mardi 29 décembre 2009

2010 : Thé-odyssée de Gaza

Meilleurs vœux de santé, de prospérité et de bonheur. L'année 2010 va être l'année de grand changement. Grands changements, mais - grand changement. Le changement, c'est la fin de l'impérialisme occidental et de ses dérives de plus en plus tangibles. A mesure que l'impérialisme s'effondre, à mesure que l'emprise de l'Empire britannique s'effondre, les crimes les plus atroces se décident et se dessinent. L'avenir du monde est à une coopération entre l'Occident et la zone pacifique. Si l'Occident refuse de collaborer dans un sens positif, il collaborera dans un sens négatif, en promouvant l'oligarchisme et l'impérialisme tous azimuts, avec des thèmes comme la décroissance, le péril écologique, le malthusianisme. Sinistre fin de partie. Capri, c'est fini. Chute, notre monde. L'avenir à plus long terme est en Afrique. Les hommes appelés à prendre la relève de la longue marche humaine sont ceux qui actuellement sont les plus opprimés, les plus spoliés, les plus démunis. Les Africains sont les esclaves d'aujourd'hui? Ils seront les guides de demain. Pour donner de la vie à cette carte de vœux interactifs, j'aimerais revenir sur le crime atroce de Gaza, qui s'est déroulé entre le 27 décembre 2008 et le 19 janvier 2009. Bilan provisoire rapporté par le chef des services d'urgence à Gaza, Mouawiya Hassanein : 1315 Palestiniens et 13 Israéliens tués. Blessés : 5285 Palestiniens et 197 Israéliens. Plus de 410 enfants ont trouvé la mort. Plus de 100 femmes. 410 enfants. Vous avez bien lu, 410 enfants. Qui a protesté en Occident, là où la presse est libre? Nous n'avons pas protesté - nous avons eu l'impudence démocratique de laisser la parole à des propagandistes éhontés et extrémistes qui ne se sont pas seulement rendus responsables d'une abjection sans nom; ils ont porté atteinte à l'honneur des démocraties libérales occidentales. Lisez cet article de la journaliste suisse Silvia Cattori. Il rend son honneur bafoué aux Occidentaux aveuglés et aveugles. Aux Œdipe de notre monde désinformé et désincarné.
http://www.silviacattori.net/article1054.html#nh1

Quand on tue 410 enfants, on n'a aucun argument à avancer. Quand on tue 410 enfants, on est un souffreteux. Quand on tue 410 enfants, on est un damné. Quand on tue 410 enfants, on est un incube. 410 martyrs et tous les autres sont morts pour les crimes de l'impérialisme occidental, qui tel le monstre de la légende gagne en cruauté et en barbarie à mesure qu'il agonise. 410 enfants et tous les autres sont morts pour révéler au monde de demain quelles atrocités l'impérialisme britannique occidentaliste a commis. 410 enfants et tous les autres sont morts pour que l'homme existe. Le massacre de Gaza signe la fin criminelle et nauséabonde de l'impérialisme occidental. Toutes les voix qui ont légitimé cette opération sont des monstres sans honneur. Il convient de leur pardonner, car ces voix sans voie ont perdu tout crédit et toute dignité. Tous les Occidentaux qui se sont tus devant ce massacre emblématique et insultant pour l'homme sont des lâches. Vous vouliez être des justes? Vous vouliez être des braves? Vous vouliez être des hommes? Une pensée pour les martyrisés de Gaza en cette nouvelle année. Qu'ils ne soient pas tombés pour la folie des idéologues et des dominateurs. Qu'ils soient morts pour la cause de la justice. Pour l'avenir. Pour le sens. Si ce mot a un sens : pour Dieu.

Le Salut chinois

Les Occidentaux ne comprennent pas : le seul moyen pour que l'Occident s'en sorte, c'est que la Chine s'en sorte.

Alors que de toutes parts pleuvent les informations sérieuses qui indiquent que l'hypothèse scientifique du réchauffement climatique dû à l'homme est au bas mot (Obama?) récupérée par les intérêts stratégiques financiers atlantistes, alors que la crédulité des populations occidentales n'a d'égale que l'effondrement irrémédiable du système économique de l'Empire britannique, la bonne nouvelle n'est pas tant la défaite des intérêts financiers qui composent l'Empire britannique (et leurs relais politiques) à Copenhague que le développement de la zone pacifique du monde.
Les accords entre la Chine et la Russie jumelés aux accords entre l'Inde et la Chine indiquent (entre autres) que l'économie physique est en train de repartir en terre pacifique alors qu'elle est condamnée à céder le pas devant l'hydre monétariste en terre atlantique. Les Occidentaux ne comprennent pas : ils ont perdu la main - et c'est une bonne nouvelle. Nous sommes dans un monde impérialiste qui est perdu en tant que tel. L'impérialisme a lancé sa folie furieuse vers l'anéantissement. La décroissance, le péril vert et autres effets de menace mortelle imminente constituent les moyens de propagande cherchant à traumatiser les populations pour justifier de politiques prédatrices qui n'ont rien de généreuses.
On agite un avatar raciste du Péril Jaune avec la menace chinoise qui pèserait sur l'Occident. Le pire est que la technique fonctionne - encore. Les Occidentaux pétris de bonne conscience citoyenne (le maître-mot quand on se veut au-dessus des partis politiques) avalisent des engagements qui leur sont défavorables et qui profitent en Occident à de petites minorités oligarchique. La vérité n'est pas seulement que le Péril chinois n'existe pas davantage que le Père Noël. La vérité est que seul ce qui nous est présenté comme le péril peut nous sauver. Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est Hölderlin : "Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve".
Magistral. Soit l'Occident poursuit sa couse folle oligarchique et impérialiste en s'inventant des ennemi imaginaires (les Chinois, les terroristes islamistes d'Al Quaeda...) - et l'Occident périra; soit la zone pacifique du monde se développe selon des critères physiques anti-monétaristes - et l'Occident aura une chance de se relever. Dans la configuration actuelle du monde, le monde est condamné parce que le monétarisme en décomposition est le spectre de l'impérialisme terminal. Dans sa configuration actuelle, l'Occident est condamné parce qu'il obéit aux pulsions suicidaires de l'oligarchisme et de l'impérialisme faisandés.
Non seulement le péril ne vient pas de Chine, d'Asie ou du Pacifique, mais le salut vient du Pacifique, d'Asie et de Chine. La transformation de l'Occident d'un principe oligarchique vers un principe républicain ne peut se faire que par le truchement et l'entremise de la transformation du Pacifique, en particulier de la Chine. Transformation qui est républicaine et anti-impérialiste. Soit le péril oligarchique domine en Chine suivant le processus oligarchique occidental; soit la Chine se sort des griffes oligarchiques occidentales actuelles suivant un processus républicain.
C'est dans une vision occidentaliste, impérialiste et oligarchique qu'on oppose les intérêts occidentaux démocratiques aux intérêts eurasiatiques (Russie, Chine, Inde...). C'est quand on sert la vile propagande impérialiste aux relents racistes et biaisés qu'on tombe dans le panneau. En réalité, le seul moyen pour que l'Occident s'en sorte, c'est que la Chine s'en sorte. C'est que la zone pacifique s'en sorte. Pour que l'Occident reprenne une direction républicaine antioligarchique, il est nécessaire que le salut vienne du Pacifique. Non seulement, l'ennemi n'est pas chinois, mais en plus le Chinois est notre ami.
A tous les détraqué qui par perversité, mimétisme ou impérialisme propagent le virus du péril chinois : vous voulez vraiment changer l'Occident? Changer le monde? Vous êtes vraiment contre l'impérialisme? Contre l'oligarchisme? Contre le colonialisme? Vous êtes vraiment pour le développement de l'humanité? Rien ne vous met plus en colère que la mainmise écœurante des factions financières occidentales sur le restant du monde (au nom du péril rouge, du péril jaune, du péril vert...?)? Alors vous devez comprendre la situation actuelle : par le Pacifique, l'humanité dispose de l'opportunité capitale d'échapper à l'emprise oligarchique - dont la capitale symbolique est sise à la City de Londres.
Soit une vision antagonistes oligarchique où l'Occident s'oppose au Pacifique (le fantasmatique Orient); soit une vision fédératrice et progressiste où l'Occident profite du développement économique pacifique. Désolé pour les Cassandre, mais la bonne nouvelle contemporaine existe pourtant (dans un monde où l'effondrement systémique est palpable et le sera de plus en plus) : c'est le salut pacifique. C'est le salut chinois. Le jour où la Chine s'éveillera, l'Occident pourra alors s'éveiller. S'il veut demeurer dans ses problématiques impérialistes, son illusion sidérante selon laquelle le progrès passe par la décroissance? Eh bien, l'homme a une porte de salut. L'Occident aussi. Cette bonne nouvelle ne signifie pas que l'Occident est sauvé d'office. Elle signifie que l'Occident ne peut se sauver que par la salut du Pacifique.

mercredi 23 décembre 2009

Droit d'ingérable

Je ne voudrais pas me montrer frondeur, mais les partisans de l'ingérence à visée démocratique et humanitaire font preuve d'un sérieux problème de logique, voire de réel tout court. Selon le philosophe Clément Rosset, le matérialisme ne saurait être révolutionnaire. Argument : dans un processus matérialiste, seul du réel peut changer le déroulement du donné. Aucun changement transcendant ne saurait survenir dans cette configuration. Formulation immanentiste terminale emblématique chez Rosset : rien ne saurait changer rien. Il s'agit en particulier de critiquer le matérialisme révolutionnaire de Marx - et de ses affidés. Eh bien, c'est kif kif pour la démocratie : l'ingérence au nom de la démocratie est un oxymore cocasse. La démocratie ne saurait s'établir par l'ingérence d'une aide extérieure. Ingérence signifie intervenir à l'intérieur. Contradiction dans les termes. Contradiction de la contraction. Si la démocratie est le pouvoir du peuple, seul le peuple peut engendrer le régime démocratique. Parler d'ingérence démocratique est une contradiction dans les termes. Il n'est pas possible d'apporter la démocratie à un peuple, car la démocratie vient du peuple, pas de l'extérieur. Si la démocratie vient de l'extérieur, elle ne vient pas du peuple. Si elle vient du peuple, elle n'a pas besoin d'aide extérieure. L'excuse de l'aide est impossible et vicieuse.

