mardi 29 septembre 2009

Le complot du sens

De grâce, ne vous laissez pas piéger par les raccourcis. Dans le cadre du 911, ces raccourcis peuvent être tout à fait faux, mais ils sont surtout d'autant plus efficaces qu'ils sont partiellement vrais - et grandement controversés. Tour de piste non exhaustif.
1) La VO est tout à fait fausse, puisque le complot officiel, jamais reconnu officiellement comme un complot, incrimine Oussama, la structure d'al Quaeda et des pirates de l'air liés à al Quaeda.
2) La thèse du laissez-faire est partiellement fausse si elle incrimine al Quaeda et partiellement vraie si elle sous-entend que le gouvernement W. n'a pas organisé les attentats mais les a couverts.
3) La thèse de l'inside job, soit des attentats fomentés puis couverts par le gouvernement W., est partiellement vraie si l'on insinue que des membres de l'Administration sous les deux mandats de W. ont participé et/ou couvert le 911, mais elle est partiellement fausse si l'on prétend que les commanditaires de ces attentats forment un gouvernement invisible des États-Unis qui émanerait du complexe militaro-industriel et qui formerait une structure transversale mêlant des acteurs de la politique, du renseignement et du secteur industriel (militaire en particulier). On notera que el complexe militaro-industriel ou le gouvernement invisible sont des génériques qui ne désignent jamais nominalement et précisément.
4) La thèse de l'implication du sionisme et des éléments pro-israéliens, qui accumule des tonnes de preuves irréfutables de l'implication de certains pans sionistes de la politique, du renseignement ou de la finance. Cette thèse a pour mérite de relier l'idéologie sioniste avec son achèvement politique en État - Israël. Néanmoins, le sionisme ne se dissout pas dans Israël en ce qu'il perdure à Israël et qu'il existe indépendamment d'Israël et pour des buts indépendants d'Israël. L'engagement non juif en faveur d'Israël existe certes, mais il recoupe le sionisme. L'engagement en faveur d'Israël de non sionistes n'a pas vraiment de sens.
La thèse des sionistes est inacceptable quand :
- elle incrimine les juifs en opérant l'amalgame;
- elle incrimine l'intégralité de l'idéologie sioniste sans distinguer le sionisme de certains de ses pans extrémistes.
(A noter que la critique du sionisme est tout à fait possible, comme la critique du judaïsme.)
Cette thèse est tout aussi fausse quand elle fait des sionistes les commanditaires, avec une constante sous-jacente : amalgamer les nombreux crimes sionistes, en particulier dans le terrorisme sous fausse bannière, avec l'intégralité des problèmes du monde.
Le mérite de cette thèse est de mettre en avant les réseaux sionistes transnationaux, américains, internationaux, en particulier en connexion avec les mondes des affaires et/ou de la finance. La perversité de cette thèse est patente quand elle propose une hiérarchie des rapports stratégiques internationaux fondés sur la suprématie des élites sionistes et de leur État fantoche et fétiche Israël. Il va de soi qu'un brin d'histoire et quelques gouttes de faits rappellent qu'Israël est une marionnette et un pantin, pas un manipulateur et un dominateur.
5) La thèse des commanditaires musulmans.
- Si cette thèse relie les commanditaires à al Quaeda, elle est fausse, intolérante et/ou raciste et charrie les préjugés islamophobes, comme c'est le cas en France de BHL, qui pondit un livre de commande pour expliquer qu'al Quaeda était reliée aux réseaux islamistes et aux renseignements islamisés et antioccidentaux pakistanais.
- Si cette thèse détruit le mythe du terrorisme international islamiste centralisé et dirigé par la structure puissante et diabolique al Quaeda, elle a déjà le mérite insigne de rappeler la vérité sur al Quaeda, qui est une organisation lâche commanditée par les services occidentalistes, en premier lieu par les services anglo-saxons, et qui est utilisée pour des opérations de déstabilisation, de guérilla et de terrorisme locaux.
Cette thèse est notamment confirmée par l'ancien agent du FBI Sibel Edmonds et par les sources qui indiquent qu'Oussama se trouvait soigné début juillet 2001 dans un hôpital militaire américain de Dubaï, sous l'égide de la CIA. Elle incrimine en gros des commanditaires factuels comme l'Arabie saoudite (multiples preuves tous azimuts) ou le Pakistan à un niveau inférieur (en particulier l'ISI).
- Cette thèse égare si les commanditaires musulmans et/ou islamistes (remarquez l'imprécision amalgamante) sont considérés comme indépendants et ultimes. A cet égard, un des pires commentaires que j'ai entendus sur le sujet émane d'un certain écrivain français Nabe, qui eut le culot - dans une émission de l'ultralibéral FOG contre l'interventionniste Kouchner (je crois bien) - d'expliquer qu'en toute logique, il était raciste de prétendre que les commanditaires n'étaient pas des Arabes et que donc il convenait d'incriminer al Quaeda. Cette manière pseudo-logique de raisonner évacue les faits essentiels pour se concentrer sur un formalisme sophistiqué et sophistico-logicien qui accrédite n'importe quelle thèse et relativise n'importe quelle possibilité sémantique.
En l'occurrence, la thèse de Nabe n'est pas seulement fausse; elle légitime la guerre contre le terrorisme et l'islamophobie sous prétexte de glorifier les musulmans/Arabes pour le crime du siècle que les racistes occidentalistes chercheraient à leur ôter. Se glorifier d'un crime, faut le faire! C'est ça, le casse du siècle?
Il va de soi que les participants musulmans au 911 ne peuvent qu'être reliés à des commanditaires supérieurs si l'on se souvient de quelques notions élémentaires d'histoire, de stratégie et de géopolitique. Cette thèse gagne en profondeur et en pertinence si l'on a le bon goût de rappeler que le Pakistan et l'Arabie saoudite sont des alliés ambigus et profonds des États-Unis et des circuits atlantistes. Plus paradoxal encore, l'allié le plus puissant d'Israël dans la région n'est autre que l'Arabie saoudite (bien avant l'Égypte ou le Jordanie). Cependant, cette thèse demeure parcellaire car elle occulte la véritable nature des relations entre l'Occident et les pays musulmans.
6) La thèse des commanditaires du renseignement occidental au sens large a le mérite de relier les services secrets musulmans (pakistanais et saoudiens) aux services secrets israéliens (Mossad ou Aman). Elle est confirmée par des travaux comme celui de l'ancien ministre allemand von Bülow ou les déclarations tonitruantes (et emportées) de l'ancien Président italien Cossiga. Cette thèse indique évidemment qu'une telle opération n'est pas possible sans le soutien logistique des services secrets des grandes puissances internationales. Elle rappelle les liens entre les services secrets occidentaux classiques et les services secrets des puissances musulmanes alliées ou d'Israël. Cependant, il serait naïf de croire que des services secrets, y compris des machines devenues folles, puissent jouer le rôle de commanditaires ultimes. Ce sont des bras armés, des exécutants - pas des commanditaires. En outre, il convient d'inclure dans les services secrets les officines privées, aux activités bien plus insaisissables, et de rappeler que les services secrets, surtout quand ils sont privés, sont toujours étroitement connectés aux milieux financiers et industriels (voir notamment les liens entre la CIA et Wall Street).
7) La version factuelle, de méthodologie journalistique, qui est opposée à la version officielle erronée, mais qui sous couvert de s'en tenir aux faits refuse toute possibilité d'interprétation. C'est la méthode (par ailleurs excellente) que suivent Laurent et dans une moindre mesure Raynaud. Ces deux journalistes s'en tiennent aux faits et laissent aux lecteurs le soin d'interpréter. Stricto sensu, cette méthode est défendable, sauf qu'elle omet de préciser que sans interprétation, aucune compréhension n'est possible, ce qui implique qu'aucun sens ne puisse être édifié.
Ce premier défaut méthodologique en contient un second, perceptible chez Laurent en particulier : la religion des faits autorise l'accumulation étourdissante d'éléments contradictoires et dérangeants sans jamais commenter ces contradictions flagrantes et souvent intenables. Une fois que Laurent était invité chez l'insupportable Ardisson, il se lança dans une énumération des invraisemblances et autres mensonges du 911. Au bout d'un moment, un des invités, qui travaillaient aux Guignols de Canal si je ne m'abuse, lui demanda de se mouiller un peu et de tirer les conclusions directes et évidentes des faits avancés. Laurent s'y refusa catégoriquement et se retrancha derrière la vérité des faits.
Le problème avec ce type de démarche, c'est qu'elle empêche le travail de vérité d'avancer en s'en tenant à un seuil qui ne permet pas de faire sens. Quand on s'en tient aux faits, on se contente de poser les fondations de la maison sans monter les murs. C'est une démarche un peu courte, un peu lacunaire, qui conduit à de graves réductions dans la représentation. Pis sans doute, c'est cette méthode qui promeut le plus efficacement le complotisme tant dénoncé. Ce paradoxe est d'autant plus savoureux que Laurent se méfie comme de la peste du complotisme et qu'il invoque le drastique suivi de sa religion - des faits - au nom précisément de sa condamnation du complotisme.
Si Laurent et tous ceux qui appellent à la réouverture d'une enquête impartiale sur le 911 se rendaient compte qu'ils encouragent le complotisme qu'ils dénoncent, alors qu'ils croient servir l'objectivité et l'impartialité, sûr qu'ils en perdraient leur latin. C'est notamment le cas de nombreux et souvent valeureux contestataires de la VO du 911 réunis dans des collectifs comme les Mouvements pour la Vérité. On retrouve en France cette tendance dans une association comme Reopen, soutenue par le philanthrope américain Jimmy Walter.
Évidemment, la prudence critique de Reopen peut être assimilée à une certaine modération, sauf qu'en en restant à la surface des choses, la notion de preuves offre une définition si minimaliste du réel et des faits qu'elle interdit tout sens et toute compréhension. Le résultat correspond à ce que l'analyste stratégique de l'EIR Steinberg reproche aux travaux de l'historien Tarpley : d'en rester à un sens évanescent, mystérieux et obscur, à des forces qui à force d'être si invisibles et indescriptibles finissent par évoquer plus des formes surhumaines que des êtres aux caractéristiques connues et humaines.
C'est le principal - et définitif - reproche que l'on peut adresser à cette méthode purement factuelle : d'empêcher l'édification du sens. Seul problème : sans sens, le 911 comme tout fait, comme tout évènement, n'a plus aucun sens, ce qui engendre quasiment l'absence de reconnaissance. Raison pour laquelle les factualistes font ainsi, sans s'en rendre compte, le jeu des comploteurs effectifs, qui ne risquent guère d'être inquiétés par une démarche qui s'en tient à jeter le trouble et à détruire tout type de sens.
En détruisant le sens officiel sans le remplacer par des propositions de sens, nos factualistes critiques en chef méritent d'être baptisés du doux nom de complotistes ou de conspirationnistes puisqu'ils se contentent de botter en touche et de mettre en suspens le sens. D'ailleurs, ils se réclament explicitement, de manière fort cohérente, du doute hyperbolique cher à Descartes, à ceci près que Descartes finit par mettre fin à son doute pour proposer sa conception mécaniste du réel adossé à sa métaphysique tarabiscotée.
Descartes le postscoliaste finit par construire quand Nieztsche construit des chimères après son dynamitage. Aujourd'hui, le mal du sens a encore progressé, puisqu'on se contente de mettre en suspens. Cette lâcheté ontologique, cette déficience religieuse encouragent le vice des complotistes qui face au vide en profitent pour imposer leur solution nihiliste et perverse. Dans le cadre spécifique du 911, la solution face au vide, c'est le 911 - précisément.
En se contentant d'un vœu pieu, l'appel futur à une Commission impartiale chargée d'une enquête enfin sérieuse, nos contestataires ne risquent guère de parvenir à la vérité, qui consiste non à contester, mais à faire sens. La contestation sert de prolégomènes au sens. Quand on détruit un sens aberrant, comme c'est le cas de la version officielle, le seul moyen de provoquer un changement est de proposer un sens alternatif, soit de construire sans s'en tenir à la destruction.
L'appel vertueux et formel à une nouvelle commission indépendante et impartiale, sur le modèle de la Commission Sartre-Russell de 1966-67 sur la guerre du Vietnam, contient les limites que comportent toutes les utopies : d'être des vœux pieux, soit des irréalisations qui dénuées de sens ne sauraient en aucun cas accoucher de réalisations. Quand on détruit le sens, on fait le jeu de ceux qui proposent des faux sens, des sens interdits, et qui, s'ils ont le pouvoir dominant, estiment qu'ils sont les créateurs du sens au sens où Nietzsche parle de créateurs des valeurs (projetant sur les sens contestataires leur propre déficience de sens ou leur sens interdit, baptisé des insultes de l'époque, comme le complotisme, le négationnisme ou cet acabit de billevesées).
Les complotistes sont ainsi ceux qui empêchent le sens de sortir, de s'édifier, de se construire, bien plus que ceux qui voient des complots partout. A y bien regarder, voir des complots partout, c'est aussi détruire le sens, puisque dans le réel, l'action humaine comporte d'innombrables complots, mais n'est heureusement pas constituée intégralement de complots. En dénonçant un complot sans lui donner de sens - sans lui attribuer d'auteurs précis et spécifiques -, on détruit tout autant le sens et l'on en vient à distinguer la racine commune du complotisme et du factualisme critique, qui est la destruction du sens.
La destruction du sens renvoie au nihilisme. Les comploteurs immanentistes qui ont manigancé le 911 pour sauver le système financier aberrant de la crise dans laquelle il s'enfonce irrémédiablement sont aussi nihilistes que leurs pseudo-adversaires critiques qui prétendent les contrecarrer. Dans le fond, tout ce petit monde entend maintenir et sauvegarder les lois du système immanentiste.
a) Les critiques sont des immanentistes idéalistes qui pensent qu'il est encore possible de sauver le système par l'adjonction impossible de vérité - sans s'aviser que le fait d'en rester aux faits interdit le recours à la vérité pour sauver le système.
b) Les créateurs des valeurs comploteurs sont des immanentistes pragmatiques qui se croient au-dessus des hommes en ce qu'ils créent les valeurs remplaçantes des dieux ou de Dieu.
On mesure à quel résultat catastrophique aboutit la théorie du surhomme créateur des valeurs, théorie qui remplace le divin en ce qu'elle prend acte de la mort de Dieu : à la légitimation des complots comme incarnation politique et sociale de la légitimation du mal, de l'immoralisme et de la violence au nom de leur positivité et de leur caractère supérieur et dénié. C'est le phénomène aberrant du renversement de toutes les valeurs, qui aboutit à la mutation impossible en religion et à la folie de son promoteur principal, le maudit et maléfique Nietzsche, dont les moustaches proéminentes et farfelues indiquent mieux qu'une fastidieuse symptomatologie psychiatrique le dérèglement programmatique.
8) Je passe de côte toutes les théories véritablement délirantes qui s'appuient sur des causes non humaines et non avérées, comme c'est le cas dans le 911 des promoteurs des extraterrestres ou des reptiliens (race extraterrestre qui aurait essaimé sur Terre et qui dominerait secrètement l'humanité). Tant qu'on n'aura pas prouvé l'existence des extraterrestres ou des reptiliens, on n'aura avancé que des délires sur la question du 911. Je ne dis pas que les extraterrestres n'existent pas a priori, mais qu'en l'absence de toute preuve de leur existence sur Terre, il est rigoureusement impossible qu'il soient les auteurs du 911. En conséquence, le 911 est jusqu'à preuve du contraire un complot exclusivement humain, dont les acteurs sont humains. Ni reptiliens, ni extraterrestres - ou que sais-je. Il va sans dire que la présentation de délires irrationnels et non étayés sert grandement les tenants de la VO, qui répondent face aux critiques pourtant légitimes qu'ils ont au moins le mérite de proposer une explication humaine. Explication fausse, mais plausible. Seulement plausible - en réalité impossible.
9) Face à tous ces amoncèlements de réductions et de miettes, au sens où la vérité est éclatée, fragmentée, dégénérée et dénaturée, je ne connais qu'une explication politique cohérente et vérifiable sur le 911. Cette explication en particulier est la seule à proposer une interprétation qui englobe tous les faits cohérents précédemment cités sans les disséminer et sans proposer de théorie fausse et souvent haineuse (sur le modèle du tendancieux complot sionisto-juif, étant entendu que l'implication d'éléments sionistes est une certitude, mais que la supercherie principale consiste à prêter à ces factions désaxées un rôle suprême qu'ils n'ont pas et qui protège les réels commanditaires). Je ne prétends nullement que cette explication soit la vérité finale, ne serait-ce que parce qu'il coule de source que l'homme en tant que créature n'a pas accès à la vérité intangible, objective et définitive.
J'affirme seulement qu'en l'état actuel de mes connaissances, elle est la plus cohérente, la plus vérifiable et la plus plausible. Elle a le mérite de conférer une portée politique à un acte qui ne vaut que si on lui restitue son environnement politique global. Par ailleurs, ce blog analyse la dimension philosophique et religieuse du 911 :
- philosophique : l'avènement de l'immanentisme terminal;
- religieuse : l'effondrement diabolique des Tours préfigure à l'effondrement de l'Occident chapeauté par l'impérialisme financier (spécifiquement des factions de l'Empire britannique).
Cette explication émane du mouvement politique lancé par l'économiste autodidacte américain LaRouche. On ne s'étonnera pas des polémiques et des persécutions qu'a subies cet individu quand on s'avisera qu'il est le seul depuis l'après-guerre à avoir compris avec acuité l'impasse du monétarisme économique (notamment en prévoyant l'issue de ce monétarisme débridé et inconséquent).
C'est suite à ces prévisions économiques vérifiables qu'il a compris que le monétarisme était le terme spéculatif financier qui abritait les menées impérialistes des factions financières constituant l'Empire britannique. C'est seulement à partir de la compréhension des mécanismes financiers de cet Empire britannique que l'on peut comprendre les causes du 911, les acteurs et les conséquences. A tous ceux qui n'ont pas compris la portée politique du 911 (je laisse de côté son impacte religieux pourtant supérieur) : si vous pensez follement que le 911 n'est qu'un coup passé et terminé, un coup d'épée dans l'eau comme dirait Nabe, demandez-vous pourquoi il est l'explication de la guerre contre le terrorisme et le prétexte de la stratégie sécuritaire actuelle, qui n'est autre que l'action terminale et caduque de l'impérialisme sur le point de disparaître - victime de se propres maux.

