense à la qualité, valeurs et créations bien plus importantes que des espèces sonnantes et trébuchantes.
Vous m'opposerez peut-être l'indéniable talent d'auteur comique de BHL. C'est vrai : BHL est le plus grand écrivain comique involontaire de son temps. Si Heidegger avait connu BHL, il aurait écrit Le Comique et le Temps. A chaque fois que je le lis, je ris. BHL, bien entendu. Pas Heidegger. Notre intellectuel engagé dans la cause des puissants de ce monde est l'incarnation improbable d'un Mamamouchi au service de son vizir à vison, un Voltaire renversé qui n'aurait conservé du patriarche de Ferney que ses défauts et y aurait rajouté, tel un cuisinier raté, la perversion de la figure de l'intellectuel des Lumières. L'intellectuel des Lumières contestait le pouvoir; le Nouvel Intellectuel le sert. Le dessert-il? En tout cas, il en est la tourte après le dessert.
D'un point de vue qualitatif, à chaque fois maintenant que BHL écrit, le monde rit. Même Le Monde fidèle à BHL doit à force se tordre de ses divagations, de ses inventions et de ses rodomontades. Il serait temps de poser la question : pourquoi donner la parole à quelqu'un qui dit n'importe quoi, qui dit vague, qui produit des navets à la chaîne et qui n'a pas à être reconnu et publié sous le seul prétexte qu'il est le fils de? Je ne voudrais pas tomber dans l'argument facile, mais vous n'ignorez pas les liens entre BHL et l'actionnaire principal de votre hebdomadaire.
Cependant, si vous envisagez la réputation et la valeur du Point, il n'est plus possible de donner la parole à un chroniqueur qui se prend pour l'avatar syncrétique de Tocqueville, de Malraux et de Mauriac (peut-être également de Sartre, voire de Voltaire?), alors que sa pensée a toujours été nullissime et qu'elle se trouve depuis un petit moment discréditée. En ce cas, si discrédit il y a, et discrédit il y a, pourquoi ne réagir que maintenant et réclamer ce qui aurait dû l'être depuis longtemps?
Tout d'abord, il n'est jamais trop tard pour corriger ses erreurs. On pourrait invoquer le principe de réparation pour notifier au sieur Lévy que sa nullité n'a que trop duré et qu'il est temps qu'il cesse de galvauder des journaux qui se présentent comme démocratiques, libéraux et critiques. Vous n'ignorez pas que le monde, pas seulement la presse, s'enfonce dans une crise irrémédiable parce qu'elle est systémique. Le propre d'un propagandiste au service du pouvoir est de suivre le cours du pouvoir. Quand le pouvoir est en haut, BHL parade? Et quand le pouvoir est en berne? BHL pétarade. Quand le pouvoir s'effondre, BHL porte l'estocade.
BHL travaille depuis de trop longues décennies au service d'une cause explicite, le sionisme, qui n'est que l'arbre qui cache la forêt. BHL est partout là où l'atlantisme agit. Toutes les grandes causes de notre intellectuel-idéologue sont des causes atlantistes. Et plus le temps passe, plus BHL se trompe, ment, sombre dans la maladie du siècle qui consiste à décrire quand le plus sage serait d'écrire. On peut sans risque évoquer la faillite de BHL qui suivrait la faillite du système mondialisé libéral.
Quand on reprendra plus tard les témoignages de BHL et de ses affidés, on sera pris de nausée et de malaise. La mauvaise foi au sens sartrien aura une illustration ironique et perfide. Il n'est vraiment pas bon, Monsieur Giesbert, d'associer votre hebdomadaire à la cause perdue d'un tel énergumène. Vous êtes certain de vous discréditer. Et par les temps qui courent, le discrédit qui entache les structures du système ne manque pas de rallier à son sombre étendard ses propagandistes de choc : plus le système se délitera, se détruira et s'anéantira, plus BHL se distinguera par son éloignement du réel et par son errance caractérisée. BHL est le symptôme d'un monde qui finit et qui sombre dans la folie sénile au moment de disparaître.
Heidegger, dans un impressionnant passage, expliquait qu'il y a ceux qui meurent et ceux qui périssent. Je ne sais au juste si les jugements périssent, mais en tout cas, les mauvais jugements vieillissent mal. C'est ainsi que l'ancien patron du Monde ne se vantera pas d'avoir proclamé que BHL ne s'était jamais trompé. Connaîtra-t-on encore dans dix ans cet illustre fabuliste? Si l'on veut approcher de la vérité, il n'est que trop temps de prendre conscience : BHL s'est trompé en tous points. Raison pour laquelle il trompe en tous points. Ses petits poings se serrent de rage face à l'inacceptable de sa déliquescence, mais l'évidence est plus forte que l'influence. Les récentes interventions de BHL pour justifier les massacres de Gaza ne sont pas seulement l'exemple éclatant et affligeant du dérapage caractéristique et de l'absence de jugement de ce fanatique de la propagande. Plus le pouvoir est aux abois, plus BHL aboie.
Cette fois, Monsieur Giesbert, face à ceux qui sont morts en martyrs et qui témoigneront par leur mort de l'identité de leurs assassins, il en va de votre honneur et de votre jugement d'homme! Ne donnez plus la parole à cet hurluberlu qui délire sans doute (et depuis un bon moment). Ou alors, si vous pensez en termes de charité chrétienne, protégez la réputation de ce triste sire et de ses héritiers en lui ôtant son caractère d'auteur et de garant. Il est très lourd aujourd'hui d'avoir eu pour ancêtre un propagandiste nazi ou fasciste. Croyez-vous qu'il en ira autrement pour un propagandiste de la mode actuelle qui a eu l'impudence d'expliquer que l'armée israélienne avait fait preuve de retenue dans les massacres de Gaza et qui n'est capable que d'accélérer la gradation de son infamie face à l'aggravation de la crise?
Monsieur Giesbert, si vous voulez que votre hebdomadaire soit reconnu pour sa qualité et sa valeur démocratique dans cinquante ans, donnez la parole à des écrivains et des intellectuels dignes de ce nom. Dans ce monde qui s'effondre, coupez le sifflet à un propagandiste qui au mieux a perdu les pédales et qui se prend pour l'arbitre des élégances rances et putrides. Je vous le redis et vous le répète : il en va de votre honneur d'homme. Et si vous ne pouviez rien faire contre cette intervention grotesque et stéréotypée qui ruine votre hebdomadaire, ou si vous persistiez dans cette posture dangereuse qui consiste à publier un faussaire au nom de la liberté, sachez que vous entraîneriez Le Point dans la terrible chute (religieuse et ontologique) qui frappe de son destin acéré le cas BHL : le châtiment abominable d'être un mort-vivant, soit d'opposer au réel animé et mouvant ses représentations gelées et inanimées.

Le mot vivant

"Je suis la mort."

Un des mérites dont se targue tout écrivain de valeur est d'être un auteur comique. BHL est un auteur comique. Il suffit de lire ses interventions pendant le carnage d'Israël contre Gaza pour s'en rendre compte. Il suffit de lire l'ensemble des déclarations de BHL pour piquer de vrais fous rires. BHL est le plus grand auteur comique de son temps. La seule différence entre le comique classique et le comique de propagande, le comique d'un BHL, soit d'un propagandiste typique d'une sous-branche de l'immanentisme tardif et dégénéré, le sionisme fondamentaliste et désaxé, tient au caractère volontaire. Quand Proust, grand auteur comique et ignoré, décrit les tocades et les foucades de Charlus, on rit à gorge déployée. Mais Proust faisait exprès! Le génie de Proust tient dans ce comique, qui consiste en gros à plaquer de l'inanimé sur de l'animé, pour reprendre la théorie d'un grand philosophe contemporain de Proust, Henri Bergson.
BHL ne fait pas exprès. BHL plaque de l'inanimé sur de l'animé sans s'en rendre compte. Le comique chez BHL, c'est de décrire une ville assiégée sans y être allé. C'est d'expliquer son amitié avec un légendaire chef de guerre, qu'il ne connut que de très loin. C'est de légitimer l'injustifiable, cette guerre sanguinaire et totalement suicidaire, que l'entité sioniste d'Israël a eu la folie de lancer contre les civils de Gaza. Quelles que soient les raisons, c'est inacceptable.
Et tous ceux qui s'entêtent à justifier l'injustifiable auront à répondre de leur folie. Pour BHL, la cause est entendue : son "oeuvre" de propagandiste est mise au rebut et à la poubelle à mesure qu'il en produit les lignes ou les pages. C'est un châtiment terrible que d'être discrédité et raillé avant la fin de la lecture. C'est le châtiment qu'encourt BHL, propagandiste et aussi emblème de la mauvaise foi. Mais alors, en quoi consiste ce comique involontaire, qui fait rire quand on se veut le plus sérieux, le plus grave, le plus dramatique, le plus tragique, le plus bouleversé?
Chacun a pu constater que BHL avait depuis belle lurette sombré dans la boursoufflure et la grandiloquence. On peut sans risquer de se tromper émettre le jugement des Anciens sur le pire des péchés humains : la démesure. BHL a versé dans la démesure, à mesure qu'il abusait du style épique et enflammé, du jeu pervers du je impénitent et pédant.
Mais quand BHL explique que le massacre récent de Gaza signale la retenue d'Israël; quand BHL s'accorde une importance qu'il n'a manifestement pas, quand BHL réinvente les faits et les invoque pour se justifier (au nom de la vérité qu'il rejette?); qu'est-ce qui explique le comique de BHL, soit le comique du propagandiste? Je me souviens d'une anecdote très drôle concernant la dernière campagne d'Irak. Le propagandiste de Saddam explique à la télévision sans se démonter que l'ennemi américain connaît une cuisante défaite à mesure que l'armée américaine approche des portes de la tour d'où il intervient (il existe une variante de cette histoire dans Le Réel de Rosset, avec le retour de Napoléon, qui montre que l'histoire bégaie). Sans se démonter, notre propagandiste persiste et signe. Plus il se trouve en décalage avec le reél, plus il s'enferre dans sa folie, plus il s'entête dans la gradation de son mensonge.
Ainsi va BHL, qui explique un massacre par la mansuétude des bourreaux. Aurait-il échappé à notre grand coeur sioniste que la politique israélienne est suicidaire ou faut-il conclure de cet aveuglement étonnant que BHL est lui-même suicidaire? C'est à la fois atroce et c'est comique. Le comique provient manifestement du décalage entre le reél et la représentation. Représentation morte et gelée, au sens où Rabelais parle de paroles gelées, qui dissone avec le reél. Si quelqu'un vous explique qu'il grille les feux rouges parce qu'ils sont verts, c'est à la fois terriblement drôle et dangereux.
C'est exactement l'exercice auquel se livre BHL, qui perd son temps à expliquer que les criminels sont des pacifistes et des agneaux. Dès lors, le comique au sens de Bergson apparaît : la superposition de l'inanimé et de l'animé est patente. La représentation de BHL ressortit de l'inanimé; quand le reél est animé. C'est dire que BHL fait le mort et chute à chaque fois qu'il écrit. Sans doute BHL est-il pour partie de bonne foi. Je veux dire que son éloignement du reél, ses conditions de vie très privilégiées, tout le cinéma et l'agitation autour de sa personne, sa vie d'acteur, l'empêchent de comprendre intégralement qu'il écrit de l'inanimé dans un monde animé, qu'il se fout plus de sa gueule enfarinée que de celle de ses lecteurs.
Il faudrait aller plus loin et observer que BHL cherche d'autant plus à accélérer sans cesse le mouvement et la cadence autour de sa personne, à personnifier l'agitation, l'air brasé violemment, les incessants reportages au bout du monde, les conditions de vie les plus difficiles qu'il est en fait accablé par un des plus terribles châtiments : BHL est mort. Mais BHL n'est pas mort après avoir vécu. BHL est mort en vivant. BHL est mort de son vivant. Triste privilège pour ce grand privilégié! Sinistre exception! Funeste incarnation! Macabre incantation! BHL est ainsi vraiment la réincarnation du mort-vivant et l'illustration selon laquelle toute légende et tout mythe signifient l'expression symbolique d'une réalité primordiale.

http://www.alterinfo.net/Gaza-Medias-en-guerre-4-Carnets-de-guerre-,-le-dernier-tract-de-BHL_a29171.html?PHPSESSID=077709a47aed2b794b27207e44174aca


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Image: www.bakchich.info
Image: www.bakchich.info

Dimanche 18 Janvier 2009, alors que prenait fin l’opération « Plomb durci » à Gaza, paraissait dans le Journal du dimanche (JDD) un indispensable « témoignage exclusif » de l’inévitable BHL [1]. « Exclusif » de tout autre point de vue sur le conflit que celui de son auteur, infatigable défenseur de la politique israélienne, et « témoignant » de la préférence accordée par le JDD au papier people et sournoisement partisan plutôt qu’à un véritable travail d’enquête ou à la « tribune libre » ayant l’honnêteté de se présenter comme telle.