L'idéologue atlantiste Jean-François Revel théorisa le droit d'ingérence à la fin des années soixante-dix. Il n'avait rien inventé puisque les chrétiens européens du dix-neuvième siècle parlaient d'intervention d'humanité pour aller officiellement aider leurs coreligionnaires en Turquie. Officiellement. Officieusement, il s'agissait de déstabiliser le régime musulman du sultan turc. Les choses ne changent guère.
L'impérialisme occidental était déjà déployé contre les régimes musulmans perçus comme une menace géographique. L'islamophobie était déjà latente. Le débat sur le statut de la Turquie était déjà posé. Les résultats de l'impérialisme déguisé en intervention d'humanité sont courus d'avance : catastrophiques et sanglants. Au passage, on appréciera le racisme colonialiste et impérialiste contenu dans l'exploitation subversive du terme d'humanité : comme si l'humanité ne concernait que les chrétiens occidentaux - entendre les Occidentaux en premier lieu.
L'ingérence découle de l'intervention d'humanité. On voit à quelle sauce se nourrissent un ultra-libéral néo-conservateur anticommuniste fervent comme Revel, membre des plus radicales officines atlantistes, et un french doctor généreux et sympathique comme Kouchner, qui après son épisode d'ingérence au Kosovo quitte son masque de socialiste altruiste et rejoint le gouvernement d'obédience ultra-libérale et néo-conservatrice de Sarkozy. Sur le coup de l'ingérence, les Français ont une longueur d'avance. La classe. Les maîtres.
Historiquement, le droit d'ingérence et l'intervention d'humanité se rattachent à la théorie de Grotius. Selon notre bon docteur en droit protestant et hollandais du seizième siècle (avocat de formation), "la primauté du droit naturel sur le droit volontaire légitime l'ingérence et les interventions dans les affaires intérieures" (Wikipédia). Cette docte pensée contient la grave contradiction dans les termes qui va vicier toute la théorie future autour du droit d'ingérence. Le seul moyen de légitimer l'intervention d'un État dans les affaires d'un autre État consiste en effet à soutenir que les ingérants suivent des principes universels et que ces principes d'ingérence universelle peuvent être édictés.
La justice est universelle ou n'est pas. Le droit naturel devient avec Grotius international. Voyons si le droit international de Grotius repose sur le droit naturel. Si le droit naturel est universel, alors l'universalité est partagée par tous. L'universalité d'un droit ne saurait en conséquence se trouver apportée - importée ou exportée. Le raisonnement de Grotius se fonde sur l'irrationalisme : l'universalité ne saurait donner lieu en aucun cas à un quelconque relativisme.
Par son droit international, Grotius essaye rien de moins que de concilier le relativisme et l'universalisme. C'est une démarche inconséquente et contradictoire, qui en dit long sur le degré de cohérence qui anime l'impérialisme. Il est vrai que l'impérialisme est injustifiable et qu'il s'appuie sur le principe faux du nihilisme, selon lequel le réel est fini - et définissable.
Dans cette logique désaxée, le droit international a pour objectif de concilier l'universalisme et l'impérialisme, ce qui n'est pas une sinécure. La définition de l'État selon Grotius ("Un corps parfait de personnes libres qui se sont jointes ensemble pour jouir paisiblement de leurs droits et pour leur utilité commune") interdit d'ailleurs le principe d'ingérence au nom de la complétude (perfection du corps de l'État et liberté des personnes) qui y est indiquée.
Grotius réalise une subversion (perverse) du droit naturel au nom de son droit international. Grotius use d'un sophisme pour légitimer l'impérialisme qu'il sert. Ce qu'il nomme droit naturel n'est plus tout à fait naturel/universel - et déjà relatif. La première technique pour justifier de manière sophistique (justifier l'injustifiable) consiste à opérer une fausse distinction. En l'occurrence, il s'agit de la distinction entre droit naturel et droit volontaire. En subordonnant le droit volontaire au droit naturel, Grotius change la définition du droit naturel et le rend compatible avec le droit international.
Spécifiquement, Grotius définit le droit volontaire comme un droit inférieur, qui porterait sur les coutumes et les conventions, donc sur des éléments changeants. De ce fait, le droit naturel supplanterait le droit volontaire changeant par son caractère d'universalité. Le but de Grotius est de légitimer l'intervention d'ingérence au nom de l'universalité du droit naturel et sa supériorité sur des volontés particulières et contingentes. Le problème théorique, c'est que cette distinction ne repose sur aucune distinction véritable, puisque l'universalité supérieure du droit naturel repose sur la négation explicite et subversive de l'universalité.
C'est ainsi que Grotius réalise son coup de force théorique et juridique en nous expliquant sans sourciller que le droit naturel repose sur la droite raison tout aussi naturelle (c'est-à-dire universelle et toujours valable quelles que soient les époques). Fort bien, acquiescera-t-on, sauf que cette droite raison est définie comme suit : "Une action est moralement honnête ou deshonnête selon la convenance ou la disconvenance nécessaire qu’elle a avec la nature raisonnable et sociable de l’homme".
Nature sociable : le droit naturel s'appuierait-il sur l'identité sociale, soit sur un fondement purement humain? Aussi incroyable que cette définition puisse sembler au vu du pédigrée soi-disant chrétien et pacificateur de Grotius, les productions normatives humaines n'émanent pas de Dieu directement, mais de la nature humaine et de son caractère social. Vous avez bien lu. On comprend que Grotius se présente en premier lieu comme juriste avant d'être philosophe ou chrétien.
Notre homme participe de la subversion immanentiste de cette période trouble des guerres de religion, autour de la Guerre de Trente ans, qui consiste à imposer la forme moderne du nihilisme pour sortir de la religion chrétienne. Le christianisme dont se targue Grotius est déjà une forme particulière et hérétique de religieux, un certain type de protestantisme. En outre, la subversion du christianisme consiste à introduire une norme humaine en lieu et place de la norme divine.
Le droit naturel chrétien est défini par Saint-Augustin. Je sais bien que Grotius le protestant hollandais se trouve en dissidence avec l'Église catholique romaine, mais il entre en contradiction évidente avec la définition du droit naturel et avec la théologie de Saint-Augustin. Par ailleurs, on ne peut se déclarer chrétien conséquent et définir le droit naturel à partir d'une norme sociale. C'est une aberration tout à fait perverse.
Un véritable coup d'État contre le droit naturel et le christianisme. Comprend-on la subversion que réalise Grotius avec son droit naturel? Le droit naturel de Grotius repose sur le socle social, quand son droit volontaire repose sur la convention. Vous avez dit différence artificielle, pour ne pas dire inexistante? La supériorité du droit naturel sur le droit volontaire chez Grotius est fallacieuse. Autant dire que Grotius explique sans rire que la différence repose sur l'identité.
Je me demande d'ailleurs si la subversion théorique qui consiste à retourner le sens (d'où la perversité étymologico-logique) ne vient pas d'une question identitaire sincère, qui déboucherait sur une production de définition carencée et vicieuse. Avec Grotius, A est B dans la mesure où A est A. La logique de Grotius est perverse dans la mesure où elle est illogique. Nous touchons au nœud gordien de cette logique si illogique. Il est vrai que la subversion immanentiste s'est imposée dans la culture chrétienne avec la contestation protestante qui sape le christianisme sous prétexte de lui donner des bases plus justes et plus authentiques.
On jugera de l'authenticité de cette protestation chrétienne à l'aune de la démarche intellectuelle de notre Grotius, qui explique ce qu'est l'immanentisme : une religion de la réduction et du déni qui intervient dans le cours d'une religion classique pour la subvertir, la détruire et prendre la place - à la manière d'un coucou. Grotius participe de cette entreprise directement. Nous l'allons vérifier tout de suite.
- Il n'est pas seulement protestant. Il est d'un protestantisme lui-même hérétique à l'intérieur du calvinisme. Grotius ne participe pas à la fondation d'une nouvelle religion, mais à la destruction du religieux sous des entreprises d'hérésie constante.
- Il travaille au service de la Compagnie des Indes hollandaise dès sa fondation. Autant dire que son impérialisme est plus qu'explicite.
- Il est philosophe en tant que juriste (avocat), ce qui accompagne la démarche réductionniste immanentiste de la philosophie classique vers l'étude d'objets sociaux.
- Il est le juriste attitré de Johan van Oldenbarnevelt, l'homme le plus puissant des États de Hollande, qui dirige de facto les Provinces-Unies et les organise dans leur scission avec la tutelle espagnole.
- En 1602, Johan crée la Compagnie des Indes hollandaise, qui organise l'impérialisme hollandais. Grotius rédige une histoire de la rébellion des Pays-Bas contre l’Espagne (Annales et historiae de rebus belgicis). Dans le cadre d'une alliance des Provinces-Unies avec la France contre l'Espagne, Grotius a déjà effectué une mission diplomatique en France (en 1601). Grotius devient conseiller de la Compagnie hollandaise des Indes orientales.
- Dans Mare Liberum (De la liberté des mers), un ouvrage de commande pour son employeur, Grotius formule le nouveau et belliqueux principe selon lequel la mer est un territoire international que toutes les nations peuvent emprunter. Grotius recycle son principe impérialiste de droit international pour l'appliquer au profit de la Compagnie des Indes hollandaises contre la Compagnie des Indes britannique (et les intérêts britanniques associés).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55486122.r=GROTIUS.langFR

Du coup, l'Angleterre s'opposa à cette idée, qui conduisit à la Première guerre anglo-hollandaise (1652-54). La perversité impérialiste hollandaise se manifeste dans la duplicité de son exigence de commerce maritime libre : d'un côté, elle l'exige au nom du droit international (et contre l'Empire britannique); de l'autre, elle impose un monopole commercial dans l'archipel des Moluques.
- Grotius épouse le parti hérétique de la Remontrance soutenu par Johan van Oldenbarnevelt depuis 1610. Il s'agit d'une querelle théologique à l'intérieur de l'Église réformée des Pays-Bas entre les calvinistes partisans de l'unité théologique et politique et les hérétiques partisans de la doctrine arminienne de la prédestination. Sans rentrer dans les détails théologiques à l'intérieur du calvinisme, la contestation porte sur la question de savoir jusqu'à quel point la grâce permet une certaine part de libre-arbitre dans la prédestination.
La grâce protestante désigne le don immérité du salut en Jésus-Christ. Ce point qui peut sembler spécieux est capital car il justifie l'entreprise arminienne comme application spécifique du salut à l'impérialisme commercial : si un certain libre-arbitre s'appuie sur la grâce arbitraire pour justifier d'un infléchissement de la prédestination, alors l'homme peut influer par son entreprise sur des actions irrationnelles et impérialistes. Loin de libérer l'homme de la doctrine contraignante du calvinisme, l'hérésie arminienne soutenue par le protecteur de Grotius tend à encourager l'impérialisme spécifiquement hollandais.
Qu'on ne s'y méprenne pas : le zèle théologique que Grotius déploiera pour promouvoir son concept de gouvernement moral est un compromis typiquement consensuel en ce qu'il ménage la chèvre et le chou pour mieux légitimer le droit du plus fort et l'impérialisme hollandais. D'ailleurs, le concept de Grotius sera central dans l'arminianisme pour justifier d'une approche arbitraire et irrationnelle de la grâce, selon laquelle il suffit de croire en Jésus-Christ et en Dieu pour obtenir le salut.
Par ailleurs, l'arminianisme est considérée comme la théologie protestante la plus proche du catholicisme augustinien bien qu'elle en soit aux antipodes, puisqu'elle constitue une subversion théologique du salut et de la grâce chrétiennes classiques - comme Grotius subvertit le droit naturel. On l'aura compris : l'apport théologique de Grotius consiste à subvertir au profit de l'impérialisme la théologie augustinienne, en particulier le droit naturel.
- Grotius composa le premier ouvrage protestant de l'apologétique chrétienne, livre qui fut repris par un missionnaire anglais pour convertir au protestantisme en Orient. Grotius montre l'innovation hérétique de l'arminianisme en ce qu'il annonce la subversion déiste défendue par des ultra-libéraux comme Voltaire et ses maîtres anglais durant les Lumières. Grotius défend bien plus le principe d'une innovation (déiste) qui tend à détruire le christianisme qu'à tenter une réconciliation à l'intérieur du christianisme.
- Selon Wikipédia, "Grotius représente le premier praticien de l'apologétique légale ou juridique dans la défense de la croyance chrétienne". Encore la fameuse réduction du champ religieux à l'application humaine et en particulier au volet social, ici exprimé par le vernis juridique que l'avocat connaît trop. D'une manière générale, on notera que l'immanentisme se traduit par un souci d'innovation qui ne signifie rien d'autre qu'une volonté de mutation religieuse encore marqué chez Grotius par une volonté de demeurer dans les cadres institués. Grotius entend demeurer chrétien tout en changeant le christianisme de l'intérieur - vers sa mutation et sa disparition.
Le protestantisme de Grotius est teinté par la volonté de concilier christianisme et impérialisme commercial. Les idées que défend Grotius sont essentielles pour comprendre le déroulement de l'impérialisme occidental et en particulier l'intégration de l'impérialisme néerlandais dans l'impérialisme ennemi britannique. Le rôle des hérésies chrétiennes est décisif puisque Grotius choisit à chaque fois le parti de la dissidence et de l'affrontement avec quelque pouvoir traditionnel que ce soit parce qu'il défend le principe de la faction commerciale impérialiste contre l'État classique qui après les guerres de religion accouchera de la Paix de Westphalie.
- L'hérésie occupe une fonction capitale dans la mutation de l'identité politique au service des factions impérialistes. On peut parler de fonction très novatrice et tenir sur ce point Grotius pour un visionnaire aussi lucide que néfaste (tant il est terrible d'avoir prévu et pensé le pire, soit l'impérialisme financier contemporain).
- Grotius est emprisonné en 1618 suite à l'arrestation de son mentor Johann van Oldenbarnevelt pour des querelles politiques. C'est Maurice de Nassau qui dirige l'opération contre son ancien soutien pour empêcher que la querelle théologique arminienne ne dégénère en guerre civile politique au niveau des jeunes Pays-Bas. Johann est décapité en 1619 et Grotius meurt en exil, entre la France et la Suède.
Il est amusant et révélateur que l'article Wikipédia présente Grotius comme un grand humaniste œcuménique et un chrétien modéré partisan du dialogue entre les différences et de la réconciliation religieuse. En vérité, c'est tout l'inverse qui est vrai : dans les guerres de religion, Grotisu soutient le parti de la guerre par ses idées impérialistes et religieuses. Les deux concordent au fond et cherchent à promouvoir l'hérésie protestante la moins favorable à toute religion établie. Le but est par la subversion religieuse d'instaurer un nouvel ordre politique en faveur de la faction commercial favorable à impérialisme.
C'est dans ce climat impérialiste et hérétique que se crée le principe du droit international qui annonce le droit d'ingérence. Dès le départ, l'universalisme qui se présente comme réconciliation et paix révèle en fait son caractère polémique, pervers, au service de la guerre effective et de la destruction. Il n'est pas tourné contre l'Islam, mais contre toute forme de religion établie au profit de factions nomades et instables - changeantes sans cesse.
Depuis 1999, la Société américaine de droit internationale a lancé un série annuelle de conférence sur Grotius, preuve que l'influence de Grotius y est à la mode et que l'atlantisme a repris avec profit le droit international pour l'adapter - en droit d'ingérence démocratique et britannique. Le théoricien moderne de ce droit international qui a évolué en intervention d'humanité est le propagandiste anticommuniste et atlantiste notoire Revel. Depuis la guerre contre le terrorisme de 2001, les guerres d'Afghanistan et d'Irak, le principe d'ingérence démocratique a connu un succès grandissant.
A la lecture de ce long récapitulatif, on voit à quel point il émane de l'impérialisme et de fondements vicieux, pervers et bancals. J'aimerais pour conclure rappeler que le droit d'ingérence démocratique montre que la démocratie en question porte en elle l'esprit de l'immanentisme terminal :
1) le droit naturel de Grotius est universel dans la mesure où il est chrétien, ce qui est en dit long sur cette universalité partiale et quoi qu'il arrive fausse;
2) la foi chrétienne de Grotius ne peut être invoquée dans sa déformation grotesque de ce qu'il entend comme fondement universel du droit naturel, car ce qu'il attend du religieux, c'est qu'il soit toujours en hérésie, jamais institutionnalisé, soit qu'il soit un religieux nihiliste et destructeur.
En guerre : nous tenons là le véritable principe de droit d'ingérence et le véritable esprit de la démocratie libérale moderne.