Le louche obscur

"Quoi qu’il arrive, l’Europe avancera parce que nous n’avons pas le choix. (…) Donc, on trouvera une solution si jamais nous étions devant une situation de ce genre."
Pierre Lellouche, secrétaire d’État français aux Affaires européennes, à propos de l'éventuel rejet du Traité de Lisbonne par le peuple irlandais.

Sans polémiquer sur :
1) la ratification non démocratique du Traité de Lisbonne (sauf en Irlande?);
2) l'absence de considération démocratique du référendum sur la Constitution européenne, qui a donné lieu à de nombreux Non comme en France (le 29 mai 2005);
cette déclaration surprenante d'un atlantiste déclaré ouvre le questionnement sur l'édification antidémocratique de l'Union européenne. Ne pas tenir compte des votes des peuples signifie que l'on foule aux pieds du système fédéral les principes les plus élémentaires de la démocratie. Dès lors, l'on se situe en oligarchie de type fédéral, spécifiquement dans le cadre d'une manipulation de la démocratie par les intérêts oligarchiques (exactement par les descendants des intérêts synarchiques, qui ne font que suivre les avis de Kohr, Monnet ou Coudenhove-Calergi sur le fédéralisme européen).
Ces opérations bien connues expliquent la condamnation de la démocratie par Platon - au nom de sa dégénérescence en démagogie, puis tyrannie de nature oligarchique. Nous y sommes? Moi, la question que je poserais au clair Lellouche pour tirer au net cette épineuse question de la démocratie européenne, à savoir la fâcheuse propension à poursuivre le fédéralisme ultralibéral démocratique européen sans tenir compte de l'avis des peuples, c'est : pourquoi diable n'avons-nous pas le choix?
Si nous sommes en démocratie, nous avons le choix. Si nous n'avons pas le choix, nous ne sommes pas en démocratie. Serions-nous explicitement en oligarchie, dans un système démagogique qui instrumentaliserait la démocratie, sur le mode : quand les peuples sont d'accord avec les élites oligarchiques, nous validons leur choix; quand l'avis diverge, nous n'en tenons pas compte?
Dès lors, Lellouche n'est pas au clair avec la démocratie : serait-il en France un porte-parole de cette oligarchie atlantiste qui ne dit pas son nom et dont le seul mérite est d'être si divisée qu'elle est programmée pour échouer? Nous rappelons que
Lellouche se signale par un systématique soutien aux politiques atlantistes, en particulier promues par l'OTAN. Proche des néoconservateurs (notamment de l'ultra-conservateur Kagan), Lellouche se distingue avec pertinence par son soutien à la guerre en Irak en 2003, ses mandats à la présidence de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN (de novembre 2004 à novembre 2006), son poste de Représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan (mars 2009-juin 2009) .
Il va sans dire que monsieur Lellouche est un soutien inconditionnel d'Israël, engagement idéologique sioniste qui est sans doute dicté pour une bonne part par ses origines séfarades tunisiennes. Par ailleurs, ses positions en faveur de l'OTAN, et du retour de la France dans l'OTAN, sont à mettre en relation avec les avis des fédéralistes européens qui promeuvent l'impérialisme européen, comme
Robert Cooper (délégué de l’UE à la politique économique et militaire), le conseiller de Tony the Bliar.
Le sioniste Lellouche n'est sioniste que dans la mesure où le sionisme participe de l'atlantisme et sert les intérêts atlantistes. Dans le fond, Lellouche est un impérialiste qui se sert de la démocratie comme d'un cheval de Troie pour assurer les intérêts des factions financières oligarchiques atlantistes, situées entre la City et Wall Street (pour schématiser). Si vous doutez de cette évidence, demandez-vous comment un libéral affiché peut défendre l'oligarchie en lieu et place de la sacrosainte liberté. Réponse : parce que dès Smith, Ricardo, Malthus et les autres pseudo-économistes libéraux stipendiés par l'Empire britannique, spécifiquement la Compagnie des Indes, le libéralisme est une vitrine, dorée sans doute, de la prison impérialiste.
Le concept central et aberrant de main invisible est l'explication pseudo-économique et pseudo-cohérente proposée par ces brillants cerveaux pour justifier de l'équilibre politique conçu comme un domaine puremnet fini, réduit à la sphère des échanges économiques. La main invisible est le paravent qui justifie cyniquement de la domination des intérêts économiques impérialistes occidentalistes et atlantistes sur le restant du monde.
La domination implique fatalement que le modèle libéral n'est pas extensible à l'humanité et qu'il se réduit comme la peau de chagrin - de tous les systèmes impérialistes. Ce sont les tristes moments que nous vivons actuellement, où nous assistons à l'effondrement de l'Empire financier anglo-saxon d'origine vénitienne. Pour endiguer cette chute inexorable et programmatique, l'Empire recourt au bellicisme et à la force pure et simple. Nous espérons qu'en rappelant ce fait et le fait connexe de l'appartenance de Lellouche à la Commission Trilatérale ou au CSIS de Cheney et consorts, nous ne provoquerons pas chez ce grand humaniste des réactions outrancières et outrées, comme ce fut le cas en avril 2009, lorsqu'au cours d'un débat télévisé au sujet de la réintégration de la France dans le commandement de l'OTAN, Pierre Lellouche fut accusé par Mélenchon d'être un «agent» de la CIA.
Au comble de la rage, notre Pygmalion aux effets fédéraliste et européiste manqua de s'étrangler. Il traita son contradicteur de «pauvre type» et regretta de «ne pouvoir, comme au XIXème siècle, provoquer son adversaire en duel et le flinguer». Ce noble élan chevaleresque oubliait un peu vite que Lellouche aurait pu tout aussi bien perdre son duel que le gagner. Surtout, il est plus facile de parler que d'agir. C'est pourtant dans l'action que l'on reconnaît les coeurs et que l'on sonde les reins. Pour l'instant, Lellouche, loin de l'homme d'honneur ou du carcatère d'airain, s'en tient aux paroles promises à l'inefficacité et à l'inaction. Serait-il propagandiste de la cause atlantiste et de tous ses dérivés géopolitiques et géostratégiques?

vendredi 25 septembre 2009

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Les propagandistes se discréditent sous prétexte de discréditer.