Toutes les prétendues « enquêtes » de BHL, hélas, se ressemblent (voir par exemple :« Une “exclusivité” du Monde : le tourisme de propagande de BHL en Israël). Narcissisme infatué, style boursouflé, partis-pris aussi outranciers que soigneusement dissimulés : le cocktail – imbuvable – est connu, mais trouve toujours preneur. Cette fois, ce n’est pas Le Monde – peut-être refroidi par les dernières fanfaronnades de BHL en Géorgie qui avaient suscité quelques remous, notamment grâce à la publication d’un article de Rue89 [2] – mais le Journal du Dimanche qui accueille l’écrivain-philosophe-romanquêteur. Le JDD qui, on s’en souvient, avait assuré la promotion du dernier BHL-Houellebecq [3] ; un journal dont le rédacteur en chef n’est autre que Claude Askolovitch, qui s’était chargé sur RTL le 8 juillet, de dénoncer en dépit de tout bon sens « un article antisémite dans un journal qui ne l’est pas » et son auteur, Siné, provoquant ainsi le licenciement de ce dernier, sous les applaudissements de BHL [4]. On est entre gens de bonne compagnie.

Le problème posé par ces « témoignages » et autres « récits », répétons-le puisque BHL récidive, n’est pas le positionnement politique de leur auteur en lui-même, mais bien le statut de ces articles, aux allures de reportage, qui, tordant ou sélectionnant les « faits » à leur convenance, confondent allègrement subjectivité et partialité sans scrupules. Le terme de « témoignage » est à cet égard d’une précieuse ambiguïté : le terme peut connoter l’impartialité de celui qui a vu sans être impliqué. Mais comme le témoin ne peut rendre compte que de ce qu’il a vu, il suffit de ne voir que ce que l’on veut bien voir, tout en sachant d’avance ce que l’on va en dire, pour produire des éditoriaux camouflés en enquête de terrain – autrement dit, de la propagande à l’état pur.

Narcisse en Orient

Trait saillant de ces indigestes épopées, elles mettent avant tout en scène BHL, qui rend compte des réflexions de BHL, retrouve des amis de BHL, et visite des gens importants qui « témoignent » d’abord de l’importance de BHL. Ainsi, on suit Bernard chez Ehoud Barak (« Ehoud Barak chez lui. Je l’ai vu, hier, à Palmachim, entouré de ses généraux. Et je le retrouve, aujourd’hui, dans ce salon… »), Shimon Pérès, (« Amos Oz est effondré. Le grand écrivain […] que je retrouve, à Jérusalem, chez notre ami commun Shimon Pérès… »), ou Ehoud Olmert, qui se confie aussitôt à lui ( « d’une voix plus sourde, comme en confidence, il entreprend de me raconter la dernière visite d’Abou Mazen, il y a trois semaines, dans ce bureau, à la place même où je me trouve… »). Sur les 105 phrases de l’article (hors propos au discours direct des interlocuteurs), on ne compte pas moins de 62 marques de la première personne. Soit un taux moyen de narcissisme de 59%.

« BHL-moi-je » n’est pas seulement le sujet grammatical des phrases qui valident sa présence et consacrent son importance, mais son propre metteur en scène : le metteur en scène indispensable d’un interviewer dont le « témoignage » tomberait sans cela de lui-même : quel intérêt à aller interroger les dirigeants israéliens sur place et de « témoigner » de leur discours, quand ceux-ci ont tous les moyens disponibles pour communiquer par eux-mêmes et ne s’en privent pas ? Il faut faire croire à la nature exceptionnelle des relations de BHL pour faire croire à la nature exceptionnelle des révélations qu’il rapporterait. Ainsi de sa visite à « Yovan Diskin », patron du Shin Bet, qui commence par ces mots : « Il n’a, à ma connaissance, jamais parlé. En tout cas pas depuis le début de cette guerre. […] Il me reçoit, aux aurores, dans son bureau… ». Notons d’abord qu’il existe peut-être un « Yovan Diskin » n’ayant « jamais parlé », mais il n’est pas chef du Shin Bet. En revanche, il existe un Yuval Diskin, chef du Shin Bet… dont un moteur de recherche permet de retrouver en quelques secondes un nombre appréciable de déclarations. Un exemple, en 2006, ici ; un autre, le jour même de la rencontre « aux aurores » avec BHL, ici. Mais peu importe. Le problème est que même recueillie pieusement dans leur salon, la communication du patron de l’Agence de Sécurité intérieure ou du chef du gouvernement d’Israël reste de la communication. Et que BHL la rapporte comme une révélation.

Témoin…de moralité ?

Comment croire un instant que l’intimité qu’il revendique n’influe en rien sur la façon dont BHL présente ses interlocuteurs ou considère leurs arguments ? On apprend ainsi, que « Yovan » Diskin est « est grand. Massif. Une allure militaire que démentent un jean, des baskets et un T-shirt », qu’Ehoud Olmert peut raconter « non sans drôlerie , le ballet des médiateurs trop pressés », et qu’Ehoud Barak joue du piano : « je le retrouve, aujourd’hui, dans ce salon, tout en longueur, qui semble construit autour des deux pianos dont il joue en virtuose . » D’où le choix du « témoignage » : est-ce la faute de BHL s’il ne voit en Ehoud Olmert qu’un « ministre-pianiste », et non le responsable d’une politique que d’autres qualifient de criminelle ? Liberté souveraine de la subjectivité mondaine.

Les « rencontres » de BHL sont opportunes. Est-ce sa faute si « parcourant Israël », il tombe sur Asaf, « patron d’un restaurant à New-York et, dans ses périodes de "réserve", pilote d’hélicoptère Cobra », Asaf qui déclare fort heureusement que « rien ne justifie la mort d’un gosse » et qui ajoute ne pas tirer quand il aperçoit des civils ? Mais BHL, scrupuleux, ne se démonte pas : « J’ai mis Asaf au défi de m’apporter la preuve de ce qu’il dit. Et c’est ainsi que je me retrouve ici, dans le Néguev, sur la base de Palmachim… ». Et BHL obtiendra « ainsi » la preuve, par l’image et le son, qu’Asaf dit la vérité, et la dit, du même coup, pour toute l’armée israélienne. Car BHL, rassuré de constater qu’il y a « des Asaf dans Tsahal », en conclut logiquement qu’Asaf n’est « pas l’exception mais la règle ». Cette histoire édifiante est sous-titrée : « Asaf détourne son missile ».

L’un des objectifs manifestes du périple israélien de BHL est donc de « témoigner » de la moralité d’une armée [5] au moment où celle-ci est accusée de graves et répétées violations du droit humanitaire [6]. Mais ces accusations sont passées sous silence, quand elles ne sont pas qualifiées purement et simplement de « rumeurs ». Dans le salon d’Ehud Barak, il préfère l’écouter philosopher sur le « dilemme moral auquel son armée est confrontée »

Et ce témoin de moralité est évidemment d’une totale neutralité, lui qui, on l’apprend au détour d’une phrase, va « à Sderot, par principe et solidarité, chaque fois que j’arrive en Israël ». Une « solidarité » bien sélective, et un « principe » – mais lequel ?

Des « faits »…

Une autre technique éprouvée des publi-reportages de BHL consiste, en marge de ses passionnantes aventures, à présenter comme des faits – de préférence historiques – ses propres interprétations, avec un aplomb qui tient lieu de démonstration. Ainsi, avec « Yovan » Diskin : « Ce que l’on ne peut pas ignorer c’est ce fait - ce contexte : Gaza qui, évacué, devient, non l’embryon de l’Etat palestinien tant espéré, mais la base avancée d’une guerre totale contre l’Etat juif ». Si « avancée » que ladite « guerre totale » a déjà presque entièrement détruit Israël. Ou encore, au détour d’une conversation avec Ehud Barak : « Je m’apprête à lui demander comment l’homme de Camp David, la Colombe qui offrit à Arafat, il y a neuf ans, les clefs d’un Etat palestinien dont celui-ci ne voulut pas , vit personnellement ce dilemme ». Cette présentation de l’échec du sommet de Camp David mériterait de figurer dans tous les manuels d’histoire, ayant l’avantage de formuler de façon concise la version israélienne des « faits ».

Et quand BHL ne voit presque rien, ce qu’il croit voir est encore un fait. Ayant pris soin de nous prévenir que « le point de vue de l’"embedded" n’est jamais le bon point de vue », et qu’il l’a « évité toute [sa] vie », notre baroudeur saute dans véhicule militaire israélien et « témoigne » :

« Et puis, enfin, je peux me tromper mais le peu, très peu, que je vois (buildings plongés dans l’obscurité mais debout, vergers à l’abandon, la rue Khalil al-Wazeer avec ses commerces fermés) indique la ville sonnée, transformée en souricière, terrorisée - mais certainement pas rasée au sens où purent l’être Grozny ou certains quartiers de Sarajevo. Peut-être serai-je démenti quand la presse entrera enfin dans Gaza. Mais, pour l’heure, c’est, encore, un fait. »

Comprenons bien : « dans l’obscurité », BHL voit « très peu » et peut « se tromper », mais il n’en est pas moins « certain » que la ville dont il entrevoit les faubourgs n’est pas « rasée » parce qu’il voit des buildings debout – comme il en restait sans doute dans Grozny et dans d’autres « quartiers » de Sarajevo. Voilà pour le « fait », dont il anticipe prudemment le « démenti ». Une telle rigueur laisse sans voix.

…Et des « rumeurs »

Quant aux informations mettant en cause l’armée israélienne, et qu’il conviendrait, comme les autres, de vérifier, elles ne portent plus sur des faits à peine entrevus, mais ne sont que des « rumeurs » sans consistance :

« Nous parlons, aussi, des armes terrifiantes qu’utiliserait Tsahal (et dont l’effet serait d’"avaler" l’oxygène autour du point d’impact). La rumeur du jour , pourtant, cette histoire de maison où l’on aurait, dans la zone de Zeitoun, attiré cent personnes avant de tirer dans le tas lui semble si insensée qu’il ne sait, ni par quel bout la prendre, ni comment elle a pris corps. Tout a commencé, semble-t-il, par un vague témoignage recueilli par une ONG . Puis quelques journalistes : "Qu’on laisse la presse entrer - comment, si nous ne sommes pas là, démentir les on-dit ?" Puis c’est le village médiatique planétaire qui s’est emballé : "Tsahal aurait... Tsahal pourrait... le docteur X confirme que Tsahal serait à l’origine de...". Ah le poison de ces conditionnels subtils et soi-disant prudents ! Dans deux jours, on ne parlera plus de la rumeur de Zeitoun. »

Ah le poison de ces assertions sans preuve et rapportées sans recul quand elles émanent des autorités israéliennes ! Et BHL, témoin borgne de la propagande de guerre, de pontifier : « La désinformation, ou le mythe hébreu de Sisyphe ». L’information, ou le mythe vénéneux de BHL.