mardi 22 décembre 2009

La casse de la démocrasse



« La démocratie a toujours été mon échelle de valeur. Ma lutte n’a pas changé »

Philippe Val.
« (...) ploucs humains obtus, rendus courageux par la vinasse ou la bière locale qui leur gargouille dans le bide. »
Philippe Val, Charlie Hebdo, 14 juin 2000.

Cette démocratie-là n'est pas de la démocratie.

Si l'on suit la première déclaration du sieur Val, on ne peut qu'être d'accord avec notre grand démocrate. Bien entendu, on peut critiquer la démocratie, c'est même nécessaire en régime démocratique, et les plus grands esprits s'y sont attelés, à commencer par Platon (qui était républicain, mais pas démocrate). Aristote aussi, mais Aristote était favorable à un système oligarchique et antirépublicain. Pourtant, si l'on lit la seconde déclaration de Val, toujours le même, son ferment antidémocratique, élitiste et oligarchique coule de source.
Un démocrate qui méprise les ploucs n'est pas un démocrate. Le propre du démocrate est de considérer que le pouvoir appartient au peuple. Si l'on méprise les ploucs, c'est qu'on considère que certains éléments parmi le peuple ne sont pas dignes d'appartenir au régime démocratique. Dans ce cas, on ne se situe plus dans une démocratie. Par ces deux déclarations, nous voyons que le sieur Val n'est pas démocrate. Il utilise la démocratie à des fins subversives et entristes qui ne sont pas démocrates. Pervers, notre rhéteur?
Pourtant, il se réclame de la démocratie. Quelle est cette démocratie qui contredit manifestement les principes démocratiques? Comme l'explique Mona Chollet, "dans son zèle à défendre la politique israélienne, Val répète qu’Israël, après tout, est « une démocratie ». « Démocratie », dans sa bouche et sous sa plume, comme pour ses nouveaux amis, ce n’est pas une conquête fragile, nécessitant une vigilance constante, mais une notion quasiment ethnique, une actualisation de ce qu’était le concept de « civilisation » dans la pensée coloniale. Une démocratie, quoi qu’elle fasse, est intrinsèquement vertueuse."
http://lmsi.net/spip.php?article968
Val est-il un cas isolé ou représente-t-il une certaine mentalité? On notera qu'en tant qu'ancien directeur de Charlie-Hebdo et actuel directeur de France-Inter, Val appartient au sérail du journalisme parisianiste et à la mode. C'est un ami de la clique à Carla Bruni. Les positions antidémocratiques au nom de la démocratie de Val sont emblématiques de certains milieux fort influents en France qui commencent à piétiner les principes républicains et démocratiques français au nom de conceptions népotiques, élitistes, oligarchiques.
Il ne s'agit pas de minorer ces dérives, ni d'estimer que le fait de se réclamer de la démocratie suffit à être démocrate. Au contraire, le vrai démocrate critique par esprit démocratique la démocratie. Cette mentalité que représente Val est-elle l'apanage d'une coterie de pseudo-socialistes libéraux qui auraient trahi leurs engagements socialistes et libéraux pour défendre en fait des positions porches du néo-conservatisme et de l'islamophobie? De minorités déviantes, mais - minoritaires?
Vraie question qui embarrasse ceux qui ne veulent ni histoires, ni histoire, alors qu'elle en dit long sur le dérapage de ces milieux de la gauche démocratique française qui en sont venus à trahir la gauche et la démocratie - au nom de la gauche et de la démocratie. C'est en fait l'ensemble d'un système politique qui est en train de s'effondrer et de perdre peu à peu l'ensemble de ses vertus. Ce système se situe en Occident, a pour nom démocraties libérales occidentales, et l'on se rend compte que plus le temps passe, plus le libéralisme devient un ultra-libéralisme extrémiste, voire fasciste - la démocratie un impérialisme occidentaliste.
Bien entendu, l'impérialisme est dénié - expliqué au nom des plus nobles engagements. Parmi ces engagements figurent en première ligne, tels des snippers, la démocratie et la liberté. Ah! Raaah! On justifie l'impérialisme au nom de la démocratie et de la liberté. Un homme politique lucide sur ce coup, un certain Chevènement, a expliqué que le droit d'ingérence au nom de la démocratie était toujours le fait des pays dominants sur des pays plus faibles et dominés. Jamais on n'a constaté de droit d'ingérence démocratique de la part de pays faibles envers des pays plus forts.
Et pour cause : l'ingérence démocratique (et autres appellations du même acabit) est de l'impérialisme travesti en démocratie. Cette démocratie-là n'est pas de la démocratie. C'est une perversion sémantique particulièrement nocive qui se pare des atours de la démocratie pour faire fonctionner son cheval de Troie : l'impérialisme. J'ai déjà évoqué le cas de ce petit fasciste mou et anodin qui se destine à la carrière de médecin du travail et qui prône des valeurs antidémocratiques sous couvert d'ingérence démocratique angélique. Notre énergumène se réclame bien entendu des Valeurs Démocratiques, si bien que si l'on suit son raisonnement (pervers), ses idées impérialistes sont démocratiques, quand l'opposition à ses idées serait antidémocratique.
L'appartenance de notre médiocre à la bourgeoisie moyennement aisée montre que ce ne sont pas seulement quelques élitistes à la Val qui pervertissent et subvertissent la démocratie. Ce sont des cohortes d'individus qui cautionnent l'impérialisme occidental et qui lui donnent des noms positifs : démocratie, liberté, laïcité... Ce sont des mentalités qui fonctionnent sur le prétexte de la démocratie. Démocratie - perverse? Quelle est le vrai nom de cette démocratie?
Les populations occidentales cautionnent depuis deux cents ans le fonctionnement impérialiste et colonialiste de leur société. C'est le même argument qui est recyclé : nous sommes à la fois plus évolués et plus généreux. Nous allons aider les autre parties du monde à acquérir la démocratie, la liberté et la laïcité, soit le système de valeurs le plus évolué que l'humanité ait connue. Moyennant quoi, nous arrivons toujours au même constat d'échec : si les attentes n'ont pas fonctionné, c'est du fait de l'impéritie des autres populations, qui ne sont pas capables de vivre en régimes démocratiques, libéraux et laïcs.
Spécifiquement, notre cas caractériel pathologique néo-fasciste et néo-conservateur défend des positions tout fait raisonnables :
1) c'est la loi du plus fort qui régit les rapports humains, en particulier au niveau politique et historique;
2) depuis octobre 2001, les alliés occidentaux sont allés en Afghanistan pour aider le peuple afghan à acquérir la démocratie contre les méchants talibans dégénérés et sous-évolués.
Dans la mentalité dégénérée et confusionnelle de cet individu symptomatique du mal qui ronge l'Occident, on est démocrate quand on défend le droit d'ingérence démocratique. On est pro-taliban quand on rappelle que les méthodes de la coalition occidentale en Afghanistan ne sont pas démocratiques et ont eu pour principaux effets d'accentuer la guerre civile et le trafic de drogue. Autant dire qu'on est calomnié, discrédité et insulté si l'on dit l'irréfutable vérité factuelle et si l'on ne suit pas la propagande impérialiste - travestie en apologie de la démocratie.
Il faudrait procéder à un renversement salutaire pour comprendre la mentalité qui domine en Occident : notre grand bourgeois entriste Val qui se présente comme un saltimbanque bohème (néo-conservatisme sous des oripeaux de socialisme pseudo-libéral) - et notre moyen bourgeois crypto-fasciste qui se présente comme un écologiste (dont les positions concordent avec le néo-conservatisme, voire carrément le fascisme historique) ne sont pas des symptômes minoritaires ou isolés. A la limite, on peut considérer que chacun suivant ses positions de déni caractérisé, ils sont des lopettes dures.
Mais leurs positions outrées et caricaturales ne font qu'accentuer la mentalité majoritaire de l'Occident, qui cautionne plus ou moins consciemment, plus ou moins directement l'impérialisme. La plupart des citoyens des démocraties occidentales sont individualistes, dépolitisés, perclus de problèmes personnels. Ils ne sont pas ouvertement en faveur de l'impérialisme et ne prônent pas des arguments aussi ridicules que ceux de Val ou de notre crypto-fasciste insulteur. Mais nous ne pouvons comprendre les politiques des démocraties libérales occidentales qu'en entérinant leurs applications manifestement répétées et continues depuis (symboliquement) quatre cents ans.
C'est l'impérialisme et le colonialisme qui définissent les politiques occidentales depuis ce temps, domination qui se fonde sur la supériorité technologique, notamment militaire. Dans cet impérialisme, on trouve à différentes échelles les impérialistes convaincus - aussi cons que vaincus. Ce sont des individus égarés, pervers, voire carrément fascistes, qui défendent l'impérialisme sous le sceau de la démocratie. Ces gens sont en général une minorité dont la justification morale immorale repose sur la fameuse loi du plus fort.
Partisans de Calliclès et de Gorgias, ce sont des oligarques. Au vingtième siècle, ils adhèrent (parfois à l'insu de leur plein gré) aux programmes des fascistes historiques, des ultra-libéraux dans le sillage de von Mises et des néo-conservateurs zélateurs impudents de l'ingérence démocratique et de l'impérialisme atlantiste. La plupart des populations occidentales ne suivent pas ce modèle violent et dur d'impérialisme. Ils forment plutôt les moutons bêlants de l'impérialisme. Ils se veulent cool, en tout cas modérés. Ils ne sont jamais favorables à l'impérialisme. D'ailleurs, ils considèrent que l'impérialisme est l'exception des régimes démocratiques et libéraux. Ils tiennent pour hautement improbable l'existence de l'Empire financier britannique et si on commence à leur expliquer des faits sur les factions financières et sur le caractère irréfutable de cet impérialisme, ils n'écoutent plus, lassés du propos.
A côté des mous durs qui cautionnent l'impérialisme sous le nom de démocratie, l'impérialisme ne fonctionne en Occident qu'avec le soutien tacite de la majorité qui est impérialiste sans le savoir. En fait, nos impérialistes ignorants sont individualistes, dépolitisés et se désintéressent des problèmes qui nécessitent de la réflexion. Ce sont les Œdipe de l'impérialisme. Aristote, qui n'est pas suspect de sympathie démocratique, expliquait que la démocratie était seulement possible si chaque citoyen était capable de gouverner et d'être gouverné.
Raison principale pour laquelle Aristote se montre défavorable à l'idéal démocratique : il le tient pour une utopie dangereuse qui ne peut dégénérer qu'en démagogie et en tyrannie. A l'aune de ce principe, nous ne sommes pas en démocratie, car nous sommes dans un régime où la plupart des citoyens sont individualistes et dépolitisés, donc incapable de gouverner et d'être gouvernés. Rien ne fait plus défaut à la majorité des populations occidentales que l'esprit critique.
Ils remplacent cet esprit critique par un esprit moutonnier terriblement intolérant, selon lequel si l'on n'est pas favorable d'une manière ou d'une autre à l'impérialisme auquel ils appartiennent à l'insu de leur plein gré, on est extrémiste antidémocratique. C'est un comble, le démocrate antidémocratique, l'anti-impérialiste extrémiste, venant d'impérialistes antidémocratiques qui utilisent le label démocratie pour imposer l'impérialisme et qui font parade d'individualisme plus ou moins hédoniste, plus ou moins dépolitisé.
Pour finir, sur une note d''optimisme, s'il est certain que les problèmes ne cesseront pas avec la fin de l'impérialisme occidentaliste, il est des signes que l'impérialisme britannique que dénonçait le chanteur jamaïcain Peter Tosh est sur le point de s'effondrer. "400 years and it's the same philosophy" : enfin la fin de cette philosophie? La fin de l'impérialisme occidentaliste - oui.