Dans son dernier livre, le reporter d'investigation indépendant Eric Raynaud revient sur les innombrables et impayables mensonges officiels de la VO du 911. Dans l'ensemble, cet ouvrage rompt la langue de bois, même si on y relève quelques inexactitudes tout à fait compréhensibles sur un travail aussi important de relevé factuel. Un intervenant fort précis de Reopen News, Taïké Eilée, dresse une liste de certaines inexactitudes tournant essentiellement autour d'un chapitre.
http://www.reopen911.info/News/2009/08/31/critique-de-11-septembre-les-verites-cachees/
Encore une fois, il ne s'agit pas de chipoter, d'autant qu'il est plus facile de détruire que de construire. Les Méphistophélès qui se sont occupés des Twin Towers en savent quelque chose, puisqu'à présent que la crise systémique d'ordre monétaire est venue, leurs commanditaires sont incapables de construire un nouvel ordre politique et économique après avoir dynamité l'ordre international d'avant le 911, fondé essentiellement sur la notion d'État-nation datant de la paix de Westphalie.
A ce titre, il serait temps de relier les dynamiteurs qui ont provoqué le 911 (les commanditaires comme leurs exécutants, que ce soient les mercenaires du terrain comme les concepteurs des services de stratégie, de diplomatie et de renseignement) aux propagandistes des médias officiels, qui revendiquent le doux nom de journalistes, alors que leur métier consiste à propager avec impudence la version officielle, y compris quand cette version est intenable et bourrée de contradictions explosives.
Qu'a donc dit Nietzsche avant de sombrer dans la folie? Qu'il n'était pas un homme, mais de la dynamiste. Syndrome publicitaire d'une célèbre barre chocolatée de l'époque, l'effet dynamite ne s'est pas seulement attaqué aux Tours. Il est aussi le syndrome qui frappe, telle une pandémie meurtrière, les propagandistes du journalisme officiel. A ce propos, la qualité professionnelle de Raynaud est intéressante : il est journaliste d'investigation et grand reporter.
C'est-à-dire qu'il n'a aucune leçon de journalisme à recevoir de la part des donneurs de leçons endimanchés et snobinards du journalisme officiel. Pourtant, ceux-ci ne manquent pas dans leurs rangs de moralistes fieffés. Dès qu'ils sont contraints de croiser le fer argumentatif avec quelqu'un qui ose insinuer que la version officielle est fausse, ils sortent l'artillerie inquisitrice qui a été conçue made in Empire par des experts intellectuels comme Pipes aux États-Unis ou Taguieff en France. Peu importe que l'on soit HS ou manifestement dans les choux, l'important est d'opposer aux arguments factuels de son contradicteur des insultes stéréotypées et roboratives : antisémite, terroriste, paranoïaque, complotiste, conspirationniste...
La liste est aussi longue que baroque. A force d'employer des invectives à tout propos, hors de propos, nos propagandistes du journalisme officiel ne se rendent pas compte qu'ils vident de leur substance des termes qui avaient au départ parfois un certain sens (complotisme), voire pas de sens clair du tout (antisémite). Quand ces propagandistes officiels croisent sur leur chemin un confrère journaliste, ils sont coincés et ils le diabolisent comme s'il était un dérangé ou un malade.
A force de sentir gronder la contestation, le patron FOG de l'hebdomadaire ultralibéral Le Point tenu par le grand patron français Pinault et dans lequel intervient l'ami BHL, un mythomane invétéré et atlantisto-sioniste (soit un sioniste inconditionnel à la botte de ses contrôleurs atlantistes), s'est senti obligé de convier sur son plateau de télévision (qui change souvent de nom, jamais de format) l'incontrôlable Raynaud pour discuter du 911.
Bien entendu, les hyènes et les charognes ne sortant jamais en solitaires, il s'est adjoint les services d'un des pires propagandistes que je connaisse dans ce milieu de chacals, le pseudo-spécialiste en terrorisme islamiste surfant sur la vague de l'islamophobie pour agiter les peurs occidentales, le grillé et honteux scribouillard Mohamed Sifaoui. J'ai parlé récemment de renégat pour qualifier cet agitateur qui aimerait se donner de grands airs de respectabilité, mais le terme n'est pas assez fort. Quand on est d'origine arabe, on ne profite pas de la mode islamophobe en Occident pour enfoncer le clou et agiter l'ombre de menaces plus que largement exagérée, souvent artificielle et instrumentalisée. C'est le cas du péril islamiste terroriste et c'est dans cette veine et avec cette verve glauque que Sifaoui le men(t)eur ose sortir en collaboration une BD dont le sujet suffit à le discréditer définitivement : le retour d'Oussama en 2009.
Bien entendu, Sifaoui se charge de l'exécution de Raynaud avec des arguments qui ont valeur de massues : nationaliste proche du journal d'extrême-droite Minute, complotiste, paranoïaque, théoricien du complot... Ce que Sifaoui semble n'avoir pas compris, c'est qu'en propageant la version officielle du Grand Mensonge, il se discrédite et il discrédite ses techniques discréditantes. Il en va de même quand il se lance dans son couplet prévisible sur les poubelles d'Internet, refrain relayé par FOG, qui répète sans connaître à mon avis : tout ce cirque des arguties pseudo-argumentatives se discrédite de lui-même et n'a plus de valeur pour l'auditoire. Résultat : les médias officiels sont de moins en moins lus par des lecteurs qui écœurés ont compris le mensonge.
Idem pour la télévision et les autres médias, y compris les radios. Seul Internet le nouveau média, plus importante révolution culturelle et de communication depuis Gutenberg, permet de propager un certain vent de liberté et de contestation. L'information y est moins contrôlée parce que moins contrôlable. Nos chiens de garde de la propagande officielle ont beau enrager, éructer et diaboliser, leurs amalgames grossiers sur Internet ou la contestation complotiste ne parviennent jamais qu'à les discréditer encore un peu plus. Chacun sait très bien de nos jours ce qu'il en est de BHL le mythomane ami de Massoud et spectateur privilégie du siège de Grozny. Idem pour Sifaoui et ses comparses innommables (ah si : Malterre m'atterre).
Ceux qui estiment que Raynaud a perdu sur le plateau de FOG n'ont pas compris que les téléspectateurs avaient compris - eux : on l'a empêché de parler et quand on empêche de s'exprimer quelqu'un, cette technique rhétorique violente et radicale laisse ressortir la vérité. Qui fait-on taire? Les dissidents. Pourquoi les fait-on taire? Parce que malheureusement ce qu'ils ont à dire n'est pas un tissu de mensonges et d'affabulations. Quelles techniques emploie-t-on pour les réduire au silence? Des appellations simplistes et amalgamantes, qui ont valeur de réflexes conditionnés et qui se discréditent sous le prétexte de discréditer.
Maintenant que l'on a remis les choses en place concernant les propagandistes officiels qui se font passer pour journalistes et qui insultent les journalistes professionnels authentiques de délires et les citoyens d'incompétences psychopathologiques, revenons aux petites erreurs de Raynaud concernant le 911. Les distorsions entre les faits et la version officielle du 911. Ce n'est pas à une petite erreur factuelle bien compréhensible que j'aimerais m'attacher, mais à une confusion dont je ne parvenais pas moi-même à démêler l'écheveau complexe.
Eilée lui-même n'aborde pas le sujet, que ce soit par omission involontaire ou par prudence aristotélicienne. Il se contente de pointer du doigt une légère approximation concernant les chiens renifleurs des Twin Towers. Alors venons-en à cette confusion qui pour moi ressortit du déni, voire d'une certaine réduction amalgamante : il s'agit de la question des sociétés en charge de la sécurité dans le WTC le 911.
Comme on va le voir, c'est une question sérieuse, parce qu'elle permet de mieux comprendre les acteurs et les forces en présence autour de cette journée du 911 et d'une manière plus générale dans l'Occident post-911. P. 292, Reynaud explique ainsi que "la société qui avait obtenu le marché de la sécurité du WTC était Securacom, rebaptisée Stratesec après le 11-Septembre. Elle avait une belle clientèle, puisque, en plus du World Trade Center, elle assurait la surveillance et le gardiennage de la United Airlines, et encore de l'aéroport de Dulles, d'où avait décollé le vol 77 à destination du Pentagone... Trois entités placées au centre, au coeur des attentats."
On sait que Reopen 911 milite explicitement pour une réouverture de l'enquête officielle, lâchement bâclée par la Commission 2004. Accessoirement, Reopen a largement couvert le film soutenu par l'eurodéputé Chiesa Zero, qui incrimine largement le rôle de bâilleur de fonds de l'Arabie saoudite dans les attentats (d'après les réalisateurs du film, la trace des virements bancaires est imputable aux princes saoudiens, notamment à Bandar Bush bin Sultan, par le truchement de la cassette néo-terroriste et néo-impérialiste Al-Yamamah).
Par ailleurs, Reopen est une association proche de l'action de Meyssan autour du 911. Meyssan dénonce beaucoup l'impérialisme US et le complexe militaro-industriel sans le relier à l'Empire britannique de la City (surtout). D'après Meyssan, ce seraient des factions de ce complexe qui constitueraient depuis l'après-guerre un gouvernement invisible aux États-Unis et qui seraient responsables des attentats du 911. Cette hypothèse instaure un écran de fumée et de mystère sur le 911, sans préciser l'identité de ces obscurs commanditaires tapis à l'intérieur du complexe militaro-industriel.
Il est vrai que Meyssan laisse place à une certaine latitude interprétative, puisqu'il est proche du général Ivashov, l'ancien chef d'État-major russe le 911, qui incrimine explicitement les factions financières occidentalistes comme les commanditaires - et qui les relie aux industriels atlantistes, notamment au fameux autant qu'impénétrable complexe militaro-industriel. Malgré toutes ces dissonances, ou aussi à cause d'elles, les critiques mystérieuses de la VO tendent en gros à incriminer des commanditaires américains, appartenant à une branche du complexe militaro-industriel et de leurs vassaux politiciens comme les néo-conservateurs sous W.
Au passage, qui est néo-conservateur aujourd'hui? Je sais bien que cette doctrine assez hétéroclite a toujours brillé par sa stupidité arrogante, mais depuis leur action catastrophique en Irak notamment, plus personne ne se revendique de cette mouvance idéologique qui autrefois était si en vogue. Désormais, on est catalogué faussement néo-conservateur, alors qu'on serait tout simplement plus complexe et profond dans le conservatisme.
Revenons à l'hypothèse de l'implication de certaines parties anonymes et non nommées du sacrosaint complexe militaro-industriel, qui, s'il continue à briller par son obscurité, va finir par ressembler étrangement au fameux et hilarant milieu autorisé de Coluche. Au final, cette théorie peu démonstrative, puisqu'elle conteste sans démontrer quoi que ce soit de précis, est fort proche de la théorie de l'inside job, selon laquelle ce serait le gouvernement américain et se contrôleurs qui auraient commandité les attentats.
Il va sans dire que les membres de l'administration W. ont couvert la VO, qu'ils ont menti gravement, mais il suffit de s'attacher au parcours du Vice-président Cheney pour se rendre compte que l'Empire britannique a placé ses vassaux et valets. Qui est dans la place? Tout baigne au bagne de Cocagne. Avant que Dick la grosse baleine cardiaque ne file vers son ranch pakistanais, en bouc émissaire réducteur et facile - à moins qu'il ne rende visite à l'infortuné caméraman de la FEMA Sonnenfeld réfugié en Argentine pour des motifs improbables (LOL), revenons aux précisions de Raynaud sur la sécurité dans le WTC.
Raynaud est proche de la mouvance Reopen, qui est internationale : en gros, elle recoupe le Mouvement pour la Vérité sur le 911, et ses déclinaisons corporatistes fort pertinentes. Je pense que Raynaud, qui a lu le principal représentant intellectuel de ce Mouvement, le philosophe logicien et théologien David Griffin, s'inspire en grande partie de son livre Omissions et manipulations de la commission d'enquête sur le 11 Septembre, que l'on peut consulter sur Internet, notamment la page 40 (à partir du chapitre intitulé Omission des proches du Président Bush, p. 39) :
http://books.google.fr/books?id=awVtk6xVTMUC&pg=PA40&lpg=PA40&dq=wirt+walker+griffin&source=bl&ots=O4q0g6TsES&sig=-juMt-v7yd0rMlSiP6j3oSwPrpM&hl=fr&ei=icO8Sq74D8fMjAfRlczZCw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1#v=onepage&q=&f=false
Griffin, qui n'est pas suspect d'imprécision ou de manque de rigueur, explique que Wirt Walker III et son cousin Marvin Bush, le frère de W., dirigeaient la société de surveillance Securacom. Surtout, Stratesec/Securacom s'occupait de surveiller le WTC, l'aéroport Dulles de Washington et United Airlines. Je ne parviens pas à savoir si Wirt est le cousin de Marvin ou s'il n'existe aucun lien de parenté entre eux, comme l'indique le lien Wikipédia sur Stratesec/Securacom. Autre lien :
http://www.politicalfriendster.com/showPerson.php?id=1940&name=Wirt-D-Walker-III
qui indique que Wirt aurait pour descendant un certain Wirt Dexter Walker ("a Chicago railroad magnate"), et non pas George Herber Walker ("the St. Louis banker, who is the great-grandfather of President Bush"). Selon ce commentaire, Stratesec serait l'unique connection entre les deux familles. Sur le même site, on trouve néanmoins l'information selon laquelle Wirt serait un cousin éloigné de la branche Walker de la famille Bush.
http://www.politicalfriendster.com/showConnection.php?id1=1940&id2=297
Lien pas clair du tout, donc.
Par ailleurs, le rôle que Marvin et Wirt ont joué apparaît controversé, en particulier les dates de leur participation à cette société, en particulier durant le 911. Enfin, le plus important est que d'après mes recherches, qui résultent notamment de Wikipédia, Securacom était bien en charge du WTC, mais avant le 911 - à partir de 1993 et du premier attentat. Wikipédia n'indique pas la fin de ce contrat, mais ajoute que de 1996 à 1998, Securacom "avait obtenu un contrat de fourniture d'accessoires électroniques de sécurité pour le World Trade Center".
Précision importante : "Son PDG Barry McDaniel, a dit que la compagnie disposait d'un mandat inachevé concernant la sécurité du World Trade Center "jusqu'au jour ou il s'écroula"." Wikipédia cite les vrais responsables de la sécurité du WTC : "La sécurité du WTC était au mains de la Port Authority of New-York". Le contrat de sécurité était sous la responsabilité de Kroll Inc. Ce n'est plus du tout la même chose : il est possible que le mandat achevé puisse incriminer Securacom, en particulier autour de la question des accessoires électroniques, mais il apparaît que c'est Kroll Securities qui se trouvait en charge de la sécurité principale du WTC, sous l'aval de l'Autorité portuaire de NY.
Je n'exclus pas la participation minoritaire, quoique capitale, de Securacom dans ce jeu de dupes, mais ce n'est pas la même chose d'expliquer que Securacom s'est chargée de la sécurité du WTC après 1993 et de présenter cette firme comme s'occupant le 911 du contrat de sécurité. Du coup, on oublie Kroll Inc., dont les prérogatives en la matière sont encore plus intéressantes. Idem pour Marvin Bush, dont la participation semble se clore autour de 2000.
Cette présentation de Raynaud/Griffin et l'absence de démenti clair, notamment de la part de Reopen, laisse entendre, soit que c'est vrai, ce qui reste à prouver de manière précise et documentée; soit que c'est faux, auquel cas l'erreur devrait être admise et corrigée. Si c'est vrai, j'attends des précisions, notamment le fait de savoir si l'on soupçonne Securacom de participation minoritaire et obscure dans certains pans de la sécurité du WTC. Toujours dans cette veine, les liens entre Securacom, Marvin et Wirt sont à expliciter grandement, faute de quoi on demeure dans l'expectative courroucée.
Que l'on comprenne bien : si l'on s'en tient à présenter Securacom, Marvin et son cousin Wirt comme les principaux dirigeants de la sécurité du WTC le 911, on se dirige vers une hypothèse qui concourt grandement à la théorie de l'inside job et de la participation de certains pans du complexe militaro-industriel. Par contre, si l'on retient que le contrat appartenait à Kroll, on est amené à :
1) exclure totalement Securacom, ce qui impliquerait que Reynaud, Griffin et d'autres propagent aussi des informations fausses, tout comme les partisans de la VO, dans une proportion notablement inférieure heureusement;
2) exclure partiellement Securacom, ce qui relance les spéculations mystérieuses, ne contribue guère à clarifier le débat et surtout occulte le profil de Kroll.
Il est pourtant accablant. La firme fondée par Jules Kroll en 1972 entretient la réputation d'être l'agence de renseignements privés de Wall Street. En 1993, l'entreprise d'assurance AIG de Maurice Greenberg, le légendaire patron, réputé proche des services secrets américains, au point d'être pressenti pour occuper le poste de directeur de la CIA sous Clinton, racheta une part des fonds de Kroll. En 2004, Kroll passa sous le contrôle de Marsh&Mac Lennan Companies, une compagnie d'assurance qui était tenue jusqu'en 2004 par le fil de Hank, Jeffrey et qui disposait de bureaux de le WTC, là où un avion s'écrasa.
Depuis, tant Hank que Jeffrey ont dû quitter leurs fonctions au point que l'on pourrait appeler leur itinéraire brisé "La tragédie des Greenberg - grandeur et misère des patrons courtisans et sionistes". Le point crucial de leurs péripéties serait de constater que les poursuites judiciaires qui les affligent interviennent après le 911. En tout cas, Kroll permet de remonter jusqu'à certains pans du sionisme, Greenberg du CFR, Kissinger du CFR, et d'autres - du CFR. Cette piste est fort sérieuse puisque le patron utrachanceux du WTC quelques semaines avant le 911 est le promoteur immobilier Larry Silverstein.
Silverstein est un sioniste notoire, ami du politicien israélien et radical Bibi Netanyahu, qui vient d'une famille de sionistes fascistes proches des cercles de Jabotinsky, l'ami de Mussolini. Silverstein Properties et Westfield America ont fait inclure une clause d'assurances pour risques terroristes dans le rachat du WTC, ce qui lui a permis de toucher une prime d'environ 5 milliards de dollars, alors que l'achat lui avait coûté 3,2 milliards (fonds personnels autour de 14 millions!). C'est une affaire plus que rentable - et plus qu'intéressante.
Je laisse de côté d'autres déclarations et faits de Silverstein pour mieux me concentrer sur l'identité de Jerome Hauer, un sioniste historique qui était le directeur de Kroll Securities en charge de la sécurité du WTC et qui travaillait pour le maire de NY, le sécuritaire Giuliani. Hauer est la clé qui relie l'Autorité portuaire de NY, Kroll et le WTC. Hauer fut notamment à l'instigation de la construction dans le WTC 7 du fameux Office of Emergency Management de la ville de NY.
Si l'on précise que le 911, les officiels utilisèrent un autre poste (le Pier 92 près du WTC), on peut poser la question : qui était en poste au 23ème étage de la défunte Tour 7? Peu importe. Si l'on se reporte à cet article imparable,
http://geopolintel.kazeo.com/Terrorisme/John-O-Neill-destin-funeste,a601011.html
l'un des faits d'armes de notre sympathique stratège fut de nommer à la tête de la sécurité du WTC un certain O'Neill, spécialiste mondial d'Oussama et d'al Quaeda au FBI (il démissionna après le harcèlement à son encontre de l'administration W.). O'Neill mourut brutalement dans les attentats du 911 et eut droit à un documentaire portant son nom en 2002. L'autre particularité de Hauer est d'être lié à la campagne d'anthrax qui terrorisa subitement les États-Unis après le 911.
Nul besoin de se perdre en détails remarquables. Le diable se loge dans les détails, l'affaire est trop connue. Dans cette affaire, Securacom ne peut qu'occuper une place secondaire. C'est Kroll qui occupe la primordiale. Si tel est le cas, l'implication de certains milieux sionistes est patente et permet de remonter du sionisme aux milieux financiers et bancaires. C'est ainsi que Netanyahu est lié aux milieux financiers synarchistes autour de Lazard et de Shultz aux États-Unis. Dans la même veine, un complice de Netanyahu, l'ancien Premier ministre israélien et actuel ministre de la Défense Ehud Barak, est fortement lié à ces milieux d'affaires, notamment à Lazard.
http://www.solidariteetprogres.org/article2328.html
L'hypothèse Kroll permet de relier l'implication saoudienne à la participation sioniste et/ou israélienne. En effet, l'Arabie saoudite et Israël sont deux colonies issues de l'Empire britannique et contrôlées par les forces financières de cet Empire toujours existant. Par ailleurs, le rôle d'un Greenberg est passionnant, en lien avec Kissinger, le fondateur de Kissinger Associates : ces milieux du renseignement privé sont à même de relier entre eux des opérations stratégiques privées entre les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Arabie saoudite et le Pakistan. L'opération Oussama émane des services secrets saoudiens, sous la férule expérimentée du prince Turki, qui a quitté ses fonctions après le 911. Al Quaeda est dépendante de l'ISI, les services pakistanais, au point qu'un suspect du 911, Omar Sheikh, travaille pour l'ISI et que le général Mahmoud, chef de l'ISI le 911, était en voyage professionnel aux États-Unis du 4 au 15 septembre.
Depuis, le 6 octobre 2001, Mahmoud a aussi quitté son poste - comme Turki. Reste la disparition de Bandar Bush en Arabie saoudite, accusé de haute trahison contre Abdallah et de participation active dans le 911. Reste à autopsier le rôle de Hakluyt, vénérable maison de renseignements privés anglaise, un temps lié à Kissinger Associates, et qui est reliée à d'autres opérations troubles autour du 911. On se souviendra notamment que c'est le cabinet de Tony Blair qui orchestra la campagne de désinformation autour de l'Irak, afin d'amener les États-Unis en guerre contre ce pays famélique et son dictateur instrumentalisé.
On le voit, l'enjeu n'est pas le même : d'un côté, on incrimine l'administration Bush et on s'en tire avec une version réductrice et fausse. De l'autre, on entrevoit les ficelles de l'Empire britannique, de l'Arabie saoudite à Israël en passant par la Pakistan. On comprend que le 911 fut une opération terroriste dirigée contre les États-Unis dans le but de détruire la souveraineté américaine et d'instaurer la domination de l'Empire financier britannique contre son effondrement économique et monétaire.
Dans ce jeu de dupes aux multiples bandes, il est possible que Securacom ait joué un rôle mineur ou que le Cousin Wirt, effectif ou pas, ait eu un rôle qui est détaillé dans ce lien précédemment cité :
http://www.politicalfriendster.com/showConnection.php?id1=1940&id2=412
L'investigation concernerait davantage une autre compagnie d'assurance du WTC, HCC Insurance, sans que j'en sache plus sur ce sujet certes instructif, mais marginal. De toute manière, il est certain qu'en l'absence d'éléments nouveaux et concordants, l'implication de Securacom reste incertaine, secondaire, quoiqu'elle puisse être éloquente par le truchement de l'implication électronique et la question des assurances.
Au final, la question est : pourquoi cacher la forêt derrière l'arbre? Kroll derrière Securacom? Pourquoi mettre en avant la famille Bush et ses réseaux confédérés (ou presque!) alors que la véritable tarentule qui recouvre de ses pattes velues et venimeuses le 911 n'est pas une famille de patriciens dégénérés, mais un Empire financier, dont le siège est à la City, dont les ramifications s'étendent jusqu'à Wall Street, et dont les dépendances conduisent en des endroits aussi hétéroclites, voire antagonistes que l'Arabie Saoudite, le Pakistan et Israël? Pourquoi cacher l'unité (impérialiste) derrière la diversité (militaro-industrielle)? Et si c'était une autre définition du (véritable) complotisme?