« Autre rumeur dont j’ai pu, moi-même cette fois, vérifier le caractère infondé : celle du "blocus humanitaire" ». Au passage, BHL règle son compte à une autre rumeur. La « vérification » consiste simplement à tenir pour vraies des allégations d’origine inconnue et des déclarations de source non identifiée : « Je passe sur l’affaire des ambulances touchées par erreur par Tsahal mais bloquées, à dessein, par le Ministère de la Santé du Hamas qui prend ses civils en otage et ne veut surtout pas les voir soigner à l’hôpital Soroka de Beer Sheba. » Comment BHL a-t-il pu s’assurer d’une « erreur » de Tsahal ou du « dessein » du Hamas ? Mystère… Reste la première « rumeur » : « L’information décisive c’est ce mercredi, 14 janvier, que je la recueille - au terminal de Keren Shalom, extrême sud de la bande de Gaza, où une centaine de camions passent, comme chaque matin, sous l’œil vigilant des représentants des ONG. Mais les faits sont les faits. Et le fait est que ce sont plus de 20.000 tonnes qui sont entrées, depuis le début de l’opération, sous pavillon de l’Unicef ou du World Food Program... » D’où BHL tient-il ce « fait » ? Mystère… En revanche, il ne manque pas de le commenter à l’aide du propos que lui aurait adressé un lettré : « Comme me le dit le colonel Jehuda Weintraub qui fut, dans une autre vie, l’auteur d’une thèse sur Chrétien de Troyes et qui rempile, à soixante ans, dans la "Coordination" de l’aide : "La guerre est toujours horrible, criminelle, pleine de fureur ; pourquoi faut-il, à son atrocité, ajouter encore le mensonge ? ". » Une remarque pleine de bon sens. Pourquoi « ajouter le mensonge » quand on peut se contenter de demi-vérités, et d’une présentation biaisée et tronquée de prétendus « faits » ?

Résumons : un « vague témoignage » contredisant la version et la vision des autorités israéliennes est une « rumeur ». Un « vague témoignage » de BHL suffit en revanche à établir des « faits ».

Témoin… ou porte-parole ?

Selon le chapeau du JDD, BHL a rencontré « tous les dirigeants israéliens ». Tous ? Non. Mais, à la lecture de son « témoignage », il semble qu’il ait essentiellement rencontré des Israéliens, pas tous « dirigeants », mais tous partisans de l’opération en cours [7].

Mais soyons juste, BHL rencontre aussi des Palestiniens, ou des « Arabes israéliens » (comme il est « convenable » de les nommer quand ils vivent en Israël…). Trois rencontres (en une semaine…) dont chacune illustre la bienveillance et l’équité de notre écrivain voyageur.

- La première rencontre a lieu dans « l’une de ces villes d’Arabes israéliens qui ont choisi, en 1948, de rester chez eux », où BHL arrive au milieu d’une manifestation : « 15.000 personnes qui protestent contre le "génocide" de Gaza ». Premier mot « arabe » rapporté par le « témoin ». Une conversation va même s’engager entre ce dernier et un de ces « jeunes en cagoule qui hurlent [8], au cœur d’Israël donc, des appels à l’Intifada », une conversation qui vaut d’être rapportée en intégralité :

« "Cet Israël que vous vomissez n’est-il pas votre Israël, demandé-je à l’un d’entre eux ? N’est-ce pas l’Etat dont vous êtes les citoyens, au même titre et avec les mêmes droits que ses autres citoyens ?" Le garçon me considère comme si j’étais un fou. Il me répond qu’Israël est un Etat raciste qui le traite comme un sous-homme, l’interdit d’Université et de night-clubs et n’a, en conséquence, aucune fidélité à attendre de lui. Sur quoi il rattrape ses camarades - m’abandonnant à ma perplexité : belle solidité d’une démocratie qui s’accommode, en temps de guerre, d’un citoyen sur cinq au bord de la sécession politique. »

Les propos du jeune hurleur ne méritent sans doute pas, à la différence des autres interlocuteurs (israéliens), d’être rapportés au discours direct. Mais peu importent au fond l’authenticité de la rencontre et la « fidélité » de BHL. On retiendra plutôt sa « perplexité » en face d’une contradiction manifeste entre sa vision d’Israël (« Etat dont vous êtes les citoyens, au même titre et avec les mêmes droits que ses autres citoyens ») et celle d’un Arabe israélien (« Etat raciste qui le traite comme un sous-homme »). « Perplexité » qui pourrait déboucher sur un questionnement, une remise en cause, ou pourquoi pas une enquête « exclusive » ? Sans surprise, BHL préfère au contraire en profiter pour… chanter à nouveau les louanges d’Israël (« belle solidité d’une démocratie »), trop bonne de « s’accommoder » de ces Arabes qui la critiquent !

- La seconde entrevue est d’abord une interview ratée, celle d’Abou Mazen, absent de Ramallah. BHL joue de malchance, Yasser Abdel Rabbo, dont il prend soin de rappeler qu’il a porté avec lui « naguère, le plan de paix de Genève », est absent lui aussi. Il se rabat donc sur « Mustapha Barghouti, Président de la Palestinian Relief Society - ainsi que Mamdouh Aker, médecin, autorité morale et vétéran du dialogue israélo-palestinien ». Une place croissante est laissée aux Palestiniens puisqu’ils prononceront quatre autres mots, dans une conversation entièrement rapportée au discours indirect :

« Ni l’un ni l’autre ne croient au sérieux d’une offre de paix portée par un Premier Ministre sur le départ. L’un comme l’autre parlent avec sévérité d’un Abou Mazen coupable d’instaurer un "Etat policier". Et je sens surtout comme ils prennent garde de ne surtout rien dire qui paraisse accabler un Hamas dont la rue palestinienne, ils le savent, est solidaire. Et pourtant... En y réfléchissant bien, en écoutant le premier me dire sa nostalgie du "plan saoudien" de coexistence des deux Etats, en voyant le second s’animer à la seule évocation de sa "Lettre à Itzak Rabin" publiée, en 1988, par le Jérusalem Post parce que les journaux arabes l’avaient refusée… »

Un résumé de quatre phrases qui rapporte moins des propos que leur interprétation par BHL, et qui, on en conviendra, n’ « accable » pas trop Israël. Mais ce n’est pas terminé.

- Dernière évocation des Palestiniens : « Et pourtant […] en observant enfin, au retour, l’allure des jeunes gens et le visage dévoilé des jeunes filles qui font la queue, avec moi, pour entrer à Jérusalem, au check point de Kalandiya, je me surprends à y croire à nouveau. Ils sont là, bien sûr, les interlocuteurs d’Israël . Ils sont là, les partenaires de la paix future. »

Certes, « ils sont là ». Mais BHL ne leur adressera pas la parole et ne la leur donnera pas. Tout un symbole – doublé d’une réalité statistique : sur l’ensemble du texte, le nombre de mots prononcés (au discours direct) par des Israéliens, tous favorables à la guerre, est de 442, soit 17,6%. Et l’on a vu dans quel contexte favorable ces discours étaient tenus. Le nombre des mots prononcés par des Palestiniens ou des Arabes israéliens est de 5 (« génocide », « plan saoudien », « Etat policier »), soit 0,20%. Un « témoignage » équilibré.

Un « témoignage » ? Non. Un tract de propagande, recyclé quelques jours plus tard sur France 2. Une version illustrée des commentaires parus quelques jours plus tôt dans Le Point. Une nouvelle imposture.

Olivier Poche

Lire la suite : Annexe : le grand art du recyclage

Notes

[1] L’article est surmonté de cette présentation : « Pour le JDD, l’écrivain Bernard-Henri Lévy a parcouru Israël pendant huit jours au cœur de l’opération "Plomb durci", rencontrant tous les dirigeants de l’Etat hébreu. Un témoignage exclusif. »

[2] « BHL n’a pas vu toutes ses "choses vues" en Géorgie ».

[3] Voir ici même : « Le JDD d’Askolovitch présente : une coproduction BHL-Houellebecq ».

[4] Dans une tribune publiée dans Le Monde du 22 juillet 2008 et intitulée « De quoi Siné est-il le nom ? »

[5] Et de l’humanité de ses membres : ainsi, embedded, il souligne « la lassitude, le dégoût profond de la guerre » des réservistes qui l’accompagnent, dans une contre-propagande aussi caricaturale que le « cliché qui veut réduire Tsahal à un ramassis de brutes s’acharnant sur les femmes et les vieillards », cliché pris… par BHL.

[6] Pour un aperçu de ces accusations portées notamment par le CICR, MSF et l’ONU, lire par exemple « A Gaza, l’attitude de Tsahal révolte les humanitaires », dans Libération du 10-11/01/09

[7] Le seul point de vue divergent est évoqué au détour d’une phrase (« On peut - comme les pacifistes israéliens - se dire que la destruction des dits tunnels aurait suffi. On peut - c’est mon cas - estimer que, cette guerre ayant déjà eu pour effet de faire découvrir à la planète leur existence et de mettre donc les Egyptiens au pied du mur, Israël pourrait s’en tenir là et, dès aujourd’hui, 11 janvier, cesser le feu. »), dans un raccourci ambigu qui suggère que les « pacifistes israéliens » (que BHL n’a semble-t-il pas rencontrés) auraient soutenu la guerre…

[8] Car les manifestants qui scandent des slogans n’ayant pas l’heur de plaire à BHL « hurlent », « braillent » (« comme le braillaient les manifestants de ce week-end… », Le Point, 8 janvier 2009), ou « vocifèrent » (« ces foules d’Européens hurlant, vociférant, déchaînés… », Le Point, 15 janvier 2009).


http://www.acrimed.org/article3062.html


Jeudi 29 Janvier 2009"

mardi 27 janvier 2009

Le songe du mensonge

"On devait chanter comme ça dans les champs de coton."
Jean-Claude Narcy, cérémonie d'investiture de Barack Obama, TF1, 20 janvier.