lundi 21 décembre 2009

Le Protocole des Sages de La Mecque

http://www.marianne2.fr/La-bonne-blague-Hortefeux-prime-pour-son-combat-contre-le-racisme_a183154.html

Si l'on parcourt cet article édifiant, un sioniste manifestement extrémiste décerne le prix de l'antiracisme (entre autres bons points) à un ministre français qui a abondé en mesures proches des thèmes nationalistes, sécuritaires, voire carrément fascistes (je pense à l'évocation du droit de la terre). L'islamophobie est devenue le cheval de bataille de ceux qui prétendent lutter contre le racisme et surtout contre l'antisémitisme. Une lutte contre un terme impropre ne saurait être qu'impropre. En particulier les nouveaux antiantisémites sont des censeurs qui entendent interdire la critique. En langage direct, on appelle cette conduite de la censure. C'est le programme un brin déconcertant de ce modéré de Pipes, qui explique sans sourciller que la critique contre Israël et contre le sionisme est d'ores et déjà antisémite.
Outre que l'emploi d'antisémitisme signale un véritable scandale sémantique, l'interdiction de critique ne fait que redoubler les ardeurs de critique. Au départ, les censeurs se félicitent du résultat et justifient par les critiques virulentes le bien-fondé de leur censure. Peu à peu, ils sont submergés par les critiques et finissent oubliés, discrédités et découverts - en tant que censeurs. Leur stratégie s'est retournée contre eux tellement leur mentalité est inepte. La censure se présente au nom d'une excellente raison morale. Ici, c'est la lutte contre le racisme, en particulier le conséquent antisémitisme. Cette excellente raison se trouve déjà déconsidérée par la mascarade sémantique. Une raison qui se fonde sur une erreur est une excellente mauvaise raison. Oraison des raisons.
Selon Marcel Proust je crois, la tache reparaît derrière les différentes auréoles. Cela signifie que les formes d'un processus identique diffèrent en fonction de leur existence. Dans le cas du racisme, le précédent de la Shoah justifie la culpabilité occidentale autour de la question des juifs. On a peur de recommencer les persécutions juives depuis l'abject précédent historique des nazis et de cette période fasciste. On oublie trop souvent que selon cette mentalité dévoyée, les juifs n'étaient que les premières têtes d'un cortège de condamnés qui appartenaient à la lie de l'espèce humaine.
En outre, en vertu de cette loi qui veut qu'un mécanisme identique se produise toujours sous un succession de formes différentes, il apparaît que :
1) le mécanisme du fascisme ne saurait revenir uniquement sous sa forme d'avant la Seconde guerre mondiale. En nos jours post-911, le fascisme se manifeste sous les attitudes ultra-libérales du fascisme financier et des politiques malthusiennes qui en découlent;
2) le mécanisme du racisme ne saurait revenir uniquement sous la forme unique de la judéophobie (terme valide qui devrait remplacer, sur le modèle de l'islamophobie, le terme impropre et confus d'antisémitisme). En nos jours post-911, jours de haine mondialiste où les normes sont la guerre contre le terrorisme ou le nouvel ordre mondial (écologico-terroriste?), le racisme ordinaire en terre occidentale vise (largement) plus les musulmans que les juifs. Pis, il tend à émaner des rangs extrémistes d'un certain type de sionisme lui-même instrumentalisé par les factions financières impérialistes d'obédience britannique.
Ce n'est pas un mince paradoxe que de considérer que parmi les anciennes victimes des persécutions antijuives, on recrute les meneurs de l'islamophobie ou du racisme antiarabes cristallisés notamment par la haine des Palestiniens. C'est vrai qu'au nom des lois du bouc émissaire, le bourreau s'acharne d'autant plus sur sa victime que cette dernière est innocente. Le bourreau est aussi très fréquemment une ancienne victime qui reproduit un schéma de violence dont il n'a pas su se départir.
Cas tragique de la pédophilie, où le pédophile est souvent une ancienne victime d'abus sexuels pédophiles. Sans comparer le racisme à la pédophilie, c'est le cas évident et nullement exceptionnel de certains juifs extrémistes sionistes qui au nom de la Shoah deviennent des bourreaux. Au passage, ils en oublient que l'opération qui consiste à se présenter comme victime au nom d'une filiation victimaire historique se nomme de la victimisation. Si l'on veut vraiment enrayer le cercle vicieux de la violence mimétique, on ne saurait être victime de père en fils.
Un exemple de dérapage? Vous avez dit dérapage dans les parages?

"11 mai :« L’Europe est complice du Califat qui vient ». 17 mai : « La France et le renouveau de l’Islam », dans lequel l’auteur s’inquiète de voir la France devenir une république islamique. Et surtout, le 11 septembre dernier : « Un cheval de Troie moderne : la doctrine islamique de l’immigration ». Il n’est plus question ni d’islamisme, ni de mosquées. Seulement d’immigration musulmane: « un projet insidieux vieux de 1 400 ans, de conquête et de domination », conçu « pour dominer les sociétés non musulmanes et paver la voie à leur totale islamisation », selon une « véritable stratégie », destinée à « tromper la vigilance des occidentaux portés à croire que les musulmans qui émigrent, le font essentiellement pour des raisons économiques – pour améliorer leur sort ». Un véritable complot mondial, en quelque sorte. Remplacez dans ce texte le mot « musulmans » par le mot « juifs » et vous avez une copie conforme des Protocoles des Sages de Sion..."

dimanche 20 décembre 2009

Ordralfasionix

Ordralfabétix, au secours!