jeudi 24 septembre 2009

Avis d'aval

"Cette guerre n’est pas un choix, mais une nécessité. Ceux qui ont attaqué l’Amérique, le 11 septembre, complotent encore contre elle."
Obama, 7 août 2009, discours prononcé devant la convention des Veterans for War (anciens combattants) dans l’Arizona.

Prenons le discours d'Obama au pied de la lettre. L'administration Obama exprime son progressisme novateur en refusant que l'on aborde le passé, en particulier le 911. Pourtant, ainsi que je l'ai exprimé dans un message précédent, ce n'est qu'en se souvenant du passé que l'on peut construire l'avenir, en vertu de la loi finaliste qui veut que sans cause adéquate on ne produise pas d'effet pérenne.
Le conseiller spécial de la Maison-Blanche pour les emplois verts et membre du Conseil de la qualité environnementale a été contraint de démissionner pour avoir signé une pétition demandant la réouverture de l'enquête sur le 911. Il a aussi refusé de changer d'avis, ce qui en dit long sur l'état de mensonge qui donne le la aux politiciens américains et les contraint à avaliser une version officielle dans la mesure où cette version est une grossière déformation des faits. L'administration Obama a une réponse toute trouvée en guise de parade ou de fanfare : elle souhaite "orienter toutes ses forces vers l’avenir et non vers le passé."