Obama est noir, entend-on répéter à longueur de journée, comme si le fait d'être noir changeait la donne. Obama est noir : pour un peu, en noir, il lavera plus blanc. L'Occident? L'Amérique? Le dollar? La mémoire? Pour un peu, on en oublie le plus important, avec ce premier mensonge. Que l'on songe : Obama le Noir est métis. Ca crisse. Ca trisse? Déjà, présenter un métis comme noir, ça en dit long sur le mensonge et le pédigrée qui habitent l'Occident.
On nous répète à l'envi que ce Président est Noir. Moi, je regarde les faits : son père est noir. Sa mère est blanche. Conclusion irréfutable : Obama n'est pas Noir. Si les Occidentaux acceptent de prendre pour un Noir le métis, comme les tocards de Français qui croient que Noah ou Dieudonné sont noirs, c'est qu'ils sont racistes sans le savoir. C'est qu'ils croient à la catégorie du Noir différente du Blanc.
Et les stratèges qui ont lancé le produit Obama-le-Noir-rédempteur-du-fait-de-sa-couleur ont trop bien mijoté leur coup. Depuis le temps qu'ils nous prennent pour des corniauds, ils peuvent se permettre l'audace de l'impunité. Songez : ils nous ont enfumé avec JFK, endormi avec Luther King, benladenisé avec le 911... Avec tellement d'autres coups merveilleux et mystificateurs. Mystiques?
Pensez! Ces gens ont la religion de la mystification en eux. Ils s'autorisent toutes les story tellings, en fait. Après JFK le catholique élu au pays des WASP, Obama le Noir blanchi au pays des Yankees. C'est ça, le rêve américain : faire croire que le désir est ce qui est. Eh non, Obama n'est pas noir, pas plus que l'Amérique n'est le pays des Blancs. Monroe n'est pas Latino. Elle ne fut pas la femme d'un balayeur de la middle class. Faut pas rêver. Par contre, elle est morte assassinée. L'astre luit, mais il vacille, il grésille, il titube.
Mais si l'on ne se raconte pas trop d'histoires, les États-Unis ne sont pas le pays des cow-boys et des shérifs. Fais-moi peur. Aujourd'hui, les amers y (Mac) Caïn sont le produit d'un vaste melting pot : des Blancs, des Noirs, des Latinos, des Asiatiques... Tous potes. Tu complotes? De quoi avoir une campagne Benetton en Kodak. Pensez! Un pays neuf qui réussit à recycler du vieux et de l'usagé, qui lance sa grande promotion de la jouvence, son élixir de la cadence, qui tutoie l'exploit de mélanger toutes les communautés, communautarisées soit dit en passant, et qui ne contient plus d'autochtones véritables.
Les Indiens. Les Indiens sont dans la peine! Dès le départ, y'a erreur sur l'identité : les Indiens authentiques viennent de l'Inde. C'est vrai que la découverte de l'Amérique repose sur une sacrée erreur d'identité. Erreur de casting dès le départ. Erreur sur la personne. L'identité est floue, floutée, vague, fausse. On brouille l'identité avec la modernité. L'erreur d'identité continue parce qu'elle a commencé avec le Nouveau Monde. Le Nouveau : faire du monde avec de l'Ancien.
L'identité s'enfle comme la grenouille : les faux Indiens sont remplacés par des Européens en peu de décennies. Autrement dit, le rêve américain constitue son mensonge. Que l'on songe au mensonge. Le rêve au sens onirique : la confusion entre le rêve et la réalité. C'est une vacherie de pathologie, la confusion. Et c'est vraiment l'essence du rêve américain. L'identité brouillée de la nation moderne. Plus personne n'est quelqu'un. L'Américain n'est plus personne. Le citoyen moderne n'est plus personne. Demandez à Ulysse.
Ulysse a dézingué le Cyclope en l'enfumant sur son nom. Obama dézinguera la crise en l'enfumant sur le NOM. Identité de la Bête : Nouvel Ordre Mondial. La rengaine dégaine : la perte d'identité est la soeur du mensonge. La perte d'identité est la nièce du songe. Le NOM est le leurre de l'identité perdue. Le mythe de l'Atlantide introuvable. Comme Ulysse, les États-Unis reposent sur un crime impuni. C'est toujours le pire. Mieux vaut un bon châtiment à un crime sans auteur. Faut toujours un responsable. Faut toujours une identité.
La confusion entre le désir et le reél. Les États-Unis sont le pays de l'Hyperréel. C'est le pays du désir qui prétend régenter le réel et qui a pris la place du réel. Les Américains sont des créatures de rêve : les Floridiennes sont torridiennes et les Californiennes siliconées à la paire de seins XXL. Et Obama est le Président Noir. Il revient, il revient... Au fait, qui ça revient? Le Président Corsaire?
Yeaaah! Après l'esclavage, voilà Rambobama qui va purifier l'Amérique de ses démons esclavagistes avec son arme bionique et magique : le Nouvel Ordre Mondial. Laver l'affront de l'esclavage, les années de discrimination raciale, le Sud esclavagiste à mort, le KKK et la Confédération : faut vraiment être naïf pour croire que l'esclave est le problème. Obama viendrait racheter l'esclavage. Je vous remémore le décor : c'est pas l'esclave qui a besoin de rédemption. C'est le Ricain de l'Hyperreél. Le Ricain qui est sorti du réel en sortant de ses gonds. Normal : défaut de présentation de ses papiers. Sans papiers, t'es plus rien. Sans papier, t'as plus d'identité.
Sans papier, t'es une vieille feuille d'Hyperreél. Heureusement, Obama est là, et grâce au NOM, il va sauver le Ricain, l'esclave et le monde. Le NOM est la rédemption ultime. Après le Suprême NTM, le Suprême NOM. Aux States, depuis le PAtriot Act et toutes les lois liberticides, ils flippent carrément des puces et des cartes : mais c'est normal de surveiller les Ulysse contemporains, ceux qui n'ont plus d'identité autre que leur désir en délire. Dans le monde de l'Hyperreél, peut-être qu'Obama est noir. Peut-être qu'Obama noircit? En France, on connaît la rengaine : on nous a déjà fait le coup du Progrès symbolisé par une femme. Et bientôt le Progrès incarné par un gay?
Rayon guêpier de Noé, on s'y connaît! Alors le Noir qui incarne le Progrès, rien de très choquant. C'est même une régression faramineuse. En y réfléchissant, possible que la France soit l'ancêtre des États-Unis et qu'on ait un temps d'avance. Pas de retard. Nous, les Vieux du Continent-père, on est des purs de l'identité. Les Nouveaux sont des brouillés de l'identitaire. Leur discrimination positive accouche d'une souris nommée montagne. Tenez, Obama : ce Noir est le lointain cousin d'un certain Cheney. Pas mal, comme ascendance pour un Nègre pur souche!
Après Kerry en 2004, de la même société secrète que son adversaire politique W., Obama cousin de Dick, la baleine qui se cache à l'eau. C'est un signe qui ne trompe pas : notre Noir de façade est proche des familles WASP par sa mère ravalée. Finalement, il n'est pas aussi étrange que ça, le bon Barackuda! Proche de la famille Cheney, la sirupeuse Lynn et la cliqua, ça veut dire héritier des cercles de la haute bourgeoisie de la Côte est, Dallas et le toutim, les milieux anglophiles et impérialistes, les factions bancaires issues de l'Empire.
On a vu pire comme héritage. Comme dynastie. Dynastie? Ca empire, l'impérialisme? C'est donc ça, le côté maternel d'Obama? Obama serait-il dans le fond un dérivé de WASP, un WASP qui donne le change, un WASP qui jamais ne change, fort proche et fort loin des désesclaves du Sud, ces corps d'ébène enlevés à leur Côte d'or pour les besoins inépuisables de l'Oncle Ben? Obama fait du cinéma. C'est un Noir de pacotille qui présente toutes les apparences du Noir d'Occident : toujours joyeux, forcément travailleur (puisqu'il a réussi), avocat défenseur des femmes (JFK était lui défonceur), cool, calme, zen, serein, rigolo, gentil, quenottes blanches, athlète de fond, hédoniste, play boy, basketteur, rythmé... Bref, toutes les qualités de la réussite américaine.
En fait, en fait : Obama est un WASP qui a fait sa carrière à Harvard. C'est un avocat. Typique produit WASP. Réussite WASP. Académisme WASP. Obama est le Noir WASP. Ce métis de la haute cache sa WASPitude derrière la modernité en vogue. Obama est le WASP du NOM. NOM de noms! Comme notre bon Sarko frenchie, Obama a grandi entre familles recomposées, balloté entre son père biologique et son père adoptif, entre un Kényan alcoolique et un Indonésien musulman.
Obama a aussi vécu à Honolulu avec ses grands-parents. Le Paradis hawaïen après l'Islam? L'Islam vaut-il mieux que l'alcoolisme? Le père indonésien musulman était-il aussi alcoolique? Entre l'Enfer et le Paradis, Noir Obama a paradé. Il a galéré à force de recourir à son identité morcelée. Son identité de métisse qui glisse. Pour la galerie, Obama appartient à toutes les religions. Il n'est pas animiste. Il n'est pas musulman. Il n'est pas même javaniste - comme son père adoptif et temporaire. Est-il sioniste? A-t-il dansé la javanaise avec sa soeur Maya? Vraiment, il serait temps de comprendre que ce décomposé de famille n'est pas plus le protestant d'une de ces églises réformées et déformées, dont les Américains plus que tous autres ont le secret (de famille).
Par son père noir de noir, Obama n'est pas swahili. Il n'est pas plus français, belge, allemand, irlandais, anglais... Il n'est pas parent éloigné avec Brad Pitt et une multitude de célébrités : W., Ford, Johnson, Churchill... Obama n'est pas un Noir du ghetto de Brooklyn, comme d'autres anonymes le furent de Varsovie. C'est un Noir d'identité décomposée, qui a fait carrière entre Harvard, le temple de l'académisme anglo-saxon, et Chicago, le Panthéon de l'ultralibéralisme tendance pègre. Obama serait-il le Nègre de la pègre?
Les histoires pas claires abondent sur les contacts d'Obama, notamment avec le sombre Rezko, aujourd'hui expédié en prison. Rezko? L'affairiste qui a fait fortune en levant des pots de vin et en blanchissant de l'argent sale dans la construction de logements sociaux? Et - à part Rezko? Vous voulez que je vous parle du principal bailleur de fond de la campagne Obama? Soros est le pion des factions financières issues de l'Empire britannique, qui se sont illustrées dans la création des fonds d'investissement opaques, notamment les paradis fiscaux. On a le paradis qu'on peut, mon bon avocat...
Soros tient un faux fond, un fond sans fond, un fond sans teint, implanté dans des îles spécialisées dans le blanchiment de la drogue. Ah, la came! La coke est blanche, Obama noir. Quel est le rapport? Ca fleure bon la pègre. La pègre du Nègre? Sauf que la mafia hors-la-loi rassure, alors que l'Ecole de Chicago et les ultralibéraux assurent. Les mafieux associés au diable s'habillent en cols blancs (Prada?) et circulent entre les Bourses et les banques. Les banksters sont-ils des mafieux ou des hamsters? Obama le Noir a-t-il un col Mafia? Un col Mao? Un col WASP? Un col NOM? Un col cool? La mafia institutionnalisée, c'est pire que le pied. C'est du panard : on sort de Harvard, on fait avocat dans les affaires - le tour est joué. Déjoué?