Comment expliquer l'alliance malsaine de la théorie du complot avec le sionisme sous ses formes souvent les plus extrémistes? Souvent, les dénonciateurs critiques des théoriciens du complot amalgamés aux dénonciateurs de complots effectifs sont des sionistes plus ou moins militants, du coup fort partiaux, qui se présentent sous un jour antiraciste pour noyer le poisson. Malheureusement, le poison ressort derrière le poisson. Le poisson est avarié. Appelez votre poissonnier! Ordralfabétix, au secours!
Pourquoi cette alliance si fréquente entre les milieux sionistes les plus extrémistes et les dénonciateurs de la théorie du complot amalgamant vraies théories du complot, faux complots et vrais complots dans un fourre-tout hétéroclite, confusionnel et mensonger? Il est certain que le label théorie du complot permet d'ôter toute résistance critique et d'emporter l'adhésion de ceux qui craignent d'être catalogués conspirationnistes et qui préfèrent demeurer dans le ventre mou du système. Il est certain que toute critique contre des intérêts juifs, qu'ils soient ou non sionistes, critiques justifiées ou non, encourt l'accusation fallacieuse et inepte d'antisémitisme.
Il est tout aussi certain que le but visé est d'empêcher le déploiement de l'esprit critique contre l'identité du sionisme et contre l'identité de l'actuelle théorie du complot. Un simple examen critique révélerait l'odieuse manipulation de ces deux termes accolés et l'impéritie caricaturale des soi-disant théoriciens-experts qui s'emploient à accréditer la simplification abusive qui est en l'occurrence l'acritique. Sous le vocable de paranoïaque (excès de raison), on entend dénoncer l'hypercritique sur-développée. En réalité, il serait plus lucide de relever l'acritique famélique.
Il est impératif de démystifier le lien entre sionisme et théorie du complot pour cesser de donner corps aux fausses représentations et interprétations caricaturales. Mais s'il importe de hiérarchiser les problèmes et les valeurs, il coule de source que les théories dominantes n'émanent pas des rangs conspirationnistes groupusculaires ou éparses qui iraient à l'encontre du pouvoir. Ils proviennent des rangs et des relais du pouvoir.
Avant de dénoncer les critiques éventuellement fausses contre le pouvoir, il est plus urgent et important de dénoncer les critiques qui émanent du pouvoir - surtout que ces critiques hagiographiques incompatibles avec l'exercice du pouvoir s'attachent à identifier, dénaturer et détruire toute critique véritable sous prétexte qu'elle suivrait la théorie du complot et l'antisionisme plus ou moins antisémite. L'urgence vient du fait que la théorie du complot et son lien avec le sionisme servent en réalité la censure la plus violente et périlleuse, qui se camoufle sous le masque nietzschéen du refus de la mauvaise critqiue - et de la critique tout court.
L'urgence vient du fait que nous sommes face à une censure non identifiée qui utilise le label théorie du complot avec le sionisme. L'urgence vient de la destruction de l'esprit critique au nom de valeurs morales supérieures et consensuelles comme le respect des victimes de la Shoah ou l'ineptie des théories du complot. Le statut de victime indique que l'on est vaincu. Il est oxymorique et aberrant de parler de victimes du côté du pouvoir. De victimes vainqueurs. L'instrumentalisation de la victime est de la victimisation. Elle permet la censure et l'acritique. Le statut de la victime est l'arme rhétorique qui autoriserait la censure?
Puisque certains censeurs sont allés trop loin, ils se sont discrédités en empêchant la critique. Nous allons rétablir l'esprit critique en rappelant que l'examen critique s'attache en premier lieu à expliquer. En l'occurrence - expliquer le lien entre théorie du complot et sionisme. On pourrait invoquer dans le passé récent des sionistes une lourde propension à l'action terroriste. C'est irréfutable, mais en même temps, c'est le propre de beaucoup de militants en contestation, surtout dans le domaine politique. Les sionistes luttaient pour obtenir un État et étaient prêts à la violence politique et sociale pour parvenir à leurs fins.
Quand j'observe comment se sont comportés les dirigeants politiques et militaires israéliens lors du récent massacre de Gaza, je me dis que décidément, bien mal acquis ne profite jamais. Sans doute le sionisme touche-t-il à sa fin en tant qu'idéologie triomphaliste. Sans doute les sionistes vivent-ils un décalage croissant avec la réalité, à tel point qu'ils en viennent à mener une attitude de déni de plus en plus virulente et autodestructrice. Mais pour cerner le lien entre la dénonciation de la théorie du complot et le sionisme, il importe de rappeler quelle est la place du sionisme dans le pouvoir dominant actuel. La théorie du complot est employée par les cercles dirigeants pour empêcher de rappeler que les complots existent, a fortiori en régimes démocratiques libéraux comme c'est notre cas en Occident.
Accepter l'existence de complots, c'est accepter que nos institutions démocratiques soient attaquées par un virus particulièrement nocif et mortel. La grande illusion qui fait perdre leur temps à la plupart des Occidentaux qui essayent de comprendre pourquoi la théorie du complot partout présentée dans les médias dominants est un ramassis d'amalgames et de mensonges, c'est l'illusion selon laquelle les sionistes dominent le monde. Du coup, ils accréditent les délires des dénonciateurs de la théorie du complot, selon lesquels l'antisémitisme rampant expliquerait, telle une structure maléfique et inexplicable, la persécution antisémite.
Quand on se montre moins fin, on dénonce dans un amalgame grossier et pour le coup véritablement haineux, les juifs en lieu et place des sionistes. Au risque de décevoir les adeptes d'un ennemi prévisible, invisible, secret et homogène, la domination des sionistes sur le monde n'existe pas. D'ailleurs, toute domination secrète durable n'existe pas, car si les complots n'existent que trop, c'est pour révéler l'existence d'antagonismes secrets bien plus forts que les éventuels accords entre les comploteurs (dont les liens sont complexes, parfois hostiles).
Dans le cas du complot sioniste, un premier examen vraiment critique révèle que les sionistes sont remarquablement implantés dans le monde de la finance et des médias dominants. C'est vrai à condition de corriger qu'il s'agit le plus souvent d'alliances sionistes de type extrémiste, ce qui est très inquiétant; et que la plupart des sionistes ne se trouvent pas impliqués dans ce type d'influences. D'ailleurs, une telle domination est logiquement impossible car elle supposerait une maîtrise du réel que de toute manière l'homme ne possède pas, a fortiori dans une configuration de complot qui par le secret qu'elle implique diminue considérablement la capacité d'action sur le réel.
Pour en revenir aux liens entre la théorie du complot et le sionisme, disons que le point de départ d'une critique lucide est que la théorie du complot est utilisée par les cercles autour du pouvoir. On utilise la théorie du complot pour conforter le pouvoir. Le mécanisme est simple : dénoncer les théories du complot permet de dénoncer les complots. Le pouvoir s'en trouve conforté car rien n'est pire pour le pouvoir démocratique, libéral et laïque que la reconnaissance de complots qui sapent ses fondements et détruisent sa crédibilité.
Du coup, soit les factions sionistes extrémistes (pas l'ensemble des sionistes) sont l'essentiel de ce pouvoir, soit ils en sont des marionnettes certes bien introduites, certes jouissant d'un pouvoir certain, mais encore une fois d'un pouvoir dont la caractéristique est d'être secondaire et manipulée. Il est encore pire d'être un petit chef qu'un simple exécutant. L'exécutant exécute de manière souvent humiliante; quand le pouvoir du petit chef se trouve entièrement condamné à être de l'autoritarisme stupide au service de. Soit on détient le pouvoir, soit on en est un valet.
J'ai bien peur que les sionistes qui se targuent de bénéficier d'un petit pouvoir indirect ne se rendent pas compte qu'ils sont les valets. De qui? Historiquement, le sionisme est une idéologie qui descend des factions financières et politiques centrées autour d'hérésies protestantes britanniques (en particulier le restaurationnisme). C'est dire que le sionisme est un mouvement idéologique qui est largement soutenu par l'Empire britannique, en particulier par ses factions financières.
Ce fait est si prégnant que la terre d'Israël, donnée aux sionistes de manière si contestable, le fut par l'Empire britannique - qui détenait un mandat d'essence colonialiste sur la terre de Palestine. Du coup, les sionistes sont les idéologues-marionnettes des factions de l'Empire britannique. Ces factions sont financières, en particulier depuis la décolonisation et l'instauration du Commonwealth. Évidemment, on peut pointer du doigt la présence de sionistes bien introduits dans lesdites factions financières - et chacun pense aux fameux Rothschild, dont un membre fut d'ailleurs très influent ors de la création d'Israël.
Il n'est pas question de minorer l'influence des Rothschild sur le monde des affaires, ni d'ailleurs d'autres cercles spécifiquement sionistes. Par contre, le sionisme est l'enfant de l'impérialisme occidental, spécifiquement britannique, mais pas seulement; et que le sionisme sert cet impérialisme. L'essence de cet impérialisme n'est pas d'être sioniste, mais plutôt mû par une conception ignare et déculturée de dépassement du religieux et d'ailleurs de toute idéologie structurée et reconnue.
La mentalité des financiers tourne autour d'un gain à très court terme et d'un centre d'intérêt qui ne dépasse pas la journée. Le pragmatisme des financiers est réduit au plus étriqué des matérialismes. C'est ce que les populations occidentales sont en train de découvrir par ces temps de crise financière, industrielle et monétaire. Dans cette mentalité, les idéologies sont dépassées comme des dinosaures encore trop théoriques, trop abstraits. Nous sommes dans un moment du libéralisme qui est terminal, en décomposition. On cherche la plus grande efficacité, le plus grand pragmatisme, on cherche à se rapprocher au plus près de ce qui serait le réel et qui désigne sous ce vocable réducteur le plus sensible, le plus immédiat, le plus apparent.
La spéculation financière qui a remplacé la spéculation métaphysique est une spéculation de type immédiate, pragmatique et matérialiste. Dans ce modèle qui reste un modèle ontologique, même s'il s'agit du plus réducteur et stupide des modèles ontologiques, le sionisme est manipulé par des gens qui utilisent le sionisme à des fins de spéculation financière. Exprimée ainsi, cette révélation est insipide, mais le sensationnalisme fait rarement bon ménage avec la vérité. Si on veut vraiment décrypter un complot, on arrive le plus souvent à des faits qui sont tout sauf sensationnalistes - et qui inspirent le dégoût le plus profond sur certaines arcanes.
L'association de certains milieux sionistes d'obédience extrémiste avec le monde des affaires révèle non pas que les sionistes gouvernent le monde des affaires et le restant du monde, mais que les sionistes sont manipulés par le monde des affaires. L'idéologie qui apparaît comme une conception très moderne est très réductrice de l'idée est déjà considérée comme ringarde par les spéculateurs ultrapragmatiques actuels qui ne s'embarrassent plus d'idéologies et vivent selon un mode de l'expertise limitée à des théories valant pour quelques semaines.
Si l'on voulait s'attacher aux accointances entre l'actuel Premier ministre israélien ou son actuel ministre de la Défense, on arriverait à l'idée que les sionistes sont les valets des financiers constituent l'Empire britannique. Du coup, on a la domination de factions financières mondialistes qui forment un Empire apatride centré autour de la City (et de ses ramifications), utilisant une idéologie comme le sionisme pour masquer la vraie structure de la société mondialiste actuelle et laisser entendre que des valets patentés sont les maîtres fantasmatiques.
Dans cet ordre d'idées, la théorie du complot sert à déconsidérer ceux qui attaquent le pouvoir. La théorie du complot est un paratonnerre. Les sionistes sont l'autre paratonnerre. Ceux qui lancent la théorie du complot sioniste tombent dans le panneau et permettent de déconsidérer ceux qui essayent de chercher vraiment, de comprendre vraiment et de ne sombrer ni dans la haine, ni dans le racisme, dans le mépris des religions, ni dans les théories du complot. L'alliance du sionisme est de la théorie du complot s'explique parce que ces deux groupes permettent en fait de manière commune et complémentaire d'empêcher la vraie critique, qui est la critique du pouvoir et des identités au pouvoir.
En ce moment, les identités au pouvoir sont mutantes. Ce ne sont plus des groupes constitués autour de la notion d'États-nations modernes nés de la Paix de Westphalie; ce sont des factions mutantes et apatrides, nomades au sens que répercute un porte-parole français des intérêts financiers, Jacques Attali. Attali est un expert qui joue aux intellectuels alors qu'il est en premier lieu un porte-parole des intérêts financiers impérialistes et apatrides et qu'il vient lui-même de la maison Lazard. Attali est aussi juif sioniste.
Ce personnage haut en couleurs pourrait entretenir la confusion, d'autant qu'il est brillant, intelligent, cultivé, efficace et puissant. Mais ce serait un leurre de tenir Attali pour un porte-parole du sionisme qui gouvernerait la finance et qui manipulerait les théories du complot actuelles. La triste vérité, c'est qu'Attali est un expert parmi tant d'autres au service du pouvoir financier dominant. Il intervient avant tout en France sur la scène médiatique et financière, voire politique. Il présente une image mitigée puisque si les médias reconnaissent sa haute compétence, ils mettent aussi en avant sa susceptibilité caractérielle.
Attali illustre l'image des financiers sionistes d'Occident : ils protègent les financiers qui ne sont d'identité ni religieuse, ni nationale, ni idéologique. Leur identité est en fait factionnelle et fractionnelle. C'est l'identité de la différance, au sens où l'identité différante est démultipliée, fractionnée, affaiblie et confuse. Les sionistes jouent le rôle des impérialistes occidentalistes, en particulier avec l'État d'Israël qui est un levier pour contraindre les populations non occidentales à subir la joug de l'impérialisme occidental. Dans ce jeu de dupes, les sionistes sont engagés dans un rôle suicidaire aussi sûrement que les Israéliens.
Quand leurs soutiens occidentaux seront affaiblis, ils seront démunis et risquent de subir des lynchages vengeurs. Surtout, l'affaiblissement systémique de la mentalité impérialiste libérale occidentaliste a commencé et indique qu'avant d'être réduits en solitude, les sionistes vont surtout être lâchés par les factions financières et leurs relais occidentalistes. Dans la structure lâche et informelle de l'impérialisme occidentaliste, les sionistes sont trop figés, trop identifiables pour n'être pas des boucs émissaires désignés. Non des boucs émissaires innocents des crimes dont on les accuse, mais des boucs émissaires coupables de complicités et de crimes qui dérivent de l'impérialisme occidentaliste.
Quand cet impérialisme sera démasqué, quand on reconnaîtra que l'impérialisme occidentaliste est un crime odieux, quand on cessera de douter de l'existence de l'Empire financier britannique et de ses ramifications, alors on se libérera sans doute de l'idéologie sioniste violente et fausse, qui joue un si vilain tour à la culture juive, et l'on comprendra l'instrumentalisation des théories du complot et des sionistes par les cercles impérialistes. L'identification la plus lucide intervient en période d'instabilité et de mutation des identités en place.

samedi 19 décembre 2009

Le complot de la théorie

« Les intellectuels ne savent rien. »
Popper à 83 ans dans sa conférence de Zurich La recherche de la paix (Toute vie est résolution de problème).

Taguieff a cessé tout travail sérieux depuis belle lurette.

On m'annonce qu'une émission invite le sieur Taguieff. Taguieff, vous savez? Le propagandiste qui a depuis longtemps abandonné toute étude critique sérieuse pour se lancer sous couvert de philosophie, de politologie et autres pratiques intellectuelles académiques et prestigieuses dans l'examen à peine désorienté de la nouvelle judéophobie et de la théorie du complot. Taguieff se présente en outre comme un expert de l'extrême-droite, du nationalisme et de toutes ces composantes. Si l'on veut un portrait de ce Taguieff, que l'on consulte cet excellent article de Silvia Cattori (un de plus) :
http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article1530