http://www.voltairenet.org/article161993.html

Accessoirement, cette administration utilise les services d'un nègre, un certain Rhodes, non Cecil de l'Empire, mais Benjamin de l'emprise. De la méprise. Son rôle? Relire "à l’avance les déclarations publiques du candidat, puis du président, Obama pour en évacuer toute maladresse qui pourrait ouvrir la boîte de Pandore." Ce Rhodes obéit à la mode putride des
story tellings, qui consistent à réécrire l'histoire en fonction du désir et non du réel.
La méthode n'est pas nouvelle. Elle n'est que la gradation des techniques utilisées par le CFR depuis l'après-guerre. Selon cette mentalité atlantiste, il s'agit de réécrire la version de l'histoire en fonction des vainqueurs atlantistes. Comme si la publication de cette version dominante en annulait les mensonges, nos (trans)scripteurs se dépêchent de transformer l'histoire pour mieux la modeler à leur guise. Thucydide déjà dénonçait cette mainmise et que les versions officielles changent en fonction des passations de pouvoir, au gré des intérêts dominants. Plus le temps passe, plus les versions se conforment aux faits. Contrairement à ce qu'on préjuge, la justesse factuelle s'obtient non dans la précipitation, mais dans la maturation.
Pour le 911,
wait and see. Cette version ne correspond pas plus au bon sens factuel que la version de la mort de JFK. Les criminels effectifs essayent d'obtenir une honorable nulle en créant des écrans de fumée et en instaurant les conditions complotistes du mystère impénétrable et indéchiffrable. En gros, on admet d'autant mieux que l'ancienne VO est fausse qu'on se garde bien de la remplacer par une nouvelle VO limpide et qu'on lui substitue des questions et des tonnes de secrets contradictoires et partiels.
Selon notre Administration O., il est aussi urgent de réécrire l'histoire en fonction du point de vue des dominants qu'il est impératif de faire table rase du passé. C'est assez contradictoire : si l'on fait table rase du passé, nul besoin de le réécrire. Si on le réécrit, c'est qu'on ne parvient pas aussi aisément qu'on le prétend à faire table rase du passé... T'es dépassé? Prends-en encore une louche! Remets une couche! Le CFR américain n'est pas une création
ex nihilo de certaines factions américaines, comme l'Establishment de la Côte Est. Quand on analyse ce point, on se rend compte de la réalité et du sens du vent - de la domination.
Le CFR est l'émanation américaine du RIIA anglais, un organe diplomatique au service de l'Empire britannique, tenu par les cercles organisés autour de Sa Majesté. Le CFR agit en directe transmission avec les membres de la Société fabienne, une société anglaise élitiste et impérialiste, qui se présente comme progressiste et dont le progressisme se mesurera à l'aune de l'action passée, présente et future d'un de ses représentants attitrés, le libéral-impérial Tony the Bliar, qui agit en réformateur du progressisme anglais à sauce travailliste, alors que ses réformes ne sont jamais que la mouture contemporaine de l'impérialisme britannique, qui ne date pas de Tony, de Thatcher - ni d'hier.
A la lumière de ces précisions, le CFR est l'instrument de contrôle emblématique (quoique non unique, tant s'en faut) de la politique impérialiste britannique et occidentaliste en terre américaine. Les impérialistes ont toujours détesté les États-Unis, en particulier depuis que ceux-ci ont sorti leur Constitution républicaine de 1787 qui les émancipait de l'impérialisme britannique. Le 911 est un acte de destruction des États-Unis de la part des factions impérialistes britanniques, dont certaines sont solidement implantées sur le sol américain et sont de nationalité américaine.
D'une certaine manière, les Sudistes n'ont jamais cessé d'être à la botte des impérialistes britanniques et leur revendication de l'esclavagisme comme principe de fonctionnement politique en dit long sur leur impérialisme borné et étriqué. Tandis qu'on pourrait prendre comme symbole de cette résurgence des Confédérés le ministre de la Justice sous W., l'inquiétant John Ashcroft, qui revendique plus qu'à mots couverts son admiration pour le leader des Confédérés, Jefferson Davis, il serait temps de comprendre que l'histoire de l'impérialisme britannique ne s'est pas arrêtée suite à la décolonisation politique de l'après-guerre.
En réalité, cette décolonisation était une ruse au sens où la colonisation a muté de colonialisme politique en colonialisme économique et financier. C'est cet impérialisme financier qui constitue une force internationale dite mondialiste et qui opère aux États-Unis comme le véritable successeur des Confédérés. Les représentants locaux et quelque peu folkloriques, quoique profondément inquiétants, ne sont jamais que des pantins qui cachent le véritable état de l'impérialisme tapi derrière les Confédérés : les impérialistes favorables à l'Empire britannique, dont le pivot mondial est la City de Londres et dont la succursale américaine est Wall Street ( et ses métastases, comme Chicago, le Delaware ou la Floride).
Dans cette configuration de piratage, où les États-Unis sont dirigés par des factions financières impérialistes et traîtres, ce sont les Confédérés qui manipulent toujours. Où JFK a-t-il été tué? Dans le Texas, à Dallas. Ton univers impitoyable. D'où vient la dynastie politico-financière des Bush? Du Texas. Il est évident que les intérêts qui se sont ligués contre JFK sont les intérêts issus des Confédérés, eux-mêmes soutenus par l'impérialisme britannique. Si l'on prend l'exemple des frères Dulles, du modéré Mac Namara, du pacifique Kissinger, nous avons quatre cas de serviteurs zélés de l'Empire, qui sous couvert de servir le gouvernement des États-Unis d'Amérique, modèle républicain d'État-nation moderne, sont des agents britanniques parasitant son fonctionnement.
Depuis Nixon et les seventies, Kissinger continue à sévir plus qu'à servir. D'une certaine manière, cette longévité destructrice incite à l'optimisme puisqu'elle indique que l'Empire s'affaiblit et qu'au fil du temps, il éprouve des difficultés grandissantes à assurer le renouvèlement de ses cadres et de ses valets. Si je prends cet exemple après celui du CFR, c'est que Kissinger n'est pas seulement le pantin du RIIA, de lord Carrington et d'autres impérialistes britanniques, qui n'hésitèrent pas à expliquer qu'il était la propriété du RIIA et qu'il agissait aux États-Unis en tant que valet de l'impérialisme britannique. Kissinger personnifie ce que l'impérialisme britannique incrusté aux États-Unis produit de pire : le cynisme, la lâcheté, la haine, voire la folie.
En 1982, Kissinger pondit un discours servile à Chatham House, où il expliqua sans sourciller qu'il était un partisan convaincu de la stratégie impérialiste britannique et qu'il suivait plus les directives du Foreign Office britannique que de son Département d'État américain! Quand le 911 eut lieu, Kissinger est le premier à publier une tribune pour le moins engagée et prémonitoire où il appelle à lancer la guerre contre le terrorisme, notamment en Irak. Puis il est nommé par W. président de la Commission 2004 sensée asseoir définitivement la VO.
Les familles des victimes, en particulier les Jersey Girls, réussiront assez facilement à le faire démissionner en prouvant qu'il est le conseiller des intérêts saoudiens ben Laden et qu'il ne saurait en conséquence être juge et partie! Il paraît qu'en les affrontant, Kissinger manque de tomber de son canapé. C'est un être profondément pervers, reconnu comme criminel de guerre, et dont la caractéristique psychologique première est de se défiler devant ses responsabilités écrasantes. Lorsqu'il doit témoigner à sa charge, il a pour coutume de se défiler ou de proférer des mensonges abominables.
Le 911 a été l'acte de destruction orchestré par les factions financières qui gèrent l'Empire britannique, avec l'appui de leurs alliés néo-coloniaux, comme l'Arabie saoudite, le Pakistan ou Israël (trois marionnettes de l'Empire). Ceux qui ont commandité les attentats détestent les États-Unis et n'ont ressenti aucune réticence pour assurer la destruction de leur principal ennemi : l'Etat-nation le plus puissant de l'époque contemporaine (principalement du vingtième siècle).
De la même manière que ce sont les intérêts impérialistes qui poussent à des guerres de déstabilisation en Asie du Sud-est afin de détruire entre eux les différentes protagonistes, notamment les États-Unis, de même ce sont ces intérêts financiers qui ont instauré la cause pour lancer la guerre contre le terrorisme, dont le vrai nom est guerre impérialiste d'ordre terminal, dont le but est de conserver la prééminence économique sur le monde, fidèle en cela à l'étymologie d'Empire - domination.
Maintenant, remémorons-nous la citation d'Obama pour la garder présente en notre esprit gambadant :
"Cette guerre n’est pas un choix, mais une nécessité. Ceux qui ont attaqué l’Amérique, le 11 septembre, complotent encore contre elle."
Devinez qui est le principal conseiller en diplomatie d'Obama? D'après les aveux du conseiller du NSC, le général Jones, Kissinger
himself. Avec Brzezinski et le clone de Kissinger, le général Scowcroft, ce sont les trois principaux conseillers stratégiques des États-Unis. Bien entendu, le démocrate Obama conseillé par le conservateur Kissinger tient le même discours que Tony Blair, Kissinger et l'Empire britannique.
Quand on comprend qui tient le porte-voix, on tient moins compte du porte-parole. Que disent ces paroles de discours patriotique? Que la guerre contre le terrorisme est une nécessité? Nécessité pour qui? Pour les États-Unis? Absolument pas. Les États-Unis se perdent dans les bourbiers irakien et afghan aussi sûrement qu'au Vietnam sous l'impulsion du Texan Lyndon B. Johnson (tiens, tiens, il est mort où, JFK?).
Réponse évidente : le crime profite aux intérêts financiers de l'Empire britannique, selon qui régner, c'est diviser. La stratégie du chaos profite aussi sûrement que la stratégie du KO à ceux qui ont intérêt à ce que tout le monde perde. Le plus intéressant intervient dans la seconde phrase de cette citation. Obama exprime qu'il est sous le contrôle des intérêts financiers qui ont orchestré le 911. Ses deux principaux bailleurs de fond pour son élection explorent cette tendance impérialiste : Georges Soros, le spéculateur-philanthrope au service de la légalisation de la drogue et du principe d'ingérence néo-démocratique; Warren Buffett, le spéculateur américain et homme le plus riche des États-Unis.
Sans revenir sur l'identité de ces deux impérialistes monétaristes, qui incarnent l'essence de la crise monétaire actuelle, revenons à l'aveu d'Obama. Selon le Président lui-même, ceux qui complotent contre les États-Unis sont plus dangereux que jamais. Voyons. S'il s'agissait d'Oussama et de sa nébuleuse Al-Quaeda, ce serait impossible : jamais Oussama n'a été inculpé et les recherches sont désormais stoppées. Accessoirement, il est sans doute mort, ce qui rend sa capture passablement complexe.
Les coupables officiels ne sont pas du tout en mesure de frapper les États-Unis, ni d'instaurer le moindre complot de dimension internationale. Par contre, ceux qui sont en mesure de comploter contre les États-Unis sont ceux qui ont lancé la guerre contre le terrorisme et qui ont intérêt à perpétuer cette guerre artificielle et infondée pour conserver leur mainmise monétaire sur le monde. C'est l'Empire britannique qui récolte les marrons du feu. Ce sont les cercles oligarchiques bancaires occidentaux (soit l'Empire britannique) qui sont accusés par le général Ivashov, chef d'État-major russe le 911, d'avoir commandité les attentats.
Telle est la menace agitée par Obama. Obama est une marionnette des intérêts financiers qui travaillent pour l'Empire britannique. Soros et Buffett sont les représentants des intérêts qui supervisent l'action politique d'Obama. Quand Obama agite la menace d'un complot terroriste, il dit vrai. Sauf que ce n'est pas Oussama le Génie du Mal et son organisation terroriste qui constituent la menace. Ce sont les contrôleurs des factions terroristes extrémistes et déstructurées.
Le terrorisme n'existe pas en tant que menace coordonnée et hiérarchisée mondialement. Ce sont les atlantistes qui manipulent les terroristes, en particulier quand ces terroristes correspondent miraculeusement au besoin de la guerre contre le terrorisme et forment les cohortes d'ennemis islamistes dont le monde occidental a besoin pour se persuader d'être attaqué par un ennemi invisible, menaçant et criminel. Ecoutez Obama, il profère la vérité comme un aveu de vie. Les complotistes sont toujours actifs, à la notable exception qu'ils ne sont pas les Grands Méchants de la VO, mais les maîtres du système occidentaliste, impérialiste, atlantiste.

mardi 22 septembre 2009

Dupe assez...

"Cette guerre n’est pas un choix, mais une nécessité. Ceux qui ont attaqué l’Amérique, le 11 septembre, complotent encore contre elle."
Obama, 7 août 2009, discours prononcé devant la convention des Veterans for War (anciens combattants) dans l’Arizona.