Obama est métisse, au carrefour de tous les mélanges. Obama est métisse, un mélange de couleurs. Le NOM serait-il le Nom Oppressant du Mélange? Obama est-il le métisse des WASP, un pion du Progrès immanentiste, un métisse tardif, un métisse postcolonialiste, un métisse de l'Hyperreél? Questions qui dérangent : le NOM serait-il l'invention des WASP et des factions financières pour imposer leur horde oligarchique? Obama serait-il la tête d'affiche du NOM? Le Noir Opérationnel Mondialisé? La mission religieuse d'Obama l'immanentiste sera-t-elle de réconcilier l'Hyperréel et le reél? De réconcilier les Palestiniens et les Israéliens? Par les temps de crise financière qui courent et qui coupent, la bulle et la dérive des dérivés, ce ne serait pas du luxe... Si c'est du gâteau, ce serait du gâteux!
L'identité d'Obama n'est pas la Nouvelle Opération Marionnette du protestant puritain, dans la tradition de la bonne bourgeoisie WASP US. C'est comme la famille Bush : W. sauvé par Dieu a décidé de sauver les barbus et les barbares en ouvrant Guantanamo. W. est un barde qui ne plaisante pas. Avec Obama aussi, ça barde. Gare aux embardées! Chez les Obama And Family, on est à la fois religieux et athée. On est un peu musulman, un peu protestant, un peu animiste, un peu javanais, un peu sioniste, un peu tout. Un peu rien. Obama a été élevé sans religion et il est protestant réformé. Double protestant. Double dissident. Peut-être triple, voire quadruple. Est-ce encore du christianisme? Ou est-ce que la mutation chrétienne, monothéiste et religieuse a accouché d'une hérésie nouvelle? Drôle de religieux que ce converti contestataire, protestant convaincu, un temps javaniste et/ou agnostique! Le parcours d'Obama indique clairement d'où vient l'immanentisme : d'une mutation religieuse en stade terminal.
On nage dans le grand métissage religieux. Après le métissage culturel et éducatif. Le brain storming suprême est religieux. Regardons la chose en face. Prends-la dans ta face! Obama est un immanentiste typique, le représentant attitré de l'immanentisme tardif et dégénéré. Il est avocat, il est de Harvard, il est de Chicago, il est métisse... Bref, il avait tout pour incarner le dépassement de la religion dans la religion du déni de la religion.
Comment s'étonner qu'un Noir ait battu une femme? Notez votre Honneur que je n'ai pas prétendu qu'il avait battu sa femme. Il a battu une femme. Nuance. Si Hillary C. est femme comme Obama est Noir, je demande une expertise gynécologique dare-dare. Pensez! Ca expliquerait bien des choses. Notamment pourquoi son mari de Bill avait tellement les boules qu'il fumait le cigare havanais en compagnie d'une vraie femme, du genre des stagiaires dévouées... C'est hallucinant, mais si Hillary est aussi femme qu'Obama est noir, alors Hillary n'est pas une femme. Au mieux, c'est un travelo, avec chirurgie plastique et ravalement intime.
Finalement, rien d'étonnant à ce qu'Obama soit passé devant Hillary aux primaires démocrates. Hillary serait hilarante en drag queen, mais le plus probable c'est que Hillary soit une femme. Bref, Hillary est conformiste jusqu'aux bouts des ongles (manucurés et facturés). Hillary est trop femme. Entendez : Hillary est trop humaine. Ne la laisse pas tomber. Elle n'a muté en rien, alors qu'Obama a muté - en rien. Notre Surhomme est métis noir. Hillary est juste une femme femme. Obama est plus qu'un Noir. C'est le Noir de l'immanentisme. Si l'on suit la carrière affairiste d'Obama, de l'avocat au sénateur, puis au Président, il est le Noir des cols blancs, et plus précisément : il est le Noir des cols WASP.
Obama est l'astre noir cher à Nerval. Il est le trou noir mystérieux, celui qui aspire - vers où? Obama inspire l'identité de la vacuité. Si l'on doute de cette identité différante et différée, constatons qu'Obama exprime le Progrès du néant. Le NOM est le Progrès du néant. Le gouvernement unique et mondial est le Progrès du néant. On dit que la mort égalise tout. C'est vrai. Mais que l'on songe à la parenté de la mort et du néant.
Le néant est le Progrès suprême en ce que la néantisation est le plus grand égalisateur. Le grand égalisatueur. Le Néant Ordonné Mondial. Obama n'a pas besoin de proposer quoi que ce soit de réel, puisque le néant est plus Progrès que le réel. Que ses détracteurs ont tort de dénoncer la vacuité de ses discours cajoleurs! Si Obama proposait quelque chose, il sombrerait en dessous du néant. En ne proposant rien, Obama est fidèle à son programme comme il est fidèle à sa religion dissidente. C'est facile et c'est évident : ne rien faire - d'autre que le désir. Obama est le porte-parole du désir. Le porte-parole du néant.
Pourquoi avoir fermé Guantanamo la Cubaine, résurgence de l'Inquisition espagnole? Facile de fermer Guantanamo, plus dur d'arrêter la guerre en Irak, exténuant d'empêcher la guerre contre le terrorisme, impossible d'endiguer la crise systémique... Normal : la Crise, c'est la crise de l'Hyperreél. C'est la crise du désir qui s'est fait plus gros que le reél, qui enfle comme une enflure et qui éclate. Echec et mat. La crise sur le gâteau. La cerise de la crise.
On sait maintenant pourquoi il ne faut pas sombrer dans la démesure : la démesure abrite le vent du néant. Un pas de danse, un pas de salsa, Guantanamo. Guantanamerica! Vamos, Cubacabana! Fidel n'a qu'à bien se tenir : le grand ennemi américain est à ses portes. Castro fut le Satan communiste pour les hystériques anticastristes d'Amérique, qu'ils soient ou non cubains. Un Satan en chasse un autre : depuis que le communisme est tombé, Castro est devenu un petit Satan. Un Satan castré?
Le nouveau Grand Satan est moins rouge et plus vert, avec une grande barbe et un turban sur la tête. Le Vieux Satan de la Montagne. Ca vous gagne. Mieux que Khomeini et tous les ayatollahs du réel. Oussama le terroriste de l'Hyperreél. Ce génie vous met en déroute tous les systèmes de surveillance aériens des États-Unis, y compris les systèmes militaires, pendant un petite heure. Et après, pour le coincer, vous pouvez toujours cavaler. Aussi invisible que diabolique, je vous dis. A ce compte, le néant a trouvé son incarnation du moment : c'est le Maure. Après le Péril Rouge et avant le Péril jaune, le Péril maure?
Et si la mort égalise tout, le Maure égalise encore plus. Le Maure église? Le Maure aux dents? Le Maure est le vent du néant. Le sirocco gagnant? Le simoun triomphant? Le balaguère nonchalant? Le maure vent est morveux. Barack se prénomme secondairement Hussein, et c'est tant mieux. Après la mort de Saddam, un sacré Hussein, pendu haut et court par les GI's, Barack est le musulman des immanentistes. Il est le Hussein américain, celui qui rachète les fautes de son homonyme - et de ses assassins. W. a tué Hussein? Barack est la rédemption réincarnée de Saddam. Comme il est le Noir des immanentistes. Hussein est aussi musulman que Barack est noir. Déjà que Saddam n'était pas très musulman...
Ce polyreligieux est musulman comme Mahomet est son prophète. Notre bon Hussein d'Amérique vient racheter de l'islamophobie entretenue sous les limbes de la juste guerre contre le terrorisme. Les immanentistes, les occidentalistes, les démocrates, les atlantistes, les laïcs, tous les progressistes avancés et éclairés par les Lumières attendent que l'Islam devienne présentable, rhabillé laïc et moderne. Bref, que l'Islam s'occidentalise, lâchons le Maure.
En attendant la tentation de l'attentat, l'Islam non occidentalisé et laïcisé nagera dans la barbarie. Il n'est besoin que de considérer les terroristes innombrables qui pullulent dans les madrassas du Pakistan, qu'Obama l'Indonésien connaît bien et qu'il voudrait tant détruire - avant de s'attaquer à la Russie. L'Islam est malade de la civilisation supérieure, la civilisation occidentale. Hein, Huntington? Hein, Lewis? Hein, Kissinger? Hein, les golems des Professeurs Elliot et Strausz-Hupé?
Avec Obama, les États-Unis fer de lance de l'Occident tiennent leur musulman comme ils tenaient leur Noir. Ils ont un WASP certifié conforme, high quality, Harvard et j'en passe, qui leur sert d'alibi - pour l'hallali? Dans ce pied de nez sinistre, les racines tiers-mondistes et africaines d'Obama sont visées de manière ultime. Pour les distraits de la vie, les principales victimes de la politique atlantiste et occidentaliste, du mondialisme et de l'ultralibéralisme, sont les Africains.
On ne compte plus les appels stratégiques à Malthus et à l'eugénisme. Les premiers concernés sont cernés : l'Afrique du Tiers-monde. La propagande hypocrite explique que la démocratie est en Progrès progressif. La preuve? Obama après W. Si la démocratie n'est pas encore universelle, elle progresse tout doucement. Bientôt, les compromissions avec les pires dictatures seront un lointain souvenir suranné, comme le KKK et les Noirs esclaves. Bientôt... Bien tard? Envolée, la compromission des États-Unis de Kissinger avec la Chine de Mao?
Si la misère est encore majoritaire dans le monde, c'est parce que la démocratie n'est pas appliquée partout. Loin de régresser, la démocratie négresse. Pardon. Je voulais dire : la démocratie progresse. Des illuminés prétendent que l'Occident heureux a un prix. Que le bonheur des uns a le prix des autres. Que le reste du monde produit aux frais de la princesse occidentale. Mais ces contestataires sont des complotistes. Ils vous parleront encore et encore du NOM, de l'oligarchie, des banquiers, de l'eugénisme, de Wells ou de Russell, de l'Empire britannique...
Foin de tout ce foin! Nous avons Obama! Les jaloux peuvent bien calomnier - vive le marié! Quel beau parti! Quel magnifique partisan! Comprend-on à présent les noces d'Obama? Obama est l'alibi de l'oligarchie financière. Obama est le défaut qui rend possible l'impossible. Yes we can. Obama est le faux jeton de la culpabilité démocratique. Obama est au bas mot. Info : Obama est un faux, un outil de propagande, un cache-misères et un cache-vices.
Quel Progrès : du cache-sexe de la brousse au cache-oreilles du NOM! Qui s'est plaint de la victoire d'Obama aux présidentielles américaines? Mac Cain semblait heureux d'avoir perdu. Son conseiller nobellisé Kissinger semblait heureux tout court. Est-ce parce que le conseiller d'Obama, le suave et slave Zbigniew Brzezinski, est l'ami et le compère stratégique de Henry le K.?
En tout cas, grâce à Obama le Noir, musulman, démocrate, WASP, avocat, sénateur, Africain, Indonésien, recomposé, sans père, incassable, cousin d'illustres, bientôt oscarisé et déjà Président de charme, le monde de l'Hyperréel est sauvé. Le NOM a un Président. Autant dire un nom gagnant. Le Président marche sur les eaux, ferme Guantanamo, accumule les bons mots, pacifie la Palestine... Le Président est le Sauveur. Le Guérisseur. Le Marabout. Le Président est le Sorcier. Le Président est Le Président. De Hollywood? De Bollywood? De Java? Président wahhabite? Président muslim? Président de Sion? Président ultrabright? Président Kissinger? Président Rockefeller? Président Mac Cain? Président humaniste? Président du présent? Présent immanentiste.