Taguieff se montre si partisan qu'il ne saurait en aucun cas faire montre d'honnêteté et de lucidité. Taguieff est un néo-conservateur français notoire, proche du cercle de l'Oratoire et de revues affiliées comme Le Meilleur des mondes. Il est conseiller du CRIF. Taguieff est un sioniste outrageux, qui sous son concept fumeux de nouvelle judéophobie essaye d'importer en France le nouvel antisémitisme de son pair et compère expert Pipes des États-Unis. Ces théories viennent de cervelles frottées d'impérialisme britannique, comme les productions impérissables de Bernard Lewis concernant l'Islam.
Lorsque Taguieff déclare qu'il lutte contre tous les racistes, il est antiraciste comme un BHL : il est sioniste et lutte contre sa nouvelle judéophobie. A ce propos, la nouvelle judéophobie est du même tonneau que les nouveaux philosophes : le terme nouveau indique la nullité du propos et la mauvaise foi rhétorique. Il évoque tellement le sujet de l'antisémitisme (terme impropre dans son usage contextualisé) que l'on peine à trouver dans la foultitude des publications de notre graphomane judéophile maniaque une exhaustive représentation de l'antiracisme.
Mise au point importante : Taguieff n'est pas du tout antiraciste. Il essaye sous couvert d'antiracisme d'amalgamer la véritable judéophobie avec la critique du sionisme. Si tel est le cas, Taguieff joue un petit jeu pervers. Est-ce la raison pour laquelle notre intellectuel-propagandiste de choc se trouve invité sur le plateau de Raphaël Enthoven pour une émission consacrée à la théorie du complot?
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/chemins/index.php
Enthoven Jr. est le fils de Jean-Paul Enthoven, éditeur de la place parisianiste qui s'est spécialisé dans la promotion d'écrivains creux et médiatiques comme le philosophe Michel Onfray, hédoniste de chic, ou le romancier Alexandre Jardin, dont le succès n'a d'égal que la mièvrerie adulescente consommée. Enthoven Sr. est de surcroît l'ami et l'éditeur de BHL. Le monde est petit puisque le fils d'Enthoven Sr. invite le spécialiste de la nouvelle judéophobie pour évoquer le sujet de la théorie du complot.
Pour cerner les méandres nauséabondes de ce marigot germanopratin, ajoutons qu'au rayon ragots malheureusement véridiques - et vérifiables, Enthoven Jr. a réussi l'exploit décadent de piquer à son père sa maîtresse pour concevoir avec elle un enfant. Ladite maîtresse a fait du chemin depuis. Quand on lit les productions philosophiques d'Enthoven Jr., on se dit que les seules conceptions pertinentes qu'il a eues dans son existence d'historien gourmé sont d'ordre biologique. C'est réconfortant et cela en dit long sur la médiocrité des élites intellectuelles médiatiques.
Dans le cas présent, un sioniste de la mouvance BHL invite un autre sioniste de la mouvance néo-conservatrice. Autant dire que le débat promet d'être lucide et mesuré. Bien entendu, en aucun cas, les auditeurs de cette émission ne seront informés du parcours intellectuel des intervenants. Enthoven Jr. et Taguieff essayeront au contraire d'éblouir leur monde, au sens sophistique, avec leurs diplômes, leur facilité rhétorique et leurs connaissances dévoyées. Cette émission se veut une plate-forme radiophonique de conversation Grand Siècle - elle est explicitement un agrégat nauséeux de propagande sioniste et néo-conservatrice.
Si l'on s'attache à l'émission qui invite en guise d'expertise impartiale et objective le plus engagé et le plus partial des experts, nous ne l'avons pas écoutée. En vaut-elle la peine? Rien n'est moins sûr. Mais comme nous avons lu Taguieff et que nous connaissons par cœur l'écœurante critique systémique et stéréotypée de la vulgaire actuelle théorie du complot, nous n'avons pas perdu notre temps en faisant la vaisselle - en lieu et place. Nous aurions pu tout aussi bien nous consacrer avec profit à l'étude des merles ou des merlans, nous n'aurions qu'élevé le niveau d'un débat programmé pour la médiocrité.
Résultat des courses : tous ceux qui reprennent en cœur l'antienne de la critique faisandée de la théorie du complot font montre de médiocrité, voire de vice intellectuel. Le discours de Taguieff est calqué sur le modèle rhétorique des propagandistes : il est prévisible parce qu'il est prévu à l'avance. Il répète parce qu'il n'est pas un discours de création, mais un discours au service de. La preuve : Taguieff déverse un discours qui recoupe sur ses points majeurs les discours d'autres experts - qui théorisent sur des sujets identiques, que ce soit le nouvel antisémitisme (la nouvelle judéophobie), le pseudo-antiracisme ou l'examen critique des théories du complot.
Taguieff a cessé tout travail sérieux depuis belle lurette pour une raison précise : quand on étudie un sujet, on ne peut se placer du côté des plus forts si l'on veut obtenir une quelconque pertinence et une quelconque richesse créative. La critique qui se place du côté des plus forts est condamnée à déverser un chapelet de programmes préconçus et réactionnaires. Outre que cette critique est irrationnelle par définition, elle présente le navrant inconvénient d'aller à l'encontre de toute possibilité de critique. La critique et le pouvoir font mauvais ménage, si bien que les seuls discours dans le sens du pouvoir sont d'essence hagiographique.
Tout discours critique conduit à critiquer le pouvoir, ce qui n'est pas compatible avec le pouvoir. On exerce le pouvoir ou on le critique. Le pouvoir tu l'aimes ou tu le critiques. Taguieff en se plaçant du côté du pouvoir a obtenu une estime certaine - fort relative. Il a aussi vendu son âme d'intellectuel au démon de la propagande. Il est tout au plus un hagiographe illusionné d'un certain sionisme aveugle. Qui se souviendra de Taguieff dans cinquante ans? C'est dommage, car Taguieff avait plus de valeur intellectuelle qu'un pur répétiteur snob et creux comme Enthoven Jr.
Maintenant que nous lisons la citation qui apparaît en exergue de la page de l'émission, citation de Popper - un logicien serviteur du libéralisme, nous vérifions que l'invité Taguieff et le présentateur Enthoven sont des relais français d'un certain discours partial et réducteur qui est spécifiquement sioniste et qui en fait relève de l'impérialisme britannique : "On ne croit plus aux machinations des divinités homériques, auxquelles on imputait les péripéties de la Guerre de Troie. Mais ce sont les Sages de Sion, les monopoles, les capitalistes ou les impérialistes qui ont pris la place des dieux de l’Olympe homérique" (Karl Popper, Prédiction et prophéties dans les sciences sociales (1948) dans La société ouverte et ses ennemis).
Cette citation a le mérite de sa clarté. Que nous dit Popper qui par ailleurs a pondu une citation assez intéressante sur les complots? Que nous sommes passés d'un monde religieux à un monde purement humain. Dans l'univers poétique d'Homère, les complots existent bien. Ce sont les machinations des dieux du polythéisme hellène. C'est-à-dire qu'on explique l'avènement des événements humains, comme les guerres, par des complots et des agissements divins. Dès le départ, on rappelle que le complot est une structure fondamentale des agissements, même si elle n'est pas la principale structure de ces agissements.
1) Il est de la plus haute importance de montrer que dans la mentalité antique, le complot existe de manière irréfutable;
2) le complot ne saurait expliquer le principal des agissements.
Ce qui est vrai pour les dieux l'est tout autant pour les hommes. De ce point de vue, les agissements des dieux sont projetés à partir des agissements des hommes, à ceci près que les dieux sont parés d'un pouvoir d'action et partant de manipulation plus grand que le pouvoir des hommes. Les hommes dépendent des dieux, mais fonctionnent d'une manière similaire. Dans le monde moderne, auquel Popper le libéral souscrit d'une manière aveugle, les hommes ont remplacé les dieux. Plus question d'expliquer les agissements des hommes par les influences des dieux.
Du coup, on se retrouve avec des mythes de complots qui seraient faux et délirants. C'est-à-dire que Popper estime dans une perspective hyperrationaliste que l'explication religieuse ressortit de la superstition et que l'explication par la théorie du complot est aussi fausse que l'explication religieuse. Pour un logicien, Popper commet une faute de raisonnement grossière : s'il est possible de démontrer qu'une théorie humaine est fausse, il est impossible de démontrer que le divin, polythéiste ou monothéiste, n'existe pas.
Comparaison n'est pas raison : Popper aurait dû s'en souvenir au lieu de nous débiter une équivalence bancale qui a valeur d'amalgame. Partant sur des bases réflexives aussi simplistes et réductrices, comment s'étonner que Popper ne soit cité ici par la bande à Enthoven Jr. que comme un critique qui dénoncerait les complots - théories fausses et paranoïaques? Selon cette citation, il ressort que les complots humains n'existeraient pas davantage que les complots divins.
Pourtant, Popper est le même penseur qui a expliqué que "les complots existent mais sont à peu près toujours des échecs" et que, ainsi, « les conspirateurs profitent très rarement de leur conspiration. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_complot
Popper reconnaît que les complots existent. Autrement dit, il coule de source à la lecture de l'histoire humaine que les complots sont une composante essentielle du fonctionnement humain et que plus l'enjeu est important, plus les complots ont une probabilité d'advenir. Mais alors? Selon Popper lui-même, les complots existent bel et bien à côté des théories du complot. La théorie du complot désigne une théorie fausse visant à expliquer l'ensemble de la réalité humaine par des complots quand les complots sont irréfutables et renvoient à des actions isolées et partielles.
La critique de Popper est une critique de la théorie du complot, comme le montre Wikipédia : "Pour Popper, recourir à la théorie du complot pour comprendre le monde est une erreur : cela revient à affirmer que tous les événements sont la résultante d'actions délibérées, effectuées par des personnes qui auraient des intérêts communs et non-contradictoires à ces résultats, et qu'il leur est possible de prévoir avec certitude les conséquences futures d'actions données. Or, pour Popper, rien n'est plus contestable que ce présupposé de départ sur lequel est bâtie toute théorie du complot : il écrit ainsi qu'il est très rare que des actions provoquent exactement le résultat souhaité ou prévu, il y a toujours des effets secondaires imprévus."
Taguieff lui-même ne dit pas autre chose quand il distingue quatre principes derrière la théorie du complot :
"Rien n'arrive par accident;
Tout ce qui arrive est le résultat d'intentions ou de volontés cachées;
Rien n'est tel qu'il parait être;
Tout est lié, mais de façon occulte." (L'Imaginaire du complot mondial).
Taguieff critique les théories du complot, mais en aucun cas les complots. Le discours qui critique les théories du complot devient un discours malhonnête et réducteur dès qu'il assimile théorie du complot avec complot. Si les théories du complot existent bel et bien, elles ne sauraient en aucun cas expliquer l'existence des complots.
Le discours d'un Taguieff est par conséquent plus pervers encore que mensonger. Personne ne conteste que les théories du complot existent et soient fausses. Personne ne conteste que des complots soient faux. A côté de ces deux catégories qui sont à critiquer effectivement, un discours critique sain (au sens de jugement sain) autour du complot se doit de rappeler l'essentiel : les complots existent à tel point qu'ils parsèment l'histoire. Le fait d'amalgamer théorie du complot et complot est un acte qui détruit la pertinence d'une critique honnête et fondée du complot.
La théorie du complot telle qu'elle est déployée et utilisée par des théoriciens propagandistes comme Taguieff en France vise à insinuer que le complot et la théorie du complot sont au fond une seule et même opération, qui plus est erronée. Au fond, ce genre d'experts qui répercute la pensée des élites financières et de ses soutiens immédiats sionistes vise à expliquer que les complots n'existent pas.
Il s'agit bien sûr d'une affirmation totalement fausse, qui cache un grave malaise. On est passé de la critique juste des théories du complot à la critique fausse des complots. L'existence des complots est de loin plus signifiante que l'existence des théories du complot. En conséquence, ce glissement de sens est une opération de diversion consistant à montrer du secondaire pour éloigner de l'essentiel.
Vieux truc de bonimenteur. La théorie du complot dans son utilisation actuelle est une technique propagandiste qui vise à discréditer sous le générique infamant de théoricien du complot toute voix qui oserait rappeler que les complots existent (à profusion). Pourquoi cette opération qui suinte le malaise? Parce que l'existence de complots en terre immanentiste tend à fragiliser les institutions démocratiques, laïques et libérales.
Dans une mentalité religieuse, les complots humains sont de toute façon régis par les agissements des dieux, qu'ils soient des complots ou non. Cette conception est valable aussi bien chez les polythéistes que les monothéistes. Comme le rappelle le Coran, "they plot and plan but Allah also plans and Allah is the best of Planners." (Qur’an VIII – 30). Dans une mentalité immanentiste qui s'est débarrassé du divin, le complot humain est ultime et devient potentiellement dévastateur pour la stabilité des institutions.
Popper prétend que l'on véhicule des complots faux en lieu et place de l'explication religieuse des manigances divines. Il ajoute que si les complots existent, ils sont destinés à l'échec. Popper justifie de la stabilité des institutions démocratiques libérales par le fait que les complots sont soit faux, soit fats. Autrefois, les comploteurs étaient aveuglés dans leurs complots par l'exemple divin. Dans les démocraties, s'ils continuent leurs manigances, c'est qu'ils estiment prendre la place du divin.
C'est encore plus démesuré. Quand Popper explique son optimisme libéral par le fait que les complots échouent dans leurs visées, il a historiquement raison, à ceci près qu'il omet d'analyser les destructions qu'opèrent les complots. C'est une chose de relever que les complots ne suivent pas les plans des comploteurs; c'en est une autre de relever que les complots ont une portée destructrice manifeste et obvie pour les institutions des sociétés dans lesquels ils se produisent.
Popper analyse lui aussi le superficiel et en oublie l'essentiel. Je sais bien qu'il représente un courant mineur de la philosophie du vingtième siècle, mais je comprends la colère légendaire de Wittgenstein à son encontre, tison en main : quand on analyse de manière superficielle un problème, on arrive presque toujours à une conclusion aussi partielle que partiale. Cas de Popper avec les complots. Cas dérivés et dégénérés de Taguieff et Enthoven Jr. ses disciples déclarés, qui se focalisent sur l'examen
critique et dénonciateur de la théorie du complot pour mieux ne pas poser la question qui importe : qu'en est-il des complots avérés? Quelle est leur portée?
Nous n'attendons quand même pas qu'un Taguieff discute avec un Enthoven du 911, de JFK ou d'autres complots contemporains. Ils sont trop à la botte du système pour oser mettre sur la table des polémiques qui risqueraient de menacer leur carrière. Quand on est mauvais, on mise tout sur la carrière. On sauve par l'arrivisme social sa médiocrité abyssale - de pensée. Par contre, se contenter de répercuter avec servilité et mimétisme le courant idéologique le plus fort, c'est indigne de deux experts qui se prétendent philosophes.
J'imagine nos deux propagandistes se pourlécher les babines avec leur délectable sentiment de supériorité. Forts de leur arme propagandiste de la théorie du complot, ils se gaussent des élucubrations : quoi, les Illuminatis? Quoi, les Sages de Sion? Quoi, les banquiers juifs? Désolés, les gars, mais vous avez tout faux. Je crains que vous ayez faux sur toute la ligne. Zéro pointé. Sur ce coup, la note salée est assurée. Quand on révèle la moitié d'une vérité, on sort une erreur complète.
C'est ce qu'on cache qui devient important. Dans le cas présent, il était plus pertinent de traiter des complots effectifs et méconnus (pas assez en tout cas) que des théories du complot fausses et reconnues. C'est pour ne pas aborder le thème des complots effectifs que nos deux académistes forcenés se sont ingéniés à rivaliser d'ironie au sujet de complots faux et délirants. Si je n'ai pas écouté l'émission, le ton en est prévisible. Il suffit de relever le pédigrée des deux intervenants, la citation de Popper plus le sujet, exclusivement centré sur la théorie du complot, pour comprendre que nous subirons une parodie de débat tronqué présentée comme un modèle de haute conversation entre deux esprits supérieurs.
Esprit, es-tu là? Esprit, hais-tu, là? Le complexe de supériorité abrite en son sein vicié et vicieux l'infériorité la plus irréfragable - et abjecte. La question pertinente qu'auraient dû poser nos deux parangons de philosophes, c'est : quelle est l'incidence des complots en régime démocratique libéral? Pas : quel est l'aspect délirant de la théorie du complot? Quand on est vraiment supérieur, à tout le moins assuré de ses propos, on peut se permettre le luxe de la simplicité et de l'humilité. Le supérieur passe pour simple quand l'inférieur fait le supérieur. C'est une façade qui est connue des cours de récréation : le frimeur est un complexé qui frime pour cacher son erreur et son vice.