Avec cette petite phrase sortie d'un discours orwellien ou autiste, Obama n'a pas seulement fini de déconsidérer l'image du progressiste qu'il serait - parce qu'il est demi-Noir. Obama a aussi définitivement démenti l'un des arguments-choc que certains esprits conformistes et/ou conservateurs ressortent à l'envi dans des discussions privées, entre amis, pour faire taire la polémique et la controverse qu'ils jugent superfétatoire (et vaguement coupable).
Quand on est du côté du système, de l'officiel, il est impensable d'oser sous-entendre que la version officielle des attentats du 911 est une supercherie. Au lieu de perdre son temps à écouter des réfutations qui ne sont que pertes de temps, puisqu'on ne veut pas comprendre et qu'on se rit du critère dépassé de vérité, on se croit habile - on est (au mieux) demi-habile - en coupant l'herbe sous le pied de son interlocuteur.
On reprend l'un des arguments favoris de l'administration Obama depuis son accession au pouvoir : rien ne sert de remuer le couteau dans la plaie, soit de farfouiller dans le passé. Le 911 appartient au passé, il est inutile pour comprendre le présent ou le futur. Concentrons-nous précisément sur le présent et le futur - et laissons ainsi le 911 aux esprits paranoïaques, complotistes, décalés.
La question : "A quoi sert le 911 pour comprendre notre monde?" recoupe de fait la question "Pourquoi encore parler du 911?". Dans les deux cas, on a un problème évident de causalité ou de finalisme. On connaît le proverbe selon lequel quand on vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. Il existe une multitude de sentences et aphorismes du même tonneau pour expliquer que sans la connaissance de l'histoire et du passé, les mécanismes des actions humaines recommencent.
Ceux qui osent ranger le 911 dans la catégorie des drames (dé)passés agissent comme les complices des criminels qui se gardent d'indiquer que le cadavre est caché dans le placard et qui escomptent qu'on ne parlera plus du macchabée s'il demeure dissimulé dans son ersatz de tombeau. La vérité est exactement inverse : plus on cache, plus on découvre. Raison de ce mécanisme qui évoque à la fois le déni et le tabou : le cadavre empêche le réel de se poursuivre de manière apaisée et tranquille pour les protagonistes.
Si l'on ne trouve pas le cadavre, pas de reconnaissance du reél, ce qui implique son remplacement par le néant. Le déni et le tabou sont les mécanismes du nihilisme. La négation du réel signifie rien de moins que la négation du fonctionnement du réel, qui repose sur le finalisme et la causalité. Si l'on ne respecte pas les règles élémentaires du devenir, rien ne sert de vivre dans le réel.
Sens dessus dessous : avec cette formule, on a l'interprétation de ce genre de raisonnement qui consiste à croire qu'on peut s'affranchir de la cause et se focaliser exclusivement sur l'effet. C'est un moyen commode d'éluder la cause qui dérange et de faire table rase du temps. Pour autant, le procédé du sens est fondé selon Aristote sur le finalisme : c'est l'intention finale qui meut l'ensemble de l'action, de sa cause à son effet schématique, ce qui implique que la suppression de la cause enraye le mécanisme chronologique. De la logique du temps, on passe à la logique du pire (titre d'un ouvrage de l'immanentiste terminal Rosset).
Le déni et le tabou enrayent tout bonnement le mécanisme du temps, comme si l'on refusait le temps et que l'on inventait un réel débarrassé des contraintes du devenir. Ce fantasme est imputé à Parménide par Nietzsche, qui oppose à cet Être décharné et dévitalisé son modèle du devenir et son Éternel Retour. Mais l'Etre de Parménide sublime et transcende l'être en proie aux affres du temps, quand l'Éternel Retour est explicitement nommé dans son intégralité évocatrice et valant aveu : Éternel Retour du Même.
Si l'on voulait répondre à la stratégie de déni et de tabou autour de 911 (se focalisant sur l'inutilité de discuter encore du 911), on expliquerait que le 911 a radicalement changé notre monde. Le fonctionnement de nos sociétés unicisées dans la mondialisation est défiguré par le 911 et ne pourra reprendre son visage et sa marche vers le changement tant que la vérité sur le 911 ne sera pas découverte.
Comme le cadavre qui empeste l'atmosphère jusqu'à vicier les âmes, le 911 est le cadavre putride de l'Occident. T'as une dent contre l'occis? Moins on en parle, plus il pue. Plus il pue, plus il nous empoisonne... Ceux qui rejettent le 911 comme le sujet vain et vaniteux par excellence sont des adeptes de la fin de l'histoire, déjà théorisée comme accomplissement de sa propre métaphysique par Hegel le démesuré, et surtout reprise par l'expert atlantiste Fukuyama, qui n'hésite pas à identifier sous cette expression l'Age d'Or du libéralisme...
La fin de l'histoire signifie rien moins que la fin du temps. Chez Hegel, l'avènement de cette ère est relégué aux calendes iéniennes de l'avenir, tandis que chez Fukuyama, la fin de l'histoire existe déjà. Quoi qu'il en soit, cette fin est nihiliste car impossible. Surtout, en tendant à nier le devenir, la mentalité fin de l'histoire se contrefiche éperdument de ce qui n'appartient pas à son processus.
La fin de l'histoire est l'achèvement de l'histoire. Rien ne sert quand on a accédé à l'éternité de se préoccuper de problèmes de mortels, mentalité qui pourrait figurer dans les mythologies antiques, où les dieux immortels font preuve de plus de cruauté et de cynisme que de pondération et de sagesse. Dans le cas du 911, le déni s'explique cependant par le fait que le 911 rappelle que la fin de l'histoire connaît quelques ratés et que le 911 risque à tout moment de faire basculer la fin de l'histoire vers les temps de l'histoire rétrograde.
Si seulement le 911 n'était que la cause de la guerre contre le terrorisme, qui a totalement changé notre monde et qui se caractérise par son mensonge éhonté... Si seulement le 911 n'était que la cause de millions de morts, en Mésopotamie ou au Caucase, de guerres de déstabilisation de type asymétrique dans l'Asie du Sud-Est (Proche-Orient compris), de menaces nucléaires (avec l'Iran), de conflits larvés avec la Russie, etc., etc...
Mais le 911 est bien plus qu'un mensonge mettant en scène un ennemi imaginaire comme pantin de sa course folle vers l'abîme (de qui Oussama l'âme morte est-il le reflet?). Le 911 est une mentalité, une façon de voir, dont les symptômes sont le Nouvel Ordre Mondial ou la crise, et dont le vrai nom est : impérialisme. Ceux qui ne veulent pas aborder le sujet 911 cautionnent ou profitent indirectement le plus souvent de cet impérialisme occidentaliste. Ils dénient d'autant plus qu'ils ne savent que trop que cet impérialisme se porte fort mal et qu'il est en phase terminale de déliquescence putride.
En d'autres termes : l'impérialisme occidentaliste est moribond. Il a pour nom Empire britannique et c'est du fait de son agonie que le 911 a eu lieu. Les factions financières qui ont commandité ce sacrifice en forme d'holocauste ont cru instiller un poison revivifiant ou un tonique extatique au grand cadavre à la renverse qu'est le système monétariste mondialiste tenant lieu d'impérialisme contemporain. système, lève-toi! C'est peine perdue. Vous pouvez appeler n'importe quel gourou, le système est mort. Jésus appellerait à sa résurrection; BHL à sa dissolution.
On n'échappe pas à la mort, ce qui est une manière d'insinuer qu'on n'échappe pas au temps. En osant le coup 911, les commanditaires ont cru prolonger leur fin de l'histoire. Il ont signé la fin de l'histoire. La fin de l'impérialisme occidentaliste? Ou la fin de l'Occident? Quel accident que cet acte manqué qui a réussi l'espace de trois Tours! Tour de passe-passe, tournant dans l'histoire : les individualistes paumés et sinistres qui profitent de l'occidentalisme, et qui le plus souvent sont des Occidentaux hagards et défoncés, ont voulu soutenir la VO atlantiste contre le bon sens et contre la raison en agitant leur carte famélique et méprisable du déni et du tabou.
Un peu d'étymologie ne fera pas de mal à ce stade pour la compréhension du déni qui entoure de sa violence caractéristique l'évocation du 911 et la portée du 911 dans le fonctionnement de notre système mondialiste :
1) Déni vient de denegare. Negare signifie nier et le préfixe - indique la cessation, la séparation ou la différence. Quand on débranche, on cesse de brancher. Quand on dénie, on cesse de nier. Le déni renvoie à la double négation, qui est l'acte d'absurdité par excellence. Selon Wiktionnaire, le préfixe -dé sert à renforcer le sens du verbe original : dénier serait ainsi plus que nier. Je crois plus précisément qu'il s'agit, littéralement de surcroît, de nier que l'on nie. Nier quelque chose implique l'inexistence de cette chose. Soit l'on ment, soit l'on dit vrai. Mais nier que l'on nie induit l'existence de cette chose, puisque le mensonge est inscrit au coeur dire la double négation.
Dénier signifie que la chose existe et que l'on fait comme si elle n'existe pas. On joue à comme si? Le 911 existe et je prétends qu'il n'existe pas. En d'autres termes, le nihilisme est inscrit au coeur de cette stratégie à la rhétorique perverse, dont le retournement de sens est patent. A l'impossible, nul n'est tenu. Pourtant, c'est à l'impossible que se condamne le déni, puisque le seul moyen pour faire disparaître un problème encombrant consiste à l'ignorer. Le problème revient avec usure et la stratégie du déni ne fonctionne pas. Pensez au cadavre dans le placard et vous aurez une juste idée du sort inéluctable qui attend les intérêts qui dénient le 911.
Reste à distinguer le déni de la mauvaise foi. Le déni serait l'occultation de bonne foi d'une partie de la réalité. Dans ce cas, le mécanisme du déni peut être changé en cercle vertueux, soit en reconnaissance de ce qui précédemment engendrait la fin de non-recevoir. Raison pour laquelle le déni renvoie à l'analyse psychanalytique, qui par la parole prétend transformer le déni en parole lucide. La technique employée par la psychanalyse repose sur une variante de la maïeutique socratique, selon laquelle le psychanalyste accouche le patient de la vérité qu'il détient sans le savoir, sur le modèle de l'esclave du Phédon.
C'est ainsi que la psychanalyse s'empare du mythe terrible d'Œdipe et prétend venir à bout du déni qui a abouti à la déchéance d'Œdipe. Dans le mythe, Œdipe finit cependant par inverser le maléfice en se plaçant sous la protection d'Apollon, d'Athènes (Athéna) et en parvenant à transformer la furie vengeresse des Erinyes en miséricorde protectrice. La psychanalyse se place sous le totem d'Œdipe en prétendant par la parole empêcher Œdipe de se crever les yeux et de perdre son statut de citoyen/roi. Et même si le patient a déjà commis l'irréparable (symboliquement coucher avec sa mère et tuer son père), il peut encore être sauvé : par la parole.
Au contraire, la mauvaise foi mise en scène par Sartre implique le mensonge, le manque de sincérité. Alors que la sincérité du dénieur est équivoque, mais réelle, la mauvaise foi implique que l'on sait et que l'on ne veut pas savoir. L'on ne veut pas savoir ce qui est trop dur à accepter, à endurer, à supporter. C'est le thème du double chez Rosset : on duplique la réalité pour ne pas avoir à la supporter. Moralité : on réalise l'insupportable avec usure, car plus on dénie le reél, plus il revient avec force - et fracas.
Précisons en corolaire que la frontière entre mauvaise foi et déni est ténue et qu'il est souvent peu pertinent de distinguer entre bonne et mauvaise foi, entre déni et mauvaise foi. Par ailleurs, Sartre a d'autant mieux théorisé la mauvaise foi qu'il exprime par tous les pores de son être athée collectiviste cette mauvaise foi : socialement, philosophiquement, idéologiquement, politiquement, affectivement.
2) Tabou : pour une fois, l'étymologie ne nous conduit pas vers Rome ou la Grèce. Il s'agit d'un mot polynésien désignant ce que les profanes ne peuvent toucher sans commettre un sacrilège - tabu. Ne pas aborder un sujet conduit à le rendre sacré. Le 911 ne peut être abordé parce qu'il est un acte religieux, un sacrifice dont la nature n'est pas d'être profane, mais nihiliste. Religion bel et bien effective, mais qui n'est pas classique et qui de ce point de vue se révèle antireligieuse. Si le tabou mène au religieux classique, le tabou du 911 dans des sociétés laïques et profanes mène vers le nihilisme, qui est la forme de la religion antireligieuse, la religion sacrilège qui conduit à la destruction.
Le tabou classique consiste à garder identiques les choses de telle sorte qu'aucun changement brusque n'intervienne. La notion de tabou et celle connexe de sacrilège permettent de maintenir l'ordre de la religion, avec cette idée qu'une forme religieuse est l'expression de la religion - et que de ce fait nous sommes parvenus à la fin de l'histoire. Le tabou nihiliste tend aussi à imposer cette fin de l'histoire dans laquelle l'éternité se résume à l'absence de changement, à cette réserve près que l'absence de changement ici ne renvoie pas à l'éternité ou à la différence telle qu'elle est divinisée dans le cours du transcendantalisme monothéiste de dernier type.
Dans les deux cas, tout raisonnement qui manie le déni et le tabou est d'inspiration nihiliste en ce qu'il tend vers la destruction - en lieu et place de la supériorité du dépassement ou de la synthèse de type hégélien. Le tabou et le déni ne sont bien entendu pas des techniques spécifiquement nihilistes à moins de considérer qu'il entre toujours une certaine dose de nihilisme dans tout acte de la vie, à commencer par les formes transcendantalistes.
Comme toujours, le nihilisme ne fait que renforcer des attitudes conventionnelles traditionnellement répertoriées. Si la destruction existe bien, le nihilisme la pose en principe de vie, j'oserais presque - de vide. La fin du nihilisme est limpide, quasi programmatique : la destruction, le rien, le néant. C'est assez fâcheux pour le cours des affaires humaines. Si bien que le raisonnement typiquement nihiliste selon lequel il ne faut pas réévoquer le 911 - car il est passé et non avenu - n'est pas seulement la marque de la confusion, de la bêtise ou de l'hallucination. Evidemment, l'affirmation apparaît d'autant plus péremptoire et hâtive qu'elle concerne l'évènement le plus important et le plus bouleversant de ce troisième millénaire chrétien - la cause qui explique le changement de politique internationale baptisée guerre contre le terrorisme et les guerres meurtrières qui en découlent.
Le plus grave est qu'en déniant l'histoire, en toisant le passé, en imposant en guise de fin de l'histoire le mode et la mode de la table rase, le raisonneur ne se rend pas compte qu'il exprime mot à mot, littéralement, le point de vue de l'immanentisme. Oublions le passé si l'immanence est le seul reél. Au final, en vivant comme un immanentiste, on meurt comme un immanentiste. Deux cas spécifiques suffiront à étayer cette affirmation irréfutable logiquement. Le premier est celui du prophète de l'immanentisme tardif et dégénéré, le maniaque Nietzsche qui à force de relier sa folie aux mannes de Dionysos et autres Erinyes déchaînées finit par s'effondrer définitivement et par sombrer dans le mutisme sénile.
La folie de Nietzsche n'est pas inexplicable comme tentent de nous le fait accroire ses commentateurs verbeux. Elle va plus loin que ce qu'analyse avec finesse René Girard. C'est une folie d'ordre religieux, un châtiment qui en dit long sur les souffrances qui attendent hors de notre monde ceux qui ont osé braver les interdits et professer une doctrine nihiliste. Le deuxième cas est celui d'un philosophe emblématique de la folie de l'immanentisme tardif et dégénéré : Gilles Deleuze.
Deleuze était un professeur de philosophie qui atteint par le mal de son siècle se prit pour un philosophe. Répétiteur et perroquet savant - de la Sorbonne, il crut que le passage de la répétition vers la création impliquait l'excellence répétitive. Après avoir commis un ouvrage qui s'intitule d'ailleurs Différence et Répétition, il passa à l'action sérieuse et se lança dans la création. Las! Ses livres sont tout au plus illisibles et révèlent surtout la prose délirante de celui qui crut qu'en s'associant avec un psychanalyste désirant (c'est-à-dire anti-œdipien), il inventerait une nouvelle forme d'écriture - à quatre mains!
Deleuze atteint par la maladie et en proie à d'autres maux finit par se suicider d'une défenestration tragique. Sans me moquer le moins du monde de son geste, que je n'ai pas à juger, je remarque que c'est la fin funeste qui attend tous ceux qui se rendent compte qu'ils ont vécu en vain, et pis, pensé de manière fausse. Deleuze se rendit-il compte qu'il avait raté sa vie de professeur de philosophie et qu'il avait confondu les honneurs que l'époque rend à ses serviteurs intellectuels zélés avec le génie et la création?
Je pense qu'il a seulement ressenti le symptôme non conscientisé de cette triste réalité, à savoir qu'il était coincé, bloqué dans la souricière. Le plan d'immanence de Deleuze est cette souris qui accouche de la souricière-montagne : la folie, le suicide, l'oubli. Des maux diaboliques, même si pour les immanentistes diaboliques, le diable n'existe pas. A une époque où comprendre le 911 est le seul moyen de sortir du guêpier ravagé de l'immanentisme terminal, qui se manifeste par la crise systémique et l'effondrement travesti en crise passagère qui n'en finit pas, et qui n'est pas prête d'en finir, parler de déni et de tabou est comique.
J'irai plus loin : l'intention est criminelle, parce que c'est en professant l'absurde que l'on mène le mouton vers le champ de ruine. Toute doctrine nihiliste, l'immanentisme ou le nihilisme antique contenu par le transcendantalisme, mène vers la disparition de l'homme. En tenant un discours immanentiste, on est complice de la destruction de l'homme et l'on ne pourra pas dire que l'on ne savait pas. Qui ne connaît pas l'idée dont Nerval propose une formulation moderne : "Notre passé et notre avenir sont solidaires. Nous vivons dans notre race, et notre race vit en nous"? Il est vrai que quand on prétend oublier le passé, on ne peut se souvenir.

lundi 21 septembre 2009

La Foire majeure

"L’importance de la joie dans toute l’œuvre de Rosset interdit d’assimiler son œuvre à une quelconque forme de pessimisme ou de nihilisme."