lundi 26 janvier 2009

Au nom du NOM

"They say the sun shines for all,
But for some people in the world it never shines at all."
Bob Marley, Crisis.

« Les gens aiment bien dire que c’est une crise de confiance, mais je ne le crois pas. Je pense plutôt que nous sommes face à une crise de la réalité (‘reality crisis’). (…) Il y a trop de banques zombies dans le système. »

Sénateur John Kerry, auditions de confirmation de Timothy Geithner au poste de secrétaire au Trésor.

Alors qu'on nous présente Obama comme le messie politique, celui qui va sauver le monde de la crise systémique, alors qu'on avoue enfin que ladite crise ne fait que commencer, il serait temps de poser la vraie question : que peut faire Obama?
Pour ceux qui estiment que la crise est passée ou qu'elle va passer bientôt, voici un florilège d'interventions institutionnelles aux États-Unis, qui démontrent que la crise est systémique et qu'il est impossible de continuer avec ce système actuel.
http://www.solidariteetprogres.org/article5056.html
Obama sera-t-il le messie? On peut en douter si l'on prend les expériences d'un Blair ou d'un Sarkozy, qui furent élus dans leur pays respectif pour changer la réalité et qui n'y sont pas du tout parvenus. Blair a démissionné après ses mensonges grossiers pour légitimer la guerre en Irak et officiait comme médiateur pour la paix au Proche-Orient pour le compte du Quartet. On mesurera le résultat de son action diplomatique à l'aune du traitement de faveur qu'infligent actuellement les soldats israéliens aux Palestiniens.
Sarkozy sera le président de la crise et si l'on devait avec un peu d'humour parodier son slogan de campagne privilégié, il s'agit en fait de travailler plus pour travailler plus. Obama est présenté comme le nouveau JFK. Si l'on juge l'action future d'Obama à l'aune du destin tragique de JFK, je n'aimerais pas être personnellement comparé à Kennedy. JFK mourut assassiné par des commanditaires de l'oligarchie bancaire et industrielle. Ça ne vous rappelle rien? Le 911? On sait que des journaux anglo-saxons ont mis en garde contre cette éventualité morbide.
Voudrait-on intimider Obama en guise d'avertissement? En tout cas, l'intimidation ne viendrait pas de l'étranger ou de l'ennemi déclaré, qui actuellement présente une longue barbe et des mœurs de barbare. Oussama ou quelque autre terroriste qui s'adonne à son passe-temps sadique de manieur de mitraillette n'ont manifestement rien à voir dans cette affaire. Obama est un représentant typique de l'oligarchie financière. Il suffit pour ce faire de constater que le conseiller en stratégie et diplomatie d'Obama est Brzezinski. Ce dernier vient de sortir un livre avec Scowcroft, général bien connu du Pentagone et du Conseil national de sécurité.
Les démocrates sont ainsi alliés aux républicains, puisque le maître déclaré de Brzezinski n'est autre que l'admirable et républicain Kissinger. Kissinger travailla explicitement pour les intérêts du cartel bancaire et industriel Rockefeller. De ce fait, il se trouve proche d'une autre figure emblématique de l'oligarchie bancaire, l'impressionnant Shultz, autre conseiller attitré de Wall Street - toujours côté républicain. Côté démocrate, Rohatyn joue un rôle similaire. Rohatyn a réalisé sa carrière dans des prestigieuses banques d'affaires, comme la défunte banque Lehman Brothers. C'est un ambassadeur de haut vol, proche des intérêts Lazard, soit de la synarchie européenne et française. Que l'on relise à ce sujet le rôle de la banque Wörms dans le gouvernement de Vichy, la Cagoule, et le soutien aux mouvements fascistes européens.
Obama est le représentant indirect de ces courants. Que peut-il faire? Il est certain que la mutation immanentiste est un renversement ontologique et religieux. Ce qui en transcendantalisme passait pour du progressisme devient après la révolution historique immanentiste, soit l'arrivée au pouvoir de l'immanentisme, du conservatisme et du pragmatisme. C'est ainsi que Voltaire, qui connut l'exil et contesta le pouvoir monarchique du haut de ses certitude de libéral anglo-saxon fervent, passerait aujourd'hui pour un conservateur engagé aux côtés de l'ultralibéralisme.
Les changements se sont opérés aux États-Unis, le fief de l'immanentisme et de l'atlantisme, le fer de lance de l'occidentalisme depuis un siècle, lors des présidences conservatrices. Il n'est besoin que de citer la présidence W. comme emblème du changement. Quel président a accompagné le 911, la guerre contre le terrorisme et la crise? Les présidences démocrates (de l'immanentisme progressiste) cherchent plus à accompagner le mouvement et à le rendre plus présentable. Le progressisme immanentiste serait-il plus cosmétique?
Obama est partout décrit comme le repoussoir parfait et ultrabright de W. Comme W. passe pour un crétin, un imbécile et une mauviette, Obama est paré de toutes les vertus, en repoussoir valorisé et idéalisé. C'est une technique bien connue des manipulateurs, en particulier de l'oligarchie, que d'épuiser le représentant officiel, qui n'est qu'un fantoche et un fanfaron. En particulier, c'est une technique attitrée de la clique bancaire qui se tient derrière les figures des conseillers Shultz et Kissinger : le représentant médiatique de cette clique est le désormais nonagénaire David Rockefeller, mais ce serait une grave erreur de tout ramener à son identité cardinale, tant il est vrai que l'identité et la responsabilité immanentistes sont fragmentées et parcellaires. A jamais.
Dans ce jeu de dupes, Obama a été choisi parce qu'il est noir et parce qu'il symbolise l'ouverture et l'exemplarité du rêve américain. American way of life. Obama est chargé de faire passer en douceur les mesures qui ont été initiées brutalement par W. Les conservateurs commencent par imposer et castagner; les démocrates viennent ensuite pour confirmer et apaiser. Il n'est besoin que de rappeler qu'Obama, en bon élève de Brzezinski, applique l'une des tactiques recommandées par son maître : le soft power.
Dès lors, Obama vient pour régler la crise en douceur. Il est deux manières de régler un problème, soit du désordre : soit résoudre le problème/désordre en le remplaçant par un nouvel ordre. L'ordre succède alors au désordre. Soit faire semblant de le résoudre en l'accroissant et l'aggravant. Dans ce cas, l'ordre invoqué et fallacieux est la continuation et la gradation du désordre initial. Le problème croît.
Que fera Obama? Le représentant de l'oligarchie a-t-il les moyens de remplacer le système oligarchique par le système américain véritable, tel que Franklin ou Hamilton l'ont conçu? Ou Obama croit-il vraiment au plan conçu par l'oligarchie pour accroître son pouvoir, soit pour aggraver la crise systémique, en faisant mine de trouver un remède? Il est tout à fait envisageable qu'Obama se montre sincère et qu'il ne se rende pas compte que ses bonnes résolutions ne résolvent rien du tout, mais aggravent le mal qu'elles prétendent soigner.
De ce fait, il est tout à fait possible de croire à l'aveuglement d'Obama, au sens d'Oedipe couchant avec sa mère et tuant son père avant de se crever les yeux. Il est même tout à fait possible de croire plus généralement à l'aveuglement de la mentalité oligarchique qui ne se rend plus compte qu'elle détruit et qui estime vraiment que ses poisons présentés comme des remèdes sont des miracles. C'est le comble de la perversité : prendre le bien pour le mal et le diable pour Dieu.
Pour qualifier cette confusion et cette illusion, dont Obama est le représentant privilégié à l'heure actuelle, on pourra utiliser le concept phare du meilleur Rosset : la duplication fantomatique et fantasmatique. Le double ici à l'œuvre revient à dédoubler la crise et son remède. Je suis malade et je prétends guérir mon mal en m'empoisonnant. Je suis atteint de diabète et je prétends me guérir par un bonne saignée. J'aggrave en réalité mon mal. Après tout, c'était la technique médicale favorite de Nietzsche, qui a ingurgité toutes sortes de drogues pour guérir ses impressionnants maux.
Pour agir de la sorte, il faut certes ne pas comprendre la structure du réel, ce qui implique que l'erreur soit la source du chaos. Mais il faut surtout estimer que l'erreur est la vérité : que la remède à la crise est la poursuite et l'aggravation de la crise. En l'occurrence, Obama vient au pouvoir pour conforter et appliquer les mesures du Nouvel Ordre Mondial, soit pour rendre soft et présentable ce qui n'est jamais que l'aggravation de la destruction systémique et l'accroissement du pouvoir oligarchique dans ce contexte de destruction généralisée.
La crise systémique signifie la destruction systémique. Obama symbolise ainsi la duplication fantomatique consistant à dédoubler la crise actuelle et son faux remède de Nouvel ordre mondial (de gouvernement mondial). Pour l'oligarchie qui le soutient et qui l'a porté au pouvoir, notamment par un soutien financier inégalé, Obama va servir de caution politique pour faire croire que la crise actuelle est provoquée par la stratégie inepte de l'administration W. et que l'administration Obama va résoudre cette crise.
En gros, la crise est seulement due aux erreurs grossières de W., qui est l'incarnation du mal et de l'erreur. Obama va résoudre facilement cette crise, parce que nul besoin d'être sorcier pour se sortir des erreurs de l'alcoolique patenté. Mais le moyen que proposera Obama pour sortir de la crise risque fort d'être le faux remède par excellence, soit l'aggravation de la crise sous prétexte de la résoudre.
Le Nouvel Ordre Mondial est ainsi l'aggravation de la crise présentée comme son remède miraculeux. L'idée est simple dans sa propagande : la crise est due à l'absence de gouvernement mondial unifié. La crise est ainsi due aux États-nations modernes qui découlent de la paix de Westphalie (1648). Blair a prononcé un discours en 1999 pour annoncer que l'on entrait dans une ère post-westphalienne. Il a récidivé en 2004.
http://www.solidariteetprogres.org/article3737.html?var_recherche=westphalie
Il est fort à parier que Mark Leonard, actuel directeur exécutif de l'ECFR, pendant mimétique du CFR américain et du RIIA anglais, incarne cette conception typiquement oligarchique du gouvernement mondial comme réponse à la crise et comme sortie du système des États-nations modernes. Il s'agit de remettre en question le fondement de l'État-nation, en le transformant en des fédérations plus malléables et plus oligarchiques. Entre parenthèses, la théorie de l'ingérence chère à Kouchner rejoint par maints aspects la conception oligarchique post-westphalienne, ce qui explique entre autres bonnes raisons la présence de Kouchner aux côtés de Sarkozy en France.
Si l'on doute de la réalité du Nouvel ordre mondial comme conception oligarchique succédant à la conception des États-nations, on notera de manière instructive que de nombreuses personnalités évoquent ce Nouvel ordre mondial comme amélioration de l'ordre actuel. Dans une période de crise, il est d'autant plus légitime de lancer la réforme en question que cette réforme se présente comme la seule alternative. La crise ou le Nouvel Ordre Mondial.
Avant d'examiner la réalité factuelle irréfutable du Nouvel ordre mondial, j'aimerais constater à quel point le postulat de nature indémontrée et indémontrable s'appuie sur la production de fausses causes et surtout sur un finalisme fallacieux. Quand je dis "fausses causes" au pluriel, je devrais dire "fausse cause" au singulier, tant il est vrai que par contre-projection, l'on observe le simplisme de l'erreur, simplisme de structure monocausale, ce qui explique sans doute que le complotisme soit présenté comme explication monocausale fallacieuse.
Au lieu de suivre le raisonnement menant de la crise financière actuelle à sa solution par des plans bancaires fous, puis par le Nouvel Ordre mondial, que l'on commence par constater que les médecins sont les empoisonneurs et que le Nouvel Ordre mondial n'est que le prolongement de la crise. Comme tel, il ne peut être que son aggravation conséquente. Par conséquent, il s'agit de substituer au faux finalisme un finalisme plus vérifiable, c'est-à-dire davantage fondé sur les faits. Le finalisme oligarchique passe de la crise au Nouvel Ordre mondial en ne respectant surtout pas les règles des faits et du finalisme. La preuve de l'erreur ou de la vérité tient en premier lieu à l'examen des faits; et seulement ensuite à la logique interne qui prévaut dans l'échafaudage des hypothèses.
J'en reviens à la duplication fantomatique d'Obama. En particulier, la duplication fantomatique s'appuie sur le déni, qui exprime le délire. Le déni oligarchique suprême consiste à traiter de complotiste, par agent de propagande interposé, toute personne qui met en lumière la partie ou l'ensemble du projet oligarchique, dont la structure est identique et qui mène au fascisme, au cartel et à l'anéantissement par la violence et le chaos. Mesure-t-on le déni qui se tapit derrière la révolution et le progrès du Nouvel ordre mondial?
Le déni du projet du Nouvel ordre mondial s'explique facilement : c'est qu'il repose sur l'erreur et le mensonge. Les projets oligarchiques sont inavouables puisqu'ils s'appuient sur la subversion de la démocratie et qu'ils sont antidémocratiques. Le Nouvel Ordre mondial n'est pas ce qu'il prétend figurer, un progrès pour l'humanité, la résolution de la crise et l'unification de l'humanité sous l'égide d'un seul gouvernement politique. Cette conception est si contradictoire que son examen un tant soit peu approfondi mettrait en lumière le mensonge et la duplicité (au sens où Rosset parle de double, lui qui par ailleurs est un nihiliste typiquement oligarchiste).
Raison pour laquelle le Nouvel ordre mondial, comme projet emblématique de l'oligarchie mondialisée, est conservé précieusement au secret et dans certains placards. Tous les projets de nature oligarchique sont par essence inavouables et secrets, car ils impliquent que l'oligarchie travaille dans l'ombre de la démocratie. Les projets oligarchiques concernent les meilleurs, soit les associés des cartels bancaires et financiers mondialisés et leurs alliés directs ou objectifs. Il sont contradictoires avec les principes démocratiques.
On écoutera comme un résumé factuel de l'existence du projet de Nouvel ordre mondial l'intervention de Pierre Hillard.