Le droit du plus consensuel

Alors que l'on entend fleurir dans la presse officielle la grande fraude du consensus scientifique, concernant la question pourtant épineuse et loin d'être résolue du réchauffement climatique, d'origine humaine ou non, il serait temps de se demander ce qu'est ce consensus si opportun; si consensus il peut y avoir en science ou ailleurs; ce qu'il convient de comprendre quand on invoque la méthode du consensus.

L'attente la plus naïve tient à la réconciliation du sens. Le sens apaisé. Le sens définitif. Le sens consensuel. Le consensus. Le sens impossible? Le sens asensé - au sens où le sens indique une direction quand le sens apaisé tourne en rond? La guimauve rationnelle. Le sens apaisé évoque le consensus.
Dès qu'il y a consensus, il y a contestation. Impossible qu'il y ait consensus sur quelque question. Attention : le consensus ne signifie jamais qu'une certitude provisoire sur des faits extrêmement définis - savoir constitué qui devient incertitude plus ou moins prononcée dès qu'on élargit un tant soit peu ce fait délimité, a fortiori quand on passe de la phase du factualisme à l'interprétation.
Pourquoi n'est-il pas possible qu'un sens fasse consensus? Tout simplement parce que la partie n'est pas le tout. Pour s'exprimer en langage monothéiste, il faudrait être Dieu pour faire consensus. Le consensus est le fantasme de l'immanentiste - puisque le transcendantaliste ne saurait rêver d'être le divin et que cette simple prétention constituerait son péché capital et capiteux.
Le consensus signifie soit l'accord très largement majoritaire, soit l'unanimité. Le sens classique tend vers l'unanimité; c'est un sens récent qui en fait l'opinion plus nuancée d'une large majorité. Encore que la fausse nuance cache sans doute le totalitarisme idéologique, du style : la large majorité indique la vérité plus sûrement que l'unanimité. L'opinion consensuelle remplace le verdict démocratique du vote et l'énoncé contesté et anticonsensuel de la vérité.
Ceux qui invoquent le consensus pour emporter l'adhésion usent d'une rhétorique qui diffère de la recherche de vérité. Nous nous trouvons dans un cadre de référence immanentiste, où c'est en fin de compte l'utilité qui importe - et l'emporte. Parfois, on emploie le terme de pragmatisme en expliquant que le consensus tend à satisfaire le plus d'individus possibles au sein d'un groupe. Le plus scandaleux dans l'apologie du consensus, c'est sa finalité : l'important est le groupe. Le groupe est la référence ultime, celle qui a remplacé la vérité.
Plus que la dépassée vérité, le groupe est la boussole du Nouveau sens. Dans cette optique, l'utilité prime sur la vérité. C'est tout le problème du consensus, qui est un compromis au sens le plus démagogique et irrationnel qui soit : le compromis du groupe ne renvoie pas du tout aux critères de la vérité. L'étymologie du consensus exprime l'action de sentir ensemble. Nous revenons à l'éloge irrationnel des sens contre la raison classique. C'est le problème de l'approche immanentiste de la vérité classique.
La vérité classique part du principe que la vérité est transcendantale, ce que les immanentistes résument de manière approximative et caricaturale par : la vérité est ailleurs. Nulle part ailleurs. On peut fort bien corriger cette erreur de mauvaise foi en expliquant qu'aucune partie, aussi lucide soit-elle, ne saurait atteindre la vérité. De ce point de vue, la méthode pour obtenir la vérité est une méthode dynamique - jamais statique. Il faut se mouvoir dans un univers immanentiste pour avaliser la staticité du statisticien véreux et illusionné.
Celui qui vous débite avec conviction qu'il adhère à l'objectivité comme si l'objectivité coulait de source est un faussaire, souvent un imbécile. C'est ce qu'on nomme la méthode socratique, dont je m'empresse de souligner qu'elle a toujours existé, notamment sous la forme antédiluvienne et africaine du conseil des anciens. Selon Platon, la vérité est présente en chacun de nous, y compris chez le plus méprisé des êtres (à l'époque de Platon, c'est l'esclave qui occupe le statut le moins enviable).
Surtout, c'est la méthode du dialogue qui permet de parvenir à la vérité. La confrontation des points de vue permet de parvenir à la vérité, une fois rappelé que cette vérité n'est de toute manière jamais conquise intégralement. On reprochera sans doute à cette méthode de donner raison au point de vue de Socrate le porte-parole de la vision platonicienne des Idées, mais en tout cas, il est une constante chez Platon qui mérite d'être rappelée, c'est qu'il situe son modèle de dialogue et de vérité au-delà du point de vue initial des contradicteurs.
Contrairement à Aristote, Platon estime que l'univers n'est pas fini et que le monde des Idées s'oppose au sensible dégénéré qu'il intègre et dont nous sommes parties. Platon est un partisan d'un modèle dynamique en ce qu'il s'agit toujours de parvenir à un point de vue qui n'est pas contenu dans les points de vue initiaux. A propos de la faiblesse du modèle dynamique platonicien (le changement est contenu dans le point de vue socratique), Platon avoue une faiblesse théorique en faisant de Socrate un personnage aussi transcendantal au sens kantien que mythique au sens religieux. Toujours est-il que cette faiblesse de Platon ne nie pas l'aspect dynamique du dialogue par opposition à la staticité du modèle immanentiste dont le consensus est l'expression moderne la plus extrémiste et caricaturale.
Chez Platon, il s'agit de dépasser le cadre en intégrant de manière assez ambiguë ce changement normatif dès - et dans le cadre dépassé. Malgré cette contradiction, Platon propose une méthode qui est sans doute insuffisante, ne serait-ce que par sa contradiction logique, mais qui est aussi fascinante et qui donne lieu à des dialogues philosophiques qu'aucun autre philosophe n'a jamais égalés (au point qu'on a égaré les dialogues de l'élève dissident Aristote, pour mieux prétendre aujourd'hui, avec Cicéron, qu'ils étaient les œuvres égales de Platon).
L'opposition entre Platon et Aristote est ontologique. En guise de dialogues, Aristote a promu une science consensuelle et une métaphysique posthume. Il est en faveur de l'oligarchie antirépublicaine et d'un système de cours magistraux (dans tous les sens du terme) où le consensus se fait autour du modèle fini et statique du maître. Dans l'histoire du modèle par consensus qui succède au modèle de la vérité, nous retombons sur l'affrontement ente la méthode socratique et la méthode aristotélicienne.
Le transcendantalisme contre le nihilisme. Il importe de comprendre que le critère du consensus est irrationnel et légitime le droit a priori anticonsensuel du plus fort. Le consensus serait-il l'expression de l'élitisme - en plus d'être une méthode fausse? Le modèle du consensus succède au modèle de vérité suite à la mort de la vérité. Cette mort a été théorisé par la saint de l'immanentiste, Spinoza. Puis, un Nietzsche s'est appliqué à lui substituer le concept de la force créatrice et aristocratique (Nietzsche aime le masque).
Enfin, à l'époque postmoderne, on a décrété que l'ère postvérité était arrivée. Un Derrida s'y est attaché avec une emphase amphigourique rare et précieuse - ridicule. Derrida explique avec sa clarté légendaire que la différance est le statut postmoderne du sens toujours différé. Entendre : la vérité classique est toujours différée. Comment cette annonce théâtrale s'accommode-t-elle de la méthode scientifique moderne?
Contrairement à une légende tenace, elle en est le corolaire compatible, à condition que l'on note que la vérité scientifique est une vérité objective est tout à fait lacunaire. Je veux dire : la science examine des objets souvent arbitraires et se garde bien de se prononcer au-delà des phénomènes. Le succès du scientisme (et de son cousin le positivisme) ne s'explique pas autrement : il s'agit de prolonger dans le domaine métaphysique le succès et la supériorité phénoménale de la méthode scientifique.
L'échec du scientisme à imposer un sens objectif au-delà des objets était sans doute prévisible. On se gausse aujourd'hui de Comte et de ses vicomtes en oubliant un peu vite que la plupart des commentateurs actuels auraient tressé des couronnes de lauriers à Comte en hommage à sa célébrité prodigieuse - et à leur mimétisme creux et pompeux. L'absence de discernement d'un commentateur n'a d'égale que son orgueil replet de créateur frustré. L'échec prévisible du scientisme et du positivisme accroît la décrépitude du sens classique décrié et déconsidéré.
Puisqu'on ne parvient à proposer un rationalisme intégral, une phénoménologie ontologique, n'en déplaise aux phénomènes de la phénoménologie, on verse par dépit dans l'extrême opposé : si le sens métaphysique objectif est impossible, alors c'est la preuve des preuves (roulement de tambour) que le sens n'existe pas. On se met à baver devant cette trouvaille conceptuelle sans égale. Spinoza devient un génie prophétique et tous ceux qui ont péroré à partir de cette découverte bouleversante se trouvent dignes d'intérêt.
Un commentateur masqué et aveuglé comme Derrida, qui croit philosopher quand il commente, comme Monsieur Jourdain compose de la prose sans le savoir, lance son grand concept de différance. Monsieur Derrida serait-il le Jourdain de la philosophie postmoderne? C'est possible, tant il se méprend au sérieux. S'il est certain que la stature philosophique de Derrida équivaut à peu près à l'aura poétique de Jourdain, le seul mérite de Derrida est symptomatique : par ses chichis ulmiens, il a contribué à expliciter une vérité qui est inavouable.
L'absence de sens de type postmoderne n'est que le prolongement du scientisme déçu et honteux. C'est dans cet univers que s'installe le consensus, qui part du principe que la vérité est une valeur dépassée et qu'il existe de nouvelles valeurs plus fines et plus opérantes. Ces valeurs sont pourtant connues : le droit du plus fort, l'irrationalisme, la primauté accordée au groupe. La trouvaille éventée du groupe comme consensus est d'une redoutable hypocrisie en ce qu'elle ne garantit nullement de parvenir à un sens certain.
Tout au contraire, il n'est pire inégalitarisme et élitisme que dans cette notion de consensus, car on fait mine de croire dans un grand consensus miraculeux et démocratique alors qu'on sait très bien que le critère du consensus cache, derrière le bel accord du groupe, la fausse osmose par excellence, soit la dictature des plus forts. Quand on invoque le critère de sens du consensus modélisé à partir du sentiment du groupe, on se doute que ce sont les voix dominantes de ce groupe qui vont primer et que le paramètre de la persuasion fondée sur la force l'emportera sur le beau rationalisme.
D'autant plus que la démocratie véritable se fonde sur le principe du vote indépendant et secret. Dans le cadre du consensus, le secret est éventé pour des raisons de dépassement et de plus fiable démocratie. Plus faible - ou plus fiable? Cette démocratie-là n'est rien d'autre que le travestissement du droit du plus fort en consensus. Le consensus n'est de toute façon pas imaginable dans le cadre de la démocratie. Dès qu'une question surgit, il y a débat - et débat souvent passionné.
Soit on accepte le débat, soit on refourgue le droit du plus fort sous les atours reluisants du consensus supérieur. La démocratie est dans le débat. Le consensus réfute le débat et la démocratie. C'est une conception si irrationaliste du droit du plus fort qu'elle fait la part belle au mythe impossible et irréalisable du consensus. Soit le consensus est impossible, soit il cache de vilaines intentions. Un peu comme ces dictateurs qui truquent les élections et annoncent triomphalement leur énième réélection avec des taux de vote frôlant l'unanimité, les adeptes du consensus sont des zélateurs de la loi du plus fort.
Platon enseigne la manière dont se présente la loi du plus fort. Toujours de manière biaisée. Jamais de manière directe. Le consensus cache le totalitarisme comme la démocratie porte en son sein l'oligarchie. L'avènement récent du principe de consensus pourrait être considéré comme un progrès démocratique. On sait maintenant que ce progrès a des relents de totalitarisme et qu'il est le masque du plus fort. Sinistre.