Je tire cette citation du mot de l'éditeur qui présente l'ouvrage consacré à Clément Rosset et intitulé
La joie et le tragique, introduction à la pensée de Clément Rosset, par Jean Tellez. C'est un professeur agrégé de philosophie devenu éditeur. Dans un louable souci de démocratisme philosophique, notre passeur d'idées publie des livres philosophiques sur Compte-Sponville, Ariel Wizman ou Clément Rosset. Parler de pensée pour qualifier les écrits de Comte-Sponville apparaît comme une loufoquerie et une exagération. Ce normalien agrégé de philosophie ne présente aucune idée personnelle, si ce n'est la capacité brillante à reprendre celle des autres, en particulier Montaigne et Spinoza.
En outre, cet amateur du matérialisme antique, de Montaigne et Spinoza légitime les dérives actuelles de l'ultralibéralisme au nom d'un éloge négatif de la cupidité. Il serait assez intéressant d'analyser cet éloge du négatif et de la contradiction. Je laisse de côté le cas ubuesque et consternant d'Ariel Wizman, dont on se demande bien en quoi il peut intervenir au rayon de philosophie. A part proférer des bêtises incoulables, ce jeune homme branché et manifestement peu porté à la réflexion se distingue par son sionisme militant, sa condamnation de toute critique subversive, son adulation de l'officiel, sa proprension aux paillettes médiatiques, son goût pour le mauvais goût, son dégoût d'Internet dans ses dimensions les plus positives.
Oublions ce symptôme de l'idéologie travestie en strass cathodique. Revenons à Clément Rosset. Evidemment, en comparaison d'un historien de la philosophie se prenant pour un philosophe, et d'un animateur de télévision célébré parce que sioniste et snob, Rosset présente l'allure philosophique authentique. Doté d'une pensée originale, notre normalien agrégé de philosophie (hasard ou corporatisme intellectualiste?) poursuit le sillon tracé par Spinoza et Nietzsche.
Le qualificatif d'immanentiste terminal permet de comprendre que Rosset se situe dans le prolongement de Spinoza (le saint patron fondateur) et Nieztsche (le prophète tardif et dégénéré). Rosset reprend Nieztsche et fait une lecture nietzschéenne, voire schopenhauerienne de Spinoza. Ce qui m'importe de comprendre ici, c'est pourquoi Rosset est un nihiliste posant à l'antinihiliste au nom de la joie et pourquoi son commentateur surdiplômé et brillant peut sombrer dans le contresens sous prétexte de l'éviter.
On connaît l'anecdote de Rosset qui prend le métro avec Cioran. Cioran est un nihiliste explicite et pessimiste, qui prétend que rien n'a de sens et que la vie ne vaut rien. A un moment décalé, Rosset lâche entre deux rames qu'il est en désaccord sur la philosophie pessimiste de Cioran, mais qu'il est en accord avec tous ses points de détail. Et Cioran de se lamenter en répondant que c'est parce qu'il s'agit évidemment de la vérité.
Cioran est un penseur explicitement nihiliste. Tout comme son disciple Jaccard, un ami de Rosset (le monde est petit?), Cioran aurait dû se suicider depuis longtemps s'il se montrait un minimum conséquent. Sans appeler ces pessimistes chics au suicide, je constate qu'ils ne sont pas sincères. On peut ne pas être d'accord avec Diogène le cynique, mais force est de constater qu'il respectait le programme qu'il se fixait. Avec les nihilistes pessimistes mineurs de notre époque faisandée, c'est "faites comme je dis, pas comme je fais".
On les appelle pessimistes, parce qu'ils pensent que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. En vérité, ce sont des nihilistes explicites, ce qui est déjà une contradiction. Cette engeance immanentiste tout à fait dégénérée n'est possible que dans un cocon aisée et dilettante, où l'on a les moyens de faire mine d'aller mal et de se donner de grands airs. Jaccard serait-il gravement malade ou simplement moins grand bourgeois, il ne courrait pas autant la jeunette asiatique et ne jurerait pas depuis quarante ans que tous les dix ans, il va se suicider - vous allez voir ce que vous allez voir.
Plus sérieusement : le nihiliste pessimiste manque de sérieux. Non qu'il faille être un guindé moraliste, mais que le sérieux désigne cette faculté à aborder le sens de manière rationnelle et cohérente. Le pessimiste serait cohérent si la vie engendrait plus de douleur que de plaisir. Outre que c'est une affirmation parfaitement fausse et tout à fait démentie par des philosophes comme Leibniz, qui estime avec raison que la somme des biens et des maux finit par s'équilibrer (dans une variante avoisinante, la bonne de Jeanne dans Une vie de Maupassant déclare en fin de roman que "La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit
"), cette manière de voir tend, sous prétexte d'aboutir à un jugement, à rendre évident et irréfutable ce qui est le plus contestable. Je veux dire que cette manière de prendre une problématique immanentiste engagée, de type spinoziste, bien entendu partiale, et de faire comme si ces deux termes étaient les seuls existants, est d'ores et déjà orientée.
Quand Schopenhauer réduit la nature des maux à la douleur, il montre son vrai visage d'immanentiste, même si son orientation immanentiste incline au pessimisme. Bien entendu, l'erreur du pessimisme consiste à estimer arbitrairement que la somme des maux dépasse la somme des biens. La somme des maux en tant que douleur correspondrait au bien en tant que plaisir (mot voisin de la joie, surtout chez Rosset). La joie est la problématique centrale de la philosophie de Rosset, selon qui un philosophe qui ne considère pas le problème de la joie comme le centre de sa philosophie est un philosophe qui manque de sérieux, c'est-à-dire qui a oublié l'essentiel de l'existence.
Venons-en maintenant au nihilisme. Le nihilisme désigne en premier lieu le fait que tout se vaut, soit que rien ne vaut. La présentation de Rosset antinihiliste repose sur l'erreur : tout comme les nihilistes européens et russes de la fin du dix-neuvième siècle, Rosset appelle au désengagement politique, à l'amoralisme, à la fin de la métaphysique, au refus de tout absolu. Dans cette optique, il est bien plus proche des nihilistes que des pessimistes, car sa vérité recoupe le critère nihiliste de l'absence de vérité.
Sans aller jusqu'aux errances des postmodernes, qui croient résoudre le problème de la vérité en supprimant la vérité(résoudre le problème en supprimant le problème!), il est certain que Rosset se réclame de Spinoza pour proposer que la valeur suprême se déplace de la vérité classique vers le bonheur, le plaisir ou la joie. Plaisir et joie ont des sens plus que proches : Rosset confie que sa définition de la joie se rapproche au plus près de l'éjaculation, ce qui est une conception fort hédoniste, pour ne pas dire irresponsable, de l'existence.
La différence entre un nihiliste et Rosset tiendrait au culte de la joie que Rosset voue explicitement, puisqu'il a consacré à ce sentiment l'opuscule qu'il tient pour le plus cher :
La Force majeure. Dans cet essai, Rosset rend hommage à Cioran, à qui il reproche le manque de joie et le pessimisme. Contrairement à l'idée que l'on serait tragique en échappant au nihilisme, la définition que Rosset donne de la joie est passablement nihiliste. Il la définit comme irrationnelle (folle), terroriste et tragique.
Loin d'écrire un nouveau traité scientifico-psychanalytique sur le bonheur en douze leçons de vie, Rosset réfute la joie comm état permanent et oppose la pensée de Pascal : « Le temps et mon humeur ont peu de liaison : j’ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi. » A quoi on opposera immédiatement cette autre pensée de Pascal : "Rien n'est plus lâche que de faire le brave devant Dieu".
Rosset se targue de ne pas aborder la question de Dieu au motif qu'il s'agit d'une perte de temps. En tout cas, l'approche de la joie selon Rosset est digne de la définition qu'il donne de la tragédie en reprenant un mot de son maître Jankélévitch : "Alliance du nécessaire et de l'impossible". La joie est tragique au sens nietzschéen en ce qu'elle recoupe un élitisme forcené selon lequel la joie est la réalité sensible qui désigne la faculté nietzschéenne à être un Surhomme.
On se souviendra que chez Nietzsche, cette faculté est marque d'élection et que la plupart des hommes appartiennent au troupeau des faibles et des esclaves. Seule l'élite des Surhommes peut parvenir à sauver l'humanité en accédant à la mutation ontologique - impossible et tragique. Il est évident que ce type de raisonnement émane d'un cerveau détraqué dont le stade de folie terminale résidera dans la tragédie du mutisme. Que ce soit un fou génial qui soit le prophète de notre époque en dit long sur la qualité de l'époque.
Que ce même fou soit le maître déclaré de Rosset, l'immanentiste terminal le plus emblématique de son temps, en dit tout aussi long sur la psychologie de Rosset et sur ce qu'est Rosset - un immanentiste terminal, qui prend acte de l'impossibilité de la mutation ontologique et qui se réfugie dans l'acceptation du nihilisme qu'annonçait Nieztsche. Nietzsche ne se rendait pas compte qu'il incarnait par son alternative impossible le prophète consternant et tragique de ce qu'il dénonçait.
La conception de la joie chez Rosset est profondément nihiliste en ce qu'elle est fugace, irrationnelle et élitiste. Par définition, si elle peut toucher n'importe qui, elle concerne au premier chef les élus qui sont capables de l'apprécier et de la développer. Disciple de Dionysos, Rosset a trouvé le correspondant nihiliste et sensible du dieu : la joie. Rosset parle de joie totalitaire, ce qui en dit long sur l'identité de ce dieu, même s'il va sans dire que le totalitarisme ne connote pas le totalitarisme politique, mais le domaine de l'ontologie.
Les mots ont un sens et le sens perd son grec si on le désynchronise et déconnecte de son application pratique et politique. La joie est le meilleur indice du nihilisme de Nietzsche, quoi qu'en disent Rosset et son commentateur aveuglé Tellez. Le déni est un aspect primordial du nihilisme. Si l'on se penche sur la définition du nihilisme que propose Wikipédia, on constate que le développement du nihilisme s'appuie sur le refus de "tout absolu religieux, métaphysique, moral ou politique".
C'est à la lettre le programme que suit Rosset, qui insiste sur l'identité de la morale et du moralisme, sur l'inutilité de l'engagement politique, sur la fin des religions et la caducité de la métaphysique. Par ailleurs, le terrorisme politique nihiliste trouve une correspondance chez Rosset, qui analyse longuement ce terme pour lui donner un sens purement réflexif dans
sa Logique du pire. Rosset se place dans la continuité de la doctrine philosophique nihiliste qui naît à partir de ces éléments, quelles que soient les dénégations qui puissent être opposées à cette constatation factuelle.
Le vrai maître antique de Rosset est aussi celui de Nieztsche. En philologue allemand éclairé, ce dernier ne pouvait ignorer l'existence du sophiste Gorgias. Spinoza est influencé par la pensée de Gorgias, sans vraiment se réclamer de l'existence de cet illustre devancier, un maître de l'érudition, comme Rosset et tous les immanentistes, et qui surgit à une période de transition dans le transcendantalisme, entre polythéisme et monothéisme.
Gorgias théorise rien de moins que le néant ou le rien. Dans un traité qui a été égaré, comme ceux de tous les nihilistes antiques, quelles que soient leurs distinctions, entre les sophistes, la métaphysique d'Aristote, Démocrite ou Épicure, Gorgias le sophiste explique en trois points que :
"1) Rien n'existe.
2) Si quelque chose existe, ce quelque chose ne saurait être appréhendé et encore moins connu par l'homme.
3) Même s'il l'était, son appréhension ne serait pas communicable à autrui."
Pour découvrir le raisonnement que propose Gorgias, digne d'un sophiste diablement malin, je renvoie à l'article Wikipédia sur le nihilisme ou à celui consacré à Gorgias. L'erreur ou la faiblesse de
Gorgias (penser que le non-être n'existe pas) explique pourquoi Platon l'a tant raillé. Platon a rétabli le critère malmené (par le nihilisme) de la vérité. Gorgias en bon sophiste nihiliste réfute la vérité et lui oppose la force du langage, soit la domination par les mots. Gorgias se trompe quant à la nature possible du non-être qu'il identifie fallacieusement en dénonçant génialement ( à moins avis) les faiblesses de l'Etre.
Ce qui importe pour notre compréhension du nihilisme, c'est de retenir que la définition du nihilisme se fonde moins sur l'absence de valeur (effet secondaire quoique important) que sur l'adhésion à une conception positive du néant. Cette conception du néant positif, soit de l'existence de l'absence, explique l'absence de valeur comme pour la domination oligarchique et politique. Elle explique aussi et surtout la seconde grande caractéristique du nihilisme : le déni.
Déni de la folie chez Nietzsche, déni constitutif (présent chez Gorgias) qui découle de l'instauration du principe de contradiction en lieu et place du principe de non contradiction. Si la contradiction devient signe de dépassement et de supériorité, on n'explique pas seulement les aphorismes parfois contradictoires et déroutants de Nietzsche - on comprend le concept de masque développé par le prophète moustachu et halluciné.
Le masque est la figure allégorique du déni, soit le fait que ce qui est contradictoire ne peut se présenter ouvertement et doit se cacher ou se présenter autrement. L'autrement est le nom du masque qui chez Rosset prend la caractérisation de la joie. D'où le paradoxe irréfutable selon lequel un nihiliste conséquent ne peut se présenter que sous le masque d'un non nihiliste. Le plus habile est encore de se montrer opposé au pessimisme et à l'absurde, ainsi que Nietzsche le fait contre Schopenhauer et ainsi que Rosset répètera cette antagonisme avec Cioran.
Dans cet ordre d'idées, le nihiliste conséquent de période terminale est le nihiliste masqué ou dénieur, qui se revendique comme tragique et non nihiliste. Celui qui se revendique comme nihiliste est soit un nihiliste explicite, soit un pessimiste chic, selon la pertinente expression employée un jour à la radio par Rosset pour caractériser ses amis de cet acabit, les Schiffter ou Jaccard - dont on remarquera la vacuité totale, tant dans les idées que dans le propos lénifiant et monocorde.