Pour ceux qui objecteront que je donne la parole à un invité d'un cercle de réflexion nationaliste proche du Front national, j'objecterai à mon tour qu'il ne s'agit pas ici de proposer une idéologie extrémiste, violente ou nationaliste en lieu et place du libéralisme. Il s'agit simplement d'analyser des faits. Que ceux qui sont en mesure de contredire les faits que Hillard soulèvent se lèvent et le fassent savoir. C'est finalement tout ce qu'on leur demande pour jauger de la crédibilité des recherches de Hillard. Quant à ceux qui discréditent la véracité des faits au motif qu'ils émanent d'instances politiques contestables, je leur demanderai si Mazarine P., la fille du synarchiste florentin et plus sûrement cagoulard, n'existait pas au motif que la presse d'extrême-droite fut la première à révéler son existence légitime.
On peut aussi se référer à d'autres partisans du NOM, comme W. ou son président de père, ce qui indique assez que la famille Bush est une franchise américaine de l'oligarchie anglo-saxonne et impérialiste. Sarkozy s'est également adonné à cet exercice du NOM. De nombreuses vidéos circulent sur la Toile pour immortaliser ces instants. D'innombrables autres experts, conseillers, politiciens, journalistes, stratèges, etc., ont appelé de leurs vœux le NOM. J'aimerais que l'on comprenne que l'oligarchie est unifiée dans le sens où elle est présente dans toutes les contradictions officielles de la démocratie, qu'elle a subvertie et unifiée dans le fond et en secret.
L'ennemi intime de Sarkozy sur la scène politique française, le néo-gaullien Villepin, appelle lui aussi au NOM. Les deux ennemis de la droite française sont ainsi en accord sur l'essentiel. Le socialiste DSK, dont a pu depuis mesurer récemment la probité morale après avoir goûté à sa probité politique, est également partisan du NOM, sous une variante très anglo-saxonne : gouvernance mondiale. En tant que président du FMI, il a été nommé par Sarkozy et par l'Europe.
http://www.solidariteetprogres.org/article4755.html?var_recherche=dsk
Le malaise est si profond que l'on doit en fait écouter ce que disait le gourou des diplomates atlantistes, le maître avoué de Brzezinski et d'Obama, le bon docteur Kissinger. Kissinger commente l'avènement au pouvoir d'Obama : "[L'arrivée d'Obama constitue] «un élément important pour la construction d'un nouvel ordre mondial (...) Mais cela définit une opportunité, pas une politique. Le défi majeur est de répondre aux attentes communes de la plupart des pays, à commencer par celles portant sur la crise économique, mais aussi sur la peur du terrorisme jihadiste, par le biais d'une stratégie intégrant le fait que l'on ne peut accepter de réponses nationales ou régionales aux nouveaux enjeux» (The Independant).
C'est une déclaration toute récente, qui pourrait se résumer ainsi : Kissinger est le ventriloque des factions bancaires de Wall Street et il énonce un projet dont le moins qu'on puisse constater est qu'il remonte à loin. L'intime de Kissinger, le banquier David Rockefeller, a déjà publié dans ses Mémoires des déclarations fracassantes, où il exprime sa fierté d'avoir travaillé toute sa vie au projet de Nouvel Ordre Mondial.
La mentalité oligarchique est favorable au Nouvel Ordre Mondial de longue date. A cet égard, puisque j'ai perdu hier une partie de mon enregistrement (par ma seule maladresse), je vais essayer de remobiliser les trouvailles instructives que j'avais réunies. En premier lieu, on peut sans peine noter que le CFR, véritable lieu d'édification de la pensée diplomatique américaine, est favorable au projet du NOM. Est-il besoin de préciser que tous les conseillers comme Kissinger and Co. sont des analystes écoutés du CFR et que parmi les pontes du CFR on retrouve David Rockefeller, Maurice Greenberg ou Peterson, soit trois hommes d'affaires très influents - conseillés par Kissinger?
Le CFR est mondialiste, comme son pendant mimétique et européen l'ECFR. Si l'ECFR exprime la mutation de l'Empire britannique en postcolonialisme de factions, il faut savoir que l'ancêtre du CFR américain est l'illustre RIIA. Le retour de la boucle? Comme il faut savoir que le promoteur le plus actif de la guerre contre le terrorisme n'émane pas en premier lieu des cercles américains (encore moins sionistes), mais du Bureau arabe du Foreign Office, en la personne de Bernard Lewis. Brzezinski est affilié à ses conceptions en tant que son maître revendiqué est Kissinger, auteur d'un discours remarquable en 1982 à Chatham House, le surnom du RIIA. Kissinger s'y déclare un disciple des théories impérialistes britanniques.
Quand on veut vraiment comprendre d'où proviennent ces conceptions oligarchiques, le mieux est de remonter à la synarchie européenne, qui s'est développée dans toutes les puissantes nations de la vieille Europe à partir de Venise. Le Nouveau monde n'est que le prolongement et le bras armé de l'Ancien. D'où viennent les populations des États-Unis? Du colonialisme européen. Si bien que les États-Unis ne sont le fer de lance de l'Occident que dans la mesure où ils sont influencés par les conceptions européennes.
Les États-Unis ont toujours oscillé entre une tradition d'émancipation par rapport aux principes impérialistes et colonialistes et un ralliement à ces mêmes principes. C'est ainsi qu'aujourd'hui l'impérialisme américain tant honni de par le monde n'est pas le propre d'une politique qui émanerait spécifiquement des États-Unis, mais le prolongement d'une politique dont les racines modernes remontent à des plans synarchiques sis en Europe. Les vieilles nations européennes sont les promoteurs du synarchisme, dont la politique destructrice et catastrophiste consiste notamment à avoir soutenu les deux guerres mondiales. Que l'on étudie notamment le rôle de la synarchie française dans le soutien au gouvernement de Vichy, notamment les groupes synarchiques fédérés autour des intérêts bancaires Wörms, aujourd'hui proches des intérêts Lazard.
Après tout, les Empires coloniaux ne sont-ils pas européens? Selon cette conception, les États-Unis sont le bras armé de l'Occident, pas leur propre représentant : les concepteurs de l'occidentalisme sont européens. A cet égard, il ne faut pas trop s'étonner de la passivité désespérante, voire de la complicité passive des populations occidentales, qui défendent la politique des factions oligarchiques occidentalistes.
On pourrait estimer que ces populations sont les premières à comprendre les mécanismes de domination et de destruction qui président aux destinées de l'idéal oligarchique, mais il n'en est rien. Au contraire, ces populations sont privilégiées dans le monde parce que les factions oligarchiques ont besoin d'investir (dans tous les sens du terme) des nations pour mener à bien leurs oeuvres prédatrices et destructrices. Les nations européennes protègent ainsi les factions européennes - parce qu'elles y trouvent leur compte.
Et finalement l'Occidental a intérêt à protéger de manière hypocrite son niveau de vie et ses acquis sociaux en mesurant que sa chance d'être né au bon endroit et au bon moment ne doit pas être mégotée. Combien de Français sont au courant des politiques oligarchiques du postcolonialisme baptisé Françafrique par Verschave? Combien s'en sont émus au point de se sentir concernés? Ils s'en foutent parce qu'il est plus simple de dresser l'apologie émue de la démocratie et de considérer qu'à tout le moins l'Occidental a la chance de vivre la meilleure période qu'ait connue l'humanité.
N'est-ce pas le message idéologique que propagerait le libéral Popper? En réalité, les populations occidentales couvrent la politique oligarchique parce que chacun y trouve son compte : les factions oligarchiques profitent des structures des nations occidentales; les populations profitent de la protection des factions oligarchiques. Chacun croit travailler pour ses intérêts, si bien que le désintérêt politique en Occident cache plus certainement l'intérêt cupide, perfide et bien compris. Quoique. Mal compris - en fait.
Quand on étudie des manifestes hallucinants comme ceux délivrés aux États-Unis par le PNAC (par exemple Reconstruire les défenses de l'Amérique, rapport paru en 2000) pour assurer la domination américaine pendant un nouveau siècle, que faut-il comprendre? Qu'il s'agit de la voix de l'impérialisme américain? Ou que l'Amérique sert ici de prolongement et de bras armé à la cause des factions oligarchiques occidentales dont le berceau et l'origine se tient en Europe?
On ne peut pas comprendre l'évolution politique du monde si l'on ne comprend pas que l'oligarchie subvertit la démocratie, ce qui est inévitable; et que le fondement de l'oligarchie tient dans les factions, non dans les nations caduques et dépassées. Après tout, le projet du libéralisme est d'assurer la domination du Marché, dont le fondement implicite est la faction. C'est ce qu'exprime le projet du NOM - et l'appel de certains représentants oligarchiques comme Blair à l'abrogation de la paix de Westphalie, qui définit les contours des États-nations de l'époque moderne, exprime la philosophie véritable et souterraine de ce projet révolutionnaire, au sens où un propagandiste atlantiste comme Revel parlait de révolution américaine dans Ni Marx, ni Jésus.
Selon cette grille de lecture plus pertinente qu'un décodeur, au sens où un programme informatique obsolète ne parviendrait pas à déchiffrer des logiciels trop modernes, les appels du PNAC à un nouveau siècle américain doivent être entendus comme des exhortations à la poursuite et à l'augmentation de la domination des factions oligarchiques occidentales, qui se servent des États-Unis comme de leur emblème et de leur cheval de Troie.
Le PNAC n'est pas favorable aux intérêts du peuple américain et de la nation américaine en tant que cette dernière serait impérialiste et colonialiste. La nation des États-Unis est une fédération dans la tradition des États-nations modernes, contre les projets impérialistes, en premier lieu ceux de l'Empire britannique, qui se conduisit comme un grand frère dictatorial et étouffant. Le PNAC exprime les intérêts et les idéaux de l'oligarchie de la vieille Europe, dont l'idéal de mondialisation signifie en fait l'extension - du domaine de la lutte. Le projet initial n'a pas changé d'auteurs : ceux-ci sont issus de la synarchie européenne, dont un Mitterrand était le pion, au même titre que Thatcher au Royaume-Uni.
Quand on parle du socialiste Mitterrand, il faudrait dire que Mitterrand a subverti le socialisme de Jaurès pour y introduire le ver synarchique - et qu'à cet égard, l'avènement du socialiste DSK n'est que le prolongement et la gradation d'une situation compromise depuis au moins Mitterrand. Mitterrand le florentin n'est ainsi qu'une surnom trop juste : le motif des racines des cercles bancaires et du synarchisme européen. Le projet oligarchique est promu par les intérêts des factions synarchiques européennes. Dans ce jeu de mascarade, les plus discrets sont souvent les plus puissants.
Israël n'est ainsi qu'un fantoche. Les États-Unis ne sont que des fantoches eux aussi - à un degré moindre. Ils sont trop utilisés, trop affaiblis, trop éprouvés pour n'être pas manipulés. Les Empires viennent d'Europe et sont modelés sur le moule de l'Empire oligarchique. Les factions synarchiques ne sont pas concoctées sur le principe des identités nationales. Elles subvertissent les identités nationales au sens où elles sont transversales et individuelles.
Mais les factions oligarchiques expriment l'élitisme qui recoupe les aspirations à la domination aristocratique dévoyée et dégénérée. Quand l'aristocratie se commue en oligarchie, alors son principe est que l'homme serve les meilleurs, et non plus que les meilleurs représentent l'intérêt général. Cette mutation dégénérée signe la modernité et le nihilisme comme avènement de l'oligarchie. L'oligarchie provient des élites européennes, soit des milieux issus de l'aristocratie européenne : la monarchie, les grandes familles aristocratiques et leurs serviteurs - les banquiers.
C'est ainsi que la vraie voix des factions synarchistes européennes exprime le racisme occidentaliste typique et l'élitisme occidentaliste. La vraie préoccupation des factions oligarchiques est la manière d'assurer la domination de l'Occident qui est leur tanière et leur point de repères. Pour eux, assurer la domination des factions revient à assurer la domination de leur berceau - occidental. C'est ce qu'exprime le PNAC et c'est ainsi qu'il faut comprendre l'oeuvre d'un gourou de l'oligarchie, le vénérable Robert Strausz-Hupé, qui eut le privilège de s'éteindre après le 911, soit après l'application de ses idées suprémacistes, racistes, occidentalistes et typiquement issues des conceptions synarchiques. Je dirais que Strausz illustre la transformation des idées synarchiques de l'entre-deux guerres en oligarchie occidentaliste et bancaire.