mercredi 16 décembre 2009

Reviens, Valtaire, reviens

"Nous sommes représentants. Parce que nous parlons à la place des gens. Comme dit Deleuze, l’écrivain parle pour les bêtes."
Philippe Val cité par Pierre Rimbert, propos tenus en octobre 2008 devant les élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris (Le Monde diplomatique, juin 2009).



Déjà, Val est connu pour être un Monsieur Jourdain des cercles oligarchiques, en particulier ceux qui se tiennent autour des formats intellectualistes de la rue d'Ulm, avec des réseaux sionistes et atlantistes - des BHL, Enthoven père et fils, Christophe Barbier - dit le Barde de Gaza... La liste des esprits de plomb serait longue. Récompense de sa bêtise servile et idéologicomique, Val a obtenu un strapontin officiel à France-Inter après avoir réussi l'exploit de transformer un hebdomadaire libertaire en outil de propagande atlantiste avec des employés courageux comme l'inénarrable Fourest.
Sérieux, la transformation factuelle de Val en cerbère atlantiste est sidérante. Autrefois, on a connu ce troubadour peu charismatique chantre de la statue stéréotypée de brave type libertarien, dans la veine des enfants du professeur Choron (provocateur qui amuse modérément). Si l'on veut s'en aviser, que l'on parcoure un ouvrage : Les éditocrates, publié par Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle et Mathias Reymond.
Qu'est-il arrivé à sir Val? Say captain? A-t-il bêtement perdu la tête? Est-il méchamment embrigadé? Des experts en techniques de bourrage de crâne lui auraient-il retourné le cerveau (laid)? En tout cas, j'aimerais que l'on revienne sur le cas Val en courant, au sens où la bêtise de la plupart de ses propos est déconcertante. C'est très mauvais signe pour le pouvoir, de nommer de pareils nominés. C'est limite dégradant si cela illustre le niveau de nos élites au pouvoir. Au jeu de la bêtise, Val est un thuriféraire inégalable.
Il plastronne au nom de l'érudition. Il joue au cultivé, à l'autodidacte. Que ces poses sont prévisibles et minaudées! C'est toujours au nom du savoir et de l'académisme que la bêtise recrute. C'est toujours au nom de l'intelligence. Bouvard et Pécuchet le savaient bien. Le problème, c'est que Val est pire qu'un archétype manipulé.
C'est un pantin pathétique qui a remplacé son mauvais comique par un sérieux snob et vulgaire. A chaque fois que Val case une idée personnelle, c'est d'une maladresse affligeante et transie. Val est lourdaud d'esprit comme les traits de son visage sont abrupts et autoritaires. Soit ses comparses se marrent goguenards en l'écoutant répéter les fadaises qu'ils lui ont soufflées, soit ils sont aussi gogos que lui. Sont-ce des énergumènes du tonneau d'un Pierre Brochant dans le Dîner de cons? Des êtres aveuglés et méprisants, qui se croient au-dessus des autres à cause de leurs diplômes et qui s'organisent en coteries mondaines autour de Saint-Germain?
Marcel Proust, au secours, les petits-enfants du clan Verdurin sont devenus fous! Après tout, les amis dont se vante Val dans la presse sont des éditeurs au profil proche du prototype cinématographique Brochant - attristant, sadique et célèbre éditeur parisien. Prenons le cas de l'intellectuel misanthrope et ermite BHL. C'est un cas de libre penseur honnête et indépendant, profond et drôle... Euh... Pas plutôt un propagandiste atlantiste, mythomane avéré, héritier inconditionnel de la cause sioniste et des intérêts des grands patrons?
A vous de choir. L'autre poto à Valo (son surnom chez les lilis), c'est Enthoven Jr. qui indique le niveau de la relève. C'est un authentique penseur, un créateur féru de concepts... Ça recommence... Je veux dire : un historien de la philosophie creux, qui remplace les idées par les jeux de mots conformistes et sirupeux. Une nullité intellectuelle qui incarne la relève après BHL? Il était marié à sa fille, avant de piquer la maîtresse Carla B. à son papa éditeur... Ladite Carla serait la grande amie de Val. Le père éconduit est ô hasard un éditeur célèbre - grand ami du Nouveau philosophe BHL.
Jean-Paul Enthoven est un autre chef-d'œuvre (assumé) de mythomanie insouciante. Écoutons l'anecdote émanant du romancier adulescent et anodin : un jour, Alexandre Jardin, qui se flatte des mœurs légères de sa famille, contacte par téléphone son éditeur attitré, un certain Jean-Paul Enthoven, pour qui manifestement l'édition est un métier à succès. Réponse navrée de l'éditeur au nez creux (comme son style) : «Excuse-moi, Alexandre, je ne peux pas te parler, je fais du ski au Chili.» Quelques minutes plus tard, Alexandre croise Enthoven sans skis, boulevard Saint-Germain, lequel ne se démonte pas : «Mon cher Alexandre, si tu as plus foi en tes yeux qu'en ma parole, nous ne pouvons pas avoir de rapport de confiance.»
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/278993/faire-la-cour-cote-jardin
Cette anecdote dépeint à la perfection ces élites germanopratines matinées de sionisme qui croient en leur supériorité au motif qu'elles ont congédié la vérité. Au final, la supériorité ressemble à s'y méprendre à la dégénérescence des familles patriciennes de l'Empire romain tardif. Enthoven Sr. au-dessus du mensonge finit en amant cocufié - par son fils.
Est-ce la morale de cette fable? Qu'on se rassure : il s'agit seulement du tableau synoptique des amis de Val. C'est très vil. C'est très veule. Consternant comme une satire de Flaubert ou une réminiscence de Proust. Il est vrai que Val nourrit un cheval de bataille qui le rapproche de ses milieux intellectuels. C'est la démocratie. Val, sans doute à cause de la proximité patronymique, est un admirateur transi de Voltaire. Résultat : il a recopié les défauts du maître sans prendre une seule de ses qualités. Pas de style, de la propagande ultra-libérale!
Val est un démocrate très particulier, qui parle de tolérance dans la lignée de son maître : la démocratie est le pseudonyme assuré pour l'oligarchie financière. Écoutons une première sentence sentencieuse de Val l'éditorialiste à listes :
«La démocratie a toujours été mon échelle de valeur. Ma lutte n’a pas changé.»

Que c'est beau! Que c'est original! Qui a soufflé ce chef-d'œuvre de concision divinatoire? Un néocon(servateur)? Un social-démocrate suicidaire? Un parodiste alterfasciste? Un farceur aviné? Val seul comme un grand, droit comme un Z. Les impérialistes réactionnaires ou crypto-fascistes nous refont le coup de la cohérence désintéressée et rationnelle. Si l'on en croit la Compagnie des Bruckner&Pipes, c'est au nom de la démocratie que l'Occident envahit (l'Afghanistan ou l'Irak). C'est au nom de la démocratie que l'Occident mène la guerre au terrorisme.
Pourtant, à chaque fois que l'on approfondit, on trouve chez cette démocratie-là une saveur rance et fétide d'élitisme, de mépris social, de haine inégalitariste et de propagande ultra-libérale. C'est le cas chez Val, sauf que Val dit tout haut ce que ses mentors pensent tout bas. Plus précisément : les autres ont la perversité pudique de parler de meilleurs ou de liberté chérie; quand Val s'emporte assez vite contre les « ploucs humains obtus, rendus courageux par la vinasse ou la bière locale qui leur gargouille dans le bide » (Charlie Hebdo, 14 juin 2000).
Les refrains contre la populace bête et méchante sont toujours connotés en tant qu'apanage déshonorant d'un certain élitisme monarchiste et fasciste. Malheureusement, il n'y a pas qu'un prétendant suranné au trône français pour s'emporter de la sorte. On a aussi un spécimen du monde des affaires, un certain chroniqueur Baverez : "Le temps libre, c’est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié pour aller dans le Lubéron, autant, pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études."
http://autourdureel2.blogspot.com/2007/07/bave-et-rsidu.html
Véridique! Désormais on a en plus le perroquet (carné) des milieux néo-conservateurs francophiles, qui commencent par prôner des valeurs gauchistes vagues et contestataires avant de finir la révolution du côté du progressisme ultra-libéral, soit du progrès du libéral vers ses franges les plus extrêmes.
Mais le words of du meilleur ami de n'est pas encore atteint que Val débite une de ces petits phrases démasquantes et profondément naïves comme il en a le secret. Désolé, mais ce n'est pas la première fois que Val est attrapé la main dans le suc, en posture d'islamopohobe ou de raciste patenté. Que l'on consulte certaines de ses envolées pour le vérifier. Cette fois, pourtant, c'est la bêtise qui expire, comme si notre pauvre troubadour était décidément trop limité pour réussir à débiter son texte mal appris par cœur. Il bégaye, il se trompe, il commet des lapsus, des erreurs logiques, des aveux pathétiques...
Cette fois plus que jamais, Val s'affiche pourtant plein de bonnes intentions. Il veut rompre avec son image polémique et agressive. Il veut s'afficher sous son soir consensuel. On a dû lui conseiller cette posture médiatique. N'est-il pas grand patron fédérateur? Il lui suffit jouer la carte de l'homme à paix, du polémiste pacifique, de l'islamophile à fleur de peau, de l'écolo tendre et bucolique, de l'érudit autodidacte et humble, de l'homme simple et joyeux... N'en jetez plus! Chassez le naturel, il revient au galop!
Val ne comprend pas ce qui s'est passé. Il a fait de son mieux et voilà le piteux résultat :
"On veut tous la paix contre les territoires occupés."
Philippe Val, FOG, France 5, 10-01-2009.
C'est dit, c'est terrible et c'est révélateur de la mentalité de ces gauchistes ultra-libéraux, passés avec armes et bagages dans le camp de Sarko en déchirant le voile de la belle abeille - Maïa.