Celui qui se revendique comme nihiliste est ainsi moins nihiliste qu'hédoniste, même si les frontières entre ces deux territoires sont ténues. C'est un nihiliste inconséquent, en ce que l'inconséquence tient ici à la revendication du nihilisme et au fait qu'un nihilisme explicite manifeste une contradiction effective et renvoie à des sous-catégories mineures du nihilisme, comme le pessimisme, le snobisme, l'hédonisme ou le mondanisme à tendance médiatique.
Il va sans dire que c'est pour se montrer supérieur intellectuellement et pour la postérité que Rosset regroupe les nihilistes aux pessimistes et réduit le nihilisme au pessimisme. On oublie que le nihilisme conséquent correspond au tragique et que l'appellation de tragique est l'explicitation latente du nihilisme véritable. Que l'on se reporte au mot de Jankélévitch que j'ai cité précédemment.
La tragédie est le masque du nihilisme moderne - l'immanentisme. Rosset est un nihiliste en ce qu'il croit explicitement au néant et qu'il dresse l'apologie du néant et du rien. Ainsi de ce passage impressionnant où il explique que contrairement aux conceptions de la métaphysique classique, en particulier des moralistes comme les stoïciens, le désordre précède et supplante l'ordre (dans Le Régime des passions).
Entendez : l'être est dominé par le non-être. L'application politique du projet idéologique du nihilisme est l'oligarchie. Sous Platon, ce sont les Trente qui prennent le pouvoir (dont Critias, un parent de Platon, et Charmide, son oncle). Quand le religieux vacille, comme à l'époque de Platon, comme à notre époque aussi, l'oligarchie ressort. Bien entendu, les nihilistes qui cautionnent l'oligarchie se meuvent dans le déni puisque ce sont de vrais nihilistes et qu'au lieu de se présenter comme oligarques, ils loueront l'extrémisme libéral ou le désengagement politique.
En bon nihiliste et oligarque, élitiste et dominateur, Gorgias promeut le pouvoir du langage. Idem pour Rosset, qui ne cesse de clamer son amour des mots, au point d'avoir intitulé un opuscule Le Choix des mots - et qui y ajoute le pendant irrationaliste de la joie en lieu et place de la vérité. Toutes ces correspondances entre Rosset et le nihilisme indiquent que Rosset est un nihiliste et que Tellez est un commentateur qui ne peut s'empêcher de verser dans la complaisance, voire l'hagiographie, sous prétexte d'aborder la critique de son philosophe de référence (preuve qu'un commentateur dénué de jugement est dénué de pertinence critique, ce qui est passablement dérangeant dans l'exercice de son travail de commentateur).
Il est vrai que quand on commet des entretiens avec des philosophes aussi douteux que Compte-Sponville le professeur adepte du libéralisme le plus pragmatique et nullement philosophe - ou le télégénique sioniste encore moins philosophe dont le nom m'échappe par bonheur -, on se trouve émerveillé devant la pensée d'un sophiste qui est lui un vrai philosophe. Philosophe immanentiste de stature terminale, sophiste et nietzschéen, dont le danger intellectuel se traduit par la forme du masque.
En parlant de Nietzsche, dont l'adoration des sophistes semble supérieure à celle de Spinoza, des moralistes français ou de Voltaire, la distinction nietzschéenne du nihilisme repose sur l'idée que le projet nietzschéen n'est pas nihiliste. Emblématique du nihilisme masqué, Nietzsche dénonce avec vigueur le nihilisme et propose une définition double (au sens d'incohérente et d'hypocrite) du nihilisme, entre nihilisme passif et nihilisme actif. L'actif intervient quand les valeurs s'effondrent. Le passif est le disciple de Schopenhauer : "Nihiliste est l’homme qui juge le monde tel qu'il est ne devrait pas être, et le monde tel qu'il devrait être n'existe pas
".
Selon cette définition, il n'est de nihiliste que passif. Si Nieztsche pense à Schopenhauer derrière les nihilistes terroristes, c'est qu'il considère que l'absence de mutation équivaut au pessimisme et qu'une mutation est possible. Contrairement à Schopenhauer, Nietzsche croit au changement, quand le pragmatisme postnietzschéen de Rosset supprime quasiment le changement ou le relègue à une place plus que secondaire.
Le nihilisme actif exprime la fin et l'aberration du nihilisme, un peu comme les écrits inutiles et amers d'un Schiffter. A ce propos, il me souvient d'une anecdote de Rosset, qui raconte que son écrivain adoré Pinget est considéré la plupart du temps comme un clone brillant mais inférieur de Beckett. Rosset de noter : dès qu'on copie quelqu'un, y compris si l'on copie avec qualité et originalité, c'est forcément moins bon - ça ne vaut plus rien du tout. Mineur = rien.
Le point important réside dans le deuxième terme. Le premier correspond au refus du réel chez Rosset. Le deuxième indique l'idéalisme utopique de type platonicien qui meut le nihiliste, soit la croyance dans les arrières-mondes, ce que Nietzsche appelle l'illusion. A l'aune de cette citation, le nihilisme connote rien de moins que toute la métaphysique, le religieux, en particulier le christianisme, et le politique, notamment idéologique.
Jamais Nietzsche ne se rend compte que son renversement des valeurs fait que si le renversement n'est pas viable, il s'en suit que le nihiliste n'est autre - que Nietzsche lui-même. Nieztsche ignore qu'il est le véritable nihiliste de la fable, comme le meurtrier atteint de graves hallucinations psychiatriques et chargé de l'enquête criminelle ne se rend pas compte qu'il est le meurtrier qu'il traque.
On pourrait ajouter à la liste impressionnante des dénieurs le cas d'Œdipe. Notre héros pourchasse le responsable de la peste qui s'abat sur Thèbes sans se rendre compte que le responsable n'est autre que lui-même - accessoirement, Œdipe apprend qu'il est le meurtrier de son père et le mari de sa mère, réalisant la prophétie atroce du devin à son endroit.
Cette fable qui met en garde contre l'aveuglement narcissique de l'homme explique aussi pourquoi les immanentistes lui accordent si grand cas. Pour les Grecs polythéistes qui louent cette tradition orale, il s'agit de mettre en garde contre l'aveuglement humain qui ne peut être compensé que par le culte des dieux. Dans la légende, Œdipe finit par mourir dans un lieu de culte non loin d'Athènes, en compagnie de sa fille maudite Athéna. Que des symboles.
Œdipe meurt dans un sanctuaire dédié aux Erinyes sous le patronage apaisant et bienfaiteur d'Apollon. Les
Erinyes sont les Furies de la vengeance, qui pourchassent les malfaiteurs, en particulier quand les crimes sont commis contre des membres de la famille. De ce fait, Œdipe vient trouver refuge auprès de celles qui l'ont persécuté. Il inverse par sa mort la dimension punitive des Erinyes en se plaçant sous la protection d'Athéna et d'Apollon.
L'un des noms des
Erinyes à Athènes est Maniai, la folie : cette folie maniaque est celle qui assaille Nietzsche après son effondrement sympathique et nerveux de Turin, où il embrasse un cheval de coche. Nieztsche serait-il pourchassé par la vindicte des Erinyes pour avoir propagé des idées destructrices pour l'homme et en tous points conformes au diabolisme?
En tout cas, Nietzsche oublie que son programme de mutation ontologique est irréaliste et qu'il tombe sous le coup de la définition nihiliste (l'impossible). Nietzsche se montre sous le visage du postromantique exacerbé et flamboyant, c'est-à-dire sous les traits de la contradiction nihiliste de celui qui vitupère après le platonisme et le christianisme et qui se montre aussi idéaliste, utopiste et nihiliste qu'eux, ses grands ennemis dont il ne peut se passer et qu'il emportera vers le mutisme maniaque et définitif.
Quant à Rosset, il prend acte de l'impossibilité du programme nietzschéen sur la fin et s'en tient prudemment au travail de dynamitage de Nieztsche. Fidèle à la clarté du style, Rosset juge que le seul monde non nihiliste est le monde tel qu'il aimerait qu'il soit, soit le monde impérialiste de la démocratie libérale, de l'élitisme, du tragique et de la joie. Selon la définition que propose Nietzsche du nihilisme, Rosset est lui aussi un nihiliste, car non seulement il cautionne avec enthousiasme le nihiliste actif de Nieztsche, soit l'effondrement de l'ordre pour la joie malsaine et maladive du désordre, mais encore il ne produit aucune définition précise du réel.
Refuser de définir connote bien entendu l'irrationalisme, qui plus est en refusant de caractériser le réel. Rosset montre qu'il ne saurait choisir ce qu'est le reél et que son choix est arbitraire et violent - un classique coup de force. Son choix se porte en faveur du réel le plus sensible, le plus immédiat, le plus apparent. Fidèle aux goûts esthétiques et ontologiques de Nietzsche, qui est le réducteur immanentiste en chef, Rosset opte typiquement pour le réel de ses fantasmagories au nom du reél. Il tombe précisément sous le coup de la définition que Nietzsche propose du nihilisme.
Tant Nietzsche que Rosset ne se rendent pas compte qu'ils dénoncent le nihilisme pour réaliser son programme, comme
Œdipe fuit sa famille pour mieux réaliser la funeste prophétie. L'œuvre de Rosset repose à partir du Réel et son double sur l'interprétation de l'oracle d'Œdipe. Rosset aime à répéter sous différentes histoires l'implacable nécessité du destin, qui suit le cours du réel opposé aux fantasmagories du double : on n'échappe pas à son destin - et le meilleur moyen de réaliser son destin est d'y échapper. Ainsi d'Œdipe, ainsi de ces innombrables personnages qui fuient la mort pour mieux la retrouver.
Rosset et Nietzsche sont tragiques en ce qu'ils fuient le nihilisme pour mieux le retrouver. Ils sont des Œdipe persuadés d'échapper à leur destin d'immanentistes. Comme s'ils réalisaient leurs sombres prophéties, ils prouvent qu'ils sont des prophètes du nihilisme moderne et que leur statut révèle une filiation terrible, celle du diable, de Dionysos et de toutes les divinités ayant un pouvoir destructeur et maléfique. Nieztsche sombre dans la folie pour y échapper et Rosset propose la joie pour échapper au nihilisme actif.
Las! Rosset est bien ce nihiliste qui prétend achever le projet nietzschéen en lui donnant une cohérence qu'il n'a pas. Rosset fait du Nieztsche sans mutation et avec joie. Alors que Nieztsche projette de changer de réel, Rosset propose la joie comme remède à la nécessité de rester dans les coordonnées de ce reél. La musique pourrait être invoquée aussi comme autre donnée irrationnelle, étant entendu que tout ce qui est contraire à la raison et aux mots trouve chez Rosset matière à louange.
Nieztsche était si amateur de musique qu'il déclara un jour d'enthousiasme (toujours extrémiste chez lui) que sans elle, la vie serait une erreur. Pour clore ce propos sur le nihilisme, dont Rosset est la figure terminale, puisque après le nihilisme actif, il ne reste rien, sauf un changement religieux et un nouveau sens (une nouvelle direction), j'espère n'avoir rien oublié. Si : je m'aperçois que le titre du livre que Rosset consacre à la joie est inspiré d'un cas de droit, qui ne fait que corroborer le nihilisme travesti en joie de Rosset.
Si l'on s'en tient à l'article de Wikipédia sur le sujet, on apprend entre autres correspondances que le propre du cas juridique de force majeure est d'être "imprévisible, irrésistible et extérieur". Selon l'article, "la force majeure permet une exonération de la responsabilité, c'est-à-dire qu'on écarte la responsabilité qui aurait normalement dû être retenue au vu de la règle de droit applicable, en invoquant les circonstances exceptionnelles qui entourent l'événement".
"L'application de la force majeure est réservée à des cas de "responsabilité contractuelle, délictuelle et quasi-délictuelle". Autant dire que la force majeure est le principe qui se trouve au-dessus de toutes les lois et de toutes les raisons humaines. De la même manière que Gorgias prétend par son pragmatisme rhétorique d'orateur aider les États à faire des choix politiques, c'est-à-dire à dicter les lois par la force de persuasion du langage, Rosset s'inspire d'un principe juridique exclusivement humain pour situer le principe suprême de sa philosophie au-dessus des principes rationnels humains.
Toujours cette volonté de dominer et de supplanter. Chez le nihiliste, cette manie fort violente se nomme irrationalisme. La joie est ainsi totalitaire, non seulement pour les raisons qu'invoque Rosset, et qui seraient ontologiques et politiques, mais aussi pour des raisons juridiques qui sont fort dangereuses, puisqu'elles peuvent excuser les pires crimes et les pires délits au nom du cas de force majeure.
Pensons à quelqu'un qui commettrait un délit politique (comme un pot-de-vin) ou privé (comme la pédophilie) et qui expliquerait que son délit tombe sous le coup de la force majeure en ce qu'il a suscité le phénomène de la joie. Les récriminations friserait le tollé, ce qui montre assez que la joie de Rosset est proche de la loi du plus fort chère à Calliclès, aux oligarques comme Charmide, mais aussi à un auteur ambigu et libertin comme La Fontaine (au demeurant tout à fait génial dans l'expression de ses Fables).
L'allusion à la force majeure comme synonyme de la joie selon Rosset explicite encore plus la raison pour laquelle les nihilistes se réfèrent toujours à des symboles, des forces ou des divinités violentes, destructrices et diaboliques. Dans le cas de Nietzsche, c'est Dionysos. Dans le cas de Rosset, le coup de force totalitaire consiste moins à se référer à des symboles dépassés qu'à des cas exclusivement humains plus qu'ambigus. Que la force majeure existe, il n'y a là-dessus aucun doute. C'est le rapprochement entre la force majeure et la joie qui est pervers et périlleux.
La joie ne possède en rien ce pouvoir totalitaire d'absolution, qui conduit à excuser n'importe quelle joie, y compris la plus sadique et perverse, au motif qu'elle serait prescrite par le cas de force majeure. Je ne pinaille pas. Le vocabulaire qu'emploie Rosset à ce sujet suffit à montrer que sa conception de la joie est nihiliste et que la particularité du nihilisme est de légitimer le principe ontologique de destruction et de néantisation, qui conduit en politique au principe oligarchique.
Pour reprendre une expression chère à Rosset, la joie nihiliste est cruelle. Que le reél soit cruel n'obère en rien le sens de cruel, qui renvoie au sanguinolent et à l'écorché. Conception typiquement dionysiaque, elle conduit à l'impérialisme, qui est le vrai moteur du libéralisme démocratique. Rien d'étonnant à ce que la démocratie libérale mène au totalitarisme oligarchique : le libéralisme est le masque de l'oligarchisme, comme la joie est le masque du nihilisme.