Strausz-Hupé était tellement imprégné de culture synarchique qu'il était considéré par les milieux oligarchiques américains des années soixante comme un radical un brin extrémiste et infréquentable. Raison pour laquelle il dut attendre que l'immanentisme tardif et dégénéré gagne en déclin et en décrépitude pour que ses idées deviennent enfin conformes et acceptables. C'est dire à quel point l'immanentisme croît - en dégénérescence : le libéralisme devient ultra et l'extrémisme s'intensifie.
Si l'on veut comprendre le parcours et les idées de ce Strausz-Hupé, voici un lien pénétrant :
http://www.voltairenet.org/article15022.html#article15022
On peut noter en passant que le seul professeur dont Kissinger reconnaissait l'influence est le professeur Elliot, mais c'est une autre histoire. Contentons-nous de noter que le conservateur Elliot rejoignit le centre d'idées et de recherches de Strausz, le FPRI. On voit que Kissinger n'a pas rencontré Elliot par hasard. Il importe de comprendre que Strausz est intéressant car il oppose la doctrine de la géopolitique de Haushofer, récupéré par le régime nazi dont Haushofer était en partie un proche, à son modèle identitaire, qui est le modèle des Habsbourg. Autrement dit, Strausz, un huguenot aux ascendances juives d'Autriche révère au final le modèle oligarchique et l'oppose au modèle "nazi" en se référant à une dynastie prestigieuse qui ne représente plus rien qu'elle-même et qui ne représente certainement pas la volonté générale de quelque groupe que ce soit.
C'est au nom de ce modèle synarchique que Strausz appelle à l'impérialisme américain comme impérialisme pouvant seul sauver l'Occident de la menace barbare (Chine, Russie...). C'est au nom de ce modèle synarchique que Strausz appelle à la dissolution des États-nations et de manière connexe et prévisible à leur remplacement par le NOM. Dans la pensée de Strauz, ce qui compte, c'est l'hégémonie de l'Occident. Les États-Unis sont le fer de lance de cet impérialisme. Le drame, c'est de constater le succès croissant des thèses de Strausz et leur parenté consternante avec les thèses de Kissinger et Brzezinski (et de tous les penseurs affiliés et/ou proches).
Est-ce une surprise? On pourrait poser la question de la relation entre le nazisme et le synarchisme. Historiquement, les cartels synarchiques ont soutenu la montée des fascismes en Europe. Le nazisme est une forme de fascisme. Si l'on étudie la politique de Mussolini, on se rend compte que le Duce était porté par les cartels italiens (voire européens) et que le fascisme est ainsi proche de l'oligarchie. Dans ce cas, pourquoi Strausz se trouve opposé au modèle nazi prôné par le père de la géopolitique Haushofer et favorable au modèle des Habsbourg?
Précisons que Haushofer ne fut jamais nazi explicite et qu'il connut même de nombreux déboires avec le régime nazi. Sans entrer dans les détails, il occupa de hautes positions au sein du Troisième Reich et fut déchu de ses fonctions après la guerre. Par les Américains. Il se suicida avec sa femme peu après. Quelle est la doctrine de Haushofer? Étonnamment, Haushofer est proche des partisans de la fin des États-nations.
La différence entre Haushofer et les oligarques tient au fait que le premier était partisan de la création d'États de la taille des continents. De ce point de vue, Haushofer est plus un continentaliste qu'un nazi, à moins de considérer que le nazisme promouvait un nationalisme continentaliste. En tout cas, le plus scandaleux est de constater la parenté entre l'impérialisme atlantiste et le continentaliste d'un proche du nazisme. Pis, ce proche est considéré encore aujourd'hui comme le père de la géopolitique. C'est bien que ses idées sont proches des idées atlantistes et libérales, non?
Mais Haushofer critique les visées de l'Empire britannique et de l'impérialisme qui détruit les frontières et les peuples au profit des factions. Il faut choisir : soit les continents, soit les factions. Le NOM continentaliste est conséquent, quand le NOM factionnel est hypocrite. On comprend que les empires soient défavorables à la création des États-continentaux. Cas aggravant, Haushofer est favorable à la constitution d'un État continental eurasiatique, qu'il juge inéluctable. De ce point de vue, Haushofer est antiimpérialiste en ce qu'il prône la constitution d'États de la taille des continents réunissant les États-modernes de cette zone.
Il s'oppose ainsi aux visées de l'Empire britannique et des factions anglo-saxonnes. Haushofer espérait l'alliance de la Russie, de l'Europe (dominée par la Grande Allemagne) et du Japon. Cette vison est contraire à l'impérialisme britannique, qui voit la domination du bloc occidental en tant que bloc atlantiste. Strausz s'oppose ainsi non pas aux visées mondialistes de Haushofer, mais à une conception qui est continentale et qui pense les espaces marins et océaniques en termes de continents.
Haushofer joue la carte du Troisième Reich contre les menées impérialistes des Anglo-saxons; alors que Strausz joue la carte de l'impérialisme anglo-saxon contre le communisme. De ce point de vue, Strausz juge que le nazisme est obsolète et que de toute façon ses aspirations sont antagonistes au système impérialiste occidental anglo-saxon qu'il appelle de ses voeux. Ce qu'il importe de comprendre ici, c'est que l'opposition de Strausz à Haushofer traduit l'opposition de l'impérialisme oligarchique au continentalisme.
Peut-être Haushofer se montre-t-il idéaliste, mais celui que l'on tient pour le père de la géopolitique était très défavorable à l'impérialisme, en particulier britannique. Strausz fait le choix inverse. C'est dire que Strausz fait le choix de l'oligarchie au nom de l'impérialisme et que le mondialisme libéral exprime en sous-main la domination des factions oligarchiques bancaires et financières nées de la mutation postcoloniale de l'Empire britannique. Les vues impérialistes de Strausz ne sont que le paravent des considérations oligarchiques portant en avant les factions pour remplacer les nations, alors que Haushofer joue la carte des blocs continentaux contre les États-nations nés de la paix de Westphalie.
Quand on comprend cet affrontement, on comprend que la synarchie européenne qui soutenait le fascisme et sa variante le nazisme escomptait manipuler le nazisme à des fins oligarchiques. Le terreau de la violence nationaliste permettait aux factions oligarchiques de faire imploser les États-nations et de les remplacer subrepticement par des factions, comme les cartels. Après tout, n'est-ce pas ce qui s'est produit avec l'Italie fasciste de Mussolini? Le NOM est le nom de la mondialisation telle que conçue par les factions, selon l'idéal oligarchique; de ce fait, la globalisation oligarchique s'oppose à la globalisation continentaliste selon Haushofer. On peut parler, en termes d'identité géopolitique, d'opposition entre la faction et le continent.
Quand Haushofer veut agrandir dans son idéal les frontières des nations modernes vers les continents comme États, dont le continent eurasiatique serait à ses yeux l'emblème, les oligarques impérialistes anglo-saxons veulent détruire les nations pour les remplacer par les factions sous leur coupe. On mesure que leurs appels à un gouvernement mondial ou à des fédérations subcontinentales sont destinées à abriter les factions, comme des coquilles vides qui serviraient de terriers à pirates.
Comprend-on la différence maintenant entre synarchie et fascisme? La synarchie se sert du fascisme, comme ce fut le cas en Italie avec l'ineffable Mussolini marionnette des cartels. Mais si l'on revient à notre histoire de duplication fantomatique, le lien entre ces stratèges, conseillers et experts, père ou fils de la géopolitique, s'éclaire : tous expriment les différentes voix qui poussent le système immanentiste vers une issue de plus en plus unique et nécessaire. L'immanentisme perd de plus en plus ses différentes nuances, à mesure que le temps passe et qu'il s'affaiblit. Si bien que ce qu'on prend pour de l'accroissement de pouvoir ou de puissance n'est en fait qu'un faux reflet et exprime de fait l'affaiblissement et le déclin. La disparition de l'immanentisme progressiste pourrait laisser croire que l'immanentisme pragmatique restant en place est le grand gagnant des opérations et qu'il est tout-puissant.
C'est ce qu'ont claironné tous les libéraux sans se rendre compte que leur triomphalisme accompagnait la mutation dernière de l'immanentisme vers sa forme tardive et dégénérée. La guérison du mal par le poison est la duplication préférée des immanentistes. Mais cette structure bizarre et perverse de l'esprit humain, qui consiste à voir selon son désir quand le désir est trop contrarié, s'agrémente de l'illusion de la liberté : en gros, les observateurs immanentistes, même quand ils se veulent contestataires, estiment qu'il serait faux et conspirationniste (le gros mot à la mode) d'estimer que le système actuel, l'immanentisme tarif et dégénéré, aurait fait exprès de dégénérer.
L'oligarchisme serait seulement plausible, claironnent nos avocats déguisés en procureurs, si les dirigeants de ce monde étaient contraints d'agir de la sorte. Comme nos dirigeants sont libres, l'oligarchisme est une billevesée. Il est délectable de contempler des immanentistes claironner à la liberté pour légitimer le système d'apparence démocratique. Si les immanentistes recourent à la liberté, c'est pour prouver que face au choix (de l'action et de la décision), le dirigeant immanentiste ne saurait opérer le mauvais choix de manière répétée et durable.
Ce raisonnement ne tient pas compte du fait que le système immanentiste est intrinsèquement destructeur. Par contre, on peut garder l'idée de liberté pour l'opposer à la nécessité qui est le vrai finalisme du nihilisme : la liberté immanentiste n'est qu'un stratagème pour légitimer le choix de l'immanentisme; bien vite, quand les carottes seront cuites, nos immanentistes tomberont le masque et en appelleront à la nécessité pour dire que de toute façon, on n'a pas le choix, on ne l'a jamais eu, etc.
Reprenons pourtant le schème de la liberté : effectivement, l'action humaine contient une certaine dose de liberté, mais cette liberté est une représentation fausse si elle est associée à la démarche immanentiste. Le propre de l'immanentisme est de reposer sur la nécessité comme légitimation de l'unicité du système. Plus l'immanentisme progresse, plus il croît en pouvoir et en force apparente, plus en fait il s'épuise, et plus il devient unique.
C'est en ce sens que l'on peut avancer que la nécessité cache l'unicité. En ce sens aussi que l'on peut déterminer que la liberté cache la nécessité. C'est une fausse liberté que la liberté immanentiste : l'immanentiste appelle à la liberté quand il veut cacher que l'unicité et la nécessité sont identiques. Pourquoi cacher au fond ce terrible secret? Parce que l'immanentisme est terriblement pauvre dès le départ et que cette pauvreté s'accélère et s'accentue jusqu'à exprimer le dénuement le plus terrible.
L'autre double, connexe du premier double, de l'ordre du salut, est la distinction entre liberté et nécessité : alors que l'on se demande pourquoi celui qui a le choix choisirait la pire solution, il faut expliquer que précisément les dirigeants immanentistes n'ont pas le choix. Ni du pire, ni du meilleur. Ni de la bonne, ni de la mauvaise foi. Les factions bancaires n'ont pas le choix. Leur système est prédateur; leur système détruit; leur système n'est pas viable.
Récapitulons :
1) le système laisse entendre qu'il croît quand il décroît;
2) le système laisse entendre qu'il est libre alors qu'il est contraint.
Le seul moyen, de guérir et de recouvrer la liberté est assez simple : changer de système. Il est certain qu'aucun dirigeant immanentiste ne consentirait à pareil sacrifice car il gagne trop dans l'immédiat - et pour lui, seul compte l'immédiat. Ce qu'il perd se trouve à perte de vue. Et pour Obama? Si pour lui seul compte l'immédiat, alors Obama ne pourra pas changer le système, ne serait-ce que d'un iota. Il ne sera qu'un fantoche de plus après un fantoche - de plus. Mais si Obama comprend qu'il doit changer de système s'il veut sauver le pays qui l'a élu - et l'humanité mondialisée -, alors Obama quittera l'attrait morbide et monomaniaque de l'immédiat. Entre le NOM et le nom, Obama doit choisir. S'il veut être plus qu'un pronom. Indirect.